tag:blogger.com,1999:blog-63142042418973157892024-02-07T19:42:09.917+01:00YougosonicUne tentative d'expliquer l'ex-Yougoslavie en passant par les marges et les chemins de traverses...Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.comBlogger113125tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-56942204591047801612020-08-23T15:52:00.012+02:002020-08-23T18:14:47.124+02:00ICONOCLASMES #4: PRINTEMPS AMERS<div style="text-align: center;"><span style="color: #ffd966;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6E4MBCJI80rkzUkcvt5dKwtFg82dmfJz73K19Bmho41YPvVEdeIsuSo9fPOFlWdtq3oK0PXIlFol3_Hl024KFA_eKgjHI4CntdMAaBb7Y2xo1Vsc3IMnmWGI6mzCR3iNiOxTISbIW9cE/s1194/printemps+de+prague+oslobodjenje+naslovnica+22+aout+68.jpg"><img border="0" height="800" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj6E4MBCJI80rkzUkcvt5dKwtFg82dmfJz73K19Bmho41YPvVEdeIsuSo9fPOFlWdtq3oK0PXIlFol3_Hl024KFA_eKgjHI4CntdMAaBb7Y2xo1Vsc3IMnmWGI6mzCR3iNiOxTISbIW9cE/w548-h800/printemps+de+prague+oslobodjenje+naslovnica+22+aout+68.jpg" width="548" /></a><br /></span></div><span style="color: #ffd966;"><br /><br /></span><div style="text-align: justify;"><span style="color: #ffd966;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">On commémorait ces derniers jours <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Invasion_de_la_Tch%C3%A9coslovaquie_par_le_Pacte_de_Varsovie" target="_blank">les 52 ans de l'entrée, dans la nuit du 20 au 21 août 1968, des troupes du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie</a>. L'intervention armée mit fin au "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Printemps_de_Prague" target="_blank">Printemps de Prague</a>", et à la perspective qu'il esquissait d'un "socialisme à visage humain". <br /><br />Avec ce qui se passe actuellement en Belarus, ces commémorations ont, cette année, un goût particulier, puisque le risque d'une intervention militaire russe flotte dans l'atmosphère, de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Brest_(Bi%C3%A9lorussie)" target="_blank">Brest</a> à Mahiliow/<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mahiliow" target="_blank">Mogilev</a>, en passant par Minsk/Mensk (pour des explications sur ces doublons nominaux, lire <a href="https://globalvoices.org/2020/08/20/lukashenko-or-lukashenka-why-international-media-use-different-spellings-for-belarus-embattled-leaders-name/?utm_source=facebook.com&utm_medium=social&utm_campaign=targetings-Global+Voices&utm_content=instant#0_5_9097_7947_2306_220617865" target="_blank">ici</a>). Contrairement à ce qu'affirment tant une certaine gauche <a href="https://wikirouge.net/Campisme" target="_blank">campiste</a> ou rouge-brune, que les néolibéraux, la Belarus n'est pas un des derniers régimes communistes et anti-impérialistes, à protéger vigoureusement pour les premiers, et à faire tomber pour installer le capitalisme, selon les seconds. Si le régime a conservé des ingrédients de socialisme, il est parfaitement au fait des subtilités les plus profondes du libéralisme globalisé, <a href="https://webdoc.france24.com/bielorussie-reseau-loukachenko/" target="_blank">de l'usage des paradis fiscaux</a>, pour enrichir le clan au pouvoir, <a href="https://www.intellinews.com/what-s-in-belarusian-riot-police-s-arsenal-189410/?source=belarus" target="_blank">aux achats d'armes</a>. Il est aussi un satellite complaisant de l'impérialisme - économique et politique - russe, lequel considère l'ancienne URSS comme sa chasse gardée. Ce qui se joue aujourd'hui en Belarus n'est donc pas un ectoplasme bolchévique sorti des placards rouillés de la Guerre Froide, comme l'affirment les néo-libéraux, mais simplement le désir d'émancipation d'une population, fatiguée de souffrir à la fois d'un régime dictatorial et des calculs cyniques de Moscou, ainsi que parfois de ceux de l'Occident, qui parvient à faire ses "affaires", malgré les sanctions et les embargos occasionnels. <br /><br />La menace d'une intervention militaire russe, si elle reste à ce jour hypothétique, rappelle bien, elle, en revanche, les procédés de l'époque soviétique. Et pour cause.<br />Le bloc soviétique n'était qu'un apanage, habilement recyclé, de l'impérialisme russe, qui, de surcroît, jouait la carte du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Panslavisme" target="_blank">panslavisme</a> et du messianisme </span><span><a name='more'></a></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">à l'égard des peuples slaves du bloc</span></span>. La répression du Printemps de Prague était un sec et strict rappel que toute velléité d'émancipation de la sphère d'influence russo-soviétique, était, de la part des Tchèques et des Slovaques, une impardonnable trahison de la "fraternité slave" et du rôle de guide, quasi messianique, que la Russie devait y jouer.<br /><br />Dans son édition du 22 août 1968, le quotidien "Oslobođenje" ("Libération") de Sarajevo, journal de référence dans toute la Yougoslavie à cette époque, consacrait l'intégralité de sa une à l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie (Photo ci-dessus):<br /><br />- En haut: "Troubles graves en Tchécoslovaquie (pages 2,3, 4 et 12)"<br /><br />- A gauche: "Les troupes du Pacte de Varsovie ont occupé la Tchécoslovaquie. Avant-hier soir, entre 22h et 4h15, les forces soviétiques, polonaises, hongroises, est-allemandes et bulgares ont pris possession de l'intégralité du territoire du pays // La Présidence du Parlement de la République Socialiste Tchécoslovaque demande le retrait des troupes étrangères // Réactions consternées dans le monde // Les Tchèques et les Slovaques soutiennent <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_Dub%C4%8Dek" target="_blank">Dubcek</a>" <br /><br />- A droite "Déclaration du Président Tito: nous sommes profondément préoccupés par l'entrée de troupes étrangères en Tchécoslovaquie. Il faut conserver la paix et le sang-froid"<br />Le reste est difficile à déchiffrer mais Tito parle de non-respect de la souveraineté d'un pays socialiste, et de la nécessité de répondre aux menaces contre-révolutionnaire de façon démocratique. Une session extraordinaire du comité central de l'Union des communistes yougoslaves est également annoncée.<br /><br />Cette une du grand quotidien de Sarajevo rappelle la position à part de la Yougoslavie dans le "monde communiste", et notamment sa ligne indépendante face à Moscou. Le pays fut l'un de seuls Etats socialistes à condamner l'intervention. <br /><br />Cette prise de position courageuse aura pourtant des conséquences sur le destin de la Yougoslavie. Suite à la condamnation de l'intervention par Tito, les relations entre Moscou et Belgrade, déjà mauvaises, deviendront exécrables. En 1971, une réunion Brejnev-Tito fait éclater les divergences au grand jour, malgré le communiqué officiel qui fait état de conclusions très positives. Tito craint une intervention militaire soviétique, sous prétexte de soutien à la Yougoslavie minée par l'agitation liée au "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Printemps_croate" target="_blank">Printemps Croate</a>". L'inquiétude des autorités yougoslaves est telle qu'elles vont aux Etats-Unis s'assurer que Richard Nixon continuera bien de soutenir la voie à part de la Yougoslavie, et s'opposera à une intervention militaire soviétique en Yougoslavie. Ce dernier se voudra rassurant, tout en demandant des preuves à Tito qu'il tient le pays bien en main (les Américains ont des doutes sur la stabilité du pays dès cette époque). Pour priver les soviétiques de leur "prétexte" d'intervention, comme pour rassurer Nixon quant à sa maîtrise des problématiques du pays, Tito achèvera à son retour, la répression du Printemps Croate, procédant à de nombreuses arrestations et purges. Tout cela aura des conséquences par la suite, notamment dans une certaine frustration croate qui se muera en radicalisation. Nous avions développé l'ensemble de ces faits dans <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2017/08/iconoclasmes-3-enfumer-nuit-gravement.html" target="_blank">ce post là</a>, je vous invite à le relire si la question vous intéresse. <br /><br />On le voit, "l'indépendance" de la Yougoslavie entre l'Est et l'Ouest était fragile, et le pays n'échappait pas aux soubresauts géopolitiques du continent européen, ni à la complexité des forces et influences, malgré ses tentatives d'y tracer sa propre voie. <br /><br />Restent aujourd'hui le souvenir et les symboles, ainsi que la gratitude, intacte, de nombreux Tchèques et Slovaques, gratitude qui explique peut-être que dans la très capitaliste et libérale Tchéquie d'aujourd'hui, Prague possède encore une "rue des Partisans Yougoslaves". <br /><br /></span></span></span><div style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: #ffd966;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTWVBFCFI80eYEkzRH5cAmbka4fkzIiV3W0GoSrrgCJwQ2OLFXzEPtiKE5UUlk_wh62ZilmQ-RvxjZ79-6dyjl3ZS7r8j4QjiG629YTt6YkLJ_APPDe4ogy1VUVGPV7msUWL6L0h5tMe0/s1872/JUgoslavskych+Partyzanu.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1673" data-original-width="1872" height="458" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTWVBFCFI80eYEkzRH5cAmbka4fkzIiV3W0GoSrrgCJwQ2OLFXzEPtiKE5UUlk_wh62ZilmQ-RvxjZ79-6dyjl3ZS7r8j4QjiG629YTt6YkLJ_APPDe4ogy1VUVGPV7msUWL6L0h5tMe0/w512-h458/JUgoslavskych+Partyzanu.jpg" width="512" /></a></span></div><span style="color: #ffd966;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><i>Rue des Partisans Yougoslaves, dans l'arrondissement de </i></span></span><span class="oi732d6d ik7dh3pa d2edcug0 qv66sw1b c1et5uql a8c37x1j muag1w35 ew0dbk1b jq4qci2q a3bd9o3v knj5qynh oo9gr5id" dir="auto"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><i>Bubeneč à Prague. <br />Le texte qui accompagne est très clair sur le rôle de Tito et du Parti communiste Yougoslave dans la lutte contre le fascisme et l'écrasement de l'Allemagne nazie.</i></span></span><br /></span></span></div><span style="color: #ffd966;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><br />Aujourd'hui, la Serbie, pays héritier de la Yougoslavie, fait des courbettes incessantes à Moscou, au nom d'une pseudo fraternité orthodoxe qui sert surtout les intérêts économiques et géopolitiques de Poutine, et ceux de la classe dirigeante serbe. C'est une trahison honteuse d'un héritage historique et politique de la Serbie, et un mensonge anthropologique, les peuples russes et serbes étant relativement différents, au delà de l'aspect religieux. La Serbie soutient aussi sans état d'âme la Belarus de Loukachenka/Loukachenko, comme elle soutient bon nombre de salopards de part le monde. La Russophilie poutiniste progresse aussi en Croatie, dans les nébuleuses complotistes et extrémistes. Quant à "Oslobođenje", outre que la qualité du titre a baissé, au dire de ses lecteurs, son ancien directeur, Zlatko Dizdarević, est devenu un soutien du régime sanguinaire de Bachar Al Assad (et de ses alliés, donc des Russes), au nom d'une vision du monde "campiste" détestable, surfant sur une haine viscérale de l'Occident et sur des vieux mythes yougoslaves périmés (le non-alignement, les relations de Tito avec le monde arabe, etc. ). Nous reviendrons sur cette dérive du journaliste, connu pour son courage durant le siège de Sarajevo, dans un prochain post (en cours d'écriture).<br /></span></span><br /><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">On
me répondra sans doute que Tito aussi était autoritaire, et qu'il
entretenait des bonnes relations avec de nombreux dictateurs de par le
monde (dont Hafez Al Assad). Certes oui, et loin de moi de défendre Tito sur ce point.
Cependant, on ne peut enlever à l'intéressé d'avoir eu, dès les débuts
de la Guerre Froide, le flair et la clairvoyance de comprendre que
Staline et l'URSS considéraient l'Est de l'Europe (et en particulier les pays slaves) comme leur chasse
gardée, et qu'ils prendraient possession de la Yougoslavie si elle demeurait dans leur giron.
Tito a donc rompu avec Staline en 1948, et il se tiendra à cette
rupture, non sans difficultés ni compromis, mais il s'y tiendra. Il épargnera ainsi à son peuple de vivre sous un joug ultra-répressif, lui permettant de voyager et de vivre dans une "relative" liberté dans de nombreux domaines. On ne
peut donc pas </span></span></span></span><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">non plus </span></span></span></span>enlever à Tito d'avoir été cohérent avec sa ligne, et
d'avoir ainsi exprimé son opposition à l'intervention soviétique en
Tchécoslovaquie, malgré les risques que cette prise de position lui faisait courir. </span></span></span></span><br /><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><br />On est loin aujourd'hui de cette voix à part et de cette indignation courageuse. Le "nouvel ordre mondial" consiste finalement à louvoyer entre les différents champs de forces et sphères d'influence, à naviguer dans le vague et les approximations, sans avoir de ligne ou de volonté de tracer un chemin à part, sans vouloir épargner à son peuple des vassalités coupables dont il ne profite pas.<br /><br />Je ne sais pas ce qui s'est cassé en route pour qu'on en soit là, et cette question demanderait sans doute un post à elle toute seule. Mais je constate, non sans amertume et pessimisme, que j'ai connu </span></span></span></span>un temps où, face à un soulèvement populaire légitime dans un pays et face à la répression de ce mouvement, l'indignation était quasi unanime et le soutien relativement inconditionnel. Aujourd'hui, on regarde d'abord combien de fascistes et combien de néolibéraux, on cherche la main de l'Occident, de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_Bilderberg" target="_blank">Bilderberg</a> ou de <a href="https://www.newstatesman.com/world/north-america/2020/08/man-vs-myth-george-soros-90" target="_blank">George Soros</a>, et on voit dans celles de pays comme la Russie ou la Chine, une résistance louable à l'impérialisme... Je ne dis pas que certaines précautions ne s'imposent pas face à certains mouvements, mais on est arrivé à un stade où, du "Printemps arabe" à l'été biélorusse, chaque désir d'émancipation est étouffé dans l'oeuf par un bruit virtuel qui finit toujours par profiter à l'oppresseur...<br /><br />Qui êtes-vous, d'ailleurs, vous qui vous autorisez à juger les révolutions ou les insurrections à l'aune de vos grilles schématiques? Qui êtes-vous pour décider et juger à la place des premiers concernés, vous qui vous affirmez anti-impérialistes ?<br /><br />N'en déplaise à un certain discours néolibéral qui s'est attribué la mémoire et l'héritage du Printemps de Prague, et n'en déplaise à ceux qui n'y virent qu'une contre-révolution bourgeoise, celui-ci fut aussi un vrai projet de démocratie socialiste, avec une mobilisation forte de la classe ouvrière, aux côtés des étudiants et des intellectuels (lire <a href="https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1971_num_21_1_1449" target="_blank">ici</a> et <a href="https://www.contretemps.eu/pologne-tchecoslovaquie-yougoslavie-1968/" target="_blank">là</a> sur le sujet). <br /><br />Je n'ose imaginer ce qui se dirait sur le Printemps de Prague si celui-ci avait lieu à notre époque présente... <br /></span></span></span></span></span></div><span style="color: #ffd966;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><br /><i>Iconoclasmes est la rubrique "arrêt sur image" de ce blog. Le principe: une image forte, méconnue ou célèbre, et une analyse impertinente, à contre courant ou dévoilant ce qui est caché derrière. </i></span></span><br /></span>Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-67572502431083875892020-08-10T14:25:00.001+02:002020-08-10T14:53:00.234+02:00MESSAGE DE SERVICE: BUG DE BLOGSPOT CONCERNANT LES COMMENTAIRES<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"></span></span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjMvZ-tilbbqwNSy7bBrmtFJq1Ulf8DycXsjdMbbKhyphenhyphen5xRntHumETHD0cFcMHqstDTo3e3-3mW99MrQz_w7qgiJDiMV_fanaceuB4xOTPo3OlA9NxMzZLsiq5pnKQI0UzFlC0vV5SeqfE/s500/Koje-gradiliste.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="500" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjMvZ-tilbbqwNSy7bBrmtFJq1Ulf8DycXsjdMbbKhyphenhyphen5xRntHumETHD0cFcMHqstDTo3e3-3mW99MrQz_w7qgiJDiMV_fanaceuB4xOTPo3OlA9NxMzZLsiq5pnKQI0UzFlC0vV5SeqfE/w400-h300/Koje-gradiliste.jpg" width="400" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjMvZ-tilbbqwNSy7bBrmtFJq1Ulf8DycXsjdMbbKhyphenhyphen5xRntHumETHD0cFcMHqstDTo3e3-3mW99MrQz_w7qgiJDiMV_fanaceuB4xOTPo3OlA9NxMzZLsiq5pnKQI0UzFlC0vV5SeqfE/s500/Koje-gradiliste.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"></a></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></span></span></div><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">Blogspot, qui héberge ce blog depuis ses débuts, vient de modifier une partie de son <a href="https://www.1min30.com/dictionnaire-du-web/back-office-site-web" target="_blank">back-office</a>, c'est à dire l'interface qui permet de gérer "en interne" la publication des posts et la configuration du blog, à travers tout un ensemble de fonctionnalités: choix des polices de caractères, insertion de photos ou de vidéo, activation de liens, mais aussi esthétique générale du blog et affichage des posts, etc...etc. Comme souvent avec les <a href="https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/gafa.html" target="_blank">GAFA </a>(Blogspot appartient à Google!) ainsi que chez bon nombre de prestataires internet et numériques, ce changement a été effectué unilatéralement et sans prévenir les usagers. </span></span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">Je ne suis pas par principe rétif à des changements et à la nouveauté, mais je trouve l'interface moins agréable à utiliser, et certaines manipulations désormais moins ergonomiques, comme par exemple l'attribution des tags (une catastrophe!), l'affichage en deux temps de la barre des fonctionnalités usuelles (pas pratique!), l'insertion, la disposition et le changement de taille des photos (une cata aussi!), ainsi que le marqueur d'extension qui beugue affreusement (=fonctionnalité qui permet l'affichage réduit du post, accompagné de la mention "lire la suite"). C'est très dommage parce que j'avais choisi Blogspot à l'origine, non seulement à cause du bon référencement que la plateforme permet, mais aussi et surtout pour son ergonomie facile et agréable, permettant une prise en main rapide, même aux moins "geeks" d'entre nous. Donc, si jamais vous me lisez chez Blogspot/Google, bonjour chez vous et voilà mes retours!<br /><br />Mais le plus grave dans cette affaire est que j'ai découvert, un peu par hasard, et à la faveur de ce changement, plusieurs commentaires postés par des internautes, dont je n'avais jamais eu connaissance auparavant, pour la simple et bonne raison que ces commentaires n'apparaissaient pas auparavant dans la rubrique "modération" du back-office, laquelle permet de lire en amont, puis de publier les commentaires en question, si toutefois ils respectent la charte des commentaires. Pas de mails non plus informant de l'envoi d'un commentaire, comme c'était le cas à une époque. Ces commentaires n'existaient tout simplement pas. Le problème, c'est que certains de ces commentaires dataient de 2018, ou 2019, et qu'il étaient parfois le fait de lecteurs ou lectrices fidèles. <br /><br />J'ai immédiatement publié tous les commentaires en souffrance, sauf un, envoyé récemment sur <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2020/07/serbian-reset.html" target="_blank">Serbian Reset</a>, assez hystérique, agressif, voire limite menaçant, et assorti de la mention "KOSOVO JE SRBIJA" ("LE KOSOVO C'EST LA SERBIE"), formule toute faite dont on mesure depuis plus de trente ans l'efficacité pour ce qui est d'avoir permis de maintenir le Kosovo dans le giron serbe! Je n'ai pas encore décidé du sort de ce dernier commentaire (poubelle ou publication suivi d'une réponse)... <br /><br />Je présente donc mes excuses à tous les commentateurs et commentatrices de ce blog qui auraient été victimes de ce dysfonctionnement, indépendant de ma volonté, en espérant qu'ils et elles prennent connaissance de ce message de service. <br /><br />A bientôt pour d'autres posts et pour d'autres commentaires, en espérant que ce bug ne soit plus qu'un mauvais souvenir!<br /><br /><i>Photo d'illustration: "Chantier. Accès interdit à toute personne étrangère aux travaux"</i><br /></span></span></span></p>Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-15878866061246509222020-08-08T15:58:00.079+02:002020-08-08T19:46:15.679+02:00PAROLES...PAROLES...<div style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span> <div class="separator" style="clear: both;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/Vw4rXoe225w" width="320" youtube-src-id="Vw4rXoe225w"></iframe></div></span></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span><br />On a récemment commémoré les 25 ans de "Srebrenica", et le blog a lui-même <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2020/07/srebrenica-noms-et-prenoms.html" target="_blank">apporté sa pierre 2.0</a> à l'édifice du souvenir, jetant aussi au passage quelques pierres à ceux qui continuent de nier ou de minimiser les faits. A l'occasion de ces commémorations, j'ai également vu circuler abondamment sur les réseaux sociaux le discours d'Emmanuel Macron sur cette tragédie (vidéo ci-dessus), avec souvent des commentaires enthousiastes, ou, tout au moins, favorables aux propos du président français. Il est clair que je n'ai aucune sympathie, et je reste poli, pour ce dernier, ni pour sa politique, mais je ne voudrais pas, avec ce qui va suivre, donner l'impression de vouloir polémiquer pour polémiquer, autour d'un sujet aussi grave que le génocide de Srebrenica, qui appelle humilité, recueillement, et dépassement temporaire des divergences politiques. A vrai dire, ce n'est pas le rapport à cette horrible tragédie qui me pose soucis dans les paroles du Président de la République.<br /><br />Simplement, j'avoue ne pas pouvoir rester de marbre, ni contenir un mélange d'irritation et d'amertume, en écoutant ce discours, typiquement français, plein d'emphase, de lyrisme, d'humanisme, et de belles paroles, de la part d'un homme qui, il y a à moins d'un an (novembre 2019), <a href="https://www.20minutes.fr/monde/2647475-20191108-bosnie-ambassadeur-france-convoque-apres-propos-macron-retour-djihadistes" target="_blank">qualifiait la Bosnie-Herzégovine de "bombe à retardement aux portes de la Croatie"</a>, à cause du retour de djihadistes bosniaques dans la pays, lui fermant au passage la porte du processus d'adhésion à l'UE.<br /></span></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span><a name='more'></a></span><span><br />Comme le rappelait le quotidien de Sarajevo "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Oslobo%C4%91enje" target="_blank">Oslobodjenje</a>" à l'époque de ces déclarations: "Moins de 400 ressortissants bosniaques, dont la moitié sont des femmes et des enfants, sont partis sur les théâtres de guerre en Syrie et en Irak [98 ont été tués, 24 sont rentrés et ont été traduits en justice], alors que plus de 1 900 Français ont rejoint Daech". Par ailleurs, aucun de ces djihadistes n'a perpétré (à ce jour) d'attentat sur le sol européen. On rappellera enfin que si l'islamisme radical et violent s'est développé en Bosnie-Herzégovine à la faveur de la guerre, puis dans le sillage ce celle-ci, une fois la paix revenue, il reste relativement minoritaire. Même le salafisme tant redouté s'exprime majoritairement dans la version "<a href="http://www.lemondedesreligions.fr/actualite/quietistes-politiques-djihadistes-qui-sont-les-salafistes-30-11-2015-5122_118.php" target="_blank">quiétiste</a>" de ce courant, centrée sur une observance stricte de la charia, mais dépourvue d'ambition politique ou de projet terroriste. Ses adeptes vivent reclus en communauté dans quelques hameaux reculés du pays, et ont peu gagné les centres urbains, où bon nombre de leurs concitoyens les considère avec dédain ou indifférence. Malgré les faiblesses structurelles de l'Etat bosnien et de ses collectivités décentralisées, malgré une police souvent corrompue et une justice encore très perfectible, le radicalisme islamiste est pris relativement au sérieux par les institutions, et celles et ceux dont les déviances religieuses tendent à prendre le chemin de la guerre sainte sont surveillés et, si besoin, appréhendés, comme le rappelle d'ailleurs la citation de l'article d'Oslobođenje. <br /><br />Le vrai "danger musulman", en Bosnie-Herzégovine, s'il existe, réside davantage dans le renouveau identitaire bosniaque alimenté par le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_d%27action_d%C3%A9mocratique_(Bosnie-Herz%C3%A9govine)" target="_blank">SDA</a>, parti du clan Izetbegović, leader en "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9d%C3%A9ration_de_Bosnie-et-Herz%C3%A9govine" target="_blank">Fédération</a>": l'idéologie du SDA tente une fusion entre l'identité "ethnique" bosniaque, un conservatisme fort (patriarcat, sexisme, homophobie), un retour aux symboles et à la pratique religieuse, le tout assorti de tropismes néo-ottomanistes, et de néolibéralisme économique décomplexé. Le modèle idéologique est d'ailleurs très proche de celui de l'AKP de Recep Tayyip Erdoğan: populisme, capitalisme, néo-conservatisme, autoritarisme, et impérialisme néo-ottoman. Enfin, le SDA revendique à demi-mot une sorte de rôle moteur pour les Bosniaques dans le pays, arguant, non sans ambiguïtés, que la communauté démographiquement la plus nombreuse, a à la fois le droit légitime et le devoir quasi messianique de présider aux destinées de la Bosnie-Herzégovine. On sait comment ce rôle de peuple moteur, réel, supposé ou fantasmé, fut perçu du temps de la Yougoslavie, où c'étaient les Serbes qui en étaient les soi-disant détenteurs. Sans surprise, ce point, parmi tous les autres déjà cités, est une ligne rouge pour les Croates et les Serbes de Bosnie-Herzégovine. Mais encore une fois, ce nationalisme bosniaque, puisque c'est de cela qu'il s'agit, n'a rien à voir avec le djihadisme ou le salafisme, tout aussi problématique soit-il au demeurant</span></span></span></span></span><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span> que ces derniers</span></span></span></span></span>. On remarquera d'ailleurs que le SDA reste un interlocuteur acceptable pour l'Union Européenne et les ténors politiques occidentaux, sans que </span><span><span>ne lui soient vigoureusement reprochés ni </span>ses tropismes vers la Turquie, ni son conservatisme affirmé, ni sa quête de leadership ethnique. <br /><br />Pour finir, l'Islam davantage "culturel" que religieux, en tout cas modéré, et même parfois laïque, spécifique à la Bosnie-Herzégovine d'avant la guerre, n'a pas disparu. Si il marque le pas ça et là, il affiche encore des couleurs et reste un visage de la Bosnie-Herzégovine, n'en déplaise à ceux qui prétendent qu'il n'est plus, voire qu'il n'aurait jamais existé.<br /><br /></span></span></span></span></span><div style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7Epe1fz9sXiJq0eMaMHGaoEDTtamhkT9m-RVcvvmVOQYXYZPS7lnmqCzSaLU9UK-GiXfpuGbTW61y4seg01zzBLhnx5Dcc9ABZU3nI80MXYXinnMOgtJD2SZI5TdFQh3B3H75LvykenM/s2000/PsaroudakisP5100099-2.jpg" style="display: block; padding: 1em 0px;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="2000" height="345" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7Epe1fz9sXiJq0eMaMHGaoEDTtamhkT9m-RVcvvmVOQYXYZPS7lnmqCzSaLU9UK-GiXfpuGbTW61y4seg01zzBLhnx5Dcc9ABZU3nI80MXYXinnMOgtJD2SZI5TdFQh3B3H75LvykenM/w460-h345/PsaroudakisP5100099-2.jpg" width="460" /></a></span></span></span></div><div style="text-align: center;"><i><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;">Des jeunes femmes dans une "buregdžinica" (snack où l'on vend des bureks) de Sarajevo. <br />On pourrait être n'importe où ailleurs en Europe... <br />Photo (c) Arina Psaroudakis, extraite de la série<a href="https://vii.academy/news/review-no-mans-land-a-workshop-for-women/" target="_blank"> "Portraits de Sarajevo"</a>. <br /></span></span></span></i></div><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span><br />En alimentant la thèse de la Bosnie-Herzégovine comme repaire de djihadistes, Emmanuel Macron a, d'une part, donné du grain à moudre aux extrêmes-droites locales et occidentales, ainsi qu'aux nationalistes de Republika Srpska qui tous répandent ce fantasme islamiste de longue date. C'est d'ailleurs ce fantasme qui a servi de caution et de justification, lors des guerres yougoslave, aux persécutions violentes des Bosniaques et au génocide de Srebrenica. D'après la propagande nationaliste serbe de l'époque, et celle de ses soutiens en Occident, l'enclave était devenu un califat où la charia était rigoureusement appliquée. Lorsque la ville tomba et que Ratko Mladić en élimina les habitants, la Radio Télévision Serbe de Bosnie-Herzégovine bidonna la couverture des faits, forçant un rescapé du massacre (devant son salut au fait de travailler pour Médecins sans frontières) à dire devant les caméras combien il était heureux et soulagé de vivre dans un territoire enfin libéré des ignobles moudjahidines. Le coup de la bombe à retardement islamiste, désolé Manu, mais ça relève d'une même ignoble manipulation !<br /><br />Par ses propos de 2019, Emmanuel Macron a, d'autre part, indirectement soutenu la position du gouvernement croate d'alors, qui avait tenu des propos similaires sur la Bosnie-Herzégovine, pour mieux renforcer, en particulier, les irrédentistes croates d'Herzégovine, qui réclament leur propre entité (comme la Republika Srpska pour les Serbes), prélude à peine voilé à un éventuel rattachement à la Croatie, rattachement qui serait fatal à l'Etat bosnien et à la paix (les Serbes prenant leur envol à leur tour). Ces propos de novembre étaient donc non seulement faux et fantasmatiques, mais ils étaient aussi irresponsables et dangereux par rapport au contexte local. <br /><br />Non content de cette sortie "ad-djihadum", Macron avait également déclaré que la Bosnie-Herzégovine, ainsi que la Macédoine et l'Albanie, également visées en mal par ses propos, n'était pas prêtes pour rentrer dans l'Union Européenne, au risque d'achever de désespérer les populations, même si, soyons sincères, l'Europe ne fait de longue date plus beaucoup rêver. <br />Personne n'a digéré l'incapacité de l'UE à empêcher l'horreur, et en particulier le génocide de Srebrenica, mais le mélange de bâton et de carotte paternalistes, assortie d'une complaisance coupable envers la classe politique bosnienne et post-yougoslave, qui caractérisent l'attitude de l'UE, ont achevé de lui aliéner même les européistes locaux les plus fervents. Tout juste voit-on aujourd'hui "l'Europe" dans sa dimension purement "utilitaire", à savoir, bénéficier du passeport européen qui permettra aux Bosniens (toutes communautés confondues) de se barrer de leur "pays de m...", et de refaire leur vie sans contrôle de douanes tatillons ni chicaneries administratives, au nord du continent. Pour les "valeurs communes" invoquées par Macron, il faudra repasser, même si, fondamentalement, la majorité des Bosniens aspire pour son pays à une "normalité" politique, sociale et économique, qui semble être celle de l'Europe Occidentale. Seulement, on n'a qu'une vie, et l'attente n'a que trop duré, d'où le désir d'aller profiter de l'UE chez elle, plutôt que de désespérer sur place. <br /></span></span></span></span></span><div style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJ8eeYjsjaHTWM0Bnjs1LtowAOunIr8apd_MLArQl8M9wzJzkwmNzUENi8aSFDC4qHuYnB528ZdYWof6Rcmv4whxl2zyw0u618sII9I0KwLlNwsWL99aWBt9hu1SJLTrGIwTOdOudLc7A/s259/index.jpg" style="display: block; padding: 1em 0px;"><img alt="Le logo du groupe punk bosnien Unutrašnja Emigracija, UE, comme Union Européenne" border="0" data-original-height="194" data-original-width="259" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJ8eeYjsjaHTWM0Bnjs1LtowAOunIr8apd_MLArQl8M9wzJzkwmNzUENi8aSFDC4qHuYnB528ZdYWof6Rcmv4whxl2zyw0u618sII9I0KwLlNwsWL99aWBt9hu1SJLTrGIwTOdOudLc7A/s0/index.jpg" width="354" /></a></span></span></span></span></div><div style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><i>Le logo du groupe anarcho-punk bosnien Unutrašnja Emigracija <br />("Emigration intérieure", allusion aux déplacements de populations liés à la guerre). <br />Le nom du groupe joue sur ses initiales, les mêmes que celles de l'Union Européenne, </i></span></span></span></span></div><div style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><i>et le visuel d'ensemble ne laisse pas de doute sur ce que pensent les musiciens de cette dernière.</i><br /></span></span></span></span></div><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><br /><span><br />Il existe une formule toute faite qui dit que "quand on ne sait pas, on se tait". Cette formule, qu'au demeurant peu de gens s'appliquent à eux-mêmes, comme on le voit chaque jour sur les réseaux sociaux, signifie que si on ne maîtrise pas un sujet, on se garde d'en parler avec trop d'assurance et de conviction, parce qu'il y a de fortes probabilités que l'on dise des bêtises. Cette formule ne saurait cependant demeurer fermée sur elle-même, pour ne signifier qu'une fin de non-recevoir, laquelle sert éventuellement juste à rabattre le caquet de l'indélicat ivre de ses certitudes faussées par l'ignorance. Pour nous qui croyons en la capacité de l'homme à s'élever et à progresser, elle doit immanquablement s'accompagner d'une deuxième formule qui, elle, professe que "si on ne sait pas, on demande", on s'informe, on s'instruit, on se documente...ce qui permet éventuellement à l'ignorant de sortir de son ignorance, voire parfois de devenir à son tour un connaisseur, un instruit, un "expert". <br /><br />Personne ne peut être spécialiste de tout et nous sommes tous ignorants à notre manière, pour les champs de compétence qui nous échappent. Si au niveau individuel, l'ignorance pose déjà un problème, de part le fait que peu de gens s'appliquent les deux règles sus-mentionnées, au niveau politique, elle prend une dimension plus grave, car il y va du destin de millions d'individus. Les hommes et les femmes chargés d'administrer et d'arbitrer les grands enjeux et défis de ce monde ne peuvent certes, elles et eux non plus, tout savoir et tout connaître, mais ils bénéficient, en général, de la présence de conseillers, d'experts, qui, eux, peuvent leur donner les éclairages nécessaires à la compréhension d'un sujet. <br /><br />On est donc légitimement en droit de s'interroger sur les connaissances du chef de l'Etat Français sur la théma "Balkans", mais aussi sur la compétence de ses conseillers/experts en affaires étrangères, après ses sorties catastrophiques de novembre 2019 sur la Bosnie-Herzégovine, mais aussi son <a href="https://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-berretta/elargissement-de-l-ue-macron-fait-attendre-l-albanie-et-la-macedoine-18-10-2019-2341990_1897.php" target="_blank">"non" à la Macédoine</a> quant à l'ouverture de négociations d'adhésion à l'UE. <br /><br />Perçu comme un vent frais sur les questions européennes lors de son élection, Emmanuel Macron semble davantage incarner une douche froide au final. Vu par ses fans, comme par une partie de la presse internationale, comme l'homme qui allait remettre, avec audace et créativité, le projet européen en route, Emmanuel Macron apparaît au final comme un technocrate têtu, sans âme, ni idées, ni vision; un électron libre qui parle sans consulter ses partenaires, et qui balance des platitudes erronées et fantasmatiques sans songer aux conséquences.<br /><br />Car, et c'est bien ça le plus grave, à l'instar de ses propos nauséabonds sur la Bosnie-Herzégovine, le veto de Macron envers la Macédoine du Nord n'est pas seulement la marque d'une insondable méconnaissance des Balkans, ou encore d'un mépris limite raciste envers ses habitants. C'est aussi et surtout une attitude dangereuse et criminelle. <br /><br />Avec son veto arbitraire, Macron a fait passer un très mauvais message à la Macédoine (et aux pays espérant un jour entrer dans l'UE), un message qui, une fois décrypté, dit : "oui, il y a des règles du jeu dans l'Union Européenne, et il faut scrupuleusement les respecter. Cependant, il est possible de les changer en cours de route, mais attention, pas n'importe qui! La Macédoine du Nord ne peut pas changer les règles en cours de route, mais l'UE ou un pays comme la France, oui, parce que c'est elle qui commande". De ce premier postulat découle un deuxième: une parole donnée peut aussi être retirée par l'UE, même si en face, l'interlocuteur, en l'occurrence la Macédoine du Nord, a tenu sa parole et ses engagements. <br /><br />Celles et ceux qui défendirent, il y a quelques mois, le veto de Macron, en disant qu'avant de recevoir de nouveaux candidats, il faut effectivement changer les règles d'adhésion ainsi que le fonctionnement de l'UE, seraient bien avisés de se souvenir que promesse avait été faite à la Macédoine du Nord d'ouvrir les négociations d'adhésion si celle-ci respectait ses engagements. Des engagements qui consistaient quand même à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9bat_autour_du_nom_de_la_Mac%C3%A9doine" target="_blank">changer de nom</a>, pour que le voisin grec cesse d'être froissé dans son orgueil national. Un orgueil qui est la seule chose qui reste à la Grèce, après des années de gabegie financière, dont l'élite grecque est la principale responsable, puis de "punition" d'une violence absolue par une UE qui, visiblement, cherchait à faire des exemples en termes d'ordolibéralisme. <br /><br />Vu de France, changer de nom, ça n'a sans doute l'air de rien, surtout quand on n'est pas directement concerné, mais dans une région d'Europe où le diable est, entre autres, dans les détails nominaux et sémantiques, c'est un choix lourd, difficile et même dangereux. On imagine pourtant sans difficulté ce que serait la réaction indignée de Paris si la Grande-Bretagne réclamait que "notre" Bretagne change de nom, sous prétexte que la "seule" et "vraie" Bretagne serait la "Grande", ne pouvant souffrir la présence de sa concurrente hexagonale! Ce qui serait inacceptable en France, et susciterait une fin de non-recevoir ferme de l'Etat, doublée de manifestations populaires anglophobes de Brest à Strasbourg et de Lille à Marseille, n'est visiblement pas un problème lorsqu'il s'agit des petits pays balkaniques dont les noms peuvent être changés comme on change de chemise...ou de décision. </span></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span><br /></span></span></span></span></span><div style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHSrj5mo-xyTsS3Mfi3MyCC5FmFQllXkOYVSFDDRN1y4d-oHVcXU52x1mDzWGl0PMlgQcOuyjR5HWuCnQLwTAflt9kUePimLtvMWLeu-a5d4vP6EQWuVkCut1D507FBLxIJHJMygStk8A/s600/Alex+the+Great+Autoput.jpg" style="display: block; padding: 1em 0px;"><img border="0" data-original-height="427" data-original-width="600" height="364" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHSrj5mo-xyTsS3Mfi3MyCC5FmFQllXkOYVSFDDRN1y4d-oHVcXU52x1mDzWGl0PMlgQcOuyjR5HWuCnQLwTAflt9kUePimLtvMWLeu-a5d4vP6EQWuVkCut1D507FBLxIJHJMygStk8A/s0/Alex+the+Great+Autoput.jpg" width="512" /></a></span></span></span></span></div><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><i>Des ouvriers démontent les panneaux "Autoroute Alexandre de Macédoine", en février 2018. <br />L'abandon de toute référence à Alexandre Le Grand faisait aussi partie du "package" des concessions de la Macédoine à son voisin méridional, lors de l'accord sur le nom, les Grecs ayant toujours revendiqué le célèbre conquérant comme étant "à eux".<br />Au delà de cette polémique, cette image résume à la perfection l'histoire récente des Balkans, avec ses changements à répétitions dont les infrastructures routières portent elles aussi la marque. Le jour où on n'y démontera plus de panneaux routiers ou de plaques de rue, cette région aura peut-être trouvé la sérénité.<br /></i></span></span></span></span></div><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span><br />On rappellera que depuis son indépendance, obtenue sans coup férir, l'actuelle Macédoine du Nord a dû porter l'appellation inconfortable et ahurissante d'Ancienne République Yougoslave de Macédoine, alias FYROM (acronyme de "Former Yugoslav Republic Of Macedonia"). Porter l'adjectif "ancien" dans son nom, pour un pays "neuf", c'est une situation proche de la schizophrénie! Porter dans son nom le cadavre du pays défunt ("yougoslave"), c'est vivre en risquant de foncer à chaque instant sur un ectoplasme politique! Bien-sûr, en "FYROM", personne n'a jamais utilisé ce nom, hormis dans les relations officielles au niveau international. Pour les Macédoniens désormais "du Nord", la Macédoine a toujours été et restera la Macédoine, point barre. Mais cette guerre froide autour du nom aura été un poison politique hypothéquant durablement l'existence du jeune Etat.<br /><br />Après des années de pouvoir exercé par les nationalistes du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_r%C3%A9volutionnaire_mac%C3%A9donienne_int%C3%A9rieure_-_Parti_d%C3%A9mocratique_pour_l%27unit%C3%A9_nationale_mac%C3%A9donienne" target="_blank">VMRO-DPMNE</a> qui n'ont jamais voulu rien entendre sur la question du nom, un leader plus modéré et plus pragmatique, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zoran_Zaev" target="_blank">Zoran Zaev</a>, est arrivé aux commandes en 2017. Il est parvenu, non sans peines, à trouver un accord avec la Grèce de Tsipras sur le nom litigieux, entérinant cette nouvelle appellation précisant la position septentrionale de cette Macédoine, pour la démarquer de la Macédoine grecque (toutes ces années de disputes pour ça !). <br /><br />Malgré ce succès diplomatique, le pouvoir de Zoran Zaev est resté fragile, dans un pays où l'opposition nationaliste n'hésite pas à faire le coup de poing et à menacer la paix civile, comme on le vit en avril 2017, <a href="https://www.rtbf.be/info/monde/detail_macedoine-le-chef-de-l-opposition-blesse-lors-de-l-irruption-de-manifestants-au-parlement?id=9592172" target="_blank">où des brutes à la solde du VMRO-DPMNE envahirent la parlement</a> pour s'opposer à la probable coalition du parti de Zaev avec un parti de la communauté albanaise de Macédoine. Zaev lui-même sera blessé durant l'attaque, laquelle suscitera un tollé et une forte inquiétude dans les Balkans et au delà.<br /><br />Ces incidents éclairent en filigrane une autre problématique épineuse de la Macédoine: le pays doit compter en effet avec une importante communauté albanophone, dont les leaders oscillent entre realpolitik modérée (dialogue et coexistence avec la majorité slave macédonienne) et demandes plus radicales, avec pour ces dernières, des penchants pour le pan-albanisme (union de tous les Albanais dans un seul Etat), qui a repris des couleurs dans les Balkans depuis l'indépendance du Kosovo... Un pan-albanisme qui est évidemment une ligne rouge sang pour les autres Etats et populations de la région, et qui provoquerait probablement, en tout cas dans le contexte actuel, des tensions violentes voire un nouveau conflit armé dans la péninsule. N'oublions pas que la Macédoine, a, en 2001, connu <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection_albanaise_de_2001_en_Mac%C3%A9doine" target="_blank">un début de guerre civile entre Albanais et Macédoniens slaves</a>, laquelle, heureusement, n'a pas dégénéré. Si la situation s'est en partie temporisée depuis, les forces contradictoires qui s'agitent dans le pays, ainsi que les nationalistes de chaque communauté, aux aguets et prêts à tout, génèrent un climat d'instabilité obligeant le pouvoir actuel, et plus globalement les forces progressistes, à marcher sur des oeufs. <br /><br />Zaev a bâti une partie de sa stratégie politique sur le règlement de la "question du nom", et sur les négociations d'adhésion avec l'UE que ce règlement devait ouvrir. Malgré un euroscepticisme croissant de la population, le premier ministre a fait le raisonnement, pas idiot selon moi, que l'absence de perspective était pire pour le pays, que la perspective elle-même, fusse-t-elle en partie impopulaire: que l'on soit pour, contre ou partagé sur cette perspective européenne, celle-ci donne un horizon sur lequel on peut se positionner et débattre. </span></span></span></span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span>Dans un tel contexte, le veto macronien n'était donc pas seulement une erreur, une marque de mépris, un signe d'inculture géopolitique. C'était aussi criminel. On aurait voulu affaiblir Zaev et encourager les forces déstabilisatrices du pays que l'on ne s'y serait pas pris autrement. Au delà des brûlantes questions de politique régionale, c'était aussi un doigt d'honneur à la population macédonienne elle-même, alors que dans l'ensemble, celle-ci avait accepté ce changement de nom avec un mélange de résignation lasse et de pragmatisme mature, un pragmatisme suggérant que le pays, à l'arrêt, se remettrait en branle avec la fin de cette polémique étouffante et vectrice d'inertie...<br /><br />Le veto de Macron me rappelle l'époque où certains citoyens d'ex-Yougoslavie, Serbes et Bosniaques, entre autres, avaient besoin d'un visa pour voyager dans l'UE. Une fois que le candidat au visa avait réuni toutes les pièces témoignant de son éligibilité au précieux sésame, et qu'il se rendait, le coeur battant, dans le consulat du pays où il souhaitait voyager, le fonctionnaire, après un examen attentif des pièces et leur validation, refermait le déjà volumineux dossier en disant froidement que ces pièces étaient insuffisantes et qu'il fallait désormais fournir une nouvelle batterie de documents. L'idée était bien-sûr de décourager les aspirants voyageurs, qui pouvaient devenir de dangereux immigrants, volant le pain et le labeur des citoyens de souche. Il fallait donc ici décourager la Macédoine du Nord et la Bosnie-Herzégovine, et tant pis si ce découragement risquait d'encourager d'éventuelles déstabilisations. <br /><br />Entre temps, les choses ont évolué, l'UE, qui avait désapprouvé les propos de novembre 2019 d'Emmanuel Macron, tant sur la forme que sur le fond, <a href="https://www.lepoint.fr/monde/adhesion-a-l-ue-une-avancee-pour-la-macedoine-du-nord-et-l-albanie-24-03-2020-2368630_24.php" target="_blank">a bien ouvert des négociations d'adhésion avec la Macédoine</a>. La Bosnie-Herzégovine, elle, comme toujours, devra attendre encore et encore, comme ce "cas social" pour qui on n'a pas de boulot à proposer, et qui ne rentre pas dans les "cases", mais qu'on continue de recevoir à Pôle Emploi ou à la Mission Locale, en lui esquissant de vagues horizons, si il fait ci ou ça, puis revient nous voir... <br /><br />L'attitude de Macron, c'est un peu du même ordre. On l'entend aisément dire, avec son tact légendaire: "pas terrible, votre CV de victimes de génocide, avec ce trou de plusieurs années, là, où vous avez fait le djihad, sans parler du pognon de dingue qu'on vous file et que vous détournez. Et puis bon, on me dit que vous êtes pas très corporate, que vous passez votre temps à vous engueuler avec les autres membres de votre team. Je vois pas ce qu'on peut faire avec vous! ...Bon, écoutez, inscrivez-vous à une formation sur les valeurs communes, traversez la rue et revenez me voir, OK ? Allez, je vous laisse, j'ai la Macédoine du Nord qui attend. Elle a changé de nom, on va voir si ça passe mieux auprès des employeurs. Allez, bon vent ! ...Et achetez vous un costard, bon Dieu, c'est pas dans cette tenue que vous allez trouver du boulot!" <br /><br />Alors désolé d'être sévère et un peu cynique, désolé de doucher l'enthousiasme, en particulier celui, que j'ai senti sincère et indulgent, de bon nombres de Bosniaques qui ont accueilli ces paroles avec espoir. Je peux comprendre cela, et le respecter. <br /><br />Pour moi, ces paroles exaltées, jouant la carte du destin partagé et des promesses rassurantes, ne peuvent pourtant pas effacer l'attitude et les propos scandaleux de 2019. <br /><br />Si en France, et ailleurs dans l'UE, on les a déjà oubliés, parce que les Balkans, globalement, "on s'en branle!", dans les Balkans, justement, on n'a pas oublié. Les Balkaniques n'oublient rien, jamais, et surtout pas les gifles que nous leur envoyons régulièrement, sous la forme de fantasmes politico-religieux, de mesures de rétorsion, d'injonctions paternalistes et autres appels à "poursuivre les réformes et le processus transitionnel". Alors oui, c'était peut-être un beau discours que celui donné pour les 25 ans de "Srebrenica", mais cela reste le discours d'un homme "qui ne sait pas", et qui, comme en politique intérieur, peut dire tout et son contraire à quelques mois d'intervalles, dans ce fameux "en même temps" qui ne trompe plus grand monde. Sauf que dans les Balkans, le "en même temps", c'est ce temps qui est depuis longtemps arrêté, bloqué, "et en même temps", ce temps qui passe, qui file, et qui ne reviendra pas. Que d'années perdues pour être toujours en surplace! Tout n'est certes pas de la faute de l'UE, ni des "grandes puissances", ni même d'Emmanuel Macron, les politiques locaux et leurs soutiens ayant aussi leur part de responsabilité. Mais 25 ans après les terribles guerres yougoslaves, reconnaissons que rien n'a été fait par la "communauté internationale", à part le fait d'avoir créé les conditions pour qu'<a href="http://yougosonic.blogspot.com/2012/08/harcelons-mittal.html" target="_blank">Arcelor Mittal</a> et autre "investisseurs" puissent profiter d'une main d'oeuvre désemparée et peu coûteuse, et à part le fait de parler, sans cesse, encore et toujours. Parler pour en fait n'avoir rien à dire d'autre aux habitants de ces pays, <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2015/12/hardcore-de-dayton.html" target="_blank">que ce qu'ils ne savent pas déjà</a>!<br /></span></span></span></span></span></div><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: georgia;"><span><span> </span></span></span></span></span>Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-70698377230580935062020-07-11T14:22:00.001+02:002020-07-11T14:53:42.871+02:00SREBRENICA, NOMS ET PRENOMS<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="color: #ffd966;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJtGRkYsJB0FzBQwe8S2YdGHzQ6O8DE90_cVFmnfokDjtgV8ekJNeHzEd4EUQHGufLMb55y-ohTzkrZAuIKnTAYroJ0Jf0bxP8389rWSocM-Kd1UUE886chCxjYv4rqqqYGCwwV_OEHxg/s1600/Imena+i+prezimena+Srebrenica.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="416" data-original-width="631" height="209" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJtGRkYsJB0FzBQwe8S2YdGHzQ6O8DE90_cVFmnfokDjtgV8ekJNeHzEd4EUQHGufLMb55y-ohTzkrZAuIKnTAYroJ0Jf0bxP8389rWSocM-Kd1UUE886chCxjYv4rqqqYGCwwV_OEHxg/s320/Imena+i+prezimena+Srebrenica.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffd966;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les noms, les prénoms, et l'année de naissance des victimes du génocide de Srebrenica. Un rappel que derrière les chiffres, derrière l'actualité, derrière l'histoire, les morts de "Srebrenica" ne sont pas des statistiques, des notions abstraites, encore moins une variable d'ajustement politique et mémorielle....</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les morts de "Srebrenica" étaient des individus, avec un nom et un prénom, avec une existence. Ils avaient un métier. Ils avaient des familles, des amis, des collègues. Ils avaient des hobbys et des passions. Certains jouaient de la guitare, d'autres aimaient le cinéma américain, le football, ou encore la randonnée dans les magnifiques montagnes et forêts environnantes. Ils avaient des rêves, des projets, des ambitions.</span></span></span><br />
<span style="color: #ffd966;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span></span><br /><span style="font-size: small;"></span></span></div>
<a name='more'></a><div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffd966;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avant d'accéder à un statut de martyrs dont ils se seraient passés, les victimes de "Srebrenica" étaient des gens comme vous et moi.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffd966;"><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Tous comme les morts semblent être devenus des chiffres et des abstractions, leur ville semble elle-même avoir perdu de sa substance. On vivait, on commerçait, on travaillait, on étudiait pourtant à Srebrenica. Aujourd'hui, le nom de la ville est devenu une sorte de "marque déposée" de l'horreur. On dit "Srebrenica" et tout le monde comprend tout de suite de quoi il s'agit. Inutile d'ajouter les mots massacre, génocide, tragédie, horreur: "Srebrenica" suffit à résumer ces notions. Ce post de blog lui-même n'échappe pas à ce tic tenace. J'ai finalement choisi de mettre le nom de la ville entre guillemets, lorsqu'il sert de mot-concept portant en lui l'ampleur de la tragédie.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">25 ans après, tout semble avoir été dit, écrit, lu, vu et entendu sur "Srebrenica", et pourtant, tout reste à dire, à écrire, à voir et à entendre, encore et toujours, car l'ignominie de ces atroces guerres yougoslaves font qu'aujourd'hui, encore et toujours, il n'y a pas de "consensus historique" entre les anciennes parties en conflit. Formule imparfaite, pudique et polie, que celle de "consensus", car en réalité, les survivants de l'horreur et les familles des victimes doivent sans cesse, depuis 25 ans, affronter l'insulte que constituent le déni ou la minimisation de leurs souffrances.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les faits, rien que les faits, disent pourtant que 8372 civils désarmés et affamés ont été lâchement, impitoyablement et méthodiquement massacrés. Rien ne justifiait une telle sauvagerie. Rien. Aucun enjeu militaire. Aucune nécessité impérieuse. Aucun danger que courait l'armée serbe de Bosnie-Herzégovine, qui jamais ne souffrit de grande résistance, tant ses exactions et sa brutalité tristement légendaires inspiraient de facto la terreur et la fuite.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce qui a motivé et généré ce massacre, c'est une idéologie ultranationaliste, totalitaire et racialiste, une version balkanique du nazisme.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les Serbes qui continuent de nier ou de relativiser ces crimes doivent savoir que par leur attitude, ils enferment leur pays dans un glacis d'intolérance et de mensonge qui finira par se refermer sur lui: <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2020/07/serbian-reset.html" target="_blank">ce qui se passe ces jours-ci en Serbie</a>, mais aussi, de longue date, en Republika Srpska (<a href="https://www.la-croix.com/Monde/Europe/En-Bosnie-longue-quete-Justice-David-2019-01-08-1200993797">assassinat de David Dragicevic</a> et répression de toute opposition), démontre qu'après avoir éliminé les supposés "impurs allogènes", les apôtres du massacre de Srebrenica et leurs laquais négationnistes commencent désormais à assassiner leur propre communauté. Phénomène logique.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Accessoirement, nier ou relativiser "Srebrenica", c'est faire insulte aux nombreux Serbes, qui, en d'autres temps, se soulevèrent massivement contre la barbarie nazie, et aux "justes" parmi eux, qui cachèrent et sauvèrent des juifs.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quand aux plumitifs, aux intellocrates, aux géopoliticiens à la petite semaine, et autres "amis de la Serbie" qui, en Occident, trollent les discussions sur "Srebrenica", et répandent leurs mensonges relativistes ou négationnistes, ce sont les même qui pensent que Bachar Al Assad est un rempart contre l'Islam, que la guerre en Syrie est un complot de la CIA, et que Poutine fait du bon boulot. Situés à droite et à l'extrême droite, mais aussi dans certaines franges de la gauche "<a href="https://wikirouge.net/Campisme">campiste</a>", ces gens ne font que déplacer cette tragédie en nos terres pour défendre leur agenda sinistre et dangereux.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Honte à celles et ceux qui continuent d'entretenir le déni, le doute ou le relativisme! Honte aux adeptes "du contexte dans lequel il faut replacer les faits", des "torts qui sont partagés", ou encore des "crimes que chaque camp a commis", comme si cela d'ailleurs devait excuser l'horreur! Honte aux menteurs qui répandent le fantasme d'un islam bosniaque majoritairement fondamentaliste, et accréditent la thèse que Srebrenica était un califat qu'il fallait éradiquer pour sauver l'Europe du "grand remplacement" ! Honte aux mythomanes de "Srebrenica libéré"! Honte aux indifférents, aux cyniques, aux fatigués, qui balayent "Srebrenica" d'un revers de main sur le mode du "il faut tourner la page", ou "on ne va pas en parler encore pendant des siècles"! Mais si, nous allons continuer d'en parler pendant des siècles !!</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Honte enfin à celles et ceux, qui, de chaque côté de cette mémoire inapaisée, exploitent cette tragédie à des fins politiques, pour entretenir les haines mutuelles et se maintenir au pouvoir!</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Respect et courage à celles et ceux qui luttent contre le déni, et en particulier à tous les Serbes engagés dans ce combat, affrontant sans cesse insultes, intimidations et agressions.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Paix et compassion aux familles des victimes.</span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Nous n'oublierons pas et serons toujours là pour entretenir les flammes de la mémoire et de la vérité.</span></span></span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-87189087488473038302020-07-09T21:46:00.001+02:002020-07-10T11:02:46.428+02:00SERBIAN RESET <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWplVzWAaJTconxslDv8hSjjch_6zm4FPR0381RLQzCUipwfPT_hzxElK00WB_avdAeNaoQe10PnTEGf425d75RfcYGVCyvM_-Kbl0_k7hnMRsBFU5HHgusNICsUGrun6zPlNC2EB0hz0/s1600/Skupstina+BG+Demo.webp" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1067" data-original-width="1600" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWplVzWAaJTconxslDv8hSjjch_6zm4FPR0381RLQzCUipwfPT_hzxElK00WB_avdAeNaoQe10PnTEGf425d75RfcYGVCyvM_-Kbl0_k7hnMRsBFU5HHgusNICsUGrun6zPlNC2EB0hz0/s400/Skupstina+BG+Demo.webp" width="400" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Manifestation devant le parlement serbe, mardi 7 juillet 2020. <br />Photo (c) Andrej Isakovic / AFP.</i></span></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quelques regards et réflexions personnelles à chaud et en vrac<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/revue-de-presse-internationale/la-revue-de-presse-internationale-emission-du-jeudi-09-juillet-2020?utm_medium=Social&utm_source=Facebook#Echobox=1594278148" target="_blank"> sur ce qui se passe en Serbie</a> depuis mardi soir. Post écrit un brin en "tourné/monté", sans forcément beaucoup de recul, mais avec néanmoins l'envie de partager quelques clés de compréhension sur ce qui se joue... </span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b></b></span></span></span><br />
<a name='more'></a><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /><br /><span style="color: #ffe599;">Un détonateur nommé Covid 19</span></b></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il est surprenant de voir bon nombre de médias occidentaux ranger ces événements dans la rubrique ou les fils infos de l'"actualité du Coronavirus". Le Covid 19 est certes un des éléments déclencheurs mais on aurait tort toutefois de tout mettre sur le dos de l'épidémie, et surtout de voir dans les manifestants un rassemblement de complotistes sceptiques qui ne croient pas en la gravité de la maladie (un des raccourcis possibles que suppute ce rangement). <br /><br />Ce qui est lié au Covid 19 dans ce soulèvement spontané, c'est au contraire :<br /><br />1) la gestion calamiteuse de l'épidémie par le pouvoir, lequel a - comme en France - alterné minimisation et accentuation de la dangerosité du virus, devenant peu à peu illisible et annihilant toute confiance de la population (confiance déjà au plus bas pour d'autres raisons, développées plus loin).<br /><br />2) Le très mauvais état du système de santé serbe, et en particulier des hôpitaux.<br /><br />3) l'absence totale, de la part du pouvoir, de mesures efficaces pour équiper les hôpitaux et faire face à la maladie.<br /><br />4) L'organisation d'élections sur fond de mensonges que le virus est endigué, avant de reproclamer l'état d'urgence sanitaire, puis le couvre-feu, tout de suite après les élections, lesquelles furent entachées d'irrégularités et ont donné au pouvoir la majorité absolue.<br /><br />5) L'arrogance du pouvoir qui mène grand train, et a célébré sa victoire électorale via une grande fête, où les participants ne portait pas de masque et n'appliquaient pas les gestes barrières. Arrogance qui s'est exprimée aussi dans une agressivité verbale permanente du pouvoir, cherchant sans cesse des coupables quant à la recrudescence du virus: après les serbes de l'émigration, les musulmans fêtant Bajram, ce sont récemment les étudiants qui ont été accusés de répandre le virus. <br /><br />Le facteur Covid 19 est donc bien l'élément déclencheur, mais il est en réalité l'étincelle sur un baril de poudre de longue date chauffé à blanc au sein de la société serbe, d'où le fait qu'il est partiellement inexacte de ranger ces événements dans "l'actu du Covid", alors qu'ils appartiennent davantage à l'actualité tout court.<br /><br />La Serbie est épuisée, moralement, physiquement et politiquement. Rien n'a fondamentalement changé depuis la chute de Milošević, dans un climat de violence, tantôt latente/tantôt effective, de pauvreté généralisée, et de corruption elle aussi généralisée. Seule une infime minorité de Serbes profite de l'économie néolibérale mise en place avec assiduité par les différents pouvoirs, avec la bénédiction bienveillante de l'Occident comme de la Russie, des Emirats et de la Chine, qui font ici leurs petites et grandes affaires, profitant d'un droit du travail très relatif et d'une main d'oeuvre qualifiée mais pas chère. Sans surprise, cette minorité qui profite est proche du pouvoir, quand elle n'en est pas issue.<br /><br />Enfin, il ne faut pas oublier qu'Aleksandar Vučić était déjà en partie aux manettes dans les années de guerre (comme ministre de l'information), et que son parti, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_progressiste_serbe" target="_blank">SNS</a>, règne en coalition avec le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_socialiste_de_Serbie" target="_blank">SPS</a>, le parti de Slobodan </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span></span>, c'est à dire le parti qui a historiquement les mains sales et tachées de sang. Même si tous les Serbes n'ont pas la même lecture des tenants et aboutissants des guerres des années 90, loin de là, l'immense majorité est aujourd'hui d'accord pour dire que la politique menée à l'époque a mené le pays à sa perte. De fait, avoir au pouvoir encore et toujours les mêmes gens est simplement insupportable pour bon nombre de Serbes.</span></span></span><br />
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTu-KrbcLTLVkektUxo30lVDpBUj1Wl1bkU9xyK4P5Wvi907lLGOXF-9TdwqvniueCkzcMxI8Y2Xd4cnDcz5bi2_-89mSJ69WXdm5Ld4PHWfogDEHryup194BlNvcPVEsBdEcGJv_gmdk/s1600/_113280229_kontejner.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="549" data-original-width="976" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTu-KrbcLTLVkektUxo30lVDpBUj1Wl1bkU9xyK4P5Wvi907lLGOXF-9TdwqvniueCkzcMxI8Y2Xd4cnDcz5bi2_-89mSJ69WXdm5Ld4PHWfogDEHryup194BlNvcPVEsBdEcGJv_gmdk/s400/_113280229_kontejner.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /><b>Manifestants: les bons et les méchants</b></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Clarifions tout de suite la question de l'extrême-droite au sein du mouvement en cours, le gouvernement serbe dénonçant des "fascistes" qui fomentent un "putsch", et certains médias ou commentateurs relevant la présence de cette haïssable mouvance politique. Certes, celle-ci est bien là, comme en témoignent certains slogans entendus, notamment ceux contre les migrants, ou pour la défense des lieux saints au Kosovo, ainsi que la présence de néo-fascistes connus dans le paysage serbe. On peut être surpris, vu de France, par cette opposition d'extrême-droite à Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span>, lui-même issu de cette mouvance, mais le phénomène n'est pas nouveau. Déjà à l'époque, </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span></span> était doublé sur sa droite par le Parti Radical Serbe, qui le trouvait trop "mou". Aujourd'hui, c'est le parti ultra-conservateur, intolérant et nationaliste, "Dveri", qui combat le pouvoir sur des motifs similaires de mollesse et de trahison (sur le Kosovo). Il y a également le mouvement animaliste d'extrême-droite Léviathan, qui se sert de la cause animale pour persécuter les minorités, les tziganes, en particulier, accusés de maltraiter leurs chevaux et leurs chiens... Bien qu'en perte de vitesse, les Radicaux sont également au taquet. <br /><br />Il est évidemment hors de question pour moi de soutenir cette frange de l'opposition. Je rappellerai toutefois que </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span></span></span></span> a été renversé, certes par la mobilisation qui s'est construite autour du mouvement "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Otpor" target="_blank">Otpor</a>" (pro-occidental), mais aussi avec l'aide de l'extrême-droite. Habituée au coup de poing et à la baston d'envergure, celle-ci s'est montrée efficace pour à la fois plonger les rues dans un chaos ingérable, et tenir tête aux forces de l'ordre. Enfin, désolé de le dire, mais une révolution, si elle a lieu, ce n'est pas juste une révolution des "progressistes" du "bon bord" politique, et des "bien nés" idéologiques, mais c'est un mouvement où "tout le monde y va", y compris parfois la lie de la société et les éléments les plus radicaux. On peut le regretter, et loin de moi de m'en réjouir, mais le phénomène n'est d'ailleurs pas propre à la Serbie.<br />Alors oui, il y a parmi les manifestants des fachos, des nationalistes, des négationnistes des crimes de guerre serbes, des cléricalistes, des gens en -phobes de tout ordre, des sceptiques complotistes anti-vaccins qui pensent que le virus est une grippe un peu agressive fabriquée en Chine sur commande de la CIA et des sionistes.<br /><br />On peut dire que ce qui se joue ici, par rapport à cette mouvance détestable, c'est une lutte de leadership au sein des droites dures serbes, dont le SNS d'Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span></span></span> fait partie, malgré des tentatives de dédiabolisation proches de celles du FN/RN en France (relire <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2020/06/les-preletaci-qui-sont-ils-que-veulent.html" target="_blank">mon précédent post</a> à ce sujet). Les sympathisants de Dveri et ceux du SNS se vouent une haine viscérale et ont déjà failli en venir au main à plusieurs reprises. Il n'y bien entendu rien à attendre de cette opposition extrémiste, quand bien même elle contribuerait à un renversement du régime, ce d'autant que si elle devait arriver un jour au pouvoir, elle se comporterait exactement de la même manière que le pouvoir actuel. Elle continuerait de bloquer la Serbie dans un glacis de conservatisme et d'intolérance, qui ne ferait que braquer les pays voisins, et maintiendrait de graves tensions au sein de la société serbe elle-même.<br /><br />Il est cependant totalement faux d'affirmer que les manifestants seraient tous d'extrême-droite. Pour avoir des personnes de mon entourage proche parmi ceux qui ont participé aux manifestations depuis mardi, et pour avoir lu et vu plusieurs dizaines de témoignages "in situ", je puis raisonnablement affirmer que les émeutiers fédèrent les milieux sociaux, les générations (beaucoup de jeunes, mais aussi des retraités), les orientations idéologiques, et que, par ailleurs, les femmes y sont nombreuses. Notons aussi la présence de militants d'ONG, comme ceux de "<a href="https://nedavimobeograd.rs/english/" target="_blank">Ne da(vi)mo Beograd</a>", fer de lance de la lutte contre le nouveau quartier de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Belgrade_Waterfront" target="_blank">Beograd na vodi</a>, mais aussi de personnalités connues pour leurs positions politiques progressistes, telle la journaliste du quotidien indépendant Danas, Snežana Čongradin, ennemie jurée de tous les nationalistes et extrémistes serbes. Cette dernière a d'ailleurs eu, <a href="http://balkans.aljazeera.net/blog/kako-sam-prezivjela-beogradski-horor" target="_blank">dans l'article</a> (en serbe) qu'elle a publié le lendemain des premières émeutes, une analyse intéressante de la situation: selon elle, la Serbie n'est plus divisée selon des fractures idéologiques classiques (gauche vs droite, nationalistes vs antinationalistes), mais selon le fait d'être pour ou contre le pouvoir d'Aleksandar Vučić. On peut s'en inquiéter ou s'en rassurer, mais aussi émettre l'idée que les fractures traditionnelles réapparaîtront dans un second temps, après un renversement éventuel du pouvoir, renversement plus qu'hypothétique à ce jour.</span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiMcJ9Jv4awqnoiodYAxRIjL6tQEAy1jPUCSPPCwzykPW2qeK4CmAO033kH1HS_xvLrJxbz7uDonDTsR-RArvEepX2KViBp8hS2K-jovcKHqbiuJD-dCwFR_ckSvJLi-duEoWrih8Obf0/s1600/cale.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="764" height="278" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiMcJ9Jv4awqnoiodYAxRIjL6tQEAy1jPUCSPPCwzykPW2qeK4CmAO033kH1HS_xvLrJxbz7uDonDTsR-RArvEepX2KViBp8hS2K-jovcKHqbiuJD-dCwFR_ckSvJLi-duEoWrih8Obf0/s400/cale.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Une des images virales du premier soir de manifestation, le 7 juillet.<br />Croisé par hasard par l'une des journalistes de la chaîne de TV N1, ce jeune homme laisse éclater sa colère en des termes qui sont déjà devenus un motto, viral, lui aussi:<br />"Papa, c'est pour toi [que je fais ça]!" ("Ćale, ovo je za tebe!" en V.O.)<br />Le jeune homme explique que son père est mort du Covid 19, dans de terribles souffrances,<br />parce qu'il n'y avait pas de respirateurs disponibles à l'hôpital.</i></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFwR9I7PPPxdiEHCAh2hYk8YCBfjSXHS5Zw7x1ilZY7LbCgwfaA1etaTzTWYtvGOw46Swd4iSVUqQOvoFKTXAwa5zlU029w0AXDyIkqBnTrqkbYWuHnBiQcvQom6dK1OZbtP1FT26ckfY/s1600/cale+ovo+je+za+tebe.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="680" data-original-width="800" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFwR9I7PPPxdiEHCAh2hYk8YCBfjSXHS5Zw7x1ilZY7LbCgwfaA1etaTzTWYtvGOw46Swd4iSVUqQOvoFKTXAwa5zlU029w0AXDyIkqBnTrqkbYWuHnBiQcvQom6dK1OZbtP1FT26ckfY/s320/cale+ovo+je+za+tebe.jpg" width="320" /></a></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>La phrase circule désormais sur le net avec ce poing levé, <br />c'est un des nouveaux signes de ralliement des manifestants.</i></span></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Pour terminer ce chapitre sur les profils des manifestants, je relève que, sur les réseaux sociaux comme sur le terrain, les sympathisants de l'opposition progressiste se sont globalement distanciés de l'extrême-droite. Diverses organisations antifascistes ont dénoncé l'infiltration, </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">par une minorité d'agités d'extrême-droite, </span></span>d'un mouvement composé majoritairement de "citoyens normaux en lutte". "L'union pour la Serbie", cartel de partis modérés, a d'ailleurs tenu un meeting à part, mercredi 8 juillet, devant la Faculté de Philosophie, le "spot" favori de l'opposition étudiante et intellectuelle, et non devant le parlement, où les manifestants étaient davantage "marqués à droite".</span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/QaJ3R5k0Bus" width="560"></iframe></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Des
types paisiblement assis sur un banc tabassés par la police, le mardi 7
juilet.<br />Images de la chaîne de télévision N1, dont la
journaliste est ensuite allée à la rencontre des victimes (rencontre non visible dans la vidéo ci-dessus). Visiblement
choqués, traumatisés et effrayés, les gens aggressés prétenderont alors
que rien ne s'est passé, et refuseront de témoigner à l'écran: une scène
terrible qui raconte l'ampleur de la violence et la peur qui en
