Fin septembre, Yougosonic levait le voile sur la culture gay à l’époque yougoslave, qui fut vivace, diverse, et contribua à sa façon à la démocratisation de la société, avant que celle-ci ne plonge dans les violentes ténèbres des années 90. Une semaine après, à deux jours de la gay-pride de Belgrade (prévue le 2 octobre 2011), le gouvernement serbe décidait de baisser son froc devant tout ce qui grouille dans la nébuleuse fascistoïdo-conservatrice locale et qui menaçait de mettre la capitale à feu et à sang, en interdisant la manifestation.
Quelques jours avant cette reculade, le patriarche Irinej – pourtant présenté comme un « modéré » ( !) lors de son intronisation – suggérait que la police n’avait pas à protéger les homosexuels, « ces êtres déviants au comportement contre nature et contraire à l'identité serbe», alors que « le peuple serbe souffre tant au Kosovo ». Au même moment, le principal syndicat policier donnait une conférence de presse commune avec les fachos du mouvement « Dveri » pour inciter les organisateurs de la gay pride à annuler.
Quelques jours avant cette reculade, le patriarche Irinej – pourtant présenté comme un « modéré » ( !) lors de son intronisation – suggérait que la police n’avait pas à protéger les homosexuels, « ces êtres déviants au comportement contre nature et contraire à l'identité serbe», alors que « le peuple serbe souffre tant au Kosovo ». Au même moment, le principal syndicat policier donnait une conférence de presse commune avec les fachos du mouvement « Dveri » pour inciter les organisateurs de la gay pride à annuler.
Une fois de plus, les autorités serbes, qu’elles soient morales ou institutionnelles, ont fait le choix du pire, alors qu’elles auraient pu envoyer un signal fort à bas coût à l’Occident (qui entre temps a lâché une carotte sur le chemin de l’UE), et commencer à siffler la fin de la récréation en interne aux brutes fachos et mafieuses qui terrorisent aussi, rappelons-le, la plupart de leurs propres « co-nationaux ».
Ils gouvernent la Serbie depuis le 2 octobre 2011
Ceux qui pensent que la situation des LGBT en Ex-Yougoslavie est un problème secondaire trouveront dans ce qui précède des explications au fait que ce blog y consacre un peu plus d’attention qu’à la sortie de la dernière compile de Balkan Beat remixée par DJ Plekszy Gladz. L’enjeu dépasse largement la simple question du droit légitime de coucher ou vivre en couple avec quelqu’un du même sexe : ce sont les choix de société qui sont en balance, ainsi que la santé démocratique des pays concernés. Quand la flicaille pactise avec la racaille facho, quand des barbus jouent au safari anti-gay dans les rues de Sarajevo, quand le très catho maire de la 2e ville de Croatie approuve à demi-mots les gamins qui caillassent « du pédé », on se dit que Pinochet, les talibans, l’Opus Dei, bref l’Obscurantis Order imaginé par Enki Bilal, ne sont plus très loin.
"Nous pouvons ensembles"
Les LGBT sont devenus l’un des baromètres des progrès des sociétés balkaniques en termes d’ouverture et de liberté. Il faut rendre hommage à leur courage, car ils mouillent leur chemise et vont au casse-pipe sans grands soutiens. Comme le signalait à juste titre un commentateur sur un forum serbe suite à l’interdiction de la gay-pride de Belgrade : l’insécurité et le déni que subissent les LGBT pourraient bien concerner bientôt tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans le « prêt à penser » identitaire des sociétés post-yougoslaves…
Ce qui suit a été écrit à 90% avant l’annulation de cette gay pride, et une partie a donc été un peu réécrite voire complétée, à la lumière de cette nouvelle fuite en arrière de la « démocratie » serbe. Nous tenterons ici de dresser une sorte d’état des lieux actuel : celui ci est sans doute un peu schématique et incomplet, mais donnera un aperçu de la mouvance LGBT qui tente de se frayer une place dans ces territoires « à deux heures d’avion de Paris ».
Dans le premier post sur la culture gay-yougo, nous évoquions entre autres, le rôle joué, notamment en Slovénie, par les activistes gays tels que Borghesia, dans les mouvement dissidents oeuvrant à la démocratisation de la Yougoslavie post-titiste.
Cet engagement démocrate des homos yougos explique peut être en partie la haine et la violence qu’ils subissent aujourd’hui. D’autant que, par principe autant que par nécessité, les réseaux qu’ils reconstituent depuis le début des années 2000 ressuscitent « la fraternité et l’unité », l’alpha et l’oméga du projet yougoslave originel. Les militants LGBT de Zagreb ou Ljubljana soutiennent leurs frères et sœurs de Belgrade, Sarajevo et Skopje, et vice versa. On s’échange et relaye les infos, on fait suivre des pétitions, on coordonne des projets et des actions, et on se retrouve tous ensemble aux gays-prides des uns et des autres.
Démocrates, yougophiles et gays, voilà qui déplait fortement aux nouveaux pouvoirs bananiers, aux églises en reconquête de leurs parts de marchés obscurantistes et aux brutes décérébrées qu’on a laissé pousser comme de la mauvaise herbe.
