lundi 12 décembre 2011

CROATIA AFTER DARK

 Photo : "Zagreb, I love you"


Le soleil se lève à l'est. Dimanche 4 décembre, les croates ont majoritairement mis une raclée au HDZ (résultats ici), l'Union Démocratique (hum!) Croate, parti qui a régné quasi sans interruption ni partage depuis l'indépendance. 20 ans d'obscurantisme, d'arrogance, de pressions, de magouilles, initiés par un Franjo Tudjman avide de pouvoir et prêt à tout pour le conserver, et plus ou moins poursuivis par ses successeurs.

mercredi 23 novembre 2011

UNITED COLORS OF MANIPULATION

Tout le monde a vu les nouvelles pubs de Benetton où les grands de ce monde, faisant fi de leurs divergences, se roulent des pelles. Impossible d'y échapper : la presse a joué son rôle de relais "infomercial", les LGBT se sont enthousiasmés, les réseaux sociaux se sont emballés, et les conversations nous ont donné droit au traditionnel "c'est géniaaal !" auquel on a aussi droit quand on prononce le mot "Kusturica".

Vedran Mujagic, bassiste de Dubioza Kolektiv, avec qui j'ai l'insigne honneur d'être "ami sur Facebook", a eu la bonne idée de publier le week-end dernier sur son mur le récent billet de Media Marketing, une boîte de com de Sarajevo. Ce billet rappelle que le concept de Benetton consistant à mettre deux ennemis supposés en mode "french kiss" n'a rien de nouveau. En 1995, des graphistes du groupe "Trio", basés dans la capitale bosnienne, ont signé deux couvertures pour le magazine alternatif slovène "Mladina" ("Jeunesse"), connu pour sa défense des sous-cultures et son engagement citoyen fort.

La première représente Slobodan Milosevic, président serbe, et Franjo Tudjman, son homologue croate, en plein palot énamouré.

 (c) Mladina

vendredi 18 novembre 2011

RAPPONS POUR VUKOVAR

 20 ans après la chute de Vukovar, Yougosonic commémore à sa façon cette tragédie, qui hélas en préfigurait bien d'autres.
Loin des grands discours et des certitudes des uns et des autres, nous donnons la parole à General Woo, un rapper originaire de cette ville. Sa chanson "Vrati se na Dunav" ("Reviens sur le Danube") est une invitation, poignante, à faire revivre cette ville. Clip et traduction (désolé pour l'absence de rimes, traduire du rap est un exercice difficile...Nos lecteurs bilingues ont le droit de proposer corrections et améliorations).

mardi 25 octobre 2011

FRATERNITE, UNITE, LGBT

Fin septembre, Yougosonic levait le voile sur la culture gay à l’époque yougoslave, qui fut vivace, diverse, et contribua à sa façon à la démocratisation de la société, avant que celle-ci ne plonge dans les violentes ténèbres des années 90. Une semaine après, à deux jours de la gay-pride de Belgrade (prévue le 2 octobre 2011), le gouvernement serbe décidait de baisser son froc devant tout ce qui grouille dans la nébuleuse fascistoïdo-conservatrice locale et qui menaçait de mettre la capitale à feu et à sang, en interdisant la manifestation
Quelques jours avant cette reculade, le patriarche Irinej – pourtant présenté comme un « modéré » ( !) lors de son intronisation – suggérait que la police n’avait pas à protéger les homosexuels, « ces êtres déviants au comportement contre nature et contraire à l'identité serbe», alors que « le peuple serbe souffre tant au Kosovo ». Au même moment, le principal syndicat policier donnait une conférence de presse commune avec les fachos du mouvement « Dveri » pour inciter les organisateurs de la gay pride à annuler. 
 
"Qui gouverne la Serbie ?" 
demande à raison le mouvement des Athéistes de Serbie

samedi 15 octobre 2011

PLAY LIST POUR JOUR DE COLERE

En ce 15 octobre 2011, où le monde "indigné" a décidé de faire savoir aux gouvernants et autres "décideurs" que "le mariage entre capitalisme et démocratie est terminé" (Slavoj Zizek) et qu'il est temps de réfléchir à de nouveaux modes de fonctionnement, Yougosonic offre une petite sélection perso de clips en provenance de la Yougosphère. L'ex-Yougoslavie est bien placée pour contester le modèle actuel, puisque, contrairement aux idées reçues, c'est là bas et dans tous ces pays dits "en transition", que l'ultralibéralisme s'exprime dans sa forme la plus extrême et donc la plus aboutie...