découle.</i></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><br /></span>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Comme en témoignent de nombreuses images, tournées par des manifestants, ou par les médias sur le terrain, la répression policière a été d'une violence extrême, avec tirs au niveau du visage, tirs à bout pourtant, lancement de pierres et d'objets divers, tabassages à dix contre un, tabassage de badauds innocents, de manifestants ouvertement pacifiques ou de blessés à terre... Ceci exposé, et sans vouloir minimiser ces faits graves, cette riposte des autorités est encore à ce jour "mesurée" par rapport à celle opérée en son temps par Milošević. L'ancien homme fort de la Serbie s'était livré à une répression féroce des manifestations d'opposition, ne laissant pas de quartier aux militants, violentés et traqués jusque dans les maisons, envoyant les tanks, les canons à eau, et même ses sympathisants "de base", affrétés par bus. Ces derniers, recrutés parmi les péquenauds entre deux âges les plus frustrés, et issus des provinces les plus sinistrées, étaient toujours ravis de venir tabasser les pieds-tendres (les intellectuels dissidents) et les jeunes flemmards (les étudiants) de la décadente et hautaine capitale. On n'est pas passé loin de la guerre civile intra-serbe, à ce moment là, même si </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span></span>, qui calculait toujours précisément chacune de ses actions, n'utilisa pas ce levier jusqu'au bout.<br /><br />Pour revenir à mardi soir (le premier soir d'émeutes), la police m'a semblé par moment dépassée, en nombre insuffisant et dépourvue de stratégie claire, avant que des renforts n'arrivent et que la répression ne se durcisse et ne reprenne le dessus. Etait-ce le but des autorités, à savoir, laisser la situation dégénérer pour mieux reprendre la main et justifier une riposte violente? Ou était-ce le fruit des circonstances ? Des rumeurs circulent comme quoi ce seraient les services secrets qui auraient fomenté la brève mais impressionnante percée des manifestants dans le parlement. D'autres accusent des militants de Dveri de s'être livrés à ce fait d'armes, pour pousser à la confrontation, alors que le reste des manifestants auraient été pacifiques. A l'opposé, d'autres témoignages, dont celui encore de la journaliste </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Snežana Čongradin</span></span>, attestent que la majorité des gens massés aux portes du parlement étaient des individus lambdas, qui forcèrent le barrage policier davantage à cause de la sensation soudaine de leur force, de la montée d'adrénaline qui va avec, et de l'instinct du "moment", jugé propice, que dans une stratégie construite. Reste que la présence d'agents provocateurs n'est pas exclue (un classique de la répression, en Serbie comme ailleurs), ni l'hypothèse d'un ordre venu d'en haut, invitant à laisser temporairement les manifestants pénétrer dans le parlement, ce qui devait permettre de passer plus facilement et légitimement à la phase répressive "dure". Enfin, une addition de ces différents éléments reste elle-aussi plausible (mouvement de foule spontané + agents provocateurs + ordre de céder puis de réprimer).</span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/acS2WYQmWX4" width="560"></iframe></span>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Si le mouvement vient à se poursuivre, ce qui semble être la tendance, le pouvoir actuel va sans doute durcir la répression, et pourrait adopter les méthodes de </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span></span>. Les violences policières sont largement montées d'un cran le deuxième soir des manifestations, avec des images qui sont déjà devenues virales, telle celle d'un homme à terre roué de coup par plusieurs vagues de gendarmes mobiles, sur Terazije, la grande artère du centre de la capitale (vidéo ci-dessus). Ou encore le fait que des journalistes aient été molestés sans ménagement par les forces de l'ordre, alors qu'ils tenaient en main leur carte de presse, ou que d'autres aient été empêchés de filmer. Quant au scénario d'une entrée en action des sympathisants "de base" d'Aleksandar Vučić, il est également possible, et de nombreux internautes en expriment déjà la crainte sur les réseaux sociaux. La présence de grands gaillards en civil aidant les forces de l'ordre à tabasser et à appréhender les manifestants a aussi été relevée par certains observateurs, et il pourrait ne pas s'agir uniquement de policiers en civil, mais de voyous à la solde du pouvoir, recrutés parmi les hooligans ou dans les clans mafieux.</span></span></span><br />
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmELevCkF_p3LcJf1J3i0PN6UKihS4vHQcO3Rcc9Xbrx7OaPYKAYs9iHzWw44RgG7fInlBJvX30-KtTAOXQqtHr9IEesffnbn2dkFGN5mh6-EbpHCPoxO0G-HuUcoy52N-yWV8DZiMsac/s1600/batinasi+Demonstracije_070720_Nova-Foto-Goran-Srdanov036-725x483.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="400" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmELevCkF_p3LcJf1J3i0PN6UKihS4vHQcO3Rcc9Xbrx7OaPYKAYs9iHzWw44RgG7fInlBJvX30-KtTAOXQqtHr9IEesffnbn2dkFGN5mh6-EbpHCPoxO0G-HuUcoy52N-yWV8DZiMsac/s400/batinasi+Demonstracije_070720_Nova-Foto-Goran-Srdanov036-725x483.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Des mystérieux "civils" aident la police à arrêter des manifestants.</i></span></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><br /></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><br /></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><b><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Echecs en masse</span></span></b></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span> et son gouvernement, les événements en cours sont un échec. L'actuel président serbe a basé toute sa manière de composer avec l'opposition sur l'ignorance méprisante de celle-ci, doublée d'une quasi éradication de ses espaces d'expression. Les médias, majoritairement aux ordres ou proches du pouvoir, diabolisent violemment les oppositions, qui se sont réfugiées dans les quelques rares journaux encore indépendants, comme Danas, mais surtout du côté du web, pour faire entendre leurs points de vue. Quant aux manifestations et actions civiques, elles sont regardées avec dédain et détachement par le pouvoir, comme si elles n'incarnaient rien et n'avaient aucun poids. Tout en utilisant cette "tolérance" des manifestations comme une preuve de démocratie (pour rassurer un Occident qui, de toute façon, souffre de cécité ou refuse de voir), Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span> compte depuis toujours sur leur épuisement et leur pourrissement. Enfin, vieille recette héritée de Milošević, le pouvoir ne dédaigne pas de recourir à la fraude électorale, quoique dans une mesure moindre que son prédécesseur, afin d'entretenir quand même l'illusion d'une démocratie (rassurer l'Occident, once again, lequel souffre toujours de cécité ou ne veut toujours pas voir). Il peut également s'appuyer sur tout un arsenal de pressions, d'intimidations, et parfois de "cadeaux", dans la fonction publique, dans les entreprises et dans les immeubles, qui feront que les votes finiront par lui être majoritairement favorables. Ce cocktail a permis au parti de</span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> Vučić</span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, lors des récentes élections (celles réalisées soi-disant alors que le Covid 19 s'était éloigné de la Serbie), de rafler la mise, au delà de la majorité absolue, d'autant que la plupart des partis d'opposition avaient décidé de boycotter le scrutin, considéré comme une mascarade. Ce boycott n'a suscité aucune réaction d'Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span>, engoncé dans sa posture de dédain et d'ignorance de la contestation.</span></span></span><br />
<span style="color: #ffe599;"><br /></span>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifYbtHHN_KIU4VCeDtOkGUA8Ei-JwQUTCTfC8SGgtp0jhJVkd7QQRmQm1arC2NCS4EuxP1-Pww-OQTCREtj-0EdnRkjcdBuF9SpRKfBFKwjMl4H-h0IiBjIu5Rmt2ulIpX2dY_DzwB0pA/s1600/demonstranti+konjica+FIL_9512-01-725x483.jpeg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="400" height="212" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifYbtHHN_KIU4VCeDtOkGUA8Ei-JwQUTCTfC8SGgtp0jhJVkd7QQRmQm1arC2NCS4EuxP1-Pww-OQTCREtj-0EdnRkjcdBuF9SpRKfBFKwjMl4H-h0IiBjIu5Rmt2ulIpX2dY_DzwB0pA/s320/demonstranti+konjica+FIL_9512-01-725x483.jpeg" width="320" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Des manifestants font face à la police montée.</i></span></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce qui se passe depuis mardi est une conséquence logique de cette stratégie du président: quand l'opposition ne peut plus s'exprimer ni dans la plupart des médias, ni dans le débat politique, que le jeu électoral est en partie truqué, et qu'en plus, le pouvoir l'ignore et la méprise, alors il ne lui reste que la rue et la violence pour se faire entendre. A nous Français, ce phénomène n'est pas inconnu: plusieurs analystes ont émis l'hypothèse que les Gilets Jaunes ont émergé parce que le pouvoir macronien avait court-circuité les corps intermédiaires (les syndicats), tout en annihilant, sur le papier, les conflictualités politiques pour créer une sorte de "méta-centre" supposément ni de droite ni de gauche, le tout sur fond d'arrogance et de mépris envers toute critique ou divergence.<br /><br />La stratégie de l'ignorance et du pourrissement pratiquée par </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span> est donc un échec, qui lui a explosé à la figure, et dont il lui sera difficile d'effacer les traces, désormais indélébiles. Car la population a brisé quelque chose mardi soir, et je ne pense pas seulement à la porte du parlement. Des peurs sont tombées, et le "plus rien à perdre" s'est imposé. Consciente de sa force, et galvanisée par la capacité qu'elle a eu de tenir ses positions (les émeutes ont pris fin tard dans la nuit), la foule ne s'arrêtera sans doute pas à ces premiers faits d'armes.</span></span></span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEbShaJNbOrAPGtXNRA5cLjIxWTxoovICBZ_df-pmxpszHpOnRgKygo-oor55Z9biMi0Vx3yUWT1iHjAeLdw4Opqe48BfNMKvZ_61QJ-My1OVrQcma_I2P4edDtRPjcUUpUQUvG6-E6AQ/s1600/policijsko+vozilo+DRM_5909-725x483.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="400" height="212" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEbShaJNbOrAPGtXNRA5cLjIxWTxoovICBZ_df-pmxpszHpOnRgKygo-oor55Z9biMi0Vx3yUWT1iHjAeLdw4Opqe48BfNMKvZ_61QJ-My1OVrQcma_I2P4edDtRPjcUUpUQUvG6-E6AQ/s320/policijsko+vozilo+DRM_5909-725x483.jpg" width="320" /></a></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><br /></span>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Il faut être ici honnête et complet: la mainmise de </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span> sur le pouvoir n'est pas seulement le produit de ses subterfuges et combines. Elle est aussi le résultat de l'incapacité de l'opposition politique progressiste à s'organiser, à se structurer et à articuler des réponses à la situation du pays, susceptibles de rassembler un vaste éventail d'électeur. Même lorsqu'ils ont eu le pouvoir, les démocrates sincères se sont montrés décevants, et même parfois pires, sur certains sujets, que le SPS de </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span></span>, s'aliénant ainsi leurs plus fervents </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">soutiens (relire là encore <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2020/06/les-preletaci-qui-sont-ils-que-veulent.html" target="_blank">mon précédent post</a>)</span></span>. Depuis l'arrivée au pouvoir du SNS, les différents ténors de l'opposition politique se sont contentés de candidatures de témoignages, où ils se sont montrés peu à la hauteur, tels Saša Janković, le pourtant très populaire défenseur des droits de la République de Serbie, qui, à deux jours du scrutin présidentiel (en 2017), prédisait avec assurance la chute d'Aleksandar Vučić, avant de se débiner et de se retirer de la vie politique, une fois son échec patent constaté. Malgré son échec, Janković avait pour lui la stature de figure indépendante, l'intégrité morale et un soutien populaire indéniable. Il aurait donc pu incarner une opposition démocratique rassembleuse et de qualité, qui aurait pu tracer un sillon et semer pour l'avenir... <br />A la différence de l'opposition "modérée", sa consoeur d'extrême-droite n'a, elle, aucune difficulté à s'organiser et à gagner des points en surfant sur les frustrations et la misère, et en flattant les bas-instincts. Bref, pour dire les chose durement, les manifestations en cours ne sont pas seulement l'échec d'Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span>, elles marquent aussi l'échec de l'opposition politique, qui a perdu sa crédibilité et son aura. Le développement des ONG et des mouvements type Ne Da(vi)mo Beograd est aussi le résultat de cette perte d'influence de l'opposition politique. Ces sont ces organisations qui incarnent aujourd'hui, de façon déterminée et crédible, la vraie résistance politique au pouvoir </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Vučić</span></span>ien". C'est aussi cette résistance, hors partis, et parfois transpartisane, qui s'est exprimée depuis mardi.</span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /><br />Ces événements marquent aussi l'échec des "partenaires" internationaux de la Serbie, et en particulier de l'Occident, qui a misé sur Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span>, et qui, comme je le pointais plus haut, ne voit pas ou refuse de voir que le président serbe se comporte comme un autocrate arrogant, corrompu et dangereux. L'Occident a tablé sur Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span> en le percevant, je cite, "comme un facteur de stabilité dans les Balkans". Outre que cette vision s'est déjà avérée fausse, le régime serbe ne dédaignant pas de provoquer et de déstabiliser les pays voisins (Kosovo, Bosnie-Herzégovine), cette approche s'affiche désormais comme un calcul aussi erratique que dangereux, puisque le président serbe apparaît aujourd'hui comme un facteur d'instabilité et de désordre pour son propre pays et sa propre population. Si par le plus grand des malheurs, la situation devait virer en cette fameuse guerre civile intra-serbe que prédisent les Cassandre, les affaires économiques de l'Occident en Serbie risquent de souffrir, mais celui-ci portera également, et surtout, la responsabilité d'avoir insuffisamment soutenu un horizon véritablement démocratique pour le pays. <br />Quant aux Russes, aux Chinois, aux Saoudiens, qui profitent eux-aussi des bonnes affaires que constitue le marché serbe, il n'est guère difficile d'imaginer leur position sur les événements en cours, et le soutien qu'ils renouvelleront sans doute à Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span>. La Russie risque cependant d'être dans une position inconfortable, sachant qu'une partie de la population serbe, au delà même de l'extrême-droite, voit dans les Russes des "frères". Les manifestants russophiles seraient donc déçus que la Russie ne les soutienne pas. Alors que l'Occident risque, comme à son habitude, de ne rien comprendre à la situation, et donc de faire les mauvais choix, la Russie pourrait, elle, tirer son épingle du jeu, et se poser, en fonction des circonstances et de l'évolution sur le terrain, en médiatrice, augmentant encore ses parts de marché géopolitiques, déjà renforcées, entre autres, dans le bourbier syrien, et dans son soutien aux extrêmes-droite occidentales.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_ZWiX6fM5e3sxIkbvx7WNHZYFioHggI-kXx6Sc6oT2wBX2Esg6ROORLjclZgtCa0NNzSBbrZVDDUeEaUJVJohPGSe6SYjeZh48v5BJ_1qScQyJfirrgO4YxJ9yJjDCQL2s9e2H0SSfF0/s1600/vucicgotovje.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="530" data-original-width="462" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh_ZWiX6fM5e3sxIkbvx7WNHZYFioHggI-kXx6Sc6oT2wBX2Esg6ROORLjclZgtCa0NNzSBbrZVDDUeEaUJVJohPGSe6SYjeZh48v5BJ_1qScQyJfirrgO4YxJ9yJjDCQL2s9e2H0SSfF0/s320/vucicgotovje.jpg" width="278" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Gotov je=il est fini.<br />Slogan déjà en vigueur à l'époque de Milosevic.</i><br /><br /><br /><b>La suite ? </b></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Difficile à ce stade d'esquisser justement des scénarios construits et à moyen terme sur la suite des événements. Difficile aussi de dire à quoi pourrait ressembler une Serbie où Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span> serait renversé, par de nouvelles élections (on peut rêver), ou par la rue, avec un ralliement de l'armée et de la police. Les différents partis d'opposition, extrême-droite comprise, ont déjà pris attache par le passé, et une ébauche de plateforme les rassemblant a même vue en partie le jour. On voit mal cependant un gouvernement de salut national se constituer entre des gens qu'idéologiquement tout oppose, et qui ne parviendront sans doute pas à s'entendre, même sur les contours d'une quelconque phase de transition. Et d'ailleurs, à part "faire tomber le dictateur", on peine à identifier un projet concret et construit pour la Serbie de "l'après". La capacité de l'opposition véritablement démocratique à se structurer, à retrouver de la crédibilité, et à se distancier de sa vraie-fausse alliée (de circonstance) de l'extrême-droite, reste une grande inconnue... Quant à l'armée et à la police, aucun indicateur ne permet pour l'instant d'envisager que ces deux corps constitués ne basculent en faveur des manifestants, comme lors de la chute de </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span></span>. Sauf accélération imprévue de l'histoire, nous sommes donc sans doute encore loin d'une chute d'Aleksandar </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span>.<br /><br />Pour le court terme, les manifestations vont sans doute prendre de l'ampleur, le régime, lui, va durcir la répression, comme en témoigne l'extrême fermeté exprimée par le ministre de la police mercredi soir, lors de sa conférence de presse. Cette polarisation rend évidemment l'avenir inquiétant, et il faudra suivre avec vigilance la situation des prochains jours voire semaines. Comme ailleurs dans la Yougosphère, il est possible aussi que le mouvement, passé un pic de fièvre, s'essouffle et retombe à nouveau, jusqu'à la prochaine réplique. Enfin, n'oublions pas le facteur épidémique: la situation est grave en Serbie sur le plan de la diffusion du coronavirus, et si la plupart des manifestants portent des masques, une aggravation de la pandémie pourrait affaiblir les ardeurs...</span></span></span><br />
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Quoiqu'il en soit et malgré la complexité de la situation, les inconnues nombreuses, ainsi que les dangers identifiés à droite du soulèvement, je soutiens les Serbes en lutte pour une vie et un pays "meilleur". Et comme je l'avais écrit dans "<a href="http://yougosonic.blogspot.com/2013/07/bosnian-reset.html" target="_blank">Bosnian Reset</a>", à l'époque de la fronde survenue en Bosnie-Herzégovine (avec également des dysfonctionnements politico-médicaux comme déclic), ces manifestations massives en Serbie nous rappellent que l'apathie et la dépression ne sont pas, en ex-Yougoslavie, une fatalité ni un état éternel, contrairement aux clichés en vigueur, ici comme la-bas (Au fait, l'apathie de la société française, on en parle ?). Il est temps une fois de plus de revoir nos schémas sur la région, et d'accompagner le mieux possible et au plus près celles et ceux qui luttent pour la changer. A suivre!</span></span></span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-90177988234545037182020-06-07T14:19:00.000+02:002020-06-08T13:12:06.471+02:00LES PRELETAČI: QUI SONT-ILS ? QUE VEULENT-ILS ? QUELS SONT LEURS RESEAUX ?<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWqyBT-GeikZHoYF8MonHXL6cEaoufUfI-F264laQDpJwiKuivIiSnKF98T6Jk9-Eb9bRfncsJ4DFwGtBmv-srloPwQA1pFbCe4ZnTAPZYFmbMj_RaKpveRM02aE45e-pG7v9K4uCDuWg/s1600/Preletaci_vlahovic---klas.gif" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="381" data-original-width="677" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWqyBT-GeikZHoYF8MonHXL6cEaoufUfI-F264laQDpJwiKuivIiSnKF98T6Jk9-Eb9bRfncsJ4DFwGtBmv-srloPwQA1pFbCe4ZnTAPZYFmbMj_RaKpveRM02aE45e-pG7v9K4uCDuWg/s400/Preletaci_vlahovic---klas.gif" width="400" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Preletači" par Jakša Vlahović, <br />caricaturiste du quotidien serbe Politika.</i></span></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">J'ai regardé il y a quelques temps un documentaire de la journaliste Maja Nikolić sur la chaîne N1 Srbija, datant d'il y a deux ans et consacré aux "preletači". Ce terme (prononcé en français "prélétatchi"), désigne en Serbie les femmes et hommes politiques qui, non seulement "retournent leur veste" mais endossent celle d'un nouveau parti politique. <br />Le mot est construit à partir de la racine "let" qui signifie vol, au sens de vol aérien, et du verbe "preletati" qui signifie selon les contextes s'envoler, survoler, voler d'un point à un autre, transférer, ou encore "migrer", comme le font les oiseaux migrateurs. Bref, "</span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">preletači" </span></span>pourrait se traduire grossièrement par "ceux qui volent ou migrent d'un parti politique à un autre". <br /><br />Les preletači sont un véritable phénomène de société en Serbie (et au delà, dans la Yougosphère), au point que l'expression est rentrée dans le langage courant, ce qui explique que je l'utiliserai ici dans son jus linguistique local, sans la traduire. <br /><br />S'il fallait résumer de façon schématique le phénomène, on pourrait dire qu'il consiste, au gré de la météo politique serbe, à quitter un parti pour rejoindre celui qui est au pouvoir ou celui qui a le plus de chance d'emporter le pouvoir. Et tant pis si c'est un parti que l'on a sévèrement critiqué et vigoureusement combattu par le passé. Le "preletač" défendra son nouveau parti avec la même détermination qu'il l'a autrefois combattu. </span></span></span></div>
<a name='more'></a><span style="color: #ffe599;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le <span style="color: #e06666;"><a href="https://www.youtube.com/watch?v=nsYMhllkcUY" target="_blank">documentaire</a></span>, hélas indisponible dans une autre langue que le serbe, s'amuse ainsi à confronter les discours de différents preletači, entre le temps où ils attaquaient, parfois avec des mots très durs, leurs futurs alliés, et celui où ils encensent ces derniers, avec une conviction enflammée. On passe ainsi de (je cite de mémoire) : "Aleksandar Vučić est un dangereux pervers narcissique dont les projets mégalomanes masquent l'absence de vision pour le pays, pays qu'il mènera à la ruine", à "par sa personnalité exceptionnelle et les compétences que nous lui connaissons tous, Aleksandar Vučić est l'homme le plus à même de conduire ce pays sur le chemin de la prospérité et de la grandeur retrouvée. Et je suis fier(e) d'être aujourd'hui à ses côtés pour bâtir la Serbie de demain...bla bla bla..."<br /><br />Comme le suggère peut-être ce qui précède, Aleksandar Vučić et son parti, le Parti Progressiste de Serbie (Srpska Napredna Stranka, SNS), sont les principaux bénéficiaires de ces ralliements. L'actuel président serbe, et son prédécesseur à ce poste, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Tomislav_Nikoli%C4%87" target="_blank">Tomislav Nikolic</a>, sont d'ailleurs à leur façon eux-mêmes des preletači.<br /><br />Il faut ici ouvrir plusieurs tiroirs historiques, pour bien comprendre l'émergence du phénomène:</span></span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCp1VQciknLCEciPDOlpynpjRIWZdnzlKvGMjxDfyllz4euayHmPpTJHD92wLfkL3TajRf3mQEsT9_lhI0rE4-rxx3CJA_ZcHJIcllkw5-QHSJqGsfpCDhMHYQ-6QKwT39MRsZKPucxso/s1600/Tomislav-Nikoli%25C4%2587-i-Aleksandar-Vu%25C4%258Di%25C4%2587.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="1024" height="187" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCp1VQciknLCEciPDOlpynpjRIWZdnzlKvGMjxDfyllz4euayHmPpTJHD92wLfkL3TajRf3mQEsT9_lhI0rE4-rxx3CJA_ZcHJIcllkw5-QHSJqGsfpCDhMHYQ-6QKwT39MRsZKPucxso/s400/Tomislav-Nikoli%25C4%2587-i-Aleksandar-Vu%25C4%258Di%25C4%2587.jpg" width="400" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Tomislav Nikolić et Aleksandar Vučić.<br />Photo (c) Nemanja Jovanović.</i></span></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Jusqu'à 2008, Aleksandar Vučić et Tomislav Nikolić sont membres du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_radical_serbe" target="_blank">Parti Radical Serbe</a> (Srpska Radikalna Stranka, SRS) de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Vojislav_%C5%A0e%C5%A1elj" target="_blank">Vojislav Seselj</a>. Le SRS est un parti ultranationaliste dont le discours comme les méthodes sont violents. Illuminé égocentrique, Šešelj s'est autoproclamé "Voïvode des <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Chetniks" target="_blank">Tchetniks</a>" (voïvode=terme slave médiéval signifiant "chef de guerre") au début des guerres yougoslaves et a combattu avec ses milices en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Le "voïvode" est aussi connu à cette époque pour tabasser des élus d'opposition au parlement, boycotter les interviews de journalistes allemands (à cause du soutien de l'Allemagne à l'indépendance croate) et <a href="https://balkaninsight.com/2011/05/04/seselj-s-most-memorable-quotes/#gsc.tab=0" target="_blank">pour ses formules à l'emporte pièce, c'est le cas de le dire, comme lorsqu'il promettait d'arracher les yeux des Croates avec une cuillère rouillée</a>. En 2002, Šešelj se rend volontairement à la Haye pour répondre des crimes qui lui sont reprochés par le TPIY. N'y voyez aucun courage, code de l'honneur ou désir de rédemption. Comme Ratko Mladić ou Radovan Karadžić, convaincus de la justesse de leur cause et de leurs actes, et tenant tête aux juges de manière bravache et insolente, Šešelj se rend aux Pays-Bas pour continuer son cirque nationalo-égocentrique, que jusque là, il assurait sur les chaînes de télés serbes, qui l'invitaient volontiers aux émissions de divertissement. Avec ses calembours à deux balles et ses provocs du type cuillères rouillées, il assurait en effet audience et buzz!</span></span></span><br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy6JzV66_-d4vyD6BDEyKYlwWcTdRRwmi3eRsnOraSxhvY8KdQMTSbz4Vm50ZZdxR5paXeGY4Nk9M2uD_K9NYGsFKl1QDznpMAXs4Cgw8LHNQGaUT5VG7_YdgnRb-y33OpKUqIrr4wFew/s1600/Seselj+Vojvod.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="319" data-original-width="497" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy6JzV66_-d4vyD6BDEyKYlwWcTdRRwmi3eRsnOraSxhvY8KdQMTSbz4Vm50ZZdxR5paXeGY4Nk9M2uD_K9NYGsFKl1QDznpMAXs4Cgw8LHNQGaUT5VG7_YdgnRb-y33OpKUqIrr4wFew/s400/Seselj+Vojvod.jpg" width="400" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Šešelj (au centre) et son fan-club peu de temps avant la guerre. </i></span></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En quittant la mère patrie pour les geôles de <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/scheveningen-la-prison-doree-de-mladic-et-karadzic_543187.html" target="_blank">Scheveningen</a>, le voïvode confie les rennes du Parti Radical à celui qu'il croit être "un homme de confiance", Tomislav Nikolić, alors quinquagénaire, lui aussi accusé un temps de crimes de guerre en Croatie, sans cependant que ces faits aient pu être formellement démontrés. Aux côtés de Nikolić se trouve un jeune loup aux dents longues, Aleksandar Vučić, une tête brûlée pleine de testostérone qui, alors qu'il était ministre de l'information sous Milošević, promettait aux Bosniaques 100 morts pour chaque Serbe tué durant la guerre en Bosnie-Herzégovine. Il s'affichera ensuite, dans les années 2000, en tête des excités qui recouvriront les plaques du Boulevard <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zoran_%C4%90in%C4%91i%C4%87" target="_blank">Zoran Djindjic</a> à Belgrade, par des autocollants affichant "Boulevard Ratko Mladić" (photo ci-dessous). Un beau CV, comme on le voit. </span></span></span><br />
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnEEQX7aE6TIJa0WcoJSAuhJDDxUOC7qYKCOzLY8fUCY7tQBo2uCjB1VS-9LL_5GfmWyBYjdwNAdEBwss-MmaHMvBTRHAiIGSxGv5Jo0YLq90wCpN0rsKmjmfhXsIcdSHaTaxkaS7-9EE/s1600/Vucic+Bulevar+Ratka+Mladica.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnEEQX7aE6TIJa0WcoJSAuhJDDxUOC7qYKCOzLY8fUCY7tQBo2uCjB1VS-9LL_5GfmWyBYjdwNAdEBwss-MmaHMvBTRHAiIGSxGv5Jo0YLq90wCpN0rsKmjmfhXsIcdSHaTaxkaS7-9EE/s1600/Vucic+Bulevar+Ratka+Mladica.jpg" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Toujours est-il que, dans les années 2000 post-Milošević, le vent tourne, les temps changent. Le nationalisme violent et radical des années 90 fait moins recette. La Serbie, traumatisée, fatiguée et pauvre, réintègre peu à peu le concert des nations dont elle était exclue, renouant avec l'Occident et en particulier avec l'UE. Les restrictions de voyage pour les Serbes sont peu à peu levées, le pays "se réouvre" et se cherche un chemin dans les méandres de la (géo)politique post-guerre.<br /><br />Dans ce contexte de mutations, l'absence du voïvode, qui tenait le SRS d'une main de fer, laisse éclater des divergences. Un courant émerge, porté par Tomislav Nikolić, qui tenterait le grand écart du nationalisme et de l'eau dans le vin de ce dernier, du rapprochement avec l'Union Européenne "et en même temps" de l'ancrage dans la sphère du supposé grand frère russo-orthodoxe. Une troisième voie inacceptable pour les ultras du parti restés fidèles au voïvode. Le conflit de courants se mue en divorce, lequel est consommé en 2008, lorsque Tomislav Nikolić réanime le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_progressiste_serbe" target="_blank">Parti Progressiste de Serbie</a>, un vieux parti serbe du XIXe siècle, connu pour avoir tenté d'allier conservatisme, patriotisme et pragmatisme.<br /><br />Pragmatisme ? J'entends, dès ce stade de l'exposé, la rumeur 2.0 me dire: "mais où est le problème? Ces gens ont tourné le dos au nationalisme, ils ont évolué vers des positions plus modérées et ont adopté une attitude pragmatique. C'est de la realpolitik. Seuls les imbéciles ne changent pas d'avis, non ?"<br /><br />C'est d'ailleurs la ligne de défense des preletači tout au long du reportage: "dans la vie, on change, on évolue, on se rend compte qu'on s'est trompé. Je ne vois pas où est le mal", se justifient les interlocuteurs de la journaliste.<br /><br />Ce serait trop beau si c'était vrai, mais cette attitude d'évolution, de modération et de pragmatisme n'est qu'une façade. <br /><br />Concernant les leaders du SNS, transfuge du SRS, ils n'ont aucunement abandonné leurs idées de départ, mais les ont simplement mises en veilleuse ou au second plan. C'est le principe de la "dédiabolisation", telle que pratiquée en nos terres par Marine Le Pen: "Bon, on tape moins sur les juifs et les pédés, comme le faisait papa, mais on garde le bouc-émissaire arabo-musulman, d'autant que les juifs combattent les arabes et que les pédés et l'Islam, ça fait deux. Et en plus, on va gagner des nouveaux électeurs" (ceci est un propos fictif mais je suis sûr que ça doit causer un peu comme ça dans les brainstormings internes du FN/RN). <br /><br />Par ailleurs, le soi-disant pragmatisme qui verrait la Serbie se situer entre Moscou et Bruxelles, n'est aucunement motivé par une pseudo neutralité, un non alignement ressuscité, ou une volonté de jouer un rôle pivot de bon aloi entre deux champs de forces concurrentiels. L'idée est davantage de manger aux deux râteliers, et de faire du business de part et d'autres. Enrichie pendant les guerres des années 90, et à ce titre seule gagnante de celles-ci, la petite oligarchie économique serbe est proche des pouvoirs qui se succèdent en Serbie. Il faut donc lui permettre de pouvoir continuer à faire ses affaires, aussi bien avec les oligarques russes qu'avec les world-companies occidentales...<br />Enfin, Moscou est un levier, un épouvantail, utile à agiter devant Bruxelles. <br /><br />Bref, au SNS, en termes de propos fictifs, ça donnerait un truc du genre, "bon, c'est pas compliqué: on s'excuse platement pour Srebrenica, on va déposer des fleurs, parce que sinon, les "balije" [terme péjoratif envers les Bosniaques] vont jamais nous lâcher, tout en disant que c'était pas un génocide, parce que merde, faut pas déconner non plus! Et puis, le SDA [principal parti des Musulmans Bosniaques] a besoin de nous pour rester au pouvoir à Sarajevo, et nous, on a besoin de lui aussi: il ne manquerait plus qu'un parti multiethnique prenne le pouvoir à sa place. Vous imaginez la merde?! Le SDA ne pourrait plus dire qu'on cherche encore à écraser les Musulmans, et nous , on ne pourrait plus dire que les Serbes sont en danger en Bosnie. On s'excuse aussi auprès des Oustach...des Croates, parce que c'est quand même des chrétiens, comme nous, même si en moins bien, et parce qu'ils nous sont quand même utiles pour entuber les "balije", si besoin. Par contre, on laisse rien passer de leurs délires néo-oustachistes actuels, comme ça, on prouve qu'on n'est pas des nazis! On soutient aussi Dodik [homme fort de la Republika Srpska], même si il est ingérable, mais on a besoin de lui et le SDA aussi (voir plus haut). On garde les Russes au chaud, parce que le peuple pense qu'ils sont nos frères (LOL!), mais on dit oui à l'Europe et à l'économie de marché libre et non faussée: on privatise tout et on partage les bijoux de famille entre les Occidentaux, les Emirats et les Russes, et on se sert bien-sûr au passage. Et pour faire passer tout ça, on concentre l'attention sur le Kosovo, même si c'est mort pour le récupérer. On va traîner les pieds tout en faisant semblant d'agir. Et à la moindre merde, on accuse les Šiptari [terme péjoratif envers les Albanais]: ceux-là au moins, tout le monde les déteste! Et comme à Priština, ils sont revenchistes et arrogants envers les nôtres sur place, on est tranquille pour que ça pourrisse encore des années..."</span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-bEtvm5W9eiv8Wfd14OfgCd-1cUetYXxvJmW33k14z6P3cL6Ozoi_ORBQ-v4xw07PLTklT1vA7PQUlB4xAJpxlyiRYufJj2PU6pX1ggDvsQI63vgMDaiwL0P39RCPteYyw4COGY57wyU/s1600/Nikolic+i+Vucic+EU.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="468" data-original-width="468" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-bEtvm5W9eiv8Wfd14OfgCd-1cUetYXxvJmW33k14z6P3cL6Ozoi_ORBQ-v4xw07PLTklT1vA7PQUlB4xAJpxlyiRYufJj2PU6pX1ggDvsQI63vgMDaiwL0P39RCPteYyw4COGY57wyU/s320/Nikolic+i+Vucic+EU.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><br /></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ces propos, aussi fictifs soient-ils, mais plus que plausibles pour qui connait la culture politique post-yougoslave, dévoilent les ressorts qui vont alimenter le "preletačisme": le but n'est pas d'améliorer le quotidien des Serbes, de tracer des perspectives solides et constructives pour le pays, de vivre en bonne intelligence avec les voisins, mais d'accéder au pouvoir et d'y rester, coûte que coûte! Rien à voir, donc, avec une quelconque évolution intellectuelle, du pragmatisme ou de la modération.</span></span></span><br />
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisuOn1MDMKRgQgliXIeGD6g-HKqlbHDoTsnU6sBxmSTUxkutGn-bB9IRfzvBybo6IZiim-qVZjIEY8vuYnRwmdx2MLlIvStUdSabfIPflE8NXDBeYmDLEhofbmHOeTbTpJ5vgIPx6tOqg/s1600/Gojkovic.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="362" data-original-width="512" height="226" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisuOn1MDMKRgQgliXIeGD6g-HKqlbHDoTsnU6sBxmSTUxkutGn-bB9IRfzvBybo6IZiim-qVZjIEY8vuYnRwmdx2MLlIvStUdSabfIPflE8NXDBeYmDLEhofbmHOeTbTpJ5vgIPx6tOqg/s320/Gojkovic.jpg" width="320" /></a>Et de fait, lorsque Tomislav Nikolić quitte le Parti Radical pour (re)créer le SNS, en 2008, Aleksandar Vučić lui emboîte le pas, devenant donc l'un des premiers "preletači" de la vie politique serbe. D'autres Radicaux suivront petit à petit, à mesure que les "Progressistes" grimpent dans les sondages. En particulier <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Maja_Gojkovi%C4%87" target="_blank">Maja Gojkovic</a>, la mairesse de Novi Sad (photo ci-contre), longtemps "arme de séduction massive" des Radicaux, qui espéraient prouver qu'ils n'étaient ni machos, ni anti-modernes, ni extrémistes, à travers la prise de la deuxième ville du pays par une femme éduquée, juriste de formation. Pas de chance, l'ancienne conseillère juridique de Šešelj, au début du séjour de ce dernier à La Haye, est politiquement volage, et s'avère championne en "preletačisme". Elle quitte les Radicaux en 2008, pour fonder le Parti du Peuple, une pseudo coalition citoyenne autour de sa personne, puis rejoint un temps "<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/United_Regions_of_Serbia" target="_blank">Régions Unies de Serbie</a>", un parti régionaliste de droite créé par le très libéral <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mla%C4%91an_Dinki%C4%87" target="_blank">Mladjan Dinkic</a>, lequel ne voit que compétence et défense des intérêts de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vo%C3%AFvodine" target="_blank">Voïvodine</a> chez sa nouvelle recrue. Cette collaboration avec "Régions Unies de Serbie" n'empêche pas Gojković de garder sous le coude son Parti du Peuple, lequel fusionnera avec le SNS en 2012, à la prise du pouvoir de ce dernier. Une complexe mais habile capacité à se placer au bon endroit et au bon moment, comme on peut le voir! </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2oj4bC6tH0aXeb39c9ygmqfmmYYi1ocGgSg-SsOYoSegHNEGj6aZdAxreFEJ8iLG2_9mb3ecLalxZZHcikLtw1kR4O4bdNURpZPa657wxVW4vw5ubLVmlk0DWUYXeLbGdEhSDepEkslQ/s1600/Tadic.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="620" data-original-width="1100" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2oj4bC6tH0aXeb39c9ygmqfmmYYi1ocGgSg-SsOYoSegHNEGj6aZdAxreFEJ8iLG2_9mb3ecLalxZZHcikLtw1kR4O4bdNURpZPa657wxVW4vw5ubLVmlk0DWUYXeLbGdEhSDepEkslQ/s320/Tadic.jpg" width="320" /></a><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est le duo Nikolić/Vučić qui formera le ticket permettant au SNS cette prise du pouvoir de 2012, le "vieux" prenant la présidence, et le "jeune" devenant premier ministre. On ouvre là </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">un deuxième tiroir: ils succèdent au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_d%C3%A9mocrate_(Serbie)" target="_blank">DS (Demokratska Stranka, Parti démocrate, classé au centre gauche)</a> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Tadi%C4%87" target="_blank">Boris Tadic</a> (photo ci-contre), dont la gouvernance, empoisonnée par la prise officielle d'indépendance du Kosovo en 2007, fut par ailleurs peu capable d'insuffler du renouveau dans le pays, décevant ainsi les électeurs modérés qui espéraient des choix forts et sans retours sur certaines questions politiques et sociétales clés. Certes, à la décharge du DS, la tâche de remettre le pays sur les rails était immense, et le poison du Kosovo, qui, on le sait, tue politiquement toute personne ayant une position modérée sur la question, s'est probablement refermé sur ce gouvernement. Mais celui-ci aurait pu être créatif et offensif dans d'autres domaines, où il aurait peut-être pu sauver la mise. La politique économique, suivant les strictes injonctions de l'UE, dévoila un néolibéralisme zélé et insensible, fermant nombreuses entreprises et mettant sur la paille de nombreux employés, sans plan de relance ou de reconversion. Les réformes de l'appareil d'Etat et de la justice furent timides. L'indépendance de la presse et les libertés civiques ne connurent que faiblement l'embellie annoncée. Certains cadres du DS prirent goût au pouvoir et à ses privilèges, </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">affichant une arrogance détestable, et </span></span>entachant la réputation de droiture du parti à travers diverses affaires de corruption. Last but not least, la nébuleuse fascistoïde et l'intolérance latente d'une partie de la société furent très mollement combattues, et on préféra interdire les "gay-prides" plutôt que d'en garantir le bon déroulement, comme il en incombe à un Etat de droit normalement constitué. Las, tout un pan de l'électorat sincèrement démocrate, ou simplement en attente de progrès, décida de bouder les urnes, laissant un boulevard aux anciens Radicaux "dédiabolisés" du SNS. Détail amusant, une partie du programme du SNS, et en particulier son grand écart entre l'UE "et en même temps" la Russie, ainsi que ses louvoiements sur le Kosovo, sont très clairement pompés sur la politique du gouvernement de Boris Tadić.</span></span></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Le poste de premier ministre qu'occupe Vučić à partir de 2012 est un excellent tremplin pour gravir les échelons du pouvoir, et y bétonner ses positions en plaçant personnes de confiance et d'influence, ou au contraire idiots utiles, aisément manipulables. L'ancienne tête brûlée, assagie par l'air du temps davantage que par l'âge, sait dès cette époque comment user des intrigues de couloirs et du grand foutoir de la scène politique serbe post-Milošević, une arène où tout le monde se connaît, se fréquente et se tutoie, au delà des oppositions idéologiques, et où qui sait se faufiler dans le bal des égos, des ambitions et des opportunismes, peut ensuite faire ou défaire des alliances facilement. </span></span></span><br />
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<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZec36OTOtm9g-2AubNafqoiH8x6ySxulnvDKwSsrzu9mbfaomnEPR6tOqkOCQzpWEHAiaUYbro9emfw79LRTHdVA0ap1GToZZAiIW44AxvnQ77lJZDidA8HfpL6p2G896zuKTID139CA/s1600/beograd-pad-milosevica.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="400" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZec36OTOtm9g-2AubNafqoiH8x6ySxulnvDKwSsrzu9mbfaomnEPR6tOqkOCQzpWEHAiaUYbro9emfw79LRTHdVA0ap1GToZZAiIW44AxvnQ77lJZDidA8HfpL6p2G896zuKTID139CA/s320/beograd-pad-milosevica.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le Parlement Serbe le 5 octobre 2000, <br />jour du renversement de <span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span></span>.</span></i></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Le terrain est d'autant plus propice que la chute du dictateur Milošević est encore fraîche, et c'est le troisième tiroir qu'on ouvre. Cette chute avait réveillé l'envie chez de nombreux citoyens de s'engager en politique. Si cet engagement fut sincèrement motivé chez certains par la volonté de bâtir une vraie démocratie, il s'apparentait chez d'autres à un mélange d'opportunisme et de désir de se refaire une virginité, après des années où seule une minorité courageuse avait véritablement payé de sa personne pour combattre Milošević et sa politique. Un peu comme tout le monde était Résistant en France à la Libération, se dépêchant de tondre les "salopes" ayant fricoté avec les soldats teutons, pour mieux détourner l'attention des lâchetés et compromissions d'une bonne partie de la population, en 2001, en Serbie, tout le monde était soudain vigoureusement démocrate, et clamait n'avoir jamais cessé de l'être! La ruée des adhésions au Parti Démocrate fut alors d'une telle ampleur que son leader d'alors, Zoran Đinđić, décida à un moment de les restreindre et de les soumettre à conditions. C'est ce que rapporte, non sans rire jaune, un Boris Tadić plein de recul, dans le documentaire. <br /><br />Le DS devient donc, après la chute de Milošević, un véritable incubateur, favorisant l'émergence d'une nouvelle génération de femmes et d'hommes politiques. Le problème, c'est que, comme on l'a vu, cette génération est en partie constituée d'opportunistes, désireux de se placer dans cette nouvelle Serbie où le retour à la démocratie leur semble surtout signifier que tout est possible et que tous les coups sont permis. Et lorsque le DS tombe en disgrâce, et que le SNS s'affirme comme la force d'avenir, de nombreux cadres du parti de Tadić vont, sans scrupules, s'envoler vers celui de Nikolić et Vučić. Ce seront principalement ceux-là dont les propos sont mis côte à côte dans le documentaire, avant et après leur "migration", pour mieux témoigner du virage hallucinant que constitue cette allégeance nouvelle.<br /><br />Une autre contradiction est relevée par une cadre du DS, restée, elle, fidèle au parti: ces gens qui ont quitté le bateau, explique-t-elle, sont devenus, une fois la veste retournée, très critiques avec la politique menée par le gouvernement dont ils avaient fait partie et qu'ils avaient parfois eux-même conduite. Cette politique était mauvaise et avait donc échoué, disaient-ils. Pourtant, poursuit la militante, ce sont les mêmes gens qui se présentaient comme fantastiques et compétents dans leur ralliement au SNS, et allaient, grosso-modo faire une politique pas tellement différente de celle du parti précédemment au pouvoir. <br /><br />Tout cela ne vous rappelle rien ?<br /></span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEju6jrY9BvfO1hJSlzDoQ3liv0nen0UtVPt83MkaSIIx2LkiQN_dX3a_NKcl-2oNw7raSfNZnlsuQkKRRFHeLAcoj14GH7I-qw6y1U0BHArzmWJo7ZKtTIVduUjwvw1olgUeqTs4clA6vE/s1600/Macron+projet.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="1198" height="120" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEju6jrY9BvfO1hJSlzDoQ3liv0nen0UtVPt83MkaSIIx2LkiQN_dX3a_NKcl-2oNw7raSfNZnlsuQkKRRFHeLAcoj14GH7I-qw6y1U0BHArzmWJo7ZKtTIVduUjwvw1olgUeqTs4clA6vE/s320/Macron+projet.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Plus le documentaire avançait, et plus m'envahissait le sentiment que ce dont il parlait dépassait le cadre de la Serbie, et évoquait tout ce que nous vivons en France depuis trois ans. Les ralliements, de droite, de gauche, du centre, à la dynamique En Marche, de plus en plus nombreux à mesure que le bulle Macron gonflait, et que la victoire de l'ancien Ministre de l'économie s'annonçait quasi infaillible, n'étaient-ils pas la marque d'un preletačisme à la française ? N'avons nous pas vu celles et ceux qui ont mené la politique qui a conduit à la déliquescence du PS, mais aussi de la droite "classique" et de ses valets du centre, accourir à la "République en Marche" pour se refaire une virginité politique, et prétendre qu'ils avaient "évolué", que la politique ne serait plus pareille, qu'on ferait autrement, pour faire finalement la même politique que celle des mandatures précédentes, mais simplement en pire ?! N'a-t-on pas vu nombre de contempteurs, de droite ou de gauche, d'Emmanuel Macron, du temps où il était ministre du gouvernement Hollande, se presser pour dire qu'il était le plus à même de mener le pays sur le chemin des reformes et de la grandeur retrouvée? N'a-t-on pas observé que nombre d'anciens PS, principaux responsables de l'effondrement de la gauche à force de trahisons, louvoiements et compromissions (à l'instar de ceux du DS en Serbie), se sont dépêchés de dénigrer la précédente mandature, avec une mauvaise foi qui n'a d'égal que leur culot, pour embrasser l'ordre nouveau de la Macronie, et de son "mouvement" fourre-tout, formidable machine à recycler les transfuges ?</span></span></span></div>
<br />
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le plus tragique est sans doute que l'analogie ne s'arrête pas à ce rassemblement d'exfiltrés volontaires se drapant des attributs de l'amende honorable et du renouveau, mais réside aussi dans une presse de plus en plus aux ordres, dans le <a href="https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/twitter/hyperactifs-souvent-anonymes-et-virulents-qui-sont-les-soldats-macronistes-sur-twitter_3445807.html" target="_blank">recours à des cybermilitants agressifs</a>, dans une violence d'Etat en roue libre et ne dédaignant pas de faire appel à des hommes de l'ombre (Affaire Benalla), et dans une mollesse à réprimer la délinquance d'extrême-droite... Des pratiques installées en Serbie depuis l'avènement de Milošević, et jamais abandonnées depuis. <br /><br />Certes, les contextes historiques, culturels, politiques, et sociétaux sont très différents entre la France et la Serbie. Certes encore, les retournements de vestes et les revirements opportunistes ont toujours existé dans la vie politique, et ils continueront probablement d'exister. </span></span></span><br />
<span style="color: #ffe599;"><br /></span>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cependant, même avec ses spécificités locales, </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">le </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">preletačisme</span></span> serbe </span></span>nous tend un miroir troublant et inquiétant. Un miroir qui raconte ce qu'est devenue la politique dans ce monde qu'on dit "post- et ex-". Je ne parle pas seulement du monde post-communiste et ex-yougoslave, mais du monde "post-idéologique" qui serait soi-disant le nôtre, et qui prétend s'être affranchi des supposés "vieux clivages", formule à la fois pudique et méprisante pour désigner l'opposition droite-gauche. On rappellera ici que le fameux "ni droite, ni gauche", devenu la nouvelle mantra, signifie en réalité "ni gauche, ni gauche", et que par ailleurs, cette mantra cherche à donner au projet politique de droite, qui reste son agenda, les apparences de la pureté et de la neutralité: dans ce monde qui revendique l'ultralibéralisme comme l'horizon ultime et transcendantal <a href="http://www.tetralogiques.fr/spip.php?article29" target="_blank">avec des arguments désormais biologiques</a>, prônant une sorte d'état de nature accompli, le politique n'est plus là pour défendre une vision ou une aspiration, en la confrontant à d'autres visions et aspirations. C'est pourtant l'essence même de la démocratie que d'organiser l'expression des conflictualités et contradictions de la société, en organisant la confrontation des visions et des aspirations. Dans le monde "post- et ex-" croyant à la "loi naturelle" de l'ultralibéralisme, le rôle du politique est désormais d'assurer, à n'importe quel prix, la reproduction de son espèce, pour pouvoir assurer la reproduction et le développement de la loi naturelle, "pure et neutre", de l'ultralibéralisme. </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Le preletačisme, serbe ou français, est l'incarnation de cette double reproduction, et c'est la raison pour laquelle le phénomène a pris l'ampleur que l'on sait. Le combattre ne sera pas aisé, tant il a su prospérer dans un paysage idéologiquement fatigué et confus, paysage produit par ceux-là même qui n'ont eu de cesse de trahir et de mentir, et qui prétendent incarner la nouveauté. <br /><br />On esquissera l'idée que cette lutte passera entre autres par le rappel aux intéressés de leurs trahisons successives, mais aussi par le fait d'opposer la culture, inhérente à l'homme, à la nature, ainsi que par la réaffirmation de conflictualités fortes, à l'aune des enjeux d'aujourd'hui.<br /> </span></span></span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-44656004207958414602020-04-30T12:37:00.001+02:002020-06-06T18:17:50.208+02:00FISSURES SISMIQUES ET FRISSONS DE MUSIQUE <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdWF5sQ2WRxeVQgvaX8o0VLytBOJyQovMKjGIZFe0z7yRfIiahfSMkSSYAuWR3ZEcblMbC8baisTOjvUHw4WpKq8M0_WB792X1fKeJxg6gk-F9JfTIjmXU2Jgd5jLvS_VU2hicxNpPmZw/s1600/zgb2020.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="603" data-original-width="603" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdWF5sQ2WRxeVQgvaX8o0VLytBOJyQovMKjGIZFe0z7yRfIiahfSMkSSYAuWR3ZEcblMbC8baisTOjvUHw4WpKq8M0_WB792X1fKeJxg6gk-F9JfTIjmXU2Jgd5jLvS_VU2hicxNpPmZw/s400/zgb2020.png" width="400" /></a></span></span></span></div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vous le savez probablement, le 22 mars dernier, <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/croatie-un-tremblement-de-terre-de-magnitude-5-3-frappe-zagreb_2121612.html" target="_blank">Zagreb a été frappée par un tremblement de terre particulièrement violent</a>, suivi d'ailleurs par un certain nombre de répliques de moindre intensité. Les dégâts matériels sont considérables, dans une ville où le maire, Milan Bandić, adore bâtir du neuf rutilant et clinquant, pendant que l'ancien est négligé, "l'ancien" pouvant être des bâtiments de la période socialiste. De fait, une bonne partie du centre-ville a souffert de dégradations plus ou moins graves selon les bâtiments. La cathédrale de Zagreb, un des symboles de la capitale, a été endommagée, ainsi que des hôpitaux, des institutions publiques, sans oublier de nombreux appartements et maisons de particuliers. Tout cela s'est déroulé sur fond de crise du Covid-19, laquelle frappe aussi la Croatie, où des mesures de confinement sensiblement proches de celles de la France ont été prises. De fait, ce tremblement de terre est venu aggraver la situation d'une population déjà fragilisée par la situation sanitaire et déjà précarisée par des années de "transition économique" dont les bienfaits ne profitent qu'à une minorité. On compte de nombreux sans abris, des gens qui ont tout perdu, ou qui se retrouvent à devoir engager des réparations coûteuses. </span></span></span></div>
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<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span><br />
<a name='more'></a><span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Ne parlons pas bien-sûr des traumatismes que cette tragédie a fait resurgir auprès de celles et ceux qui ont connu les guerres des années 90, les images de Zagreb ravagée par le séisme évoquant des "scènes de guerre". Les mesures de confinement liées au Covid-19 avaient déjà rappelé de bien mauvais souvenirs à bon nombre d'habitants de toute l'ex-Yougoslavie, revivant les "confinements" liés aux conflits sus-mentionnés. Contrairement au locataire de l'Elysée, qui a utilisé le mot "guerre" jusqu'à la l'indécence, on sait, dans cette région d'Europe, ce que ce mot signifie concrètement.<br /><br />Pour le milieu culturel zagrébois, la combinaison séisme + confinement est particulièrement lourde: les lieux culturels sont fermés et beaucoup ont été endommagés par le tremblement de terre. Dans une ville où la pulsation artistique a de longue date été forte, rayonnant depuis toujours sur tout le pays et même sur l'ensemble de l'espace yougoslave, cet arrêt de l'activité est particulièrement mal vécu. Nul ne sait quand celle-ci reprendra, et encore moins si cette reprise connaîtra le souffle d'antan.<br /><br />Heureusement, la solidarité et l'entraide sont au rendez-vous, de nombreux Zagrébois s'étant mobilisés pour venir en aide à leurs concitoyens. Parmi les nombreuses initiatives solidaires, notons celle, dont je viens d'avoir connaissance, de <a href="https://www.rikamuzika.com/" target="_blank">Rïka Muzïka</a>, label basé entre Londres et Zagreb. Ce label, qui fédère les excellents groupes d'ethno-free-jazz Mimika Orchestra et Truth vs Tribe, vient de sortir sur Bandcamp une compilation de groupes de Zagreb, intitulée "ZGB 2020". Tous les bénéfices de cette compilation iront à des associations de la capitale croate, actives dans le soutien aux populations les plus fragilisées par le séisme: elles redistribueront cette aide à celles et ceux qui en ont le plus besoin.<br /><br />La compile coûte 7 livres sterling (environ 8 euros) ou plus. Je sais que les temps sont durs pour beaucoup d'entre nous, mais si vos finances le permettent, achetez cette compile, vous ne serez pas déçus! La sélection de groupes est excellente, et il y en a pour tous les goûts: funk, jazz, world, chanson, rock indé, punk, électro, klezmer, dub, festif, etc... tous ces styles sont abordés avec la petite "Zagreb touch" qui va bien, c'est à dire avec un souffle, des accents et des tonalités particulières dans la façon d'aborder la musique: par exemple, l'introduction de free-jazz et de prog'rock dans la musique klezmer ou balkanique, une très légère mélancolie (slavisante) dans la pop et le groove, ou encore un travail singulier sur les sons et les atmosphères... La "Zagreb touch", c'est un peu une tradition dans une ville qui a vu naître quelques fleurons de la new-wave yougoslave, et où l'héritage sonore de l'Europe Centrale, transversal, cosmopolite et insoumis, du folk yiddish à la musique dodécaphonique, a laissé son empreinte. <br /><br />Pas d'inquiétudes, tout est musicalement accessible, et pas prise de tête pour un sou! Au contraire, le disque constitue une très belle bande-son de cette ville. Et l'énergie, l'espoir, le soupçon de mélancolie, qui émanent de la compilation, collent parfaitement à une écoute en mode confinée. Un délicat frisson de musiques, en réponses aux tremblements du temps et de l'espace!<br />Vous pouvez la découvrir en intégralité sur le site croate <a href="https://www.ziher.hr/nezavisni-domaci-glazbenici-ujedinjeni-u-cilju-obnove-zagreba/" target="_blank">Ziher</a>, et pour l'acheter, c'est <a href="https://rikamuzika.bandcamp.com/album/zgb-2020" target="_blank">par là</a>. Si vous ne pouvez pas investir, merci en tout cas de partager et de relayer l'info!<br /><br />Bon courage et amitiés à mes lectrices et lecteurs de Zagreb et de Croatie!</span></span></span></div>
<span style="color: #ffe599;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span>Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-7212359347948151262020-03-28T20:36:00.000+01:002020-03-28T20:38:22.100+01:00LA DISCO EST ELLE SOCIALISTE ?<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLqNoRRZ_ajFWOjxDPuviQNETsP3JTNPQh0wH4LwSFy6JunTQn5Ny2K6QaU3BzIb5kGz8omzrSupzr4h3oEyNXp5mFDv1exZgGR78ukKPDIpLQrm2xGZSUedehcVtYD0SarguDr44STKA/s1600/Rok-Hotel_Disko-Blue-Jeans_1200x630.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="630" data-original-width="1200" height="210" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLqNoRRZ_ajFWOjxDPuviQNETsP3JTNPQh0wH4LwSFy6JunTQn5Ny2K6QaU3BzIb5kGz8omzrSupzr4h3oEyNXp5mFDv1exZgGR78ukKPDIpLQrm2xGZSUedehcVtYD0SarguDr44STKA/s400/Rok-Hotel_Disko-Blue-Jeans_1200x630.jpg" width="400" /></a><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Socialistički disko, Ples iza jugoslavenske baršunaste zavjese", en français "disco socialiste, la danse derrière le rideau de velours yougoslave", est le nom d'une compilation sortie en 2018 sur le label indépendant croate <a href="https://foxandhisfriends.bigcartel.com/" target="_blank">Fox & his Friends</a>. Disco socialiste ? Accoler ces deux mots relève presque de l'oxymore, tant le pouvoir d'évocation de chacun semble renvoyer à des univers opposés. Ce binôme sémantique a probablement et avant tout une vocation marketing, celle de surprendre, de dérouter, voire de provoquer, et partant, de susciter l'attention et la curiosité. Mais le titre de cette compilation dépasse peut-être cet aspect purement marketing, pour faire véritablement sens, on le verra.</span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span><br />
<a name='more'></a><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSudbs5KvDNjDn_RB_1P-TrU9oCfaNVVRwQ1L2ZaE9ZuQ7oNlzxcN9UR8FP0z2kucgykR96FanbIQy_iTomc7JefunCvZnFzmAxswQU8N0xDNTDsY8EoJ7ArNK5iV-62EMn719sZBdcUk/s1600/R-12292930-1532306267-9559.jpeg.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="492" data-original-width="500" height="392" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSudbs5KvDNjDn_RB_1P-TrU9oCfaNVVRwQ1L2ZaE9ZuQ7oNlzxcN9UR8FP0z2kucgykR96FanbIQy_iTomc7JefunCvZnFzmAxswQU8N0xDNTDsY8EoJ7ArNK5iV-62EMn719sZBdcUk/s400/R-12292930-1532306267-9559.jpeg.jpg" width="400" /></a></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Socialistički disko (...)", on l'aura deviné, explore la vague disco à la mode yougoslave. Derrière ce travail d'inventaire se cachent deux infatigables passionnés de la mémoire pop-culturelle de l'ancien pays: Leri Ahel et Željko Luketić. Le premier est un DJ de Rijeka, connu pour son excellent Mutant Disco Radio Show, un set hebdomadaire, diffusé sur <a href="https://soundcloud.com/mutant-disco" target="_blank">soundcloud </a>et de nombreuses radios dans le monde, où la musique électronique d'hier et d'aujourd'hui s'y affiche dans une grande diversité d'univers. Le second est plus connu des lecteurs de Yougosonic, car le blog a déjà rendu compte de son travail (<a href="http://yougosonic.blogspot.com/2014/12/sur-les-ruines-du-jugoton.html" target="_blank">ici</a> et <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2013/09/borghesia-et-le-zeitgeist.html" target="_blank">là</a>): critique de cinéma, journaliste musical, programmateur d'événements, DJ, vidéaste, complice de nombreux projets undergrounds à Zagreb (où il vit), Luketić, également connu sous le pseudo de Konrad Medvedov, a déjà été le "curateur" et l'inspirateur de plusieurs compilations consacrées à la culture musicale yougoslave. On lui doit notamment la série des "<a href="https://www.discogs.com/fr/label/725951-Ex-Yu-Electronica" target="_blank">Ex-YU Elektronika</a>", autour de l'underground électronique, où la Yougoslavie, rappelons le, n'a pas démérité, ainsi que le fameux "<a href="https://www.discogs.com/Various-Electronic-Jugoton-Synthetic-Music-From-Yugoslavia-1964-1989/release/6245013" target="_blank">Electronic Jugoton</a>", dédié à la place de l'électronique dans la musique populaire yougoslave. <br /><br />Ces différents projets discographiques ont rencontré un succès certain, y compris hors des frontières de l'ancien Etat: des collectionneurs américains, en particulier, se sont entichés de ces compiles dévoilant un "son yougo", à la fois familier, car dans l'ère du temps de ce qui se faisait en Occident à la même époque, mais en même temps différent, "exotique", par la langue ou par une façon particulière de s'approprier ces musiques.<br /><br />C'est ce regain d'intérêt, en ex-Yougoslavie comme à l'étranger, qui a poussé Ahel et Luketić, complices de longue date, à passer à la vitesse supérieure et à lancer leur propre label, "Fox & his Friends" (F&HF), avec trois principes simples: <br />1) dénicher l'oiseau rare (morceaux oubliés, enregistrements inédits, faces B, bande-son d'une époque...) <br />2) pressage en éditions limitées <br />3) vinyl only! </span></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le concept cible très directement la niche des chineurs de vinyl, inlassablement curieux, et toujours prêts à musicalement se laisser surprendre. Une niche que connaît bien le duo, puisque, eux-mêmes collectionneurs affirmant posséder plus de 5000 disques, ils en font partie.</span></span></span></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3EwanFKiOOF83bKW9g-vDZw5O5tgXjhB-XtkEcOg9XZrlTL-m39CskwStwJh4QUAWTR1IgvtJmQEeyP0PwanVIWBS_XUzQsgqASHfdn2sFs96oYO94W4ZZsVoXi5lKPJ62AFdA4a5W3A/s1600/Ahel+i+Luketic+%2528c%2529+Novosti.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="1200" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3EwanFKiOOF83bKW9g-vDZw5O5tgXjhB-XtkEcOg9XZrlTL-m39CskwStwJh4QUAWTR1IgvtJmQEeyP0PwanVIWBS_XUzQsgqASHfdn2sFs96oYO94W4ZZsVoXi5lKPJ62AFdA4a5W3A/s400/Ahel+i+Luketic+%2528c%2529+Novosti.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Leri Ahel (à gauche) et Željko Luketić (à droite),</span></i></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">le duo qui se cache derrière Fox and his Friends</span></i></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Photo (c) Novosti</span></i></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le label n'en est pas à son premier essai avec "Socialistički Disko": F&HF a démarré très fort en 2017, en rééditant la BO du film "<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Visitors_from_the_Galaxy" target="_blank">Les Visiteurs de la Galaxie</a>" (1981), à priori unique film de science-fiction yougoslave, coproduit avec la Tchécoslovaquie, où des extra-terrestres venus de la planète "Arkan" débarquent sur terre. La BO, signée <a href="https://www.discogs.com/fr/artist/873203-Tomica-Simovi%C4%87" target="_blank">Tomislav Simovic</a>, compositeur également des bandes sons du fameux dessin animé "<a href="https://www.youtube.com/watch?v=FFe6uU82Yec" target="_blank">Professeur Balthasar</a>", était considérée comme perdue, avant que les enregistrements ne soient retrouvés et restaurés. C'est une perle musicale, oscillant entre Tangerine Dream, la musique électroacoustique et ce qu'on appelle aujourd'hui l'electronica.</span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"></span><span style="color: #fff2cc;"></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/B748Bo7w2W4" width="560"></iframe></span></span></span>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le label enchaîne ensuite, toujours en 2017, avec une réédition et un remix actuel de "Decadance" un morceau de 1989 de NEP alias Nova Evropa ("Nouvelle Europe"), un collectif d'artistes de Zagreb proche de la scène <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_industrielle" target="_blank">industrielle</a> locale. Si à mon humble goût, la version originale a un peu vieilli et me semble relativement anecdotique par rapport aux travaux d'autres artistes yougoslaves de la même époque et dans le même genre, cela reste une curiosité écoutable. En revanche, la réadaptation qu'en fait DJ Snuffo envoie, elle, davantage le bois, et constitue un indéniable hit pour les dancefloors undergrounds.</span></span></span></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/mDjUWD7V9ho" width="560"></iframe></span></span></span>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/DcMwVyITOn8" width="560"></iframe><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Enfin, très récemment (décembre 2019), F&HF a sorti "Sex, Crime & Politics", une anthologie de quelques unes des musiques de films des années 70-80, écrites par <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Alfi_Kabiljo">Alfi Kabiljo</a>, compositeur croate toujours en activité, qui fut l'un des premiers en Yougoslavie à introduire des synthétiseurs dans le jazz, la disco, l'easy-listening, la variété, etc., en les utilisant souvent de façon inattendue. Une approche qui donne une couleur spécifique à ces oeuvres, ressorties des tiroirs de l'oubli par Ahel et Luketić. Des oeuvres sur lesquelles flottent ce parfum gentiment canaille, mais sexy, des nuits secrètes, mais interlopes, du Zagreb des années 70-80, avec ses tripots, ses boîtes et ses clubs privés, où se côtoyaient cadres du parti en goguette, businessmen, mafieux, prostituées, noceurs, homos, mythomanes, aventuriers et aventurières... Tantôt langoureuses, tantôt dansantes, ces pièces cinématiques sont délicieusement nostalgiques, et même parfois un rien mélancoliques, derrière les accents kitsch et le groove dopé aux gros synthés qui tâchent. Un beau voyage dans un espace-temps parallèle, qui illustre l'idée que la nuit est (ou était), pour ses oiseaux, l'une des dernières aventures du monde moderne.</span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/b4-2Hvum9dA" width="560"></iframe><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Leri Ahel et Željko Luketić déploient leur travail sans parti-pris idéologique, ni même penchants yougonostalgiques péchant par idéalisation. Si les deux hommes éclairent indéniablement la richesse de la production musicale de l'ancien pays, ils sont aussi lucides quant au fait que bon nombre de ces expressions artistiques se sont souvent épanouies à la marge. Derrière le fait de déterrer des curiosités pour aficionados en mal de sensations musicales originales, le but de leur travail d'inventaire est aussi, en filigrane, de raconter une époque, d'esquisser les traits d'un pays et d'une société, avec leurs points de convergences et leurs contradictions. Une démarche qui nous habite aussi chez Yougosonic, ce qui explique que l'on suive les productions du duo avec autant d'intérêt que de bienveillance.<br /><br />Et précisément, pour ce qui est de raconter une époque et d'esquisser les traits d'un pays, l'histoire de la disco en terres socialistes yougoslaves est particulièrement significative. Comme l'explique lui-même Luketić dans une passionnante interview au journal croate "Nacional" (à lire <a href="https://www.nacional.hr/intervju-zeljko-luketic-zbog-disca-je-john-travolta-postao-i-imenica-i-pridjev/" target="_blank">ici</a>, si vous parlez la langue), la disco arrive avec un certain retard en Yougoslavie, dans la deuxième moitié des années 70, et s'y développe dans une période que Luketić situe entre 1977 et 1983. Aux Etats-Unis, le genre meure symboliquement en 1979, via la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Disco_Demolition_Night" target="_blank">Disco Demolition Night</a>, véritable autodafé du genre, même si celui-ci survit en mutant et en s'immisçant dans d'autres musiques, du hip-hop à la house, en passant par la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Hi-NRG" target="_blank">Hi-NRG</a>.<br /><br />En Yougoslavie, la disco doit faire face à une double hostilité, relève Luketić: celle des autorités, qui voient d'un mauvais oeil l'hédonisme que revendique le genre, son strass et ses paillettes, dignes de la pire décadence bourgeoise, et celle de la presse musicale d'alors, où le background rock domine chez les journalistes. A cela, vient s'ajouter une troisième forme d'hostilité, plus subtile, non dite. En effet, comme l'explique encore Luketić, la disco véhicule une image de la femme et de la sexualité libres. "Dans la disco, c'est la femme qui choisit son partenaire, et non pas le contraire", poursuit le responsable de F&HF. De surcroît, l'homme "volontiers réduit à un objet sexuel" est choisi pour ce qu'on appelle familièrement aujourd'hui "un coup d'un soir", et non pour fonder une famille nombreuse. <br /><br />Dans une société où, derrière le vernis égalitariste et moderne, le conservatisme, le machisme et le patriarcat demeurent forts, un tel message déplaît. Autre problème, des notions qui relèvent du tabou dans la société d'alors, comme l'homosexualité, le transvestisme, l'androgynie, sont mises en avant dans la disco. Le rock, lui, fusse-t-il indépendant et alternatif, demeure correctement "genré". Même si on voit apparaître des groupes féminins et que l'homosexualité est abordée par certaines formations, le rock reste globalement une affaire d'hommes et d'hétéros. Exception faite du sulfureux Satan Panonski, surnommé le "Jean Genet Yougoslave", et dont j'avais parlé <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2011/09/yougonostalgie-gay-friendly.html" target="_blank">dans un post sur l'homosexualité en Yougoslavie</a>, les chansons sur celle-ci restent, comme on l'avait vu dans ce même post, le fait de groupes masculins et hétéros (Psihomodo Pop, VIS Idoli, Oliver Mandić...), se servant de cette thématique dans un but de provoc ou de questionnement de l'ère du temps. Même si certaines chansons partent d'une bonne intention, cherchant "sincèrement" à briser les tabous, l'homosexualité y apparaît globalement quand même comme un problème, et n'y véhicule rien d'épanoui ou de festif, contrairement à la disco. <br /><br />Enfin, autre aspect sulfureux, la disco attire les jeunes des minorités les plus défavorisées et dévalorisées de Yougoslavie, à savoir les Rroms et les Albanais, qui excellent en particulier dans les concours de danse qui s'organisent un peu partout à l'époque. L'un d'eux Hamit Đogani, d'origine albanaise, sera même sélectionné dans une compétition internationale à Londres, avant de devenir une star de la "dance music" commerciale en Serbie. Là encore, ce qui déplaît, c'est ce mode d'affirmation de certaines minorités, dans un pays où officiellement, "on est tous frères", et il n'y a pas de "problème ethnique". Officieusement, c'est une autre histoire, où Rroms et Albanais ne sont tolérés que s'ils restent à la place qui est considérée comme la leur dans la société. Nul besoin de préciser où se trouve cette place.</span></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span>