Les homos dérangent parce que les droits qu’ils revendiquent remettent en question les principes fondateurs des nouveaux Etats nés sur les cendres de la Yougoslavie : réclamer le droit de vivre sa différence et de la pratiquer, demander d’être jugé en fonction de ses qualités humaines et non de ses préférences sexuelles, c’est à la fois faire écho aux minorités ethniques qui demandent le droit de parler leur langue et de vivre leur culture, et rejoindre les nombreux anonymes qui demandent encore aujourd’hui à exister en tant qu’hommes et femmes et non en tant que Serbes, Croates, Macédoniens ou Bosniaques. Un cauchemar pour les gardiens des nouvelles identités nationales !
D’où la mollesse des politiques (hormis quelques déclarations à la TV du genre « c’est pas gentil de taper les homos »), face à la violence qui aujourd’hui déferle, lors des gay prides mais aussi au quotidien : pas franchement facile d’être homo dans l’ambiance hétéromacho bien musclée du Blok 64 à Novi Beograd, ou d’être amoureuse de sa copine de lycée dans un bled au fin fond de la Slavonie. Au mieux, ce sont quelques sarcasmes et insultes, au pire, c’est le passage à tabac, et les médias – surtout les quelques médias « contestataires » et les portails LGBT – rapportent régulièrement ces tristes « faits divers ».
C’est précisément à cause de ce climat oppressant que les LGBT locaux mettent un point d’honneur à ce que se déroulent les gay-prides : c’est d’abord une façon de tester la (bonne) volonté des autorités (avec des résultats et bonheurs divers comme le cas belgradois l’a encore une fois démontré), mais surtout c’est l’une des seules manière d’occuper le terrain et d’exister, et peut être de faire bouger les lignes. Il est malheureusement douloureux de reconnaître que même les bastons dont les manifestants sont victimes contribuent hélas à attirer l’attention du monde sur leur situation déplorable. C’est ce qui explique que les organisateurs de la « parada ponosa » (« parade de la fierté ») de Belgrade ont voulu maintenir le cortège, envers et contre tout…Malgré le mépris des politiques, les compromissions inquiétantes de la police avec l’extrême droite, l’homophobie ordinaire du citoyen lambda et les intimidations des hooligans.
Hormis le terrain, la voix des gays, lesbiennes et autres transgenres s’exprime sur le net et sur Facebook, seuls territoires à peu près sûrs où ils ne prendront pas des pains dans la gueule. Les associations et collectifs ont leur pas de porte et leurs cafés virtuels sur la toile, et indéniablement, le web a contribué à la structuration des réseaux LGBT dans la Yougosphère et à leur expression. Certains d’ailleurs, comme Gayecho, se positionnent officiellement comme pan-yougoslaves en couvrant de façon globale l’actu des LGBT dans tout le domaine linguistique serbo-croate, et comme on l’a dit plus haut, les portails basés à Zagreb parlent de ce qui se passe à Belgrade et inversement.
En dépit de l’unité sincère et de la solidarité réelle de ces organisations dans leur combat, leur expression s’avère pourtant diverse dans ses modes et dans son langage. Ainsi la Zagreb Pride Udruzenje (« Association de la Zagreb Pride ») joue la carte de l’humour frondeur, avec ses affiches désopilantes et ses slogans imparables comme « La Croatie peut bien avaler » une gay-pride.
Basé en Serbie, Gayecho joue plus volontiers la carte du combat culturel qui passe par un travail de mémoire et d’histoire (c’est là que j’ai glané pas mal d’infos sur les gays à l’époque yougoslave), et par la recherche de modèles grand-public. C’est en Serbie que s’est développée la rumeur que le grand scientifique serbe Nikola Tesla, jamais marié et fuyant les femmes d’après les témoignages, aurait peut-être été homo. Rumeur invérifiable, évidemment.
D’autres articles insistent sur le fait que des Serbes célèbres étaient homosexuels, y compris des généraux ou des nobles du clan Karadjordjevic, ce qui tord le cou au mythe macho de la glorieuse armée serbe, et d’une « serbité » qui serait génétiquement hétéro.
Ce passionnant travail d’investigation et d’inventaire de l’homosexualité balkanique à travers le temps témoigne d’une volonté de respectabilité et de reconnaissance, qui semble importante à Belgrade, un rien secondaire à Zagreb, où l’on paraît plus porté sur la déconnade. Bien sûr, cette grille d’analyse est un peu caricaturale : on ne passe pas son temps à se taper sur les cuisses en Croatie, et à lister les gays serbes célèbres en Serbie. Mais ce sont là néanmoins certaines tendances qui se dessinent dans l’expression militante.