Avant d'aller battre nous mêmes le pavé, nous jetons vite fait et à la volée, ce "Top of the Popov" non exhaustif mais réactif de la contestation en marche.

vendredi 23 septembre 2011

YOUGONOSTALGIE GAY FRIENDLY ?



La gay pride de Belgrade (prévue le 2 octobre prochain) se prépare dans une ambiance de veillée d’armes : les néofascistes serbes menacent de mettre la ville à feu et à sang et le pouvoir, comme toujours, botte en touche : le mur du çon – comme on dit au Canard enchaîné – a été franchi par le maire de Belgrade, Dragan Djilas, déclarant que « la Serbie a des problèmes plus préoccupants que l’organisation de la gay pride » (comprenez : le Kosovo, ce machin que l’on ressort dès qu’un semblant de contestation s’exprime), et la noix d’honneur par un syndicat  policier qui refuse d’envoyer ses adhérents affronter les brutes clérofascistes, au vu du salaire moyen des CRS locaux…Amusant, quand on sait combien à l’époque de Milosevic, la flicaille serbe allait bastonner du militant démocrate sans demander de prime de risque.  

dimanche 4 septembre 2011

BETON SUR LA DRINA

Alors qu'à Sarajevo, le Musée des Beaux Arts ferme ses portes faute de moyens, laissant encore un peu plus de place à "l'Obscurantis Order" que nous évoquions récemment, en Republika Srpska, on attaque sur le terrain "culturel".
 
Sans doute à l’étroit dans son Drvengrad, connu aussi sous le nom très Schwarzwaldien de Küstendorf, Emir Kusturica se lance dans un nouveau défi. C’est à Visegrad, charmante bourgade de Bosnie-Herzégovine, que la coqueluche de la bobosphère francophone va construire son nouveau village Potemkine, dans le but de rendre hommage à l’écrivain Ivo Andric. 
Le nom officiel de cette cité de pierre, sera « Andricgrad ». Un prétexte surtout pour le néoconverti à la cause grand-serbe et à ses amis de la République Serbe de Bosnie, d'entériner cette cause via un pseudo positionnement culturel. Décryptage.

Ivo Andric devant le pont sur la Drina

Ivo Andric (prononcer « Ann’dritch ») est le seul écrivain yougoslave a avoir obtenu le prix Nobel de littérature, avec un livre, « Le Pont sur la Drina ». Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, le « personnage principal » du roman est un pont, construit sur la rivière Drina, par Mehmed Pasa Sokolovic, au XVIe siècle à Visegrad. 

lundi 22 août 2011

NOUVEAUX OPIUMS DU PEUPLE AU PAYS DU CEVAP

C’était l’une des infos de l’été dans les médias de la Yougosphère, Mac Donalds vient d’ouvrir un restaurant à Sarajevo, début juillet 2011. La Bosnie-Herzégovine faisait en effet partie de ces quelques pays défavorisés, encore dépourvus de la célèbre enseigne. Symbole par excellence  de la consommation de masse et de l’impérialisme américain, Mac Do est l’un des visages de la « pop culture » dans ses aspects les plus conquérants et antipathiques. 

Yougosonic se devait donc de revenir sur cet « événement », d’autant qu’il cristallise à sa façon certaines contradictions et dérives actuelles de la capitale bosnienne.

jeudi 18 août 2011

YOUGOSONIC : BILAN D'ETAPE

Cela fait à peu près 7 mois que Yougosonic a ouvert ses portes en même temps qu’une fenêtre sur l’Ex-Yougoslavie. 