<br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/SK8t2PmfYNY" width="560"></iframe><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Vidéo du fameux concours international de danse où apparaît Hamit Đogani </i></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>(à 3'00 environ dans la vidéo), qui, effectivement, assure le show.</i></span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, à la lumière de tout ce qui précède, les 45 tours de disco yougoslave se verront décerner la fameuse étiquette de "Šund", dont on avait expliqué le rôle <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2014/12/sur-les-ruines-du-jugoton.html" target="_blank">ici</a>, et dont je rappelle brièvement le principe: cette étiquette, de l'allemand "Schund" (=camelote, daube, produit bas de gamme), désignait une production de "mauvaise qualité artistique" et rendait le prix d'achat du disque concerné plus cher que celui d'un disque "culturellement correct". Une sorte de commission culturelle liée au pouvoir décidait de ce qui était "šund" et de ce qui ne l'était pas, opérant une forme de censure subtile ...mais inoffensive: de nombreux disques de punk ou de rock indépendant seront aussi affublés de l'étiquette, qui deviendra au final, pour le public alternatif, un label de qualité. Un groupe punk slovène prendra d'ailleurs le nom de "Komisija za </span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">šund</span></span></span>" ("Commission du </span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">šund")</span></span></span>. <br />Cette communauté de destin d'un certain rock indépendant et de la disco, via le šund, ne rendra cependant pas l'un solidaire de l'autre. Et la presse musicale, sauf quelques exceptions, ne défendra pas la disco, ce qu'elle fera pourtant avec le rock.<br /><br />Il ne faudrait évidemment pas conclure de ce qui précède que la disco en terre yougo a vécu dans la clandestinité, ni que ses adeptes ont subi de quelconques pressions. Rappelons que, dès les années 60, les autorités ont libéralisé la diffusion culturelle: les Yougoslaves ont eu accès à tous les courants de la pensée et de la littérature mondiales, et les pop-cultures, musicale et cinématographique, en particulier, ont été perçues comme un potentiel "ciment", capable de "fondre" à terme des populations d'histoires et de cultures différentes. Hors quelques rares exceptions, la censure s'exprimait via le šund, et parfois par des invitations à revoir une pochette ou des paroles, mais aucun artiste n'a goûté à la prison. Le prolongement du titre de la compilation, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"la danse derrière le rideau </span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">de velours", fait d'ailleurs clairement allusion à "l'exception yougoslave", Etat ni à l'Est ni à l'Ouest mais non-aligné. Elle se veut clairement un pied de nez à l'idée, toujours tenace en Occident, que le pays aurait fait partie du "Bloc Soviétique", et se serait donc trouvé derrière le fameux "Rideau de Fer".<br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSxO8TCesainVE8E2yZTihKZTkKx75m2OKmSdK5P-iEwbQNqq9LexjxNYEYDH3M6Jw4RCIERTRmkK4Bm4qHNy-gOoNtwqDUX3IIqRF6wXCjxMmyApZPjvr7pA85Lalke3LloDN6cG2W0o/s1600/YU+Aerobic.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="399" data-original-width="400" height="319" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSxO8TCesainVE8E2yZTihKZTkKx75m2OKmSdK5P-iEwbQNqq9LexjxNYEYDH3M6Jw4RCIERTRmkK4Bm4qHNy-gOoNtwqDUX3IIqRF6wXCjxMmyApZPjvr7pA85Lalke3LloDN6cG2W0o/s320/YU+Aerobic.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><i><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Corrolaire de la vague disco, comme dans nos contrées, </span></span></i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><i><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">les Yougoslaves ont aussi connu la vague de l'aérobic. </span></span></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La disco connaîtra le même engouement populaire qu'elle a connu ailleurs dans le monde, stimulant, toujours d'après Luketić, l'émergence des discothèques en Yougoslavie, favorisant la démocratisation et le rajeunissement de la vie nocturne. Les boîtes de nuit achètent alors les disques pour le compte de leurs DJ's, et ces derniers bénéficient d'un contrat de travail et d'un salaire, "contrairement à aujourd'hui", où règnent le black et la précarité, relève, non sans ironie, le boss de F&HF. Ce développement de ce qu'on n'appelle pas encore le "clubbing" s'accompagne aussi d'un changement sur les dancefloors, tel que déjà évoqué plus haut, avec l'arrivée des minorités, et un nouveau codex de la danse, où les femmes s'autonomisent et où l'individu s'affirme (les danses à deux, où l'homme mène la bal, s'effacent). Ca et là, et en toute discrétion, s'ébauchent des débuts de "clubbing gay".</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijI-8tSH7sWtBc4rHXuEfIIMCdG87oULgm1UKQUm2bZRWxbKm6pcBD_ZqDGs0Q06K8Kda15CJ1QUrw5nlxVjBp50YJKFmCPcERfY_7Vhs1cCnbq_r7A5PDh4bhn4fG0Ef2qqj1b6sln84/s1600/sly-subotica.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="617" height="193" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijI-8tSH7sWtBc4rHXuEfIIMCdG87oULgm1UKQUm2bZRWxbKm6pcBD_ZqDGs0Q06K8Kda15CJ1QUrw5nlxVjBp50YJKFmCPcERfY_7Vhs1cCnbq_r7A5PDh4bhn4fG0Ef2qqj1b6sln84/s400/sly-subotica.jpg" width="400" /></a></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Ticket d'entrée au "Sly", bar-discothèque de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Subotica" target="_blank">Subotica</a>, actif dans les années 80.<br />A l'instar de nos Wizz, Fuse, Dream, Paradise, Palm Beach, Drop's, </i></span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>et autres <a href="https://www.youtube.com/watch?v=7ceNf9qJjgc" target="_blank">Starflash Laser Light Action Club</a>, l'anglais était là aussi chez les Yougos, </i></span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>pour assurer la "saturday night credibility".</i></span></span></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour revenir à l'opposition entre disco et rock, on aura finalement en Yougoslavie deux communautés pop-culturelles distinctes qui cohabiteront sans se fréquenter, et parfois en se méprisant: la majorité vibrera au son de la disco, alors qu'une minorité se passionnera pour le punk, le rock indépendant et leurs dérivés. La situation n'était pas forcément différente en Occident, avec là aussi des niches subculturelles se développant dans le sillage du punk et de la new wave, et n'ayant que mépris pour la disco et ses mutants que sont l'Eurodance ou l'Italo-disco. La "réconciliation" se fera pendant un temps autour de la house et de la techno, avant que le mouvement ne soit récupéré par l'industrie musicale et ne perde sa dimension politique, utopique et libertaire, mais c'est une autre histoire...</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'équipe de F&HF propose elle aussi à sa manière une réconciliation. Si le duo a indéniablement forgé son oreille musicale du côté des musiques alternatives des années 80, en particulier dans leur versant électronique, ce background ne les a pas empêché de trouver de l'originalité et de ressentir le frisson de la subversion dans d'autres genres, fussent-ils jugés plus "commerciaux". Leur travail réhabilite indéniablement une musique qui, derrière la facilité, le kitsch et l'insouciance de façade, véhiculait un message émancipateur, féministe et favorable aux minorités. Des valeurs plutôt socialistes, non ? D'où l'idée que le titre de la compile fait finalement sens, au delà du marketing.</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Coïncidence ou filiation? On observe depuis peu un discours similaire autour du turbofolk, musique encore plus honnie que ne l'était la disco, en raison de ses connivences politico-mafieuses, et de son épanouissement lors de l'écroulement de la Yougoslavie. D'après <a href="https://www.calvertjournal.com/features/show/9504/being-lgbtq-turbofolk-serbia-outrageous-pop-gay-desire-mainstream" target="_blank">certaines analyses récentes</a>, le turbofolk distillerait, sans en avoir l'air, des messages féministes et gay-friendly. La thèse peut désarçonner les plus farouches opposant(e)s à cette culture kitsch, vulgaire et tapageuse, mais elle ne manque pas de quelques arguments pertinents. A mon niveau, j'avais déjà <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2011/10/fraternite-unite-lgbt.html" target="_blank">observé</a> que certaines stars du turbofolk, comme Jelena Karleuša, ont pris publiquement fait et cause pour les LGBTIQ, ainsi que pour une "Serbie normale et tolérante". Et depuis quelques années, l'underground serbe se réapproprie le genre dans des détournements et emprunts, qui se sont illustrés dans la compilation et le film <a href="https://www.youtube.com/channel/UCuZvRi2Ume3cMlEfPB7i1uw" target="_blank">Turbotronik</a>. Je laisse cette vaste question, qui nécessiterait un post à elle toute seule, ouverte. Peut-être aurons-nous l'occasion de la creuser ultérieurement?</span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2Oxevq2e7TD3Ic314KP-OQ5PzOHIgW6YcP536eKw5G98Bw10PncNkZoLf8-LaXe3Fm-VbpXSGWoyVCYjDhkUdTQyQUEDr0dlpq47y7TkD-DgXbz1xllqTu8e0jVotDPa9iDnIe0sO1hI/s1600/gruva-gruva-1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="599" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2Oxevq2e7TD3Ic314KP-OQ5PzOHIgW6YcP536eKw5G98Bw10PncNkZoLf8-LaXe3Fm-VbpXSGWoyVCYjDhkUdTQyQUEDr0dlpq47y7TkD-DgXbz1xllqTu8e0jVotDPa9iDnIe0sO1hI/s400/gruva-gruva-1.jpg" width="332" /></a></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>This is the new cool!</i></span></span></span></span></div>
</div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En revanche, le point de vue de Luketić sur une éventuelle filiation du turbofolk et de la disco me semble intéressant à partager: pour le patron de F&HF, le turbofolk s'est développé dans un contexte politique particulier, et a été, à sa manière, l'émanation d'une volonté politique, au contraire de la disco. Pour Luketić, c'est davantage un certain rock yougoslave qui a servi de base et d'influence pour le turbofolk, à savoir ce qu'on appelait le "pastirski rock", littéralement "le rock des bergers", incarné entre autres par Goran Bregović et Bijelo Dugme. Ce sont eux qui, les premiers, ont introduit des thèmes musicaux folk et et tout un imaginaire ploucoïde et vulgairement tapageur dans le rock. Combattant de longue date la Bregomania et le monopole qu'elle exerce sur la culture des Balkans, et en particulier sur l'export de celle-ci, je ne puis résister à partager avec enthousiasme ce point de vue avisé.</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Terminons par quelques lignes sur cette compilation dont je partage ici des extraits disponibles sur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=jHTsxcWavXc&list=PL7a9M6mf5csoaEI6XECpPd_m_IwNxPv5V" target="_blank">youtube</a>. Les aficionados du genre y trouveront leur compte. Tous les ingrédients sont là: les rythmiques "prêtes à danser", les mélodies faciles à mémoriser, les violons qui suintent, les lignes de synthé hypnotiques, et bien-sûr toute la grandiloquence et les envolées lyriques surjouées d'une musique dont on sous-estime parfois la dérision et l'ironie. Une grandiloquence qui se marie à merveille avec une certaine théâtralité dont les artistes de variété yougoslaves sont coutumiers. Car c'est aussi bien-sûr la touche "yougo", la couleur locale, qui donne à cette compile son parfum d'originalité, du moins pour nous, auditeurs occidentaux. La langue apporte ses tonalités particulières, même si certains artistes font le choix de l'anglais, mais l'originalité réside aussi dans une certaine façon d'aborder le genre, dans les ambiances, les orchestrations, le grain de folie qui émane de certains titres. </span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/jHTsxcWavXc" width="560"></iframe><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Sauras-tu reconnaître ce grand hit disco, ici traduit en serbo-croate ?</i></span></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A ce sujet, on relèvera le très déjanté "Disko" de Rok Hotel, avec sa base funk et ses breaks aux relents de rock progressif, où le chant se mue en cri primal, rappelant de loin quelques <a href="https://www.youtube.com/watch?v=HPH8UJ7-ibc" target="_blank">chaudes montées d'acide du rock psychédélique</a>.</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/VnnTm03UOko/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/VnnTm03UOko?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Notons aussi la reprise de "Vamos a la Playa" en croate, hit dont on a oublié <a href="http://www.cold-war-cojobo.appspot.com/assets/files/vamos-a-la-playa_an-antinuclear-weapon-song.pdf" target="_blank">la dimension anti-nucléaire</a>, mais où la version yougo, signée "Les Souvenirs d'Opatija" (Opatijski Suveniri), dont le nom est tout un programme à lui tout seul, vient ajouter la présence de mutants et de robots.</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/u0x4UGTSYMY" width="560"></iframe><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On retrouve aussi l'excellent Arian (dont j'avais parlé <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2017/09/le-marteau-et-le-microsillon.html" target="_blank">ici</a>), l'Albanais de Macédoine qui groove en <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/I%C3%A9kavien" target="_blank">jekavski</a> avec son étonnante voix aux frontières de l'androgynie, et curiosité, le joueur du "Hajduk Split" Ivica Šurjak avec un superbe "Julija", mélancolique et cinématique, très "Joe Dassin", avec son texte parlé et non chanté... J'aime aussi beaucoup le "vent du sud" ("Južni vjetar") de Krunoslav Slabinac, qui souffle de belles effluves de groove, à la fois élégantes, nostalgiques et pleines d'emphase.</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/f7zkbrNCZhI" width="560"></iframe><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/4dtlf_B_GvY" width="560"></iframe><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/MrBxj6ZJUZ8" width="560"></iframe><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Plein d'autres choses à découvrir dans cette compilation qui réhabilite un genre musical parfois pris de haut, et lève un voile de plus sur les passionnants visages de la culture populaire d'un pays qui, bien que disparu, reste indéniablement vivant dans cette mémoire sonore, et n'a pas fini de nous surprendre!</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span></span><br />
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><u>Prolongements et compléments:</u></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- On peut écouter l'intégralité du catalogue de Fox & His Friends <a href="https://www.youtube.com/channel/UCgQHhVMim-v_XAmFV1Ddwdg" target="_blank">sur la chaîne youtube</a> du label. Ne vous privez pas, il n'y a que du bon ! Merci au duo pour ce beau cadeau, qui, bien- sûr, n'empêche pas de s'offrir les disques du label (voir ci-dessous)!</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Justement, pour les "chineurs/-euses de vinyl", DJ's et autres collectionneurs/-euses de musique rare, tous les disques de Fox & His Friends peuvent être achetés sur le <a href="https://foxandhisfriends.bigcartel.com/" target="_blank">site internet du label</a>. Outre l'inimitable "grain" sonore du vinyl (imperceptible sur les vidéos youtube), les disques du label sont accompagnés de notes (en anglais) et de photos qui documentent très richement l'objet musical.</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Les amateurs/-trices de groove pourront aussi relire <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2017/09/le-marteau-et-le-microsillon.html" target="_blank">le post que j'avais consacré au funk en Yougoslavie</a>. Un post qui, outre des réflexions socio-politiques sur la mémoire pop-culturelle de l'ancien Etat, propose plusieurs extraits musicaux.</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Au fait, pourquoi "Fox & au His Friends" ? Il s'agit sans aucun doute d'une référence au <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Fox_and_His_Friends" target="_blank">film éponyme de Rainer Werner Fassbinder</a>, qui s'explique par le fait que Željko Luketić est aussi un cinéphile averti. Ce centre d'intérêt se retrouve dans les choix artistiques du label, qui, on l'a vu, a déterré plusieurs musiques de films oubliées. Le nom du film de Fassbinder, qui, pour être schématique, conte la relation homosexuelle entre un prolo et le riche fils d'un industriel, peut aussi éclairer, métaphoriquement, les liens, troubles et ambivalents, entre culture "populaire" et "haute culture". Une mise en lumière que réalise à merveille le label croate, dont on attend avec impatience les prochaines galettes ! </span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Photo en ouverture de post: pochette d'un disque du groupe Rok Hotel</span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Disco_Demolition_Night"><br /></a></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Disco_Demolition_Night"><br /></a></span></span></span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-18426319284258047292020-03-25T16:13:00.000+01:002020-03-25T17:12:16.669+01:00ASTERIX LE YOUGAULOIS<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2srMpAVMqxa91mWBcTxkzdWYa9TM7MOEdlkyxmTN-RQ2gbrVmDdBQgpHaFX6dkH3nuZZfpmE-MS8TD5s5HY3PUKjo_-_zFEeVfPYBOnPBQgsubWAiSaOBUwcp0jCzRnkDKQPWMti29KA/s1600/asterikshistory.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1273" data-original-width="599" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2srMpAVMqxa91mWBcTxkzdWYa9TM7MOEdlkyxmTN-RQ2gbrVmDdBQgpHaFX6dkH3nuZZfpmE-MS8TD5s5HY3PUKjo_-_zFEeVfPYBOnPBQgsubWAiSaOBUwcp0jCzRnkDKQPWMti29KA/s640/asterikshistory.jpg" width="300" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Petit clin d'oeil yougosonique à Albert Uderzo, qui vient de nous quitter, rejoignant son complice Goscinny au banquet éternel des auteurs de BD, où, je l'espère, la cervoise coule à flot, les sangliers grillent en continu, Bretécher tient le bar-tabac et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Phil%C3%A9mon_(bande_dessin%C3%A9e)" target="_blank">Fred</a> deale de la bonne dope... <br /> </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Asterix et Obélix ont aussi bercé des générations de Yougoslaves, les aventures du "Gaulois réfractaire" à la domination romaine ayant été traduites et publiées dès les années 60. La BD est très populaire encore aujourd'hui, et je pense qu'elle s'est même mariée à merveille avec certains traits de la mentalité locale.</span></span></span></div>
</div>
<a name='more'></a><div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En effet, la résistance à Rome est un thème parlant pour ces peuples dont les aïeux ont longtemps vécu sous dominations étrangères (Autriche-Hongrie, Empire Ottoman), et qui se voient volontiers, encore aujourd'hui, en "village gaulois" tenant tête aux "envahisseurs" divers et variés (aujourd'hui, surtout les USA et l'Union Européenne). Une perception à priori sympathique et compréhensible, mais qui a aussi ses défauts, la carte "village gaulois" servant aux nationalistes et autres néofascistes à justifier violence et intolérance. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les Gaulois d'Astérix sont têtus, chauvins, parfois intolérants, souvent rétifs à l'ordre, mais néanmoins hospitaliers, généreux, et toujours prêts à aider l'étranger dans le besoin, si sa cause leur paraît juste, ce qui sont aussi des caractéristiques que l'on retrouve chez les peuples d'ex-Yougoslavie. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Par ailleurs, le goût de la fête, de la ripaille, de la picole, et, si besoin, d'une bonne bagarre, séduit aussi volontiers le lectorat local. Ce ne sont pas les traits forcément les plus positifs ni les plus flatteurs qui sont ici valorisés, comme je le relevais déjà avec la carte "village gaulois", utilisée par les nationalistes locaux. Cependant, les Yougoslaves pratiquent, davantage que les Français, l'autodérision, une caractéristique de l'humour local, et ils regardent volontiers les qualités et les défauts des Gaulois comme un portrait juste et honnête, ironique et moqueur, de l'humanité, capable d'être géniale comme d'être profondément bête et méchante. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On retrouve d'ailleurs dans cette grille de lecture un relent du "dualisme moral", qui, comme l'ont relevé plusieurs spécialistes du "monde slave", est une caractéristique ancienne de ces peuples: dans ce dualisme, pour être très schématique, le bien et le mal sont imbriqués, et celui qui a fait le mal peut l'avoir fait parfois pour un bien, par exemple celui de sa communauté. Comme les dieux gaulois, les anciens dieux slaves étaient à la fois bienveillants et protecteurs, mais ils pouvaient aussi être dangereux, pas seulement si on leur manquait de respect, mais, par exemple, selon les périodes de l'année (cette dualité expliquait entre autres les saisons). Le mal se transcende aussi plus facilement chez les Slaves; ce n'est pas une fatalité inéluctable, et celui qui a fait le mal pourra se racheter, ce qui se mariera très bien avec la rédemption chrétienne lorsque les Slaves se convertiront. Cette vision pose aussi bien-sûr quelques problèmes, ce "mal dans le bien" étant là aussi l'argument des nationalistes qui considèrent que les "éventuels" crimes perpétrés au nom de leur peuple ont été commis dans l'intérêt de celui-ci, et qu'il ne sont donc pas répréhensibles. C'est ce qui explique, entre autres, l'idolâtrie décomplexée qui s'exprime envers les pires criminels de guerre, idolâtrie qui surfe aussi sur la carte "village gaulois", résistant ici aux injonctions du Tribunal Pénal International et de l'Occident culpabilisateurs. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sur un plan plus positif, cette dualité génère, comme je le pointais déjà, ce goût certain pour l'autodérision, souvent teintée d'humour noir, et parfois empreint de résignation (le fameux "fatalisme slave"). Elle provoque aussi un sens particulier de la contradiction (aux antipodes de notre cartésianisme souvent binaire), et une capacité à tourner la page, qui pourrait peut-être expliquer la résilience et le pardon dont font preuve aujourd'hui bon nombre de citoyens d'ex-Yougoslavie, face aux guerres récentes... Le côté "paix des braves" et le retour à la vie normale et amicale, qui succèdent aux bagarres homériques qui agitent le village gaulois, ont quelque chose de yougoslave dans leur manière de "passer à autre chose". <br />Beaucoup de locaux sur place vous le diront avec fatalisme, les guerres fratricides ont été courantes dans l'histoire de la région. Alors, quand la paix revient, on finit par reprendre, comme avant, des relations normales et paisibles, en attendant la prochaine colère de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9roun" target="_blank">Perun</a>, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taranis_(mythologie)" target="_blank">Taranis</a> des Slaves. Il ne faut bien-sûr pas mal comprendre ce qui précède: la rédemption et le retour à la normale sont plus simples en BD que dans la réalité, mais cette capacité à transcender le passé existe bien, et je l'ai observée à plusieurs reprises sur place.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il n'est pas exclu que le complice d'Uderzo, Réné Goscinny, qui était d'origine juive polonaise, ait pu être influencé par une part de "slavitude" qui, peut-être, inconsciemment, devait subsister en lui. Les Polonais sont réputés pour être, comme les Yougoslaves, frondeurs, têtus, chauvins, rétifs à l'ordre, mais hospitaliers, généreux et festifs. Goscinny signifie d'ailleurs "hospitalier" dans la langue de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Witold_Gombrowicz" target="_blank">Gombrowicz</a>. Quant au judaïsme, la capacité de survie du peuple juif et de sa culture, contre vents, marées, xénophobie et massacres, ont peut-être influencé, chez Goscinny, cette idée du village gaulois droit dans ses bottes, cultivant son art de vivre, et résistant inlassablement à toute agression. L'immense majorité des peuples slaves a d'ailleurs en commun avec les Juifs d'avoir dû, sans cesse au cours de l'histoire, lutter pour sa survie culturelle, et parfois physique. Cette communauté de destin n'a pourtant pas empêché une partie des premiers de détester les seconds, peut-être parce que dans la souffrance aussi, on voudrait être unique et supérieur aux autres (autre obsession des nationalistes, dans les sociétés post-yougoslaves), mais c'est un autre débat... Il était juste intéressant de mettre en lien les origines plurielles de Goscinny avec cet éclairage "Yougaulois" que je propose dans ce post. Je laisse toutes ces hypothèses purement personnelles aux spécialistes et exégètes d'Astérix, qui les creuseront peut-être...<br /></span></span></span> </div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je me souviens en tout cas avoir lu quelque part (sans en retrouver la trace à l'heure où j'écris ce post), que, dans le duo Goscinny/Uderzo, le premier incarnait la dérision frondeuse et parfois moqueuse envers les personnages, alors que le second y cultivait davantage le côté chauvin et "gaulois", tel qu'on l'entend en France. Uderzo était aussi souvent l'auteur des jeux de mots et des calembours, un art très français, qui émaillaient les histoires et affublaient les protagonistes de noms comiques. Par ailleurs, Uderzo était influencé par la BD et le dessin animé américains (Walt Disney, en particulier, qu'il admirait), où il puisa son trait, et son talent à dessiner des bagarres homériques et spectaculaires. <br />Le duo se nourrissait indéniablement de ses différences, mais se retrouvait dans ce sens de l'humour et du récit populaire. Avec Uderzo qui s'en va, ils nous manqueront encore un peu plus, même si les tentatives qui ont succédé au duo, sans arriver à sa hauteur, défi sans doute impossible, n'ont pas toutes démérité.</span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quittons ces spéculations socioculturelles et anthropologiques, pour terminer avec une petite anecdote, que j'avais déjà évoquée <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2016/12/lucky-luke-chez-les-yougos.html" target="_blank">dans mon post sur Lucky Luke</a>, et que je ressors ici. Si Astérix s'appelle en serbo-croate, "Asteriks" et Obélix, "Obeliks" (le "x" n'existe pas dans l'alphabet latin de cette langue), il n'en fut pas toujours ainsi. Dans les années 60, lorsque les premiers épisodes furent publiés en Yougoslavie, les traducteurs proposèrent d'abord de nommer le héros et son complice, Zvezdoje et Trboje (prononcer Zvèzdoïé et Teurboïé), deux noms à consonance typiquement slave, évoquant volontiers des personnages de légendes mythologiques. Zvezdoje s'appuie sur le mot "zvezda", étoile, ce qui constitue un calque assez fidèle de l' "astre" d'Astérix. En revanche, Trboje vient de "trbuh", qui signifie "ventre" (prononcer Teurbourh, avec un son dur à la terminaison, comme le "ch" allemand ou le "j" espagnol). Point d'obélisque, donc, pour le tailleur de menhir "juste un peu enveloppé", mais une allusion à peine voilée à son embonpoint. Ce ne sont pas les protestations musclées d'Obélix qui provoquèrent le changement, dès les éditions suivantes, en Asteriks et Obeliks, mais plus probablement l'aura désormais internationale des deux personnages. Cette aura ressortit Zvezdoje et Trboje du "village slave" pour les remettre dans le "village global". Un village où, au delà des différences culturelles, du chauvinisme, et des bagarres occasionnelles, les Slaves, les Juifs, les Français, les Gaulois, et tous les autres, participent, parfois pour le pire, mais aussi heureusement pour le meilleur, à notre grande et universelle aventure humaine.</span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Adieu, Monsieur Uderzo, et merci!</span></span></span></div>
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<br /></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><i><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Photo en ouverture de post: planche de "Zvezdoje et Cléopâtre", en alphabet cyrillique, publiée le 9 octobre 1966, dans un hebdomadaire serbe. Pour les fans, les bédéphiles, les curieux, et ceux qui voudraient s'amuser à déchiffrer le cyrillique, je conseille de télécharger la photo, puis de l'agrandir manuellement.</span></span></i></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span>Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-53063494619448445152020-03-15T18:22:00.000+01:002020-03-15T18:22:33.935+01:00TOUTE RESSEMBLANCE AVEC DES FAITS D'ACTUALITE...<div style="text-align: justify;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfO0Q6SVHe8lE75regO_-hqWzryirXTEbEJJ1OXuB_mjUyMfRbbR0_F00tkBHWLx5marsRqVdY2emFxC0cOKxlI_cuTD8XSFrspip7nJe2un6tvCKpGlmVOo9otIeT5rQEiNeOGTSo2R0/s1600/auto_24variola1582540531.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="506" data-original-width="900" height="178" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfO0Q6SVHe8lE75regO_-hqWzryirXTEbEJJ1OXuB_mjUyMfRbbR0_F00tkBHWLx5marsRqVdY2emFxC0cOKxlI_cuTD8XSFrspip7nJe2un6tvCKpGlmVOo9otIeT5rQEiNeOGTSo2R0/s320/auto_24variola1582540531.png" width="320" /></a></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En 1982, le cinéaste serbe <span style="color: #e06666;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Goran_Markovi%C4%87" target="_blank">Goran Markovic</a></span> tournait son film le plus singulier et le plus impressionnant: "<a href="https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1817-variola-vera" target="_blank">Variola Vera</a>", inspiré d'un fait réel, à savoir l'épidémie de variole qui survint au Kosovo, avant de gagner Belgrade, en 1972. D'après la plupart des sources (ce point est parfois contesté), c'est un dignitaire musulman de la région de Prizren, qui, de retour d'un pèlerinage au Moyen-Orient, en rapporta le virus. D'abord incrédule, le corps médical prit du temps à faire le bon diagnostic, la variole étant considérée comme éradiquée depuis plusieurs décennies en Yougoslavie. De leurs côtés, les autorités essayèrent de dissimuler l'épidémie à la population, à la fois pour éviter un vent de panique, mais aussi parce que le retour en Yougoslavie communiste de cette maladie pouvait semer le doute sur la solidité du système, en particulier dans le domaine de la santé. L'épidémie se propageant avec son lot de morts, le pouvoir fut finalement obligé de rendre l'information publique et de prendre les mesures qui s'imposaient, en l'occurrence une campagne de vaccination à l'échelle de tout le pays, dont se souviennent encore celles et ceux qui ont connu cette période, lesquels font aussi état du climat qui régnait alors à Belgrade, principal foyer de l'épidémie: un climat délétère où la paranoïa le disputait à la suspicion ou à l'égoïsme.</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
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<a name='more'></a><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A l'origine, Goran Marković rêvait d'adapter au cinéma "La Peste" de Camus, qu'il avait lu alors qu'il sortait de l'adolescence et qui l'avait totalement fasciné dans sa façon de décrire la société et le genre humain, à travers le biais d'une épidémie. Mais entre temps, l'histoire de cette épidémie de variole lui revenant à l'esprit, le cinéaste se dit que, plus qu'une oeuvre littéraire, un fait réel survenu dans son propre pays pouvait avoir encore davantage d'impact sur le spectateur, et de choses à lui dire.</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Si Marković a pris quelques libertés artistiques par rapport à ce qui s'est réellement passé, cantonnant la majeure partie de l'intrigue au sein de l'hôpital civil de Belgrade, dans un huis clos angoissant, le scénario est néanmoins basé sur les témoignages de plusieurs médecins et personnels de santé qui furent directement confrontés au traitement de l'épidémie en 1972. </span></span></span><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgu8GocgzLSClJsudz4pr1PraaxwYCUN1tGP5Ljavwj9o2vlB1tIhwIEOIWBnweSkw1oCZuHpvaZIdRlvsTyaHx6DOIlocUnhFSGqoahIBaC8oO1hVpQ5SA5J0jM4k0RGDELIJX6VnEcCI/s1600/736199_variola3_ff.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="1000" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgu8GocgzLSClJsudz4pr1PraaxwYCUN1tGP5Ljavwj9o2vlB1tIhwIEOIWBnweSkw1oCZuHpvaZIdRlvsTyaHx6DOIlocUnhFSGqoahIBaC8oO1hVpQ5SA5J0jM4k0RGDELIJX6VnEcCI/s400/736199_variola3_ff.jpg" width="400" /></a></div>
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<br /></div>
<span style="color: #fff2cc;"></span><span style="color: #fff2cc;"></span><span style="color: #fff2cc;"></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Voici un résumé très synthétique du film: Rexhep Halili, un Albanais musulman du Kosovo, est en pèlerinage au Moyen Orient. A la fin de son séjour, il achète un souvenir, une flûte, à un vieil homme malade. A son arrivée à l'aéroport de Belgrade, il présente déjà à son tour des signes de maladie, et se voit immédiatement hospitalisé. A l'hôpital, Marković nous montre une institution publique vieillissante, déliquescente. Lorsque Rexhep arrive, les radiateurs de l'hôpital sont en réparations, et le médecin-chef est surtout préoccupé par les perspectives de coucheries avec certaines infirmières. Le corps médical brille par ailleurs par son incompétence, diagnostiquant d'abord une maladie bénigne, avant de réaliser son erreur. Entre temps, Rexhep est décédé, non sans avoir contaminé d'autres patients et membres du personnel au sein de l'hôpital qui est mis en quarantaine. Parmi les autres mesures d'hygiène, les biens des malades sont brûlés, mais, détail qui a son importance, la flûte de Rexhep est retirée in extremis du feu par un des protagonistes.</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avec la propagation de l'épidémie au sein de l'hôpital, et face aux mesures prises, le huis-clos devient un microcosme de la société: les caractères se dévoilent dans toute leur diversité, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire, entre responsabilité, lâcheté, égoïsme, coup de folie et ignominie: le directeur de l'hôpital se vaccine et se barricade; préoccupées par leur carrière politique et le désir de sauver les apparences, les autorités cherchent à cacher la vérité à la population; au sein de l'hôpital, certaines personnes jugées nobles au niveau des valeurs s'avèrent devenir des salopards, alors qu'à l'opposé, d'autres, à priori moins reluisants, s'illustreront par leur héroïsme. Finalement, un envoyé de l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_mondiale_de_la_sant%C3%A9" target="_blank">OMS</a> intervient, ce qui permet d'éradiquer la maladie. Le sentiment qui domine alors est que, finalement, cette épidémie ne fut pas si dramatique, et que la vie va pouvoir reprendre son cours. Cependant, le film se termine avec un indice pessimiste et effrayant: le principal dirigeant de la cellule de crise venue à bout de l'épidémie annonce officiellement le retour à la normale en tenant dans ses mains, tel un trophée, la flûte de Rexhep sauvée des flammes.</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sur le plan stylistique, Goran Marković a recouru à une mise en scène et des effets qui rangent "Variola Vera" dans des catégories comme le thriller, le film catastrophe et le film d'horreur. Avec de nombreuses scènes en caméra subjective, le film est étouffant, glauque et flippant à souhait, quoique parfois ponctué de notes d'humour noir. Il ne cache rien des souffrances endurées par les malades, ni des atroces conséquences physiques de la variole sur les corps et les visages, sanglants ou purulents. Âmes sensibles, s'abstenir !</span></span></span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY4PQhkRUw6_yZZRu5XPs1U0xbf3Aa8ekUaYFrTgeYqa38BKkKWfB1M80MlxEoLHvBqCad7XZKhwzW-4HreR-lv0d-Z3h3F2qMs4LvpR0v5Oyv4J4_5yj5Ck9fOPqP7OXH71Kx41nTDzQ/s1600/Rexhep%2527s+death+Variola+Vera.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY4PQhkRUw6_yZZRu5XPs1U0xbf3Aa8ekUaYFrTgeYqa38BKkKWfB1M80MlxEoLHvBqCad7XZKhwzW-4HreR-lv0d-Z3h3F2qMs4LvpR0v5Oyv4J4_5yj5Ck9fOPqP7OXH71Kx41nTDzQ/s1600/Rexhep%2527s+death+Variola+Vera.jpg" /></a></span></div>
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<br /></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le film a d'ailleurs été classé parmi les 100 meilleurs films d'horreur de l'histoire du cinéma par le magazine britannique de cinéma "<a href="https://www.bfi.org.uk/news-opinion/sight-sound-magazine" target="_blank">Sight and Sound</a>". Il fait l'objet d'un culte enthousiaste chez les connaisseurs les plus pointus du genre, d'autant que sa provenance "exotique" lui confère un attrait supplémentaire, pour un public occidental habitué aux productions essentiellement anglo-saxonnes, dont l'intrigue se déroule en général aux Etats-Unis. </span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En ex-Yougoslavie même, le film demeure fétiche auprès de la génération qui avait 20-30 ans dans les années 80. On le vénère tant pour son audace stylistique et scénaristique, que pour la fierté ressentie quant au fait que, dans le paysage mondial du film d'horreur, l'ancien pays ait apporté sa contribution avec un film de qualité, reconnu aussi bien par les amateurs du genre que par les tenants du cinéma d'art et d'essai. "Variola Vera" n'est d'ailleurs pas le seul film d'horreur "made in Yugoslavia", mais il en est l'un des plus connus à l'étranger. Le genre horrifique, ou encore ses cousins, le fantastique et la science-fiction, bénéficient de longue date de l'intérêt du public local. Cet intérêt s'appuie sur un imaginaire balkanique très fertile, entre les vieilles peurs ataviques, les légendes qu'on se transmet de générations en générations, les relents de paganismes, les superstitions nombreuses et la survivance de pratiques apparentées à la "sorcellerie" ou à l'occultisme dans certaines régions rurales de la péninsule. Rappelons que "vampire" est un mot serbe, et que la Transylvanie et ses épaisses forêts inquiétantes ne sont guère loin de Belgrade. <br />Le film est enfin réputé pour certaines de ses répliques, rentrées dans la pop-culture yougoslave, voire dans le langage courant, comme la cultissime phrase, prononcée par l'un des personnages: "</span></span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pička je polni organ, pizda je karakterna osobina", qui joue sur deux mots, pička et pizda, désignant familièrement le vagin, la chatte, mais où le premier peut aussi signifier, au sens figuré, et adressé à un homme, "trouillard, fiotte, tapette", alors que le second signifie "ordure, merde, salaud, pourri". La phrase dit "la chatte [</span></span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">pička] </span></span></span>est un organe sexuel, alors que chatte [pizda, au sens de salaud] est un trait de caractère". On la retrouve même samplée dans certains morceaux de musique, notamment chez le rocker serbo-monténégrin <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Rambo_Amadeus" target="_blank">Rambo Amadeus</a> qui fait référence au film dans un morceau de son bien nommé album "Don't happy, be worry" </span></span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(écouter <a href="https://www.youtube.com/watch?v=urv4_BuA7ok" target="_blank">ici</a>, à partir de 2'58)</span></span></span>.<br /><br />Refermons cette parenthèse de vocabulaire indispensable à la maîtrise du serbo-croate, et reprenons! En dépit ou à cause de cet intérêt local pour le cinéma d'horreur, le régime communiste s'est efforcé d'en limiter la diffusion, le genre incarnant pour lui un des archétypes de la "culture décadente de l'Occident", insufflant, par ses thèmes macabres ou apocalyptiques, un vent de remise en question des mythes positifs du socialisme. On notera d'ailleurs l'ignorance des cadres du régime qui, par leur rejet, passaient à côté du fait que bon nombre d'oeuvres mythiques du cinéma d'horreur portaient en filigrane des regards hautement critiques sur la société capitaliste et la culture occidentale, <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/decouvrir/zombies-george-a-romero-le-pionnier-des-films-de-morts-vivants-est-decede_114808" target="_blank">comme ce fut les cas chez le célèbre Georges A. Romero</a>, qui n'a jamais fait mystère de ses opinions de gauche et de son opposition au militarisme et au racisme américain. Plus globalement, le pitch habituel du film d'horreur, le "home sweet home" des banlieues résidentielles américaines, où, soudain, tout bascule (fantôme, zombie, monstre, tueur en série...), n'est-il pas une façon d'éclairer la fragilité et la vacuité de l'American Way Of Life ?</span></span></span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hMsWuS5geS9sC0FRVjbH-3Yy59JpusReWm5GUdp6Et4HHw_TafQbPELYXR26Vi60da2ta88I5y8exgZGOcbKgYG3_hcb0WFxAlG68Vn5RGEylykeli-4d3A5igO-BQbJbYBev_y5igM/s1600/Variola+Vera+%25282%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="667" data-original-width="1000" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1hMsWuS5geS9sC0FRVjbH-3Yy59JpusReWm5GUdp6Et4HHw_TafQbPELYXR26Vi60da2ta88I5y8exgZGOcbKgYG3_hcb0WFxAlG68Vn5RGEylykeli-4d3A5igO-BQbJbYBev_y5igM/s400/Variola+Vera+%25282%2529.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bien que Marković ne leur ait pas vendu son projet comme un film d'horreur, les services compétents traînent les pieds lorsqu'il les sollicite en vue du tournage. Le producteur prévu se désiste rapidement, obligeant le cinéaste à puiser dans ses propres deniers. L'hôpital prévu au départ pour le tournage annule à la dernière minute. Marković doit accepter, également à la dernière minute, et sur le mode " à prendre ou à laisser", un autre hôpital, où, ironie du sort, il sera opéré quelques années plus tard. Le tournage semble lui-même hanté par la malédiction: défection d'acteurs, mauvaises conditions, journées de travail longues et épuisantes, tensions... Du propre aveu de Marković, "Variola Vera" aura été son tournage le plus éprouvant, et il confesse en être sorti totalement vidé. L'esthète, lui, verra probablement dans le dénuement des moyens alloués au film, ainsi que dans les conditions difficiles de sa réalisation, une plus-value artistique, dans le sens où ce contexte lourd a très certainement favorisé le dépouillement brut de certaines scènes, accentuant le sentiment d'étouffement, et a contribué au "réalisme" des conflits qui agitent l'intrigue. </span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Si Goran Marković assume des emprunts aux codes du film d'horreur, il se défend pourtant d'avoir voulu faire un véritable film "de genre". Certes, le cinéaste puise volontiers dans certains courants du cinéma populaire, comme par exemple la comédie intimiste dans "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tito_et_moi" target="_blank">Tito et Moi</a>", le récit d'aventure picaresque dans "<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/The_Tour_(film)" target="_blank">Turneja</a>", mais ces emprunts sont une sorte de prétexte, un outil, une technique, et Marković les utilise, ou même les pervertit, pour poser une réflexion politique plus globale.</span></span></span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ3xkjBXtiCvj6Dlb9cqFxTqtC-BU5sebiw1O3lhL5lJICgP2x85xR6NHbT8gIjyGEKA7vsW4Kh1Lm3s0KANg4NlVEf9kVhg64dZPzYBfQ9yRWi8WQANDiOHvKqJnkLNAHErY7gzL3KTM/s1600/736201_variolavera-1_ff.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="1000" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ3xkjBXtiCvj6Dlb9cqFxTqtC-BU5sebiw1O3lhL5lJICgP2x85xR6NHbT8gIjyGEKA7vsW4Kh1Lm3s0KANg4NlVEf9kVhg64dZPzYBfQ9yRWi8WQANDiOHvKqJnkLNAHErY7gzL3KTM/s320/736201_variolavera-1_ff.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ainsi, "Variola Vera" n'est pas pour le cinéaste un simple film d'horreur, mais une parabole allégorique de la Yougoslavie, qui, en ce début des années 80, affiche les symptômes inquiétants du virus qui, moins de 10 ans plus tard mènera le pays à sa mortelle dislocation. Pour Marković, le pays était déjà malade depuis 1968, année du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Croatian_Spring" target="_blank">Printemps Croate</a>, dont la répression par la force en 1971, précéda de peu l'épidémie de variole de 1972, et sa gestion calamiteuse sur fond de climat délétère et paranoïaque. En 1982, lorsque le film est tourné, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/1981_protests_in_Kosovo" target="_blank">ce sont les Albanais du Kosovo qui viennent de se soulever</a>, suscitant la répression brutale de leurs aspirations identitaires par Belgrade.</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSi-8DH9NQ0J-n5pj6sSKpz7XJMo-WayUIpZJqmHwlu4QplmCCUteA7x1STKKg6W5XVQFSWtS5c2tHn3ERP3DDDE44JWMUWr8fAAdflSZinQIsdBfLRBFNdPxPjh4H5du9gp0HrZPi66E/s1600/Smallpox_PHIL_3278.tif.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1064" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSi-8DH9NQ0J-n5pj6sSKpz7XJMo-WayUIpZJqmHwlu4QplmCCUteA7x1STKKg6W5XVQFSWtS5c2tHn3ERP3DDDE44JWMUWr8fAAdflSZinQIsdBfLRBFNdPxPjh4H5du9gp0HrZPi66E/s400/Smallpox_PHIL_3278.tif.jpg" width="265" /></a></span></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><i>Campagne de vaccination au Kosovo<br /> lors de l'épidémie de 1972.</i></span></span></span></td></tr>
</tbody></table>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">D'aucuns ont d'ailleurs vu dans le fait que ce soit un Albanais musulman qui, dans le film, apporte l'épidémie, une allusion symbolique à ces événements, suggérant qu'un jour le chaos viendrait du Kosovo (et par extension, du "monde islamique"). Interrogé sur cette grille de lecture, Marković se défend d'avoir voulu faire référence à ces incidents, alors récents, et récuse également tout penchant islamophobe latent, rappelant que son film interrogeait la société yougoslave dans sa globalité. Il rappelle aussi que, concernant le point de départ du film, il s'était basé sur la réalité de l'épidémie de 1972, dont le porteur souche était un Kosovar musulman de retour d'un pèlerinage au Moyen-Orient. C'est ce que rapporte Marina Mandić, chercheuse à l'Institut d'Ethnographie de Belgrade, dans "Entre le réel et l'imaginaire: l'épidémie de variole en Yougoslavie à travers le récit cinématographique", passionnante et très complète analyse du film parue en 2019, et qui a grandement servi de matière à ce post. Le document est hélas seulement disponible en serbe (voir liens en fin de post).</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Citant une source scientifique américaine, Mandić rapporte encore qu'en 1972, les responsables de la communauté musulmane de Yougoslavie s'étaient émus du fait que la pratique religieuse (un pèlerinage) puisse être pointée du doigt dans le sens où elle était à l'origine de la contamination. Ils auraient alors prié le porteur-souche de cacher sa maladie, ce que l'intéressé, craignant des "pogroms religieux" (Mandic), fera, contribuant à ce que le mal tarde à être identifié. La chercheuse indique clairement que le film, malgré les mises au point de Goran Marković, agira à sa sortie comme un révélateur des peurs qui sourdaient en sous-sol, en Serbie, envers le monde "albano-islamique". </span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Que l'on déplore ou non ce fait, le film pose quoiqu'il en soit, pour Marina Mandić, la question de cet "autre" culturel, qu'il s'agisse d'une minorité nationale ou des étrangers, et de la menace que cet "autre" incarne dans l'inconscient collectif d'une société donnée. "L'autre" est à la fois la source du danger, mais il devient aussi le catalyseur de nos maux et fantasmes, une fois que le danger qu'il porte éclate et se diffuse. Cet "autre" prend d'ailleurs un visage double pour Mandić. A côté de "l'autre" oriental, islamique, albanais, la Yougoslavie frappée par l'épidémie devient à son tour un "autre", vecteur de danger, pour l'Occident. C'est l'intervention d'un cadre de l'OMS qui, dans le film, sauve la situation, ce qui, pour la chercheuse, ramène ainsi la Yougoslavie dans le giron du monde moderne et civilisé dont le pays s'était temporairement éloigné, risquant de replonger dans un espace-temps arriéré et barbare en laissant une maladie d'un autre âge défier son existence contemporaine.</span></span></span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi43bSEBbQcEKYp5-ZbB4ZBVABorTVl92ZPeF6HjHAjYvfcfjZ4ZDLQNmavs7h_4c2Q_CeyaQQj37QYYP9PcXs8AqMML7x_v3S_sZZrTHv0ulHB4o6jBgPX_yGi4NKWBpSaMW84FCpWLmE/s1600/im07.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="140" data-original-width="235" height="238" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi43bSEBbQcEKYp5-ZbB4ZBVABorTVl92ZPeF6HjHAjYvfcfjZ4ZDLQNmavs7h_4c2Q_CeyaQQj37QYYP9PcXs8AqMML7x_v3S_sZZrTHv0ulHB4o6jBgPX_yGi4NKWBpSaMW84FCpWLmE/s400/im07.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A titre personnel, je pense qu'on peut aussi rapprocher cette question de "l'autre" de la façon dont le film a été et demeure parfois perçu en Occident: d'un côté, exotisation, parfois empreinte de préjugés (l'horreur surferait ici sur le cliché de "l'Est" supposément arriéré et glauque). De l'autre, ignorance complète des sens cachés politiques de l'intrigue par un public peu au fait des réalités du pays, peu politisé et adepte de pop-culture aux allures de grands frissons. Goran Marković rappelle à ce titre le malentendu qu'il eut, lors d'une conférence, avec des étudiants américains en cinéma: ces derniers ne voyaient dans "Variola Vera" qu'un chef-d'oeuvre d'horreur, alors que le cinéaste s'employait, sans grand succès au demeurant, à les rendre attentif à la dimension politique de celui-ci. "L'autre" est ici en quelque sorte nié, ignoré, dans ce qu'il a à dire, et dans ses spécificités, ce qui est une forme d'inversion de l'exotisation, parfois bien intentionnée (égalitarisme), mais qui peut aussi être vectrice de racisme: l'autre nous est identique, donc il n'existe pas pour ce qu'il est. </span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Enfin, il faut relever une troisième perception de "l'autre" encore, celle du réseau du cinéma d'art et d'essai, qui, autrefois, programmait "Variola Vera" dans des cycles de cinéma yougoslave, justement et exclusivement à cause de son propos politique, et très peu pour sa dimension horrifique, respectant de fait les intentions de Marković. Dans ce dernier cas, "l'autre" se résumait aux dissidences intellectuelles et aux problématiques politiques de l'Europe de l'Est d'antan. Ce n'était pas en soi négatif de montrer le travail des artistes et intellectuels souvent critiques envers les régimes en place, au contraire. Ce relai était important et parfois vital pour eux. Mais cet "autre" en devenait volontiers idéalisé, comme si chaque citoyen de "l'Est" était systématiquement un courageux opposant, aspirant avec impatience à la démocratie libérale et au bonheur capitaliste. Cet "autre", intellectuel et idéalisé, a été la raison de nombreux malentendus Est-Ouest, une fois que l'euphorie post-chute du Mur de Berlin vint mourir <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89meutes_de_Rostock" target="_blank">dans les feux de foyers d'immigrés de Rostock</a> et sur les ruines de Vukovar. Un malentendu d'autant plus tenace que certains de ces dissidents, loin d'être ces courageux démocrates progressistes et lettrés, se révélèrent être des parangons de conservatisme détestable, ou bien s'affirmèrent en complices dociles et aveugles des aventures économiques, et guerrières, de l'Occident...</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans le film, l'élite intellectuelle et politique, moralement corrompue et professionnellement incompétente, minimise la gravité de la situation, puis cherche à sauver sa peau. Dans la Yougoslavie du début des années 80, le cinéma, les arts en général, de par leur capacité à ressentir la réalité dans ses recoins les plus obscurs, poseront à travers leurs créations des questions inquiètes à la société comme au pouvoir. Les années 80 sont une décennie de cinéma, au mieux aigre-doux (ex: les premiers Kusturica), au pire carrément angoissé (ex: "<a href="https://www.imdb.com/title/tt0087898/" target="_blank">Paysages dans le brouillard</a>", plongée glaçante et quasi documentaire dans l'enfer des toxicomanes belgradois). Une décennie qui voit naître <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2011/05/in-laibach-we-trust.html" target="_blank">Laibach</a> et ses miroirs grossissants de l'ère du temps, <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2019/10/le-herisson-heretique.html" target="_blank">et où se suicide Branko Copic</a>, pour citer quelques exemples abordés dans ce blog. Une décennie où la société, minée par une crise économique grave, doute, tout en aspirant pourtant à davantage de liberté, mais aussi à une redéfinition du "pacte yougoslave". Une redéfinition où, bientôt, l'égoïsme succédera à la générosité, et où l'intransigeance balayera le sens du compromis. Face à ces questionnements inquiets, qui se muent en fissures bientôt irréparables, les élites minimiseront ou nieront la gravité des faits, continuant de scander les mantras creuses du régime et de cultiver ses mythes dévitalisés. Puis, quand la crise sera ouverte, ils chercheront à sauver leur peau sans se préoccuper des malades, qui soigneront leur pathologie avec les armes que l'on sait.</span></span></span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW05XWWKmpu7VVJAfkmbZ1nOJMwm-1a8ayBl_K3jmSHw0T4xEe9nolStbmkmQlZ0I9Ii05SxygjyayC3mvO0Q2YOwpxwQae2D3j4_4uJGFCA5-sYFfe1X2PV5ajkURxG1zWC1FAir53v4/s1600/im02.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="139" data-original-width="235" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW05XWWKmpu7VVJAfkmbZ1nOJMwm-1a8ayBl_K3jmSHw0T4xEe9nolStbmkmQlZ0I9Ii05SxygjyayC3mvO0Q2YOwpxwQae2D3j4_4uJGFCA5-sYFfe1X2PV5ajkURxG1zWC1FAir53v4/s1600/im02.jpg" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avec un sens certain de la prémonition, "Variola Vera" portait en lui les germes allégoriques du mal qui, bientôt, déferlerait dans le pays. La flûte, brandie à la fin, était le signal que le happy-end n'était que temporaire. On aurait tort pourtant de voir dans ce film une simple critique du régime et de la société yougoslaves ou une prédiction autocentrée des guerres à venir, en se disant que que ce qu'il dit est daté et ne nous concerne pas. Derrière les possibles "exotismes" que nous avons relevés, ou simplement derrière son ancrage dans le contexte yougoslave de l'époque, le film possède une large part d'universel et d'intemporel. </span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Toute ressemblance avec des faits d'actualité présente n'est pas pure coïncidence...</span></span></span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUBp8sdJpoNDS633kDmqObnuVvxcitL0-CMCErRWfu18A4gLNCxeRCSP-LGhBeMQ8k3c5mqk7TspxZ3VW2EUL-w9dlmizFZFLeDmR4yAeyhyphenhyphenXMxe0aNSV6W08gKLfd9DhcjFcYnij231o/s1600/ob_fe6035_j8tpavh8g2fnauvzqhc67b9ovej.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="469" data-original-width="780" height="192" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUBp8sdJpoNDS633kDmqObnuVvxcitL0-CMCErRWfu18A4gLNCxeRCSP-LGhBeMQ8k3c5mqk7TspxZ3VW2EUL-w9dlmizFZFLeDmR4yAeyhyphenhyphenXMxe0aNSV6W08gKLfd9DhcjFcYnij231o/s320/ob_fe6035_j8tpavh8g2fnauvzqhc67b9ovej.jpg" width="320" /></a></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je vous laisse faire le tri entre ce qui est relaté dans ce post et ce que nous vivons actuellement. Si vous comprenez le serbo-croate, et que vous n'êtes pas du genre sensible, rien de telle qu'une petite projection privée de "Variola Vera", via <a href="https://www.youtube.com/watch?v=nyERxNV7fSY" target="_blank">Youtube</a>, pour meubler le confinement, que, bien-sûr, vous pratiquez scrupuleusement, parce que ça reste la meilleure précaution pour vous et pour les autres, et que ça peut aider à limiter la casse.</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ne vous inquiétez pas, ça ne va pas durer! Dans quelques semaines, ou au pire dans quelques mois, l'épidémie de Coronavirus sera vaincue. Comme après un film d'horreur, on se dira qu'on a eu peur, et on frissonnera même d'un petit spasme nerveux, mais rigolard, en se disant que, quand même, on en a fait des tonnes et que ce n'était pas si grave! Et très vite résonneront à nouveau les petits airs connus qui rythment nos sociétés modernes, globalisées et invincibles. Des petits airs connus qui seront joués sur cette flûte finale, que ceux qui nous gouvernent, mais aussi bon nombre d'entre nous, ont retiré in extremis des flammes de l'interminable incendie qui consume ce monde...</span></span></span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNVRdnYKFlTDiSDo1RhazaL2zlPZINwNJQJrHQWtIH7rvxnn0KCuJNOo_PMDi5xeFE0AEhW2uA-wr1KpTrBVpI6RTuO1r2W00vhGDLouDDlcas4rL7JKsRMTpX_4cTxd-bJoSPHDHXRYA/s1600/im06.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="139" data-original-width="235" height="188" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNVRdnYKFlTDiSDo1RhazaL2zlPZINwNJQJrHQWtIH7rvxnn0KCuJNOo_PMDi5xeFE0AEhW2uA-wr1KpTrBVpI6RTuO1r2W00vhGDLouDDlcas4rL7JKsRMTpX_4cTxd-bJoSPHDHXRYA/s320/im06.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Prolonger / sources de ce post:</b><br /> </span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- <a href="https://www.eap-iea.org/index.php/eap/article/view/965/872" target="_blank">"Entre le réel et l'imaginaire: l'épidémie de variole en Yougoslavie à travers le récit cinématographique"</a>, Marina Mandic, Institut d'Ethnographie de Belgrade. En Serbe.<br /><br />- <a href="http://templeofghoul.blogspot.com/2013/06/" target="_blank">Interview de Goran Markovic à propos de "Variola Vera"</a>, par l'excellent blog serbe The Temple Of Ghoul, dédié au fantastique et au film d'horreur. Le blog, et son double en serbe, <a href="http://cultofghoul.blogspot.com/" target="_blank">The Cult of Ghoul</a>, sont animés par le chercheur et écrivain <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Dejan_Ognjanovi%C4%87_(author)" target="_blank">Dejan Ognjanovic</a>, un des meilleurs spécialistes du fantastique et de la SF dans le domaine linguistique serbo-croate.</span></span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />- <a href="https://www.espreso.rs/kultura/film/525099/variola-vera-gorana-markovica-strava-jeza-film-katastrofe-studija-karaktera-drustvena-kritika" target="_blank">Article en serbe du journal Espreso.rs </a>qui revient sur la parution en 2017 en Serbie, de l'ouvrage "Variola Vera, le virus, l'épidémie et les gens" de Zoran Radovanović, qui porte sur les faits de 1972, et dont Goran Marković a rédigé l'avant-propos.</span></span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"></span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-37256080900255345972019-11-10T12:27:00.001+01:002019-11-11T23:18:53.387+01:00LES MURS SONT ETERNELS <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0zPd-wG0fkWC8Ua4e-iAr0ohyoDVP_JrREPboG27v0jdIWsGESAZhmzs5iHoFLafTgi_wHcxOJ8DakQL2gd1DAgxtZv2TDiYJgc7XJK7-laQrMsFlyzYNoqZmsqFEmC3LGJBhgsb19Ow/s1600/mauerbrocken100_v-contentxl.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="1067" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh0zPd-wG0fkWC8Ua4e-iAr0ohyoDVP_JrREPboG27v0jdIWsGESAZhmzs5iHoFLafTgi_wHcxOJ8DakQL2gd1DAgxtZv2TDiYJgc7XJK7-laQrMsFlyzYNoqZmsqFEmC3LGJBhgsb19Ow/s400/mauerbrocken100_v-contentxl.jpg" width="400" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Aujourd'hui nous nous souvenons de toi, petit ange parti trop tôt. Et toi, tu te souviens? Tu étais fier et droit. Imposant et minéral. Froid et ferme. Tu nous protégeais des méchants qui étaient de l'autre côté de toi, de chaque côté. Tu devais durer 100 ans, mais "ils" t'ont détruit, et plus rien n'est comme avant. Tu nous faisais peur, de part et d'autre de toi-même, mais tu organisais nos vies, et c'était simple.</span></span></span><br />
<a name='more'></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikq8wbSUrski24zVsKX1nv_k2qmtauwONAUioEz1coEQhEiJRMaynzz8fRUhqUiwwwjWHPjUuhtO7b8r-O69f8_e_xq-zJ71i1TO2Yrveb34arxXAuGO-svfRJCXe1tuOBf1v8lCi56z4/s1600/mauerleervor.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1084" data-original-width="1488" height="291" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikq8wbSUrski24zVsKX1nv_k2qmtauwONAUioEz1coEQhEiJRMaynzz8fRUhqUiwwwjWHPjUuhtO7b8r-O69f8_e_xq-zJ71i1TO2Yrveb34arxXAuGO-svfRJCXe1tuOBf1v8lCi56z4/s400/mauerleervor.jpg" width="400" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Aujourd'hui, c'est beaucoup plus compliqué. Parce qu'on est libre, tu sais, et la liberté, c'est quelque chose de très compliqué. Enfin, d'ailleurs, c'est pas vraiment la liberté qu'on a depuis que tu n'es plus là. C'est un autre truc, mais très proche, et, il paraît, même mieux. Comment ils disent, déjà, ceux qui ont gagné sur toi? Ah oui, le libéralisme. Ca ressemble à la liberté. Il y a le mot "libre" dedans. Etymologiquement, c'est la même racine. Les gens qui ont gagné sur toi, ils disent souvent "moins d'égalité, plus de liberté", parce que la liberté, c'est sacré, et l'égalité, ça freine la liberté, parce qu'on ne peut pas être tous pareils, parce que si on est pareil, comme à l'époque d'un côté de toi, ça veut dire qu'on n'est pas libre !</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Ceux qui ont gagné sur toi, il faut que je t'explique tout de suite qui c'est. C'était pas du tout les gens qui voulaient que tu tombes, parce qu'ils en avaient marre du PQ qui gratte et irrite les fesses, ou parce que tu les empêchais de voir Michael Jackson en concert. C'était pas non plus les gens qui voulaient juste t'enlever mais garder tout le système du boulot pour tout le monde, de l'école gratuite, de la sécurité sociale, </span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">d'une certaine solidarité, </span></span></span>des femmes qui pouvaient travailler pendant qu'on garde leur gamin, des gamins qu'elles avaient le droit de pas vouloir garder si elles tombaient enceinte, tout ça... Ces gens, ils voulaient juste améliorer en fait la vie derrière toi, en t'enlevant. Mais c'est pas eux qui ont gagné sur toi. Ceux qui ont gagné sur toi, c'est ceux qui ont attendu que tous ceux dont je viens de parler, ils mouillent leur chemise, qu'ils se fassent taper dessus par la méchante police du côté pas libre de toi, ou bien qu'ils se barrent en masse en passant par la Hongrie qui commençait à te démonter. </span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Comme ça, c'était plus simple, chacun a pris équitablement sa part du boulot. Et quand ceux qui ont mouillé leur chemise et pris des coups de matraque ont réussi à faire que tu tombes, ceux qui ont gagné sur toi, ils sont venus et ils ont dit: "le capitalisme a détruit le rideau de fer, le capitalisme l'a emporté sur le communisme!". Comme ils parlaient avec beaucoup d'emphase, qu'ils étaient bien habillés, et qu'on était tous bourrés sur la Place Venceslas ou sur Friedrichstrasse, tout le monde les a cru quand ils ont dit ça: ils ont alors pu venir avec leurs devises, <strike>liquider</strike> investir dans l'économie, apporter le bonheur, et vendre du PQ qui sent la rose citronée et caresse les fesses pendant que la radio elle passe Michael Jackson. </span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br />Du côté ex-pas libre de toi, beaucoup de gens ont perdu leur travail, ou aussi leurs repères. Parfois c'est même pire quand tu perds tes repères que quand tu perds ton travail, parce que tu ne sais plus qui tu es, d'où tu viens, où tu vas, pourquoi tu fais ça, etc. Mais les gens qui ont gagné sur toi ont dit que tout ça c'est pas grave parce qu'on ne peut pas arrêter la marche de l'histoire, et que maintenant les gens qui étaient pas libres sont libres, et ça, c'est le plus important, parce que pas être libre c'est terrible. Ils ont dit que les gens qui ont perdu leurs repères, ils doivent arrêter d'être perdus, de se plaindre tout le temps, et de dire que quand tu étais là, il y avait des choses bien quand même, parce que dire qu'il y avait des choses bien, ça veut dire qu'on est complice de Staline et des millions de morts qu'il a tué en masse, ou qu'on regrette la STASI, et ça, c'est pas bien du tout, parce que ça veut dire qu'on est pas prêt pour être libre. C'est pour ça que parfois, on dit que les gens qui étaient du côté pas libre de toi, ce sont des ploucs un peu retardés, et qu'ils ont pas d'expérience démocratique. C'est pour ça qu'ils arrivent pas bien à être libres...</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Mais aujourd'hui, on n'a pas tellement le temps de réfléchir à tout ça, si c'était bien ou pas avant, s'il aurait fallu faire autrement, et si les gens qui ont gagné sur toi, ils ont pas un peu exagéré leur rôle et s'ils ont pas merdé sur certains trucs... On n'a pas le temps de réfléchir, parce que tu sais, on est libre. Et être libre ça prend beaucoup de temps: par exemple, ça prend beaucoup de temps d'étudier si on prend plutôt un forfait 4G avec SMS illimités ou si on préfère la box qui te garantit la portabilité de ton ancien numéro avec lequel tu peux appeler tous les week-ends en illimité aussi. Ou alors, on doit bien réfléchir si on prend plutôt l'avion ou le TGV pour le week-end à Barcelone. Dans le premier, c'est très rapide mais on est entassé avec des pauvres, parce que l'avion, c'est devenu pas cher du tout. Les pauvres, ils sont sales, vulgaires et ils parlent fort. Dans le second, c'est rapide aussi, mais un peu moins quand même, mais tu peux voyager avec des gens comme ceux qui ont gagné sur toi, qui bossent sur leur laptop pendant tout le voyage, et c'est calme. Surtout si tu prends la liberté de choisir la première classe pour juste 10 euros de plus. Il y a aussi le bus, ça permet d'économiser une nuit d'hôtel parce que tu pars à Barcelone à 1h45 du matin et tu peux dormir dans le bus, mais tu voyages aussi avec des gens pauvres qui sentent la transpiration. <br /><br />Alors il faut bien étudier, comparer. Et puis il faut réfléchir si Prague, c'est quand même pas mieux que Barcelone. Et il faut bien réfléchir si c'est pas mieux le Air BnB à Poble Sec que dans le Barri Gotic, parce que c'est moins cher à Poble Sec. Le prix c'est toujours important, parce que la liberté, les gens qui ont gagné sur toi le disent souvent, c'est d'avoir toujours le meilleur prix. Ca dynamise tout un "écosystème" qui se régule lui-même, sans qu'on ait besoin d'agir dessus, comme ça, on a du temps libre pour d'autres choses, et on peut bien étudier les offres qui font vivre l'écosystème. C'est comme ça pour tout, il faut tout bien étudier et bien réfléchir: aussi pour l'électricité, le gaz, la complémentaire santé, l'écran plasma, l'enceinte blue-tooth... Aussi pour les études, il faut bien choisir ce qu'on veut faire, et il faut prendre une école qui est bien notée, de préférence privée, parce que quand c'est privé tu as la liberté de choisir. Comme on est libre de choisir, alors il faut prendre le temps de bien peser le pour et le contre de chaque chose. On est entrepreneur de notre vie, maintenant. C'est ça qui est compliqué, mais comme tu n'es plus là, on doit faire sans toi. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">En fait, il y a encore un peu des gens qui se battent pour une partie de ce que tu protégeais à l'époque, et qui était pas mal d'un côté de toi, si on fait abstraction de la police qui tape et torture, et du parti unique: la sécu, le travail, la solidarité, tout ça... Mais ces gens, excuse moi d'être vulgaire, ils sont surtout occupés à faire des concours de bites en ce moment: ils regardent qui bande le plus à gauche et qui a la plus grosse. A cause de ça, ils se disputent tout le temps, parce qu'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord, il y a trop de choses qui les divisent, qu'ils disent, et que c'est irréconciliable, qu'ils disent aussi. Pourtant, quand tu regardes même distraitement, tu vois que oui, il y a 2-3 choses qui les divisent, mais qu'il y a aussi beaucoup de choses qui les rapprochent, mais eux, ils regardent surtout ce qui les rapproche pas, et comment l'autre qui est d'accord avec eux sur beaucoup de choses, il a quand même franchi des lignes rouges, et ça, la ligne rouge, c'est un truc qui fait que c'est irréconciliable. Ils pensent pas du tout non plus que les différences, c'est aussi une richesse, et que ça peut permettre de rassembler plus de monde si on arrive à se concentrer sur ce qui rapproche. Ca aussi c'est irréconciliable derrière la ligne rouge. Alors ils vont tous séparément se battre contre ceux qui ont gagné sur toi, et ça sert à rien, c'est ridicule, et ceux qui ont gagné sur toi, ils gagnent aussi sur eux, tout le temps. <br /><br />A cause de ça, on reste libre d'être apathique, dégoûté et cynique.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Ca tombe bien, parce que depuis que tu n'es plus là, ceux qui ont gagné sur toi, ils ont inventé des trucs qui nous permettent d'être libres et en même temps apathiques, tout en étant libre de ne pas nous en rendre compte. Non, c'est pas la télé qui existait déjà quand tu étais là et disait de part et d'autre de toi ce qu'on devait penser! La télé existe toujours, mais aujourd'hui, c'est devenu tellement compliqué d'être libre de choisir dans le bouquet de 80 chaînes, et entre la microfibre et le satellite 5G, que c'est pas de ça que je veux te parler. Il y a un autre truc beaucoup plus puissant que la télé. Tiens, c'est marrant, au début, ça s'appelait un mur comme toi, mais aujourd'hui on dit "timeline", parce que ça vient des Etats-Unis, et aux Etats-Unis on parle anglais. Quand on utilise un mot anglais, ça veut de toute façon dire que c'est mieux, et qu'on est libre, puisque les Etats Unis, c'est le leader du monde libre par excellence.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Et donc le mur inventé par ceux qui ont gagné sur toi, c'est un truc sur lequel on peut écrire, poster des photos, dire tout ce qu'on pense. C'est un truc où on peut vraiment tout dire, puisqu'on est libre, on peut même dire que les pédés sont des malades mentaux et que les juifs gouvernent le monde, même si c'est prouvé que c'est pas vrai, et que c'est pas gentil de dire pédé. C'est ça la liberté d'expression! Attention à ne pas interdire de dire des bêtises ou des choses pas gentilles, comme au temps où tu étais là, et que les gens d'un côté de toi n'avaient pas le droit de dire des choses, parce que sinon, ils allaient en prison, ou au Goulag. Les gens qui ont gagné sur toi disent que c'était terrible, le goulag, alors il faut laisser dire aux gens les choses, parce qu'en plus, ça génère du trafic, et plus il y a du trafic, plus l'algorithme, il s'agite, et les annonceurs sont contents (tu sais, les annonceurs font partie de l'écosystème qui se régule tout seul dont je te parlais plus haut. Il ne faut surtout pas perturber ces gens là, sinon les marchés ne sont plus rassurés, et ça, c'est très grave!). En plus, on peut récolter des "likes" et des commentaires et ça, ça fait aussi beaucoup de trafic. Comme ça, on devient un "influenceur", une sorte de personne plus libre que les autres, puisqu'elle les influence, et que les gens ils sont libres d'être influencés. <br /><br />Le mur/timeline c'est aussi un truc très pratique pour les gens qui ont gagné sur toi, parce que les utilisateurs du mur attendent les likes et les commentaires, et ils répondent. Ca prend du temps d'attendre les likes, les commentaires, puis de répondre. Tu peux pas lire un livre et attendre les likes et les commentaires, puis répondre! Et le like, c'est mieux qu'un salaire: le type qui a plein de like, il est tellement fier, parce que souvent, il a jamais eu un tel succès ailleurs! En tout cas, comme ça, les gens, ils sont occupés, et ils ne pensent pas à poser des questions qui dérangent aux gens qui ont gagné sur toi, et encore moins à descendre dans la rue ou à bloquer des usines, parce que les gens qui ont gagné sur toi, ils sont en train de terminer de ce côté le boulot commencé du côté ex-pas libre de toi quand tu es tombé. Mais heureusement, les gens n'ont pas besoin de bloquer les usines ou de faire la grève puisqu'ils ont la liberté de poster sur le mur qu'il y a une manifestation au Chili ou que même, il suffit de mettre une photo avec "grève" écrit dessus sur le mur et de rien publier pendant une heure. Et sur le mur, les gens ont le droit de dire que les gens qui ont gagné sur toi sont très méchants et qu'il faut faire quelque chose contre eux. Quand c'est posté, les autres ont la liberté de liker et de dire que c'est vrai, que ça peut plus durer, que faut vraiment faire quelque chose, que l'apathie c'est plus possible, et comme ça, ça fait le boulot. Ca économise de devoir mouiller sa chemise, de se faire taper, comme les gens qui voulaient t'enlever et juste améliorer le système que tu protégeais, dont je parlais plus haut. </span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Pour finir sur le mur qui s'appelle timeline, comme tout le monde est libre de dire ce qu'il pense et de montrer tout ce qu'il fait, tout le monde est libre de savoir tout sur tout le monde. Fini les cachotteries et les petits secrets, de toute façon, si on n'a rien à se reprocher on n'a rien à cacher, c'est ça qui est formidable, quand on est libre! Comme ça, on peut tous se surveiller et vérifier que chacun reste bien libre de tout dire et tout montrer. On peut même savoir si la personne a regardé ou pas le message qu'on lui a envoyé en inbox, une espèce de boîte derrière le mur: comme ça, si elle l'a vu, mais qu'elle répond pas, on peut la <strike>harceler</strike> relancer, ou déduire que c'est vraiment un(e) sale con(e), alors qu'il/elle avait la liberté d'avoir la politesse de nous répondre, puisqu'il/elle savait qu'on verrait qu'il/elle a vu. Grâce à ça, on est aussi libre d'être viré de son boulot si on a pris la liberté d'écrire sur le mur que notre patron est un gros con. On est aussi libre d'avoir une fiche S qui donne la liberté d'avoir plein d'ennuis avec la police, si par exemple dans un moment de colère qu'on a été libre de ressentir, on a été libre d'avoir écrit sur le mur que les gens qui ont gagné sur toi sont tellement arrogants qu'ils font parfois regretter la Bande à Baader ou la guillotine. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">D'ailleurs, depuis que tu n'es plus là, on est libre d'être mieux surveillé partout et tout le temps. Le téléphone portable qu'on est libre d'être obligé de posséder pour le travail ou pour plein de choses pratiques, non seulement il nous donne la liberté de pouvoir être joint partout et tout le temps, mais aussi il nous écoute. Comme ça, il peut nous proposer des offres bien ciblées, et on ne perdra pas le temps avec des offres pas ciblées. Comme ça on restera libre de pouvoir bien prendre le temps d'étudier les offres ciblées pour nous, et l'écosystème, il pourra continuer à se réguler tout seul, et les marchés, ils seront rassurés.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Grâce à ça, la police elle est aussi libre de savoir plus facilement ce qu'on est libre de penser, surtout si on est contre les gens qui ont gagné sur toi, et qu'on connaît d'autres gens qui sont contre eux, et qui mouillent leur chemise pour de vrai dans des grèves ou des blocages, et qui se font taper par la police. C'est rigolo, les gens qui ont gagné sur toi ont quand même beaucoup pris des choses du temps où tu étais là, et du côté pas libre de toi, par exemple les caméras de surveillance partout, les fiches S dont j'ai parlé qui ressemblent un petit peu aux dossiers de la STASI, les informateurs qui sont libres de dénoncer les gens "qui partagent pas notre mode de vie"...En plus, ils ont amélioré les choses, comme par exemple la reconnaissance faciale ou le projet de nous donner la liberté de ne plus être anonyme sur les timelines. Tout ça nous rappelle un peu le temps où tu étais là. <br /><br />D'ailleurs, ça commence à ressembler au temps ou d'un côté de toi, les gens se faisaient arrêter, taper ou torturer par la police. Les gens qui ont gagné sur toi ont inventé plein d'armes, que, si les gens qui te gardaient à l'époque les avaient eu, peut-être que tu serais encore là. Quoique, à l'époque, les gens qui ont gagné sur toi, avant de gagner, ils protestaient solennellement quand la police, du côté de toi où ça tapait sur les gens, elle tapait trop fort, ou qu'il y avait des morts, ou des gens en prison. Du coup, la police du côté de toi où elle tapait et torturait, elle devait quand même pas aller trop loin, à cause de l'image. Ou alors, il fallait le faire discrètement. Aujourd'hui, c'est fini, les gens qui ont gagné sur toi, personne ne leur dit quand ça va trop loin et qu'il y a des morts ou des gens en prison, parce qu'ils n'ont pas de leçons à recevoir, puisqu'ils ont gagné sur le côté de toi où les gens n'étaient pas libres, et que maintenant les gens sont libres, et que donc on peut pas mettre tout sur le même plan.</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">D'ailleurs, c'est marrant, les murs n'ont pas disparu avec les gens qui ont gagné sur toi. Ca aussi, c'est un truc compliqué dans la liberté libérale avec son écosystème qui se régule tout seul. Il y a plein de murs partout, mais on ne les voit pas. Ce sont des murs invisibles que les gens qui ont gagné sur toi ont mis un peu partout: des trucs comme les diplômes, la rémunération, le niveau culturel, le quartier, les cotations boursières, et plein d'autres choses encore. Comme ça, ça leur permet de rester entre eux, et de continuer à faire leurs petites affaires. Mais ça ne suffit pas, ils mettent aussi des murs entre nous qui ne sommes pas comme eux, comme ça, on devient jaloux du mec qui est derrière notre mur, parce que les gens qui ont gagné sur toi disent que ce mec, il fout rien et qu'il reçoit du fric, alors que nous on se lève tôt et on bosse pour une misère... Comme ça, on devient tous irréconciliables, nous aussi.</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Et pour finir, ils mettent quand même des vrais murs, comme toi, si besoin. Ca nous rappelle le bon vieux temps. Il y en a dans beaucoup d'endroits dans le monde, et la liste serait très longue à énumérer. Il faut être juste et honnête, c'est pas toujours les gens qui ont gagné sur toi qui les mettent, comme en Corée du Nord, où c'est des gens qui revendiquent aussi un côté pas libre, comme toi à l'époque, qui gardent le mur. Il y a aussi des vrais murs comme toi dans des pays, où les gens, ils peuvent pas se supporter, et donc, pour les protéger les uns les autres, on met un mur. Comme ça, on n'est pas obligé de régler le problème, mais au moins c'est la paix. On dit alors que c'est un "conflit gelé". C'est très pratique, un conflit gelé, parce que les gens, tu les laisse libres de se détester si ça les chante, mais simplement tu demandes qu'ils se tapent pas dessus, et qu'ils vivent chacun de leur côté. C'est là qu'on retrouve les gens qui ont gagné sur toi, parce qu'ils sont jamais très loin, tu sais. Une fois que le conflit est gelé, ils peuvent finalement venir et faire des affaires qui permettent à l'écosystème de bien se réguler tout seul de chaque côté de là où les gens peuvent pas se supporter. </span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br />Chez nous, là où tu nous coupais en deux à l'époque, les vrais murs sont maintenant aux frontières de ce qui s'appelle l'Union Européenne. Tu sais, c'est ce truc que les gens qui ont gagné sur toi ont créé pour que l'écosystème se régule mieux et tout seul, et qu'ils appellent souvent plus simplement "l'Europe": comme ça, ils rappellent bien que l'Europe, c'est seulement l'endroit des gens qui ont gagné sur toi, pas les autres endroits en Europe qui doivent encore faire des efforts pour rentrer "dans l'Europe" et être libres comme nous. Ces murs aux frontières de "l'Europe", ça nous protège des gens qui "n'ont pas notre mode de vie" que j'ai déjà évoqué, puisque depuis peu, on doit les surveiller nous mêmes, afin de rester bien libres entre gens irréconciliables, mais qui partagent le même mode de vie. <br /><br />Ces gens veulent venir chez nous parce que chez eux, ils trouvent que c'est tout pourri, que y'a pas d'argent, de sécu, de travail, et même parfois pas de PQ, même qui gratte, ni de radio pour écouter Michael Jackson. Et souvent la police sur place les tape et les torture pour un oui ou pour un non. Et personne ne dit rien solennellement, comme à l'époque contre le côté pas libre de toi, parce que pendant que la police tape et torture, les gens qui ont gagné sur toi gagnent aussi là bas, avec leur plates-forme pétrolière, où ils n'ont pas besoin de payer des taxes. Chez les gens irréconciliables aussi, il y en a certains qui ne disent rien si la police tape et torture là-bas, parce que cette frange des gens irréconciliables, elle pense que le pouvoir qui dit à la police de taper et de torturer, il résiste à l'impérialisme américain, et ça c'est une ligne rouge chez ces gens irréconciliables qui fait que justement c'est irréconciliable avec les autres qui ont aussi leurs lignes rouges. Mais je m'égare... Je voulais dire que les gens qui ne partagent pas notre mode de vie qui veulent venir chez nous parce que c'est mieux, ça veut dire quand même qu'en réalité, ils connaissent un peu notre mode de vie, puisqu'ils pensent que ce mode de vie est mieux que le leur. Ca veut dire qu'ils partagent un peu notre mode de vie, alors c'est bizarre de dire qu'ils le partagent pas. En fait, dire qu'ils ne partagent pas notre mode de vie, ça aussi, ça permet aux gens qui ont gagné sur toi de créer encore un mur invisible de plus. Ca fait encore que nous, on se concentre sur ceux qui ne partagent pas notre mode de vie, au lieu de nous concentrer sur ceux qui ont gagné sur toi. Comme ça, les gens qui ont gagné sur toi, ils restent au pouvoir, l'écosystème, il continue de se réguler tout seul, et nous on reste libre de tout ce que je t'ai raconté dans ce post.</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Tous ces murs invisibles que les gens qui ont gagné sur toi mettent en place partout, ça fait que finalement, tu ne nous manque pas trop. Comme toi autrefois, tous ces petits murs organisent nos vies et donc c'est simple, finalement. C'est pour ça d'ailleurs que rien ne va changer, et que les gens qui ont gagné sur toi, ils vont toujours gagner sur tout. Parce que nous, comme les vopos qui te gardaient farouchement à
