dimanche 24 avril 2016

COMPLOT SUR LA CROISETTE OU L'ART DE LA RUMEUR CONSPI POUR LES NULS

C'est officiel, Kusturica ne sera pas à Cannes cette année pour y présenter son nouveau film. Perso, voilà qui ne m’empêchera pas de dormir, le sort du cinéaste autant que les arcanes du grand raout cinématographique français m’indifférant globalement. L'info aurait pu rester ce qu'elle aurait dû être, un non-événement, et ne pas même constituer un sujet de post dans ce blog, qui avait décidé, il y a bien longtemps déjà, «d'en finir avec Emir Kusturica». Seulement voilà, cette info a suscité un buzz aussi excessif que dénué de réflexion, notamment suite à sa publication par Sputniknews, officine médiatique chargée de propager la bonne parole poutinienne en terre occidentale, telle l’évangile en d’autres temps. Un relais qui s’est fait en deux phases qui méritent qu'on s'y arrête, tant elles constituent un cas d'école de rumeur conspirationniste subtilement orchestrée. «Kusturica à Cannes, stop ou encore» via Sputniknews illustre aussi combien les réseaux sociaux et leurs emballements dépourvus de discernement contribuent à alimenter « la courroie de la grosse machine à nawak du monde moderne », pour reprendre l'expression de notre estimé confrère en blogging Odieux Connard, dans un post qui fit date, tant il visait juste dans le décryptage de la rhétorique conspi-facho, et de la complicité, dans sa propagation, de ceux qui prétendent combattre le "système".

Reprenons les faits. Le 17 avril dernier, Sputniknews poste une première info comme quoi le nouveau film de Kusturica ne sera pas présenté à Cannes. Mais le média ne se contente pas de cet élément factuel, il donne une explication, qui serait celle du cinéaste lui-même, qui aurait accordé une interview à une obscure radio russe. En l'occurrence, Kusturica évoque la possibilité d'avoir été privé de Cannes par la direction du festival, en raison de ses affinités idéologiques ouvertement pro-Poutine. "Quelqu'un" aurait demandé au festival d'agir ainsi, subodore le cinéaste. Officiellement, la non-sélection provient du fait que le film a été soumis à la direction du festival légèrement hors délai, un retard que reconnaît le cinéaste, tout en précisant que déposer un film quelques jours après l’échéance n’avait pas, par le passé, constitué de handicap majeur pour pouvoir être ensuite programmé... Et Kusturica d’affirmer qu’il serait donc puni pour ses idées.



Kustu pleure d'être privé de Cannes.


Avec cette première communication, la grosse «machine à nawak» s'est donc mise en branle, au-delà, précisons-le, des internautes Poutinistes ou de la nébuleuse nationaliste serbo-russophile, pour toucher les indignés de base du clavier, les « on nous cache tout on nous dit rien » en 140 caractères maxis:
« Triomphe de la pensée unique », « inadmissible restriction de la liberté d'expression », « fascisme politiquement correct », « infâme mainmise des Etats Unis sur la création cinématographique »... sont quelques exemples (je cite de mémoire) de ce qui a tourné, en français comme en serbo-croate, et probablement dans d'autres langues – surtout de bois, sur les réseaux sociaux.


Le lendemain pourtant, coup de théâtre. Sputniknews, sans doute pour prouver qu'il fait preuve de rigueur journalistique, publie un nouvel article qui dément ce qui a été suggéré dans le premier. Là encore, c'est Kustu himself qui est cité, lequel dément avoir accordé une interview à l'obscure radio russe, dément avoir dit que Cannes le boycotte en raison de ses tropismes poutinophiles, et confirme que la non-sélection de son film est bien liée à un non respect des délais.

Et là, tiens, bizarrement, pas grand monde ne reprend la news. Elle est bien relayée ça et là, pourtant, mais sans les cris d'orfraies qui accompagnaient la première. Il est vrai que le démenti bousille un peu vaguement l'idée que le Pentagone aurait pu souffler dans l'oreillette du patron de Cannes que des bombes de l'OTAN allaient tomber sur la Croisette s'il présentait un film d'un artiste allié aux méchants Russkofs.