Pour les amateurs de statistiques, il y a eu 1791 visites depuis l’ouverture. J’ignore si c’est un bon score ou au contraire un fiasco. Hors des territoires balisés des « breaking news », des soirées Balkan beat ou des virées en car à Guca, l’Ex-Yougoslavie est un thème qui passionne assez peu. Je n’espérais donc pas atteindre ici des sommets de fréquentation, et à vrai dire, je poursuis un objectif plus qualitatif que quantitatif en termes de lectorat. A part ça, les statistiques de Blogspot m’informent que vous êtes majoritairement français, et globalement, l’espace francophone ou supposé tel est bien représenté, avec un bon nombre de visiteurs belges, suisses, canadiens, marocains... On atterrit sur mon blog aussi depuis la Serbie (gros %), les USA, et …Singapour (9 visites) ! Blogspot ne nous dit pas en revanche, qui reste sur la page et combien de temps, ni bien sûr si le Serbe, le Bosnien ou le Singapourien qui visite le blog pige le français ou pas…Ces chiffres sont donc purement indicatifs

mercredi 3 août 2011

INTERLUDE (2) : PLOCE A l'HEURE DE LA SIESTE

Après notre premier épisode, nous continuons notre paaassionnant feuilleton de l'été sous forme d'une galerie photo exhumée d'un séjour de votre serviteur en ex-Yougoslavie.

Aujourd'hui, arrêt à Ploce (prononcer Plotché) en Croatie (Dalmatie), port sur l'Adriatique et ancienne ville de garnison du temps de la Yougoslavie, où elle s'appelait Kardeljevo, en hommage au communiste Edvard Kardelj. Autant prévenir, hormis les montagnes environnantes et le bleu de la mer, Ploce c'est de la barre de HLM au kilomètre, dans un mélange mi-mezzogiorno/mi-Le Corbusier. Il y a donc de fortes chance pour que vous ratiez ce bled. Heureusement, Yougosonic est là pour partager ses bons plans !
 

Pour des raisons personnelles, on devait y aller, nous, voir cette ville. C'était même un quasi-pèlerinage. On y est venu à l'heure de la sieste, et bizarrement on a aimé cet anti-Dubrovnik aux allures de ville-fantôme. On appelle ça le charme de la banalité !

jeudi 28 juillet 2011

INTERLUDE : YOUGO ROAD TRIP

En attendant le bouclage de quelques posts en cours de rédaction/finition, et spécialement dédicacé à celles et ceux qui ne partent pas cet été, Yougosonic offre quelques photos d'un road-trip en ex-Yougoslavie réalisé avec Madame et feue la vieille titine en 2007. Enjoy !


dimanche 17 juillet 2011

SOUS LA PLAGE, LES PAVES...OU LA CROATIE DE L'AGE DE PIERRE

"La Croatie peut bien avaler ça" (slogan de la gay pride de Zagreb en 2010). 
Mais tous les Croates n'avalent pas...
(C) Zagreb Pride Udruzenje


Après le terrible fiasco de la gay-pride de Split, le 11 juin dernier, qui fit passer les ratonnades de celle de Belgrade pour un joyeux bizutage, et alors que la Croatie vient d’obtenir son sésame pour l’UE…un petit billet en forme de pamphlet sur les contradictions de ce pays charmant où vous venez peut-être de réserver une villa club-med’ début août sans vous douter de rien…

lundi 4 juillet 2011

LA GRANDE SERBIE (LA VRAIE) - TROISIEME ET DERNIERE PARTIE

La Serbie qu’on aime dans Yougosonic, c’est ici et pour les deux premières parties. Voici la fin de ce who’s who subjectif et incomplet…qu’il ne tient qu’à vous de poursuivre dans les commentaires.

Zograf

Aleksandar Zograf est l’un des auteurs de BD serbes parmi les plus connus de sa génération. Son dessin nerveux et vivant, rappelant une certaine esthétique d’inspiration punk, autant que le trait acéré de certains caricaturistes d’Europe de l’est, le rend immédiatement reconnaissable.

jeudi 16 juin 2011

GOTT LIEBT DIE SERBEN

Nous évoquions son oeuvre le mois dernier dans notre long décryptage de Laibach : l’artiste serbe Rasa Todosijevic (prononcer Racha Todossiyévitch) a obtenu récemment le prix Unicredit à la dernière Biennale de Venise. En pleine rédaction d’un who’s who sur l’autre Serbie, ouverte, résistante et créative (voir ici et ), Yougosonic offre un tiré à part sur cet artiste qui semble, à l’instar du groupe Slovène, incarner un questionnement social et politique fort intéressant, et visiblement propre à certains artistes de la région.