l'époque, on préfère
garder farouchement tous les petits murs, invisibles ou non, qu'ils ont mis entre nous: parce qu'aujourd'hui, les murs qui nous séparent des autres, c'est souvent la
seule chose qui nous reste...</span></span></span><br />
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1KzN-wu9DLKFefN0Ih-w-MU8xFLyqItIn26Lk4Djz8Nyu-3iLV34KYngXW6Pa56HkwIAIP9lxHRzI0AtfDRGYYq23gC2f5YXhqf4bMOBzcyHARzLhakdQjWt1CHlTTqcWb_j7a9D7LbQ/s1600/Hongrie.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="1000" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg1KzN-wu9DLKFefN0Ih-w-MU8xFLyqItIn26Lk4Djz8Nyu-3iLV34KYngXW6Pa56HkwIAIP9lxHRzI0AtfDRGYYq23gC2f5YXhqf4bMOBzcyHARzLhakdQjWt1CHlTTqcWb_j7a9D7LbQ/s400/Hongrie.jpg" width="400" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>Ce post spécial "le mur: 30 ans après" est aussi un petit clin d'oeil amical à <a href="https://www.facebook.com/jeanluc.florin.1" target="_blank">Jean-Luc Florin</a>, dont les
publications sur facebook se situent dans un esprit similaire à celui-ci, et dont la lecture est une délectation à chaque fois. </i></span></span></span></div>
<span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-27546915066840240992019-10-27T15:43:00.001+01:002019-10-27T18:56:45.287+01:00LE HERISSON HERETIQUE<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKl_bO98eKSUjLP0FsiyvUSTqNZe-MaN6Xvw_H0-VmUCmCIuahAZ-CP5U3BT3eq8T2fQfhtIh5FpjqF2lXF5GMz__w7m5p2h4jPQjvbzG-53ubxz5RFU6MHu3Z_WWG2teY19Z7Zkwyvh8/s1600/Jezeva+Kucica+%25281%2529.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="397" data-original-width="620" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKl_bO98eKSUjLP0FsiyvUSTqNZe-MaN6Xvw_H0-VmUCmCIuahAZ-CP5U3BT3eq8T2fQfhtIh5FpjqF2lXF5GMz__w7m5p2h4jPQjvbzG-53ubxz5RFU6MHu3Z_WWG2teY19Z7Zkwyvh8/s320/Jezeva+Kucica+%25281%2529.jpg" width="320" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il y a 70 ans, en 1949, sortait en Yougoslavie "Ježeva Kučica", livre culte de l'écrivain <span style="color: #e06666;"><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Branko_%C4%86opi%C4%87" target="_blank">Branko Copic</a></span> (prononcer respectivement "Yèjèva Koutchitsa" et "Brann'ko Tchiopitch"). <br /><br />"La petite maison du hérisson" est une fable morale pour enfants, écrite en vers dans un style entre poésie épique et légende populaire.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'histoire conte un épisode de la vie de Ježurka Ježić (prononcer Yèjourka Yèjitch), hérisson flegmatique, vivant modestement dans sa tanière au coeur de la forêt, une tanière que, pour rien au monde, il ne quitterait. Hérisson se dit jež en serbo-croate (prononcer yèj), et le nom du héros est donc une construction, intraduisible, autour de ce mot racine (on pourrait tenter un "Héri Le Hérissonnet").</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'intrigue commence avec la lettre que le lapin-facteur apporte à Ježurka, une lettre envoyée par la "renarde" (lisica, prononcer "lissitsa", "renard" en serbo-croate, est un mot féminin dans cette langue), qui l'invite à déjeuner chez elle. Invitation acceptée sur le champ par notre hérisson. Les deux personnages s'échangent de nombreuses politesses et bons mots, et font bonne chère. </span></span></span><br />
<a name='more'></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKqQB3C6PCVY7iXpm1uprKKRFBIW2f35qNSeyGUZSdGsnuSN6AWFM43FX4ce89j6VuzjX3wGcdUn9irU3l6KAX4KQPNUC73pglSVrsgGCACAeztimIlMjUHhvFrBiAHPGbwNmKlVjlviE/s1600/Jez+i+lija.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="203" data-original-width="300" height="270" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKqQB3C6PCVY7iXpm1uprKKRFBIW2f35qNSeyGUZSdGsnuSN6AWFM43FX4ce89j6VuzjX3wGcdUn9irU3l6KAX4KQPNUC73pglSVrsgGCACAeztimIlMjUHhvFrBiAHPGbwNmKlVjlviE/s400/Jez+i+lija.jpg" width="400" /> </a></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzxm8mAR68BXowZYsPrFllP5upgPjSqmiolezIWSler_1USCr9HFkIjVMUCG6lOgDN__2pYJqSbqjlVMenjTODtT-qNad4W5oxo8X-3MWwnz6Cv6BfBjPqTFOmfTvNww3xVJ1lyM8s11I/s1600/Jezeva+Kucica+%25282%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="438" data-original-width="620" height="282" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzxm8mAR68BXowZYsPrFllP5upgPjSqmiolezIWSler_1USCr9HFkIjVMUCG6lOgDN__2pYJqSbqjlVMenjTODtT-qNad4W5oxo8X-3MWwnz6Cv6BfBjPqTFOmfTvNww3xVJ1lyM8s11I/s400/Jezeva+Kucica+%25282%2529.jpg" width="400" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vient la nuit et le hérisson se lève pour repartir, quand la renarde lui propose de rester dormir. Refus de Ježurka qui, droit dans ses bottes, insiste de rentrer chez lui, expliquant que rien n'est plus agréable que sa maison, qu'il a hâte de retrouver. Et le hérisson de repartir en pleine nuit, sous la lune brillante qui lui sert de lumière, pour regagner sa demeure. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-S1pMB0sLOb_zs-llqzcS6dIgzYnuDMql_dntvv6BCoJNScmypyp-n6AGxsVd8N5CV_cYFMjeCMcVrfWl0RJiYvs00v5ItEo5UiZuurx_SKTQvtSclFLEjMsEV4oP24pB3xRCBfREJJk/s1600/Jezeva+Kucica+5.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="397" height="224" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi-S1pMB0sLOb_zs-llqzcS6dIgzYnuDMql_dntvv6BCoJNScmypyp-n6AGxsVd8N5CV_cYFMjeCMcVrfWl0RJiYvs00v5ItEo5UiZuurx_SKTQvtSclFLEjMsEV4oP24pB3xRCBfREJJk/s320/Jezeva+Kucica+5.jpg" width="320" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk2iZXF140HbLX817ocIz6DFAXucArh14P37W0EvR7ORN-THRvPBXJ3_TuhdkyGCLiUaMRBVFuzgILas3ePS21uB4Tt3VyuspVZ8l-ChEo3aozInEtwTafwGznbvIBFRH_EtdvgBMEBYQ/s1600/jezevkucica7.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="272" data-original-width="403" height="215" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgk2iZXF140HbLX817ocIz6DFAXucArh14P37W0EvR7ORN-THRvPBXJ3_TuhdkyGCLiUaMRBVFuzgILas3ePS21uB4Tt3VyuspVZ8l-ChEo3aozInEtwTafwGznbvIBFRH_EtdvgBMEBYQ/s320/jezevkucica7.jpg" width="320" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Intriguée, la renarde se demande que peut bien avoir de si extraordinaire une telle maison, pour que son hôte ait absolument envie d'y retourner en pleine nuit. Sans doute une maison très belle et très riche, se dit-elle, et la renarde de s'élancer à la suite du hérisson, pour voir de plus près sa maison. En chemin, elle croise successivement trois autres figures de la forêt, le loup, l'ours et le sanglier. Ceux-là ne pensent qu'à manger vite et bien, et à une maison préfèrent un bon gueuleton. Ils n'ont que sarcasmes envers ce hérisson stupide, qui préfère un chez-soi à un repas solide. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUUrt0Bvzw8l11vvdaG0y8v_mf-svs4AHLCrxyedjEFDp2WetrhWLrlAYEjy3bk_EPBXlMNY5ruj4zOmYSQ5TAcb3vIY6ElNlM2EHPTmby6l23Jakfi_Vn0uMe0r05duHZr1t6T3a6MzY/s1600/JK+6.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="360" data-original-width="480" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUUrt0Bvzw8l11vvdaG0y8v_mf-svs4AHLCrxyedjEFDp2WetrhWLrlAYEjy3bk_EPBXlMNY5ruj4zOmYSQ5TAcb3vIY6ElNlM2EHPTmby6l23Jakfi_Vn0uMe0r05duHZr1t6T3a6MzY/s400/JK+6.jpg" width="400" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ils décident toutefois de suivre la renarde, pour voir à quoi peut bien ressembler cette maison, mais davantage pour se payer la tête de ce hérisson qui semble passer à côté des bonnes choses de la vie. Le quatuor arrive donc chez Ježurka Ježić. Surprise, la maison est fruste, pauvre, et prend l'eau. Et la petite bande, de ricaner sur le sort du hérisson. Mais ce dernier, sans se départir, explique alors que, peu importe le cadre et l'état du logis, il s'y sent heureux, libre et à l'abri.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkqdtyv6czHQsZs6X2p03dR0VFNsk7GcRHpGnMM_M8VerpA_C4r6eBtzBI1Qnh78ZOvtTPOtyDGGQbmnTdC6-fRTtJvOb-LQXQa121KEI7qj3XpTnljpuqaR78MpOED5QonxrCu3GzOlk/s1600/Jezeva+Kucica+4.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="453" data-original-width="656" height="220" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkqdtyv6czHQsZs6X2p03dR0VFNsk7GcRHpGnMM_M8VerpA_C4r6eBtzBI1Qnh78ZOvtTPOtyDGGQbmnTdC6-fRTtJvOb-LQXQa121KEI7qj3XpTnljpuqaR78MpOED5QonxrCu3GzOlk/s320/Jezeva+Kucica+4.jpg" width="320" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La renarde, qui, comme dans d'autres cultures, est intelligente et rusée, reconnaît que le hérisson a raison, sans convaincre les trois autres, à qui Ćopić prédit une fin tragique: préférant leur gourmandise insatiable à la recherche d'un foyer protecteur, le loup sera traqué sans relâche par les villageois, l'ours mourra de trop de piqûres d'abeille, et le sanglier finira abattu par les chasseurs.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEKaZbKMvwaax1zaCREw24J19_8APTpDp1EZsNM9cmPYJrpwIpDTEVXo7wd6UhF2zg6pGdnzVlp8HWGQQS_x80Bw74nIz3G2ZX2Kyw5WlB-QvdXDVCWR3EVmuI_ZjYd9v8vzLZghQA2gk/s1600/Jezeva+Kucica+%25283%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="411" data-original-width="620" height="212" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEKaZbKMvwaax1zaCREw24J19_8APTpDp1EZsNM9cmPYJrpwIpDTEVXo7wd6UhF2zg6pGdnzVlp8HWGQQS_x80Bw74nIz3G2ZX2Kyw5WlB-QvdXDVCWR3EVmuI_ZjYd9v8vzLZghQA2gk/s320/Jezeva+Kucica+%25283%2529.jpg" width="320" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La morale de l'histoire, chacun l'aura deviné, c'est qu'il faut vivre modestement et se contenter de peu, que la gourmandise, et sa cousine, la cupidité, mènent l'humain à sa perte, et qu'enfin, il faut aimer son foyer comme il est, le foyer étant ici le pays, la Yougoslavie. Cette dernière, appauvrie et dévastée par la guerre, est, en 1949, en pleine reconstruction. Le régime est, par ailleurs, engagé dans une grande opération de confiscation des biens de la bourgeoisie, ainsi que de collectivisation de l'agriculture. Il n'est pas exclu que les trois animaux obsédés par leur gourmandise symbolisent à la fois la bourgeoisie cupide et le monde paysan, ce dernier étant accusé de réactionnarisme et d'égoïsme, en raison de sa résistance à la collectivisation, mais aussi aux "réquisitions" forcées de bétail, de lait ou de farine, opérées par les cadres locaux du parti (et pas toujours suivies de la redistribution promise dans la communauté...). A l'opposé, la renarde incarne le nouveau citoyen yougoslave qui se convertit au socialisme, après observation attentive et constat de ses bienfaits, sans compter qu'il s'agit d'un personnage féminin: c'est aussi la femme, intelligente, travailleuse et pragmatique, dans la symbolique du nouveau pouvoir, qui est ici décrite, celle qui a compris les qualités du nouveau système, et pourra fonder un beau foyer socialiste! </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le hérisson, enfin, droit dans ses bottes en matière de principes, et jaloux de sa liberté, symbolise probablement la voie à part qui se dessine en Yougoslavie, alors qu'un an avant, Tito rompait avec Staline. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihGInR4UlQRBpQsb0wDYEjzy5KhMQ1uYJnZBymTAqvFYDMMX1ofZeTr7AfwQYOb-ryeOO329Pn4dlwt3OqJ7ExwToTxxCy-TN3Inp6IPAlqDEokGfEZkhaBX0vtvo-0MiV3TlvczjkEfM/s1600/Branko+Copic+mlad.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1093" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihGInR4UlQRBpQsb0wDYEjzy5KhMQ1uYJnZBymTAqvFYDMMX1ofZeTr7AfwQYOb-ryeOO329Pn4dlwt3OqJ7ExwToTxxCy-TN3Inp6IPAlqDEokGfEZkhaBX0vtvo-0MiV3TlvczjkEfM/s400/Branko+Copic+mlad.JPG" width="272" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Branko Ćopić est alors un yougoslaviste et un socialiste convaincu. Sa famille, des Serbes de Bosnie-Herzégovine, a payé un lourd tribut durant la IIe Guerre Mondiale : son frère et sa soeur y sont morts au combat. Lui-même a, dès 1941, rejoint les Partisans. Ces derniers, sensibles à ses talents d'écriture, le nommeront correspondant de guerre pour la journal "Borba" ("Combat"). </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'oeuvre est donc au diapason des préoccupations du régime d'alors, mais cet aspect, que certains esprits chagrins qualifieront de "propagandiste", n'enlève rien à sa beauté poétique, à sa manière de faire sonner la langue, et à la douce pulsation de sa narration en vers, évoquant l'agitation invisible mais fébrile de la forêt et du monde animal qui y évolue (le texte <a href="https://www.6yka.com/novosti/branko-copic-jezeva-kucica" target="_blank">ici</a>, en serbo-croate)...<br />Et puis, la philosophie de la fable (vivre modestement et librement en cultivant son indépendance), n'est pas en soi contestable, et peut de toute façon frayer avec plusieurs orientations idéologiques, qui y verront chacune midi à leur porte: de la gauche anticapitaliste à l'écologie décroissante, de la démocratie chrétienne se voulant "sociale-libérale" et bonne gestionnaire, à la droite paternaliste et austéritaire appelant à faire des efforts...</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'oeuvre puise aussi dans certains éléments de la culture et du
mysticisme slaves, comme, par exemple, l'amour et le culte du foyer:
chez les Slaves, davantage que dans d'autres cultures européennes, la
maison n'est pas seulement le lieu où l'on habite, c'est aussi et avant
tout un espace protecteur, chaleureux, à l'abri des tumultes du monde,
qui obéit à ses propres règles, et que chacun doit préserver et
cultiver. Dans les anciennes croyances, la maison avait même ses esprits, qu'il fallait se garder de fâcher. Quant à la nature et au monde animal, au coeur du récit de
Branko Ćopić, les anciens Slaves les percevaient comme un univers mystique possédant ses propres forces et énergies, un univers tantôt mystérieux voire effrayant, tantôt bienveillant et complice, avec qui il fallait savoir cohabiter en bonne intelligence. Ces croyances ont survécu dans l'inconscient collectif, et il est intéressant de relever ici que les différents régimes communistes, désireux de créer un "homme nouveau", loin de combattre ces croyances et "archaïsmes", les ont au contraire cultivés. En Yougoslavie, la "folkloristika" (étude des arts et traditions populaires) était par exemple un domaine de recherche encouragé. L'idée, non dénuée de pragmatisme, mais aussi d'ambiguïtés, était que le chemin vers "l'homme nouveau" serait progressif, et que ce processus se devait de respecter la sagesse du peuple, fusse-t-elle emprunte d'archaïsmes. Par ailleurs, cette bienveillance envers les traditions et le folklore permettait de cultiver l'identité nationale, qui, dans le cas de la Yougoslavie, s'inspirait du "panslavisme". De fait, puiser dans un référentiel traditionnel n'était pas répréhensible, au contraire, c'était une manière de rapprocher l'intelligentsia et le peuple.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Ježeva Kučica" a bercé des générations de petits Yougoslaves. L'ouvrage figurait au programme de l'Ecole Primaire. Pour l'écrivain <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Miljenko_Jergovi%C4%87" target="_blank">Miljenko Jergovic</a>, Ježurka Ježić a été le premier compagnon imaginaire de beaucoup d'enfants, et leur premier contact avec la poésie et la littérature.</span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/bTmvMHmwh4A" width="560"></iframe></span>
</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><i><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Une version chantée du poème de Branko </span></span></i><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Ćopić avec le texte.</i></span></span></span></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le culte autour de cette oeuvre, qui perdure jusqu'à aujourd'hui, a véritablement démarré en 1957, lorsqu'une nouvelle édition de l'ouvrage est illustrée par le peintre croate Vilko Gliha Selan. Inspirées par l'art naïf et populaire, ainsi que par une certaine esthétique que l'on retrouve chez d'autres imagiers d'Europe Centrale et Orientale (je pense en particulier au Tchèque <a href="http://www.tresbohemes.com/2017/06/jiri-trnka-and-the-czech-year-aka-spalicek/" target="_blank">Jiri Trnka</a>), ces illustrations magnifiques nous transportent dans un imaginaire sensible et rustique dont la magie opère immédiatement. J'en ai repris la plupart pour illustrer ce post.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Maîtrisant son art jusque dans ses plus profondes subtilités, le peintre a entre autres recouru à une gamme de couleurs restreintes, mais fortes, celles que l'oeil de l'enfant perçoit le mieux, ce qui donne à l'ensemble cette tonalité chromatique particulière qui renforce le pouvoir poétique de l'ensemble. De fait, même si d'autres éditions paraîtront, y compris récemment, avec d'autres illustrateurs, rien n'égalera ni ne dépassera les peintures de Vilko Gliha Selan, définitivement et exclusivement associées à la fable de Branko Ćopić.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOe5v83nDoSHjoejHQewWzOo4tci0_5F9MTUk4qG8x5Nrd723jQIDjIyHpj7JLiYU7zdPUEYdXcYllBCw41T-9htZH78ynZCVPBfKx7kxcqAe0c-_-fY7aidM2zBRDzq1ob6NcuzLjdRk/s1600/nada-iveljic-sestinski-kisobran-ilustracije-vilko-gliha-selan-slika-28574193.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="463" data-original-width="330" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOe5v83nDoSHjoejHQewWzOo4tci0_5F9MTUk4qG8x5Nrd723jQIDjIyHpj7JLiYU7zdPUEYdXcYllBCw41T-9htZH78ynZCVPBfKx7kxcqAe0c-_-fY7aidM2zBRDzq1ob6NcuzLjdRk/s400/nada-iveljic-sestinski-kisobran-ilustracije-vilko-gliha-selan-slika-28574193.jpg" width="285" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIRySL64DT0I-8yy3hYe9xPdFUB8drdVa3jJrzNg12ScuAKeTAi3GO9tcND6jK-WzaeTybLHiWl3d5zhOASKSFf_mil5sWs6rbSyeMu_5Bkmj9Tqn4R94jGhrZiKwVyblHR9N2CBUL-tM/s1600/Vilka+Selan.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1136" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIRySL64DT0I-8yy3hYe9xPdFUB8drdVa3jJrzNg12ScuAKeTAi3GO9tcND6jK-WzaeTybLHiWl3d5zhOASKSFf_mil5sWs6rbSyeMu_5Bkmj9Tqn4R94jGhrZiKwVyblHR9N2CBUL-tM/s400/Vilka+Selan.jpg" width="283" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Autres illustrations de Vilko Gliha Selan.</i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le texte fera l'objet de plusieurs livre-disques pour enfants, ainsi que d'adaptations au théâtre ou au cinéma. La récente version en film d'animation (2017), dans une coproduction croato-canadienne, <span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">tournée par la réalisatrice d'origine bosnienne Eva Cvijanović, parvient esthétiquement à rivaliser avec les illustrations de Vilko Gliha Selan, sans toutefois selon moi les rattraper. Mais la réalisatrice a fait un beau travail, mieux en tout cas que certaines autres illustrations, entre la BD franco-belge et la touche Walt Disney, qui sont quasiment une insulte à l'oeuvre de Gliha Selan, laquelle, à mon sens, a bien vieilli, et suscite une émotion intacte.</span></span></span></span></span><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<div style="padding: 56.25% 0 0 0; position: relative;">
<iframe allow="autoplay; fullscreen" allowfullscreen="" frameborder="0" src="https://player.vimeo.com/video/305564592" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; top: 0; width: 100%;"></iframe></div>
<script src="https://player.vimeo.com/api/player.js"></script><i><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">Le film d'</span></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">Eva Cvijanović</span></span></span></span></span></span></span></span></span></i><br />
<script src="https://player.vimeo.com/api/player.js"></script><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><br /></span></span></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">Loin de ces mondes imaginaires et de leurs oniriques échappées, la politique la plus politicienne rattrapera le petit hérisson flegmatique et têtu, lorsqu'une autre forme de gourmandise, celle du nationalisme, viendra détruire la maison yougoslave qui déjà prenait l'eau. Le tort de Ježurka Ježić sera que son géniteur était serbe, et, dans la Croatie fraîchement indépendante, être un auteur "ennemi" suffit à vous effacer des radars. L'ouvrage fut pour cette raison, et en dépit de son message éducatif (tout à fait transposable dans la Croatie indépendante), supprimé du programme scolaire. La décision fut d'autant plus absurde et injuste, que Ćopić avait des attaches personnelles en Croatie, et que, dans un élan de yougoslavisme bien compris et respectueux de toutes les identités de l'ancien pays, il avait lui-même retranscrit le texte, écrit originellement dans la variante serbe, en variante croate. Un imprimeur croate finira toutefois par sortir le livre, après la guerre, sans mentionner son auteur sur la couverture...</span></span></span></span></span>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><br /></span></span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">Branko Ćopić n'était cependant plus de ce monde pour être confronté à ces ultimes humiliations, consécutives à l'explosion sanglante de son pays, dont il ne fut pas non plus le témoin. L'homme s'était suicidé le 26 mars 1984, en se jetant du pont Branko, à Belgrade, pont ainsi nommé en l'honneur de l'écrivain serbe Branko Radičević. </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">Ce geste désespéré, longtemps incompris et non documenté, a fini par révéler une partie de ses secrets, via les témoignages de deux amis proches de Branko Ćopić. Si ce dernier affectionnait d'écrire pour le jeune public, sa vie ne fut pourtant pas un conte pour enfant. L'homme était un moraliste aussi déterminé que son hérisson, et, à la différence d'autres, il n'hésitait pas à exprimer, souvent par le biais de la satire, ses indignations et critiques. </span></span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><br /></span></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZGAWNgNdyQ7VcTtP-kfKHbg1ZxbZdK8pf0oL_5uzYoZ__GnuzH6-U6qLjgh3uZvUaNK8J9yq4NxT-ShBzVMiVqgORjyGXFeFHHhlKb67ybnXawDa-90hNx8gUuA802qmBP07ra7XRlzk/s1600/Copic+ruke+u+vazduhu.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="448" data-original-width="604" height="237" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZGAWNgNdyQ7VcTtP-kfKHbg1ZxbZdK8pf0oL_5uzYoZ__GnuzH6-U6qLjgh3uZvUaNK8J9yq4NxT-ShBzVMiVqgORjyGXFeFHHhlKb67ybnXawDa-90hNx8gUuA802qmBP07ra7XRlzk/s320/Copic+ruke+u+vazduhu.jpg" width="320" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">C'est ainsi que, un an après les tribulations du hérisson comme fable morale au service du nouvel Etat, Ćopić publie un texte intitulé "Jeretička priča" ("Récit Hérétique", prononcer "Yérétitchka Pritcha") dans les "Književne Novine" ("les Nouvelles Littéraires", prononcer Kgnijèvné Noviné")). Le texte se moque des moeurs et privilèges de la nouvelle "bourgeoisie communiste", qui n'a rien à envier à la précédente, selon Ćopić. Croyant sincèrement à la promesse égalitariste du socialisme, il ne supporte pas les abus et le train de vie d'une partie de la nouvelle élite dirigeante, qui détourne </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">l'argent public </span></span>à des fins personnelles ou le dilapide par son incompétence. Le texte fait l'effet d'une bombe, et Tito lui-même désavouera l'écrivain dans des termes très durs, tout en garantissant qu'il ne serait pas arrêté. L'anecdote raconte que Ćopić a découpé l'article de journal où figurait cette garantie de Tito, et qu'il l'a accrochée sur la porte de son appartement, à l'attention des agents de l'<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/State_Security_Administration_(Yugoslavia)" target="_blank">UDBA</a>, la police secrète yougoslave, au cas où ils auraient été tentés de venir l'arrêter. </span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEih91KIgKE2oJgCeJuEl57DkDghg-IoyI5N7ezLHrlEVKAohJn4Jgj9G_QF5YKXvaU6kSuV0hu4Anv4ejXUhtfhK7AHGnfD-zJvTm23vPOMERCcVlhVJV5kqEKUQUGCG0cwuLOOjOl6Wdk/s1600/Copic+sa+lulom.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="516" data-original-width="339" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEih91KIgKE2oJgCeJuEl57DkDghg-IoyI5N7ezLHrlEVKAohJn4Jgj9G_QF5YKXvaU6kSuV0hu4Anv4ejXUhtfhK7AHGnfD-zJvTm23vPOMERCcVlhVJV5kqEKUQUGCG0cwuLOOjOl6Wdk/s400/Copic+sa+lulom.JPG" width="262" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">Tombé en disgrâce puis </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">exclu du PC</span></span>, malgré plusieurs tentatives de s'expliquer, rejeté ou évité par nombre de ses pairs, par peur ou opportunisme (hormis Ivo Andrić, qui lui conservera une amitié fidèle), Ćopić sera l'un des rares écrivains yougoslaves à avoir eu </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">un dossier, régulièrement alimenté, dans les tiroirs de l'UDBA. Paradoxe, cette situation ne l'a pas empêché d'écrire ni de publier, ni même d'être un auteur à succès, </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">pouvant vivre pleinement de son métier</span></span>, et traduit dans de nombreuses langues. <br /><br />Mais sa mise au ban du Parti et des milieux littéraires reste une blessure irréparable, tout comme </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">les fréquentes intimidations de l'UDBA, qui pèsent de plus en plus à l'écrivain</span></span>. Et derrière le moralisme incisif, l'humour et la satire, qui caractérisent l'homme public comme bon nombre de ses écrits, Branko Ćopić est habité par une sombre gravité, une vision pessimiste de l'humanité, et une perception aiguë de l'air incertain du temps. Ce sont ces différents vecteurs qui se croisent lorsque Ćopić décide de renoncer au combat de l'existence, si l'on en croit les deux témoignages d'amis proches que j'évoquais plus haut, deux témoignages qui ne s'excluent pas l'un et l'autre. Selon le premier, Ćopić aurait été convoqué par l'UDBA pour être une énième fois entendu. Une convocation de trop que l'homme se sentait incapable d'affronter à nouveau, et qui l'a plongé dans une profonde dépression. D'après le second témoignage, l'écrivain s'était aperçu avec inquiétude que les fondations de la "maison Yougoslavie" étaient en train de se fissurer. Devenu davantage réformiste que révolutionnaire, il pressentait que le Parti, entretenant, par sa rigidité et ses mensonges, l'illusion de tenir l'édifice, était incapable de se réinventer, et risquait de mener le pays à sa perte. Ćopić commet l'irréparable à la fois par désespoir, </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"> mais aussi dans un geste de sacrifice, </span></span>présumant que sa mort serait peut-être comprise comme un signal d'alarme appelant le pays à se ressaisir. Il n'en fut bien-sûr rien, et chacun connaît hélas la suite de l'histoire...</span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhF0pNeW7FONgagzBUyxbXfTOu9MSKBwLXV6AIPpmbWTfJsjqqCqp6wVnyrLiePpUJ4CMxZfd_ht09dwfzW6AGMgrXPtj38Q9TUGw5feCcDOyQxlgRg3JnlZuhALF3Yl4Q_4Bhir3V3BSE/s1600/Brankov+Most+i+novi+BG.JPG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="393" data-original-width="401" height="312" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhF0pNeW7FONgagzBUyxbXfTOu9MSKBwLXV6AIPpmbWTfJsjqqCqp6wVnyrLiePpUJ4CMxZfd_ht09dwfzW6AGMgrXPtj38Q9TUGw5feCcDOyQxlgRg3JnlZuhALF3Yl4Q_4Bhir3V3BSE/s320/Brankov+Most+i+novi+BG.JPG" width="320" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Branko Ćopić ne fut pas le seul à mettre fin à ses jours en se jetant du Brankov Most, </i></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>qui connaît en moyenne 40 tentatives de suicide par an, et porte le charmant surnom de "pont des suicidés". Certains chroniqueurs émettent l'hypothèse que Ćopić aurait symboliquement choisi ce pont parce qu'au moment de sauter de la rambarde, il devait forcément tourner le dos au siège du Comité Central, situé dans le quartier de Ušće, dont on aperçoit les tours au second plan sur la photo.</i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"> </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><br /></span></span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">Nous reste, malgré le sang et les larmes qui confirmèrent les prémonitions de l'écrivain, ce hérisson qui a su traverser le temps et ses distorsions... Toujours vénéré par ceux dont il fut autrefois le premier compagnon imaginaire, comme par ceux qui ont aujourd'hui la chance de le découvrir, Ježurka Ježić, du haut de ses soixante-dix ans, continue, imperturbable, de nous délivrer son petit message de liberté, de modestie, et de conviction, qui n'a rien perdu de sa pertinence. </span></span><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"> </span></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><br /></span></span></span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">Bon anniversaire, Monsieur Ježić, et longue vie !</span></span></span></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span aria-live="polite" class="fbPhotosPhotoCaption" data-ft="{"tn":"K"}" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"> </span></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLgdGWVwPr2g6m7KDTVH_nv2Vs8-dWWLpgRyVzCwwDCatVH8FTsRQAbMLP71zLeL-9RbPxXx7kYz6aGHrtFMKLgcubw4VoNO8ZBZuuZGHVyzxsi2jUIdWfxni6PwWqxevAZMPkcGVHcA4/s1600/Jez+u+kucici.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="787" data-original-width="1152" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLgdGWVwPr2g6m7KDTVH_nv2Vs8-dWWLpgRyVzCwwDCatVH8FTsRQAbMLP71zLeL-9RbPxXx7kYz6aGHrtFMKLgcubw4VoNO8ZBZuuZGHVyzxsi2jUIdWfxni6PwWqxevAZMPkcGVHcA4/s400/Jez+u+kucici.jpg" width="400" /></a></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-43527355546138245582019-10-01T17:42:00.000+02:002019-10-01T18:08:06.501+02:00"ARTWASHING" SUR LES BORDS DE LA SAVE<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiui8r4jfas84IGMYeH7q6j2JtB20tRj-tqE7BZq6XJlYJRbWhZhTJUMc_n-awSXtlKEcN08dhO8tQfuXwrQYHTV-IAajDM7nZnjOI8hJbr5rgX6NFmkTmnQtTDdxRWc4NQDXuvB9myg_o/s1600/Abramovic+70.png" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="793" data-original-width="1200" height="263" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiui8r4jfas84IGMYeH7q6j2JtB20tRj-tqE7BZq6XJlYJRbWhZhTJUMc_n-awSXtlKEcN08dhO8tQfuXwrQYHTV-IAajDM7nZnjOI8hJbr5rgX6NFmkTmnQtTDdxRWc4NQDXuvB9myg_o/s400/Abramovic+70.png" width="400" /></a></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le Musée d'Art Contemporain de Belgrade (Muzej Savremene Umetnosti, MSU) accueille, du 21 septembre 2019 au 20 janvier 2020, <a href="https://eng.msub.org.rs/retrospektivna-izlozba-cistac-marine-abramovic-msub">"The Cleaner"</a> ("Čistać" en langue locale), vaste rétrospective consacrée à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marina_Abramovi%C4%87">Marina Abramovic</a>. C'est un événement à plus d'un titre, et en particulier parce que la dernière exposition à Belgrade de la pasionaria de "l'art-performance-extremo-conceptuel" remonte à ...1975. Un événement aux allures de come-back qui pourtant déchaîne les passions et génère une chaude et belle polémique, digne de celles dont l'Hexagone est coutumier. En cause, le budget faramineux de l'exposition, plus d'un demi million d'euros, autant que le budget annuel du MSU lui-même, MSU dont il faut rappeler qu'il fut, à l'instar d'autres musées de la Yougosphère, longtemps fermé pour cause de travaux de rénovation inachevés...faute de budget. Le musée à réouvert en 2017, après 10 ans de fermeture, et reprend peu à peu son rythme de croisière. L'expo de Marina Abramović tombe donc à pic pour, idéalement, relancer cette institution, crée en 1965 malgré le mépris de Tito pour l'art contemporain, jugé par le maréchal comme décadent, bourgeois, et occidental, mais c'est une autre histoire, quoique... </span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWHY0-YnqqLA2GuZ_HOJM1Bxrd_AjsqL53mPbtvFAPMudFCl3YDRtXGVrJ7XOo0WUXPjiL4wf19Ga8ma82CSuAQbtCcInzBpbp9YkIoqrM7bACeDf_wv2pJecOakOWj_I7M3MKOAiQkcU/s1600/msu.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="529" data-original-width="940" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWHY0-YnqqLA2GuZ_HOJM1Bxrd_AjsqL53mPbtvFAPMudFCl3YDRtXGVrJ7XOo0WUXPjiL4wf19Ga8ma82CSuAQbtCcInzBpbp9YkIoqrM7bACeDf_wv2pJecOakOWj_I7M3MKOAiQkcU/s400/msu.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i> Le MSU.</i></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais au fait, qui paye ? C'est dans la réponse que se trouve le principal point de crispation de la polémique, car c'est l'Etat serbe, c'est à dire le gouvernement d'Aleksandar Vučić, qui a débloqué les fonds publics nécessaires à la tenue de l'exposition. Dans un pays où la majorité de la population continue de survivre avec des revenus autour de 500 euros pour un coût de la vie guère plus bas que celui de la France, cette dépense somptuaire heurte, d'autant que le gouvernement </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span></span>, l'un des plus impopulaires de l'histoire contemporaine serbe, demande à ses concitoyens des "poursuivre les efforts face aux indispensables réformes" (refrain entendu ailleurs), et se voit vigoureusement critiqué pour ses investissements calamiteux dans des projets comme l'ultra controversé "<a href="https://www.equaltimes.org/derriere-la-facade-rutilante-du?lang=en" target="_blank">Beograd na Vodi</a>", qui défigure à jamais la ville basse de Belgrade avec ses buildings "de grand standing", sans répondre aux besoins réels et pressants de la capitale en termes de logement, d'urbanisme, d'infrastructures, et d'écologie.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Au delà des procès habituels en élitisme et autre poujadisme anti-artistiques qui s'expriment contre Marina Abramović, et auxquels il est évidemment ici hors de question de prêter le flanc, il faut préciser que cette exposition et son financement posent question jusque dans les milieux artistiques ou intellectuels eux-mêmes. A priori favorables à Marina Abramović, ou reconnaissant au moins l'importance de son oeuvre, ces artistes et intellectuels sont - pour la plupart - opposés au régime d'Aleksandar Vučić. Entre les difficultés à créer ou à penser en Serbie, la critique du pouvoir, et la recherche d'une position équilibrée face à cette exposition, leur désarroi est profond. </span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans le flot des commentaires plus ou moins pertinents qui agitent les débats autour de cet événement, un point de vue me semble se démarquer, à la fois parce qu'il expose précisément les problèmes que constitue ce soutien de l'Etat à "The Cleaner", qu'il en identifie les enjeux cachés, mais aussi parce qu'il fait intelligemment la part des choses. Ce point de vue est celui de Branislav Dimitrijević, éminent théoricien et historien de l'art, commissaire de nombreuses expositions, et connaisseur avisé de la création artistique yougoslave et post-yougoslave. Interrogé récemment par Radio Slobodna Europa, l'antenne serbe de Radio Free Europe, il répond avec des mots choisis, et des arguments affûtés, ainsi que parfois un soupçon d'ironie </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(interview complète <a href="https://www.slobodnaevropa.org/a/30175064.html" target="_blank">ici</a>, en serbo-croate)</span></span>. Je traduis et reprends ici la majeure partie de ses propos, auxquels je souscris entièrement, avant de proposer quelques réflexions et commentaires personnels sur cette affaire :</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<a name='more'></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtyAlQ1PZeh_cZPhNkQbphMAYcJfz2-wXb69ggzhcjgOUmMtNKAjwjQwHRkl9-jwMWJlVkYvFUEqIJM4BBvHzqNsI1YcyFcXdIJiDBL8Lfxyyp3VdDPswq7T3FluBw9-6CQlUs07sHWrE/s1600/761w0slsj4v8uxwj8sx1po40b6r.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="1200" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtyAlQ1PZeh_cZPhNkQbphMAYcJfz2-wXb69ggzhcjgOUmMtNKAjwjQwHRkl9-jwMWJlVkYvFUEqIJM4BBvHzqNsI1YcyFcXdIJiDBL8Lfxyyp3VdDPswq7T3FluBw9-6CQlUs07sHWrE/s400/761w0slsj4v8uxwj8sx1po40b6r.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> <i>Branislav Dimitrijević. Photo (c) Portal Novosti</i></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"(...) L'exposition a été initiée et même d'une certaine façon négociée personnellement par la première ministre Ana Brnabić. C'est une situation étrange dans laquelle l'ensemble du process vient directement d'en haut pour un grand événement culturel - et c'est assurément ici un événement culturel majeur. C'est le gouvernement lui-même qui initie, puis, en gros, organise, etc.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">D'après ce que j'ai compris, le MSU est plus là pour apporter son aide à cette grosse entreprise...</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il n'y a aucun doute que, lorsqu'on parle d'art contemporain, Marina Abramović est l'un des noms les plus connus parmi les artistes, non seulement de Serbie, mais de tout l'espace yougoslave. Il ne fait pas de doute non plus que Marina Abramović a dépassé le simple statut d'artiste. Elle est aujourd'hui une star (1) de gros calibre, et son art va dans la direction d'une forme de starification (2). Il ne fait également pas de doute que le gouvernement a jugé qu'une telle exposition pourrait contribuer à donner une meilleure image, qu'elle va peut-être faire venir du monde à Belgrade...</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">[Cette dimension événementielle] va avant tout dans la direction que martèle le gouvernement actuellement, et qui dit que l'art et la culture font partie des industries culturelles, qu'elles doivent gagner elles-mêmes leur argent, mais cela nous emmène dans une situation étrange où ce même gouvernement, qui plaide pour une dérégulation et, d'une certaine façon, pour le retrait de l'Etat dans l'aide à la culture, débloque maintenant une telle somme.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je pense qu'ils espèrent d'une certaine façon que cette exposition attirera l'attention, qu'elle aura un tel écho que tout le monde va se presser à Belgrade pour la voir, et que la Serbie apparaîtra de je ne sais quelle merveilleuse manière dans la presse mondiale pour avoir accueilli un événement de cette ampleur. A ce titre, cet événement dépasse véritablement ce qui est mon domaine d'activité, l'histoire de l'art, pour incarner un projet politique par excellence (3)</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(...) Vous avez encore et toujours beaucoup de gens [en Serbie] qui mettent en question et dénient une quelconque place significative à Marina Abramović en tant qu'artiste, et qui, partant, dénient tout rôle significatif à l'art conceptuel, à l'art-performance, au "body-art", à quelque chose qui, en grande partie, appartient déjà à l'histoire de l'art, et qui ne devrait pas être matière à débat sur sa valeur ou non.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(...) De l'autre côté, vous avez une sorte de complète mystification euphorique, que, d'une certaine manière, Marina Abramović elle-même, ainsi que sa façon de se présenter au public, alimentent.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je rappelerai que Marina Abramović s'est faite connaître, surtout ces derniers temps, par une sorte d' "auto-mythologisation" dans laquelle un des arguments centraux consiste en une complète construction autour de son enfance malheureuse en Yougoslavie communiste, où elle se présente plus ou moins comme une victime du système (...). Elle parle de cette époque comme d'une époque de misère, de dénuement, de je ne sais quelle horreur dont elle aurait survécu, et qu'elle a dû fuir.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(...) A travers cette auto-mythologisation, elle se livre à une sorte de révisionnisme historique.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je pense qu'il y a ici un accouplement idéal [sic] entre ce qu'est la politique actuelle du gouvernement serbe et ce qu'est la "mythologisation" de Marina Abramović. Ce narratif tombe ici à point, pour que le gouvernement se présente comme très avancé parce qu'il fait la promotion d'une artiste radicale, même si cette artiste ne peut bien-sûr plus être considérée aujourd'hui comme radicale. </span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">D'un autre côté se répète la mantra anticommuniste du terrible système totalitaire dans lequel nous avons vécu dans tous les Etats ex-Yougoslaves, et en particulier en Croatie et en Serbie, où les forces politiques qui sont au pouvoir profèrent sans cesse des mensonges sur l'histoire (...). Ces contre-vérités qui s'expriment en permanence se réfèrent en particulier à ce discours comme quoi, en Yougoslavie socialiste, il n'y avait jamais rien à acheter, que tout était gris et laid.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce discours est aussi celui que répète Marina Abramović (4) et c'est l'un des aspects pour lesquels elle convient dans le cas qui nous occupe.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(...) Il y a quelques années, Marina Abramović a bénéficié d'une grande publicité au Monténégro (5). Elle a été décorée, nommée citoyenne d'honneur, et s'est livrée à des déclarations pathétiques sur son identité monténégrine. J'ai écris un texte là dessus (...) pour essayer de comprendre comment une artiste avec un tel profil et une telle radicalité artistique peut accepter ce type de cérémonial national.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans le cas de l'exposition actuelle, j'ai l'impression qu'elle est davantage réservée, et, à ce titre, elle n'est pas directement au service de l'idéologie dominante du pouvoir. Mais même en faisant abstraction de ça, cette exposition va être utilisée avant tout comme de la propagande par le gouvernement actuel. Il va se présenter comme extrêmement moderne, avancé, en phase avec son temps, et pourra démontrer que, si Marina Abramović n'a pas été en Yougoslavie depuis 50 ans, si elle n'a pas eu d'exposition, voilà, maintenant, grâce à ce gouvernement, c'est enfin arrivé! Un acte de propagande accompli !</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais encore une fois, on ne peut pas non plus dire que ce n'est pas une exposition importante. Il était vraiment temps qu'une exposition dédiée à Marina Abramović soit organisée à Belgrade.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cela nous annonce-t-il une nouvelle politique culturelle ? (...) J'ai bien peur que non. J'ai bien peur que ce ne soit qu'un caprice politique, qu'un excès politique où on a va montrer que nous aussi on peut le faire, puis, quand tout ce cirque aura quitté notre ville, tout continuera comme avant. Le MSU va, comme c'était le cas jusqu'à aujourd'hui, galérer à trouver de l'argent, le budget sera diminué et il ne sera pas possible de monter de tels projets à nouveau. Je ne crois pas que cette exposition va apporter quelque chose. (...) On va se prendre en photo, ce sera très glamour, mais ça va finir très vite, et tout va rester à l'ancienne: les institutions continueront d'être ruinées.(...)</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La seule chose qui me réjouis est que c'est quand même une exposition de Marina Abramović. Ils auraient pu investir cet argent dans quelque chose de beaucoup moins pertinent et de beaucoup plus conservateur. A ce titre, c'est un signe fort qu'il s'agisse au moins d'une exposition de Marina Abramović. Nous avons tous hâte de voir cette exposition. C'est quand même un grand événement pour l'histoire de l'art, mais c'est avant tout un grand événement en termes de spectacle politique."</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">* * *</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, pour résumer les propos ci-dessus "The Cleaner" mérite bien son nom, car c'est au final une belle opération d' "<span style="color: #e06666;"><a href="https://poplarpeople.co.uk/artwashing" target="_blank">artwashing</a></span>", cette tendance à laver plus blanc politiquement par le biais des arts et de la culture.<br /> </span></span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En guise de complément à ce qui précède</span></span></span>, voici maintenant quelques commentaires personnels. </span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Coupons court d'abord et tout de suite à un potentiel débat qui n'a pas lieu d'être: Oui, Marina Abramović est une grande artiste. Point barre. <br /><br />Après, son art, et sa manière de le "vendre", ont pris effectivement une direction qui relève de la starification, et qui a fini par faire, selon moi, que son travail actuel est devenu l'ombre de ce qu'il a pu être à une époque. Corollaire de cette démarche, il est devenu "in" d'aimer Marina Abramović, sans que cette adhésion à son oeuvre soit toujours sincère ou que les postulats de cette oeuvre soient toujours compris. Etre en photo avec elle dans "Vanity Fair", ou placer habilement son nom au milieu du cocktail, alors que l'on reprend sa troisième verrine de caviar-mangue bio, ça fait désormais le boulot pour donner l'air d'être dans le coup.<br /><br /> Le discours de Marina Abramović sur la situation en Yougoslavie, et sur son propre vécu, est un mensonge qualifié. Les pénuries ou l'ambiance glauque, ce fut éventuellement vrai à partir du milieu des années 80, lorsque le pays fut miné par la crise économique qui allait lui être fatale, mais ce ne fut pas le cas dans les années 60-70. Quand au reste, personne ne dit que le pays était un paradis démocratique abouti, mais ce n'était pas non plus une dictature, stricto sensu. Il y avait des gardes-fous et des contre-pouvoirs, ce que des chercheurs en science politique ont depuis <a href="http://www.znaci.net/00003/1001.pdf">démontré</a>. Quant aux arts et à la culture, s'il y eu des épisodes de censure occasionnels, ils n'ont jamais pris de proportions graves, et personne n'est allé en prison ou n'a été menacé dans son intégrité physique pour sa création, comme ce fut le cas en RDA ou en URSS. Le même Branislav Dimitrijević explique d'ailleurs, dans une autre interview à Radio Slobodna Evropa (<a href="https://www.slobodnaevropa.org/a/intervju-branislav-dimitrijevic/28499038.html">ici</a>, en serbo-croate), que la situation politique et géopolitique du pays, la voie à part empruntée par la Yougoslavie dans le paysage communiste, fut un vecteur de nombreuses dynamiques, de dialectiques fécondes sur le plan artistique. Dimitrijević rappelle encore que le désintérêt manifeste de Tito pour l'art contemporain n'a aucunement empêché la construction du MSU, qui ne fut jamais inquiété financièrement ou politiquement, lors de son existence dans la Yougoslavie socialiste...contrairement à aujourd'hui, où il lutte quasi en permanence pour sa survie, à l'instar, plus globalement, d'une jeune scène artistique laissée à l'abandon. J'ajouterai aussi que le désintérêt de départ du parti communiste envers les arts novateurs a très vite évolué; en témoignent si besoin l'architecture audacieuse de nombreux quartiers et bâtiments construits durant le "socialisme", ou encore la beauté visionnaire des fameux <a href="https://laspirale.org/texte-526-spomenici-monuments-oublies-de-l-ex-yougoslavie.html">spomenici</a>, ces monuments en l'honneur de la mémoire antifasciste de la Seconde Guerre Mondiale, là encore à la différence des buildings sans âme de "Beograd na Vodi" ou des croix et églises kitsch que l'on voit fleurir partout en Serbie, dans la sillage de la "contre-révolution" nationale-religieuse en vigueur depuis les années 90-2000.</span></span></span><span style="color: #fff2cc;"><br /></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: black;"><span style="color: #fff2cc;">Enfin et surtout, Marina Abramović n'a jamais été opprimée ni réprimée. Son exposition belgradoise en 1975, se déroula au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Studentski_kulturni_centar" target="_blank">SKC</a>, un des fleurons de la liberté de penser et de créer en Yougoslavie, un lieu qui accueilli de nombreuses figures locales et internationales de l'avant-garde artistique et des musiques alternatives. Ce "storytelling" de la souffrance et de l'oppression, car s'en est un, est une façon de "sexifier" un vécu en faisant croire qu'on a été dissident, ou qu'on a résisté au régime. Dans le même registre court le storytelling que Goran Bregović aurait été punk à Sarajevo, ce qui n'a jamais été le cas (nous y reviendrons dans un post dédié). Mais passons à autre chose, car il y a encore à dire sur cette affaire.</span></span></span></span></span></span><br />
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<br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le gouvernement serbe actuel n'en est pas à son premier essai dans cette forme de "disruption", qui consiste chez lui, à alterner les postures conservatrices, autoritaristes, nationalistes, voire mafieuses et les écrans de progressisme artificiel et de modernité apparente. Je serai même tenté de dire que "Beograd na Vodi" participe d'un même élan d'autosuggestion et de propagande que l'exposition de Marina Abramović: l'idée là aussi est de montrer qu'on "peut le faire", à savoir construire une ville nouvelle rutilante et monumentale, avec l'idée d'impressionner les touristes, de séduire les "investisseurs", mais aussi en interne, de donner une impression de normalité, de progrès, d'évolution, dans un pays encore traumatisé par sa mise au ban des nations dans les années 90, et par les faibles avancées qui ont suivi. On trouve bien ça et là des Serbes qui pensent que "Beograd na Vodi" est un projet pertinent et qu'il dynamise la ville (j'en ai rencontré), mais ce sont soit des sympathisants du régime, soit des gens politiquement peu conscientisés, soit des gens complexés par les difficultés de la Serbie par rapport à des pays plus riches, et qui croient que cette poudre aux yeux urbanistique est un signe tangible de redressement. Ce n'est d'ailleurs pas un phénomène propre à la Serbie, et on trouve autant de naïfs ou d'idiots utiles en France, prêts à soutenir nombre de projets coûteux et inappropriés au nom d'un prétendu dynamisme. </span></span><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cela dit, pas grand monde n'est dupe quant à "Beograd na Vodi", et le projet suscite quand même l'opposition d'une large majorité.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnmvHZ__zulyNmmy_IeCRgeXeVmRxLJkH4M0xMsvNrmFXde6Az43Zs0ngYdM0slERHgMi6jLLiP00JqLyOpqWI7MT14312Pf1cCA9AegeahU7u-H6RnwJBmUB84-3LI-jbMyGeCk-OxAs/s1600/Beograd+na+vodi+665x317+F.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="317" data-original-width="665" height="190" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnmvHZ__zulyNmmy_IeCRgeXeVmRxLJkH4M0xMsvNrmFXde6Az43Zs0ngYdM0slERHgMi6jLLiP00JqLyOpqWI7MT14312Pf1cCA9AegeahU7u-H6RnwJBmUB84-3LI-jbMyGeCk-OxAs/s400/Beograd+na+vodi+665x317+F.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> <i>"Beograd na Vodi". Image de synthèse du projet global. Pour l'instant, seuls quatre tours de dressent au milieu de terrains vagues, où, il y a encore un an, se trouvait la gare centrale de Belgrade, dont le trafic a été déplacé sur deux autres gares plus périphériques...<br />L'immense tour qui domine le quartier n'est pas encore sortie de terre, mais les Belgradois l'ont déjà surnommé avec pertinence le "Dildo" (le godemichet).<br />Cette image de synthèse est au demeurant fausse, car au second plan, en vrai, se dresse la ville haute, qui, comme son nom le suggère, a un relief accidenté (et non plat comme sur l'image). </i></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avec l'exposition de Marina Abramović, le gouvernement Vučić cherche à se replacer dans la bataille de l'image et du développement culturel. L'idée est de séduire les classes moyennes et supérieures cultivées d'Occident, pour leur montrer que la Serbie est un pays ouvert et audacieux et que les Serbes ne mangent pas les bébés. Or cette bataille a déjà été menée en partie, mais pas par le gouvernement serbe, ou pas directement: ce sont d'autres acteurs, privés, associatifs ou individuels qui ont fait le boulot de changer l'image de la Serbie. Des événements comme Exit, le festival de Guča, les clubs branchés de Savamala, les lieux alternatifs de Dorćol ou de Zemun (quartiers de Belgrade), ou les "splavovi" (bâteaux-boîtes de nuit) de bord de Save et leurs fêtes délirantes, ont, depuis une bonne décennie, contribué à donner une image excitante et moderne de la Serbie auprès d'une jeunesse occidentale en quête de nouvelles sensations. Si j'ai pu exprimer des critiques sur une certaine "folklorisation" détestable à travers la mode des fanfares et du Balkan Beat, ou sur les inepties type "Belgrade est le nouveau Berlin", si Guča reste un événement noyauté par la sphère nationaliste (on en avait parlé <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2012/07/last-exit-from-guca.html" target="_blank">ici</a>), je me réjouis quand même que l'on soit sorti de l'image méprisante, voire raciste, à l'égard de la Serbie, image qui était encore en vigueur il n'y a pas si longtemps. Les Serbes sont encore montés d'un cran en termes d'image, lorsque une partie d'entre eux <a href="https://www.opendemocracy.net/en/can-europe-make-it/wait-serbs-are-now-good-guys/" target="_blank">est venue spontanément accueillir, nourrir, soigner, protéger les réfugiés passant par la Serbie</a>. Un comble dans un pays considéré, il est vrai non complètement à tort, comme le berceau de la purification ethnique, et comme un paradis pour les extrémistes de droite. Il faut d'ailleurs préciser, afin d'être complètement honnête, que même le gouvernement d'Aleksandar Vučić, s'est montré relativement bienveillant sur cette question (encore une disruption pseudo-progressiste!). </span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais en dépit de cette exception, et pour le dire crûment envers le gouvernement serbe actuel, celui-ci n'y est pas pour grand chose dans le dynamisme culturel et humain de la capitale, qui est le fruit des efforts de gens qui se sont bien souvent débrouillés seuls, se sont bagarrés, ont monté des dossiers et ont trouvé de l'argent auprès de fondations étrangères, ou ont opté pour l'underground DIY le plus total. </span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour le régime en place, qui n'a rien fait, et ne fera rien, pour toute cette nébuleuse, qui de toute façon lui est globalement défavorable, il est néanmoins urgent de reprendre la main et de montrer qu'il peut, lui aussi, faire, comme le suggérait Dimitrijević, de la culture à la fois radicale et haut-de-gamme, pointue et en même temps inoffensive, afin de bien montrer qu'il n'est pas cet immonde héritier de l'extrême-droite serbe qu'il est pourtant, et dont il conserve encore les réflexes et attributs autoritaires et nationalistes, couplés à des pratiques mafieuses et à un ultralibéralisme décomplexé (le parti au pouvoir est issu du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_radical_serbe" target="_blank">Parti Radical Serbe</a> de Vojislav Šešelj).</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Comme je le disais plus haut, ce n'est pas la première fois que le gouvernement joue cette carte de la "modernité progressiste". Il est intéressant ici de mettre le financement et l'organisation de cette exposition en perspective avec un autre choix "disruptif" d'Aleksandar Vučić, en l’occurrence, celui d'avoir engagé comme première ministre une lesbienne assumée, Ana Brnabić, celle là même qui serait à l'initiative de cette coûteuse exposition. Il est évidemment hors de question ici d'attaquer Madame Brnabić sur ce critère de l'homosexualité, pour concentrer les critiques sur sa politique et ses attitudes. Comme par exemple son dédain affiché des étudiants en lutte contre le mainmise du parti au pouvoir sur l'Université de Belgrade, îlot de savoir et d'intelligence autrefois reconnu, que même Milošević n'avait pas réussi à corrompre, devenu aujourd'hui un temple de médiocrité intellectuelle, pour cause de profs et cadres nommés sur des critères partisans et non sur leur compétence... Ou encore ses déclarations, indigne d'une haute dirigeante d'un Etat moderne, proférées alors que les discussions avec Priština tournaient en rond, sur les Kosovars albanais, <a href="https://www.rferl.org/a/social-media-users-come-out-of-the-woods-to-further-serbia-kosovo-dispute/29974481.html" target="_blank">"gens des forêts"</a> arriérés et méprisables. Ces deux exemples nous rappellent cependant qu'être homosexuel(le) n'est aucunement un gage d'ouverture et de tolérance.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Si Vučić certifie avoir choisi Brnabić sur ses compétences, l'homosexualité de cette dernière est pourtant bien le piège qui est tendu au camp progressiste serbe. Avoir choisi une femme homosexuelle comme première ministre, dans un pays où le machisme et l'homophobie ont encore de beaux jours devant eux, c'est à priori un choix courageux, audacieux, respectable, noble. Mais c'est aussi une façon de couper l'herbe sous les pieds de l'opposition progressiste, de la neutraliser en la plongeant dans un désarroi insoluble: saluer ce geste, c'est risquer de donner des gages à ce gouvernement. Ne pas le saluer, c'est être du côté de la meute conservatrice qui rejette Brnabić parce qu'elle est une femme et une lesbienne. Critiquer Ana Brnabić sur sa politique, c'est risquer d'être confondu avec la même meute haineuse, </span></span></span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">qui mélange allègrement critique politique, sexisme et homophobie.</span></span></span></span></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le piège est double car ce choix est aussi une manière de braquer les
Serbes les plus conservateurs et homophobes et donc de renforcer
l'extrême droite, pour mieux se poser en rempart contre celle-ci, ce que
le régime de Vučić ne manque pas de faire.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Et le piège a fonctionné, atomisant encore davantage une société déjà très divisée, d'autant que le SNS, le parti d'Aleksandar Vučić a reçu, sur cette question de l'homosexualité, le soutien inattendu de Pedja Azdejković, l'un des militants LGBTIQ les plus en vue. Lors d'une interview avec les internautes, organisée par le journal Danas (proche de l'opposition progressiste) sur Facebook, Azdejković a déclaré que le SNS "a fait beaucoup plus pour la cause LGBTIQ que les autres partis", dénonçant les égarements actuels des partis démocratiques, alliés via une plate-forme transpartisane d'opposition avec des partis d'extrême-droite ou ultra-conservateurs... </span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour le régime, la carte Brnabić est tout bénef', la nomination de la ministre <a href="https://www.lci.fr/international/serbie-qui-est-ana-brnabic-cette-femme-homosexuelle-nommee-premier-ministre-2055613.html?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter" target="_blank">ayant été relevée dans la presse mondiale</a> comme une marque de progressisme indéniable, ce qui permet au gouvernement serbe de cultiver en Occident cette image de parti "centriste", un comble alors que le reste de sa politique se situe globalement aux antipodes du centrisme et de ce choix d'une ministre lesbienne, et que ce choix lui-même participe finalement d'une logique de choc des civilisations, logique dans laquelle la Serbie apparaît moderne, ouverte, supérieure aux Albanais dont on rappelle l'arriération, l'homophobie, le sexisme (qui sont effectivement un problème au sein de la société kosovare), tout en omettant de dénoncer les mêmes maux qui pourtant existent de manière préoccupante aussi en Serbie, ou mieux, en faisant comme s'ils avaient disparu.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'exposition de Marina Abramović risque de produire les mêmes effets. En semant le désarroi et la discorde au sein des milieux culturels et artistiques, elle risque de les atomiser, de les faire imploser ou de les mobiliser inutilement dans des polémiques stériles, tout en braquant, en parallèle, les plus frustrés et en colère de la population, qui viendront grossir les rangs de la sphère conservatrice et "anti-art dégénéré" qui trouvera là une nouvelle occasion de monter au créneau.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour revenir au texte, et pour conclure, les réflexions de Branislav Dimitrijević soulèvent aussi la question, épineuse, du lien, ambigu, et parfois nauséabond entre culture et politique. Dans la Serbie d'hier et d'aujourd'hui, cette question s'est toujours posée avec acuité. Le désir de créer, la nécessité de faire exister son art, et la grande difficulté à en vivre, impliquent des choix qui vont de la marginalité assumée au compromis pragmatique, et à son double moins fréquentable, la compromission. Où est la frontière ? Faut-il coopérer avec le gouvernement d'Aleksandar Vučić ? Ce sont des questions, obsédantes et tenaces, qui habitent de nombreux acteurs culturels et citoyens serbes, sans qu'ils arrivent toujours à trancher. Alors que certaines oeuvres de Marina Abramović ont porté un regard sans concessions sur le nationalisme serbe, les guerres yougoslaves et le patriarcat balkanique, l'artiste aurait-elle dû refuser cette opportunité de présenter son travail en raison du lourd héritage idéologique de ses hôtes? Faut-il boycotter l'exposition ? Je me garderai d'exprimer ici un point de vue ferme et définitif. Le mérite des réflexions de Branislav Dimitrijević est de nous donner la conscience de ce qui se joue derrière cette exposition, c'est pourquoi il m'a semblé fondamental de partager ses réflexions pour les porter à la connaissance des francophones qui seraient susceptibles d'être attirés par cet événement. Qui décidera d'y aller après avoir lu tout ceci, le fera au moins en connaissance de cause et sans être dupe.</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5zNZFt4ooVX8R1RNSnUp8SJpecrToRtHmOVD_d9tt8o0AsChk4cIAyQFaqDmuCvN_qNXL4sYwf7EvAgNnyNDwQKg6WYaPed2fRkricOp5fLVUZtTbe5-mUpkCJqvRJiw_k4-IM52zA9g/s1600/Marina-Abramovic-Balkan-B-006.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="276" data-original-width="460" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5zNZFt4ooVX8R1RNSnUp8SJpecrToRtHmOVD_d9tt8o0AsChk4cIAyQFaqDmuCvN_qNXL4sYwf7EvAgNnyNDwQKg6WYaPed2fRkricOp5fLVUZtTbe5-mUpkCJqvRJiw_k4-IM52zA9g/s400/Marina-Abramovic-Balkan-B-006.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"<a href="https://www.moma.org/audio/playlist/243/3126" target="_blank">Balkan Baroque</a>", oeuvre de Marina Abramovic sur les guerres yougoslaves. </i></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Last but not least, le débat que soulève cette expo n'est bien-sûr nullement réservé à la Serbie, et à son gouvernement détestable. Il se pose partout, y compris en France, et pas seulement dans les villes tenues par le FN/RN (by the way, notre gouvernement aussi est détestable). Il est de longue date démontré que l'art contemporain, dans sa version la plus starifiée (on ne parle du petit plasticien désargenté qui bosse en intérim pour vivre, et expose au petit bonheur la chance), sert à asseoir les rapports de domination de classe en permettant à la haute bourgeoisie de s'afficher, de fixer ce qu'est le "bon goût", et ainsi de se démarquer de la plèbe (sans parler bien-sûr des avantages fiscaux que représentent le fait d' "investir" dans l'art). De façon plus globale, le mariage entre culture et politique est de longue date consommé. La mutation de la culture en "industrie culturelle", et sa dérégulation sont engagées. Enfin, il ne fait guère de doute que la culture est un bras armé, en termes de retours sur image et de retombées économiques, dans l'âpre compétition des villes et des régions. On me répondra sans doute que la situation n'est pas la même en Serbie et en France, qu'il ne faut pas tout mélanger et que ce n'est donc pas comparable. Certes, peut-être, mais cela ne dispense pas de se reposer la question, surtout dans l'époque tendue et "fin de règne" que nous traversons, et donc d'interroger, sans poujadisme anti-artistique, certains choix politiques en matière culturelle, les immixtions d'élus dans les programmations, ou encore les rapports parfois très connivents entre acteurs culturels et "décideurs"... Pour cette raison aussi, les réflexions de Dimitrijević sont précieuses.<br /><br /><i>Photo d'illustration en début de post: Marina Abramović, lors de la cérémonie de ses 70 ans. Crédit (c) Jared Siskin/Patrick McMullan.</i></span></span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><br /></i></span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><br /></i></span></span></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><u>Notes:</u></i></span></span></span></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(1)
et (2) En VO, Dimitrijević utilise d'abord l'expression "estradna
zvezda", littéralement "étoile de l'estrade", puis "estrada", que j'ai
traduit donc respectivement par "star" et "starification". Le mot
"estrada", du français "estrade", sert à désigner au sens figuré en
serbo-croate les spectacles grand-public, les célébrités, le show-biz,
le monde du divertissement et de la variété. Le terme "estrada" a pris
avec le temps un sens péjoratif que n'a pas son synonyme d'origine
anglophone "šou biznis" (show business), qui conserve en serbo-croate un
sens neutre ou même positif. Estrada véhicule des connotations de
bêtise, de vulgarité, de mauvais goût, de complaisance... Ex: les stars
du turbofolk font partie de l'estrada (CQFD). Après avoir songé à
"show-biz", j'ai choisi "star" pour traduire (imparfaitement) cette
notion, parce que ce mot me semblait être le plus proche de l'intention
originelle de Dimitrijević, en termes de sens. Si quelqu'un a mieux à
proposer, ne pas hésiter en commentaire...</span></i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">3) "par excellence" est en français dans le texte dans la VO. La formule est passée avec le même sens en serbo-croate.</span></i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(4) </span></i></span><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Extrait des mémoires de Marina Abramović, cité par le journal serbe Telegraf: "</span></i></span>Je
viens d'un environnement obscur. Ainsi était la Yougoslavie de l'après
guerre, du milieu des années 40 au milieu des années 70 (...). Une
dictature communiste, qu'administrait le Maréchal Tito. Il y avait tout
le temps des pénuries de tout et de rien, partout c'était la grisaille.