J’usais ci dessus du mot « respectabilité » sans mépris ni raillerie, du genre « allez, mettez leur une grosse paire de fesse en homepage, à ces sales tchetniks ! » : quoiqu’on puisse dire et même si ça pourrait être mieux, la situation des LGBT est bien meilleure en Croatie, et la société y est bien plus démocratisée qu’en Serbie, où jusqu’à une période très récente, un homo agressé hésitait à aller voir les flics. Le réseau des organisations citoyennes et des mouvements civiques y est plus développé et mieux structuré, comme on a pu le voir dans la fronde contre les travaux de la rue Varsavska à Zagreb (dont on parlait ici).
Le motto de cette année était d’ailleurs le lapidaire « prajd – normalno », « la [gay] pride : normal ». Pas très subversif et d’aucuns trouveront sans doute ce positionnement trop timide. Mais encore une fois, dans un pays où la flicaille pactise avec le diable, où le gouvernement ne prend aucune mesure contre la délinquance fasciste, et où cette dernière se sent forte et intouchable, le militantisme ne s’exprime pas forcément avec la même aisance que dans le Kreuzberg à Berlin, et nécessite mesure et prudence. Cela dit, la subversion réside peut-être dans le fait de revendiquer ce mot, « normal », dans un pays où rien ne l’est. Le trailer de la « prajd » (ci-dessous) ne laisse pas de doute là dessus…
En Bosnie Herzégovine, le portail de « Udruzenje Q » (Q pour Queer) travaille aussi sur un positionnement culturel et sur la mémoire de l’âge d’or yougoslave…ce qui n’étonnera pas de la part de ce pays où la Yougonostalgie reste très forte. On ne sera pas étonné non plus de l’insistance de « l’association Q » sur l’identité ouverte du mouvement LGBT d’ex-Yougoslavie, qui prend clairement le contre-pied du nationalisme rétrograde (pléonasme) en vigueur, pour défendre une utopie multiculturelle mondialisée. Les LGBT seraient ainsi, d’après «Udruzenje Q », à l’avant garde de ce que pourraient être l’homme et la femme « globale ». La Bosnie-Herzégovine a vécu dans sa chair l’assassinat de son multiculturalisme, et on comprend, de fait, que les LGBT locaux y revendiquent la contribution de leur communauté à une possible renaissance de ce multiculturalisme.
La Slovénie reste le pays où la scène LGBT reste la mieux organisée et la plus développée. Elle bénéficie, il est vrai, d’une certaine ancienneté avec un réseau constitué lors de ces années 80 à la fois si audacieuses et si incertaines (voir notre premier post sur le sujet). Avec leur journal, leurs émissions de radio, leurs vie culturelle, leurs clubs, et leurs personnalités publiques, les LGBT slovènes ont su trouver leur place dans la société, il est vrai assez paisible et consensuelle, de ce pays qui a toujours eu une longueur d’avance dans la région. Il ne faut cependant pas s’y tromper, des diatribes populistes et des agressions homophobes y pourissent aussi la vie des LGBT locaux, mais on reste loin, très loin, de la situation qui sévit plus au sud.
Le contexte local influence aussi la situation économique des organisations : en Croatie et en Slovénie, elles bénéficient de certaines subventions publiques, et certaines entreprises privées y sont moins réticentes à les sponsoriser. Le Festival « Queer Zagreb » a une cinquantaine de sponsors, constate avec amertume Predrag Azdejkovic…alors que pendant ce temps là, les associations LGBT de Serbie et de Bosnie-Herzégovine peinent à réunir de quoi financer leurs besoins de bases : les autorités font du saupoudrage et peu de boîtes se risquent au sponsoring d’un événement « de pédés » (Guca, c’est quand même vachement plus hétérolisible !).
Bien souvent, ce sont les organisations étrangères qui prennent le relais, comme à Sarajevo où l’Ambassade des Pays Bas a soutenu financièrement et moralement les organisateurs du Queer Festival. Lorsque celui-ci a dû dans l’urgence fermer ses portes au public, pour cause de fièvre talibane orchestrée notamment par le quotidien populisto-intégristoïde Dnevni Avaz, l’Ambassade néerlandaise a accueilli les organisateurs, les responsables de nombreuses ONG et institutions, et le festival s’est transformé en table-ronde sur la situation des LGBT dans le pays. Une première !
A Belgrade, cette précarité financière des structures LGBT a longtemps contribué a les diviser, toutes n’ayant pas les mêmes choix idéologiques, ou n’étant simplement pas d’accord sur la façon d’agir, et chacune réclamant sa part des miettes du gâteau des aides publiques. Les autorités ont ainsi pratiqué le célèbre « diviser pour mieux régner », privant longtemps les LGBT d’un relais actif de leur cause. Heureusement, cette période est révolue et la détermination actuelle des porteurs de la gay pride est aussi le fruit de cette unité retrouvée, aux termes de pénibles querelles de leadership.
Depuis ces derniers mois, la cause LGBT a aussi investit un nouveau support de communication : les murs des villes et le mobilier urbain. Le phénomène a démarré à Split, où, on le sait, la dernière gay pride s’est déroulé dans une ambiance de guérilla anti-homo, et se diffuse aujourd’hui dans d’autres villes de la Yougosphère, y compris dans des « bleds » comme Jagodina en Serbie, où des lesbiennes ont tracé au sol des « lesbians scenes » ou ont invité chacun à « embrasser son prochain », phrase écrite sur des bâtiments religieux.