 
J’ai découvert Rasa Todosijevic, un peu par hasard, quelque part au milieu des années 90, dans un documentaire télévisé (Arte ? France 3 ? Impossible d’en retrouver trace sur le net…) consacré à la Serbie, alors sous Milosevic. L’un des reportages explorait avec pertinence la scène artistique, de la musique au théâtre, en passant par l’art contemporain, et dévoilait les compromissions intellectuelles des uns, et, à l’opposé, les interrogations et la résistance des autres. Parmi les seconds se trouvait donc Rasa Todosijevic.

vendredi 10 juin 2011

LA GRANDE SERBIE (LA VRAIE) – DEUXIEME PARTIE

Après un premier éventail il y a quelques jours ici, voici la suite de notre who’s who personnel de la Serbie qu’on aime et qu’on défend…



La scène reggae
Oui, il y une scène reggae en Serbie, et même dans toute l’ex-Yougoslavie. Théorie des climats (fort taux d’ensoleillement dans toute la péninsule balkanique) ? Nonchalance méridionale ? Pourcentage de THC dans l’herbe locale ? On tâchera un jour d’analyser ici plus en profondeur, ce qui a fait que le reggae s’est épanoui dans le paysage musical yougoslave. 

En attendant, durant le conflit et dans l’ambiance délétère de la Serbie de Milosevic, la scène reggae locale a été non seulement la dignité mais aussi la voix d’une certaine jeunesse, celle qui n’était pas d’accord avec ce qui se passait. Alors que la variété et une petite frange du milieu rock ont clairement pactisé avec les va-t-en-guerre, les rastas des bords de la Save son restés intègres, prenant au pied de la lettre les préceptes de paix et de spiritualité de la musique jamaïcaine. Même si les mantras du reggae telles que « I’n’I powa » ou « Peace, Love and Unity » peuvent faire ricaner les cyniques, elles ont été et restent une alternative pas seulement musicale, mais idéologique, au climat facho d’hier et d’aujourd’hui. 

samedi 4 juin 2011

LA GRANDE SERBIE (LA VRAIE) – PREMIERE PARTIE

L’arrestation récente de Ratko Mladic, le boucher de Srebrenica, a remis la Serbie sous le feu des projecteurs de l’actualité. Comme de juste, c’est l’occasion pour la trollosphère autosatisfaite - qui, dans son immense majorité n’a jamais rien compris aux Balkans et à leur complexité (mais va tout nous expliquer) - de pérorer entre politiquement correct « Finkielkraut stylee », et mépris pour tout ce qui grouille au sud de l’axe Lyon-Budapest, contre ses Serbes sauvages, arriérés et violents. Il est vrai, à leur décharge, que la Serbie officielle ne fait pas de gros efforts pour changer une image plus que déplorable, entre sa mollesse à combattre une des délinquances d’extrêmes droites les mieux structurées d’Europe et à chasser ses vieux démons. Sans vouloir bien sûr décharger les autorités serbes de leur responsabilité, on rappellera quand même aux donneurs de leçons que notre France civilisée n’est pas forcément mieux placée, et qu’elle ressemble d’ailleurs, de plus en plus, à la Serbie de Milosevic, mais c’est un autre débat…
 
Aux antipodes des idées reçues, il existe cependant, comme ailleurs, une Serbie qui gratte, fouille, questionne, tourne en dérision, hurle, avance, aide, bouge, décrypte, remue, provoque, se rebelle, n’accepte pas, regarde le passé et même l’avenir...On n’en parle jamais, parce que les petites frappes d’extrêmes droites qui ratonnent du supporter français sont évidemment plus bruyantes que les films ironiques de Goran Markovic (voir plus bas). Alors, pour une fois, parlons des trains qui arrivent à l’heure. Même si chez Yougosonic, les palmarès habituellement nous emmerdent, voici un who’s who, subjectif et non exhaustif, de la Serbie qu’on aime.

jeudi 5 mai 2011

IN LAIBACH WE TRUST


Il y a quelques jours, Kusturica et Laibach étaient ensemble sur le bateau Yougosonic. A la fin du post, Kusturica est tombé à l’eau, Laibach s’en sortant avec une ébauche de réhabilitation, digne des meilleurs changements de régime politique. Avant de poser sous peu « un certain regard » sur Emir Kusturica, essayons aujourd’hui de décortiquer un peu plus en détail le « cas » Laibach.