Il y a quelque chose de caractéristique dans le communisme et le
socialisme - une espèce d'esthétique basée sur la pure laideur. Le
Belgrade de mon enfance n'avait rien de monumental comme pouvait l'être
la Place Rouge à Moscou. Tout était comme usé. Comme si le sommet
observait tout à travers le prisme du communisme ou du socialisme de
quelqu'un d'autre, et créait quelque chose de moins bien ou de moins
fonctionnel, et de plus abîmé. Le souvenir des espaces publics me
revient toujours. Ils étaient tous peints dans une couleur verte sale,
et en haut étaient suspendues des ampoules nues qui donnaient une
lumière grise sous laquelle tout le monde semblait avoir des cernes. La
combinaison de cette luminosité et de la couleur des murs faisait que la
couleur de peau de tous paraissait verte jaunie, comme si nous avions
un foie malade. Quelle que soit votre activité, il y avait toujours un
sentiment de répression, et une petite dose de dépression."</span></i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(5) Les parents de Marina Abramović sont monténégrins.</span></i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></span></span></div>
<br /></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-2493899828192887612019-09-30T18:25:00.001+02:002019-09-30T18:27:42.171+02:00LE CHANGEMENT, C'EST MAINTENANT!<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtQG20O6GU8yUQkjTTqDyCBzoI8HZYL5qaIQYwTfTdYJdq_jbcK0kTTrX-xClXKF2j9C5BUcg6gcg3HsMNHlpuKohOWSJP6W5ojnm6jZVYMWY5TYu_y6rMRm-LT7OjonRZXhtDjsF0FW0/s1600/220px-Plakat_1_Radne+Akcije.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="306" data-original-width="220" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtQG20O6GU8yUQkjTTqDyCBzoI8HZYL5qaIQYwTfTdYJdq_jbcK0kTTrX-xClXKF2j9C5BUcg6gcg3HsMNHlpuKohOWSJP6W5ojnm6jZVYMWY5TYu_y6rMRm-LT7OjonRZXhtDjsF0FW0/s400/220px-Plakat_1_Radne+Akcije.jpg" width="287" /></a></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Suite à de nombreuses réflexions personnelles, complétées d'échanges avec des amis instruits et réfléchis sur les questions liées au web 2.0, ce blog et son prolongement facebookiens vont connaître quelques changements. L'envie est forte depuis longtemps de redonner un nouveau souffle à un travail, commencé ici en 2011 sans trop savoir où il allait nous mener, mais assez original et excitant pour que son auteur, malgré d'inévitables phases de doutes, pertes d'inspiration ou simple surcroît de "Real Life", n'ait jamais eu envie de le lâcher. Cette motivation s'est vue aussi entretenue par le fait que, de l'autre côté de l'écran, un public, certes peut-être modeste voire "de niche", s'est constitué et semble trouver matière à s'enrichir l'esprit dans les thèmes que j'ai ici développés et les angles que j'ai choisis.<br /> </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Si le bilan est donc "globalement positif", cette aventure affiche néanmoins selon moi des signes de fatigue et une légère sensation de surplace...Ce ne sont pas forcément les sujets ou les approches, parfois ressassés, qui sont en cause, même si, ça et là, je peux avoir le sentiment d'avoir fait le tour d'une question. J'ai mes obsessions, mes mauvaises têtes, mes parti-pris, mes centre d'intérêts et mes convictions, et forcément, ils viennent habiter, parfois malgré moi, comme le naturel qui revient au galop, la plupart des publications. Je crois pourtant, et sans ici me la raconter, avoir réussi, sans trahir les envies de départ, à diversifier le propos au fil du temps, et aussi à évoluer sur certains points de vue...</span></span></span><br />
<a name='more'></a><span style="font-size: small;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /><span style="color: #fff2cc;">La principale problématique est en fait la suivante: en parallèle à ce blog s'est développé sur <span style="color: #e06666;"><a href="https://www.facebook.com/yougosonic" target="_blank">son profil facebook</a></span> une sorte de "blog bis", avec des posts de plus en plus longs et argumentés. Cela s'est fait naturellement et sans que j'en prenne de suite véritablement conscience. Le désir de partager et "d'expliquer l'ex-Yougoslavie en suivant les chemins de traverses", comme le proclame fièrement l'accroche de ce blog, a fini par se manifester principalement sur le réseau social, au détriment du blog. L'idée de départ était pourtant que facebook soit un satellite, un complément du blog, un relais de celui-ci. C'est un peu le contraire qui se passe aujourd'hui et ce n'est pas selon moi une bonne chose.<br /><br />Explications:<br /><br />- Tout d'abord, et contrairement à ce que proclament Zuckerberg et les profs de "e-marketing" adeptes du "sans twitter, insta, facebook, point de salut!", tout le monde N'EST PAS sur le grand réseau social. J'ai même le sentiment que sa fréquentation marque le pas.<br /><br />- Outre une façon très verticale de décider et d'imposer certains changements de l'interface, outre l'inutilité ou l'inefficience de certains de ces changements, outre le flicage et l'espionnage de plus en plus décomplexé des usagers, le sentiment de ces derniers d'être pris pour des pigeons va croissant depuis les dernières élections américaines, et ce, malgré les couleuvres que Zuckie a essayé péniblement de nous faire avaler. Une prise de conscience salutaire des internautes dont il sera intéressant de suivre les évolutions, même si on peut très fortement douter qu'elle se solde par un effondrement à court-moyen terme du réseau, tant sa puissance réside et demeure dans l'incomparable et addictive vitrine offerte à nos petits et grands égos interactifs, lesquels valent bien quelques compromissions avec la vie privée et le fait de bosser gratos pour un type dont le business-model est de vendre nos données à tout vent... Je ne m'exclue pas du lot derrière ce constat moraliste, même si j'ai mes périodes de sevrage, choisies ou au contraire imposées par la "real life", qui me permettent de reprendre pied et recul au milieu du feu nourri des statuts, y compris des miens.<br /><br />- Au delà de ces questions autour de notre manière de composer avec le réseau et de "will facebook eat itself?", un post de blog demeure <u><b>davantage visible</b></u> sur le net qu'un post facebook, souvent noyé dans le vaste foutoir de la "timeline" et de toute façon oublié le lendemain de sa publication, sans parler des caprices d'un algorithme aussi perturbant qu'inefficace, et autres censures occasionnelles. Un post de blog est donc précieux de par sa capacité à durer sur le net, à être référencé, "archivé", et donc à pouvoir toucher un public plus durablement. Il est de fait regrettable de réserver mes réflexions et idées à ma seule communauté facebook, alors qu'il existe, dans l'ombre du net, un lectorat curieux, ouvert et avide d'éclairages tels que ceux qu'en toute modestie, je propose.<br /><br />- Le côté "publier/éliminer" récurrent du réseau social, l'actu en flux hypertendu, la "déhiérarchisation" de plus en plus délétère entre "contenu de qualité" et l'opinion du premier Jeanfoutre passant par là, le caractère chronophage de la publication d'un post et de la modération des commentaires, l'hyperréactivité (dans tous les sens du terme) des usagers sur la moindre thématique "chaude patate", l'illusion du débat, de la réflexion, de l'engagement, le bal des égos, tout cela me semble de plus en plus stérile, et a fini par générer une certaine lassitude...<br /><br />Là aussi, les commentaires postés sur une note de blog sont souvent plus mesurés, réfléchis, argumentés que sur facebook... Il est vrai que le petit "poste frontière" à l'ancienne, que constitue la "modération" par le maître de céans, AVANT publication du commentaire, fait son effet, et décourage, bien souvent, les indélicats, ou les oblige à mettre pincettes et matière dans la formulation de leur point de vue, fusse-t-il en désaccord avec celui du taulier, étant entendu que, bien-sûr, il n'a jamais été question que ce blog et son versant facebookien soient un rassemblement de lèches-culs de ma petite personne, ni un club de "sachants", bien-nés, d'accords entre eux, se servant mutuellement une soupe consensuelle et connivente.<br /><br />Je n'ai cela dit pas à me plaindre: je peux affirmer avec satisfaction qu' une communauté de qualité s'est constituée autour de mon profil FB, avec des contacts enrichissants et passionnants, ce y compris au delà d'éventuelles divergences d'opinions ou d'analyses. Nous avons réussi à éviter (ou à éliminer si besoin) - globalement - les fachos, les illuminés, les conspis, les frustrés, les débiles, les trolls, les barbouzes, les "hors-sujets", qui pullulent ailleurs et qui ont contribué à faire de facebook cet égout à ciel ouvert qui fait élire Trump et laisse dire que les juifs mangent les enfants... <br /><br />Bref, point n'est question à ce jour de quitter à 100% le réseau social, qui reste, avec tous ses défauts, un fil info incontournable, un espace d'échange précieux, et un miroir, certes parfois déformant, de l'air du temps, mais de l'utiliser un peu différemment.<br /><br />L'idée forte des temps à venir est de <b>"revenir"</b> sur le blog, et d'y établir le coeur de notre activité, en publiant ici ce qu'on a à dire. Je retranscrirai peu à peu certains posts publiés sur facebook par le passé, et qui me semblent mériter publication/archivage par ici. Il n'est pas exclu que ces posts soient parfois enrichis et retravaillés. Une autre nouveauté sera aussi de partager ici des documents et des notes, parfois issus d'autres sources, de les résumer ou d'en citer des extraits, et d'y apporter éventuellement quelques commentaires et compléments d'infos. Il n'est pas exclu non plus que je ne brise pas un vieux tabou originel qui est celui de la traduction occasionnelle d'autres posts, articles, et sources en serbo-croate... Bien-sûr, je continuerai d'écrire de nouveaux posts, au gré de mon inspiration, de mes découvertes, de l'actualité ou de l'inactualité, ...et de mon temps libre. <br /><br />Ces divers ajustements seront une façon de renouer avec l'esprit originel du blogging, qui fut avant tout une sorte de "bloc-note" en ligne. Elles permettront, je l'espère, de redonner à ce blog la vitalité et le rythme à la hauteur de ces ambitions.<br /><br />Voilà pour les intentions.Y a plus qu'à! Nous verrons concrètement dans les prochains temps comment tout cela s'articule et trouve son rythme dans la pratique...<br /><br />Last but not least, faire vivre ce blog étant une tâche de longue haleine, soumise aux aléas de la "real life" et de nombreux autres paramètres, rien de tel pour relancer la machine que de créer un deuxième blog ! Non content de n'avoir que ce blog dédié à la Yougosphère, j'aurai le plaisir sous peu d'inaugurer un "side-project", sur un thème voisin. Les plus impatients iront voir <a href="https://ivanovitchgraffiti.blogspot.com/" target="_blank">ici</a>, mais en resteront pour leur frais. On en reparle bientôt... Stay tuned et à très vite !<br /><br /><i>Image d'illustration: "Jeunesse! Ne laisse pas le maïs pourrir en Srem [région de Serbie, entre Belgrade et Novi Sad], alors que la famine fait rage dans les autres régions". Affiche invitant les jeunes à s'engager dans les "Actions de travail" promues par le régime socialiste yougoslave.</i></span></span></span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-64685815688673792752018-11-22T17:42:00.001+01:002018-11-22T17:42:23.412+01:00FRATERNITE DE LA DISSONANCE<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiq43QYGBveTY9eH3DRRZMnDgzBO6EFURPyeD2WBuu398-IlLKpn20i_9PGmRyVE0vjSkhBStehN-NzGiLlTD0p6qWX92ZDS-0YgEJuzA7_vnugnRshBeg7fd-gdTQiCRhd2893LFL4Ptg/s1600/Serbian+war+Songs.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="700" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiq43QYGBveTY9eH3DRRZMnDgzBO6EFURPyeD2WBuu398-IlLKpn20i_9PGmRyVE0vjSkhBStehN-NzGiLlTD0p6qWX92ZDS-0YgEJuzA7_vnugnRshBeg7fd-gdTQiCRhd2893LFL4Ptg/s400/Serbian+war+Songs.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Les récentes commémorations de la première grande boucherie mondiale du siècle dernier sont un bon prétexte pour sortir des tiroirs un projet musical singulier, passé globalement inaperçu: "</span><a href="http://www.karlrecords.net/?p=472" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Serbian war songs</span></a><span style="color: #fff2cc;">" est paru en 2017, et je n'ai moi-même découvert ce disque que très récemment, un peu par hasard. Le titre est à la fois trompeur et exact. En l'occurrence, ce n'est pas à proprement parler une anthologie de chants militaires éditée pour renflouer le budget de l'armée serbe fragilisé par les guerres des années 90, ni une énième initiative patriotique glorifiant les hauts faits d'armes de cette valeureuse nation. Non. Si ces "chansons de guerre serbes" sont bien des oeuvres du folklore traditionnel ou du répertoire militaire, composées à l'époque de la Première Guerre Mondiale en Serbie, elles sont ici "déconstruites" pour être réinterprétées dans le langage particulier des musiques d'avant-garde. </span></span><br />
<a name='more'></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">A la manoeuvre se trouve l'Ensemble</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Zeitkratzer" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Zeitkratzer</span></a><span style="color: #fff2cc;">, une formation basée à Berlin, ville qui a en commun avec les Balkans d'avoir vécu dans sa chair les grands soubresauts de l'histoire du XXe siècle. Zeitkratzer signifie d'ailleurs "Eraflure du temps". Classé dans la "Neue Musik" ("Musique nouvelle"), terme désignant en allemand ce qu'on appelle en France la "</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_contemporaine" target="_blank"><span style="color: #e06666;">musique contemporaine</span></a><span style="color: #fff2cc;">", Zeitkratzer en est pourtant une figure hors-norme, loin de l'image </span><a href="https://www.francemusique.fr/musique-contemporaine/le-vrai-ou-faux-de-la-musique-contemporaine-32689" target="_blank"><span style="color: #e06666;">"bourgeoise", pédante et ennuyeuse</span></a><span style="color: #fff2cc;">, qui colle volontiers à la peau de ce courant artistique. Le répertoire et la</span> <a href="https://zeitkratzer.bandcamp.com/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">discographie</span></a> <span style="color: #fff2cc;">de l'ensemble croisent aussi bien les pièces des compositeurs contemporains parmi les plus emblématiques, tels</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Cage" target="_blank"><span style="color: #e06666;">John Cage</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Karlheinz_Stockhausen" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Karlheinz Stockhausen</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ou </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Iannis_Xenakis" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Iannis Xenakis</span></a><span style="color: #fff2cc;">, que des oeuvres de</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Deicide" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Deicide</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Whitehouse" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Whitehouse</span></a><span style="color: #fff2cc;">, Kraftwerk ou Lou Reed. Loin d'en rester à un dialogue entre les musiques "savantes" et le death-metal, l'industriel, l'électro ou le rock, Zeitkratzer a aussi sorti deux albums consacrés à la "</span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Volksmusik" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Volksmusik</span></a><span style="color: #fff2cc;">", la musique populaire du domaine culturel germanique, amenant au coeur de l'avant-garde sonore des genres aussi ringardisés et péquenoïdes que la "oumpapa" et les "yodele". La rencontre de </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chris_Cutler" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Chris Cutler</span></a> <span style="color: #fff2cc;">et des</span> <a href="https://www.youtube.com/watch?v=5okscXiUesc" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Kastelruther Spatzen</span></a><span style="color: #fff2cc;">, en quelque sorte. Il fallait oser! </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHv-UM1gpgNaUEHzPiWcIYwgZVyXD3tWHhevms0BAhE0ADdt0SH6P1COax74vKBJBNjoSInwgUkTEOzz7u3aUf7otWO-9A_V6R7ykLXg6uD6lR1ETQF2RV-ZtN-5t82N14sgCdc3gS7jk/s1600/Zeitkratzer.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="571" data-original-width="600" height="304" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHv-UM1gpgNaUEHzPiWcIYwgZVyXD3tWHhevms0BAhE0ADdt0SH6P1COax74vKBJBNjoSInwgUkTEOzz7u3aUf7otWO-9A_V6R7ykLXg6uD6lR1ETQF2RV-ZtN-5t82N14sgCdc3gS7jk/s320/Zeitkratzer.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Zeitkratzer.</span></i><br />
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Des gens avec une photo de presse pareille ne peuvent pas être foncièrement mauvais !</span></i><br />
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></i></div>
</div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La démarche ne manque pas d'humour ni d'esprit frondeur, mais au delà de cette dimension impertinente, Zeitkratzer voulait sortir du mépris qui entoure habituellement la musique populaire, pour en interroger la place et le rôle, son ancrage social et ses mutations, accompagnant celles de l'histoire. Voilà qui devrait suffire à situer qui est Zeitkratzer. Entrons maintenant dans le vif du sujet!</span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le projet "Serbian war songs" est à l'origine une commande de la</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_des_cultures_du_monde_(Berlin)" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Haus der Kulturen der Welt</span></a> <span style="color: #fff2cc;">("Maison des Cultures du Monde"), institution culturelle berlinoise dédiée à la diffusion et au dialogue des expressions contemporaines du monde. Le disque est un </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">enregistrement du concert donné là-bas le 16 janvier 2016.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Dans cet esprit de dialogue des cultures, Zeitkratzer s'est entouré de musiciens serbes pour mener à bien le projet:</span> <a href="http://www.haizebegi.eu/intervenants-artiste/artiste/svetlana-spajic-chanteuse/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Svetlana Spajic</span></a> <span style="color: #fff2cc;">et Dragana Tomić, à la voix, Obrad Milić, à la voix, au </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Diple" target="_blank"><span style="color: #e06666;">diple</span></a> <span style="color: #fff2cc;">(sorte de flûte mais dont le son nasillard s'apparente plutôt à celui d'une cornemuse), et à la </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Gusle" target="_blank"><span style="color: #e06666;">gusle</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Le choix de Svetlana Spajić mérite quelques précisions. La musicienne est en effet connue pour son interprétation du chant polyphonique serbe, un art ancien, typique de la tradition musicale orale, et des régions rurales de Serbie. Ce chant offre la particularité d'être volontiers "dissonant" pour des oreilles occidentales, habituées à l'harmonie mélodique classique.</span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="375" mozallowfullscreen="" src="https://player.vimeo.com/video/17327102" webkitallowfullscreen="" width="500"></iframe><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">C'est précisément cette dissonance, que l'on retrouve aussi dans les modes de jeux d'autres instruments balkaniques, qui rapproche la musique traditionnelle de la région et la musique contemporaine, dont l'un des principes fondateurs a été de remettre en question l'harmonie classique. L'improvisation est aussi une composante importante qui réunit ces deux univers qu'à priori tout oppose. Avant même de travailler avec Zeitkratzer, Svetlana Spajić avait déjà oeuvré à faire se rencontrer les expressions musicales ancestrales et l'avant-garde artistique, en créant par exemple des illustrations sonores pour des oeuvres de la célèbre performeuse </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marina_Abramovi%C4%87" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Marina Abramovic</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ou en collaborant avec des artistes partageant un même appétit de transversalité des époques et des genres, comme</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainkho_Namtchylak" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Sainkho Namtchylak</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Alors que le chant polyphonique serbe a volontiers été éclipsé par la mode des fanfares, plus accessibles et plus festives, et qu'il tendait à retomber dans l'oubli, Svetlana Spajić a indéniablement contribué à lui redonner sa place. L'imposante maîtrise technique de la musicienne et sa connaissance du répertoire vocal de l'ensemble des Balkans (on trouve du chant polyphonique dans toute la région) font qu'elle est aujourd'hui sollicitée aussi pour de nombreuses masterclasses et ateliers de par le monde.</span></span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: center;">
<iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/hAcXUajXFzs" width="560"></iframe>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">
</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Svetlana Spajić et Sainkho Namtchylak en concert </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">à la </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Belgrade_Youth_Center" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Dom Omladine</span></a><span style="color: #fff2cc;"> de Belgrade en 2011.</span></i></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">En plus de cette proximité entre un certain type de musique balkanique et la musique contemporaine, il est intéressant de préciser que l'émergence en Serbie d'artistes comme Svetlana Spajić, provient elle aussi d'un phénomène de vases communicantes entre une certaine avant-garde musicale et ce qui allait plus tard s'appeler les "musiques du monde". L'un des acteurs les plus engagés dans le domaine des musiques du monde en Serbie est</span> <a href="http://www.wmce.de/bojan-djordjevic.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Bojan Djordjevic</span></a><span style="color: #fff2cc;">, entre autres producteur et manager du groupe pop-rock tzigane</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Kal_(band)" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Kal</span></a><span style="color: #fff2cc;">, fondateur du magazine</span> <a href="https://bibliolore.org/2009/10/27/etnoumlje-srpski-world-music-magazine/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Etnoumlje</span></a> <span style="color: #fff2cc;">dédié à ces musiques et programmateur du festival</span> <a href="http://ringring.rs/en/uncategorized/world-music-festival-todo-mundo-2018-starts-soon/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Todo Mundo</span></a> <span style="color: #fff2cc;">de Belgrade. Djordjević est aussi l'auteur des compilations "</span><a href="https://www.discogs.com/fr/label/990481-Srbija-Sounds-Global" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Srbija sounds global</span></a><span style="color: #fff2cc;">", éditées par la radio</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/B92" target="_blank"><span style="color: #e06666;">B92</span></a> <span style="color: #fff2cc;">au début des années 2000, et qui présentaient la fine fleur des musiques traditionnelles et néo-traditionnelles de Serbie. Ces compilations dévoilaient une scène diverse et originale, où tradition et innovation se rencontraient, en particulier chez des artistes comme le très déjanté violoniste hongrois de Voïvodine</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9lix_Lajk%C3%B3" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Lajko Felix</span></a><span style="color: #fff2cc;">, le barde </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Boris_Kova%C4%8D" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Boris Kovac</span></a> <span style="color: #fff2cc;">et son "last Balkan tango" intemporel, l'excellente</span> <a href="https://www.facebook.com/pages/category/Musician-Band/Beogradska-%C4%8Calgija-305725256144120/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Beogradska Calgija</span></a> <span style="color: #fff2cc;">et son étonnante assimilation de l'héritage musical ottoman ou sépharade, et bien-sûr Svetlana Spajić, avec son groupe "Drina" où figure également Dragana Tomić, présente aussi sur "Serbian war songs". </span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYoEfLctNlLsyiSqXd7c8mi0sObOIzkRjrZaiNLCjhbfBmU5PYDbY819Q3aEqzr0Qfk52uu9TTtpSuhVLvUd-s50IgVAZkgdNOu2vkLEImrACj1ekGfqcRbQpLnfmBRDnpmwws4hTEB4o/s1600/Bojan+Djordjevic.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="225" data-original-width="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYoEfLctNlLsyiSqXd7c8mi0sObOIzkRjrZaiNLCjhbfBmU5PYDbY819Q3aEqzr0Qfk52uu9TTtpSuhVLvUd-s50IgVAZkgdNOu2vkLEImrACj1ekGfqcRbQpLnfmBRDnpmwws4hTEB4o/s1600/Bojan+Djordjevic.jpg" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>Bojan Djordjevi</i><span style="text-align: justify;"><i>ć</i></span><i>.</i></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Dans une vie précédente, dans les années 80, Djordjević fut un des acteurs-clés de la niche des musiques "innovatrices" en Yougoslavie, participant à l'édition et à la diffusion de cassettes de cette mouvance, proche du courant du "</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rock_in_opposition" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Rock in Opposition</span></a><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">" (RIO) né au Royaume Uni à la fin des 70's, une branche </span></span><span style="color: #fff2cc;">radicalement aventureuse du </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rock_progressif" target="_blank"><span style="color: #e06666;">rock progressif</span></a><span style="color: #fff2cc;">. La scène RIO en Yougoslavie fut évidemment éparse, confidentielle et, disons-le, anecdotique en termes d'impact et de notoriété. Eparpillée dans toute la fédération, elle fut cependant soudée et solidaire, et Djordjević fut, avec son complice Aleksandar Konjikušić, l'un de ceux qui parvint à la mettre en orbite sur la carte du monde des musiques de traverses, via leur "tape-label" intitulé malicieusement "Nikad Robom". Cette formule, signifiant "Jamais esclave" en français, fut d'abord un des slogans des Partisa</span><span style="color: #fff2cc;">ns combattant les nazis et les fascistes, avant de devenir un must de la pop-culture yougoslave, via la BD éponyme, narrant les exploits de deux jeunes partisans intrépides, Mirko et Slavko. A cette époque où internet n'existait pas de manière publique, et où les communications se faisaient par courrier, téléphone ou fax, les compilations de "Nikad Robom" parvinrent à faire collaborer les artistes yougoslaves et leurs homologues français, britanniques, américains de la mouvance RIO. Avec le recul, les relations tissées par le label, ainsi que sa production, dessinant une belle internationale de la "musique de recherche", laissent pantois.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGXmaZ407MJQmE6173ogAenws1DRQvXX9XfMLp70m4ogliSJtfkGCZY6K4UvUSfvZnONVpUwWwMs0oPl7g1asR2qIUy5XriZS7nkVTtXqWa09FsyIT7oGsiXg7qbXfXTbyesUpvGdYV-k/s1600/Nikad+Robom+tape+label.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="252" height="317" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGXmaZ407MJQmE6173ogAenws1DRQvXX9XfMLp70m4ogliSJtfkGCZY6K4UvUSfvZnONVpUwWwMs0oPl7g1asR2qIUy5XriZS7nkVTtXqWa09FsyIT7oGsiXg7qbXfXTbyesUpvGdYV-k/s400/Nikad+Robom+tape+label.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc;">Couverture d'une cassette de Nikad Robom (le label), intitulée </span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc;">"banni par la peur de la Commune", avec en face A, une demo de 1976 de</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/This_Heat" target="_blank"><span style="color: #e06666;">This Heat</span></a><span style="color: #fff2cc;">, et en face B, l'enregistrement du concert d'</span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Elliott_Sharp" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Elliot Sharp</span></a> <span style="color: #fff2cc;">à Ljubljana en 1987.</span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc;">(Source: l'excellent blog "</span><a href="http://ahogonsindustrialguide.blogspot.com/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">A hogon's industrial guide</span></a><span style="color: #fff2cc;">", qui</span> <a href="http://ahogonsindustrialguide.blogspot.com/2014/03/the-diversity-of-diversity-traditions.html#i_-_nikad_robom" target="_blank"><span style="color: #e06666;">explore en détail le phénomène "Nikad Robom"</span></a><span style="color: #fff2cc;"> )</span></i></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">L'amour de la musique, la curiosité, l'attrait pour des sonorités différentes du mainstream ont naturellement conduit Djordjević a s'intéresser aux musiques traditionnelles, défricheuses de champs inexplorés, oubliés ou délaissés. C'est par ce biais que s'est faite progressivement la bascule, des musiques innovatrices vers les musiques du monde. Précisons que cet intérêt pour les musiques traditionnelles, en particulier celles de Serbie, ne fut à aucun moment motivé par la montée du nationalisme sur place, à la même époque. Par une de ces contradictions dont les extrémistes sont coutumiers, les nationalistes serbes se tournèrent plutôt vers l'indigeste soupe post-moderne qu'était le turbofolk, là où les antinationalistes s'intéressèrent à des expressions archaïques, oubliées, mais plus authentiques, et ne cherchant noise à personne!</span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Notons aussi que cette bascule n'a pas constitué un abandon d'une musique au profit de l'autre, au contraire. C'est davantage une jonction, un temps rompue, qui a été réactivée. Bojan Djordjević a aussi fondé le</span> <a href="http://ringring.rs/en/ring-ring-festival-2018/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ring Ring Festival</span></a> <span style="color: #fff2cc;">à Belgrade, en 1996, dédié aux musiques innovatrices, du</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Free_jazz" target="_blank"><span style="color: #e06666;">free-jazz</span></a> <span style="color: #fff2cc;">à l'</span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Experimental_rock" target="_blank"><span style="color: #e06666;">avant-rock</span></a> <span style="color: #fff2cc;">en passant justement par les musiques néo-traditionnelles. Une gageure, à l'époque. Le pays était encore sous sanctions, la misère sociale et morale régnait, et la culture indépendante ne devait sa survie qu'à des financements au compte-goutte, souvent étrangers, notamment ceux du "méchant impérialiste" George Sörös et de sa fondation Open Society. Malgré ce climat difficile, ou peut-être à cause de lui, l'îlot de liberté et de créativité qu'était Ring Ring parvint à s'affirmer, à faire venir à Belgrade la fine fleur internationale des musiques hors normes, et à donner une tribune à son pendant local. Ring Ring existe d'ailleurs toujours, et bénéficie aujourd'hui d'une reconnaissance au delà des frontières de la Serbie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">Le phénomène que nous décrivons ici ne fut d'ailleurs pas une spécificité serbe ou yougoslave. En Occident aussi, les "musiques du monde" ont émergé par le biais des scènes indépendantes, alternatives ou avant-gardistes de l'époque. C'est dans le sillage des nombreux dérivés du punk que bon nombre d'artistes des années 80 ont introduit des mélodies orientales, des percus tibétaines, ou ont tenté l'improbable alliage du "</span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/White_noise" target="_blank"><span style="color: #e06666;">bruit blanc</span></a><span style="color: #fff2cc;">" et du groove ethnique, bousculant les codes en vigueur du rock et du jazz, finalement engoncés dans un certain conservatisme ennuyeux. Michel Winter et Stéphane Karo, le duo belge qui, par exemple, redécouvrit les "</span></span><a href="https://www.discogs.com/fr/Le-Taraf-de-Clejani-Roumanie-Musique-Des-Tsiganes-De-Valachie/master/608884" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Lautari de Clejani</span></a><span style="color: #fff2cc;">", futurs </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taraf_de_Ha%C3%AFdouks" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Taraf de Haïdouks</span></a><span style="color: #fff2cc;">, étaient proche de la bohème alternative bruxelloise d'alors, et en particulier de groupes comme</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Minimal_Compact" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Minimal Compact</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aksak_Maboul" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Aksak Maboul</span></a><span style="color: #fff2cc;">, et du label</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Crammed_Discs" style="color: #e06666;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Crammed Discs</span></a><span style="color: #fff2cc;">.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<span style="color: #fff2cc;">Dans ce tropisme de l'avant-garde vers les musiques traditionnelles, la seule différence peut-être, entre la Yougoslavie et l'Europe Occidentale, est que chez la première, tout ce patrimoine "dormait" là, à proximité, et n'attendait que qu'on le réveille, là où ailleurs, les musiciens sont allés chercher nouveauté et inspiration dans divers outre-mers et outre-terres...</span><br />
<span style="color: #fff2cc;"> </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">A côté du champ des musiques alternatives, la musique contemporaine elle-même a volontiers puisé dans des sonorités "exotiques", en particulier asiatiques, pour apporter de la nouveauté et de l' "étrangeté" à son langage musical. On précisera enfin que certains courants de la musique contemporaine, comme celui de la musique dite "</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_spectrale" target="_blank"><span style="color: #e06666;">spectrale</span></a><span style="color: #fff2cc;">", ont trouvé leur inspiration dans certaines musiques traditionnelles roumaines. La péninsule balkanique a donc contribué à sa manière à la musique contemporaine. La Roumanie est encore aujourd'hui, avec la France, un foyer important du courant "spectral", qui, précisons-le, concerne le spectre sonore, et non les spectres qui hantent les récits populaires de Transylvanie et alentour... </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Refermons cette parenthèse, dont l'idée était de démontrer, loin de l'opposition de façade entre musiques traditionnelles et musiques "innovatrices", opposition aujourd'hui essentiellement socioculturelle, leurs connexions et parentés.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtpkFbvizW7pNbq3Qfzf0X17C7J5h21Djghn4mcPEDgqYRy4Fsm50B1KYANv6_XEM8u0xF1jyGlmRbG4SzzYOWiTEzq0VXoKpQNhllZDs7OJqfbVbEzd_wU6l_U6IvqL8a-7xU5DZx1BY/s1600/Arm%25C3%25A9e+serbe+front+d+orient.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="477" data-original-width="745" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtpkFbvizW7pNbq3Qfzf0X17C7J5h21Djghn4mcPEDgqYRy4Fsm50B1KYANv6_XEM8u0xF1jyGlmRbG4SzzYOWiTEzq0VXoKpQNhllZDs7OJqfbVbEzd_wU6l_U6IvqL8a-7xU5DZx1BY/s400/Arm%25C3%25A9e+serbe+front+d+orient.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc;">Des soldats serbes durant la Première Guerre Mondiale.</span></i></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Loin d'être le choc esthétique auquel on pouvait s'attendre "Serbian war songs" éclaire et valorise à merveille cette proximité d'univers. Le chant polyphonique et les sonorités particulières du diple et de la gusle viennent se mêler aux distorsions, dissonances et déstructurations propre à la réécriture contemporaine. Les deux langages musicaux se cherchent mutuellement parfois, errent, tâtonnent, comme s'ils s'étaient perdus de vus, puis se retrouvent et interagissent, dans une fusion finalement cohérente, où, paradoxalement, chacun garde son identité. Une belle métaphore de ce qu'est le dialogue interculturel.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Même si le disque ne constitue pas un fond sonore idéal pour faire son jogging dans les allées d'un jardin à la française, ni la musique d'ambiance adéquate pour déguster une craft-beer avec ta team en after-work à l'happy-hour de ton pub préféré, il est moins rebutant que ce que l'appellation "musique contemporaine", toujours un peu annonciatrice de verre cassé et de portes qui grincent, peut habituellement suggérer. Certes, il faut parfois s'accrocher, notamment au premier morceau, puissante montée de tonnerre, de vacarme et de cris primaux, évoquant un</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Einst%C3%BCrzende_Neubauten" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Einstürzende Neubauten</span></a> <span style="color: #fff2cc;">perdu a milieu des pleureuses professionnelles qui accompagnent encore les enterrements dans certaines régions des Balkans. D'autres pièces sont du même tonneau de bruit et fureur, mais l'ensemble de l'enregistrement est davantage dans la tension, la retenue, la mélancolie, le recueillement ou l'émotion, que dans le fatras sonore, lequel n'est là que pour rappeler la violence du sujet: la guerre. Moyennant un petit effort d'écoute, le disque est à mon sens accessible, même à celles et ceux qui ne sont pas familiers des musiques improvisées ou contemporaines, mais savent faire preuve de curiosité, et ne sont pas fermé(e)s à se faire un peu bousculer dans leurs zones de confort auditif. En revanche, qui a déjà frayé avec les oeuvres de gens aussi différents que</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Zorn" target="_blank"><span style="color: #e06666;">John Zorn</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="http://brahms.ircam.fr/helmut-lachenmann#bio" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Helmut Lachenmann</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Yoshihide_%C5%8Ctomo" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Otomo Yoshihide</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fred_Frith" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Fred Frith</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="http://brahms.ircam.fr/luigi-nono#bio" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Luigi Nono</span></a> <span style="color: #fff2cc;">et autres Chris Cutler, Sainkho Namtchylak ou Neubauten déjà cités, devrait sans peine retrouver ses marques sur ce sentier de la guerre sonique, aux multiples croisements et détours.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Bref, c'est un disque passionnant et surprenant, aux antipodes de tout ce qui domine dans le marché musical en provenance des Balkans, ou lié à cette région.</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<i><span style="color: #fff2cc;">Toi aussi, vis un choc esthétique bouleversant, </span></i><br />
<span style="color: #fff2cc;"><i>en écoutant </i><i>"Serbian war songs" en direct sur ton blog préféré</i></span><br />
<i><span style="color: #fff2cc;">(Et si tu aimes, tu peux aussi donner un peu de sous </span></i><br />
<span style="color: #fff2cc;"><i>à ces gens là, </i><i>en achetant leur disque, </i></span><br />
<i><span style="color: #fff2cc;">en cliquant sur "buy") : </span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<iframe seamless="" src="https://bandcamp.com/EmbeddedPlayer/album=1600884908/size=large/bgcol=ffffff/linkcol=0687f5/transparent=true/" style="border: 0; height: 786px; width: 350px;"><a href="http://karlrecords.bandcamp.com/album/serbian-war-songs">Serbian War Songs by zeitkratzer / SVETLANA SPAJIĆ / DRAGANA TOMIĆ / OBRAD MILIĆ</a></iframe>
</div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<span style="color: #fff2cc;">Avant de conclure, il me semble nécessaire de relever une ultime mais importante dimension, en filigrane de ce projet, et au delà de l'aspect musicologique. En l'occurrence, écouter des musiciens allemands qui accompagnent des confrères serbes en train de chanter "Le Boche est venu" ("Shvabo came") ou "l'assassinat de Sarajevo" est aussi cocasse que déroutant. Ce n'est pas une démarche qui va de soi. Cette collaboration questionne donc aussi l'histoire croisée des deux pays. Une histoire, on le sait, tumultueuse, conflictuelle, et massivement jonchée de cadavres, mue longtemps par un racisme réciproque: la race slave inférieure, fruste, désordonnée et incapable de se prendre en main, pour les uns, le Teuton obtus, rigide, autoritaire, s'exprimant par des borborygmes indélicats à l'oreille, et dépourvu de toute fantaisie pour les autres. Une histoire qui a laissé, de part et d'autres, des mauvais souvenirs et des rancoeurs tenaces, des préjugés solides et une incompréhension mutuelle persistante, jusqu'à nos jours.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVa9SSpAamyvq_GceIxkxaQ0FZ598YrcSV1EAKRAxBBcihi0dPa8Y3u0dyWTTUUBCrF22JOilZY_z0bm-F5jJ4SuqErowritF6EZ5mXZH-14i2VANKrOpGJgi_F9QUqxB4jwm2pOlMcvc/s1600/Serbien_muss_sterbien.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="331" data-original-width="523" height="252" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVa9SSpAamyvq_GceIxkxaQ0FZ598YrcSV1EAKRAxBBcihi0dPa8Y3u0dyWTTUUBCrF22JOilZY_z0bm-F5jJ4SuqErowritF6EZ5mXZH-14i2VANKrOpGJgi_F9QUqxB4jwm2pOlMcvc/s400/Serbien_muss_sterbien.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc;">"La Serbie doit mourir!"<br />Caricature autrichienne publiée après l'attentat de Sarajevo.</span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeXv-kg7aNeHlapqLH950BFbM0HS9GsIyMpWjtRHs_uOMBTZUE6ENuHmCjhoB7-c1k4SRztDpSh93N83p3rUr4vDNSNXN3NA-puUXkFWauSfqBMUxZ5ucNYFPTFgR9PVCEwtGBLQL4BWA/s1600/Ovako+je+Srbija+nabacila+straf+ekspediciju.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="379" data-original-width="578" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeXv-kg7aNeHlapqLH950BFbM0HS9GsIyMpWjtRHs_uOMBTZUE6ENuHmCjhoB7-c1k4SRztDpSh93N83p3rUr4vDNSNXN3NA-puUXkFWauSfqBMUxZ5ucNYFPTFgR9PVCEwtGBLQL4BWA/s400/Ovako+je+Srbija+nabacila+straf+ekspediciju.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc;">"Voilà comment la Serbie a rejeté l'expédition punitive"</span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc;">Caricature serbe (non datée).<br />Sur le pas de la porte: Serbie.<br />Là où tombent les soldats: "Bocheland"<br />Notons aussi l'utilisation du mot allemand "Strafe" ("punition", "ШTPAф" en cyrillique) dans le texte serbe. </span></i></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">La classe politique et une part notable de la société serbe n'ont jamais pardonné à l'Allemagne, et à sa soeur l'Autriche, leur soutien aux séparatistes slovènes et croates. Tout comme les massacres de civils, durant la Première Guerre Mondiale, suivis des horreurs de la Seconde, continuent de hanter l'inconscient collectif local. L'Allemagne est aussi un grand investisseur dans la région aujourd'hui "pacifiée", mais sa présence dans l'économie serbe dévastée, via Lidl et autres fleurons du management low-cost des ressources humaines, est vécue comme un néo-colonialisme humiliant, poursuivant la politique guerrière d'autrefois par d'autres moyens.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Les préjugés sont aussi tenaces côté allemand, où l'inconscient collectif continue de percevoir les Serbes comme des sauvages retardés et ivres de violence, à l'opposé de leurs "cousins" croates, certes eux aussi un peu "désordonnés", mais ayant le bon goût de posséder, du moins sur le papier, le même héritage culturel centre-européen. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Paradoxalement, les deux pays se retrouvent pourtant dans une même part d'ombre historique: l'Allemagne comme la Serbie sont accusés d'être les principaux responsables des grandes déflagrations guerrières du siècle passé, et, comme si cela ne suffisait pas, ils sont aussi coupables d'avoir fomenté et réalisé les pires atrocités qui ont ensanglanté le continent européen au cours du même siècle: l'Holocauste pour les premiers, la purification ethnique pour les seconds. Les deux pays ont aussi chacun payé très cher leurs errements politiques, d'abord sous des tapis de bombe, ensuite en gardant une vieille étiquette de pestiférés qui leur colle à la peau et ressort à chaque faux pas. Enfin, ils ont aussi chacun goûté à l'expérience communiste, quoique pas de la même manière, ni dans une même façon de dealer avec cette expérience, même si le rejet de cette "parenthèse" domine aujourd'hui dans les deux cas. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Si l'Allemagne Fédérale a effectué un travail de questionnement et de reconnaissance de ces crimes, la Serbie peine encore à le faire. Le rapport à la culpabilité et à l'histoire est d'ailleurs lui-même une des grilles d'analyse qui alimente certains discours serbophobes en Allemagne: ces discours déplorent l'incapacité qui serait celle de la Serbie à assumer son passé de manière critique, à abandonner ses "démons", comme l'Allemagne aurait été, elle, capable de le faire. C'est ce type de vision qui a poussé d'anciens pacifistes et antimilitaristes convaincus, comme l'écologiste</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Joschka_Fischer" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Joschka Fischer</span></a><span style="color: #fff2cc;">, à approuver sans états d'âmes les bombardements de la Serbie par l'OTAN. Des bombardements qui ont encore aggravé les malentendus entre les deux pays.<br />
<br />
</span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicAyABWia-bgbi7ZQU4AToqEMZJ5YvOSIYmQFDfv7CXBcQ7R8gxaCMVSPl2QM02so1tr1QM_KuZkIpVi-TiEG4XDE7KQxx7qr5egj5ma7gEb2_bst9OdAGcldo8DcbJ0GZdkh762WNXGk/s1600/0401foto_FoNet_Aleksandar_Levajkovic-1-678x381.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="381" data-original-width="678" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicAyABWia-bgbi7ZQU4AToqEMZJ5YvOSIYmQFDfv7CXBcQ7R8gxaCMVSPl2QM02so1tr1QM_KuZkIpVi-TiEG4XDE7KQxx7qr5egj5ma7gEb2_bst9OdAGcldo8DcbJ0GZdkh762WNXGk/s400/0401foto_FoNet_Aleksandar_Levajkovic-1-678x381.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i style="font-family: georgia, "times new roman", serif;"><span style="color: #fff2cc;">Attaque de l'Ambassade d'Allemagne à Belgrade en 2008, </span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>lors d'incidents suivant la proclamation de l'indépendance du Kosovo.</i></span><br />
<i style="font-family: georgia, "times new roman", serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Photo (c) </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Aleksandar Levajković/FoNet</span></span></i></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Il faut bien-sûr nuancer tout ce qui précède. L'Allemagne Fédérale a certes engagé un examen de conscience approfondi de son passé nazi, mais il serait faux de croire que cet examen s'est fait de manière spontanée, volontaire et assidue. C'est à la fin des années 60, en étouffant sous le poids des conservatismes, chargés de garder les lourds secrets du passé sous cloches, que la jeunesse s'est mise à demander des comptes à ses aînés. Les grandes remises en question des années 60-70, le pacifisme et les idéaux hippies ont accompagné ce mouvement d'inventaire sévère des "heures les plus sombres" de l'histoire du pays. Cependant, même si l'Allemagne a réalisé au final un travail de mémoire exemplaire, bien plus abouti que celui effectué en France, où le mythe du "tous résistants" demeure tenace, notons quand même qu'il n'a pas réussi à empêcher la bête immonde de resurgir des sous-bois politiques où elle s'était tapie en attendant son heure: la percée de Pegida et de l'AfD, entre autres, y compris dans les Länder de l'Ouest, en témoigne. En face, si la Serbie "officielle" et certains pans de la société continuent de nier crimes et responsabilités, ou en minimisent la gravité, il est faux de prétendre qu'aucun inventaire du passé n'est à l'oeuvre. Au contraire, on observe de plus en plus de questionnements de la part de la nouvelle génération, demandant à son tour des comptes aux aînés. La production cinématographique, en particulier, se fait l'écho de ces questionnements, comme en témoigne notamment le travail d'</span><a href="https://www.cinemadefacto.com/portfolio/ognjen-glavonic/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ognjen Glavonic</span></a><span style="color: #fff2cc;">, dont on avait parlé</span> <span style="color: #e06666;"><a href="http://yougosonic.blogspot.com/2018/05/plongees-en-abysses.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a> </span><span style="color: #fff2cc;">(voir en 2e partie de post).</span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Enfin, la persistance des préjugés mutuels ne signifie pas que tous les Allemands haïssent les Serbes et vice versa. Mais il reste des progrès à faire pour que les perceptions réciproques et les relations se détendent et s'affinent. </span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsKlHI_95oOjXTko1_cxwdccuwjXbxC1BPsnRCs5ZFv-P8qJxCop5dVC5EB8RlSYvV_ErF8P6U1vD5QjXJH2SX2sFVNEyYru_B4tAtPi2W5TlZWb-BjocDdFBUAg_KiOZRsp08e4fyhCs/s1600/fotofelcfelc.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="1170" height="153" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsKlHI_95oOjXTko1_cxwdccuwjXbxC1BPsnRCs5ZFv-P8qJxCop5dVC5EB8RlSYvV_ErF8P6U1vD5QjXJH2SX2sFVNEyYru_B4tAtPi2W5TlZWb-BjocDdFBUAg_KiOZRsp08e4fyhCs/s400/fotofelcfelc.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Début 2018, la</span> <a href="https://www.bgf.rs/en/about-us/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Beogradska Filharmonija</span></a> <span style="color: #fff2cc;">("Philharmonie de Belgrade") a recruté</span> <a href="https://www.bgf.rs/en/dirigent_cp/gabriel-feltz/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Gabriel Feltz</span></a> <span style="color: #fff2cc;">(photo ci-dessus), un chef d'orchestre allemand, originaire lui-aussi de Berlin. Contrairement à certains de ses confrères "parachutés", ne venant dans leur "ville de travail" que pour les répétitions et les concerts, Feltz s'est installé à Belgrade, et apprend le serbe. Il affectionne l'énergie de la ville et la qualité du public qui vient aux concerts. Feltz confesse aussi régulièrement le plaisir et l'enthousiasme qu'il a de travailler avec cet orchestre, dont il n'a de cesse de relever l'excellent niveau technique et la profonde implication des interprètes. Le chef entend faire fructifier ce précieux capital artistique et humain, en remettant la Philharmonie de Belgrade en orbite dans les réseaux européens de la musique, via une politique active d'échanges, de collaborations et de diffusion. Bref, en l'extrayant du ghetto géographique et culturel dans lequel les années d'isolement de la Serbie et les difficultés économiques et politiques actuelles l'ont plongée.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<div style="text-align: center;">
<iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/OpK4ftn_8mI" width="560"></iframe><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Rencontre et entretien avec Gabriel Feltz dans un reportage web de la </span></i></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Philharmonie de Belgrade </span></i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">(en serbe et anglais).</span></i></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc;">La notoriété et la bonne réputation de Feltz dans le milieu de la musique classique devraient faciliter cette ambition, que motive un autre enjeu: le chef n'oublie pas d'où il vient ni où il se trouve, et entend "à [son] humble niveau, oeuvrer au resserrement des liens entre l'Allemagne et la Serbie". </span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Langage universel dont la syntaxe est flexible et les accents multiples, la musique peut, modestement, remettre du sens là où les mots des hommes sont devenus mensonges, désaccords et intolérance. Si elle ne saurait panser les blessures du passé, ni véritablement effacer les tensions politiques, elle peut néanmoins prendre sa part et indiquer la direction. De la Philharmonie de Belgrade aux "Serbian war songs", on ne se lassera pas d'écouter cette indispensable petite musique dissonante, qui brise les lignes trop droites des partitions géopolitiques!</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-45262310946604440222018-10-09T16:57:00.000+02:002018-10-09T16:59:48.640+02:00COPINAGE: GRENOBLE CAPITALE DU NSK<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjdA85uSPEl6sNcowZGxnVAOIVKqER6uZmgqUS8vbk9L9B6V-Ff-_alok1hYmYySnemw9p27176P80eAO8y8li7qyxnQf04pJqnh9DrAVDNoKTKiA5E7ZFjzCTAb9F4di09Fj2HoKgZso/s1600/nsk+rdv.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="594" data-original-width="420" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjjdA85uSPEl6sNcowZGxnVAOIVKqER6uZmgqUS8vbk9L9B6V-Ff-_alok1hYmYySnemw9p27176P80eAO8y8li7qyxnQf04pJqnh9DrAVDNoKTKiA5E7ZFjzCTAb9F4di09Fj2HoKgZso/s400/nsk+rdv.png" width="282" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans les très prochains jours, à savoir du 11 au 14 octobre 2018, la capitale du Dauphiné sera, pour la deuxième année consécutive, l'épicentre du NSK en France. </span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le NSK, alias "Neue Slowenische Kunst" ("Nouvel Art Slovène", en allemand dans le texte), c'est ce mouvement artistique né au tout début des années 80 en Slovénie, autour du célèbre groupe Laibach, volontiers évoqué</span> <a href="http://yougosonic.blogspot.com/search/label/NSK" target="_blank"><span style="color: #e06666;">dans ce blog</span></a> <span style="color: #fff2cc;">ou sur</span> <a href="https://www.facebook.com/yougosonic" target="_blank"><span style="color: #e06666;">son pendant facebookien</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Le NSK s'est posé au départ en miroir des tensions et contradictions de la Yougoslavie post-Tito, ainsi que de la société slovène d'alors, dévoilant les ambiguïtés et fractures d'un régime finissant, dont certains des acteurs allaient troquer le "socialisme antifasciste" pour le "nationalisme autoritaire" afin de se maintenir au pouvoir. Le tout sur fond de "détachement cynique" d'une population qui, majoritairement, ne croyait plus à l'idéologie (si tant est qu'elle y ait cru un jour), mais "faisait semblant", avant de se laisser tenter à son tour par la promesse de réalisation du grand rêve national, sensé remplacer la ringarde "fraternité et unité".</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<a name='more'></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le "NSK Rendez-vous" de Grenoble entend éclairer les différentes facettes de ce mouvement artistique, encore mal connu et parfois mal compris en France ...à la différence des pays germaniques, anglophones et slaves, où il fait l'objet de travaux universitaires, d'ouvrages, de conférences et d'expositions dans les musées d'art contemporains. Cette deuxième édition du "NSK Rendez-vous", dont vous découvrirez les détails de la prog </span><a href="https://www.nsk.ccc-grenoble.fr/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">sur le site</span></a><span style="color: #fff2cc;"> dédié, revient entre autres sur le travail du collectif artistique slovène</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/IRWIN" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Irwin</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ainsi que sur le récent</span> <a href="https://www.telerama.fr/musique/de-retour-de-coree-du-nord-le-groupe-laibach-ravi-de-sa-tournee,130656.php" target="_blank"><span style="color: #e06666;">concert de Laibach en Corée du Nord</span></a><span style="color: #fff2cc;">, un défi interculturel et géopolitique, autant qu'une aventure rocambolesque. On y abordera également un autre défi plus ancien que le groupe s'était lancé, à savoir son concert à Sarajevo, à la veille des accords de Dayton (on en avait parlé </span><a href="http://yougosonic.blogspot.com/2012/06/rock-around-bunker.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">). Un événement considéré encore aujourd'hui comme l'un des plus importants de la vie culturelle durant le siège. C'est à Sarajevo qu'on été posées les bases de "</span><a href="https://passport.nsk.si/fr/qui_sommes_nous" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'Etat NSK</span></a><span style="color: #fff2cc;">", un Etat sans territoire, transcendant les cultures et fédérant une communauté d'individus libres-penseurs (pour faire très court), concrétisation des réflexions de Laibach sur la notion d'Etat, et possible pied-de-nez aux nouveaux Etats nés de la dislocation yougoslave. </span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Si en apparence, le travail du NSK, mouvement né en Yougoslavie au début des années 80, peut sembler daté, il est en réalité, pour paraphraser une expression éculée, "d'une grande actualité". Tout en gardant son langage propre et son identité, les artistes du mouvement ont su évoluer au fil du temps. Au delà du contexte yougoslave et post-yougoslave, le NSK interroge aussi les ambiguïtés et contradictions de l'Occident démocratique et libéral, engoncé dans le confort bourgeois de ses certitudes, celles d'être "du bon côté" de l'histoire, de l'économie et de la politique, et ne devant à ce titre souffrir aucune critique ni questionnement. </span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Par des détournements sulfureux d'affiches ou de symboles souvent totalitaires, le NSK éclaire les non-dits et mensonges cachés du pouvoir, qu'il soit de "là-bas" ou d'ici, qu'il s'agisse de politique ou de culture de masse. Il en révèle au final la part de farce et de grotesque.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">C'est donc un processus émancipateur qui est à l'oeuvre, mais où, comme chez le psy, c'est le NSK qui pose les questions, alors que c'est à nous de trouver les réponses. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">En ces temps où politique et communication sont plus que jamais étroitement mêlés, en ces temps d'affrontements entre ce qui serait le "vieux monde" et ce qui serait le "monde nouveau", en ces temps où les uns réclament "moins d'Etat" et </span><a href="http://yougosonic.blogspot.com/2018/10/regards-serbes-dans-le-miroir-catalan.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">d'autres réclament "leur" Etat</span></a><span style="color: #fff2cc;">, en ces temps qui ont vu naître la bulle Macron et la baudruche Trump, etc ...le travail du NSK s'avère toujours utile et pertinent pour nous garder en alerte et nous inviter à penser par nous-même.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Le rendez-vous de Grenoble est une occasion rare de découvrir ce mouvement majeur de l'histoire de l'art yougoslave, et de l"histoire tout court, qui passionne aussi ceux qui s'intéressent à la philosophie et aux sciences politiques. Les organisateurs </span><span style="color: #fff2cc;">promettent une atmosphère conviviale, favorisant la rencontre et la découverte (un brunch avec les artistes est prévu le 14.10)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Chez Yougosonic, on soutient l'événement avec d'autant plus d'enthousiasme, que celui-ci, en accueillant des expressions contemporaines originales et incisives, se bat pour "donner une autre image de la région via son histoire, ses artistes et ses problématiques - qui sont celles de toute l'Europe aussi, même si certains ont tendance à l'oublier", comme me l'écrivait il y a quelque jours l'infatigable Aurélie Dos Santos Duchesne, l'une des chevilles ouvrières du festival. J'applaudis des deux mains. Voilà qui va nous changer de Kusturica et de ses fanfaronnades! Autre aspect prometteur à plus long terme, le "NSK Rendez-vous" pourrait s'ouvrir à d'autres artistes d'ex-Yougoslavie et des Balkans...A suivre !</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn6ZBaqxVPo6Rg1sbU6RTN8hDJrjYWGM-QNcEWDFx4ucyg2ZV5QOLVxR7A-EzbT4cK_iZqFCILlOEUUD7vH5ADVjQ8JJXnaPIhREpZSLZiPyvSgxjmzxaVW2qd_0kzEDU9ZamSnOPq-Dg/s1600/nsk+Macron.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="960" data-original-width="600" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn6ZBaqxVPo6Rg1sbU6RTN8hDJrjYWGM-QNcEWDFx4ucyg2ZV5QOLVxR7A-EzbT4cK_iZqFCILlOEUUD7vH5ADVjQ8JJXnaPIhREpZSLZiPyvSgxjmzxaVW2qd_0kzEDU9ZamSnOPq-Dg/s400/nsk+Macron.jpg" width="250" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">On invite donc notre estimé lectorat de Grenoble, de Lyon et pourquoi pas de plus loin encore, à répondre présent à ce rendez-vous auquel on souhaite un plein succès et une longue vie. </span><br />
<span style="color: #fff2cc;">Après le Dauphiné Libéré, il est temps d'essayer le Dauphiné Laibachisé !</span></div>
</span>Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-53852115069238729102018-10-06T12:17:00.000+02:002018-10-06T12:17:14.605+02:00REGARDS SERBES DANS LE MIROIR CATALAN<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFp_6Ee7jPbzNcrgt_531KVHFstWOpkNWMHpwskAASee3doFnxoNdHTuL3Ic-_iMlBA5ILhxrciulMN_7O5wl2wU5EvdWqQiC3xdYWFu1bezFzIWcVfbW2VMqS2X4RdOZWb7_O9v_fLSY/s1600/naslovnica-katalonij.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="833" data-original-width="610" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhFp_6Ee7jPbzNcrgt_531KVHFstWOpkNWMHpwskAASee3doFnxoNdHTuL3Ic-_iMlBA5ILhxrciulMN_7O5wl2wU5EvdWqQiC3xdYWFu1bezFzIWcVfbW2VMqS2X4RdOZWb7_O9v_fLSY/s400/naslovnica-katalonij.jpg" width="291" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fce5cd;">Les aspirations indépendantistes qui s'expriment en Catalogne font aussi causer en ex-Yougoslavie, où le sécessionnisme fait partie de l'histoire récente, voire de l'actualité (cf.</span> <a href="http://www.balkaninsight.com/en/article/the-false-threat-of-secession-in-bosnia-05-02-2016" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'épouvantail récurrent de la sécession de la Republika Srpska</span></a><span style="color: #fff2cc;">). La grave "crise" de l'automne 2017 entre Madrid et Barcelone a volontiers sonné sur place comme un retour du refoulé de la crise yougoslave d'alors, même si toutes les comparaisons et analogies avec celle-ci ne sont pas forcément pertinentes. On a largement commenté sur place ces événements, que ce soit chez les professionnels de l'information (la presse) ou chez les "amateurs" sur les réseaux sociaux. Chacun est allé de son analyse, projetant bien souvent un regard yougo-centré, pas forcément inexacte ou inintéressant, mais parfois néanmoins emprunt de fantasmes ou de raccourcis.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Pour le dire concrètement mais de façon schématique, les pro-indépendance ont inscrit le combat</span><span style="color: #fce5cd;"> </span><a href="https://laviedesidees.fr/Catalanisme-histoire-d-un-concept.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">catalaniste</span></a> <span style="color: #fff2cc;">dans une même dynamique que le combat indépendantiste de leur peuple lors de la dislocation yougoslave. Le "mouvement catalan", réputé "moderne", dynamique, modéré, et ancré dans les valeurs européennes, a eu bon dos pour certifier que les indépendances d'alors (ou à venir) dans la Yougosphère étaient légitimes et bien intentionnées. Une façon d'effacer les pots cassés et autres dommages collatéraux de ces indépendances, de la purification ethnique, administrative ou militaire, aux crimes de guerre. Du côté de ceux qui expriment des réserves ou sont ouvertement défavorables à l'indépendance de la Catalogne, on a justement rappelé avec force combien les envols pris par les uns et les autres en Yougoslavie ont généré de violence, certains exprimant leur inquiétude, affirmant que les Catalans ne savaient pas ce qui les attendait en termes de répression.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></div>