A Split, le ou les vengeurs masqués de la lutte LGBT se sont amusés à détourner ou à effacer les graffitis homophobes : « Stop Gay pride » a été rectifié au spray en « start gay pride ». Ce phénomène peut sembler anecdotique et infantile, le graffiti étant un mode d’expression présent partout. En Ex-Yougaslavie, cette (ré)appropriation de l’espace urbain par des LGBT ou de leurs sympathisants anonymes a pourtant une dimension symbolique particulière. En effet, depuis la guerre, les murs hébergent dans 90% des cas des mots vengeurs, des torrents de haine, des slogans à la gloire des Gotovina, Karadzic ou des assassins de Brice Taton. Une promenade dans certaines rues de Belgrade ou de Zagreb, couvertes de ces mantras fascistes, peut donner la nausée.
Que des LGBT investissent ce terrain est un signe positif. D’autant que peu à peu les organisations antifascistes ou libertaires reprennent elles aussi possession de ces territoires. Les « Antifas », les mouvements citoyens, les anars et la nébuleuse d’extrême-gauche - qui se recompose lentement en dehors de la confusion rouge-brune initiée par Milosevic - sont les alliés les plus déterminés à l’heure actuelle des mouvements LGBT, qu’ils accompagnent lors de leurs « marches de la fierté ».
En Bosnie, le rapper Frenkie interpelle ainsi ironiquement le grand mufti dans son hit « Hej Hodza », lui demandant s’il rejetterait son propre fils homo. En Republika Srpska, Grof Djuraz, observateur sarcastique des mœurs locales, aborde non seulement l’homosexualité, mais aussi la question du sida dans sa chanson « On » (« lui »), ballade sombre évoquant musicalement un Elton John yougo déprimé, contant l’histoire d’un homme incapable de séduire les femmes, se tournant peu à peu vers les hommes, et finissant dans la solitude en mode HIV : des tabous dans cette république bananière volontiers orthodoxo-obscurantiste.
En Croatie, le groupe fusion Stillness, très engagé dans les mouvements citoyens, a pris fait et cause pour les LGBT : ils ont joué en clôture de la Zagreb Pride, jugeant utile de préciser « pour la venue du pape, nous n’aurions pas joué ».
Quelques jours avant la non-gay pride de Belgrade, le groupe punk de Novi Sad (en Voïvodine, au nord de la Serbie) Red Union a mis en place une photo sur son site où il pose au milieu des drapeaux aux couleurs de l’arc en ciel. Le texte proclame « mort au fascisme – nous marchons aux côtés de nos camarades « pédés » et lesbiennes le 2 octobre. Ce n’est ni prudent ni populaire, mais fuck la prudence et la popularité ».
Now what i want
Is to become a lady
And give a birth
To a healthy baby
I'm gonna wear
those super-sexy high heels
And start eating them
Tasty non-fat meals
I'll stay home to cook you
Some Serbian beans
And wash them dishes
In high-tech machines
Plastic surgery
Won't make a mess
It will bless me
with a hot tight new ass
Use your strong hands
To pull out my dick
And instead of it
Please, install a clit
Orthodox church
Wont think of this fine
but screw them fascist
The decision is mine
Les LGTB eux mêmes ont investi la scène musicale, à l’instar de démarches similaires notamment en Allemagne et Europe du Nord. L’exemple le plus notoire est le groupe Le Zbor de Zagreb : le nom est un jeu de mot entre « lesbienne » et « zbor » qui signifie le groupe/ l’assemblée.
Le Zbor est uniquement composé de femmes avec pour objectif de donner une meilleure « visibilité à la culture lesbienne et féministe ». La formation se produit a-capella et reprend des grands airs de la variété ou du rock local, avec des succès certains, puisqu’elle se produit dans bon nombres d’événements, bien au delà du circuit gay et lesbien.
Malheureusement, toute la scène rock ne baigne pas dans la tolérance cool « à l’européenne », et il existe aussi une branche homophobe et fasciste, à l’instar des infâmes serbes de « Tri pet sedam », innocent groupe ska-punk à ses débuts sous Milosevic ayant viré métal lourd nationaliste sous Tadic, et dont le chanteur se vante d’avoir participé aux ratonnades de la sanglante première gay-pride.
Pour revenir dans le « camp des gentils », loin de l’underground, une autre personne n’a pas hésité à sacrifier la prudence et son immense popularité : c’est Jelena Karleusa (photo), star serbe du turbo-folk. J’avais déjà dressé un bref portrait de cette artiste ici, dont j’exècre certes la musique, mais dont je salue le courage et l’honnêteté sur cette question. La jeune femme a clairement témoigné son soutien aux homosexuels locaux et a dénoncé le machisme violent et rétrograde qui mine la société serbe, exprimant le vœu que ses enfants puissent un jour vivre dans un pays « normal » (encore ce mot subversif !) ou chacun pourra exprimer sa différence sans craindre pour sa vie.