Fondé en 1980 dans la ville minière de Trbovlje, en Slovénie, Laibach est unique à plusieurs égards. C’est sans doute l’un des rares groupes underground yougoslaves, puis slovènes à avoir eu une carrière internationale d’importance. C’est aussi une formation à côté de laquelle les caprices de stars des Stones, la décadence gay d’un Frankie Goes To Hollywood, les escroqueries rock’n’roll des Sex Pistols font figure de joyeuse déconnade potache. Seules l'ont dépassé peut être l’agitation intégristoïde d’un Yusuf Islam aka Cat Stevens, et les diatribes homophobes de Sexion d’assaut. On l’a déjà écrit, ici et , Laibach s’est imposé dans le paysage musical avec une imagerie totalitariste inquiétante, qui a suscité autant le malaise que paradoxalement la fascination, fascination qui s’est exercée bien au-delà de la branche faf du milieu goth ou indus.

samedi 30 avril 2011

NEUE SLOWENISCHE KÜSTENDORF

Le mois de mai qui arrive verra l’indus conceptuel de Laibach sévir en terre francophone pour trois dates à ne pas manquer (Bulle en Suisse le 7/5, Paris le 8/5 et Lille le 9/5). 
Un peu plus tard dans le mois, c’est l’émir de Küstendorf, le célèbre Kusturica que l’on pourra retrouver au milieu des robes de soirées, des costards et des soirées caviar-coke du festival de Cannes, où il présidera la section « Un certain Regard ». 
Ces deux événements n’ont à priori rien à voir et incarnent même à tout point de vue des univers opposés. Ils sont pourtant forts intéressants à juxtaposer :
En dépit de leurs différences radicales, Laibach et Kusturica sont deux aspects, deux visages, de la « pop culture » yougoslave, et deux de ses produits les plus reconnus à l’exportation. Outre ce point commun, un lien très particulier les rapproche : leur rapport, ambiguë, aux idéologies qui ont précipité leur pays dans le chaos.

jeudi 21 avril 2011

PAS DE CRENEAU POUR LA DECOUVERTE

Alors que démarre la saison des festivals, où, sauf exceptions, on verra partout les groupes qu’on voit partout, Yougosonic s’interroge sur le potentiel à l’export du rock yougosphérique. Vaste débat qui passionnera les foules !
Un post dédié aux rares tourneurs qui tentent d’arracher des dates pour ces groupes à des programmateurs qui n’ont "pas de créneau pour la découverte", aux organisateurs qui programmeront ces artistes malgré le risque de prendre un bouillon, aux musiciens qui feront 2500 km dans un combi hors d’âge et joueront pour 300 euros et un hébergement sur le canapé de Dédé.


Si l’info est évidemment passée inaperçue en France, elle a secoué le Landerneau médiatico-musical de la Yougosphère : The Bambi Molesters et Dubioza Kolektiv, deux groupes d’ex-Yougoslavie ont été nominés en début d’année par la fédération des labels indépendants européens "Impala". Leurs derniers albums y figurent parmi les 20 meilleures parutions indépendantes sorties en Europe en 2010.

mercredi 13 avril 2011

COPINAGE : BALKAN TRAFIK @ BRUXELLES

Privé de www depuis plusieurs jours pour cause de boîtier internet en fin de vie, et en attendant de boucler ses prochains billets (retardés pour cause de surcharge de « Kuca Poso »), Yougosonic profite de la wifi de la voisine pour filer un bon coup de copinage à Balkan Trafik, très chouette festival, entre Latcho Drom et détours musicaux.

vendredi 25 mars 2011

INDIGNEZ-VOUS ! VERSION YOUGO

Yougosonic revient en musique sur les manifestations qui agitent la Yougosphère, où rappers et rockers ont anticipé le mouvement, en mettant des mots sur le malaise.
 