<a name='more'></a><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour être là encore très schématique, on peut ranger dans les "pro-Catalans" la majorité des opinions et des presses croates et slovènes, où l'on rappelle volontiers que des manifestations de solidarité avec les républiques yougoslaves séparatistes se sont tenues en Catalogne au début des années 90. Chez les Bosniaques aussi, on se souvient du soutien de la Catalogne, notamment face au siège de Sarajevo. Ceci posé, le consensus face au désir d'indépendance de la province espagnole n'est pas intégral au sein de la communauté bosniaque, chez qui on observe davantage de réserve, d'inquiétude, voire de désapprobation. Rien d'étonnant dans ces positionnements, une nette majorité de Croates et de Slovènes, toute sensibilité politique confondue, assume et revendique la justesse du choix indépendantiste de leur pays. Parmi les Bosniaques, l'attachement à la Yougoslavie était plus fort, et le sentiment qu'on a payé très cher le prix de la séparation reste tenace. Il est donc compréhensible que l'on soit plus réservé.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiow9Caw_NlSC1XYiOB3BxrfcnAl9qAgUtPnx35sAuHnSoWMzI-3jl2-rbeP6D5MGW54DRqi-doLXWfbGOnCHLNCtM_UkKwCCUj__3dDCX4FvhGbTeHV1ZdR01GOiEYQ6MbCLE4vnm2Zpc/s1600/sarajevo_skup_podrska_katalonija_RSA1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="788" data-original-width="1179" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiow9Caw_NlSC1XYiOB3BxrfcnAl9qAgUtPnx35sAuHnSoWMzI-3jl2-rbeP6D5MGW54DRqi-doLXWfbGOnCHLNCtM_UkKwCCUj__3dDCX4FvhGbTeHV1ZdR01GOiEYQ6MbCLE4vnm2Zpc/s400/sarajevo_skup_podrska_katalonija_RSA1.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Manifestation de soutien à l'indépendance de la Catalogne à Sarajevo. </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>(c) Radio Sarajevo.<br />Détail piquant, sur la fresque au second plan, il est écrit </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Barcelone, Sarajevo est avec toi" ...en espagnol ("Sarajevo esta contigo") et non en catalan.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quant aux Serbes, et je parle ici de l'ensemble des Serbes d'ex-Yougoslavie (donc aussi des Serbes de Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, du Kosovo et de Croatie), ils se retrouvent avec les fesses entre deux chaises: d'un côté s'exprime la tentation de soutenir les aspirations catalanes à l'indépendance, pour mieux suggérer que la prise d'indépendance de la Republika Srpska serait un horizon souhaitable. De l'autre, il y a l'inqualifiable perte du Kosovo, et du coup, affirmer que le combat catalan serait juste et bon revient à donner des gages de légitimité à la cause albano-kosovare. Rappelons ici au passage que l'Espagne ne reconnaît toujours pas le Kosovo, précisément pour ne pas donner de grain à moudre aux Basques et aux Catalans... </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A ce dilemme serbo-serbe inconciliable s'ajoute un sentiment yougoslave ou yougonostalgique qui s'est davantage maintenu chez les Serbes que chez les Croates ou les Slovènes. </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce sentiment "yougoslaviste" existe aussi, on n'est pas à une contradiction près, chez certains nationalistes, qui considèrent que les Serbes ont été trahis par les autres peuples yougoslaves, et que par ailleurs les Serbes avaient un rôle quasi messianique de "garants" du projet yougoslave. </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce sentiment d'être le peuple "moteur" s'accompagne de tendances à promouvoir un Etat fort et centralisé, héritées d'ailleurs en partie des liens qui ont existé entre la Serbie et la France au XIXe et XXe siècle, de nombreux cadres et officiers de l'Etat serbe s'étant formés et France, où ils ont puisé certains modèles politiques. Ceux qui continuent d'adhérer à cette vision auraient donc plutôt tendance à appuyer l'attitude de Madrid.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est malheureusement en grande partie la réaffirmation de ce rôle de peuple "moteur" au cours des années 80 qui a conduit les "autres peuples" à envisager de prendre le large.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A l'opposé, en Serbie même, </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">bon nombre de ceux qui s'opposèrent à la guerre ou à </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> considèrent qu'ils n'ont pas choisi cette dislocation de l'ancien pays, et restent aussi volontiers attachés à sa mémoire. Ces "progressistes" accusent davantage les nationalistes serbes (voire même leurs co-nationaux irrédentistes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine) d'être responsables de l'effondrement du pays, que les Croates et les Slovènes. Ils peuvent en quelque sorte "entendre" qu'on ait pu vouloir se séparer de leur pays en plein délire, dominé par </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">.<br /><br />Enfin, il y a les Serbes devenus des minorités nationales, comme en Croatie ou au Monténégro, ou des communautés enclavées, comme au Kosovo, sans parler de ceux qui ont du fuir des territoires où ils vivaient parfois depuis plusieurs siècles. Ces Serbes là évidemment ont vécu les sécessions successives comme un cauchemar à ne pas reproduire...sauf éventuellement, on l'a dit, dans le cas de la Republika Srpska, et d'une réunion, plus qu'hypothétique et porteuse de nouveaux conflits, de tous les Serbes dans un seul Etat. Mais à vrai dire, hormis les extrémiste, plus grand monde ne croit ni même n'adhère véritablement aujourd'hui au projet de "Grande Serbie", l'effort devant porter, pour la majorité des Serbes, sur ce qu'on peut encore sauver de "serbitude", au Kosovo ou ailleurs...</span><br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce mouvement de chaises musicales autour de la partition catalane chez les Serbes est révélateur des tiraillements en vigueur chez cette communauté d'ex-Yougoslavie, qui, contrairement à ce que l'on imagine souvent en Occident, ou même sur place, est loin d'être homogène, et offre au contraire nombreux contrastes et contradictions.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">A ce titre, les deux articles les plus significatifs que j'ai pu lire dans la presse de la Yougosphère sont des articles serbes, parus tous deux au cours de l'été 2017, donc avant le référendum unilatéral engagé par</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Carles_Puigdemont" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Carles Puigdemont</span></a> <span style="color: #fff2cc;">et ses alliés, et les incidents dont nous avons été témoins en Catalogne, au début de l'automne de la même année. Les deux médias où ont été publiés ces deux articles ont ceci de particulier qu'ils sont, à leur manière, la voix de deux Serbie que je qualifierai chacune de "périphérique". Une périphérie à la fois géographique et intellectuelle.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiE-sjhD_lsRyTiYfQ-BkObPPjzSKw1Xx2bDYYaN2_b7xe17sVkTDx2cKm3B6-mgtNOydODqrlml-wi4-3rW-Gk5BSiJ9v7S2RygKqRUI4hnPKD9ULBpDX0o6QxS28_fVDaHywQ_W3nvT0/s1600/novosti3.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="521" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiE-sjhD_lsRyTiYfQ-BkObPPjzSKw1Xx2bDYYaN2_b7xe17sVkTDx2cKm3B6-mgtNOydODqrlml-wi4-3rW-Gk5BSiJ9v7S2RygKqRUI4hnPKD9ULBpDX0o6QxS28_fVDaHywQ_W3nvT0/s320/novosti3.jpg" width="222" /></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le premier média est</span> <a href="https://www.portalnovosti.com/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Novosti</span></a><span style="color: #fff2cc;">, l'organe du très officiel</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Serb_National_Council" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Conseil National des Serbes de Croatie</span><span style="color: #fff2cc;">.</span></a><span style="color: #fff2cc;"> C'est donc un journal serbe de Croatie, rattaché à l'organe représentatif de cette communauté, et reconnu officiellement par l'Etat croate. J'avais déjà évoqué le Conseil des Serbes et Novosti</span> <a href="http://yougosonic.blogspot.com/2016/05/lemancipation-par-le-serbe.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">, et rappelle brièvement les caractéristiques de ce journal: il défend une vision plutôt "modérée" sur la question des Serbes de Croatie, et se veut loyaliste à cet Etat. Il considère que la communauté serbe doit se prendre en main et participer pleinement à la vie politique, sociétale et culturelle de son pays, la Croatie. Même si ce positionnement n'empêche pas Novosti d'être, à juste titre, et en phase avec les inquiétudes de sa communauté, sévère quant aux dérives néo-oustachistes en vigueur en Croatie, il le fait sans irrédentisme ni volonté de déterrer la hache de guerre. Bref, on est loin des années 90 où les Serbes de Croatie, poussés par Belgrade, et provoqués par Zagreb, avaient, pour nombre d'entre eux, fait le choix de la violence. Un choix qui, associé aux exactions côté croate, a coûté cher à cette communauté, dont une bonne part a dû fuir lors de l'</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Temp%C3%AAte" target="_blank"><span style="color: #e06666;">opération Oluja</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Aujourd'hui, ceux qui sont restés font globalement profil bas, dans une Croatie qui les tolère tant qu'ils ne la ramènent pas. Ils sont juridiquement "protégés" par des lois sur les droits des minorités, ratifiées par la Croatie pour pouvoir intégrer l'Union Européenne. Leurs représentants privilégient l'action politique et le dialogue avec la majorité croate, et recourent au "soft-power" médiatique dont Novosti est le porte-voix.</span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Malgré ces liens avec le Conseil National des Serbes de Croatie qui auraient pu en faire un outil ouvertement propagandiste, Novosti est un média de qualité, plutôt de gauche, avec de bonnes plumes, de bons dossiers et des enquêtes de fond. Il figure selon moi parmi les meilleurs journaux de Croatie. C'est en tout cas une source qu'on affectionne dans ce blog.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">L'autre média ayant écrit sur la Catalogne en été 2017 est "</span><a href="http://www.autonomija.info/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Autonomija</span></a><span style="color: #fff2cc;">". C'est un magazine en ligne basé en</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vo%C3%AFvodine" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Voïvodine</span></a><span style="color: #fff2cc;">, cette province du nord de la Serbie aux nombreuses spécificités. Majoritairement peuplée de Serbes, la Voïvodine n'a jamais fait partie de l'Empire Ottoman, à la différence du reste de la Serbie et de la Bosnie-Herzégovine. Elle a en revanche appartenu à l'Autriche-Hongrie. A ce titre, elle abrite encore aujourd'hui de nombreuses minorités dont la présence est un reliquat de l'ancien empire à deux têtes: Hongrois, deuxième communauté de la province en nombre, Roumains, Ruthènes (Ukrainiens), Tchèques, Slovaques, et même quelques descendants d'Allemands, constituent quelques pièces de la mosaïque régionale. Ces spécificités font qu'une proportion importante de Serbes de Voïvodine se sent différente des autres Serbes, en particulier de ceux de l'ancien Empire Ottoman. Pour dire les choses schématiquement, ces Serbes "à part" sont souvent davantage progressistes sur les questions de société, plus favorables à l'Occident, aux idées démocratiques et au libéralisme économique, que leurs "compatriotes" des autres "pays" serbes. Ils revendiquent leur appartenance à la Mitteleuropa, et non aux Balkans, et défendent l'idée d'une Voïvodine ouverte, moderne et multiethnique. On ne saurait bien-sûr généraliser cette mentalité à l'intégralité des Serbes de Voïvodine, loin de là, mais elle constitue toutefois une lame de fond assez importante. Suffisamment en tout cas pour que les différents pouvoirs aient voulu mater cette province.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">L'un des premiers coups portés à la Voïvodine a été la "</span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Anti-bureaucratic_revolution" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Révolution anti-bureaucratique</span></a><span style="color: #fff2cc;">", qui, sous couvert de renverser la bureaucratie, soi-disant corrompue et incompétente, de la province, fut en fait un véritable putsch, orchestré par un <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span> en pleine ascension, qui décapita le pouvoir, non nationaliste, en place à Novi Sad. L'autonomie de la province fut supprimée, et celle-ci se retrouva sous tutelle directe de Belgrade. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Elle résistera tant bien que mal pendant le conflit des années 90, avec un mouvement "anti-guerre" actif, ainsi que des cas de désobéissance civile et de désertions soutenus par de nombreux citoyens. Cependant, l'équilibre interethnique s'est trouvé fragilisé. Les Hongrois, notamment, ont subi des exactions de la part de nationalistes serbes, et bon nombre d'entre eux sont partis de l'autre côté de la frontière pour ne jamais revenir. Le régime a cherché précisément à bouleverser la démographie et la sociologie de la province: à cette époque, de nombreux réfugiés serbes de Bosnie-Herzégovine, de Croatie et du Kosovo ont été rapatriés en Voïvodine au gré des rebondissements du conflit et des purifications ethniques qu'il a généré. Issus de villages ou de régions pauvres, partis dans des conditions souvent difficiles, et ayant tout perdu, ces "pieds noirs serbes" se sont sentis mal à l'aise dans le creuset voïvodinien. La frustration et l'intégration en dent de scie d'une partie d'entre eux ont contribué à nourrir les partis nationalistes serbes. On aurait tort cependant de tout mettre sur le dos de ces "rapatriés", la dégénérescence de la société voïvodinienne concernant aussi ses habitants "de souche".</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">Ces mutations vers le bas de la société voïvodinienne ne firent en fait que suivre la déliquescence de la société serbe en générale, minée par l'isolement du pays, et livrée aux mafias prospérant sur l'embargo et les butins de guerre. Humiliation suprême pour les progressistes de la région, le </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_radical_serbe" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Parti radical Serbe</span></a><span style="color: #fff2cc;"> finit même par gagner la municipalité de sa capitale, Novi Sad. Les Radicaux firent alors de la ville leur laboratoire, à l'instar des villes FN en France. Les milices néofascistes serbes semèrent la terreur à Novi Sad ou dans les villages cosmopolites de la province, où des nationalistes hongrois, proches du</span></span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jobbik" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Jobbik</span></a><span style="color: #fff2cc;">, venaient aussi faire occasionnellement le coup de poing. Le paysage sociologique a donc considérablement changé en 30 ans, et aujourd'hui, beaucoup d'analystes et de citoyens, y compris issus de la province elle-même, jugent que la Voïvodine ouverte et épanouie dans sa diversité n'est plus qu'un mythe...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En dépit ou peut-être à cause de cette situation, un régionalisme, voire, pour les plus déterminés, un désir d'indépendance, s'est développé chez certains habitants de la province, y compris et notamment parmi ses habitants serbes. Si l'indépendantisme est minoritaire (autour de 15% dans les sondages), l'autonomisme tourne autour des 50%. Conceptualisé au sein de l'ancien mouvement anti-guerre de la région et de l'intelligentsia progressiste de Novi Sad et de Subotica, les deux principales villes de la province, il séduit peu à peu d'autres couches de la société, et notamment une partie des citoyens issus des minorités nationales. Ces derniers sont rassurés par un projet politique qui ne cherche pas à les assimiler ou à les instrumentaliser (=politique récurrente de l'Etat serbe), mais au contraire, vise à mieux protéger leurs droits linguistiques et culturels.</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpA4DHpXiryRGkh7zfWuPeHqoK1j8aR1ZDFF8qskBBtKad0cZQZM8F4LWlvHe0bkvGBucJ_jY8chXB44ojODmlthRKtO3eeNg8gKYq7TeG8liy2ogypzkeyINXQjumIqwq8RA1Fks0EWU/s1600/pravda+za+Vojvodinu+LSV.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="678" data-original-width="1024" height="263" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhpA4DHpXiryRGkh7zfWuPeHqoK1j8aR1ZDFF8qskBBtKad0cZQZM8F4LWlvHe0bkvGBucJ_jY8chXB44ojODmlthRKtO3eeNg8gKYq7TeG8liy2ogypzkeyINXQjumIqwq8RA1Fks0EWU/s400/pravda+za+Vojvodinu+LSV.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Justice pour la Voïvodine"</i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Manifestation de la </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligue_des_sociaux-d%C3%A9mocrates_de_Vo%C3%AFvodine" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ligue des Sociaux Démocrates de Voïvodine (LSV)</span></a><span style="color: #fff2cc;">, </span></i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>un parti réclamant la création d'une "république" de Voïvodine à l'autonomie très large, dans une Serbie fédéralisée.</i></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce courant prône une Voïvodine multiethnique, moderne, dynamique, démocratique, libérale, européenne, mais fortement autonome par rapport à Belgrade, qui bien-sûr, ne veut rien entendre, et n'a jamais restitué à la province l'intégralité de ses prérogatives du temps de la Yougoslavie. Une surdité et un immobilisme belgradois, qui, bien-sûr, encouragent le sentiment autonomiste.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ca ne vous rappelle rien ? On y vient...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Autonomija" est donc est un média de Novi Sad, qui, sans affirmer ouvertement ses positions autonomistes, revendique la place et le discours à part de la Voïvodine au sein de la Serbie. Le nom du média joue bien entendu sur cette ambiguïté de sens, entre une "autonomie de la pensée", revendiquée par la rédaction face au mainstream médiatique globalement "aux ordres" de Belgrade, et l'autonomie éventuelle de la province... C'est un journal lui aussi de qualité, et une source régulière de ce blog, où écrivent des journalistes et intellectuels serbophones et magyarophones, le tout dans une orientation centriste, libérale en économie et progressiste sur les questions de société.</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEzEVizG2Dijmodb1EmnDJ5C3Jxrm2TEmZKDHE7SY6YPPKxRrlRuPDOjSxh2_Mk6OHdpOu0bV0i4UZU68gqEYWQFHays-rIjs6yj3DHfbEisDLV0FaZBgTlLxAviW_OunZu_8Et4oaJf4/s1600/Autonomija.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="138" data-original-width="364" height="121" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiEzEVizG2Dijmodb1EmnDJ5C3Jxrm2TEmZKDHE7SY6YPPKxRrlRuPDOjSxh2_Mk6OHdpOu0bV0i4UZU68gqEYWQFHays-rIjs6yj3DHfbEisDLV0FaZBgTlLxAviW_OunZu_8Et4oaJf4/s320/Autonomija.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Le portail de la Voïvodine citoyenne", </i></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>le slogan d'Autonomija.</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="http://www.autonomija.info/aleksandar-kocic-katalonija-sangrija-i-korupcija.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">L'article sur la Catalogne paru dans Autonomija</span></a> <span style="color: #fff2cc;">est écrit par Aleksandar </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Kocić (prononcer Kotsitch)</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">, le correspondant à Madrid du journal. L'article est sérieux quant à l'exposé des faits, mais le ton est presque badin, léger. Le journaliste titre d'ailleurs "Catalogne, sangria et corruption". On sent un papier pondu en terrasse en buvant de ce célèbre alcool fruité après la sieste, par une belle fin d'après-midi de l'été madrilène. L'article ne traite pas que de la Catalogne mais dresse un état des lieux global de la situation en Espagne. Le journaliste explique que le pays sort de la crise, même si la remontée économique n'est pas encore visible pour de nombreux Espagnols, d'autant que les salaires restent faibles et la précarité importante. Il pointe alors les nombreux scandales et affaires de corruption qui ont entre autres touché le Parti Populaire au pouvoir, et de fait, Mariano Rajoy et son gouvernement (</span><a href="https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/06/01/espagne-mariano-rajoy-admet-sa-defaite-avant-le-vote-de-la-motion-de-censure-au-parlement_5308016_3214.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">lesquels ont depuis, comme on le sait, fini par démissionner, suite à une mention de censure, et ont cédé la place aux socialistes</span></a><span style="color: #fff2cc;">). Ces affaires seraient, dit le journaliste, un facteur ayant contribué au développement du scepticisme de la population et à sa volonté de changement. "Reste à voir quoi faire avec ces emmerdeurs de Catalans", conclut-il. Le terme "emmerdeur" (1) est ici employé dans le bon sens du terme. Les "Catalans" sont pour <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Kocić</span> des empêcheurs de tourner en rond, au rôle salutaire, un poil à gratter vecteur de renouveau dans une Espagne immobiliste et vieillissante. Il faut d'ailleurs préciser que dans cet article, le terme "Katalonci" (prononcer Katalonn'tsi, "les Catalans" en serbo-croate), semble désigner les indépendantistes, et uniquement eux. Le terme revient avec cette signification en plusieurs occurrences, alors que le mot exact à employer, dans une rigueur journalistique un peu plus neutre, aurait dû être "les indépendantistes catalans".</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sans prendre parti directement pour l'indépendance de la Catalogne, le ton de l'article la présente néanmoins avec une forme de bienveillance, comme un processus logique, cohérent et compréhensible, suggérant peut-être par là que l'indépendantisme surfe aussi sur une volonté de sortir d'une Espagne où la corruption est forte.</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFbn_TH9UCP6xn5bwb5bY_jHp2UMAqvA5lFXeW1OF4njH0MOJYRDELZ3k2olrP7HvwaauHIgns3y_deqIwMnzDK7YR9h8o-Z6Ki_qZoQihM0j_qb3v_eqGzlKylmBDVcbFYSnX68O-Ob8/s1600/LSV+Katalonija.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="503" data-original-width="434" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFbn_TH9UCP6xn5bwb5bY_jHp2UMAqvA5lFXeW1OF4njH0MOJYRDELZ3k2olrP7HvwaauHIgns3y_deqIwMnzDK7YR9h8o-Z6Ki_qZoQihM0j_qb3v_eqGzlKylmBDVcbFYSnX68O-Ob8/s400/LSV+Katalonija.JPG" width="345" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Des drapeaux catalans dans des villes de Voïvodine, </span></i><br />
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">au moment du référendum du 1er octobre. </span></i><br />
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Copie d'écran de la page facebook de la LSV.</span></i><br />
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Ce n'est pas dans l'article mais effectivement, les indépendantistes catalans, notamment ceux du</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_d%C3%A9mocrate_europ%C3%A9en_catalan" target="_blank"><span style="color: #e06666;">PDeCat</span></a> <span style="color: #fff2cc;">de Carles Puigdemont, invoquent volontiers la bonne et saine gestion des finances et un parcours sans taches, dans une région, riche, moderne et dynamique, face à cette Espagne corrompue, et jugée inefficace, à l'instar d'autres nationalistes en Europe, comme la Flandre face à la Wallonie, ou la Ligue du Nord face au Mezzogiorno, ou encore les riches et rigoureux Slovènes en leur temps, face aux "peuples du Sud" jugés paresseux et magouilleurs (=les autres Yougoslaves)...</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4tjibT9lrzdS2OV47Gu37WOJodgS8XgpAYRer9ImkhM8NDJLQgLICjbg_Bb-Zwt0c1WuRBgkk2w05Hb6t-ZnjvKpnxVTWuJZ3YzqrTm8lcse4oqU3QM7JBa-TMeLkDVvosS7hpcnM3EE/s1600/vojvodina.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="756" data-original-width="1200" height="251" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4tjibT9lrzdS2OV47Gu37WOJodgS8XgpAYRer9ImkhM8NDJLQgLICjbg_Bb-Zwt0c1WuRBgkk2w05Hb6t-ZnjvKpnxVTWuJZ3YzqrTm8lcse4oqU3QM7JBa-TMeLkDVvosS7hpcnM3EE/s400/vojvodina.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Voïvodine=Catalogne.</i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Jeune Voïvodine" [=branche jeunesse de la LSV].</i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Graffiti en Voïvodine.</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Sans surprise, ce sentiment de supériorité dans la gestion des affaires se retrouve aussi chez les autonomistes voïvodiniens. La région, grenier à blé de la Serbie, est plus riche que le reste du pays, même si cela ne saute pas aux yeux lorsqu'on traverse les faubourgs miteux de Subotica, après avoir franchi la frontière, ou dans certains bourgs ruraux désolés, où seule une charrette à boeufs trouble parfois la torpeur. Avec ses universités, sa société cosmopolite, ses artistes, ses intellectuels, son festival</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Festival_EXIT" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Exit</span></a><span style="color: #fff2cc;">, son architecture délicieusement "Mitteleuropa", la Voïvodine se revendique volontiers comme une région moderne et inventive comme le fait la Catalogne dont personne n'ose contester la richesse économique ni la créativité culturelle.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Comme on l'a vu plus haut, les autonomistes voïvodiniens aiment volontiers rappeler qu'ils sont différents des autres serbes, et que le reste du pays n'est que gabegie. Par ailleurs, ils insistent sur la culture démocratique de la Voïvodine, qui serait selon eux plus développée que dans le reste de la société serbe.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Tous ces éléments ne figurent pas dans l'article mais on devine quand même entre les lignes des parallèles entre les ressorts du catalanisme actuel et le sentiment autonomiste voïvodinien. Face à une Espagne devenue symbole de marasme financier et de corruption, il est logique, semble-t-il nous dire, qu'une région qui gère bien l'argent ait envie de prendre le large. Sous-entendu, la Voïvodine pourrait elle-aussi avoir le droit de prendre ses distances d'avec la Serbie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Tout à sa description décontractée d'une Espagne en quête de changement, le journaliste se veut optimiste, affirmant même que le pouvoir central espagnol "devrait [finalement] autoriser le référendum [sur l'indépendance de la Catalogne], tout en répétant que celui-ci n'a aucune valeur légale. Ensuite", poursuit le correspondant d'Autonomija à Madrid, "on verra bien". Nous sommes le 31 juillet 2017 lorsque ces mots sont publiés par le portail de Novi Sad. Entre temps, "on a bien vu", des débuts de l'</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Anubis" target="_blank"><span style="color: #e06666;">opération Anubis</span></a> <span style="color: #fff2cc;">le 20 septembre, jusqu'à la</span> <a href="https://www.lemonde.fr/europe/article/2017/10/30/la-catalogne-sous-la-tutelle-de-madrid-retrouvez-nos-reponses-a-vos-questions_5207864_3214.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">mise sous tutelle de la Catalogne</span></a><span style="color: #fff2cc;">, le 30 octobre, en passant par la</span> <a href="https://www.midilibre.fr/2017/10/01/referendum-en-catalogne-de-nombreux-heurts-entre-policiers-et-votants-video,1568216.php" target="_blank"><span style="color: #e06666;">répression sanglante du référendum le 1er octobre</span></a><span style="color: #fff2cc;">, comment le pouvoir central a réagi...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On ne sait pas si <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Kocić</span> en a avalé de travers sa sangria! En revanche, on se dit que chez Novosti, on n'était pas complètement à côté de la plaque.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Dans</span> <a href="https://www.portalnovosti.com/katalonska-repriza-jugo-scenarija" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'article</span></a> <span style="color: #fff2cc;">publié par le journal des Serbes de Croatie, l'approche est en effet totalement différente. Le ton est beaucoup plus grave et inquiet qu'en Voïvodine. Point de badineries ni de sangria. L'auteur, Sre<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span>ko Pulig (prononcer Sretch'ko Pouligue), titre en mode rétro-prémonitoire "La reprise catalane du scénario yougoslave", et tout le monde comprend de suite de quoi il s'agit.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Nous avons une grande expérience [en ex-Yougoslavie] de comment les mouvements séparatistes cherchent à asseoir leur légitimité derrière un référendum, et comment ce référendum peut leur permettre d'arriver à leurs fins" écrit le journaliste en début d'article, une expérience qui, "un quart de siècle après le funeste éclatement, ne fait pas la moindre unanimité" sur les ressorts de cet éclatement ni sur les responsabilités des uns et des autres, continue le journaliste qui avertit: "L'Espagne est à mi-chemin d'apprendre de nous, la question est de savoir si elle veut vraiment parcourir la deuxième moitié du chemin". Le ton est donné.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Bien qu'il ne le dise pas explicitement, Pulig ne semble pas franchement favorable au projet indépendantiste catalan, ni même au référendum du 1er octobre 2017, non reconnu par Madrid, et que les loyalistes à l'Espagne annoncent vouloir boycotter. Il donne d'ailleurs assez précisément les pourcentages des pros et des anti-indépendance dans les sondages, pour mieux démontrer que l'option séparatiste, majoritaire au parlement catalan via la coalition gouvernementale "</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ensemble_pour_le_oui" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Junts pel Si</span></a><span style="color: #fff2cc;">" ("Ensembles pour le oui"), ne l'est pas au niveau de l'opinion. Reprenant visiblement la trame et le propos d'</span><a href="https://www.theguardian.com/world/2017/jul/22/catalonia-independence-referendum-isabel-coixet" target="_blank"><span style="color: #e06666;">un article du Guardian</span></a> <span style="color: #fff2cc;">sur le sujet, Pulig convoque des témoins catalans, comme ces artistes et intellectuels ayant publié une tribune défavorable à l'indépendance. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Il cite en particulier le témoignage de la réalisatrice de cinéma</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabel_Coixet" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Isabel Coixet</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Cette dernière s'oppose au projet indépendantiste et rappelle qu'on peut se sentir à la fois espagnol et catalan. Seulement voilà, explique la réalisatrice, citée tant par le Guardian que par Novosti, il règne aujourd'hui un tel terrorisme intellectuel en Catalogne, que les opposants à l'indépendance, volontiers traités de fascistes, n'osent plus s'exprimer en public, au travail ou même au sein de leur famille. La réalisatrice s'offusque entre autres du ton nauséabond qu'emploie le marketing en faveur de l'indépendance, en l'occurrence, d'une affiche où apparaît Franco appelant à voter non au référendum, suggérant que celui ou celle qui ferait ce choix serait un(e) fasciste (photo ci-dessous). </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHHchWeUzUi-1u09zSUrwx0KUUjVh4q4dIu9FkfuVKc4Nh6-d_Z5N4Et9QvC1g1W2HTEFaX_mK8afUnT8l0sVOsBK0ELxMvdDow9pWBY8PfJKpAAbbDc7T4Cqfj2c5WVaPjhhZ5BwHoFM/s1600/Franco+Votes+No+a+la+republica.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="362" data-original-width="643" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHHchWeUzUi-1u09zSUrwx0KUUjVh4q4dIu9FkfuVKc4Nh6-d_Z5N4Et9QvC1g1W2HTEFaX_mK8afUnT8l0sVOsBK0ELxMvdDow9pWBY8PfJKpAAbbDc7T4Cqfj2c5WVaPjhhZ5BwHoFM/s400/Franco+Votes+No+a+la+republica.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Par ailleurs, dénonce Coixet, la coalition indépendantiste n'aurait rien anticipé et ne donnerait aucun aperçu de ce à quoi pourrait ressembler une Catalogne séparée de l'Espagne. A côté de ce témoignage, emblématique du désarroi des Catalans défavorables à l'indépendance, l'article de Novosti fait également état de purges au sein du gouvernement de la</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9ralit%C3%A9_de_Catalogne" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Généralité</span></a><span style="color: #fff2cc;">, des ministres, réservés quant au référendum du 1er octobre, ou insuffisamment convaincus par les perspectives indépendantistes, ayant été mis à pied par Carles Puigdemont.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Cette parole donnée à des Catalans anti-indépendantistes, et ce tableau inquiétant de la situation, tels que développés dans l'article de Novosti sont parfaitement compréhensibles si l'on fait un retour un arrière. Le journal des Serbes de Croatie se souvient visiblement assez bien du climat de la Yougoslavie au seuil de sa dislocation: ceux qui s'opposaient aux indépendances slovènes et croates, n'étaient pas traités de fascistes, mais de "yougo-communistes", de "</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tchetniks" target="_blank"><span style="color: #e06666;">tchetniks</span></a><span style="color: #fff2cc;">", ou de "nationalistes grands-serbes", alors que certains, Serbes ou autres, étaient sincèrement attachés à l'Etat yougoslave, et n'éprouvaient aucune haine ni l'envie de se battre. Ce terrorisme intellectuel est d'ailleurs toujours en vigueur dans la Croatie d'aujourd'hui, où toute personne éprouvant de la nostalgie pour la Yougoslavie, ou ayant des états d'âme sur la guerre d'indépendance, est affublée des mêmes noms d'oiseaux. Novosti est d'ailleurs régulièrement sous le feu des très actives associations d'extrêmes droites d'anciens combattants ou des cercles catholiques intégristes, qui l'accusent d'être anti-croate et demandent son interdiction.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Tout comme toute autre option destinée à sauver la Yougoslavie (large autonomie, confédération...) était refusée et ne constituait même pas matière à discussion de la part des gouvernements sécessionnistes, Puigdemont refuse d'envisager d'éventuels "aménagements" permettant de maintenir la Catalogne en Espagne. D'après le témoignage de </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Kiro_Gligorov" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Kiro Gligorov</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ancien président de la Macédoine, lorsque la CEE tenta un ultime rapprochement des parties, c'est Franjo Tudjman qui aurait opposé un refus catégorique, arguant qu'il avait la "mission historique" de conduire son peuple à l'indépendance, et que le reste "ne l'intéressait pas". Des propos entendus depuis, quoique sous une autre forme, dans la bouche de Puigdemont. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">En Croatie, les Serbes locaux n'étaient certes d'entrée de jeu pas favorables à l'indépendance, et ont été nombreux à boycotter </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">le référendum, qu'ils jugeaient d'autant plus invalide que démographiquement, ils n'avaient aucune chance de pouvoir peser sur le résultat (d'où le propos critique de Pulig sur l'usage des référendums, cité plus haut). Cependant</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, outre les manipulations de </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, c'est l'intransigeance du gouvernement croate HDZ fraîchement élu, supprimant leurs droits et statuts particuliers, sur fond de provocations néo-oustachistes, qui achèvera de les braquer et de les fanatiser, avec les conséquences désastreuses que l'on a évoqué plus haut.</span><br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les traumatismes sont donc profonds et on comprend que le principal média des Serbes de Croatie ressente de l'inquiétude et vive l'évolution récente de la "question catalane" comme un possible bis repetita du scénario yougoslave.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans Autonomija, tout en admettant brièvement que l'indépendantisme n'est pas majoritaire dans l'opinion catalane, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Kocić</span> semble pourtant ne pas partager les inquiétudes de son confrère de Croatie. Il n'évoque pas ce</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">s Catalans non-indépendantistes, ni les hispanophones de la province, ces derniers devenant pourtant de facto, si l'indépendance devait survenir, une minorité nationale autant que linguistique. Un paradoxe de la part d'un journaliste écrivant dans un média qui, par exemple, soutient les droits des Magyars de Voïvodine. Ce paradoxe n'est qu'apparent et s'explique facilement: dans le "discours voïvodinien" tel que défini plus haut, les Magyars sont jugés être du "bon côté". Il font partie du projet autonomiste, un projet qui revendique une société au cosmopolitisme assumé et épanoui, où les Magyars ont donc toute leur place. Dans ce discours, c'est Belgrade qui empêche la concrétisation de cette société plurielle et équilibrée, ce qui d'ailleurs n'est pas faux dans les faits. A l'opposé, les Catalans défavorables à l'indépendance doivent probablement être, pour </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Kocić</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, du "mauvais côté", des esprits chagrins rétifs aux mouvements du monde et à l'avènement d'un nouvel Etat moderne et progressiste.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">De son côté, le propos de Pulig mériterait aussi quelques nuances, ajustements et développements. Tout à sa thèse d'un possible <i>worst case scenario</i> à la Yougoslave, et à sa peinture dramatique de la situation en Catalogne, en écho à celle vécue par la communauté serbe de Croatie dans les années 90, le journaliste de Novosti procède lui-aussi à quelques omissions et raccourcis.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En l'occurrence, il ne précise pas les différences de contextes historiques, sociologiques et politiques, entre l'Espagne d'aujourd'hui et la Yougoslavie d'alors. Il ne propose pas non plus de comparaison entre les caractéristiques du nationalisme catalan et celles de son pendant croate.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Comme le démontre</span> <a href="http://www.slate.fr/story/107357/pourquoi-pige-rien-independantisme-catalan" target="_blank"><span style="color: #e06666;">une analyse assez fouillée parue dans Slate</span></a><span style="color: #fff2cc;">, le nationalisme catalan possède, historiquement et sociologiquement, une composante de gauche, voire d'extrême-gauche, que le franquisme a contribué à renforcer. Même si cette composante n'est pas la seule, et que le catalanisme touche aussi des sphères politiques plus à droite, lesquelles dominent aujourd'hui en terme d'exercice du pouvoir au sein de la Généralité, ce fond de gauche n'a pas disparu, comme en témoigne la présence, au sein du "Junts pel Si", de deux partis de gauche "appellation d'origine contrôlée" (</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Candidature_d%27unit%C3%A9_populaire" target="_blank"><span style="color: #e06666;">CUP</span></a> <span style="color: #fff2cc;">et</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gauche_r%C3%A9publicaine_de_Catalogne" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ERC</span></a><span style="color: #fff2cc;">). Cette omission du fait gauchiste est d'autant plus étonnante que, si l'on regarde ce que publie habituellement Sre</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">ko Pulig, il apparaît que ce journaliste est un observateur attentif de l'état de la gauche en ex-Yougoslavie. Il devrait donc à priori avoir eu vent de cet aspect du catalanisme, ce d'autant plus que des liens ont existé entre les Républicains Espagnols (dont on fait partie l'immense majorité des Catalans) et la Yougoslavie: </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Yugoslav_volunteers_in_the_Spanish_Civil_War" target="_blank"><span style="color: #e06666;">des militants de gauche serbes, croates, bosniaques, hongrois, etc. issus de l'ancien Royaume de Yougoslavie, sont venus combattre en nombre aux côtés des Républicains contre les phalangistes</span></a><span style="color: #fff2cc;">. </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTviCIfrXLyriskX-Kt8pHP3WuZLoRR-vvhJVMaFtmi0Mxn5qB3XKDqIzUu__mRuYATz-4XwTt1BZsh3mdyGl3h87Gd2wCNcNPgzX3uPJQZp5TLw67EU15TJNlTVcZbf9n5R5BchsiH24/s1600/yugoslavos+en+la+guerra+civil.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="557" data-original-width="990" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTviCIfrXLyriskX-Kt8pHP3WuZLoRR-vvhJVMaFtmi0Mxn5qB3XKDqIzUu__mRuYATz-4XwTt1BZsh3mdyGl3h87Gd2wCNcNPgzX3uPJQZp5TLw67EU15TJNlTVcZbf9n5R5BchsiH24/s400/yugoslavos+en+la+guerra+civil.jpg" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Membres yougoslaves d'une unité républicaine durant la guerre d'Espagne.</i></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Et aujourd'hui, une partie des gauches se reconstituant en ex-Yougoslavie, affiche des sympathies pour la cause catalane, à l'instar de nombreux militants de gauche ailleurs en Europe. Il aurait été précisément intéressant d'interroger cette composante de gauche du catalanisme, face à la polarisation/radicalisation en cours au moment où est écrit l'article, et de questionner éventuellement la bienveillance de certaines gauches, post-yougoslaves ou non, hier opposées à la dislocation de le fédération socialiste, aujourd'hui favorables à l'indépendance de la Catalogne, comme le relevait, non sans ironie, </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Slavoj_%C5%BDi%C5%BEek" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Slavoj Zizek</span></a><span style="color: #fff2cc;"> dans</span> <a href="https://www.independent.co.uk/voices/catalan-independence-referendum-spain-liberal-left-european-union-russia-a7982471.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">The Independant</span></a><span style="color: #fff2cc;">.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais comme Pulig n'aborde pas du tout cet aspect, on est privé de réflexions pertinentes sur des questions qui mériteraient pourtant d'être posées.</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhE1Jp27x6zAvgi4IElWbsJspi_9peHBQqJh2EtXk3dp9OjsGQ6nKTt_S6HsgzdWxq7HcMTTCxKpiSsrI6jht5-iy162niNW70Lwz8vsm5fYjgQu27tWYX9EpXGjjcU9xhTC4D-tMcRa6M/s1600/catalunya.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="356" data-original-width="534" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhE1Jp27x6zAvgi4IElWbsJspi_9peHBQqJh2EtXk3dp9OjsGQ6nKTt_S6HsgzdWxq7HcMTTCxKpiSsrI6jht5-iy162niNW70Lwz8vsm5fYjgQu27tWYX9EpXGjjcU9xhTC4D-tMcRa6M/s400/catalunya.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Des militants de la CUP font campagne pour le référendum, </span></i><br />
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">malgré l'interdiction.</span></i><br />
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sur les affiches : "Votons pour être libres".</span></i><br />
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Au delà de la composante de gauche du mouvement catalan, Sre<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span>ko Pulig n'aborde pas non plus certains visages résolument démocratiques et innovants dans la construction du projet indépendantiste catalan: comme le démontre encore le décryptage proposé par Slate, de larges pans de la société civile catalane sont investis dans l'élaboration d'un pays qui se voudrait "meilleur" que l'existant actuel. Cette dynamique citoyenne et progressiste est omise par le journaliste de Novosti. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A l'opposé, et pour revenir brièvement en Voïvodine, on peut émettre l'hypothèse que ce visage là du "projet" indépendantiste catalan ne peut que séduire les autonomistes de la province du nord de la Serbie. Ce d'autant plus que l'autonomisme voïvodinien se théorise dans un processus assez proche de ce qu'on vient de décrire en Catalogne, via des débats, des plate-formes, des ONG... On peut aussi dresser des parallèles entre l'héritage anti-franquiste de l'indépendantisme catalan, et la filiation de l'autonomisme voîvodinien avec le mouvement "anti-guerre" des années 90. Kocić ne parle pas non plus de cet héritage et de cette dynamique citoyenne dans son article, mais on devine aisément que son traitement plutôt favorable du fait indépendantiste peut venir de cette similitude d'approches.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le "nationalisme" catalan se présente aussi comme un "nationalisme" inclusif et plutôt démocratique. L'indépendantisme plaide globalement pour une société ouverte, moderne, démocratique, et où peut aspirer à devenir Catalan toute personne, y compris étrangère (sous entendu, les immigrés), qui vit sur place et fait l'effort de "s'intégrer" à la société du nouvel Etat. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A ce titre, concernant les nombreux Hispanophones et habitants de la Catalogne originaires d'autres régions d'Espagne, point n'est question de les priver de leurs droits civiques, ni de les chasser. La feuille de route de l'indépendance prévoit même pour eux qu'ils puissent bénéficier d'une double nationalité, catalane et espagnole. Quant au castillan, il resterait à priori l'une des langues officielles du nouvel Etat, aux côtés du catalan.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pulig n'évoque pas non plus cet aspect inclusif de l'indépendantisme, aspect qui, à l'opposé, ne peut encore une fois que séduire les autonomistes "cosmopolites" de Voïvodine, dont le correspondant d'Autonomija à Madrid semble proche.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, on est - en principe - assez loin de l'idéologie du HDZ et de sa concrétisation à partir de 1991. Sur le papier, à aucun moment n'est formulée l'idée de créer un Etat autoritaire, ultraconservateur, mafieux, et ne dédaignant pas de recourir aux assassinats politiques et autres crimes de guerre (suivez mon regard).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">La vaste coalition indépendantiste du "Junts pel Si" n'est pas le HDZ dominé par les "faucons", les irrédentistes d'Herzégovine et les nostalgiques d'Ante Pavelić, au détriment des modérés et des anciens Partisans, rapidement évincés de tout poste décisionnaire (j'avais abordé cette ultra-droitisation du HDZ </span><a href="http://yougosonic.blogspot.com/2016/07/cops-are-not-all-bastards.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">)...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Last but not least, Pulig semble se concentrer sur les dérives et radicalisations qui sévissent du côté des indépendantistes mais évoque peu celles qui s'expriment du côté de l'Etat central et du parti au pouvoir à Madrid. Certes, il cite Isabel Coixet dénonçant l'aveuglement de Madrid, mais pour mieux pointer le fait que cet aveuglement arrange les calculs de Puigdemont... C'est du moins la thèse que soutient la cinéaste, à juste titre d'ailleurs selon moi (on y revient plus bas).</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cependant, une analyse la plus objective possible de la crise catalano-espagnole ne saurait faire l'économie d'une critique plus affinée de l'intransigeance aveugle de Mariano Rajoy et des mécanismes bureaucratiques des institutions centrales espagnoles, comme la Cour Constitutionnelle qui n'a eu de cesse de retoquer des lois et réformes votées par la Catalogne, braquant alors une société ayant le sentiment qu'il faut la permission de papa pour tout changement pourtant décidé dans les règles du jeu démocratiques. L'article de Slate pointe à ce titre les échecs de l'Etat espagnol post-franquiste dans la construction d'un fédéralisme abouti, où précisément, les entités décentralisées ne possèdent pas toutes les prérogatives que permet habituellement ce type de fédéralisme, ce qui génère des frustrations. A ce titre, les anciennes républiques yougoslaves possédaient des degrés d'autonomie plus fortes que les régions autonomes d'Espagne, en particulier dans le domaine des recettes fiscales. Ce sont ces droits qui les pousseront, lorsque crises politiques et économiques mineront la Yougoslavie, à demander plus, la main d'abord, puis le bras.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">A côté des problématiques de l'Etat espagnol, inachevé et étriqué dans certains de ses fonctionnements, le rôle du gouvernement central est une clé essentielle de compréhension de la radicalisation de la partie catalane. On le sait, Rajoy ne voulait pas discuter avec les indépendantistes, et s'est contenté de marteler que le référendum du 1er octobre 2017 était illégal, que la loi s'appliquerait en cas de tenue de ce référendum, et que de toute façon, la Catalogne fait partie de l'Espagne, point barre. D'après</span> <a href="https://www.lemonde.fr/journaliste/sandrine-morel/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Sandrine Morel</span></a><span style="color: #fff2cc;">, correspondante du Monde à Madrid, qui a publié cette année en Espagne un ouvrage qui revient sur la crise catalane (2), il était même impossible, et ce de longue date, d'interroger les membres du gouvernement espagnol sur la question catalane: un non-problème, un phénomène qui n'existe pas. En Voïvodine, l'article d'Autonomija voit avec pertinence dans cet aveuglement de Madrid des parallèles avec celui de Belgrade face au Kosovo. Alors que l'indépendance de l'ancienne province s'annonçait comme de plus en plus inéluctable, les autorités serbes continuaient de claironner à tout vent que le Kosovo était serbe et qu'il en serait toujours ainsi, point barre. "On sait comment cela s'est terminé" rappelle <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Kocić</span> avec malice dans son article, suggérant qu'un schéma similaire pourrait s'appliquer un jour à la Catalogne.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ces mises au point faites, dès la lecture des deux articles, donc avant d'assister aux tristes événement de septembre et octobre 2017, je partageais quand même davantage l'inquiétude et les réserves de Novosti que l'optimisme badin d'Autonomija. J'avais effectivement la sensation que les deux parties étaient dans un dialogue de sourd de plus plus en plus profond, et que, face à l'intransigeance insensée de Madrid, le camp indépendantiste se durcissait dans le discours et les attitudes. J'avais aussi acquis le sentiment que Puigdemont, derrière son visage poupin de gendre idéal et ses allures de cadre supérieur décontracté, était en fait un sale type, prêt à tout pour arriver à ses fins, dans ce qui ressemblait de plus en plus à une fuite en avant, mâtinée là aussi d'aveuglement entêté, et d'une bonne dose d'improvisation. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les faits ont confirmé cette sensation. Avec beaucoup de cynisme selon moi, le leader indépendantiste et ses alliés ont tablé sur un déplacement du conflit de la sphère politique vers "la rue", risquant très clairement la sécurité et l'intégrité physique des habitants de la région, y compris de leurs supporters, dans des affrontements. Un choix machiavélique qui n'est pas sans rappeler certaines manoeuvres des responsables de l'éclatement de la Yougoslavie, tablant eux aussi sur la rue et la foule. On me répondra que les citoyens qui sont descendus dans la rue pour défendre la tenue et le résultat du vote, ou ceux qui se sont mobilisés pour manifester avec fougue leur attachement à l'Espagne, y sont tous allés spontanément et de leur plein gré. Certes. Mais je pose néanmoins la question de savoir à quel moment un comportement protestataire demeure spontané et choisi, et à quel moment il est le fruit un peu trop mûr d'un contexte politique passionnel où le dialogue au sommet est rompu et où le point de non retour est atteint... </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><iframe allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/-JtvwlOKMaA" width="560"></iframe>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Affrontements entre l'Armée Fédérale Yougoslave et la population à Zagreb, </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>le 2 juillet 1991 (l'indépendance de la Croatie a été proclamée le 25 juin). </i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Reportage de la télévision slovène.</i></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Ce calcul de Puigdemont est d'autant plus scandaleux, que son coup de poker terminé avec le flop que l'on sait, l'homme s'est lamentablement débiné en allant se mettre les fesses au chaud chez ses amis flamands de la</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nieuw-Vlaamse_Alliantie" target="_blank"><span style="color: #e06666;">NVA</span></a><span style="color: #fff2cc;">, parti nationaliste</span><span style="color: #e06666;"> <a href="http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/la-n-va-d-extreme-droite-les-experts-sont-partages-5602e51835700fb92f211ecf" target="_blank"><span style="color: #e06666;">guère plus fréquentable</span></a></span> <span style="color: #fff2cc;">que l'infâme Vlaams Blok/Belang (dont on a parlé récemment </span><a href="http://yougosonic.blogspot.com/2018/05/plongees-en-abysses.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">), alors que certains de ses partenaires du "Junts Pel Si" se retrouvaient en prison et y croupissent toujours.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Entre temps, le mythe de l'intégrité et du progressisme de la cause catalane s'est aussi davantage fissuré, confirmant là aussi certains ressentis de Pulig: outre les accusations de fascisme visant sans distinction les loyalistes à l'Etat espagnol, outre l'éviction de ministres modérés ou timorés quant à l'accélération du processus de séparation d'avec Madrid, les indépendantistes ne seraient pas aussi intègres et progressistes qu'ils le prétendent, dans le lobbying pour leur cause: toujours dans son ouvrage sur la crise catalane, la correspondante du Monde Sandrine Morel</span> <a href="https://www.elperiodico.com/es/politica/20180603/revelaciones-corresponsal-le-monde-proces-independentista-6854742" target="_blank"><span style="color: #e06666;">raconte encore avoir été victime de pressions de la part de certains de ses interlocuteurs indépendantistes</span></a><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">, qui lui reprochaient de donner une version tronquée de leur combat. "Si nous achetons de la pub dans ton journal, tu verras ce que tes chefs te diront d'écrire sur nous", lui auraient dit l'un d'eux, irrité par les questions de la journaliste. Alors que celle-ci était sous le choc de cette intimidation, l'homme aurait ajouté: "c'est comme ça que ça marche ici". Plus inquiétant, peu de temps avant cette remarque, le même homme aurait menacé: "si le référendum n'a pas lieu, nous aurons un vrai </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Euroma%C3%AFdan" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Maïdan</span></a><span style="color: #fff2cc;"> [en Catalogne]", preuve que certains indépendantistes n'excluaient pas une dérive violente. </span></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7GzwVw3qL4hlx10GUso8qfq7oPKTmovgmq0O_IipgVJPCUqDfUv_QBIuW3llwR3fS__r-tf8liXe_kFr6fRqDMfv43EdwSVpTG5TkVS98sne_RMRGQaGat4guLGnu2JaTp-Pu8MMMbK0/s1600/Sandrine+Morel.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="240" data-original-width="426" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7GzwVw3qL4hlx10GUso8qfq7oPKTmovgmq0O_IipgVJPCUqDfUv_QBIuW3llwR3fS__r-tf8liXe_kFr6fRqDMfv43EdwSVpTG5TkVS98sne_RMRGQaGat4guLGnu2JaTp-Pu8MMMbK0/s400/Sandrine+Morel.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Sandrine Morel, lors d'une interview à la télévision catalane TV3, </span></i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">où elle fait état des pressions et de certaines attitudes du camp indépendantiste </span></i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">(à regarder</span><span style="color: #e06666;"> <a href="http://www.ccma.cat/tv3/alacarta/els-matins/sandrine-morel-corresponsal-de-le-monde-denuncia-pressions-per-informar-del-proces/video/5770141/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a></span><span style="color: #fff2cc;"> si vous comprenez l'espagnol).</span></i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Morel présente aussi Puigdemont comme un politicien égocentrique, convaincu de parvenir à faire tomber Rajoy, et prêt à tout pour y arriver, dans un combat de coq sans pitié dans la basse-cour ibérique.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Derrière son visage moderniste, démocratique et inclusif, l'indépendantisme catalan n'est pas dépourvu de rancoeur et de revanchisme face au reste de l'Espagne et au castillan, langue qui cohabite toujours avec le catalan dans la région, tout comme la majorité des Croates éprouvait rancoeur et désir de revanche face à la Yougoslavie et à la supposée domination des Serbes, domination s'exprimant même selon eux par la langue (le SERBO-croate). Et le revanchisme, ça ne donne jamais rien de bon... S'il est normal que le catalan soit protégé, enseigné, cultivé et encouragé, on observe </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">des cas de refus de parler castillan à un interlocuteur hispanophone dans certaines situations de la vie courante, ainsi que </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">des débuts de </span><a href="https://www.courrierinternational.com/article/espagne-barcelone-ne-pas-parler-catalan-peut-couter-cher" style="font-family: georgia, "times new roman", serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">chicaneries administratives</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> de la part des autorités, sans parler d'absurdités grotesques, comme le recrutement d'interprètes par le parlement catalan en novembre 2009, pour traduire les échanges avec une délégation venue du Nicaragua, alors que les députés catalans comprennent tous parfaitement l'espagnol. Là encore, les purifications linguistiques du serbo-croate, qui ne concernent pas que la variante croate, comme on le pense souvent, mais toutes les variantes de cette langue, nous montrent jusqu'à quel degré de bêtise peut aller ce revanchisme, à la différence près que le serbo-croate demeure bien une seule et même langue, alors que le catalan et l'espagnol, quoique proches, sont bien deux langues différentes, avec chacune leur prononciation, leur vocabulaire et leur grammaire propres.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Richesse de la région, le bilinguisme catalan/castillan marquerait le pas, d'après Isabel Coixet, et </span><a href="https://lepetitjournal.com/barcelone/education/les-langues-dans-le-systeme-scolaire-catalan-comment-ca-marche-215407" style="color: #fff2cc;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">il n'est plus possible de suivre des cours moitié en castillan, moitié en catalan hors des écoles privées</span></a><span style="color: #fff2cc;">. En d'autres termes, le castillan est de plus en plus enseigné comme une langue étrangère, et seuls les milieux aisés peuvent inscrire leurs enfants dans une école pratiquant à égalité les deux langues. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Rappelons aussi que les indépendantistes ont leurs radicaux, comme</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><a href="http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/05/16/31002-20180516ARTFIG00125-qui-se-cache-derriere-le-sulfureux-quin-torra-nouveau-president-de-la-catalogne.php" style="font-family: georgia, "times new roman", serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Quim Torra</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, devenu d'ailleurs le nouveau président de la Généralité suite aux élections de décembre 2017. Ce proche de Puigdemont est connu en Espagne pour avoir traité les Espagnols de "hyènes" et autres tweets racistes, présentant le reste du pays comme habité par une sous-race méprisable, voleuse et opportuniste, ce qui rappelle des propos entendus à l'époque à Ljubljana ou à Zagreb. Si ce genre de sorties demeure minoritaire parmi les indépendantistes, et que l'homme a depuis exprimé ses regrets et présenté ses excuses, il reste une incarnation du bloc des "durs". Hors de la sphère politique, le vandalisme de voitures immatriculées à Madrid était monnaie courante à Barcelone, lors des matchs Barça-Real, avant que le gouvernement espagnol ne se décide à anonymiser les plaques minéralogiques ...comme en Bosnie-Herzégovine, où il est impossible de savoir si une voiture est de Banja Luka, Tuzla ou Sarajevo.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Enfin, le référendum du 1er octobre, quintessence de l'expression démocratique selon les indépendantistes, fut entaché d'</span><a href="https://www.huffingtonpost.fr/2017/10/04/referendum-en-catalogne-dans-70-communes-il-y-a-eu-plus-de-bulletins-oui-que-delecteurs-inscrits_a_23232837/" style="color: #e06666;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">irrégularités</span></a><span style="color: #fff2cc;">, dignes d'ailleurs de celles que l'on observe lors d'élections en ex-Yougoslavie, encore aujourd'hui.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhACqFqa5YEM2K1omOZxekDIYeo7YmWothWL-6sGVVNx0ZxaAMxSyPl9uvUfkc_kHK_kDkFr4JDg0aG2U4i73H8VdaYfSExx0VmUZvKPBWK7iWvRb2rPLfKw4sz5CfNe0ySOt0N67EWbvc/s1600/R%25C3%25A9pression+polici%25C3%25A8re+Barcelone.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="638" data-original-width="975" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhACqFqa5YEM2K1omOZxekDIYeo7YmWothWL-6sGVVNx0ZxaAMxSyPl9uvUfkc_kHK_kDkFr4JDg0aG2U4i73H8VdaYfSExx0VmUZvKPBWK7iWvRb2rPLfKw4sz5CfNe0ySOt0N67EWbvc/s400/R%25C3%25A9pression+polici%25C3%25A8re+Barcelone.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Répression policière à Barcelone, le 1er octobre 2017</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Comme dans beaucoup de conflits, les torts sont partagés, ce qui ne signifie pas que les degrés de responsabilités soient identiques. Celui qui oppose Puigdemont à Rajoy, la Catalogne à l'Etat central, ne fait pas exception. Chacune des parties s'est ici employée, méthodiquement, à rendre tout dialogue impossible, avec le tragique point culminant du 1er octobre, où les matraques ont frappé, où le sang, indépendantiste comme loyaliste, a coulé, et où des affrontements, certes au final relativement isolés, ont éclaté entre pro et anti-indépendantistes, dont des "ultras" d'extrême-droite qui n'attendaient que ça, au détour d'une manif ou d'une terrasse de café, ou devant le siège de Catalunya Radio, la radio publique catalane, accusée d'être pro-indépendance, ce qui a valu à ses journalistes de devoir rester plusieurs heures à l'intérieur du bâtiment, menacés par des partisans échaudés du maintien dans l'Etat espagnol. </span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQAJcn48P_b68BOfY2eJHShHRmALXfi8UhfiVVeu99ifiyG3uDwg8ng5NQqrJa0QJ1EqHd0XibaozyP9fNA4Nbvkgu-wqkMqCGsrrqOqRArQmAkRxiE6Z0Bi4_yiYseTcutfs_VFkKJKw/s1600/Imagen-agresion-vecino-parte-ultras_EDIIMA20171027_1157_4.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="362" data-original-width="643" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQAJcn48P_b68BOfY2eJHShHRmALXfi8UhfiVVeu99ifiyG3uDwg8ng5NQqrJa0QJ1EqHd0XibaozyP9fNA4Nbvkgu-wqkMqCGsrrqOqRArQmAkRxiE6Z0Bi4_yiYseTcutfs_VFkKJKw/s400/Imagen-agresion-vecino-parte-ultras_EDIIMA20171027_1157_4.jpg" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Affrontements entre indépendantistes et loyalistes devant un café à Barcelone, </span></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">dans la nuit du 1er au 2 octobre 2017.</span></i></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Ces tristes événements n'ont heureusement pas dégénéré. Il n'y a pas eu de snipers pro-Espagne tirant sur la foule sur l'</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Avenue_Diagonale" target="_blank"><span style="color: #e06666;">avenue Diagonale</span></a> <span style="color: #fff2cc;">ou sur la</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_de_Catalogne" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Place de Catalogne</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ni de barricades érigées dans certaines communes catalanes, où les hispanophones, souvent venus des régions pauvres du royaume, et ne comprenant pas ce qu'on leur reproche au juste derrière la volonté séparatiste, sont nombreux voire majoritaires (tout comme de nombreux Serbes de Croatie, dont les ancêtres étaient venus il y a plusieurs siècles, ne comprenaient pas pourquoi, soudain, tout le monde les détestait). Il n'y a pas eu de <i>worst case scenario</i> à la yougoslave, mais ces violences, quelle que soit l'opinion politique de celles et ceux qui en ont été les victimes, sont déjà de trop. Le climat rance et tendu de polarisation de la société, tel que décrit par Novosti, risque de persister, et avec lui, les frustrations et les rancoeurs d'un camp comme de l'autre. </span></span><br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Loin de l'optimisme décontracté qui émane de l'article d'Autonomija, l'article de Novosti suggère selon moi trois choses fondamentales que je pose en guise de conclusion:</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Premièrement, un projet d'indépendance, aussi légitime soit-il, historiquement, socialement ou culturellement (et l'indépendantisme catalan est, sur un certain nombre d'aspects, légitime), ne peut pas tirer un trait sur des décennies voire des siècles d'existence au sein d'un autre Etat, avec tout ce que ce passif implique: par exemple, la présence de citoyens d'autres régions de cet Etat, parlant</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">éventuellement</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> une autre langue, et attachés à cet Etat, et voyant même dans le maintien de celui-ci une garantie de leurs droits. A côté des délires inexcusables de la</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Grande Serbie" (=Union de tous les Serbes dans un seul Etat, par la guerre si besoin), la situation décrite à l'instant était celle de certains Serbes de Croatie ou de Bosnie-Herzégovine, qui se sentaient protégés juridiquement et culturellement par l'Etat yougoslave, et tenaient donc à sa survie. C'était aussi le cas de beaucoup de "Yougoslaves", toutes "ethnies" confondues, vivant en Slovénie, citoyens à part entière de cette république dans l'ancien Etat, que l'indépendance</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><a href="http://yougosonic.blogspot.com/2013/07/nos-ancetres-les-effaces.html" style="font-family: georgia, "times new roman", serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">a privé du jour au lendemain de leurs droits civiques</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Deuxièmement, une prise d'indépendance n'est pas un processus léger, simple et sans conséquences, mais il a des implications profondes et durables. Pour ceux qui aspirent à la réalisation de ce processus, celui-ci est une promesse, une perspective optimiste, où les ajustements et mutations nécessaires, voire les quelques sacrifices éventuels, seront compensés par la concrétisation du projet et ses bienfaits escomptés à moyen et long terme. Mais pour les autres, défavorables à ce processus, celui-ci va signifier des changements lourds et irréversibles, un basculement dans un monde nouveau où il faudra consentir à de gros efforts d'adaptation, voire à devoir faire profil bas... Face à cette frange de population sceptique voire anxieuse, l'intelligence comme l'éthique politiques exigeraient, à défaut de parvenir à convaincre, de prendre en compte les inquiétudes, de rassurer, de dire que l'on s'efforcera de faire que ce changement soit le plus indolore possible. En aucun cas, ignorer, mépriser, ni insulter cette population, en insinuant qu'elle est franquiste (Catalogne) ou en la privant de ses droits (Croatie et Slovénie).</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Troisièmement, aussi inclusif, humaniste et démocratique soit-il, un projet indépendantiste tend néanmoins bien souvent, et à un moment donné, à se durcir et à faire remonter à la surface des caractéristiques moins progressistes, comme le revanchisme, la victimisation obsessionnelle, l'essentialisation méprisante de l'adversaire ou du peuple dont on veut divorcer, ou encore l'idée que la fin justifie les moyens....</span></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Quant à la tragédie yougoslave, celle-ci nous enseigne qu'une fois que la promesse de réalisation d'un grand rêve national a été inoculée dans les esprits, il est quasi impossible de la refréner et de revenir en arrière. La crise entre l'Espagne et la Catalogne risque donc de durer et il faudra beaucoup d'intelligence, d'imagination et de sens du dialogue pour la désamorcer.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je n'ai pas d'opinion 100% tranchée sur l'indépendance catalane, et développer le pour et le contre de cette cause vaudrait un post à lui tout seul. Chacun aura compris que je ne me retrouve ni dans la fuite en avant de Puigdemont et de ses alliés, ni dans l'intransigeance autoritaire de Rajoy. Je suis, comme d'autres observateurs de cette crise, favorable à ce que cette question soit tranchée par un référendum, mais un référendum véritablement démocratique (pas un coup de force assorti de calculs cyniques et dangereux), c'est à dire avec un vrai débat contradictoire, et surtout un débat dépassionné, où chaque partie pourrait faire valoir ses arguments dans le dialogue, l'écoute et le respect mutuel, permettant ainsi à chaque citoyen de se déterminer en son âme en conscience.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Un an après les tragiques événements survenus en Catalogne, et même si nous avons échappé à un conflit armé, je ne pense pas que les conditions soient réunies pour que ce débat apaisé ait lieu... </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwrZ4oi87BK29JLUkHgsaOb5TGt9qQIKLLSOJw4XorHIS-fCMS56rOZVU9edQ1aSw9Z3XTw-7HoxHQoKjaTbEpEfnsX7kUKMR5C64Wp2m_JRi1l95XrlqGQFwwYNTg8izcGpv2mrlORWI/s1600/barcelone+repression.jpg" imageanchor="1" style="font-family: "Times New Roman"; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="563" data-original-width="980" height="183" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwrZ4oi87BK29JLUkHgsaOb5TGt9qQIKLLSOJw4XorHIS-fCMS56rOZVU9edQ1aSw9Z3XTw-7HoxHQoKjaTbEpEfnsX7kUKMR5C64Wp2m_JRi1l95XrlqGQFwwYNTg8izcGpv2mrlORWI/s320/barcelone+repression.jpg" width="320" /></a></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><u>N.B.</u>: </b><i>L'image qui ouvre le post est la couverture du journal slovène Mladina du 6 octobre 2017. Sur fond de drapeau catalan et d'images de la répression du 1er Octobre, l'hebdomadaire, favorable autrefois à l'indépendance slovène, titre : "Naissance d'un Etat. Ou la raison l'emporte, ou la Catalogne doit s'attendre à un écroulement sanglant comme dans les Balkans."</i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><br /></i></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Prolonger:</b><i> </i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">"Slate" a fait un travail remarquable autour de la Catalogne, avec de nombreux articles proposant des analyses, points de vue et opinions très divers (aussi bien favorables que défavorables à l'indépendance), permettant de mieux appréhender la complexité de cette crise. Pour les lire, c'est par </span><a href="http://www.slate.fr/dossier/8719/catalogne" target="_blank"><span style="color: #e06666;">là</span></a><span style="color: #fff2cc;">.</span></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(1) En réalité, dans la VO, le journaliste dit "dosadni Katalonci", "dosadni" signifiant "ennuyeux", au sens à la fois d'ennui dans le désoeuvrement, mais aussi au sens de "pénible, embêtant, emmerdant", d'où le choix de ce dernier terme dans ma traduction, lequel me semble mieux rendre la pensée de l'auteur, et le ton de son article.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="color: #fff2cc;">
</span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(2) Sandrine Morel, "En el huracán catalán: Una mirada privilegiada al laberinto del procés" ("Dans l'ouragan catalan: un regard privilégié sur le labyrinthe du processus [d'indépendance]") Editions Planeta, non traduit à ce jour en français.</span></div>
<br />
<strike></strike>Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-64960660768397836972018-05-11T21:17:00.000+02:002018-05-13T22:03:34.748+02:00PLONGEES EN ABYSSES<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNm-yc7b7xtWrFp_WXfZ74X5q8KvMkHxMPzBHTh8X838b1ZZh88yGIUFv5H_UBEgpbDlXBzJLc_uVL69jJPY9E7ehtmCWuUWURB3j5BD-xQfD6Z2NLvH4NP_8zoWwAH7sjfhZ768Ok2Wk/s1600/kladovo_hladnjaca.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="448" data-original-width="672" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNm-yc7b7xtWrFp_WXfZ74X5q8KvMkHxMPzBHTh8X838b1ZZh88yGIUFv5H_UBEgpbDlXBzJLc_uVL69jJPY9E7ehtmCWuUWURB3j5BD-xQfD6Z2NLvH4NP_8zoWwAH7sjfhZ768Ok2Wk/s400/kladovo_hladnjaca.jpg" width="400" /></a></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">C'est la bonne nouvelle de l'édition qui démarre en ce moment, le Festival de Cannes propose cette année deux films en liens avec la Yougosphère qui me paraissent plus que dignes d'intérêt: "</span><a href="https://www.dschointventschr.ch/fr/indevelopment/documentaries/chris-the-swiss" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Chris the Swiss</span></a><span style="color: #fff2cc;">" de la Suissesse </span><a href="http://www.swissfilms.ch/fr/film_search/filmdetails/-/id_person/2146133273" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Anja Kofmel</span></a><span style="color: #fff2cc;"> et "</span><a href="http://nonalignedfilms.com/the-load/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">The load/Teret</span></a><span style="color: #fff2cc;">" du Serbe </span><a href="http://www.cinemadefacto.com/portfolio/ognjen-glavonic/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ognjen Glavonic</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (prononcer Og'niène Glavonitch). Je n'ai pas encore vu ces deux films, puisqu'ils ne sont pas sortis en France à ce jour, mais il se trouve que je connais assez bien le contexte auquel "Chris the Swiss" fait référence. Quant à Ognjen </span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">, outre le fait que j'ai bu des bières avec lui au</span> <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2014/09/yougosonic-goes-intergalactique.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Festival Intergalactique de l'Image Alternative à Brest en 2014</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ce qui indéniablement crée des liens, je suis aussi fan de son travail cinématographique. J'avais adoré son "</span><a href="http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/42766_1" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Zivan pravi pank festival</span></a><span style="color: #fff2cc;">", portrait d'un jeune marginal de Voïvodine se piquant d'organiser un festival punk dans son village, et je viens de voir "</span><a href="http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/47511_1" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Dubina Dva/Depth Two</span></a><span style="color: #fff2cc;">", dont "the Load" est le prolongement. </span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Ce post ne parlera pas des films présentés à Cannes en tant que tels, mais propose des développements et extrapolations contextuels qui me semblent utiles à partager, en attendant que "Chris the Swiss" et "the load" soient projetés sur nos écrans, je l'espère, très largement, c'est à dire pas seulement à Paris, Lyon, et éventuellement Marseille, mais aussi chez les bouseux de province, qui aiment eux-aussi voir des films qui instruisent ou font réfléchir. Cette dernière remarque s'adresse aux professionnels de la profession (distributeurs, diffuseurs...), au vu de la difficulté de voir des films d'ex-Yougoslavie hors grandes métropoles et festivals spécialisés. Même les derniers </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Danis_Tanovi%C4%87" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Tanovic</span></a> <span style="color: #fff2cc;">ont été très mal diffusés. Ce problème ne concerne bien-sûr pas les films d'Emir Kusturica, mais ça on le savait déjà... Fin de la parenthèse.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les deux films ont ceci de commun de plonger dans certaines abysses des guerres yougoslaves, dealant chacun avec des faits encore aujourd'hui tabous voire volontairement passés sous silence, le tout dans deux pays clés du conflit: la Croatie et la Serbie.</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></div>
<a name='more'></a><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Mêlant images documentaires et film d'animation, "Chris the Swiss" s'appuie sur deux thématiques. Premièrement, celle de la constitution de "brigades internationales" venues prêter main forte à la jeune Croatie indépendante, attaquée par l'Armée Fédérale Yougoslave passée sous orbite serbo-serbe. Comme le grand public l'ignore encore trop souvent, ces "brigades internationales" avaient peu à voir avec leurs</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Brigades_internationales" target="_blank"><span style="color: #e06666;">illustres aînées combattant en Espagne aux côtés des Républicains</span></a> <span style="color: #fff2cc;">opposés à Franco, en particulier sur le plan idéologique. Si quelques nobles âmes progressistes ont vu dans la violence de l'agression grand-serbiste, en grande partie à juste titre d'ailleurs, le visage nouveau et recomposé d'un totalitarisme ethnique de sinistre mémoire, et sont allés "sincèrement" soutenir la Croatie dans sa lutte pour s'affranchir de ce totalitarisme, l'immense majorité des mercenaires s'engageant sous la bannière de la Croatie était constituée de militants d'extrême-droite venus des quatre coins de l'Europe et du monde. Une bonne partie de ces mercenaires et autres aventuriers en quête d'adrénaline étaient déjà aguerris par leur participation à d'autres conflits du globe. D'autres ont été "discrètement" mobilisés par les partis politiques d'extrême-droite d'Europe Occidentale. L'ensemble de la nébuleuse fascistoïde et xénophobe voyait en effet dans le conflit yougoslave une opportunité pour la jeunesse nationaliste occidentale de "sortir du bois", c'est à dire de rompre avec la retraite volontaire, en attendant que sonne à nouveau l'heure de la reconquête, prêchée en 1951, après la défaite nazie, dans "</span><a href="https://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Le-Recours-aux-forets/ensavoirplus/idcontent/16904" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Traité du rebelle ou le recours aux forêts" (Der Waldgang en V.O.)</span></a><span style="color: #fff2cc;">, par l'écrivain allemand</span> <a href="https://www.lexpress.fr/culture/livre/ernst-junger-un-anarchiste-conservateur-droit-dans-ses-bottes_1314719.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ernst Jünger</span></a><span style="color: #fff2cc;">, vieille coqueluche intellectuelle de cette nébuleuse. </span></span><br />
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></div>