Avec ses déclarations, la star s’est mise à dos une bonne partie de son public, et a subi agressions physiques et menaces de mort …sans modifier d’un iota ses propos.
Ce qui suit a été écrit à 90% avant l’annulation de cette gay pride, et une partie a donc été un peu réécrite voire complétée, à la lumière de cette nouvelle fuite en arrière de la « démocratie » serbe. Nous tenterons ici de dresser une sorte d’état des lieux actuel : celui ci est sans doute un peu schématique et incomplet, mais donnera un aperçu de la mouvance LGBT qui tente de se frayer une place dans ces territoires « à deux heures d’avion de Paris ».
"Zagreb Pride pour une ville ouverte. Participe !"
Affiche pour le 40e anniversaire des émeutes de Stonewall,
Affiche pour le 40e anniversaire des émeutes de Stonewall,
acte fondateur du militantisme LGTB moderne.
Dans le premier post sur la culture gay-yougo, nous évoquions entre autres, le rôle joué, notamment en Slovénie, par les activistes gays tels que Borghesia, dans les mouvement dissidents oeuvrant à la démocratisation de la Yougoslavie post-titiste.
Cet engagement démocrate des homos yougos explique peut être en partie la haine et la violence qu’ils subissent aujourd’hui. D’autant que, par principe autant que par nécessité, les réseaux qu’ils reconstituent depuis le début des années 2000 ressuscitent « la fraternité et l’unité », l’alpha et l’oméga du projet yougoslave originel. Les militants LGBT de Zagreb ou Ljubljana soutiennent leurs frères et sœurs de Belgrade, Sarajevo et Skopje, et vice versa. On s’échange et relaye les infos, on fait suivre des pétitions, on coordonne des projets et des actions, et on se retrouve tous ensemble aux gays-prides des uns et des autres.
Démocrates, yougophiles et gays, voilà qui déplait fortement aux nouveaux pouvoirs bananiers, aux églises en reconquête de leurs parts de marchés obscurantistes et aux brutes décérébrées qu’on a laissé pousser comme de la mauvaise herbe.
L'homosexualité est elle soluble dans l'identité nationale ?
Deux homos tiennent le drapeau serbe...
Deux homos tiennent le drapeau serbe...
Les homos dérangent parce que les droits qu’ils revendiquent remettent en question les principes fondateurs des nouveaux Etats nés sur les cendres de la Yougoslavie : réclamer le droit de vivre sa différence et de la pratiquer, demander d’être jugé en fonction de ses qualités humaines et non de ses préférences sexuelles, c’est à la fois faire écho aux minorités ethniques qui demandent le droit de parler leur langue et de vivre leur culture, et rejoindre les nombreux anonymes qui demandent encore aujourd’hui à exister en tant qu’hommes et femmes et non en tant que Serbes, Croates, Macédoniens ou Bosniaques. Un cauchemar pour les gardiens des nouvelles identités nationales !
D’où la mollesse des politiques (hormis quelques déclarations à la TV du genre « c’est pas gentil de taper les homos »), face à la violence qui aujourd’hui déferle, lors des gay prides mais aussi au quotidien : pas franchement facile d’être homo dans l’ambiance hétéromacho bien musclée du Blok 64 à Novi Beograd, ou d’être amoureuse de sa copine de lycée dans un bled au fin fond de la Slavonie. Au mieux, ce sont quelques sarcasmes et insultes, au pire, c’est le passage à tabac, et les médias – surtout les quelques médias « contestataires » et les portails LGBT – rapportent régulièrement ces tristes « faits divers ».
C’est précisément à cause de ce climat oppressant que les LGBT locaux mettent un point d’honneur à ce que se déroulent les gay-prides : c’est d’abord une façon de tester la (bonne) volonté des autorités (avec des résultats et bonheurs divers comme le cas belgradois l’a encore une fois démontré), mais surtout c’est l’une des seules manière d’occuper le terrain et d’exister, et peut être de faire bouger les lignes. Il est malheureusement douloureux de reconnaître que même les bastons dont les manifestants sont victimes contribuent hélas à attirer l’attention du monde sur leur situation déplorable. C’est ce qui explique que les organisateurs de la « parada ponosa » (« parade de la fierté ») de Belgrade ont voulu maintenir le cortège, envers et contre tout…Malgré le mépris des politiques, les compromissions inquiétantes de la police avec l’extrême droite, l’homophobie ordinaire du citoyen lambda et les intimidations des hooligans.
"Les organes (de sécurité) sont là pour servir"
En dépit de l’unité sincère et de la solidarité réelle de ces organisations dans leur combat, leur expression s’avère pourtant diverse dans ses modes et dans son langage. Ainsi la Zagreb Pride Udruzenje (« Association de la Zagreb Pride ») joue la carte de l’humour frondeur, avec ses affiches désopilantes et ses slogans imparables comme « La Croatie peut bien avaler » une gay-pride.
Gay-pride de Zagreb
Etoile rouge, piercings, lunettes fun : recyclage LGBT de l'esthétique titiste.