Cependant, l’affaire n’est pas complètement perdue pour la lutte en ligne contre l’Occident. En effet subsiste le doute que la première info a instillé, malgré le démenti qui a suivi. Car après, tout, oui, pourquoi en effet la direction de Cannes n'aurait-elle pas interdit à Kustu de présenter son film à cause de ses sympathies pro-Poutine ? Le cinéaste dérange, c'est bien connu, avec ses prises de position. Et comme «on ne peut plus rien dire de nos jours», il est probable qu'il ait été censuré par Cannes, le grand raout de la culture «politiquement correcte» au service de la «pensée unique».


Le temple de la conspiration : Cannes.
La preuve, même l'armée (aux ordres de l'OTAN) est présente.



Voilà le raisonnement qui s'installe dans les esprits, et qui fait que le démenti est peu relayé, en tout cas moins que la première info. Car pour toute la sphère décrite précédemment, l'important n'est pas l'info elle-même et son démenti, l'important ne sont pas les faits, mais le doute, l'éventualité, que, oui, quand même, une censure de Kusturica n'est pas exclue, que ça pose question, que tout ça n’est pas très clair, et que donc, il faut être vigilant, dénoncer et résister. D'où l'indignation et le suivi d'infos à géométrie variable des excités 2.0 contre l’impérialisme. Sputniknews, et au demeurant Kusturica, repartent, eux, les mains propres. Le média montre qu'il a fait un bon travail de journalisme en donnant l'impression, par le démenti, qu'il a vérifié et recoupé la première info, et qu’il s'avère donc être un média honnête, pour ne pas dire fiable.


C’est là l’un des ressorts des théories conspis et assimilés: à partir de certains faits indéniables et attestés (absence de Kusturica à Cannes cette année, sympathie de celui-ci pour Poutine, non respect des délais qu’il a reconnu dès le départ...), on insuffle le doute au point que ce doute devient supérieur aux faits. Le doute, notion complètement positive en soi, base de tout questionnement existentiel, philosophique, journalistique ou scientifique, est ici détourné et instrumentalisé pour, paradoxalement, générer de nouvelles certitudes, qui, elles, ne font aucun doute pour ceux qui les professent.

Bien joué donc, Sputniknews, et peut-être Kusturica, dont on ne sait au final pas ce qu’il a vraiment dit et à qui, concernant Cannes, mais, et sans vouloir accorder trop de crédit à ces théories, reconnaissons ici que cette fausse polémique soulève une question intéressante: heu non, pas celle de l’oppression que nous subissons de la part de la culture anglo-saxonne avec derrière l’OTAN, mais celle du choix artistique, et du cas de conscience qui peut s’y rattacher, lorsqu’on est face à un artiste dont les idées et les sorties verbales flirtent avec l’apologie de crimes de guerre, le soutien à des crapules corrompues, et le révisionnisme historique.

Admettons qu’en effet, le directeur du Festival de Cannes soit tombé sur «Pour un finir avec Emir Kusturica» dans le blog Yougosonic (hypothèse purement fictionnelle!), et qu’il se soit dit «palsembleu, voilà qui m’ouvre les yeux ! Ce cinéaste soutient ces crevures que sont Poutine, Dodik, Sadam Hussein, et heurte au plus profond de moi-même mes principes fondamentaux les plus inaliénables. Par ailleurs, son oeuvre participe d’une vision des Balkans rétrograde et caricaturale qui contribue à enfermer cette région dans une grille d’analyse néocolonialiste que je récuse avec force ! Tiens, je vais plutôt programmer, en sélection officielle, «Depth Two» d’Ognjen Glavonić dont Yougosonic parle à la fin de son post sur le dernier Tanovic. Que voilà un cinéaste engagé à suivre de près, incarnant un renouveau certain du cinéma serbe !». On est en pleine fiction, je le rappelle, mais le boss du festival n’aurait il pas le droit de prendre cette décision pour les motifs sus-mentionnés?