Un œil sur le Japon, qui vit un très mauvais épisode de Spectreman, un autre sur la Libye, où viennent buter les espoirs démocratiques du monde arabe, la presse francophone a peu suivi – le mot est faible – les manifestations qui secouent actuellement la Croatie, et la Bosnie-Herzégovine (BiH), où – à la surprise générale – même la très apathique Republika Srpska (RS) – connaît un début de contestation. On est certes loin encore d’un mouvement de fond qui remettrait en cause le pouvoir quasi plénipotentiaire du nabab de Banja Luka Milorad « Mile » Dodik, d’autant que l’opposition – comme en Serbie sous Milošević – semble peiner à se structurer…et à maîtriser certains problèmes d’ego. Mais le fait que les « services spéciaux » de tonton Mile aient tenté d’intimider les étudiants qui appelaient à manifester le 19 mars, est un signe de nervosité qui ne trompe pas… Bref, la chape de plomb, si elle est encore bien pesante, commence à se fissurer, avec un élément de taille : aux antipodes des gesticulations nationalistes des politiques, les mouvements civiques s’organisent au-delà des fameuses appartenances nationalo-confessionnelles. Les serbes de « tra Nula » (« Zéro Pointé ») en RS sont en (bonnes) relations avec le mouvement plutôt bosniaco-sarajévien de « Dosta ! » (« Assez ! »).

dimanche 13 mars 2011

LE PESSIMISME FRIVOLE,UN ETAT D'ESPRIT : NEOZBILJNI PESIMISTI EN CONCERT EN FRANCE

Les concerts de groupes d’ex-Yougoslavie étant rares en nos contrées (on y reviendra prochainement), on ne peut que saluer l’initiative de l’asso et webradio parisienne « Rock The Balkans » d’avoir invité les Neozbiljni Pesimisti qu’on ira écouter cette semaine si l’on habite Paris, Strasbourg ou la Suisse (dates en fin de billet).

Les Neozbiljni Pesimisti (prononcer « Néose-bilni Pessimisti ») viennent de Sombor, petite bourgade de Voïvodine, province du nord de la Serbie, où l’Allemand, le Tchèque, l’Autrichien se sentent presque à la maison, et le touriste amoureux de Prague, Budapest ou Cracovie n’y est pas dépaysé. La région appartient en effet à la Mitteleuropa, ce continent imaginaire qui court de l’Alsace jusqu’à Lviv, de la mer Baltique jusqu’aux portes de Belgrade.

Ancien territoire de l’Empire Austro-Hongrois, la Voïvodine est encore aujourd’hui une mosaïque peuplée de Serbes, Croates, Hongrois, Slovaques, Ruthènes, Roumains, Roms, Juifs, Allemands, Albanais, etc. C’est entre autres, la patrie du grand violoniste hongrois Lajko Felix, du jazz-poète serbe Boris Kovac et des peintres naïfs slovaques.

mardi 8 mars 2011

NOS ANCETRES LES VAMPIRES

« Je suis normal » (« Ja sam normalan »), tel est le nom de l’album de Grof Djuraz (prononcer Grof Djiouraz), l’un de artistes de Bosnie-Herzégovine (BiH) les plus intéressants du moment. 


La Republika Srpska : le mot "démocratie" y est pour ses habitants comme le nom du pays pour les touristes : imprononçable

mercredi 23 février 2011

YOUGOSONIC - ANNEE 0

Comment parler de l'Ex-Yougoslavie ? L'Histoire nous évoque  un espace compliqué, instable, soumis à des influences contradictoires. Villégiature des Austro-Hongrois, territoire de chasse des Ottomans. Un jeu d’échec pour grandes puissances, grandeur nature et à ciel ouvert, mais où on a le droit de tricher. Une terre où on inventa le serbo-croate et où fut expérimenté le socialisme autogestionnaire. Un Etat non-aligné qui a incarné une alternative entre Oncle Sam, le grand frère russe et ce qui s’appelait encore à l’époque la CEE. Un pays dont les citoyens pouvaient voyager et travailler à l’étranger : on leur doit certaines de nos autoroutes ou tours de bureaux, des restos nommés « Balkan », « Dubrovnik » ou « Chez Slavko ». Un pays où se déversaient les touristes, de Dubrovnik à Sarajevo. Un Etat moderne, avec ses écrivains, ses chercheurs, ses cinéastes, sa scène rock …qui a disparu violemment et dans l’incompréhension la plus totale, y compris bien souvent de ses propres citoyens.