Provocation suprême découlant de ce genre de pantalonnades, des jolies lesbiennes défilent à Zagreb déguisées en partisanes de Tito, version sexy : une horreur pour le « bon Croate » de base qui déteste les homos et vomit tout ce qui évoque la Yougoslavie.Etoile rouge, piercings, lunettes fun : recyclage LGBT de l'esthétique titiste.
Basé en Serbie, Gayecho joue plus volontiers la carte du combat culturel qui passe par un travail de mémoire et d’histoire (c’est là que j’ai glané pas mal d’infos sur les gays à l’époque yougoslave), et par la recherche de modèles grand-public. C’est en Serbie que s’est développée la rumeur que le grand scientifique serbe Nikola Tesla, jamais marié et fuyant les femmes d’après les témoignages, aurait peut-être été homo. Rumeur invérifiable, évidemment.
Look Village People version "Royaume de Yougoslavie"
pour le général Petar Zivkovic
pour le général Petar Zivkovic
D’autres articles insistent sur le fait que des Serbes célèbres étaient homosexuels, y compris des généraux ou des nobles du clan Karadjordjevic, ce qui tord le cou au mythe macho de la glorieuse armée serbe, et d’une « serbité » qui serait génétiquement hétéro.
Ce passionnant travail d’investigation et d’inventaire de l’homosexualité balkanique à travers le temps témoigne d’une volonté de respectabilité et de reconnaissance, qui semble importante à Belgrade, un rien secondaire à Zagreb, où l’on paraît plus porté sur la déconnade. Bien sûr, cette grille d’analyse est un peu caricaturale : on ne passe pas son temps à se taper sur les cuisses en Croatie, et à lister les gays serbes célèbres en Serbie. Mais ce sont là néanmoins certaines tendances qui se dessinent dans l’expression militante.
J’usais ci dessus du mot « respectabilité » sans mépris ni raillerie, du genre « allez, mettez leur une grosse paire de fesse en homepage, à ces sales tchetniks ! » : quoiqu’on puisse dire et même si ça pourrait être mieux, la situation des LGBT est bien meilleure en Croatie, et la société y est bien plus démocratisée qu’en Serbie, où jusqu’à une période très récente, un homo agressé hésitait à aller voir les flics. Le réseau des organisations citoyennes et des mouvements civiques y est plus développé et mieux structuré, comme on a pu le voir dans la fronde contre les travaux de la rue Varsavska à Zagreb (dont on parlait ici).
Ambiance déterminée mais tendue lors d'une gay-pride à Belgrade
De fait, et pour faire simple et court, il est plus facile de déconner et de provoquer dans une société un peu plus ouverte, et il est plus tentant de jouer la carte du sérieux et de la « respectabilité » dans un environnement plus fermé. L’un des leaders du militantisme LGBT en Serbie et responsable de Gayecho, Predrag Azdejkovic, rappelle d’ailleurs dans une éclairante interview à B92 (à lire ici si vous comprenez l’idiome) que les gay-prides de Belgrade sont loin du grand carnaval dénudé et volontiers ultra-sexué de leurs cousines occidentales. Pas de drag-queens en plein déhanché sur du Dalida remixée par Justice, pas de fesses fièrement exhibées. Plutôt des slogans, des pancartes et des banderoles, dans une atmosphère de nervosité et détermination mêlées…ce que l’environnement hooliganesque comme le racisme ordinaire ambiant suffit à expliquer. Pas question de provoquer une société violemment conservatrice en jouant la carte du drag-kitsch détendu du gland à la parisienne.
Cela dit, cette « modération » de façade pourrait muer en une communication plus offensive : l’agression, il y a quelques jours, d’une jeune lesbienne, poignardée par un mineur à Belgrade, a fait descendre les LGBT dans la rue.
Ils ont manifesté devant le siège du gouvernement serbe avec des slogans accusateurs (« Votre politique, notre sang » !) et le motto était « Ca suffit ! ».
"Votre politique=notre sang"
Ils ont manifesté devant le siège du gouvernement serbe avec des slogans accusateurs (« Votre politique, notre sang » !) et le motto était « Ca suffit ! ».
Le club LGBT Tiffany à Metelkova,
le célèbre centre autonome de Ljubljana
le célèbre centre autonome de Ljubljana
(c) Kulturnicenterq
La Slovénie reste le pays où la scène LGBT reste la mieux organisée et la plus développée. Elle bénéficie, il est vrai, d’une certaine ancienneté avec un réseau constitué lors de ces années 80 à la fois si audacieuses et si incertaines (voir notre premier post sur le sujet). Avec leur journal, leurs émissions de radio, leurs vie culturelle, leurs clubs, et leurs personnalités publiques, les LGBT slovènes ont su trouver leur place dans la société, il est vrai assez paisible et consensuelle, de ce pays qui a toujours eu une longueur d’avance dans la région. Il ne faut cependant pas s’y tromper, des diatribes populistes et des agressions homophobes y pourissent aussi la vie des LGBT locaux, mais on reste loin, très loin, de la situation qui sévit plus au sud.