<div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: center; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="-webkit-text-stroke-width: 0px; clear: both; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; margin: 0px; orphans: 2; text-align: center; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW42-MAUQIZgoUvyLWDAqRgRJBSYKlrt10nVcLIJUCTDH9DNn5hUoJd3qxl9sJW7OcfFnwGQjTEs_SUKuqYeUBjr9cxUhGAKznTLFxNuu0pfPuOEMCAYcNTzY0yMGdRLe9HiL9N5cFXTk/s1600/ultra+desnicari+HR.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="558" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgW42-MAUQIZgoUvyLWDAqRgRJBSYKlrt10nVcLIJUCTDH9DNn5hUoJd3qxl9sJW7OcfFnwGQjTEs_SUKuqYeUBjr9cxUhGAKznTLFxNuu0pfPuOEMCAYcNTzY0yMGdRLe9HiL9N5cFXTk/s400/ultra+desnicari+HR.jpg" width="400" /></a></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Soldats croates et "internationaux" brûlant le drapeau yougoslave.</span></i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Parmi ces organisations politiques voyant une terre de croisades dans la Croatie en lutte pour son indépendance, figurent en particulier deux partis emblématiques de l'extrême-droite ouest-européenne: le Front National et le </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Vlaams_Blok" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Vlaams Blok</span></a>.<span style="color: #fff2cc;"> Concernant ce dernier, il n'est guère difficile de comprendre la parenté idéologique d'avec le nationalisme croate:</span></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />- Tous comme les nationalistes flamands estiment que la Belgique est une aberration historique, un Etat non fonctionnel, les Croates en mal d'indépendance avaient une vision assez similaire de la Yougoslavie.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">- Le "Bloc Flamand", rebaptisé depuis "Intérêt Flamand" ("</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vlaams_Belang" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Vlaams Belang</span></a><span style="color: #fff2cc;">"), considère depuis toujours la Flandre comme une terre opprimée par une Belgique à dominante francophone, bien que les francophones ne constituent qu'environ 40% de la population belge, tout comme la Croatie se considérait opprimée par une Yougoslavie jugée "à dominante serbe": démographiquement, c'était vrai, les Serbes étaient majoritaires en nombre; politiquement, c'est plus compliqué. Les subtils équilibres de pouvoirs définis par Tito cherchaient plutôt à pondérer le poids des communautés et des Républiques, et notamment à réduire celui du binôme serbo-croate, déjà perçu à l'époque comme un potentiel facteur de déstabilisation. Ce système frustrera au final autant les Serbes que les Croates, et </span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> surfera habilement sur cette frustration. </span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Comme le nationalisme croate à l'époque de l'indépendance, invoquant les valeurs "nobles" de travail, d'ordre, et de rationalité centre-européenne, face au "désordre" yougo-serbo-balkanique, le nationalisme flamand cherche lui-aussi depuis toujours à se séparer de ces Wallons jugés paresseux, frivoles et cosmopolites, au nom d'une Flandre rigoureuse, travailleuse et pure. <br /><br />- Enfin, et ce n'est pas le moindre des points communs, les nationalistes flamands ne considèrent pas l'occupation nazie et la collaboration de certains Flamands comme le mal absolu, l'Allemagne nazie ayant toujours soutenu ses frères néerlandophones, eux aussi membres de la noble et vigoureuse race germanique, face à la chienlit latine du sud du pays. En Croatie, on le sait, une part notable du courant indépendantiste a très vite flirté avec une réhabilitation plus ou moins ouverte de l'Etat Indépendant de Croatie, Etat pro-nazi conduit par les Oustachis, de sinistre mémoire. </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Soucieux toutefois de respectabilité, le "VB" se détachera de toute action militaire concrète, se contentant de "voyages" en Croatie. Le "sale boulot" sera confié au "</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Voorpost" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Voorpost</span></a><span style="color: #fff2cc;">" ("Avant-poste"), une organisation d'extrême-droite présente en Flandre et aux Pays-Bas, connue entre autres pour</span> <a href="http://bruxelles.blogs.liberation.fr/2008/04/02/scne-de-la-vie/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">pourrir la vie des francophones habitant les communes "flamandes" de la grande périphérie bruxelloise</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Ce sont ces militants, habitués à la baston, aux actions coup de poing et à la clandestinité, qui iront se battre en Croatie. </span></span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYEVDtBnWFvQiiIfPIraVULA60uhn1StFnyO82-MCkcsCJIT04OQgaL_P86IWFKQ9_LBynuz5tsTaSZBEQw9VIAZIVdBv1uNmFAoXnOosB3DyWW461UPfdOiF5uuuWTkaS4EdnavWL7AE/s1600/VB+U+HR.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="355" data-original-width="271" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYEVDtBnWFvQiiIfPIraVULA60uhn1StFnyO82-MCkcsCJIT04OQgaL_P86IWFKQ9_LBynuz5tsTaSZBEQw9VIAZIVdBv1uNmFAoXnOosB3DyWW461UPfdOiF5uuuWTkaS4EdnavWL7AE/s400/VB+U+HR.png" width="305" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Le Vlaams Blok en goguette en Croatie.<br />On reconnaît à gauche</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Filip_Dewinter" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Filip Dewinter</span></a><span style="color: #fff2cc;">, le patron du "VB".<br />Photo (c) Stern.</span></i></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Tout cela est fort bien décrit et analysé par le magazine indépendant flamand "Apache", dans</span> <a href="https://www.apache.be/fr/2013/04/12/il-y-a-20-ans-cetait-des-flamands-dextreme-droite-qui-partaient-se-battre-en-yougoslavie/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">cet article</span></a><span style="color: #fff2cc;">, disponible en français, même si je n'adhère pas à la comparaison qu'il opère avec le cas plus récent des Belges partis combattre en Syrie, analogie qui selon moi met sur le même plan des faits qui ne participent pas des mêmes contextes temporels, sociologiques et politiques. </span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Concernant le FN et les milices d'extrême-droite françaises, le soutien à la Croatie peut à priori paraître surprenant, vu qu'aujourd'hui, le parti de la dynastie Le Pen roule plus qu'ouvertement pour le nationalisme serbe, avec d'ailleurs un succès certain auprès des Français d'origine serbe, comme l'humoriste Guillaume Meurice en fit l'expérience (voir</span><span style="color: #e06666;"> <a href="https://www.youtube.com/watch?v=PdEAtFHc8r4" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a></span> <span style="color: #fff2cc;">à partir de 2'30) </span><a href="http://mediateur.radiofrance.fr/message/discrimination-de-guillaume-meurice-vers-serbes/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">à ses dépends</span></a><span style="color: #fff2cc;"> lors des dernières présidentielles. On aurait aussi pu supposer que le FN aurait soutenu la Serbie au nom des liens historiques et des alliances franco-serbes du début du XXe siècle. Enfin, en parti plutôt centraliste et unitariste, le FN aurait pu plaider pour une Yougoslavie unie sous la bannière serbe, d'autant qu'une partie de la culture politique et du droit serbe est clairement influencée par la culture politique et le droit français, les élites serbes d'autrefois s'étant formées en France. A l'époque, pourtant, ce n'était pas le cas. Cette vision que l'on pourrait qualifier de "pro-serbe" était davantage l'apanage de la "droite bourgeoise traditionnelle", celle qui lit Le Figaro, ce journal étant l'une des rares voix exprimant encore aujourd'hui des sympathies ou de la mansuétude envers les positions serbes durant le conflit et au delà. Ces sympathies s'exprimaient aussi dans certains cercles militaires, et au sommet de l'Etat, François Mitterrand en tête (qui rappelons-le, n'était de gauche que sur le papier), qui aurait proclamé que jamais de son vivant, la France ne ferait la guerre à la Serbie. Dans les faits, ce positionnement au sein des corps constitués aura laissé pourrir le conflit bosnien, avec les conséquences que l'on sait, et aurait, selon certaines sources, permis à </span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Karadžić et à Mladić</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> d'échapper à la justice internationale, la rumeur insinuant que des hauts gradés français en mission sur place les auraient couverts dans leur fuite. </span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Parenthèse rapide concernant l'extrême-gauche à cette époque: il semblerait que celle-ci ait été déjà minée par un même </span><a href="https://wikirouge.net/Campisme" target="_blank"><span style="color: #e06666;">campisme</span></a> <span style="color: #fff2cc;">que celui qui l'égare aujourd'hui, et dans de larges composantes, sur le chemin de Damas, face au "socialisme laïc" de Bachar Al Assad (rappelons que le </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_Baas" target="_blank"><span style="color: #e06666;">parti Baas</span></a> <span style="color: #fff2cc;">dont est issu le pouvoir syrien est à la base un parti "de gauche"). D'après la chercheuse</span> <a href="http://csamary.free.fr/csamary/Activites_%26_Recherche.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Catherine Samary</span></a><span style="color: #fff2cc;">, proche d'Attac et du NPA, cet égarement sera particulièrement flagrant envers les Musulmans bosniaques, que cette gauche, finalement par ignorance des caractéristiques de l'Islam bosniaque d'avant la guerre, enfermera dans un fondamentalisme qui resta, quoiqu'on en dise aujourd'hui, relativement minoritaire durant la guerre </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(lire </span><a href="http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33860" style="font-family: georgia, "times new roman", serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, ce point est abordé en fin de texte, sous "Réalité et Grilles d'interprétations")</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. </span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Notons toutefois que la mouvance anarchiste française, en lien avec sa consoeur italienne, tenta de soutenir les réseaux anarchistes de Yougoslavie, ces derniers ayant combattu les nationalismes locaux dès leur apparition, puis sont parvenus à maintenir des échanges durant le conflit. On vit aussi des initiatives d'ONG de gauche et d'associations d'objecteurs de conscience (le service militaire était encore obligatoire en France à cette époque) visant à soutenir les pacifistes et déserteurs serbes. </span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour revenir à l'extrême droite française d'alors, la connexion avec le nationalisme croate se fit via deux marqueurs caractéristiques: le marqueur religieux, à travers la branche catholique intégriste du Front National, clamant qu'il fallait venir en aide à ce peuple catholique en plein réveil religieux après des années d'oppression (ce qui était faux: la pratique religieuse était "découragée" par la propagande, mais n'était pas interdite). Ce réveil devait être d'autant plus encouragé qu'il prenait des formes très peu favorables à l'oecuménisme, à la modernité et à tous les avatars dégénérés de cette dernière, tels que le droit à l'avortement... Bref, le catholicisme croate semblait assez proche du catholicisme traditionaliste français. Malheureusement, et sans vouloir mettre tous les catholiques croates dans le même sac, l'actualité de ce pays nous démontre régulièrement depuis que cette vision n'était pas erronée. </span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">L'autre marqueur qui allait cristalliser la mobilisation de militants et de mercenaires d'extrême-droite était l'anticommunisme. Pour l'extrême-droite française, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span> et la Serbie incarnaient le communisme, un communisme que la Croatie indépendante, acquise à l'économie de marché et aux valeurs traditionnelles, combattait. Autant la grille religieuse pouvait-elle être fondée, autant cette vision d'une Serbie incarnant le communisme est sujette à caution. Certes, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span> était bien issu du PC serbe, mais il faut quand même rappeler que l'homme fort de Belgrade était, sur le plan économique, un libéral assumé, ayant de surcroît fait une partie de sa carrière dans le secteur bancaire, et ayant par ce biais vécu à Londres, Mecque du capitalisme triomphant. <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span> fut même au départ accueilli favorablement en Occident, parce que son adhésion au libéralisme, son autorité et son inflexibilité, étaient jugées les plus aptes à faire passer les lourdes réformes économiques voulues par le FMI pour redresser l'économie yougoslave à l'agonie. Comme nous le rappelle la décidément précieuse Catherine Samary dans un autre</span> <a href="http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article13577" target="_blank"><span style="color: #e06666;">texte</span></a> <span style="color: #fff2cc;">(premier point du texte), les privatisations en Serbie, où les cadres du PC allaient goulûment se servir, ne furent retardées qu'à cause de la guerre, et non par une volonté de maintenir un régime communiste. Par ailleurs le PC serbe a mis en pratique avec un tel enthousiasme les valeurs du nationalisme ethnique, au mépris de l'internationalisme fraternel du communisme, qu'il s'est indéniablement rapproché des principes de l'extrême-droite, n'en déplaise aux naïfs et aux révisionnistes qui voient encore aujourd'hui dans cette politique une volonté de sauver la Yougoslavie socialiste. </span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est d'ailleurs en prenant conscience, vers la fin des années 90, de certaines communautés de vue entre les préoccupations du FN français et les choix politiques de la Serbie, que Le Pen père insufflera un basculement de son parti vers ce pays. En l'occurrence, c'est notamment sur le Kosovo que se jouera cette bascule, toujours via le marqueur religieux. Des catholiques croates, on passera aux chrétiens serbes, trahis par l'Occident dans leur lutte contre les musulmans albanais (et bosniaques, auparavant), et là aussi, tant pis si tous les Albanais ne sont pas musulmans, et qu'on trouve parmi eux des catholiques et des orthodoxes. L'élément musulman est toutefois majoritaire, d'où ce raccourci facile, mais le nationalisme albanais s'appuie principalement sur la singularité linguistique et culturelle de ce peuple... Afin de ne pas trop nous disperser, je ne développerai pas davantage cette question du basculement du FN vers des positions plutôt pro-serbes. Cette histoire fera peut-être l'objet d'un décryptage plus complet un jour...</span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Sur ces connivences entre l'extrême-droite française, politique ou para-militaire, et les nationalistes croates, on lira avec intérêt le très fouillé</span> <a href="http://reflexes.samizdat.net/les-phalanges-du-desordre-noir/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">article de la revue Reflexe</span></a><span style="color: #fff2cc;">, qui, dès 93, analyse avec beaucoup de précision les différentes mouvances à l'oeuvre en coulisse et sur le terrain. </span></span><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjy9x1IiHsCZPiT5WsdHW8fybp2BBZxS6xp4cNxAgf0xUM89eIvTUDRIsqS5-LgteEaputK6Gk46hZFoZGlVyp0ae2HzlEzX86eBz4iVu3IqamIzcxM3PjglOIPH7DrGJbkNqLSXJRZagE/s1600/Christian-Wurtenberg.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="612" data-original-width="1000" height="195" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjy9x1IiHsCZPiT5WsdHW8fybp2BBZxS6xp4cNxAgf0xUM89eIvTUDRIsqS5-LgteEaputK6Gk46hZFoZGlVyp0ae2HzlEzX86eBz4iVu3IqamIzcxM3PjglOIPH7DrGJbkNqLSXJRZagE/s320/Christian-Wurtenberg.jpg" width="320" /></span></a></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Christian Würtenberg aka "Chris the Swiss"</i></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est dans cet article que j'ai pour la première fois entendu parler, on y arrive enfin, de celui qu'on surnomme "Chris the Swiss", et qui constitue la deuxième et principale thématique du film éponyme. A l'époque, il y a un an environ, j'avais lu cet article parce que je m'intéressais à ces connivences de l'extrême-droite française avec la Croatie puis la Serbie, et avais déjà vaguement un post en tête sur le sujet... Ma curiosité envers l'histoire de ce jeune suisse avait alors été piquée, et j'avais alors commencé à la creuser. C'est ainsi que j'ai eu vent qu'un film suisse se préparait sur cet individu méconnu au destin tragique... <br /><br />"Chris the Swiss" s'appelait en réalité Christian Würtenberg, et exerçait le métier de journaliste. Il est né et a grandi à Bâle, la grande ville alémanique du nord de la Suisse, frontalière de l'Allemagne et de la France. Qu'est ce qui peut pousser un jeune homme à quitter un pays bien portant, relativement tranquille et officiellement neutre, pour s'aventurer dans les conflits qui sévissent au quatre coins du globe ? C'est une des questions que pose Anja Kofmel, cousine de Christian Würtenberg. La réalisatrice était encore un enfant au moment de la mort de ce dernier. Elle a grandi et s'est construite dans l'aura tutélaire, faite de mythes, de mystères et d'interrogations, de ce cousin parti trop tôt et dans des conditions obscures.</span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">Un mélange d'audace, de courage, d'idéal et de soif de justice que l'on dit propre à la jeunesse, animait le journaliste suisse, d'après le témoignage d'un confrères, Julio César Alonso, un Espagnol avec qui il se lie d'amitié lorsqu'ils couvrent la Tchétchénie et la Géorgie. Quand le conflit éclate en Croatie, Würtenberg se rend sur place.</span> </span><span style="color: #fff2cc;">C'est là qu'il décide de se concentrer sur un sujet précis, alors peu abordé par la presse, à savoir ces fameuses brigades internationales de volontaires, leur composition, leur agenda, leurs financements, leurs réseaux...D'après le quotidien croate Jutarnji List, qui, dans </span><a href="https://www.jutarnji.hr/kultura/film-i-tv/tko-je-ubio-chrisa-njegovo-mrtvo-tijelo-pronadeno-je-blizu-osijeka-prema-sluzbenoj-verziji-ubili-su-ga-cetnici-metkom-u-glavu/7270110/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">un article récent </span></a><span style="color: #fff2cc;">(en serbo-croate), revient sur le film et les polémiques qui l'entourent déjà (on y revient plus bas), Würtenberg est convaincu que</span> <span style="color: #fff2cc;">l'</span><a href="https://www.monde-diplomatique.fr/1995/09/NORMAND/6667" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Opus Dei</span></a> <span style="color: #fff2cc;">finance et arme ces milices, une info qu'il tient d'un marchand d'arme croate vivant à Bâle. Würtenberg s'intéresse aussi au trafic de drogue, dont la Suisse constitue une plaque tournante d'autant plus attractive pour les mafias, que la politique "pragmatique" de certains cantons (cf. </span><a href="https://www.tdg.ch/suisse/Il-y-a-25-ans-la-scene-de-la-drogue-etait-evacuee/story/26750331" target="_blank"><span style="color: #e06666;">les parcs à drogués zürichois</span></a><span style="color: #fff2cc;">) favorise la circulation de dope. Or la Yougoslavie en guerre se trouve sur la route de la drogue. </span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour mieux approcher son sujet, quoi de mieux que d'intégrer l'une de ces brigades elle-même! C'est donc en mode "infiltré", là ou d'autres furent "embedded", que Würtenberg réalise son enquête. Bien évidemment, le jeune homme avait mis les mains dans un cambouis qui n'allait pas tarder à lui exploser au visage, à ouvrir une boîte de Pandore que personne au sein de ces brigades ne souhaitait voir fuiter de quelque façon. C'est là qu'intervient un personnage clé, un Bolivien nommé Eduardo Rozsa Flores ("Rozsa" se prononce "Roja"), curieuse figure dont les origines comme le parcours témoignent, et ce n'est pas le moindre des éléments à verser au dossier de ces mercenaires, des va-et-vient idéologiques qui pouvaient animer ces militants. </span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6C8_Omv9OxaowMUBOedwceylayzAjTB1A4x4Q9YSUHTz6cbJ4X1753S2ZDyWOjSxB5gL5IGxise9ZR87vexSi4b6UXsQkfmiimW_xYGjO0eh9SBfG2HXoTK6q3b7VF9qcvf69juPJZ10/s1600/Brigade+internationale+Rozsa+Flores.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="366" data-original-width="560" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6C8_Omv9OxaowMUBOedwceylayzAjTB1A4x4Q9YSUHTz6cbJ4X1753S2ZDyWOjSxB5gL5IGxise9ZR87vexSi4b6UXsQkfmiimW_xYGjO0eh9SBfG2HXoTK6q3b7VF9qcvf69juPJZ10/s400/Brigade+internationale+Rozsa+Flores.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>La brigade internationale qu'a intégré Christian Würtenberg.<br />Debout au premier plan, au centre, le fondateur et chef de la brigade</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Eduardo Rozsa Flores.</i></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">De père juif hongrois et de mère catholique espagnole, Rozsa Flores </span><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">passe sa jeunesse en Amérique Latine. Il vient en Europe lorsque sa famille doit quitter le Chili de Pinochet pour "raisons politiques". Après une étape en Suède, c'est en Hongrie que les Rozsa Flores s'installent dans les années 80. Le jeune Eduardo y intègre l</span><span style="color: #fff2cc;">es jeunesses communistes. Bon élément, il est envoyé à l'Ecole du KGB de Minsk, avant de rejoindre les services secrets hongrois. Alors que les régimes communistes s'écroulent en Europe de l'Est, Rozsa Flores est "pe</span></span><span style="color: #fff2cc;">u à peu attiré par le séparatisme ethnique et l’extrême droite; fidèle de l’Opus Dei, il se convertira ensuite à l’islam. Il soutient, enfin, la cause palestinienne autant que les groupes séparatistes et racistes de</span> <span style="color: #e06666;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Santa_Cruz_de_la_Sierra" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Santa Cruz</span></a>,</span><span style="color: #fff2cc;"> opposés au gouvernement d’Evo Morales, comme l’organisation d’extrême droite </span><a href="https://es.wikipedia.org/wiki/Naci%C3%B3n_Camba" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Nacion Camba</span></a><span style="color: #fff2cc;">" précise le journal de gauche suisse</span> <a href="https://lecourrier.ch/charte-redactionnelle/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Le Courrier</span></a><span style="color: #fff2cc;">, dont l'article, désormais introuvable en ligne, est heureusement disponible, quoique dans une version partiellement amputée, chez</span> <a href="https://www.investigaction.net/fr/Comment-le-bourreau-d-un/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Investigaction</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Cet article écrit en 2009 est une mine d'information sur ce sinistre personnage, autant que sur "Chris the Swiss". C'est cet article qui publie le témoignage de Julio César Alonso, cité ci-dessus. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Reflexe fait également allusion à Rozsa Flores dans ses recherches, et pour cause, les deux articles pointent clairement la culpabilité de ce dernier dans la mort de Christian Würtenberg. "Eduardo Rozsa Flores débarque en Croatie en 1991 comme journaliste pour le quotidien catalan</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Vanguardia" target="_blank"><span style="color: #e06666;">La Vanguardia</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Mais rapidement, exalté par les champs de bataille, il décide de s’engager «corps et armes» pour défendre cette terre en quête d’indépendance. En octobre, appuyé par le président Franjo Tudjman, le milicien hongro-bolivien fonde la Brigade internationale des volontaires, qui regroupera des anciens de la Légion étrangère et des aventuriers de la droite radicale, venus de toute l’Europe participer à cette guerre aussi brutale qu’anarchique." poursuit l'article du Courrier, ajoutant : "C’est dans cette Brigade internationale que s’incorpore en novembre 1991 un jeune Bâlois de 27 ans, Christian Würtenberg, collaborateur de l’ATS, l’Agence télégraphique suisse" (équivalent helvète de l'AFP). </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJr3G-T1nZdnAJCua_u3NjR42a-kTLjEFt8NX7qHl4q0QL9kzP3g8tYzHoKpu_sQBSa4EaYMixDw30Af9185H1xf7p7-utvMS03D5ynaYsAZ1on-JrEye06IsYkUrdxqM8alyjLoFFs_c/s1600/Chris_the_Swiss.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="412" data-original-width="960" height="171" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJr3G-T1nZdnAJCua_u3NjR42a-kTLjEFt8NX7qHl4q0QL9kzP3g8tYzHoKpu_sQBSa4EaYMixDw30Af9185H1xf7p7-utvMS03D5ynaYsAZ1on-JrEye06IsYkUrdxqM8alyjLoFFs_c/s400/Chris_the_Swiss.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">D'après Jutarnji List, Christian Würtenberg n'aurait pas pu démontrer le rôle actif de l'Opus Dei dans l'armement et le financement des milices, et se serait même rapidement désintéressé de cette guerre qu'il "ne comprenait pas". Ce n'est pas l'avis du Courrier qui pense au contraire que le jeune journaliste avait mis la main sur des infos de première importance. "Jutarnji" dresse un portrait en demi-teinte du jeune suisse, c'est à dire pas complètement flatteur, évoquant un enfant instable et difficile, objet de nombreux soucis pour sa mère qui l'éleva seule. Curieuse proximité avec son futur chef Rozsa Flores, Christian Würtenberg part en Namibie, après un énième échec scolaire, où il participe à la lutte pour l'indépendance au sein des</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/South_West_Africa_Territorial_Force" target="_blank"><span style="color: #e06666;">SWATF</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Il est cependant rapidement évincé de ces troupes, poursuit le quotidien croate, qui mentionne ensuite des séjours en Laponie, en Thaïlande, où il rencontre et épouse sa femme, avant de revenir en Suisse. Toujours un brin méprisant, l'article écrit que Würtenberg "cherche alors à se présenter comme un journaliste". On est loin de la célébration du courage et de l'audace qui figure dans la presse de gauche. On voudrait dénigrer quelqu'un qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Journal généraliste de centre-droit, Jutarnji List semble être au diapason de la "prudence" d'une partie de la société croate face à cette affaire qui entache l'image de la guerre d'indépendance. Je confronte ici cette différence de ton et d'angle, entre un journal de gauche suisse, et un quotidien croate généraliste visiblement sous influence de la vérité officielle de son pays, à des fins "pédagogiques", pour rappeler comment le positionnement politique influence la présentation des faits. </span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Difficile bien-sûr de savoir qui des deux parties a véritablement raison, notamment sur le coeur de l'affaire, c'est à dire sur les découvertes qu'aurait pu faire Würtenberg... La vérité est morte malheureusement en même temps que le journaliste: ayant très vite des soupçons quant à sa recrue suisse, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Rozsa Flores l'</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">aurait éliminée ou faite éliminer, selon les sources, non sans l'avoir préalablement torturée. Héros national en Croatie, R</span><span style="color: #fff2cc;">ozsa Flores ne sera jamais inquiété ailleurs pour son rôle présumé dans cet assassinat, ni dans celui, quelque jours plus tard, du journaliste britannique Paul Jenks venu enquêter sur la mort de Christian Würtenberg. On n'aimait décidément pas les journalistes trop curieux, dans le bourbier de la Slavonie livré aux milices. Trop mauvais pour l'image de la juste cause de la juste guerre d'indépendance croate. Presque à la même époque, </span><a href="http://expo-photo.blog.lemonde.fr/2012/04/06/guerre-de-bosnie-ron-havi-raconte-son-image-emblematique/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Arkan jouera côté serbe la carte d'une fausse "transparence" en acceptant la présence du photographe américain Ron Haviv parmi ses troupes</span></a><span style="color: #fff2cc;">. On aurait tort cependant de voir dans cette attitude un respect quelconque de la liberté de la presse: outre qu'il était probablement habité par un profond narcissisme, Arkan avait simplement compris avant la lettre le pouvoir des images virales, et en l'occurrence le pouvoir de terreur qu'allaient générer ces images, une fois publiées. Une terreur qui allait plus tard vider certains territoires de Bosnie-Herzégovine, à la simple annonce de l'arrivée imminente des troupes d'Arkan. Nous y reviendrons dans un prochain post...</span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La version officielle prétendra que Würtenberg est mort tué par les Serbes, qui, pour une fois, ont bon dos. Son ordinateur portable ne sera jamais retrouvé, et le journal qu'il alimentait quotidiennement sera rendu à sa famille avec plusieurs pages déchirées. Alors que Rozsa Flores finira lui-aussi par le sang, en 2009, sous les balles de la police bolivienne qui le soupçonnait de préparer un putsch, l'affaire de "Chris the Swiss" retombera dans les nombreuses oubliettes de cette sale guerre sans quartiers ni pitié. Le destin tragique du jeune Bâlois n'est pas qu'un dommage plus ou moins collatéral de cette guerre, c'est aussi un non-dit judiciaire et journalistique en Suisse: l'article précité du Courrier rappelle que les autorités helvétiques refuseront d'instruire enquête et procès demandés par la famille Würtenberg, sous prétexte que l'engagement militaire d'un ressortissant suisse sous une bannière étrangère est un cas de haute trahison. De leur côté, les employeurs du jeune journaliste se désolidariseront de lui, dénonçant les risques excessifs qu'il aurait pris pour mener son enquête. </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">C'est une supposition personnelle, évidemment un brin complotiste, mais on peut aussi se demander si, au pays du secret bancaire, de</span> <a href="http://www.bilan.ch/economie/qui-edward-snowden-t-il-epie-geneve-nid-despions" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'espionnage grouillant</span></a> <span style="color: #fff2cc;">derrière l'active diplomatie en pays neutre, des parcs à drogués de Zurich, et d'une immigration yougoslave importante, dont certains éléments faisaient partie des mafias locales, quelqu'un avait vraiment intérêt à ce que l'on creuse les pistes ébauchées par le jeune journaliste, pistes où se croisent l'argent de la drogue et autres jeux de pouvoir occultes... Aucune helvétophobie primaire et caricaturale de ma part, je sais que ce pays vaut mieux que tous les clichés qui lui sont attribués, mais l'hypocrisie et la mauvaise foi manifestes autour du décès de Christian Würtenberg peuvent poser question.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcQ3V2R3RQocxQ3Oo9gdM50r5yALAizxtUbord3xyZeTqLRFcNaQtDXarObLqZI-1Rse4icjlLgPTVED0sZ8xK8VNobiiatj38PK01Cv8sOvkz5qC5KgTSxoxFqmixeXa02sl_VlHGPI0/s1600/chris-the-swiss2-150.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1227" data-original-width="920" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcQ3V2R3RQocxQ3Oo9gdM50r5yALAizxtUbord3xyZeTqLRFcNaQtDXarObLqZI-1Rse4icjlLgPTVED0sZ8xK8VNobiiatj38PK01Cv8sOvkz5qC5KgTSxoxFqmixeXa02sl_VlHGPI0/s320/chris-the-swiss2-150.jpg" width="239" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">J'ignore si le film abordera cet aspect, mais il aura en tout cas le mérite de remettre de la lumière sur la curieuse et tragique histoire de ce jeune journaliste courageux et audacieux. Le</span> <a href="https://vimeo.com/266489247" target="_blank"><span style="color: #e06666;">trailer</span></a> <span style="color: #fff2cc;">est prometteur et annonce, côté animations, une esthétique qui, curieux hasard, n'est pas sans rappeler celle d'imagiers de l'espace yougoslave, tels</span> <a href="http://www.aleksandarzograf.com/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Zograf</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="http://www.editionsmosquito.com/auteur.php?id=27" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Zezelj</span></a> <span style="color: #fff2cc;">ou</span> <a href="http://www.stripburger.org/language/en/2024/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Lavric</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Il est vrai que le film est une coproduction helvéto-croate et que ce sont des studios d'animation croates qui ont réalisé une partie des travaux. Ceci explique peut-être cela.</span></span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour conclure sur ce film et sur tout ce qui précède, formulons encore quelques remarques de bon sens mais nécessaires à rappeler, et terminons sur un bref exposé de sa réception en Croatie.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">De ces collusions avérées entre droite radicale européenne et (para)militaires croates, on ne saurait évidemment conclure que tous les Croates, combattants ou civils, étaient partisans de l'extrême-droite. De la même façon, ces mêmes collusions n'enlèvent rien au sentiment légitime de nombreux Croates que l'indépendance était le prix à payer pour sortir d'une Yougoslavie où <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span> et les appétits nationalistes serbes constituaient une menace réelle. A côté des illuminés et des va-t-en guerre, nombreux citoyens croates espéraient sortir sans trop de casse. Affirmer le contraire ou tirer des généralisations abusives de ces faits, comme on le fait du côté des nationalistes serbes et de certains "amis de la Serbie", n'est qu'un raccourci aussi inexact que malhonnête. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Ces liens entre droite extrême et nationalisme croate sont enfin un boulet dont, d'une certaine façon, les Croates sont aussi victimes. Ces milices</span> <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2016/07/cops-are-not-all-bastards.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">n'ont pas fait de cadeau aux Croates "modérés" ou ayant des états d'âme</span></a><span style="color: #fff2cc;">, et encore aujourd'hui, cette page d'histoire entache la mémoire "juste" de la guerre d'indépendance (celle de ceux qui ont combattu de façon sincère et dans le respect des règles de guerre), et empoisonne la société croate contemporaine. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sans surprises d'ailleurs, "Chris the Swiss" fait déjà polémique en Croatie. Des vétérans croates protestent entre autres contre le film, qui "donnerait une mauvaise image de la guerre d'indépendance". Dans son article, précédemment évoqué, Jutarnji List revient largement sur la polémique autour du film: Anja Kofmel a, explique le journal, bénéficié d'une subvention de l'Etat Croate, via une institution soutenant le tournage et la production de films en Croatie. Le journal relève, et semble faire sienne, l'une des thèses en vigueur en Croatie, que le scénario, soumis au départ à cette institution, aurait été sensiblement changé dans la mouture finale du film, donnant une image fausse et négative de la guerre d'indépendance. Face à ces insinuations, on saluera le courage politique et l'honnêteté intellectuelle de la société croate Nukleus Film, coproductrice du film aux côtés des zurichois de Dschoint Venture. Droit dans ses bottes, Nukleus Film, cité par Jutarnji List, a déclaré : "nous sommes fiers et heureux que la Semaine de la Critique ait reconnu l'importance du sujet ainsi que la valeur des investigations qui constituent l'histoire que nous expose la réalisatrice Anja Kofmel, une histoire qui, pour certains peut-être, sera une pilule au goût amer". La société refuse de céder aux pressions, arguant que les faits relatés sont importants, et qu'elle souhaite qu'ils soient portés à la connaissance de tous. Cette réponse du producteur croate est, si besoin en était, une belle invitation à aller voir le film.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">* * * * * </span></div>
<br /></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSwN4Kv4byPsNGQ7DfGzLtOPXO5Pj9bE39cSgszg1sFWEDcWgd84l2EsoowvvCHkqmYf0k3VLif7ZFZ-lGAu3WqdlOBT5tEDJbPhi-A_HMKzlcE58hXqCVgDOp_AAulQL1Y2tYJi7Guek/s1600/The+Load+Poster+Cannes.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="960" data-original-width="666" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSwN4Kv4byPsNGQ7DfGzLtOPXO5Pj9bE39cSgszg1sFWEDcWgd84l2EsoowvvCHkqmYf0k3VLif7ZFZ-lGAu3WqdlOBT5tEDJbPhi-A_HMKzlcE58hXqCVgDOp_AAulQL1Y2tYJi7Guek/s400/The+Load+Poster+Cannes.jpg" width="277" /></a></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quittons maintenant la Slavonie minée par la guerre et ses ombres, pour aller dans le "camp d'en face", où niveau mains tâchées de sang et cadavres dans les placards (ou plutôt dans les frigos, dans le cas qui va nous occuper), le tableau est plus que sombre, même si, là aussi, on se gardera bien sûr de toute généralisation et essentialisation. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"The Load" ne deale pas avec la guerre serbo-croate que l'on vient d'évoquer, mais avec cet autre "front", qui d'ailleurs n'a longtemps pas voulu dire son nom véritable, celui du conflit serbo-albanais autour du Kosovo. On le sait, les Albanais ont longtemps opté pour une résistance non-violente et la mise en place d'institutions parallèles, en réponse à la répression serbe, d'où le fait que ce "front" eut d'abord une forme larvée, rampante, presque en sourdine. C'est face à la lassitude d'une nouvelle génération d'Albanais, déçus de l'absence de résultats de la résistance non-violente, et galvanisés par le soutien de plus en plus objectif des opinions publiques et des pouvoirs occidentaux, que s'est constituée l'Armée de Libération du Kosovo, et que la résistance à Belgrade a pris la forme de la guérilla, malheureusement assortie de lourdes tendances revanchistes envers les civils serbes. </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Arrivent les bombardements de l'OTAN qui porteront le coup fatal à la Serbie, mais où le pouvoir, encouragé par le chaos général, et probablement adepte d'une fuite en avant dont la personnalité suicidaire de <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span> était coutumière, décida de régler son sort à la population albanaise: personnes âgées, femmes, enfants, et autres civils furent massacrés sans autre forme de procès sous un mode opératoire déjà pratiqué en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Les civils étaient rassemblés dans des bâtiments pouvant "recevoir du public" (maisons de la culture, écoles, restaurants, etc.), avant d'être abattus à la kalashnikov ou à coup de grenades. Ces opérations étaient réalisées par l'armée, la police, diverses milices et mafieux, avec la participation occasionnelle de Serbes locaux, souvent d'ailleurs parfaitement intégrés à cette société multiethnique, et sachant donc, dans chaque village ou quartier, où se trouvaient les foyers de l'ethnie à abattre. C'est en tout cas ce qui ressort des témoignages de survivants de ces sordides faits d'armes, évidemment en rupture totale avec le droit international, puisque massacrant ouvertement des civils innocents. D'où la nécessité pour Belgrade de supprimer toute trace visible de ces actes qui vaudraient à la Serbie de nouvelles inculpations à La Haye. C'est pour masquer ces traces que le régime a mis en place une opération secrète, baptisée "Dubina Dva" ("Profondeur Deux"), consistant à organiser le transport par camion des cadavres de civils albanais, du Kosovo vers la Serbie. En plein bombardements de l'OTAN, ce "travail" fut confié à des routiers civils, chargés de se procurer des camions frigorifiques: des camions militaires auraient en effet attiré l'attention des satellites occidentaux... </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Une fois en Serbie, les "chargements" ont été disséminés dans différentes régions: une partie de ces cadavres seront par exemple détruits dans les fonderies de la ville minière de </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bor_(Serbie)" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Bor</span></a><span style="color: #fff2cc;">, d'autres seront enfouis au coeur même de la base militaire de</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Batajnica" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Batajnica</span></a> <span style="color: #fff2cc;">(prononcer Bataïnitsa), dans la grande banlieue nord-ouest de Belgrade. Dès le mois d'avril 1999, l'un de ces camions, immatriculé à</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Prizren" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Prizren</span></a> <span style="color: #fff2cc;">a</span><span style="color: #fff2cc;">u Kosovo, est trouvé par hasard dans le Danube non loin des </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Portes_de_Fer_(Danube)" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Portes de Fer</span></a><span style="color: #fff2cc;">, au nord-est de la Serbie. </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les plongeurs chargés d'en identifier le contenu, avant que l'on sorte le camion de l'eau, sont saisis d'effroi. </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUwPLXVGWOOM3E7gaZCR7-wAXuO5AnHvJwD8BmZNibxQuIFCqC8w-nTYAwqtpwv3fejKt3rfuq3ruC-GpGDgfqboV-J4xj8HAatXo2Wp2lxOI64avD5CRkA8YCOGdZaEVxFVuqghxq6tA/s1600/kladovo_hladnjaca.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="448" data-original-width="672" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUwPLXVGWOOM3E7gaZCR7-wAXuO5AnHvJwD8BmZNibxQuIFCqC8w-nTYAwqtpwv3fejKt3rfuq3ruC-GpGDgfqboV-J4xj8HAatXo2Wp2lxOI64avD5CRkA8YCOGdZaEVxFVuqghxq6tA/s320/kladovo_hladnjaca.jpg" width="320" /></span></a></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Très vite, la rumeur officielle insinuera qu'il s'agit de réfugiés kurdes qui se seraient noyés ou auraient été tués par leurs passeurs. Un habitant des environs suggérant qu'il pourrait s'agir d'Albanais du Kosovo recevra des menaces, et sera finalement retrouvé mort. L'affaire s'ébruite donc peu. C'est après la chute de <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević</span> que les langues commencent à se délier. Dès 2001, </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Zoran_%C4%90in%C4%91i%C4%87" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Zoran Djindjic</span></a> <span style="color: #fff2cc;">évoque cette affaire du camion jeté dans le Danube durant les bombardements de l'OTAN, et une enquête démarre à son initiative. Malgré cette enquête et le jugement de divers protagonistes de cette affaire à La Haye, l'ensemble des faits ne connaît pas les lumières de la place publique en Serbie: hormis la presse indépendante, dont l'audience est restreinte, les médias serbes n'en parlent pas, et aucune reconnaissance officielle, assortie d'excuses, n'est prononcée solennellement. Il est vrai que</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Kosovo#Le_statut_ind%C3%A9termin%C3%A9_du_Kosovo_ind%C3%A9pendantiste_%C3%A0_la_suite_de_l%E2%80%99intervention_de_l%E2%80%99ONU_et_la_fin_de_la_Yougoslavie" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'indépendance "de fait" du territoire kosovare "libéré" par l'OTAN, suivie de l'indépendance "véritable" en 2008</span></a><span style="color: #fff2cc;">, empoisonne les relations entre Belgrade et Prishtina, et n'incite ni à l'apaisement, ni à la confession publique des</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/War_crimes_in_the_Kosovo_War" target="_blank"><span style="color: #e06666;">crimes commis</span></a><span style="color: #fff2cc;">, et ce d'ailleurs de part et d'autres.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est en tombant par hasard, en 2009, sur deux articles évoquant des charniers de civils albanais trouvés à Batajnica, que le jeune Ognjen </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> reçoit un déclic en forme d'immense point d'interrogation. Etudiant en cinéma et musicien dans un groupe métal à cette époque, évoluant dans le milieu culturel et underground de</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pan%C4%8Devo" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Pancevo</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ville importante de la grande périphérie belgradoise, le jeune homme ne trouve aucune réponse à ses questions auprès de ses proches, amis ou famille. Personne ne sait rien sur cette tragédie...ou ne veut rien savoir. L'interrogation se transforme en curiosité, et deviendra peu à peu le corpus d'un film: "Dubina Dva", sorti en 2016, soit après "</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ž</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">ivan pravi pank festival", autre documentaire de </span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, sorti en 2013. C'est en effet au prix d'une longue enquête de plusieurs années que </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> parviendra à reconstituer les pièces de ce puzzle morbide et nauséabond. Il va sans dire que ses recherches n'ont suscité ni réceptivité cordiale, ni coopération assidue des autorités et plus globalement de tous ceux qui ont trempé les mains dans le cambouis sanguinolent de ces transports de marchandise d'un genre particulier, déjà pratiqué sous une autre forme et de manière plus massive dans les années 40, entre divers points du continent européen et quelques lointaines clairières polonaises ou allemandes . </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Les financements seront évidemment difficiles à trouver. C'est le </span><a href="http://www.hlc-rdc.org/?lang=de" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Fonds pour le Droit Humanitaire</span></a><span style="color: #fff2cc;"> de Belgrade qui s'engage comme producteur pour "Dubina Dva". L'ONG, qui travaille elle-même sur la question des massacres d'Albanais au Kosovo, fournit au cinéaste de nombreux documents, informations, et lui facilite l'accès à des témoins. </span></span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le jeune homme n'est pas au bout de ses surprises, confesse-t-il dans une très intéressante interview accordée récemment au journal culturel serbe en ligne "XXZ" (à lire </span><a href="https://www.xxzmagazin.com/neotkopane-masovne-grobnice-su-svuda-oko-nas" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;"> si vous parlez la langue). A l'horreur des témoignages s'ajoute celle de toute une "économie" de la tragédie: ceux qui perpétraient les massacres étaient souvent davantage intéressés par l'acquisition des biens de leurs victimes que par la lutte nationale du valeureux peuple serbe contre son ennemi héréditaire. Les routiers qui ont exécuté cette mission "de très haute importance nationale" se sont vus promettre, outre le salaire, d'autres avantages, comme l'obtention d'un appartement (la crise du logement est un vrai problème en Serbie, et l'était déjà à cette époque). Le plus terrible peut-être sera l'exploitation financière de cette tragédie par des avocats et détectives véreux: jusqu'à ce que l'affaire des massacres et des transports d'Albanais devienne publique, en 2001, de nombreuses familles de victimes ont pensé que leurs proches disparus étaient encore en vie, quelque part, et ont engagé des recherches. C'est là que sont intervenus ces avocats et détectives peu scrupuleux, proposant leurs services à ces familles prêtes à tout pour retrouver un père, une soeur, un cousin...De nombreuses familles ont ainsi vendu tous leurs biens pour payer ces sinistres marchands de mensonges, prétendant avoir retrouvé tel parent dans une prison serbe, mais qu'il faut envoyer telle somme d'argent, afin qu'ils puissent "défendre" ce parent et "améliorer ses conditions de détention". Les familles tomberont de haut lorsqu'elles apprendront, dès 2001, que ce parent est en réalité mort, et que sa dépouille, exhumée d'un charnier leur reviendra l'année suivante... Une partie de ces faux avocats et détectives ont heureusement été arrêtés et jugés.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour "Dubina Dva", Ognjen </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> s’appuiera sur les archives audio du tribunal </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">de la Haye qui fournissent nombreux témoignages oraux, de survivantes des massacres comme des routiers. Parmi ces derniers, l'un se confiera directement au réalisateur, à condition que sa voix soit floutée. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quant aux images, c'est là toute la force de "Dubina Dva". Face à l'absence de traces visibles, face aux non-dits, face au black-out et aux omissions volontaires, le réalisateur a choisi de filmer les différents lieux de l'horreur dans leur état actuel. On passe ainsi de la nature luxuriante des abords sauvages du Danube, non loin de la frontière roumaine, aux bâtiments à l'abandon d'une pizzeria au Kosovo, où l'un de ces massacres a été perpétré. On évolue dans les terrains vagues de la base de Batajnica, aux zones industrielles décrépies de la campagne serbe. Le tout entrecoupé de scènes nocturnes de routes, de phares qui se croisent ou de lampadaires qui défilent de manière hypnotique. </span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8-OZh-gQElszs3klSuHI4BS7hP3MYd9bZx1BSxkc6e5nDGJ4ZElSYISanIECl9HTqfO1H56q-Fv8ZfvYLXKAWoaZIsA-qTtWdb_mE8cWhviNSCNJNLeHFDiH_79EAMj75G1DU8eNg3SA/s1600/Dubina+Dva+%25281%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="865" data-original-width="1600" height="215" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8-OZh-gQElszs3klSuHI4BS7hP3MYd9bZx1BSxkc6e5nDGJ4ZElSYISanIECl9HTqfO1H56q-Fv8ZfvYLXKAWoaZIsA-qTtWdb_mE8cWhviNSCNJNLeHFDiH_79EAMj75G1DU8eNg3SA/s400/Dubina+Dva+%25281%2529.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLU48aoFOtbLngEOymLjmFPStdmfLyEwMQNxwp9y2be8_W5EvFjvpooCUMpHMUMPfRyOM9E1uZ-m0TeGzcJLI7bsFUiwA5IzPRLP5M0gUYCk5psU8WNLxPyGmWN91F4FyG7g2ep7p3Nd8/s1600/Dubina+Dva+%25282%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLU48aoFOtbLngEOymLjmFPStdmfLyEwMQNxwp9y2be8_W5EvFjvpooCUMpHMUMPfRyOM9E1uZ-m0TeGzcJLI7bsFUiwA5IzPRLP5M0gUYCk5psU8WNLxPyGmWN91F4FyG7g2ep7p3Nd8/s400/Dubina+Dva+%25282%2529.jpg" width="400" /></a></div>
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<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifC3QkTfD681cIasEIl9vmdgwFYWuZC0mzyjDjkAQLQeHbnx0TggagZFgI1a6iyfbE6eyci8t_J7MPlc0iklBW2ruzlExzKtV5sx2YkWWo8YK5UVcQyh4LfIiclFygAhb8Q1hy3GEmX3I/s1600/depth-two-image-1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="326" data-original-width="652" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifC3QkTfD681cIasEIl9vmdgwFYWuZC0mzyjDjkAQLQeHbnx0TggagZFgI1a6iyfbE6eyci8t_J7MPlc0iklBW2ruzlExzKtV5sx2YkWWo8YK5UVcQyh4LfIiclFygAhb8Q1hy3GEmX3I/s400/depth-two-image-1.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Plans de Dubina Dva</span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il n'y a pas de commentaire didactique ou explicatif, comme dans un reportage télé, pour accompagner ces images, mais les voix, obsédantes, des témoins de l'horreur, qu'il s'agisse des survivants des massacres, ou de routiers ayant accepté de témoigner, et parfois de partager leurs états d'âme et leurs traumas: l'un d'eux évoque ainsi ses nuits de cauchemars, malgré les anxiolytiques. </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cet alliage entre images à priori neutres, vides, souvent en plan fixe ou en lents travellings, et ces paroles qui racontent l'insoutenable, renforce la violence des faits relatés, mais aussi celle des non-dits officiels, et des tabous de la société serbe. "Dubina Dva" est à ce titre une vraie claque, où le processus narratif emprunte une voie résolument expérimentale (on est proche d'un certain cinéma "de recherche" ou d'avant-garde, introduisant volontairement une rupture entre le texte et l'image), pour mieux illustrer l'évidence de l'horreur et des silences coupables qui l'entourent. C'est au spectateur d'imaginer, de se figurer la réalisation de ces massacres et l'organisation méthodique de ce transport de cadavres, en écoutant ces voix, alors qu'il contemple des murs délabrés ou des champs abandonnés et battus par le vent. En se construisant sa propre "vision", au sens propre, des événements, il devient à son tour un témoin direct, actif et concerné de cette page d'histoire. Gageons que montrer des cadavres ou des scènes de violence n'aurait pas eu le même effet: elles n'auraient suscité qu'horreur et indignation momentanées, là où le procédé utilisé permet le recul et la réflexion, mais aussi la confrontation "mentale" de chaque spectateur avec ces événements. On en ressort exsangue, mal à l'aise, sonné. </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<iframe allow="autoplay; encrypted-media" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/2mwGry22Hec" width="560"></iframe>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le propos de "Dubina Dva", comme de sa suite "The Load", ne concerne d'ailleurs pas que la Serbie et sa part d'ombre encore non assumée à ce jour, mais a une portée plus universelle. "J'ai pensé au récent regain de populisme, de nationalisme, de mouvements d'extrême-droite et de fascisme en Europe et aux Etats-Unis, et à l'utilisation des "fake-news" comme une arme" explique </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> dans</span> <a href="https://www.hollywoodreporter.com/news/cannes-hidden-gem-balkan-war-drama-carries-a-heavy-load-1109324" target="_blank"><span style="color: #e06666;">un excellent avant-papier</span></a> <span style="color: #fff2cc;">sur "The Load" publié par</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Hollywood_Reporter" target="_blank"><span style="color: #e06666;">The Hollywood Reporter</span></a><span style="color: #fff2cc;">, un article qui pose très bien les enjeux et l'importance de ce nouveau film. "C'est avec ce type de propagande que ma génération a grandi et qu'elle a vécu. Ce n'est donc rien de nouveau. Le problème reste de la reconnaître et de la combattre".</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est à partir de "Dubina Dva" que </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> a décidé de réaliser "The Load", "Teret" en serbo-croate, qui peut signifier dans cette langue à la fois la charge que l'on transporte, et le poids, celui que l'on porte sur ses épaules. "The Load" décline les faits explorés dans "Dubina Dva", cette fois ci sous le prisme de la fiction. C'est d'ailleurs le premier long métrage de fiction de </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. Le film raconte l'histoire de Vlada, un routier serbe qui, en plein bombardements de l'OTAN, se voit confier la mission de conduire un camion du Kosovo jusqu'à Belgrade. Pendant la majeure partie du film, on ne saura pas ce que Vlada transporte, alors que le routier croisera sur sa route un jeune punk faisant du stop pour fuir en Allemagne et échapper à cette guerre, et que l'on verra aussi le fils du chauffeur, qui lui, s'enferme à la maison. Ces deux jeunes personnages symbolisent pour </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, nous explique encore The Hollywood Reporter, les deux visages antagonistes de la Serbie d'hier et d'aujourd'hui, celle qui "fuit" dans le déni des guerres et des crimes commis, et celle, qui, étouffant dans un tel climat, "fuit" au sens propre, à l'étranger. </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLofZWq94zyvOhfjAn4wno8MKGrz_245jwn4s84XGfcu82XFAkLjL3WZgQDnL5jLmuiFInKGyi5B7ZuwVajb9mQ_5Z33imHqdWOzUN1IlWyYGkoa0oGD_rC8PAPJ2c1ZdrdWtOC5uDYTQ/s1600/The+Load+image.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="599" data-original-width="900" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLofZWq94zyvOhfjAn4wno8MKGrz_245jwn4s84XGfcu82XFAkLjL3WZgQDnL5jLmuiFInKGyi5B7ZuwVajb9mQ_5Z33imHqdWOzUN1IlWyYGkoa0oGD_rC8PAPJ2c1ZdrdWtOC5uDYTQ/s400/The+Load+image.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Une scène de "The Load"</span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'aspect générationnel est important dans ce film comme dans les précédents films d'Ognjen </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. Le cinéaste avait 6 ans quand la Yougoslavie a explosé et 14 ans lorsque l'OTAN a bombardé son pays. Il est donc davantage de la génération "post"-yougoslave qu' "ex"-yougoslave, et ses films constituent une source d'information précieuse sur les préoccupations et questionnements d'une partie de cette génération qui a à peine connu la dislocation de l'ancien pays, mais en subit encore les conséquences. La génération de </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, et celle qui a 20 ans aujourd'hui, vivent et ressentent un peu les mêmes inconforts et troubles que la jeunesse d'Allemagne de l'Ouest au début des années 60. Un vieil article de Courrier International, malheureusement introuvable sur le net, rapporte que, influencés par l'idéal hippie naissant, et arpentant l'Europe sur la route de la Turquie ou de Katmandou, ces jeunes Allemands eurent le choc de leur vie, lorsque, au hasard d'une rencontre avec un autre routard, celui-ci, juif américain ou israelien, leur expliqua par exemple pourquoi sa famille a "oublié" volontairement la langue allemande qu'elle parlait pourtant couramment autrefois... De retour en Allemagne, cette génération, perturbée par ce qu'elle a entendu, autant que par le conservatisme volontairement bonhomme et silencieux de la société d'alors, s'insurgera et questionnera les pères. Ce sera le début des grandes remises en question de la société allemande. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Rappelons qu'une fois que les principaux gros bonnets du nazisme furent jugés à Nuremberg, les vainqueurs américains, obsédés par le nouvel ennemi soviétique, et mus par le "business as usual" pouvant fructifier aisément dans ce grand pays industriel à reconstruire, ont très vite</span> <a href="http://www.lefigaro.fr/international/2014/10/28/01003-20141028ARTFIG00324-quand-la-cia-recrutait-des-nazis-comme-espions.php" target="_blank"><span style="color: #e06666;">passé l'éponge sur les mains sales de certains notables et cadres pouvant leur servir dans le Nouvel Ordre Mondial</span></a><span style="color: #fff2cc;">, et la mise en place d'une économie de marché "libre et non faussée". De la même façon, la communauté internationale traite globalement aujourd'hui avec indulgence les pouvoirs serbes qui ont succédé à Milošević</span></span><span style="color: #fff2cc;">, celui, actuel, d'Aleksandar </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vučić</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> détenant sans doute la palme de la bienveillance, au nom de la stabilité régionale, du développement économique, et du dialogue entre Belgrade et Prishtina, même s'il s'agit d'un dialogue de sourd, et que ce pouvoir est aussi peu démocratique qu'il est issu</span> <a href="http://lahorde.samizdat.net/2014/04/27/serbie-une-deputee-dextreme-droite-presidente-de-lassemblee-nationale/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">des cercles, certes aujourd'hui "dédiabolisés" et vaguement "réformés", qui furent autrefois encore plus nationalistes et bellicistes</span></a> <span style="color: #fff2cc;">que "Sloba" et sa clique. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le contexte serbe et post-yougoslave est cependant différent de celui de l'Allemagne Fédérale ou de l'Europe Occidentale des années 60, où la contestation était aussi liée aux appétits hédonistes des "trente glorieuses" et de la société de consommation. Les jeunes Serbes dealent, eux, avec un monde où les idéologies anciennes sont moribondes ou jugées inopérantes; où la croissance économique, loin d'apporter le bonheur, favorise leur exploitation dans des jobs précaires et sous-payés; où les illusions et les espoirs propres aux années 60-70 ne sont plus qu'un lointain souvenir, aussi ringard qu'irritant au vu de ce qui a suivi ces années et leurs utopies, en Yougoslavie comme ailleurs.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pourtant, et en dépit de ces différences d'époque et de contexte, cette génération post-yougoslave de Serbie doit se construire au milieu des mêmes non-dits que ceux de la société allemande d'après guerre. Beaucoup de jeunes Serbes éprouvent une sorte de gêne, un malaise diffus, une peur sourde, lorsqu'ils voyagent à l'étranger et à fortiori dans les nouveaux pays nés des guerres yougoslaves. La paix étant revenue, les échanges ont repris: on va dans le pays voisin pour un festival, et les plages croates réunissent à nouveau toute l'ancienne Yougoslavie. Si en principe, ces temps de rencontre se passent globalement bien, un détail ou un malentendu, même insignifiants, peuvent relancer les tensions. Dans ce contexte, les jeunes Serbes ont souvent du mal à formuler ce qu'ils ressentent, à nouer des relations sans se prendre dans les fils emmêlés d'une mémoire incomplète et biaisée, qui leur colle à la peau bien qu'ils ne soient pas responsables de ce passé. Ils se perdent d'autant plus dans cette toile d'araignée qu'en face, leurs interlocuteurs croates ou bosniaques sont eux-aussi parfois gênés aux entournures d'un même passé aux nombreuses zones d'ombre, qui les habitent sans qu'ils le maîtrisent. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est dans ce contexte général, où la vérité n'est pas assumée au sommet, et impose ainsi le poids de la culpabilité et de la responsabilité à tous sans distinction, que quelqu'un comme Ognjen </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> a décidé, lui-aussi, de questionner les pères. "Je pense que nous avons hérité d'histoires dont nos parents n'ont pas voulu nous parler, ou dont ils n'ont pas su comment nous parler" poursuit-il dans The Hollywood Reporter. "Peut-être que nous devons trouver la manière d'articuler ces histoires, d'apprendre comment utiliser la rébellion et la colère contre quelque chose qui nous est hors d'atteinte. Je crois que dire les choses, simplement raconter ces histoires, est la première étape". "Le silence sur toutes ces histoires est typique d'une société où le fascisme, la xénophobie et le chauvinisme sont servis et servent au niveau institutionnel" dit encore le cinéaste dans l'interview à XXZ, où il précise : "Pour moi, Dubina Dva n'est pas seulement un film sur le Kosovo et les crimes des années 90, c'est aussi un film sur Belgrade aujourd'hui, sur le système, le régime et la société dans lesquels je vis et je crée".</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ces propos résument à merveille l'importance du travail d'Ognjen </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> dans la société serbe contemporaine, mais aussi l'importance qu'un tel film soit aussi projeté sur les écrans occidentaux, pour qu'enfin, cette jeunesse serbe puisse commencer à se libérer du poids de ce passé, dont elle n'est pas coupable, mais qui hypothèque son existence et ses projets. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cette hypothèque ne disparaîtra pas du jour au lendemain... Sans surprises, j'apprends, alors que je boucle ce post, que "The load" fait déjà scandale en Serbie. A priori, c'est un syndicat de policiers qui serait monté au créneau pour défendre l'honneur de la profession, apparemment souillé par le film. Afin de publier ce post à temps par rapport aux projections à Cannes, je n'ai pas creusé le sujet mais on se doute que, comme en Croatie par rapport à "Chris the Swiss", la lumière faite sur les tragiques événements survenus </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">à la fin des années 90 </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">au Kosovo sera une "pilule amère pour certains" en Serbie....</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJj7KCH6BkTKjEl5Uz3Jo3PsjqqWdrJtGZ9rJYgiy4CQw8lVFjGIO__2PIC8b6A0HF1ycqZH3vvx0EWpWLGgSobX11M4ZRnxadD3TW8miSPDbEoYGONFw4ionB-TaEInPfnumk8IRUMjI/s1600/tombes+albanaises.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" height="224" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJj7KCH6BkTKjEl5Uz3Jo3PsjqqWdrJtGZ9rJYgiy4CQw8lVFjGIO__2PIC8b6A0HF1ycqZH3vvx0EWpWLGgSobX11M4ZRnxadD3TW8miSPDbEoYGONFw4ionB-TaEInPfnumk8IRUMjI/s400/tombes+albanaises.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Des tombes de civils albanais.<br />Image tirée de Dubina Dva.</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La présence du film d'Ognjen </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> à Cannes est aussi un heureux retour de manivelle, après les nombreuses années où le festival ne semblait n'avoir, en provenance de Serbie, qu'Emir Kusturica à nous montrer, certes avec de temps en temps un</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Goran_Markovi%C4%87" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Goran Markovic</span></a> <span style="color: #fff2cc;">ou un</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Goran_Paskaljevi%C4%87" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Goran Paskaljevic</span></a> <span style="color: #fff2cc;">pour équilibrer avec un peu de cinéma de la dissidence serbe d'alors. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Comme ce blog l'a suffisamment dénoncé (lire</span> <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2012/02/pour-en-finir-avec-emir-kusturica.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">, pour celles et ceux qui y auraient échappé), cette présence répétée me semblait poser problème, tant sur le plan du monopole artistique qu'exerçait le cinéma de Kusturica, que par rapport aux ambiguïtés idéologiques et socioculturelles que comportaient ses films. Avec "The Load", je me réjouis que ce soit de nouveaux discours qui nous soient proposés à Cannes, tant dans la vision des faits que dans l'approche esthétique: outre que </span></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> et Kusturica ont indéniablement des lectures différentes, si ce n'est opposées, des guerres yougoslaves en général, et des crimes commis par la Serbie dans ces guerres en particulier, leurs langages artistiques respectifs sont eux-aussi aux antipodes. Alors que Kusturica cultive l'exubérance, la folie, et la vitesse qui sont devenues sa marque de fabrique, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> est un cinéaste de l'épure, de la concision, de la lenteur et de la distance. Alors que le premier a fait son succès en dépeignant un monde finalement idéalisé, romantisé, une sorte de bonheur rural préservé des perversions de notre temps, afin de mieux asseoir sa thèse d'une Serbie, folklorique mais éternelle, résistant à l'impérialisme occidental, le second décrit la réalité concrète des campagnes serbes délaissées, où règnent l'ennui et le dénuement matériel comme existentiel ("</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ž</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ivan Pravi Pank festival"), et où bruissent les silences assourdissants des tabous sanglants de l'histoire récente ("Dubina Dva"). Je l'ai aussi écrit à l'époque dans le même post: je reste persuadé qu'à travers cette folie rustique et débridée qui habitait ses films, Kusturica cherchait à excuser ou minimiser les responsabilités serbes dans les guerres yougoslaves. Les Balkaniques y étaient présentés comme des "bons sauvages", à la folie joyeuse autant que dangereuse, mais plus forte qu'eux, marquée par une fatalité qui en quelque sorte les dédouanait de leurs responsabilités. </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Après ces années dominées par un étouffant cinéma de l'excès idéologiquement orienté, il était temps qu'un jeune cinéaste serbe nous donne à voir le vide, le silence, la torpeur et l'absence, pour que l'on puisse enfin regarder les choses en face, mais aussi et surtout que l'on puisse recommencer à respirer.</span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">* * * * </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZTaJoHj7uHx9ojOOCwrWuiTyQ04Yf0df8eC7c5LjDqgUznXEMb6TXeQnHxQaJywEbi_0nvyE3pxJStFTsASR7cMoOBdfD-tGEqnfCX9-jH4Xoc-c3UcqQr_qC4r7ciZDu98dQGpYDkzU/s1600/csm_anja_kofmel_a808dfacd9.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="269" data-original-width="232" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgZTaJoHj7uHx9ojOOCwrWuiTyQ04Yf0df8eC7c5LjDqgUznXEMb6TXeQnHxQaJywEbi_0nvyE3pxJStFTsASR7cMoOBdfD-tGEqnfCX9-jH4Xoc-c3UcqQr_qC4r7ciZDu98dQGpYDkzU/s200/csm_anja_kofmel_a808dfacd9.jpg" width="171" /></span></a></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Anja Kofmel (ci-contre) et Ognjen </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Glavoni</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">ć (ci-dessous), nés respectivement en 1982 et 1985, ont presque le même âge. Leurs motivations de départ sont différentes: la Suissesse essaye de mieux connaître ce cousin fantôme, dont l'histoire et les mystères l'ont hantée depuis toute petite, et plonge finalement dans les violents méandres de la guerre en Yougoslavie, alors que son confrère serbe investigue les lourds tabous de sa communauté qui remontent à la surface, pour s'affranchir d'un passé castrateur, et redonner un avenir à sa génération. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;"><br /></span>
</span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8u8mx5kUj5l8VDXJH5w3TyhStrzm4gGtbt0iL3ji9QePCMb82IdG0WC05BN2XadkZrKoj1iDdzbSFh6V-OWQmC5qBCDBcaw9q0jwTkCINxthKm12139BKRiT9L6MYfyEgqx-LGSdB1a4/s1600/Glavonic-09-S.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="165" data-original-width="220" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8u8mx5kUj5l8VDXJH5w3TyhStrzm4gGtbt0iL3ji9QePCMb82IdG0WC05BN2XadkZrKoj1iDdzbSFh6V-OWQmC5qBCDBcaw9q0jwTkCINxthKm12139BKRiT9L6MYfyEgqx-LGSdB1a4/s1600/Glavonic-09-S.jpg" /></span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: start;">Derrière ces différences, les deux cinéastes éclairent, chacun à sa manière, les points de rencontre, comme de rupture, entre l'histoire personnelle, le vécu intime, et la "grande histoire". Ils questionnent la transmission, l'héritage et le passage de relais d'une génération à l'autre, d'une époque à l'autre et d'une histoire à l'autre. On pressent indéniablement deux films bouleversants et passionnants, et on a hâte de les voir!</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Rappel Cannes:</b></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">- "Chris The Swiss" est présenté dans le cadre de la</span> <a href="http://www.semainedelacritique.com/fr/edition/2018/film/chris-the-swiss" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Semaine de la Critique</span></a> <span style="color: #fff2cc;">(à partir du 13 mai)</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">- "The Load" est projeté de la cadre de la</span> <a href="https://www.quinzaine-realisateurs.com/film/teret/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Quinzaine des Réalisateurs</span></a> <span style="color: #fff2cc;">(à partir du 12 mai)</span></span></div>
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<br /></div>
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<br /></div>
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Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-36126317803105407802018-03-13T17:43:00.000+01:002018-03-13T17:43:27.944+01:00LE ROCK DANS SON JUS DE POMME<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeQjPSN7r6RoVt_oPl0QUALz0KV5QZnDCRUc1IBNmkNI6Vh5bB-oqHaYaOwX7LSPqo1Pe_NAyc9g7a2Rz4Cw_aoWKf8YjbIoPi9oma-8PJlAzFv5pvcNPdOQVKaQ_0JoOvZITV_TteNtg/s1600/Jabuka+Halloween.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="707" data-original-width="943" height="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeQjPSN7r6RoVt_oPl0QUALz0KV5QZnDCRUc1IBNmkNI6Vh5bB-oqHaYaOwX7LSPqo1Pe_NAyc9g7a2Rz4Cw_aoWKf8YjbIoPi9oma-8PJlAzFv5pvcNPdOQVKaQ_0JoOvZITV_TteNtg/s400/Jabuka+Halloween.jpeg" width="400" /></span></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #f9cb9c; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>Je ne sais pas vous, mais moi j'ai toujours trouvé qu'il flottait à Zagreb un fond d'air électrique, une atmosphère rock'n'roll. Une impression qui m'a saisi dès ma première visite dans cette ville. </i></span></span><i style="color: #fff2cc; font-family: georgia, 'times new roman', serif;">Zagreb n'est ni Manchester, ni New York et encore moins Londres, et pourtant, a</i><i style="color: #fff2cc; font-family: georgia, 'times new roman', serif;">ux seuils des façades jugendstil vieillissantes, à l'ombre des usines aujourd'hui désaffectées, où autrefois grouillait le peuple élu du socialisme, ou encore au pied des tours brutalistes fatiguées des quartiers dortoirs, on se les imagine aisément, les rockers locaux, posant crânement, comme leur modèles britanniques ou américains, dans ce décor où se mêlent, sans toujours une grande cohésion, les époques et les styles, la marque de l'histoire et celle du quotidien. Dans ces confins où se frottent l'Est réputé arriéré et l'Occident supposé moderne, le rocker local assume depuis toujours l'apparente schizophrénie que constitue sa passion musicale d'importation, qu'il affiche comme un trophée existentiel, et son destin de mauvaise graine ayant poussé du mauvais côté de l'Europe. Cette schizophrénie finit par faire fusion et façonne un esprit rock spécifique, où le tempérament frondeur local se marie à merveille avec le "vivre vite" que véhicule cette musique. Certes, Zagreb ne fut pas le seul pôle rock dans l'ancienne Yougoslavie, mais cette subculture s'y est néanmoins épanouie avec succès, et a su y garder une certaine forme d'authenticité et d'intégrité. Plusieurs facteurs ont contribué à cette situation. Un lieu, en particulier, a joué, modestement mais sûrement, un rôle indéniable de "prescripteur" et de catalyseur. </i><br />
<span style="color: #f9cb9c; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Ce lieu c'est le club </span><a href="https://www.timeout.com/croatia/nightlife/jabuka" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Jabuka</span></a></i><span style="color: #fff2cc;"><i> ("La Pomme", prononcer "Yabouka"). Il vient de fêter ses 50 ans d'existence, et un lien personnel nous lie, lui et moi: un peu de ce blog a été inspiré par mes nuits passées à la Jabuka, au mitan des années 90. Tout cela vaut bien un post, et Yougosonic revient sur l'histoire de la Jabuka, qui rejoint, celle, plus globale, de la Croatie. </i><br /><br />C'est en février 1968 que des membres de la "Ligue de la Jeunesse pour la Paix" investissent cet ancien bowling du paisible quartier de Jabukovac ("la pommeraie", prononcer "yaboukovatz"), sur les hauteurs de Zagreb. Un bowling où, pour la petite, ou plutôt la grande histoire, jouèrent successivement Ante Paveli</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="color: #f9cb9c; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> puis le Maréchal Tito, ainsi que les généraux du "Mouvement de Libération Nationale". C'est donc plus ou moins un ancien mess militaire qui devient, dans cette période de bouillonnement sociétal qu'est la fin des années 60, le lieu de promotion de la paix et de la non violence, sous la houlette d'une organisation de jeunesse para-socialiste. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<a name='more'></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje6jUK-9qJrylkU2tGbEb6FhtVh-XF64A2u-9T93oJuzKxUatvGkGSiKa0IKInwmfYaBXuwAHs3O_XKDaX9mSsA2986_xJim32cNKUNsdIevwlVzhqdTq5BxvCV_aE_2CdI8-W_ZcxQ6U/s1600/1518891711PLAKATI_BUCAN.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="1151" data-original-width="1600" height="287" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje6jUK-9qJrylkU2tGbEb6FhtVh-XF64A2u-9T93oJuzKxUatvGkGSiKa0IKInwmfYaBXuwAHs3O_XKDaX9mSsA2986_xJim32cNKUNsdIevwlVzhqdTq5BxvCV_aE_2CdI8-W_ZcxQ6U/s400/1518891711PLAKATI_BUCAN.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #f9cb9c; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>Les premières affiches du club, signées du designer</i></span></span><br />
<span style="color: #f9cb9c; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;"></span><a href="http://www.lemonde.fr/m-styles/article/2013/01/03/le-croate-boris-bucan-s-affiche-a-paris_1812382_4497319.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Boris Bucan</span></a></i></span><br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje5vC8B3h_GXHqXF-px5JTiQzshmwDKZcBiFNRv_I-_-BxAvhrLGf9REZP-rv0AEvT7axApDYsIKTZsLDY5wYZkE_49tB3TE_W_3m2RbsVpZJIbRhWA1ak4GGcu3j3bOSF6ptGt4OyjhQ/s1600/Logo+Jabuka.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="277" data-original-width="283" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEje5vC8B3h_GXHqXF-px5JTiQzshmwDKZcBiFNRv_I-_-BxAvhrLGf9REZP-rv0AEvT7axApDYsIKTZsLDY5wYZkE_49tB3TE_W_3m2RbsVpZJIbRhWA1ak4GGcu3j3bOSF6ptGt4OyjhQ/s1600/Logo+Jabuka.jpg" /></a></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Le logo actuel : "GK" est l'abrégé de "Glazbeni Klub", club musical. </i></span><br />
