Avec ce qui se passe actuellement en Belarus, ces commémorations ont, cette année, un goût particulier, puisque le risque d'une intervention militaire russe flotte dans l'atmosphère, de Brest à Mahiliow/Mogilev, en passant par Minsk/Mensk (pour des explications sur ces doublons nominaux, lire ici). Contrairement à ce qu'affirment tant une certaine gauche campiste ou rouge-brune, que les néolibéraux, la Belarus n'est pas un des derniers régimes communistes et anti-impérialistes, à protéger vigoureusement pour les premiers, et à faire tomber pour installer le capitalisme, selon les seconds. Si le régime a conservé des ingrédients de socialisme, il est parfaitement au fait des subtilités les plus profondes du libéralisme globalisé, de l'usage des paradis fiscaux, pour enrichir le clan au pouvoir, aux achats d'armes. Il est aussi un satellite complaisant de l'impérialisme - économique et politique - russe, lequel considère l'ancienne URSS comme sa chasse gardée. Ce qui se joue aujourd'hui en Belarus n'est donc pas un ectoplasme bolchévique sorti des placards rouillés de la Guerre Froide, comme l'affirment les néo-libéraux, mais simplement le désir d'émancipation d'une population, fatiguée de souffrir à la fois d'un régime dictatorial et des calculs cyniques de Moscou, ainsi que parfois de ceux de l'Occident, qui parvient à faire ses "affaires", malgré les sanctions et les embargos occasionnels.
La menace d'une intervention militaire russe, si elle reste à ce jour hypothétique, rappelle bien, elle, en revanche, les procédés de l'époque soviétique. Et pour cause.
Le bloc soviétique n'était qu'un apanage, habilement recyclé, de l'impérialisme russe, qui, de surcroît, jouait la carte du panslavisme et du messianisme