Narobe : la revue LGBT slovène
Le contexte local influence aussi la situation économique des organisations : en Croatie et en Slovénie, elles bénéficient de certaines subventions publiques, et certaines entreprises privées y sont moins réticentes à les sponsoriser. Le Festival « Queer Zagreb » a une cinquantaine de sponsors, constate avec amertume Predrag Azdejkovic…alors que pendant ce temps là, les associations LGBT de Serbie et de Bosnie-Herzégovine peinent à réunir de quoi financer leurs besoins de bases : les autorités font du saupoudrage et peu de boîtes se risquent au sponsoring d’un événement « de pédés » (Guca, c’est quand même vachement plus hétérolisible !).
Après l'humour juif, connu pour avoir survécu même dans les temps les plus sombres,
voici l'humour gay serbe :
Predrag Azdejkovic, figure du militantisme LGBT de Serbie,
Predrag Azdejkovic, figure du militantisme LGBT de Serbie,
bien vivant devant un graffiti criant "MORT AUX PEDES"...
... a déjà réalisé son propre faire-part de de décès :
"nous avons le regret de vous annoncer le décès de Predrag Azdejkovic,
violemment assassiné par la main noire des patriotes serbes..."
Bien souvent, ce sont les organisations étrangères qui prennent le relais, comme à Sarajevo où l’Ambassade des Pays Bas a soutenu financièrement et moralement les organisateurs du Queer Festival. Lorsque celui-ci a dû dans l’urgence fermer ses portes au public, pour cause de fièvre talibane orchestrée notamment par le quotidien populisto-intégristoïde Dnevni Avaz, l’Ambassade néerlandaise a accueilli les organisateurs, les responsables de nombreuses ONG et institutions, et le festival s’est transformé en table-ronde sur la situation des LGBT dans le pays. Une première !
A Belgrade, cette précarité financière des structures LGBT a longtemps contribué a les diviser, toutes n’ayant pas les mêmes choix idéologiques, ou n’étant simplement pas d’accord sur la façon d’agir, et chacune réclamant sa part des miettes du gâteau des aides publiques. Les autorités ont ainsi pratiqué le célèbre « diviser pour mieux régner », privant longtemps les LGBT d’un relais actif de leur cause. Heureusement, cette période est révolue et la détermination actuelle des porteurs de la gay pride est aussi le fruit de cette unité retrouvée, aux termes de pénibles querelles de leadership.
Que des LGBT investissent ce terrain est un signe positif. D’autant que peu à peu les organisations antifascistes ou libertaires reprennent elles aussi possession de ces territoires. Les « Antifas », les mouvements citoyens, les anars et la nébuleuse d’extrême-gauche - qui se recompose lentement en dehors de la confusion rouge-brune initiée par Milosevic - sont les alliés les plus déterminés à l’heure actuelle des mouvements LGBT, qu’ils accompagnent lors de leurs « marches de la fierté ».
Si dans les années 80, on a vu que l’homosexualité a habité un large spectre de la scène musicale, de la variété la plus mainstream (Oliver Mandic) à l’underground le plus radical (Satan Panonski), elle a quitté le rock et la pop avec la guerre, où l’on avait d’autres préoccupations …que l’on soit pour ou contre le conflit, d’ailleurs.
Le duo pop féminin de Zagreb Lollobrigida
et son hit "Mon mec est gay"
Le terrorisme intellectuel en vogue dans les nouveaux Etats a occulté la question de l’homosexualité, et peu de groupes se sont risqués à aborder ce thème visiblement peu porteur. L’émergence de mouvements LGBT vers le début des années 2000, et l’affirmation de leurs revendications a fini par trouver un écho chez des artistes à la conscience politique déjà fortement aiguisée par la situation de l’après-guerre.
"Dis moi, grand mufti, toi qui est ma lumière,
Est ce que c'est OK si mes deux meilleurs amis sont gay,
Dis moi, grand mufti, tu es mon chemin,
qu'est ce que tu ferais si ton propre fils était gay,
Est ce que c'est OK si mes deux meilleurs amis sont gay,
Dis moi, grand mufti, tu es mon chemin,
qu'est ce que tu ferais si ton propre fils était gay,
tu l'aimerais encore ou tu le foutrais dehors ?"
En Bosnie, le rapper Frenkie interpelle ainsi ironiquement le grand mufti dans son hit « Hej Hodza », lui demandant s’il rejetterait son propre fils homo. En Republika Srpska, Grof Djuraz, observateur sarcastique des mœurs locales, aborde non seulement l’homosexualité, mais aussi la question du sida dans sa chanson « On » (« lui »), ballade sombre évoquant musicalement un Elton John yougo déprimé, contant l’histoire d’un homme incapable de séduire les femmes, se tournant peu à peu vers les hommes, et finissant dans la solitude en mode HIV : des tabous dans cette république bananière volontiers orthodoxo-obscurantiste.