On me répondra qu’il faut distinguer l’homme de l’oeuvre, et que ne pas programmer l’oeuvre à cause de l’homme, c’est une forme de censure. On me répondra aussi que Cannes étant subventionné par l’Etat, et l’Etat devant servir l’ensemble de la nation, indifféremment des opinions des uns et des autres, le festival ne doit il pas offrir une pluralité de points de vue et de regards, garants d’ailleurs de la vitalité du débat démocratique, plutôt que de céder aux diktats de la «pensée unique»? Oui, sauf que chanter des hymnes rock’n’roll à la gloire d’un type qui a fait massacrer des milliers de gens qui avaient le tort d’appartenir à la mauvaise ethnie, ce n’est plus vraiment une opinion défendable, même dans le respect de la diversité des opinions, ou sinon, autant réouvrir tout de suite Auschwitz pour y délocaliser Guantanamo. On est là plutôt dans la morbidité du débat démocratique, laquelle bien souvent finit en têtes coupées, doigts arrachés et femmes violées...

Au delà de ces considérations, j’estime qu’une fois recruté, et donc reconnu apte et compétent pour occuper son poste, un directeur de festival est libre, comme tout individu, de faire les choix qui sont les siens, y compris, si besoin, sur des critères de conscience, et qu’il n’y a pas à en faire tout un drame complotiste sur les réseaux sociaux.

Le procès en censure ou punition est de toute façon fallacieux car le festival de Cannes n’a jamais pris complètement ses distances avec Kusturica, même au plus fort des polémiques qui ont entouré ce dernier en 2011, lors de la remise de la légion d'horreur à l'artiste. Tout juste son délégué général, Thierry Frémaux, cité l’an passé par Vanity Fair (!) dans un portrait de Kusturica assez fouillé et faisant la part des choses, reconnaît-il que le cinéaste devrait se renouveller artistiquement, point. Rien sur les idées assez détestables du même cinéaste et sur ses sympathies envers quelques uns des fieffés salopards que compte notre planète.



Thierry Frémaux, Emir Kusturica, Frédéric Mitterand, et en guest-star, Milorad Dodik, lors de la remise de la légion d'horreur au cinéaste en 2011.
Je sais pas vous mais moi je dis que tout ça pose question...



Le délégué général, si l’on en croit l’article de Vanity Fair, a ses entrées à Küstendorf, le fief de Kustu qui y organise sa résistance culturelle et idéologique contre les méchants yankees. Bref, à priori, rien n’indique que les deux parties soient en froid, et à fortiori qu’elles le seraient à cause de Poutine.

Mais si cela avait été le cas. Il n’y aurait pas eu à s’en offusquer outre mesure, à moins de voir dans les pectoraux de Vlad et son regard clinique de chef qui se prépare à buter du caucasien dans les chiottes, une solution à certains problèmes de ce bas-monde. Ce n’est pas vraiment la vision de votre serviteur ici présent, pour la raison simple que si il était russe, avec les mêmes idées que celles régulièrement défendues dans son blog ou dans la vraie vie, il serait probablement au mieux tabassé ou en taule, au pire flingué au coin d’une rue. Cohérent avec soi-même, on ne défend pas les crapules qui nous rendraient la vie dure, et cela n’implique pas en retour de professer un amour immodéré pour la politique des Etats-Unis ou celle de Manuel Valls, qu’on trouve, elles aussi, dangereuses, ni de vibrer pour les résurgences de nazisme chez les nationalistes ukrainiens. Il y aurait d’autres choses à dire encore sur le messianisme russe, et l’impérialisme qui en découle, lequel ne vaut guère mieux que le «rêve américain=cauchemar indien» que portent fièrement certains anti-impérialistes, lorsque le tee-shirt «Che Guevara» est au sale...
Mais ce n’est pas le sujet, et revenons sous le soleil de Cannes voilé par le doute complotiste, ainsi que sur l’hypothèse d’une éviction de Kusturica pour motifs de conscience.



 
Toujours détendue du gland, l'ambiance en Russie,
et si délicieusement antisystème!


Qu’on se comprenne bien, je ne suis pas un supporter de la censure ni du boycott, qui d’ailleurs bien souvent ont des effets contre-productifs. Cependant, si j’étais programmateur d’un événement artistique, je choisirais personnellement de ne pas programmer les films ou le groupe d’Emir Kusturica, parce que ma connaissance de l’ex-Yougoslavie, que je crois être, en toute modestie, assez avancée, me suggère que cet artiste en défend une vision dangereuse, révisionniste, si l’on regarde ses oeuvres à la lumière de ses choix idéologiques...Sachant que ce type ne fait pas mystère de ses idées dans la presse, et y va parfois de violentes diatribes, je choisirais de ne pas lui donner une visibilité ou une tribune supplémentaires.
Enfin, mon choix serait dicté aussi par le fait que je pense qu’il y a des artistes de ce territoire plus intéressants et pertinents.

