samedi 11 juillet 2020

SREBRENICA, NOMS ET PRENOMS

Les noms, les prénoms, et l'année de naissance des victimes du génocide de Srebrenica. Un rappel que derrière les chiffres, derrière l'actualité, derrière l'histoire, les morts de "Srebrenica" ne sont pas des statistiques, des notions abstraites, encore moins une variable d'ajustement politique et mémorielle....
Les morts de "Srebrenica" étaient des individus, avec un nom et un prénom, avec une existence. Ils avaient un métier. Ils avaient des familles, des amis, des collègues. Ils avaient des hobbys et des passions. Certains jouaient de la guitare, d'autres aimaient le cinéma américain, le football, ou encore la randonnée dans les magnifiques montagnes et forêts environnantes. Ils avaient des rêves, des projets, des ambitions.

 
Avant d'accéder à un statut de martyrs dont ils se seraient passés, les victimes de "Srebrenica" étaient des gens comme vous et moi.

Tous comme les morts semblent être devenus des chiffres et des abstractions, leur ville semble elle-même avoir perdu de sa substance. On vivait, on commerçait, on travaillait, on étudiait pourtant à Srebrenica. Aujourd'hui, le nom de la ville est devenu une sorte de "marque déposée" de l'horreur. On dit "Srebrenica" et tout le monde comprend tout de suite de quoi il s'agit. Inutile d'ajouter les mots massacre, génocide, tragédie, horreur: "Srebrenica" suffit à résumer ces notions. Ce post de blog lui-même n'échappe pas à ce tic tenace. J'ai finalement choisi de mettre le nom de la ville entre guillemets, lorsqu'il sert de mot-concept portant en lui l'ampleur de la tragédie.

25 ans après, tout semble avoir été dit, écrit, lu, vu et entendu sur "Srebrenica", et pourtant, tout reste à dire, à écrire, à voir et à entendre, encore et toujours, car l'ignominie de ces atroces guerres yougoslaves font qu'aujourd'hui, encore et toujours, il n'y a pas de "consensus historique" entre les anciennes parties en conflit. Formule imparfaite, pudique et polie, que celle de "consensus", car en réalité, les survivants de l'horreur et les familles des victimes doivent sans cesse, depuis 25 ans, affronter l'insulte que constituent le déni ou la minimisation de leurs souffrances.

Les faits, rien que les faits, disent pourtant que 8372 civils désarmés et affamés ont été lâchement, impitoyablement et méthodiquement massacrés. Rien ne justifiait une telle sauvagerie. Rien. Aucun enjeu militaire. Aucune nécessité impérieuse. Aucun danger que courait l'armée serbe de Bosnie-Herzégovine, qui jamais ne souffrit de grande résistance, tant ses exactions et sa brutalité tristement légendaires inspiraient de facto la terreur et la fuite.

Ce qui a motivé et généré ce massacre, c'est une idéologie ultranationaliste, totalitaire et racialiste, une version balkanique du nazisme.

Les Serbes qui continuent de nier ou de relativiser ces crimes doivent savoir que par leur attitude, ils enferment leur pays dans un glacis d'intolérance et de mensonge qui finira par se refermer sur lui: ce qui se passe ces jours-ci en Serbie, mais aussi, de longue date, en Republika Srpska (assassinat de David Dragicevic et répression de toute opposition), démontre qu'après avoir éliminé les supposés "impurs allogènes", les apôtres du massacre de Srebrenica et leurs laquais négationnistes commencent désormais à assassiner leur propre communauté. Phénomène logique.

Accessoirement, nier ou relativiser "Srebrenica", c'est faire insulte aux nombreux Serbes, qui, en d'autres temps, se soulevèrent massivement contre la barbarie nazie, et aux "justes" parmi eux, qui cachèrent et sauvèrent des juifs.

Quand aux plumitifs, aux intellocrates, aux géopoliticiens à la petite semaine, et autres "amis de la Serbie" qui, en Occident, trollent les discussions sur "Srebrenica", et répandent leurs mensonges relativistes ou négationnistes, ce sont les même qui pensent que Bachar Al Assad est un rempart contre l'Islam, que la guerre en Syrie est un complot de la CIA, et que Poutine fait du bon boulot. Situés à droite et à l'extrême droite, mais aussi dans certaines franges de la gauche "campiste", ces gens ne font que déplacer cette tragédie en nos terres pour défendre leur agenda sinistre et dangereux.

Honte à celles et ceux qui continuent d'entretenir le déni, le doute ou le relativisme! Honte aux adeptes "du contexte dans lequel il faut replacer les faits", des "torts qui sont partagés", ou encore des "crimes que chaque camp a commis", comme si cela d'ailleurs devait excuser l'horreur! Honte aux menteurs qui répandent le fantasme d'un islam bosniaque majoritairement fondamentaliste, et accréditent la thèse que Srebrenica était un califat qu'il fallait éradiquer pour sauver l'Europe du "grand remplacement" ! Honte aux mythomanes de "Srebrenica libéré"! Honte aux indifférents, aux cyniques, aux fatigués, qui balayent "Srebrenica" d'un revers de main sur le mode du "il faut tourner la page", ou "on ne va pas en parler encore pendant des siècles"! Mais si, nous allons continuer d'en parler pendant des siècles !!

Honte enfin à celles et ceux, qui, de chaque côté de cette mémoire inapaisée, exploitent cette tragédie à des fins politiques, pour entretenir les haines mutuelles et se maintenir au pouvoir!

Respect et courage à celles et ceux qui luttent contre le déni, et en particulier à tous les Serbes engagés dans ce combat, affrontant sans cesse insultes, intimidations et agressions.

Paix et compassion aux familles des victimes.

Nous n'oublierons pas et serons toujours là pour entretenir les flammes de la mémoire et de la vérité.

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