En Croatie, le groupe fusion Stillness, très engagé dans les mouvements citoyens, a pris fait et cause pour les LGBT : ils ont joué en clôture de la Zagreb Pride, jugeant utile de préciser « pour la venue du pape, nous n’aurions pas joué ».
Quelques jours avant la non-gay pride de Belgrade, le groupe punk de Novi Sad (en Voïvodine, au nord de la Serbie) Red Union a mis en place une photo sur son site où il pose au milieu des drapeaux aux couleurs de l’arc en ciel. Le texte proclame « mort au fascisme – nous marchons aux côtés de nos camarades « pédés » et lesbiennes le 2 octobre. Ce n’est ni prudent ni populaire, mais fuck la prudence et la popularité ».
Quelques jours après l’interdiction, le gang remettait ça en ressortant le mythe des Partisans sur une photo proclamant : « je défends les valeurs familiales, car mes aînés ne fuyaient pas devant les fascistes, ils leur tiraient dessus ».
La Voïvodine s’impose plus que jamais comme un laboratoire d’une « autre Serbie », plus ouverte, et l’attitude de ces keupons s’inscrit dans une alternative, culturelle et sociétale, au mainstream fascisant à l’œuvre dans le pays. Toujours à Novi Sad, le célèbre festival Exit soutient les LGBT via sa scène Loud and Queer.
Red Union : union du drapeau rouge et du rainbow flag
La Voïvodine s’impose plus que jamais comme un laboratoire d’une « autre Serbie », plus ouverte, et l’attitude de ces keupons s’inscrit dans une alternative, culturelle et sociétale, au mainstream fascisant à l’œuvre dans le pays. Toujours à Novi Sad, le célèbre festival Exit soutient les LGBT via sa scène Loud and Queer.
Le sud du Danube n’est pas en reste : à
Nis, centre méridional de la Serbie, le groupe dark EBM « Margita je Mrtva » recours volontiers à la thématique LGBT. Faisant écho à leurs
illustres aînés Borghesia ou Satan Panonski, ils en font ressortir
l’essence subversive (dans le contexte local), glissant des samples de
dialogues érotiques lesbiens, raillant le beaufisme ambiant et attaquant
l’église orthodoxe dans des lyrics explicites (exemple ci-dessous).
Now what i want
Is to become a lady
And give a birth
To a healthy baby
I'm gonna wear
those super-sexy high heels
And start eating them
Tasty non-fat meals
I'll stay home to cook you
Some Serbian beans
And wash them dishes
In high-tech machines
Plastic surgery
Won't make a mess
It will bless me
with a hot tight new ass
Use your strong hands
To pull out my dick
And instead of it
Please, install a clit
Orthodox church
Wont think of this fine
but screw them fascist
The decision is mine
Les LGTB eux mêmes ont investi la scène musicale, à l’instar de démarches similaires notamment en Allemagne et Europe du Nord. L’exemple le plus notoire est le groupe Le Zbor de Zagreb : le nom est un jeu de mot entre « lesbienne » et « zbor » qui signifie le groupe/ l’assemblée.
La chanson "mon mec est gay" des Lollobrigida
interprétée par Le Zbor
lors des manifs contre les travaux de la rue Varsavska.
interprétée par Le Zbor
lors des manifs contre les travaux de la rue Varsavska.
Le Zbor est uniquement composé de femmes avec pour objectif de donner une meilleure « visibilité à la culture lesbienne et féministe ». La formation se produit a-capella et reprend des grands airs de la variété ou du rock local, avec des succès certains, puisqu’elle se produit dans bon nombres d’événements, bien au delà du circuit gay et lesbien.
Malheureusement, toute la scène rock ne baigne pas dans la tolérance cool « à l’européenne », et il existe aussi une branche homophobe et fasciste, à l’instar des infâmes serbes de « Tri pet sedam », innocent groupe ska-punk à ses débuts sous Milosevic ayant viré métal lourd nationaliste sous Tadic, et dont le chanteur se vante d’avoir participé aux ratonnades de la sanglante première gay-pride.
Avec ses déclarations, la star s’est mise à dos une bonne partie de son public, et a subi agressions physiques et menaces de mort …sans modifier d’un iota ses propos.
"Ouvrez votre esprit - L'homphobie, c'est du fascisme"
Avec Jelena, le turbofolk roule pour les LGBT
Affiche de Antifa Queer Action
On ne sait pas si le show-biz, comme à l’époque d’Oliver Mandic, fera évoluer les mentalités mais à leur façon, et peut être sans le savoir, tous ces artistes – surtout la branche alternative - reproduisent cette union sacrée entre la scène musicale, les organisations citoyennes et les militants gays, qui émergea à la fin des années 80 en Yougoslavie, et qui tenta de démocratiser la société. Si on voulait faire simple, on dirait que les premiers ont globalement échoué : malgré leurs efforts sincères, les libertés civiques qu’ils revendiquaient ont été détournées par des élus mal intentionnés pour finir dans le bain de sang que l’on sait. Les héritiers actuels auront ils plus de succès ? On le leur souhaite… Avec Jelena, le turbofolk roule pour les LGBT
Affiche de Antifa Queer Action
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