Après, c’est à chacun de se positionner en son âme et conscience et en fonction de la perception du sujet qui est la sienne. On peut très bien considérer que ce que véhicule Kusturica dans ses oeuvres, sans forcément même y adhérer, peut être versé comme élément au débat, et cette approche n’est pas illégitime non plus, même si ce n’est pas la mienne.




Rappelons néanmoins plus prosaïquement que c’est globalement un mélange de tiroir-caisse et d’ignorance de «qui est vraiment Kusturica» qui fait que celui-ci continue de truster le paysage culturel sans être franchement trop inquiété par la grande «conspiration» du «politiquement correct», telle que dénoncée par ceux qui doutent, mais devraient un peu plus douter de certaines de leurs sources d’information, et douter de leur doute lui-même. 

Il est d’ailleurs assez ironique qu’une partie de ces «antisystèmes», qu’il soient de droite, de gauche, ou dans la confusion des deux, soient ici montés au créneau pour défendre un type dont les fréquentations et le comportement foulent allègrement la cause de «l’antisystémisme». Si j’ai bien compris, l’un des combats des «antisystèmes» est de dénoncer la corruption des élites et autres oligarchies au pouvoir, face aux gentilles populations opprimées. Une préoccupation légitime que je partage globalement, et qui s’exprime occasionnellement dans ce blog. Il faut pourtant rappeler que Kusturica, le courageux rebelle contre le capitalisme triomphant qui opprime le petit peuple et les petites nations, défend Milorad Dodik, le petit despote de la Republika Srpska (RS): un type qui s’enrichit sur le dos de ce peuple serbe qu’il affirme tellement aimer et protéger. Un type qui est prêt à déclencher une nouvelle guerre en Bosnie-Herzégovine, si les autorités fédérales se piquent de trop vouloir s’intéresser à son enrichissement aussi personnel qu’illégal. Une guerre où iront aussi ses Serbes chéris, et notamment les plus jeunes et les plus pauvres qui ne pourront pas sauver leurs fesses à l’étranger. Un type qui a aussi mobilisé les troupes d’élite de RS lors de récentes manifestations ouvrières à Banja Luka, des fois que le bon peuple, certes globalement ethniquement pur, mais socialement extrêmement pauvre, se serait décidé à revendiquer un peu trop fortement ses droits à un revenu digne et viable.


"Et les gens, en RS, ils pensent que je les défends...hu hu hu"
(propos fictifs, mais qui sait...)


Pour Kusturica, Dodik est un type formidable, que le méchant Occident devrait cesser d’importuner, alors que la Bosnie-Herzégovine grouille de djihadistes, contre qui les Serbes et Dodik sont bien-sûr un rempart. CQFD.

Il y a certes bien des foyers djihadistes dans le pays, et c’est vrai que j’ai vu davantages de barbus mode «califat» et de femmes lourdement voilées lors de mon récent passage que lors du précédent, en 2007. Cela dit, le phénomène, aussi préoccupant soit-il, reste minoritaire et circonscrit à quelques communautés. Mais de toute façon, penser que Dodik serait un rempart contre la guerre sainte, est naïf ou malhonnête, alors qu’il pense avant tout à garder son poste et ses privilèges, et qu’il contribue indirectement, de par son nationalisme outrancier et agressif, à nourrir le radicalisme musulman.

Emir Kusturica a d’ailleurs largement profité de l’argent des contribuables serbes, de RS comme de Serbie, Andricgrad et Küstendorf ayant été financés par de l’argent public, pas toujours attribué dans les règles. L’ensemble des terrains autour de Küstendorf a été donné à Kusturica par l’Etat serbe, malgré l’opposition des habitants alentours.

Pour un homme soi-disant proche du peuple admirant Pepe Mujica sur qui il a tourné un film, tout ce qui précède fait quand même un peu tache, tu ne trouves pas, camarade ?! Il serait peut-être tant que toi aussi tu en finisses avec Emir Kusturica et ses amitiés, les deux assez éloignés du bon peuple que tu crois défendre!


Pepe Mujica, un chef d'Etat exemplaire selon Kustu.
Pour une fois, on est d'accord lui et moi.
Mais qu'en pensent donc ses potes au pouvoir dans les Balkans ?


C’est sur cette invitation que nous clotûrons cette brève bouffée de «Kusturica bashing». J’ai fait aujourd’hui une exception, car elle apportait quelques angles nouveaux, notamment sur les délires conspis et le Poutinisme conquérant la toile. Mais sinon, ce blog et son prolongement facebookien avaient depuis longtemps cessé de relever la moindre flatulence idéologique du cinéaste, s’élévant des hauteurs de Küstendorf ou dérivant dans les flots gorgés de sombres pages d’histoire récente du côté de Visegrad. J’avais considéré en effet avoir fait le boulot qui devait être fait sur la question, et je pense qu’il faut savoir passer à autre chose, au risque de sombrer dans un combat virant au trouble obsessionnel. Mais surtout, continuer de dénoncer le cinéaste, c’est continuer de lui accorder une forme d’importance, voire de crédit. En d’autres termes, la meilleure façon de combattre Emir Kusturica reste de tout simplement l’ignorer. Dont acte, fin de post, et à très vite pour parler d’autre chose.

4 commentaires:

  1. Tant mieux si Cannes cesse de faire caisse de résonance pour des films dégorgeant une hystérie qui tourne à vide depuis longtemps et pour un réalisateur qui tourne mal.
    Des bons cinéastes en ex-Yougo, il y en a et des subtils en plus, des qui ont compris la puissance de la sobriété - ça nous change !
    Par exemple Vladimir Stanišić et son Ordinary People - de 2009 mais vu récemment. Il déploie sous nos yeux, l'imperceptible moment où ça bascule, où un gosse ordinaire devient à son corps défendant un type débordé par l'imprévisibilité d'une Histoire sidérante. Hannah Arendt en image. C'est lent et lourd comme la vérité, c'est écrasant comme (ce que j'imagine de) l'été en Pannonie, c'est mutique comme la honte de ne plus pouvoir penser. Le court-métrage Dremano Oko de 2003 est aussi d'une grande finesse.
    Ce que vous dites de Depth Two dans votre dernier post me fait penser à l'excellent court-métrage de Tanović - Bagage 2011 - qui transmet en 26 min une terreur et un effroi à la hauteur de la sauvagerie des crimes et des trahisons, à la mesure de la haine qui scelle les bouches et des silences qui perforent les tympans.
    Aussi, ai-je été déçue d'apprendre que Tanović s'est acoquiné avec le filozof dépoitraillé. Mais je jugerai sur pièce.
    Les jeunes réalisateurs sont là, sans doute pas suffisamment visibles sur grand écran, mais leurs films ont une vraie deuxième vie en DVD.
    Bref, kusturexit du paysage cinématographique. N'en parlons plus.
    Parlons des autres.
    E.C.

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    1. Merci pour ses suggestions de films et ce commentaire bien écrit. Oui, une relève se dessine, avec d'autres thèmes et d'autres tons, et c'est bon signe !
      Une mise en point toutefois: rien n'indique à ce jour que Cannes "cesse de faire caisse de résonance" pour les films de Kusturica. Je veux dire "volontairement". Il semblerait que ce soit un bête problème "administratif" qui soit en cause. Reste qu'en effet la direction de Cannes attend un renouvellement artistique du cinéaste. C'est déjà ça. A suivre...

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    2. Je n'arrive pas à croire à cette histoire de date dépassée. Le festival de Cannes, c'est pas l'hôtel des impôts ni la poste. Si un client comme E.K. avait proposé un bon film je doute fort que la direction l'écarte pour cause de date de fraîcheur.

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    3. Mon post traitant entre autres du doute à des fins conspirationnistes, il est assez cocasse et ironique que vous exprimiez ici un doute, et donc peut-être un début de thèse d'agenda caché du festival de Cannes, quant à la non sélection d'E.K.
      Ce n'est ni une critique de votre point de vue, ni une moquerie, et encore moins une accusation de doute conspi. Personnellement, je m'en tiens aux faits auxquels nous avons accès mais on peut évidemment spéculer. Je trouve simplement amusante l'idée que Cannes puisse se débarrasser de Kustu sur des critères artistiques, sans toutefois le reconnaître officiellement.

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