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<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Une promotion qui prend, dès le départ, la forme d'une programmation culturelle tournée vers le théâtre, le cinéma d'art et d'essai, et surtout la musique. C'est cette dernière discipline qui l'emporte au final, et dès les années 70, la Jabuka devient un lieu incontournable de concerts, où la scène rock locale, mais aussi internationale, se produit. On vient aussi s'y encanailler en after de concert, tels les Rolling Stones qui viendront y boire un coup après leur set à Zagreb, en 1979, et termineront la soirée dans une bringue se tenant dans une maison proche du club. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAJeKTMco7fsp7KEHSxlHfOfm25kplYdxkJu7YKYQVIfkwC_7KDDI6bpFC2Q-wehgfeNAxrmGhOaQZkTBr94HPSEhRqe5EVJ3LWzH76Xq4T7qCpMngsbpN3I_5Cvv4UZXyTZUT_hdZio8/s1600/jabuka6_16022018_privatno.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="454" data-original-width="625" height="232" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAJeKTMco7fsp7KEHSxlHfOfm25kplYdxkJu7YKYQVIfkwC_7KDDI6bpFC2Q-wehgfeNAxrmGhOaQZkTBr94HPSEhRqe5EVJ3LWzH76Xq4T7qCpMngsbpN3I_5Cvv4UZXyTZUT_hdZio8/s320/jabuka6_16022018_privatno.jpg" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Barbecue sur la terrasse du club, dans les années 70.</i></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #f9cb9c; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Celui-ci s'impose aussi très vite comme étant musicalement "dans le coup", diffusant dans ses soirées DJ's les dernières tendances du rock, souvent de manière pionnière. Le "flair" des DJ's maison n'est pas le fruit du hasard, il est alimenté par des "correspondants" du club à Londres, New York, Berlin, des yougos de l'étranger envoyant les dernières rentrées de leurs disquaires favoris à l'équipe de la Jabuka. En parallèle, celle-ci ne dédaigne pas de s'offrir une petite excursion à Trieste, la Mecque des produits occidentaux, pour y compléter sa phonothèque. L'anecdote veut que cette phonothèque soit devenue tellement conséquente qu'elle servira à alimenter celle de </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Radio_101_(Croatia)" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Radio 101</span></a><span style="color: #fff2cc;">, la station FM alternative, au lancement de celle-ci en 1984.</span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhG3uC8XPVaYVNWCRYptko_fhb4h0jmfLxDlUg6kpwauQGcHNy2WRyJHT5P6OsLnq-YyeJuc1-d5BqKMnVfXMZphBR38ZCOpp-jLgfJ_DMTLDExwMjNXJ9Z7B5se1lOJhDlKaCdJPo9EO0/s1600/Alen+kosanovic.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1484" data-original-width="1038" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhG3uC8XPVaYVNWCRYptko_fhb4h0jmfLxDlUg6kpwauQGcHNy2WRyJHT5P6OsLnq-YyeJuc1-d5BqKMnVfXMZphBR38ZCOpp-jLgfJ_DMTLDExwMjNXJ9Z7B5se1lOJhDlKaCdJPo9EO0/s400/Alen+kosanovic.jpg" width="278" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Câblages et meubles rudimentaires, tourne-disque de chaîne hi-fi, et bien-sûr l'incontournable cendrier à proximité du matériel... Alen Kosanović, l'un des DJ's phares du club dans les années 80, en pleine action.</span></i></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans les années 80, le club franchit un nouveau cap en s'imposant comme l'épicentre des musiques undergrounds nées dans le sillage du punk. Il est l'un des premiers clubs du pays à passer des groupes comme Joy Division et autres Cabaret Voltaire, et contribue à ce titre à l'émergence des "darkeri", cette tribu musicale toute de noire vêtue, adepte de musique sombre et de spleen existentialiste (en français, les "gothiques" et autres "corbeaux"). Zagreb deviendra ainsi le coeur névralgique de cette scène en Yougoslavie, au point d'ailleurs d'inquiéter les autorités locales qui ne goûtent ni son excentricité, peu en phase avec le nivellement égalitariste socialiste, ni ses penchants nihilistes, récusant la promesse progressiste de l'idéologie officielle. Elles tenteront alors de la dynamiter de l'intérieur en colportant, suite au suicide d'une adolescente, la rumeur que le mouvement est une secte, "la Rose Noire" ("</span></span></span></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Crna Ruža</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">", pron. Tseurna Rouja), adepte d'orgies dans les cimetières, de pratiques satanistes et de suicides rituels. Cette campagne de manipulation est aussi l'occasion d'essayer de faire tomber </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/%C5%BDeljko_Malnar" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Zeljko Malnar</span></a><span style="color: #fff2cc;">, une figure de la bohème zagréboise d'alors. L'homme, un aventurier baba-cool ayant roulé sa bosse de par le monde dans les 70's, dirige une communauté artistique néo-hippie à Zagreb. Il a donc peu à voir avec le milieu "darker", mais son indépendance d'esprit dérange, et il est accusé d'être le gourou de la secte. </span></span></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">La "Rose Noire" n'a en fait jamais existé (l'adolescente s'est suicidée en raison de problèmes personnels), et Malnar sera finalement innocenté, mais le mythe de la secte a perduré jusqu'à nous jours, et ressort parfois encore au détour d'un article de la presse à sensation, surfant sur le goût de l'étrange qui habite volontiers l'inconscient collectif local, et jouant à faire peur avec quelques vieux mystères, soi disant non résolus, du temps de l'ancien Etat. Dans le milieu rock, la "rose noire" fait désormais partie de la légende urbaine zagréboise. On aime aussi à la ressortir ça et là, pour rappeler, non sans nostalgie, le parfum de soufre que portait en elle la subculture musicale du moment, dans le climat doucement "fin de règne" de cette époque où le vernis du régime commençait à craqueler, et où l'attitude de ce dernier face aux jeunes, épris d'alternatives musicales, n'était qu'un signe de nervosité parmi d'autres.</span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Même si la presse de l'époque pointe du doigt les "darkeri" et leurs soirées, intitulées "dark dance", se tenant à la Jabuka, le club ne sera au final pas véritablement inquiété par les autorités, qui se contenteront d'insuffler rumeurs et fantasmes, plutôt que d'attaquer frontalement cette jeunesse et son repère.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Paradoxalement d'ailleurs, par un naturel retour de boomerang, il est plus que probable que les délires propagés par la presse et les autorités aient finalement contribué à gonfler le mouvement darker local comme la notoriété de la Jabuka, leur conférant ce goût du fruit défendu largement surfait par rapport à la réalité.</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc;">En effet, quoiqu'on en dise aujourd'hui, cette communauté musicale reste à cette époque relativement anecdotique en termes d'importance, constituant une "niche" de quelques centaines de personne, davantage qu'un mouvement de fond. Les soirées "dark dance" ne s'étalent que sur deux ans, et à raison d'une fois par semaine. Quand à la Jabuka elle-même, elle est et demeure un brin excentrée dans la géographie nocturne de la ville, et ne possède ni le poids ni l'audience des autres mastodontes de la nuit rock zagréboise, tel le cultissime </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Kulu%C5%A1i%C4%87" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Kulusic</span></a><span style="color: #fff2cc;">, qui, avec 800 places, et sa situation en plein centre-ville, brasse plus de monde à cette époque.</span></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><br /></span>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjj-kSOSSQ-CLeIQIRYG7Q_ZbnQXK4BKYmId9Hk374WGPgsZhPof7rcW8fsZDSGHKxtmjRBx3f15tD-BtGqOHVT_IsKJ7axnJumLD4dgZDG2USWPt3TNZBrC3bIhCY6q7qpPiCOtFBZTkY/s1600/Ulaz+u+Jabuku.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="540" data-original-width="720" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjj-kSOSSQ-CLeIQIRYG7Q_ZbnQXK4BKYmId9Hk374WGPgsZhPof7rcW8fsZDSGHKxtmjRBx3f15tD-BtGqOHVT_IsKJ7axnJumLD4dgZDG2USWPt3TNZBrC3bIhCY6q7qpPiCOtFBZTkY/s320/Ulaz+u+Jabuku.jpg" width="320" /></span></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>L'entrée de la Jabuka.</i></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le lieu se développe donc un peu à l'écart, presque dans la discrétion. Mais ce qui paraît être un handicap s'avère être en fait un atout: pour rejoindre le club, il faut, soit arpenter une colline boisée, avec un bon dénivelé par endroits, soit ne pas rater le dernier bus qui part en fin de soirée de "Britanac" ("pron. Britanatz, "le britannique", le surnom affectueux par lequel les Zagrébois désignent "la place de Grande Bretagne"), dans la ville basse, pour s'aventurer dans les méandres des collines dominant la ville, dont celle de Jabukovac. Ces conditions opèrent une sélection naturelle qui éloigne de fait les relous, les parasites de soirée, les petites frappes et autres </span></span></span></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">šmekeri </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(prononcer "chmèkèri"=les "petits bourges", les "minets". Mot d'origine allemande. On dit parfois aussi "</span></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">šminkeri", pron. Chming'kèri</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">). Venir à la Jabuka est un vrai choix. Celui ou celle qui s'y rend l'a vraiment et mûrement décidé.</span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est pour cette raison que se cristallise dans les années 80 ce qu'on pourrait appeler la "génération Jabuka", les </span></span></span></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Jabučari"</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> en argot zagrébois (pron. Yaboutchari"= Les "Yaboukiens"): un public d'adolescents et de jeunes adultes d'horizons divers, que fédère la quête d'autres sons et d'autres ambiances sans se prendre la tête et sans se ruiner. Les bières sont bon marché, et les "videurs" sont davantage là pour protéger les usagers que pour les empêcher d'entrer, contrairement à d'autres lieux de la capitale.</span></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span><br />
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Les différentes tribus musicales cohabitent là-bas en bonne intelligence, d'autant que tout le monde finit par se connaître. Les incidents de type bagarres ou embrouilles sont rares, au point d'ailleurs que l'un des slogans du club, présent sur de nombreux flyers est "pas de panique, nous gardons vos enfants" (photo ci-dessous).</span></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcemq0IX_ynPVdcp42lQwgJPLQ1n7j2fwJfKmpmT7CzxWSfo7FqAH0wXJl41wfqqJ-MH_xcrYWOGmiNzhcK1DFSqXddSkGUi8BnVIYy-wvpzvb5PSrX-cAA6q87dIaQ7-DBsVTLmGRL9o/s1600/drzimo+vasu+djecu.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="451" data-original-width="625" height="230" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjcemq0IX_ynPVdcp42lQwgJPLQ1n7j2fwJfKmpmT7CzxWSfo7FqAH0wXJl41wfqqJ-MH_xcrYWOGmiNzhcK1DFSqXddSkGUi8BnVIYy-wvpzvb5PSrX-cAA6q87dIaQ7-DBsVTLmGRL9o/s320/drzimo+vasu+djecu.jpg" width="320" /></span></a></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Personne à vrai dire ne souhaite compromettre cet endroit précieux, considéré comme un îlot de liberté. De cette "génération Jabuka" émergeront diverses personnalités connues aujourd'hui du paysage médiatique et culturel, comme </span><a href="http://www.montazstroj.hr/en/borut-separovic/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Borut Separovic</span></a></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, directeur de la compagnie de danse/théâtre </span><a href="http://www.montazstroj.hr/en/index.php" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Montazstroj</span></a><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">, ou, plus surprenant, Tomica Petrović, le manager de </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Severina_Vu%C4%8Dkovi%C4%87" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Severina</span></a><span style="color: #fff2cc;">, qui affirme encore aujourd'hui son amour, intact (contracté à 15 ans), pour le club de Jabukovac. Ou encore, pour l'anecdote et pour rester dans la variété, le danseur et chorégraphe, </span></span></span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Emil Matešić, que l'on voit en boxeur dans le clip de "</span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=i1xudU08wQ8" target="_blank"><span style="color: #e06666;">je t'aime mélancolie</span></a><span style="color: #fff2cc;">" de Mylène Farmer (</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Matešić a quitté Zagreb pour Paris dès la fin des années 80, pour y étudier la danse). </span><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Véritable incubateur, le club est aussi un tremplin pour </span></span><a href="https://www.discogs.com/artist/2188240-Zdenko-Franji%C4%87" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Zdenko Franjic</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, futur patron du cultissime label "</span><a href="https://www.facebook.com/Slu%C5%A1aj-Najglasnije-Listen-Loudest-103211269773002/" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Listen Loudest</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">", qui y fait entre autres ses premières armes en tant que DJ.</span><br />
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgT8izEqw9drruA0Uj03RbSj4dqFWzc6sTRR5mHl1EUlQVXs8D7cjVubyoxGv7yi0TGX24FNBOGsXDnyp8VtVL7FBp7oobWcCcgIAAX91NKtNw9AegIBAq0wEnJDslYx5YTyBv6QYgxxwY/s1600/Jabuka_Salle.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="458" data-original-width="625" height="234" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgT8izEqw9drruA0Uj03RbSj4dqFWzc6sTRR5mHl1EUlQVXs8D7cjVubyoxGv7yi0TGX24FNBOGsXDnyp8VtVL7FBp7oobWcCcgIAAX91NKtNw9AegIBAq0wEnJDslYx5YTyBv6QYgxxwY/s320/Jabuka_Salle.jpg" width="320" /></span></a></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>La piste de danse.</i></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc;">Toujours dans ces "golden 80's", le Jabuka devient le point de chute de tous les groupes alternatifs de la fédération, ainsi que des artistes étrangers, pour qui le club zagrébois devient un passage obligé en Yougoslavie. Le Jabuka est associé avec le centre culturel étudiant SKUC, de Ljubljana, ce qui lui permet de proposer une date supplémentaire aux artistes en tournée en Europe Centrale, faisant souvent escale en Slovénie, territoire par lequel la plupart des subcultures, du mouvement hippie au punk, entrèrent en Yougoslavie. Vers la fin de la décennie, sa bonne réputation resserre les liens de cette génération, alors que l'ambiance change doucement en Croatie, comme ailleurs dans le pays. La "ruralisation" de la société, prélude à sa "</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_d%C3%A9mocratique_croate" target="_blank"><span style="color: #e06666;">HDZ</span></a><span style="color: #fff2cc;">isation", est en marche: le club, fidèle à son identité musicale rassemble celles et ceux qui restent attachés à la culture urbaine, et à une certaine intégrité rock'n'roll, alors qu'ailleurs s'installe peu à peu la musique des ploucs et le public qui va avec.</span></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc;">Arrivent les années 90. La "dark dance" se fait danse macabre. C'est le bruit des bottes qui donne le tempo. Zagreb, devenue capitale du nouvel Etat croate, est épargnée par les affrontements qui sévissent dans d'autre parties du pays, hormis quelques attaques aériennes sans conséquences majeures. La ville s'enfonce néanmoins dans une nuit de larmes et de tensions. L'Etat de guerre, auquel s'ajoute l'autoritarisme congénital de Franjo Tudjman laisse évidemment peu de place à une jeunesse, qui, non seulement voit partir, dans tous les sens du terme, ses pères et ses frères, mais est priée de ne pas faire de vagues. Un semblant de vie nocturne subsiste, mais son versant "rock" subit volontiers intimidations, fermetures arbitraires et razzias de la police. C'est que le rock demeure suspect, suspect d'insoumission, voire de penchants yougoslavistes, même si en réalité, en cette période de guerre puis d'occupation de régions croates par l'armée serbo-yougoslave, le rock croate, même le plus "alternatif", affiche majoritairement son patriotisme, et pas grand monde n'a envie d'écouter "le rock de l'ennemi", fusse-t-il de la décennie précédente et anti-nationaliste. Ceux qui se risquent à passer du </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Disciplin_A_Kitschme" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Disciplina Kicme</span></a><span style="color: #fff2cc;">, </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Idoli" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Idoli</span></a><span style="color: #fff2cc;"> ou </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Ekatarina_Velika" target="_blank"><span style="color: #e06666;">EKV</span></a><span style="color: #fff2cc;">, le font en cachette, entre quatre murs, à la maison et au milieu d'une audience choisie. Ces groupes, dont le seul tort est d'être serbes, disparaissent globalement des dancefloors croates, pas forcément toujours parce que les DJ's sont nationalistes, mais par une sorte de "principe de précaution"...</span></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc;">Malgré le climat lourd de cette période, la Jabuka parvient à rester ouverte. Une volonté de ses responsables de l'époque, désireux d'offrir un espace d'évasion voire de défoulement à ceux qui ont la chance d'échapper à la mobilisation (les mineurs, les étudiants, les "inaptes", ...et quelques planqués de "bonne famille"). Le lieu tourne alors de 20h à 1h du matin, dans une discrétion redoublée. Malgré le conflit qui sévit à quelques dizaines de kilomètres de Zagreb, il accueille aussi des groupes étrangers, un besoin vital dans cette Croatie en partie coupée du monde. Les DJ's passent d'ailleurs peu de rock croate, et privilégient la fine fleur du grunge, de la fusion et autres néo-métal anglo-saxons en pleine émergence à cette époque. Parmi les groupes de passage, les mythiques </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/UK_Subs" target="_blank"><span style="color: #e06666;">UK Subs</span></a><span style="color: #fff2cc;"> enregistrent en 1993 à la Jabuka un album live, édité par Radio 101, au titre explicite : "Don't you know there's a war on" (extraits disponibles sur </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=q452WnIUJMw" target="_blank"><span style="color: #e06666;">youtube</span></a><span style="color: #fff2cc;">).</span></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjliuHYxoRrvvFS8uEbCcAw7USmzQkHfam9SQAnKR6h0HKAIsWScRL_B52ky8PE4YrFBF_PKIMiVoZSwvvSw65pVMXQCaeGgqIiKnfX2Jzid8yEd5d9ksHxSG3hgaglrYVd_JMfca_fSIU/s1600/UK+Subs+Jabuka.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="480" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjliuHYxoRrvvFS8uEbCcAw7USmzQkHfam9SQAnKR6h0HKAIsWScRL_B52ky8PE4YrFBF_PKIMiVoZSwvvSw65pVMXQCaeGgqIiKnfX2Jzid8yEd5d9ksHxSG3hgaglrYVd_JMfca_fSIU/s320/UK+Subs+Jabuka.jpg" width="320" /></span></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>L'affiche du concert des UK Subs à la Jabuka.</i></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Pendant ce temps là, le paisible quartier de Jabukovac, avec ses villas, sa tranquillité, et son environnement sylvestre, séduit les diplomates des pays qui ont reconnu la Croatie, et qui y établissent leurs ambassades. Celles-ci voisinent avec le club, permettant d'ailleurs à la police qui garde les bâtiments des représentations étrangères, de discrètement surveiller la clientèle. J'en ferai la désagréable expérience moi-même en hiver 95 (j'y reviens plus bas). </span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc;">Car après avoir bourlingué jusqu'à plus soif depuis 1990 dans cette "autre Europe" à découvrir, de Prague à Budapest, en passant par l'ex-RDA, mon attirance irrépressible pour ce qui n'est déjà plus la Yougoslavie, m'amène, à l'été 1994, à venir traîner mes guêtres de routard du côté de Ljubljana et Zagreb. J'atterris sans surprise, sur les conseils avisés d'une zagréboise alpaguée près de "Britanac", à la Jabuka qui deviendra vite mon point de chute nocturne régulier durant mon séjour dans la capitale croate. Un part notable du public y est alors très jeune. Certains n'ont même pas 15 ans. Une jeunesse très défoncée soit dit en passant, je veux dire, pas juste imbibée d'</span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/O%C5%BEujsko" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ozujsko</span></a><span style="color: #fff2cc;"> ou embrumée d'herbe qui rend nigaud, mais semblant tourner aux diverses saloperies qui doivent circuler dans le même package que les armes fourbies en sous-main à l'armée croate. Poudres à canon et poudre blanche. Sans doute un moyen de garder cette jeunesse sous calmants et de la dissuader de demander des comptes, car déjà à cette époque, le grand rêve national s'avère ne pas tenir toutes ses promesses.</span></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Il va sans dire que ces jeunes ivres de rock à guitare énervé, bien que frustrés par la situation générale et par l'ambiance d'Etat policier, sont, pour une majorité d'entre eux, assez nationalistes. Plus par conformisme ou par colère (certains sont des réfugiés de Vukovar ou même de Bosnie-Herzégovine), que par raisonnement mûri. Ce nationalisme est aussi parfois teinté d'un goût de la subversion qui vient frayer avec les penchants undergrounds de cette jeunesse: dans cette construction mentale, la Croatie est une terre rebelle qui a eu le courage de s'affranchir de siècles d'oppression... C'est sur ce ressort que s'appuiera plus tard, pour perdurer et prospérer, le rock nationaliste croate façon Thompson. </span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;">Toujours est il que le discours moraliste ou modéré occidental sur le mode "mais il y a sûrement des gens bien parmi les Serbes, non ?" n'a aucune chance de passer face à ce public. Je comprends alors très vite qu'il faut abandonner le préchi-précha, et laisser les gens venir à soi, doucement. Au fil de la conversation, l'interlocuteur finit par faire la part des choses, justement parce qu'on ne lui aura pas asséné du prêt-à-penser progressiste complètement hors-sol dans le contexte.</span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" class="YOUTUBE-iframe-video" data-thumbnail-src="https://i.ytimg.com/vi/Uv5wF-E9D8Y/0.jpg" frameborder="0" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/Uv5wF-E9D8Y?feature=player_embedded" width="320"></iframe></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><i>Je ne suis de loin pas un fan des Cranberries, mais leur morceau "Zombie", sur le conflit nord-irlandais, passe en boucle à la Jabuka, lors de mes séjours à Zagreb, remplissant chaque fois la piste de danse. </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><i>On peut aisément se dire que les jeunes fréquentant le club à cette époque trouvaient dans cette chanson un miroir de leurs propres ressentis et vécus.</i></span></div>
</div>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span><br />
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Je rencontre aussi d'autres gens, souvent plus âgés et plus éduqués (des étudiants), qui gardent la tête froide et se montrent circonspects face au mainstream nationaliste ou au mensonge officiel d'une Croatie libre, forte et fière. Les échanges sont d'autant plus intéressants que je suis l'un des seuls étrangers que ces jeunes rencontrent, qui ne soit ni un humanitaire, ni un agent de l'ONU, ni un mercenaire de l'armée croate. La plupart de mes interlocuteurs sont ravis de pouvoir discuter à bâtons rompus, et d'avoir en retour un regard extérieur, ouvert et n'essayant pas de juger (j'ai très vite laissé mes grands principes d'occidental repu dans ma chambre d'hôtel). Je suis aussi frappé par leur impressionnante maturité, et une certaine envie de vivre, intensément, malgré tout. Nous devisons ainsi jusqu'à pas d'heure, et refaisons le monde à notre manière, au comptoir du bar, ou sur l'immense terrasse d'été qui jouxte le club, le tout étant ponctué d'allers-retours sur la piste de danse.</span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><br /></span>
</span></span></div>
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<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeHfjvx7eLHITRV3-lv_oYi70m2YsDpVOIrGDUnOx6DIR2pDnIBTRAivkuGD81AHnMZEoOzrZOvtsEvx9rjhZupf22bqOnHd9bY0VKUIJNfDz0yjBMishwr2j7C1ckB9MOxNkE8wNC1lY/s1600/terrasse+Jabuka.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="467" data-original-width="700" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeHfjvx7eLHITRV3-lv_oYi70m2YsDpVOIrGDUnOx6DIR2pDnIBTRAivkuGD81AHnMZEoOzrZOvtsEvx9rjhZupf22bqOnHd9bY0VKUIJNfDz0yjBMishwr2j7C1ckB9MOxNkE8wNC1lY/s400/terrasse+Jabuka.jpg" width="400" /></a></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<i style="color: #fff2cc;">La terrasse de la Jabuka </i></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">Photo (c) Boris </i></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Štromar</i></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><br /></i></span></div>
</div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">En dépit des quelques amitiés d'un soir ou de quelques jours, que je développe sur fond de décibels soniques, l'ambiance est quand même très particulière dans le club. Au milieu des gamins et des étudiants en sursis de mobilisation, il y a aussi des grands gaillards en uniformes de camouflage au comptoir du bar, sirotant leur bière, le visage fermé et le regard ombrageux. Je comprends très vite que ce sont des bidasses en perm', venant pour quelques heures s'enivrer de rock dur, avant de repartir tenir les positions croates dans les zones encore soumises à turbulences. Leur présence ne dérange personne, et je suis d'ailleurs bien le seul à m'émouvoir de celle-ci. </span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Pour que la tableau soit complet, il faut aussi préciser que l'ambiance est aussi particulière en ville. A cette époque, m'expliquent très sérieusement deux jeunes punkettes, rencontrées place du </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ban Jelačić</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">, la jeunesse de Zagreb est divisée en deux clans antagonistes: il y a les "pankeri" ("les punks", terme générique désignant toute la jeunesse un peu rock'n'roll) et les</span></span></span></span></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> šmekeri</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">. "Bah", me dis-je, "c'est un peu comme ça partout!" Sauf qu'à Zagreb, c'est une vraie guerre qui oppose les enfants du jeune Etat croate. Comprenez, on ne se contente pas de se mépriser souverainement, on se bat, et on se tue si besoin à coup de couteau. Lors de mon séjour, un de ces "</span></span></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">šmekeri</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">" est d'ailleurs poignardé par un "panker", et ce dernier est présenté comme un véritable héros par mes deux punkettes dont les yeux brillent d'enthousiasme lorsqu'elles me narrent cette histoire. Ce conflit est tellement sérieux qu'il y a des bars, des rues, des immeubles, des quartiers à éviter...</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc;">Le sociologue qui sommeille en moi se dit alors que l'ambiance générale dans le pays n'y est pas pour rien dans cette rivalité à couteaux tirés. Avec un Etat dont les aspirations à l'indépendance, au demeurant pas 100% illégitimes, ont rapidement viré en rejet de tout ce qui n'est pas croatiquement correct (Serbes, pacifistes, opposants politiques, journalistes indépendants...), ce rejet finit par flotter dans l'air au sein même de la société en phase d'être globalement purifiée de ses éléments allogènes. La violence politique du pouvoir, l'Etat de guerre, les traumatismes et les frustrations des "rapatriés" intérieurs, les non-dits pas très propres du combat national, viennent compléter le cocktail qui fait que, bien qu'unie et patriote en façade, la jeunesse croate est minée de l'intérieur. Rien d'étonnant: à la même époque, c'est au sein même du mouvement "alternatif" de Novi Sad, en Serbie, que les affrontements violents faisaient rage, avec des bagarres opposant des jeunes de différents quartiers antagonistes, ou de différentes tribus musicales. C'est ce que rapporte le film "</span><a href="http://www.imdb.com/title/tt7332012/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Kontakt</span></a><span style="color: #fff2cc;">", un documentaire récent sur l'underground de Novi sad. L'un des témoins de cette époque précise l'influence du contexte général, l'absence de perspectives, la sensation d'étouffement, la violence rampante et obsédante dans la Serbie d'alors, et le besoin de dépasser ce climat en relâchant sa propre violence, quitte à l'exprimer sur ses propres frères d'armes subculturelles. </span></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le conspi qui sommeille en moi, se dit, lui, que dans les deux cas, les pouvoirs se sont probablement satisfaits de cette "guerre des boutons" en mode "Orange mécanique" qui sévissait au sein de la jeunesse. Comme les calmants précédemment évoqués, une jeunesse que s'entretue ne posera pas les questions qui fâchent sur le coût très élevé de la réalisation du projet national. </span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">Pour refermer mon retour d'expérience autour de la Jabuka, évoquons mes brefs et bénins ennuis avec la maréchaussée locale. Nous sommes en janvier 95: après mon séjour en été 94, je suis retourné à Zagreb pour une dizaine de jours autour du Nouvel An. Par un soir glacé, enhardi par l'alcool, sans toutefois être ivre, après quelques verres sifflés en ville basse, je remonte à pied la colline qui mène au club. Il n'est pas si tard mais il n'y a pas âme qui vive. Arrivé devant la Jabuka, je me fais interpeller par un condé croate, de faction devant l'une des ambassades établie dans le quartier. J'ai déjà quelques rudiments de croate, et comprend grosso-modo ce que me dit le représentant de la force publique, mais l'instinct du moment et un soupçon d' "inat" (relire </span><a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2017/08/iconoclasmes-3-enfumer-nuit-gravement.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;"> pour le sens de ce mot) me poussent à répondre invariablement en anglais et à prétendre ne rien comprendre à ce qu'il me dit, Monsieur l'agent ne parlant ni anglais, ni allemand, bien qu'il me semble néanmoins piger tout ce que je lui dit (peut-être prétend il lui aussi la même chose que moi de façon inversée). Passeport, motif du séjour, durée, lieu de résidence, nom de mon père, profession de mon père, qu'est ce que je fous à Jabukovac à 23h?, l'interrogatoire est interminable, et d'autant plus que, chacun prétendant ne pas comprendre, tout demande à être répété ou reformulé 3 fois. J'ai aussi droit à mon prénom et mon nom, annonné de façon méconnaissable en phonétique croate par mon condé à un collègue via un talkie-walkie grésillant. La réponse lointaine et métallique de celui-ci, entre deux bips électroniques et trois bruits blancs, me vaut enfin, au bout d'une demi-heure, d'être libéré de cette conversation déplaisante. Je ne figure visiblement pas dans la banque de donnée répertoriant les ennemis du valeureux peuple croate. Je sonne alors à la porte de la Jabuka d'où filtre en sourdine la musique. Le portier m'ouvre pour me dire que c'est fermé, bien qu'il me semble qu'il y ait encore pas mal de monde et d'ambiance à l'intérieur. La porte se referme et je regarde le flic dans sa guérite avec haine. Je comprends alors que le dernier bus à prendre à Britanac semble faire partie d'une sorte d'encadrement invisible du public: qui arrive après, par ses propres moyens, non seulement est suspect et se voit contrôlé, mais ne bénéficie pas ensuite d'un droit d'entrée au club. </span></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Je suis toutefois conscient de ma chance d'être étranger. Mon passeport français m'ayant sans doute évité un contrôle plus musclé. Certains jeunes Croates que je rencontre à la Jabuka relatent des arrestations aussi arbitraires qu'humiliantes.</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le régime n'hésite d'ailleurs pas à frapper, au sens strict du terme, sa propre jeunesse. La veille de la Toussaint, en octobre 1995, Samobor, charmante et paisible bourgade baroque des environs de Zagreb, est le théâtre d'une action policière que n'aurait pas renié un Pinochet: un festival punk y est violemment réprimé par la police. </span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3hxby6tTcTIcKziQbngRsQo2oPCppUOvo7iIlX25mTH0EzgsG1AcabC3K2baA_3gGE3jhbiR189oxDEWbGDuijflZu1wiwos2MdzW7eG_N6Z_TaVg_ZS42dgeufVgXsPSBoVmGy8dDD8/s1600/Flyer+Samobor.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="352" data-original-width="509" height="276" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3hxby6tTcTIcKziQbngRsQo2oPCppUOvo7iIlX25mTH0EzgsG1AcabC3K2baA_3gGE3jhbiR189oxDEWbGDuijflZu1wiwos2MdzW7eG_N6Z_TaVg_ZS42dgeufVgXsPSBoVmGy8dDD8/s400/Flyer+Samobor.jpg" width="400" /></a></span></span></span><br />
<i style="color: #fff2cc;">Très joliment dans l'air du temps, voir vaguement prémonitoire, </i></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>le flyer du festival de Samobor.</i></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Passages à tabac, têtes frappées contre les murs, coups de matraques, coups de pieds, coups de feu, la flicaille n'y va pas avec le dos de la cuillère, à la stupéfaction des habitants de la commune, abasourdis par la disproportion de la répression policière envers des jeunes parmi lesquels figurent même des mineurs, indistinctement violentés, tout comme les filles. La rumeur dit que certains agents mobilisés à Samobor sont fraîchement de retour du front et ont besoin de passer leurs nerfs sur ces insupportables "narkomani" (toxicomanes). Certains jeunes ne doivent leur salut que par le fait d'avoir été cachés par des habitants, d'autres par la fuite à travers les champs de maïs qui entourent la petite ville. Par miracle, il n'y aura pas de morts.</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjE8ZSKIYc9du1EK4acpvRVGUCQBulx29WKWlva_nFb_F6EHcRfeaVAFqtMlDwK2V_O0Lo9c4qoTyMBISnuJaEE5PFiahJPU20SglgRboq3jIzWCBFbpmRpidHerFYI-KLUYHzDSEFJmZE/s1600/Noc+Samobor+Arena.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="449" data-original-width="704" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjE8ZSKIYc9du1EK4acpvRVGUCQBulx29WKWlva_nFb_F6EHcRfeaVAFqtMlDwK2V_O0Lo9c4qoTyMBISnuJaEE5PFiahJPU20SglgRboq3jIzWCBFbpmRpidHerFYI-KLUYHzDSEFJmZE/s400/Noc+Samobor+Arena.jpg" width="400" /></span></a></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>"La nuit qui a horrifié Samobor" (En haut)</i></span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>"Sur la façade, on trouve encore des traces de sang de la tête d'une jeune fille que la police a frappée contre le mur" (en bas).<br />L'article sensationnaliste du journal Arena, une semaine après les faits.</i></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le scandale de ce "bal tragique" à Samobor n'aurait en principe pas dû connaître les lumières de la place publique. S'il est finalement révélé, c'est parce que parmi ces soi-disant "marginaux" et "dégénérés" figurent des enfants de notables, et pas des moindres: Domagoj </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Šeks</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, le propre fils du président du parlement croate Vladimir </span></span></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Šeks (Šeks s</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">e prononce "Chèks"), était avec ses copains à Samobor, le soir de cette chasse aux sorcières. C'est lui qui témoigne dans la presse quelques jours plus tard. Un cas intéressant que celui du fils et du père </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Šeks</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, qui illustre le fossé entre les générations à cette époque: si le père est un nationaliste convaincu, </span><a href="https://trialinternational.org/latest-post/vladimir-seks/" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">n'ayant pas dédaigné de recourir aux basses besognes et aux crimes de guerre</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> en Slavonie, avec son sinistre comparse </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Branimir_Glava%C5%A1#War_crimes_charges" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Branimir Glavas</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> (relire </span><a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2016/07/cops-are-not-all-bastards.html" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">), son punk de fils, lycéen modèle puis étudiant en philosophie, est un partisan du pacifisme et de l'altermondialisme.</span></span></span></span><br />
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
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<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-wRHSXUcBF7xI-RDlegxqu_zGMnU7AaTOyQLQT9Mz9HPCSfNkiqFozqGn6H1sKCye4wEIBy55QysLrRn28qhEvB7JYzk1WyYxileWxC_4N427DJuSZdsnZoj2aw-gY1vI4huftmtz5-0/s1600/Vladimir+Seks+Osijek+1991.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="671" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj-wRHSXUcBF7xI-RDlegxqu_zGMnU7AaTOyQLQT9Mz9HPCSfNkiqFozqGn6H1sKCye4wEIBy55QysLrRn28qhEvB7JYzk1WyYxileWxC_4N427DJuSZdsnZoj2aw-gY1vI4huftmtz5-0/s320/Vladimir+Seks+Osijek+1991.jpg" width="320" /></a></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><i>Vladimir </i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;"><i>Šeks</i></span><i> en 1991, lorsqu'il met en place le pouvoir spécial (para)militaire </i></span><span style="color: #fff2cc;"><i>à Osijek. </i></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i><br /></i></span></span></div>
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<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiq3_MKKoMk0tn94ALajDONtHLM7Sp84aQkZV7wQXOg2dhti08PcYpwc8drcIA_pStEoLifCpv2eBnkFm2P2_JMBngdmDtKWimoipHgWQ5D9nlhKNsHaUO1bc1vI_dzrUGcAaNDIs97FH0/s1600/Domagoj+Seks.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="300" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiq3_MKKoMk0tn94ALajDONtHLM7Sp84aQkZV7wQXOg2dhti08PcYpwc8drcIA_pStEoLifCpv2eBnkFm2P2_JMBngdmDtKWimoipHgWQ5D9nlhKNsHaUO1bc1vI_dzrUGcAaNDIs97FH0/s320/Domagoj+Seks.jpg" width="240" /></a></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<i style="color: #fff2cc;">Domagoj </i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;"><i>Šeks</i></span><i style="color: #fff2cc;">, dans ses années "Goa-trance". </i></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Cruelle ironie de ce fossé générationnel, Domagoj <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Šeks</span> ira au bout de son rêve néo-hippie et en mourra: musicien de dub et de trance, il s'installe à Goa dans les années 2000 avec sa compagne. C'est là qu'il décède dans des conditions jamais élucidées (assassinat, accident, overdose...?). Son père restera de son côté l'incarnation pathétique de celui qui a réussi à sauver sa chemise, en louvoyant au milieu des non-dits et des tabous de la sale guerre croate. </span></span></div>
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</span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">Pour revenir à Samobor, personne ne répondra véritablement des faits horribles qui y sont survenus. Refrain connu en d'autres pays à 2h d'avion de Zagreb, on accusera les "narkomani" d'avoir ouvert les hostilités en attaquant la police. Ce clash sanglant entre contre-culture et violence d'Etat sera plus tard considéré par beaucoup de ses victimes comme une sorte de rite initiatique fondateur sur le chemin de la subversion. Il témoigne en tout cas de la considération du jeune Etat croate envers ses enfants, et probablement aussi de la nervosité du régime de Tudjman, qui, bientôt, n'aura plus la guerre comme prétexte pour garder la société sous cloche. "</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Temp%C3%AAte_(Yougoslavie)" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Oluja</span></a><span style="color: #fff2cc;">" a déjà "libéré" les derniers territoires "occupés", et Dayton n'est pas loin. Avant de lâcher fatalement du lest, il faut encore procéder à d'ultimes démonstrations de force pour éradiquer ce qui peut l'être, afin de pouvoir rester au pouvoir et rendre le moins de comptes possibles. </span></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
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<br />
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOIR1VnDf2fKvx2WffBKSOoVQG1fRX9i0Jd3p82LwP8dp_kBl0NFA9vXO_sju4UHGW96eAs2o9oazPSi8vKo0IPnfoDjGcb55u8j_agzanwGeh0f1e5mwdIPNPMrQNHzxvLy14NSWqW9M/s1600/radio101wikipedai.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="411" data-original-width="625" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOIR1VnDf2fKvx2WffBKSOoVQG1fRX9i0Jd3p82LwP8dp_kBl0NFA9vXO_sju4UHGW96eAs2o9oazPSi8vKo0IPnfoDjGcb55u8j_agzanwGeh0f1e5mwdIPNPMrQNHzxvLy14NSWqW9M/s400/radio101wikipedai.jpg" width="400" /></span></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Mais la jeunesse sait rendre les coups, et c'est lorsque le pouvoir tente de museler Radio 101, la seule radio alternative et impertinente de la capitale, en 1996, que des milliers de zagrébois descendront dans les rues pour défendre "Stojedinica" (pron. Stoyédinitsa""La cent une", le surnom de la radio). Ce sera la première manifestation d'opposition au pouvoir tyrannique de Tudjman (photo ci-dessus), une bouffée d'air frais dans une Croatie, qui, maintenant que la paix est là, aspire à un vrai Etat de droit et aux libertés civiques. Appuyée par une large mobilisation dépassant les clivages politiques, sociaux et générationnels, et soutenue par l'ambassadeur des Etats-Unis et même par certains membres du HDZ sentant qu'il est temps de virer leur cuti, ne serait-ce que pour rester au pouvoir, Stojedinica sera sauvée. Tudjman, fragilisé, et sentant les premiers frimas d'un vent du nord venu de La Haye, ne sera dispensé de répondre de ses probables crimes et complicités de crime, que grâce au cancer l'emportant en 1999, mais c'est une autre histoire...</span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Revenons sur la colline de Jabukovac, que nous avons un peu délaissée, même si, chacun l'aura compris à ce stade de la lecture, ce post aux nombreux détours et prolongements, est autant, sinon davantage, que le portrait d'un club, celui, plus global, des époques troublées qu'il a traversées contre vents et marées. </span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">De ces années sombres et lourdes, la Jabuka ressort plutôt grandie, auréolée du prestige d'avoir tenu bon, d'être restée ouverte, d'avoir su gardé son statut précieux d'îlot de liberté et de bon goût musical. Un autre fait d'armes lui vaut crédit et estime: le club a relancé peu à peu une vie rock à Zagreb et en Croatie. Le rock croate revient d'abord doucement aux platines, puis, via l'organisation par la Jabuka du festival "Fiju Briju" (pron. "Fiyou Briyou") à la Dom Sportova ("La Maison des Sports", l'une des plus grandes jauges de la capitale à l'époque), où se produit la fine fleur des groupes croates, et parfois slovènes.</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmiuk14Dj4CFjwOD74hubh2G11GhVncXGtJxkPtjGN6rLMf-580EAm1CtN2YH9MU7Xsu0GEtzzqyPMdiItLHOf5noqWUhOhyphenhyphenQ_xwAv-Tsio8TL90vTmftsCcKYE46HxS9xYEIM3Snzu0Q/s1600/Fiju+Briju.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="873" data-original-width="625" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmiuk14Dj4CFjwOD74hubh2G11GhVncXGtJxkPtjGN6rLMf-580EAm1CtN2YH9MU7Xsu0GEtzzqyPMdiItLHOf5noqWUhOhyphenhyphenQ_xwAv-Tsio8TL90vTmftsCcKYE46HxS9xYEIM3Snzu0Q/s400/Fiju+Briju.jpg" width="286" /></a></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<i style="color: #fff2cc;">Affiche de l'édition 96 du festival.</i></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>"Fiju Briju" est une expression typique du slang zagrébois, calquée sur l'onomatopée "fiju" indiquant quelque chose de fou, et le verbe "brijati", "(se) raser", mais signifiant en argot local différentes choses comme "être défoncé", "envoyer le bois sur scène", "dépoter"....<br />Un équivalent français de "Fiju-Briju" pourrait être "teuf de ouf!".<br />L'expression fut d'abord utilisée comme nom d'une soirée hebdomadaire à la Jabuka, où l'on passait du rock alternatif croate, avant de donner son nom au festival produit par le club.<br />Encore aujourd'hui, avoir participé, en tant que public ou que musicien, à cet événement est une marque de "rock'n'roll-credibility".</i></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le succès de l'événement est tel qu'il se décline ensuite aussi à Split et à Sarajevo. La Jabuka esquisse ainsi aussi un début de renaissance des réseaux rock dans ce qui ne s'appelle pas encore la Yougosphère, mais dont les prémices se dessinent doucement à travers cette première décentralisation de "Fiju Briju". Enfin, le club s'investit dans l'édition de CDs, avec son propre label, Jabukaton, un nom qui n'est pas sans rappeler celui de l'ancienne maison de disque yougoslave, </span><a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2014/12/sur-les-ruines-du-jugoton.html" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Jugoton</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Ce dynamisme stimule d'autres initiatives et contribue à "structurer" toute une nébuleuse où se retrouvent musiciens, disquaires, tatoueurs, ou encore graphistes comme les excellents "</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Božesačuvaj</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">!" (prononcer "Bojésatchouvaï", "Dieu me garde/Dieu m'en préserve!", expression plus courante en serbo-croate qu'en français), auteurs de nombreux flyers, affiches, pochettes de CD, mais aussi de désopilantes cartes postales ironisant sur le "merveilleux paradis que constitue la Croatie libre".</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span>
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<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRl8pjiptWcShPEdRPBSN7qF0VmXw-Tyo81Si2rrMHAofbCyPLPOt4MbrfK0NKlUcoqNR0wZDcotIU8MGSTyPlB5RqpOuudqzNek8CrmIP248kHU1pxflNepuqcgxse-A1mrIQ6eHa8Qw/s1600/Bo%25C5%25BEesa%25C4%258Duvaj+5.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="419" data-original-width="580" height="288" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRl8pjiptWcShPEdRPBSN7qF0VmXw-Tyo81Si2rrMHAofbCyPLPOt4MbrfK0NKlUcoqNR0wZDcotIU8MGSTyPlB5RqpOuudqzNek8CrmIP248kHU1pxflNepuqcgxse-A1mrIQ6eHa8Qw/s400/Bo%25C5%25BEesa%25C4%258Duvaj+5.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>"Police. République Croate (RH). Ministère de l'Intérieur (MUP).<br />Sincères salutations de la démocratique, amicale, catholique, reconnue internationalement, pour la première fois indépendante après 900 ans, et fortement dévouée à vous et à votre pays, République de Croatie."<br />Carte postale signée <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">Božesačuvaj</span>, vers le milieu des années 90.</i></span></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Paradoxalement, c'est avec la démocratisation que les vrais ennuis du club commencent, avec des résonances jusqu'à aujourd'hui. Il est fermé en 1999 pour cause de nuisances sonores. Les nouveaux riches des quartiers mitoyens de Jabukovac et de </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pantovčak</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> (pron. Pantov'tchak), où se trouve la présidence croate, ne veulent plus de ce club. Celui-ci réouvre pourtant en 2002, après des travaux de mises aux normes et d'insonorisation. Il change également de régime juridique, passant du statut de club associatif (un relent de l'époque socialiste) à celui de SARL. </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Entre temps, la ville s'est réveillée d'une certaine torpeur, et de nouveaux lieux ont peu à peu vu le jour, comme la </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Močvara</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">, salle alternative située près du parc de loisir de Jarun, en banlieue sud de Zagreb, ou encore la Medika, non loin du centre-ville. Ces nouveaux lieux fédèrent de nouvelles énergies et une nouvelle génération, autour des valeurs alternatives partagées ailleurs en Europe dans des espaces similaires: politisation, conscientisation, végétarisme, défense des minorités, rock engagé ou underground. La Jabuka, dont l'action politique fut en fait de ne jamais véritablement faire de politique, et de rester soi-même face aux ères du temps mouvantes qu'elle a traversée, apparaît alors comme datée. Elle l'est d'autant plus que sa programmation semble elle aussi datée, avec des soirées où les DJ's ont leurs platines calées sur le meilleur des années 80 et 90. Mais là encore, ce qui semble au départ être un handicap, le piège de la ringardise ou de la nostalgie, s'avère être un atout: d'abord, la Jabuka a gardé une partie de son public, lequel a vieillit mais cultive, comme elle, la mémoire musicale des décennies où elle s'est épanouie. Un public plus jeune, désireux précisément de découvrir la musique de ses aîné(e)s, répond aussi présent.</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtuEnMi8JnK7tPtYHd9yC6nU8McEXVKLavGIDO-QUJ0m0RddOcprweslh2CHbtpJvCrh3kP_cU78x6JSQfPgE-IrWPZ8SH0N_SQcIUavAPKtXPKSlAh6T33BWDq8wAnM4kZld-b0N2tJU/s1600/Jabuka+danas.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="472" data-original-width="630" height="239" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtuEnMi8JnK7tPtYHd9yC6nU8McEXVKLavGIDO-QUJ0m0RddOcprweslh2CHbtpJvCrh3kP_cU78x6JSQfPgE-IrWPZ8SH0N_SQcIUavAPKtXPKSlAh6T33BWDq8wAnM4kZld-b0N2tJU/s320/Jabuka+danas.jpg" width="320" /></span></a></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est que la Jabuka a su garder sa réputation d'intégrité et de lieu de bon goût, un bon goût qu'elle garde désormais comme du bon vin, sortant ses bonnes bouteilles chaque soir comme autant de millésimes qu'elle partage avec un public de connaisseurs avertis. Loin d'être ringarde, la salle de Jabukovac est la mémoire vivante et intemporelle d'une certaine idée du rock et de la nuit à Zagreb: on continue de s'y retrouver, dans une ambiance bon esprit, à l'écart des modes, du temps et du centre-ville livré aux franchises internationales, aux lounges et aux bars à "cajke" (pron. "tsaïké", la daube croate).</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, la Jabuka a traversé l'histoire et ses tourments sans se renier et en restant elle-même. "Un club qui ne pourrit pas"comme le dit l'un de ses récents slogans.</span></div>
</div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Les 50 ans du club ont pourtant un goût amer, et la fête n'est pas complète. Le lieu qui a survécu au régime socialiste, à la guerre, à l'autoritarisme de Tudjman est aujourd'hui victime de chicaneries et d'humiliations infligées par une mairie démocratiquement élue. A l'heure où le club devait souffler ses 50 bougies, des ouvriers, escortés par des "inconnus" musclés, sont venus démolir à la pelleteuse sa terrasse d'été, où des générations de </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Jabučari</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> ont bu, dansé, dragué, fumé, ri, refait le monde... Déjà l'an dernier, des "inconnus" musclés avaient mis sous scellés la fameuse terrasse, empêchant l'équipe comme le public du club d'y accéder.</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEif-u0kGOUC5nsbVsUk17FmvhTMLQt-6m5rExyNcMAIAG0Gvf8mkYk9vcX5SIGk326UpR-nw4RNQnqIDuWs1zh6-DrhWNLSkj3wYGXACoXx6j_1xkTF1ibqHqDpAwnqa48TY7mSGLhDCPc/s1600/terasa.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="630" data-original-width="1024" height="196" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEif-u0kGOUC5nsbVsUk17FmvhTMLQt-6m5rExyNcMAIAG0Gvf8mkYk9vcX5SIGk326UpR-nw4RNQnqIDuWs1zh6-DrhWNLSkj3wYGXACoXx6j_1xkTF1ibqHqDpAwnqa48TY7mSGLhDCPc/s320/terasa.jpg" width="320" /></span></a></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>La terrasse de la Jabuka ces dernières années...</i></span></span></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><i><br /></i></span></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhauLEHNR9CERJHPFno5V-rSBPVMeKJhAjrjkjofKKIRODSVyNINv4maN2P6D8cwsB7j29pNeJKJMXoLAC0xOgr8bki1RsE6UP7Z1up1RyNigM8EIgWAQgCm-j30-PDknK9m_AhJnoH6eE/s1600/GK_Jabuka_terasa-1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="514" data-original-width="913" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhauLEHNR9CERJHPFno5V-rSBPVMeKJhAjrjkjofKKIRODSVyNINv4maN2P6D8cwsB7j29pNeJKJMXoLAC0xOgr8bki1RsE6UP7Z1up1RyNigM8EIgWAQgCm-j30-PDknK9m_AhJnoH6eE/s320/GK_Jabuka_terasa-1.jpg" width="320" /></span></a></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
<br />
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><i>La même terrasse fermée et condamnée l'an passé.</i></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><i><br /></i></span></span></span></div>
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<img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEin_blzJLfYqpiA8j5KUtAUL9o9tkgiYldu7y6oDypoc1IkndrLyGoWf1RiOrMVP8BfvqbcYsy-djJpF_uDG4QBCYTJktxyMF4WfNSF_KqIdMGcEWr2TqfnD742Rz48waBbMdXjLRpyLEk/s320/Jabuka_8.JPG" /></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #f9cb9c;"><br /></span></span></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>
</div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHLPZkS3g7tl_9c9lW2deU3wQ9zriqONVJHeH7cELD7LVzM4LsPLR2RPN9cdHzRqGokPv0wD2miF1GR-SIG_764Pqk_KSu9P1Fkb2R8UCOfBlE5Oo0mMCwdC6oVaM77T42UNe2DpaR0TA/s1600/rusenje+jabuke.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHLPZkS3g7tl_9c9lW2deU3wQ9zriqONVJHeH7cELD7LVzM4LsPLR2RPN9cdHzRqGokPv0wD2miF1GR-SIG_764Pqk_KSu9P1Fkb2R8UCOfBlE5Oo0mMCwdC6oVaM77T42UNe2DpaR0TA/s320/rusenje+jabuke.jpg" width="320" /></a></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<i style="color: #fff2cc;">La destruction de la "scène d'été" qui se trouvait sur la terrasse, </i><i style="color: #fff2cc;">en février 2018...</i></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Derrière ces différents incidents se cache une bataille entre le club et la mairie de Zagreb, dirigée par l’indéboulonnable Milan Bandić, toujours populaire chez une majorité de "Purgeri" (pron. Pourguèri, "les bourgeois", surnom péjoratif des zagrébois dans toute l'ex-Yougoslavie) qui le réélisent malgré ou à cause de sa bétonisation à outrance de la capitale, de son clientélisme et de sa profonde bêtise. </span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bandić souhaite construire un parking à l'emplacement de la terrasse du club (Bandić adore construire des parkings sur des espaces verts !). Accessoirement, il veut la peau du club qui dépare dans ce quartier rupin où se trouvent probablement bon nombre de ses électeurs. Pour ce faire, Bandić prétend que cette terrasse n'a jamais appartenu à la Jabuka, et que celle-ci l'occupe donc illégalement, s'appuyant sur un flou juridique lié au fait que le club a vu le jour à une autre époque, dans un autre Etat, et sous un autre régime politique, aujourd'hui non reconnu, ce qui rend le droit de propriété du club caduque (je résume). Bandic prétend aussi que la présence du club dérange l'école primaire mitoyenne, alors que la direction de la Jabuka fait état de relations excellentes avec le personnel éducatif. On voit de toute façon mal comment un lieu ouvert et travaillant la nuit peut gêner des enfants présents le jour. Le bras de fer, qui date des années 2000, où la Jabuka fut déjà inquiétée, semble vouer à durer, et va s'exprimer désormais par avocats interposés, la direction du club ayant déposé plainte suite aux destructions de ce qu'elle considère comme son bien. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le lieu peut néanmoins poursuivre ses activités, mais à l'intérieur de ses murs, sans sa terrasse abritée par les arbres, indispensable en été, lorsque la chaleur du climat continental s'abat sur la ville...</span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Nombreux internautes, une partie de la société civile, et même certains médias se mobilisent pour soutenir le club que d'aucuns sur place considèrent comme une institution musicale appartenant à l'histoire de la ville et du pays, qu'elle a indéniablement contribué à mettre sur la carte du monde rock. Un point de vue et des préoccupations que je partage d'autant plus que, j'ai, à mon humble niveau et quoique de manière temporaire, été un Jabučar, dans une période fondatrice de ma vie, qui a beaucoup contribué à l'idée de lancer ce blog. Longue vie à la Jabuka !</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfUJZMgJkZteZEV4jdV3GJOf612kga4X0z_eusnNCt-pd7dfe-MhyJ9PciQ6hIfpPfkwS22geh2zMncZfuhsv-8zWQ3F1VZswldwnSNSSNJWS2-md2tIO0IHP0U3ERZYhy8W9CozcqRwk/s1600/music-club-jabuka-15-467x350.jpg" imageanchor="1" style="font-family: 'Times New Roman'; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="350" data-original-width="467" height="238" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfUJZMgJkZteZEV4jdV3GJOf612kga4X0z_eusnNCt-pd7dfe-MhyJ9PciQ6hIfpPfkwS22geh2zMncZfuhsv-8zWQ3F1VZswldwnSNSSNJWS2-md2tIO0IHP0U3ERZYhy8W9CozcqRwk/s320/music-club-jabuka-15-467x350.jpg" width="320" /></span></a></span></div>
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<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Photo (c) Citypal</span></i></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><span style="color: #fff2cc;">Prolongements:</span></b></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span><br /></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Outre mes souvenirs et connaissances personnels du lieu, quelques articles en serbo-croate ont servi de source pour la rédaction de ce post. A lire en complément, si vous parlez la langue:</span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
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<a href="http://www.index.hr/black/clanak/video-u-bivsoj-kuglani-ante-pavelica-je-prije-50-godina-nastao-klub-u-kojem-se-stvarala-povijest/1026530.aspx"><span style="color: #e06666;">http://www.index.hr/black/clanak/video-u-bivsoj-kuglani-ante-pavelica-je-prije-50-godina-nastao-klub-u-kojem-se-stvarala-povijest/1026530.aspx</span></a></div>
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<span style="color: #e06666;"><br /></span> <br />
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<a href="https://100posto.hr/zivot/jabuka-slavi-pedeseti-rodendan-donosimo-povijest-kluba-koji-ne-truli"><span style="color: #e06666;">https://100posto.hr/zivot/jabuka-slavi-pedeseti-rodendan-donosimo-povijest-kluba-koji-ne-truli</span></a><br />
<br /></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
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<span style="color: #e06666; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://www.blogger.com/goog_1033841550">
</a></span></div>
<a href="https://www.telegram.hr/price/mali-esej-o-jabuci-80-ih-nije-bila-osobito-vazna-no-onda-postaje-prostor-slobode-danas-bi-mogla-biti-muzej-rocka/"><span style="color: #e06666;">https://www.telegram.hr/price/mali-esej-o-jabuci-80-ih-nije-bila-osobito-vazna-no-onda-postaje-prostor-slobode-danas-bi-mogla-biti-muzej-rocka/</span></a></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">
<br />
<span style="color: #e06666;"><a href="http://strazarni-lopov.blogspot.fr/2015/10/dark-dance.html?m=1" target="_blank"><span style="color: #e06666;">http://strazarni-lopov.blogspot.fr/2015/10/dark-dance.html</span></a></span><br />
<br />
<a href="https://www.tportal.hr/magazin/clanak/evo-zasto-volimo-klub-jabuka-20131201"><span style="color: #e06666;">https://www.tportal.hr/magazin/clanak/evo-zasto-volimo-klub-jabuka-20131201</span></a><br />
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</div>
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<br /></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">La page facebook de la Jabuka:</span><br /><a href="https://www.facebook.com/GKJabuka/"><span style="color: #e06666;">https://www.facebook.com/GKJabuka/</span></a><br /><br /><br /><b><span style="color: #fff2cc;">Aller à la Jabuka:</span></b></span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">GK Jabuka, Jabukovac 28, Zagreb</span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bus (au départ de Britanski Trg/"Britanac") N° 102 ou 105, arrêt "Paunovac". Une fois sorti(e) du bus, redescendre légèrement en arrière et prendre la première à gauche (rue Jabukovac). La Jabuka se trouve tout de suite après l'école ("Osnovna <span style="text-align: center;">Š</span>kola"), derrière le petit parking...</span></div>
<div style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /><span style="color: #fff2cc;"> N.b.: La photo d'ouverture de post montre l'entrée de la Jabuka lors d'une soirée Halloween.</span></span></div>
</div>
<br />Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-73485377369544567572018-01-13T20:14:00.000+01:002018-01-13T20:14:39.860+01:00FUNERAL TRIBUNE<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwt4_E0Yu6_jI7zqpv8k99aS_WzvGtL-xK8GvRynn-6eptvtZGhsqrQn8RMh1LfF13f_sibFujhIJhM0U00QiaZgEhnclyPpYq3WnYv5L3ImpkOoTEvA-SAYab_oP8W4VQygmDvsOxuIc/s1600/Predrag+Lucic+Mostar+.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="575" data-original-width="1023" height="222" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwt4_E0Yu6_jI7zqpv8k99aS_WzvGtL-xK8GvRynn-6eptvtZGhsqrQn8RMh1LfF13f_sibFujhIJhM0U00QiaZgEhnclyPpYq3WnYv5L3ImpkOoTEvA-SAYab_oP8W4VQygmDvsOxuIc/s400/Predrag+Lucic+Mostar+.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Photo (c) Mirsad Behram pour Radio Slobodna Evropa.</span></i><br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Predrag Lucić nous a quitté ce mercredi 10 janvier 2018, à l'âge de 54 ans, emporté par la même "longue maladie" que celle qui nous priva déjà d'autres plumes humoristiques talentueuses, telles Desproges et Reiser. L'humour, qui pourtant devrait être remboursé par la sécurité sociale, de par ses nombreuses vertus bienfaitrices, ne protège hélas pas de l'infâme bête à pince, mais cessons là les traits d'esprits, car l'ambiance n'est pas à la fête... Peu connu en France, hors de la sphère des yougophiles serbocroatophones, </span><a href="https://www.balkaninsight.com/en/article/predrag-lucic-made-us-laugh-sing-and-cry-01-10-2018" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Predrag Lucic</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (prononcer Prédrag Loutsitch) est né à Split, 2e ville de Croatie, en 1964. Il est l'un des fondateurs du célèbre "</span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Feral_Tribune" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Feral Tribune</span></a><span style="color: #fff2cc;">", l'une des rares voix médiatiques indépendantes dans la Croatie de Franjo Tudjman. Le magazine satirique est connu pour avoir tissé des liens avec Charlie Hebdo, dans une fraternité de l'humour politique qui avait su dépasser les barrières de langue et de culture (on en avait parlé </span><a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2016/01/charlieferal-ou-la-fraternite-darmes-de.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">). </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK339KLLKOUEN511I3PzqA7kY6jFQ-m1lGBFYIvoBZM2x4INgrfGM24UjR82ghIlSZDblmjYw1ed7IoOfOkZT4d3JvV8UVMpO58LS_PPR1JdY-rtkDWWZF8n8OM-Nlpuv0tMzVLUpgBDM/s1600/predraglucicmostar.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="370" data-original-width="600" height="197" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgK339KLLKOUEN511I3PzqA7kY6jFQ-m1lGBFYIvoBZM2x4INgrfGM24UjR82ghIlSZDblmjYw1ed7IoOfOkZT4d3JvV8UVMpO58LS_PPR1JdY-rtkDWWZF8n8OM-Nlpuv0tMzVLUpgBDM/s320/predraglucicmostar.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Predrag </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">Lucić</span></i></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est au sein du "Feral" que Predrag Lucić, et ses deux principaux frères d'armes, Boris Dežulović et Viktor Ivan</span><span style="color: #fff2cc;">č</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">ić (prononcer respectivement Déjoulovitch et Ivann'tchitch), testeront la subtile et complexe dialectique qu'implique la contestation, par l'humour ou par l'enquête de fond, d'un pouvoir peu réceptif à la critique. D'abord avec le régime communiste finissant, lorsque le "Feral" est encore un supplément hebdomadaire du grand quotidien de Split et de sa région, </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Slobodna_Dalmacija" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Slobodna Dalmacija</span></a><span style="color: #fff2cc;"> ("Dalmatie Libre"), et que s'ouvrent ça et là des fenêtres d'impertinence; puis, lorsque le HDZ de Franjo Tudjman prend le pouvoir, non seulement en Croatie, au bord de l'indépendance, mais également au sein de la rédaction de Slobodna Dalmacija, dans une parfaite continuité des méthodes de noyautage tous azimuths de l'ancien régime, dont, après tout, la plupart des membres du parti nationaliste sont issus. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<a name='more'></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">C'est à ce moment là que l'équipe du Feral Tribune s'affranchit de Slobodna Dalmacija pour suivre son propre chemin, récupérant au passage des transfuges du quotidien dalmate, et notamment </span><a href="http://dicocroate2.over-blog.com/2015/10/miljenko-smoje.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Miljenko Smoje</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (pron. Milyenn'ko Smoyé), célèbre écrivain et journaliste splitois, l'un des premiers à avoir introduit le "parler dalmate" dans la presse, après la IIe Guerre Mondiale. Un outil dont il se servit pour placer discrètement des critiques du régime communiste, qui n'y voyait que du feu: le pouvoir interprétait les articles sarcastiques de Smoje en dialecte comme l'expression inoffensive de la galéjade populaire, ou y voyait la marque du bon sens des petites gens, témoignant, si besoin en était, de la supériorité intellectuelle de la classe ouvrière. Ceux qui savaient lire entre les lignes, en revanche, comprenaient le vrai message que Smoje faisait passer. Celui-ci était aussi un homme de terrain, parcourant inlassablement les îles, villages, recoins, monts et vaux, du vaste pays dalmate, allant au plus près des gens pour appréhender au plus juste la réalité humaine de cette région, et les mutations qu'elle traversait avec le nouveau régime et ses élans "modernisateurs". </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGM8dX6Y8ylksU-j0ViVh0xTPVz7OPm6K6Bdxo5Ibe7u0WbQ05flaesAnzcFF_ir6xO7-iur6F_Q0Q9RP6ucZG01nvkBQbqDVrMiVxbhbSGOFlMl8E8sGMWzEyc9gpFWD29-n_i63rM4o/s1600/smoje.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="225" data-original-width="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGM8dX6Y8ylksU-j0ViVh0xTPVz7OPm6K6Bdxo5Ibe7u0WbQ05flaesAnzcFF_ir6xO7-iur6F_Q0Q9RP6ucZG01nvkBQbqDVrMiVxbhbSGOFlMl8E8sGMWzEyc9gpFWD29-n_i63rM4o/s1600/smoje.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><i>Miljenko Smoje.</i></span></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Si je parle de Smoje (il faudra un jour lui consacrer un post à lui tout seul), c'est parce qu'il fut indéniablement un mentor de Luci</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> et de ses complices, des jeunes journalistes enthousiastes et frondeurs, gargarisés au départ, selon leur propres dires, par les brèches de démocratisation, dont ils ne se doutaient pas tout de suite qu'elles allaient virer en fissures irréparables. Smoje fut, lui, propulsé journaliste lors de cet autre changement majeur d'époque que fut l'arrivée des communistes au pouvoir.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Comme leur illustre aîné, Lucić et ses complices exprimèrent leurs critiques par l'humour, allié à la recherche de la vérité, celle que l'on cache, recherche passant par un examen solide des faits. Comme Smoje encore, l'équipe du Feral troquera volontiers les bureaux confinés du journal contre l'atmosphère chaleureuse, foutraque et populaire des bistrots splitois, beaucoup plus inspirante pour les brainstormings et autres conférences de rédaction.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWLrtMq0k_W5VpTh79VGM2iOW94Cs3kidNCn1cMZz0Cp7ywfC_5bI1CTIaP5xeAT2_DhbByEo6l4Fq7UBbr6xZUs8yP1zMkVC9gOwUwdgUVL4B4mGKLeE5oJkSdCiZ7c7R0aIvndLxOWY/s1600/Feral+Ekipa.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1025" data-original-width="1600" height="205" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWLrtMq0k_W5VpTh79VGM2iOW94Cs3kidNCn1cMZz0Cp7ywfC_5bI1CTIaP5xeAT2_DhbByEo6l4Fq7UBbr6xZUs8yP1zMkVC9gOwUwdgUVL4B4mGKLeE5oJkSdCiZ7c7R0aIvndLxOWY/s320/Feral+Ekipa.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Le jeune trio à la tête du Feral: de gauche à droite, </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">Viktor Ivan</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "times new roman"; text-align: justify;">č</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">ić, </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">Boris Dežulović</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> et </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">Predrag Lucić.</span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Cet exposé un rien picaresque ne doit pas cacher la réalité beaucoup plus tendue qu'affrontent très vite Lucić et ses camarades. Certes au début, le HDZ apprécie les critiques du nationalisme serbe exprimées dans le journal, notamment par Lucić, qui, ayant étudié l'art dramatique à Belgrade au milieu des années 80, a vécu de près ce changement idéologique: lorsqu'il s'inscrit à la faculté en 1984, "Belgrade est encore une ville ouverte, yougoslave" confessait-il dans une interview de 2013 (à lire </span><a href="http://www.tacno.net/novosti/predrag-lucic-jugoslavija-je-bila-nasa-eu-sanjali-su-je-najbolji-a-srusili-najgori/" style="color: #fff2cc;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"> si vous parlez l'idiome). Cependant, après que le Parti Communiste Serbe et l'</span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/SANU_Memorandum" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Académie Serbe des Sciences et des Arts</span></a></span><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"> aient commencé à exprimer leurs thèses nébuleuses sur la "nation serbe menacée et opprimée" par les autres peuples de Yougoslavie, l'étudiant découvre que "certains de [ses] collègues, dont [il] savait qu'ils n'étaient pas chauvins, se sont soudainement passionnés pour l'histoire". Surtout l'histoire du peuple serbe et de ses souffrances infligées notamment par les Croates. "- Hé, Petzo (diminutif de Predrag), comment vous avez vous pu faire ça, franchement ? - Comment ça? Qu'est ce que j'ai fait?" demande Predrag Lucic à l'un de ces nouveaux convertis à l'histoire du peuple serbe. "- Ben, </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_d%27extermination_de_Jasenovac" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Jasenovac</span></a><span style="color: #fff2cc;">!".</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le journaliste raconte avoir éprouvé une très forte peine face à ce retournement de veste d'une bonne part de la société serbe, mais que cette expérience lui aura néanmoins été utile et formatrice : "J'ai pris conscience, dès ce moment-là, de ce que l'homme doit refuser de faire au nom de n'importe quel groupe collectif, à fortiori quand il s'agit du groupe majoritaire". Les Serbes étaient effectivement majoritaires en nombre en Yougoslavie, et la thèse de leur oppression et de leur "minorisation" par les autres fut effectivement développée par les tenants de l'agenda guerrier qui a finit par se concrétiser, comme on le sait, et qui devait "réparer cette injustice historique". Cependant explique Lucić "tous les autres peuples de Yougoslavie, une fois arrivés à la première place dans les petites baronnies [de leurs nouveaux Etats], se sont mis à servir le même discours comme quoi ils sont menacés" par leurs minorités. Je plussoie ce propos largement vérifié depuis, de la Croatie au Kosovo sans parler de la Republika Srpska.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbPh50sxsrNppHmUEqAuOBmDQiMrSL6uY4ILp654z9obcK2aLOtwn0FQCV0nU46IYR4KzDfeqD0B9eapS87eo5yYh7hjZ1GYAbvccaRya5icUEmuH4Sr1ajo_3MuiehA4Ncq2fjOuoAbU/s1600/61451784-predrag-lucic.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="243" data-original-width="386" height="201" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbPh50sxsrNppHmUEqAuOBmDQiMrSL6uY4ILp654z9obcK2aLOtwn0FQCV0nU46IYR4KzDfeqD0B9eapS87eo5yYh7hjZ1GYAbvccaRya5icUEmuH4Sr1ajo_3MuiehA4Ncq2fjOuoAbU/s320/61451784-predrag-lucic.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est donc fort de ces enseignements que Lucić, en toute cohérence, s'en prendra aussi aux travers de la Croatie: "Tudjman et ses supporters, qui, au début, appréciaient nos moqueries sur le nationalisme serbe, n'ont pas compris qu'on puisse aussi se foutre de leur gueule pour les mêmes raisons" explique-t-il dans un autre témoignage. De fait, Tudjman prendra en grippe le magazine dès avant sa prise effective du pouvoir: lors de l'un des premiers meetings du HDZ à peine constitué, à Split, rapporte Lucić, le futur père de l'indépendance met déjà en garde ses supporters contre "les gens du Feral qui, ici, au coeur du 'Split croate' (sic: "u hrvatskom Splitu"), se moquent de la langue qu' [il] parle en la qualifiant de néo-oustachiste". Ce sera le début d'une longue et "délicieuse amitié", poursuit Lucić, qui explique que, dès cette attaque du futur président envers le journal, ce dernier décide d'en faire une de ses cibles favorites: "Lorsque que quelqu'un montre qu'il est atteint au plus profond de lui-même quand vous le tournez en dérision, alors [c'est fini pour lui]. (...) Lorsque Tudjman a commencé à prendre la Croatie sous sa coupe, nous sommes devenus de plus en plus incisifs à son égard". </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYRni73VHsFAoLjYOm-SUnwtO84U0DNK8XEcWWhdMHckkiQk52yUMwxNV0uv4ATJLWqyP-m5lU0yA3NWXKugDPfNs_U-XaNQfY4YWktqZA3tlix5RGoDVUQywWOA8eixaG13PqPlTiTGU/s1600/Izaberite+Tudjmana.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><i><img border="0" data-original-height="1424" data-original-width="901" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYRni73VHsFAoLjYOm-SUnwtO84U0DNK8XEcWWhdMHckkiQk52yUMwxNV0uv4ATJLWqyP-m5lU0yA3NWXKugDPfNs_U-XaNQfY4YWktqZA3tlix5RGoDVUQywWOA8eixaG13PqPlTiTGU/s400/Izaberite+Tudjmana.jpg" width="252" /></i></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Le président de la République croate est prêt pour les élections:<br />CHOISISSEZ (VOTEZ) VOTRE TUDJMAN!"<br />Une en 1997.</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><br /></i></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTwmlHfKnbLzu_LtWlB9NhzUZzEpTu4_48hdJwb8qpF5Iq6TXH21H1vdpEMPZHofzhg8LDW6YTygeXg8Ij3dZPtSHMYy9L6ZO6en0Mlz2wzz_UNbHvKSxpdQ8ufqnD1j6lENwcWhJMDsE/s1600/feral-tribune-1-830x0.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="1120" data-original-width="830" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgTwmlHfKnbLzu_LtWlB9NhzUZzEpTu4_48hdJwb8qpF5Iq6TXH21H1vdpEMPZHofzhg8LDW6YTygeXg8Ij3dZPtSHMYy9L6ZO6en0Mlz2wzz_UNbHvKSxpdQ8ufqnD1j6lENwcWhJMDsE/s320/feral-tribune-1-830x0.jpg" width="237" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Il a envie de manger tellement le peuple à faim".<br />Jeu de mot entre "jede se njemu"/"Il a envie de manger, et "jebe se njemu"/"Il n'en a rien à foutre" (que le peuple a faim).</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><i><br /></i></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIsa5yix-OVaYkbqSnNlwKUoKrYJLo_8hVgM9PF_1mEByX3wYWH59JIkSw0AIXeGQmvfGpV7vs0cx43hXt0rKaG57lulnES9dol3E9uAiznxQ7XnoxhomUbs1ELu_HDltsemiDbsY-y2E/s1600/Sloba+Tudjman+Feral.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="291" data-original-width="173" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIsa5yix-OVaYkbqSnNlwKUoKrYJLo_8hVgM9PF_1mEByX3wYWH59JIkSw0AIXeGQmvfGpV7vs0cx43hXt0rKaG57lulnES9dol3E9uAiznxQ7XnoxhomUbs1ELu_HDltsemiDbsY-y2E/s400/Sloba+Tudjman+Feral.jpg" width="237" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>La une la plus connue du Feral, qui contribua à la notoriété internationale du journal: Tudjman et Milo</i></span><span style="color: #fff2cc;">š</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>evi</i></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i> enlacés, accompagnés de la formule "Est ce pour ça qu'on s'est battu ?"</i></span></div>
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le journal subira diverses pressions, intimidations, menaces: procès pour "pornographie" ou pour diffamation, redressement fiscal, mobilisation de Viktor <span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ivan</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "times new roman";">č</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ić</span> au front...L'équipe tiendra pourtant, contre vents et marées: "Ce qui nous tenait avant tout, c'était la passion, une fibre nous animait, comme hélas on n'en trouve plus beaucoup dans le journalisme d'aujourd'hui en ex-Yougoslavie. A côté de ça (...), nous nous comprenions parfaitement: personne n'a pris de l'espace à un autre, personne n'a considéré la journal comme le prolongement de son égo. Enfin, non seulement nous étions une équipe, mais nous étions aussi des amis qui avaient pour habitude que chacun demande à l'autre ce qu'il pense de son texte - en sachant qu'il aurait la vérité, quelle qu'elle soit (...). Le Feral a vu le jour comme l'expression de notre besoin, à la fois professionnel et humain, de faire précisément un journal de cette sorte; sûrement que les choses ont pris cette forme, non pas parce que c'était notre projet, mais parce que nous avions besoin de dire ce que, tels que nous étions, nous ne savions ni ne pouvions taire".</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Comme son cousin français Charlie Hebdo, le journal mélangeait satire, déconnade, et article sérieux ou enquêtes de fond. Cependant, leurs références, leur background, bref, l'esprit "Feral" appartenaient clairement à un certain héritage culturel et pop-culturel de la Yougoslavie: "je ne veux pas que cela sonne comme de la prétention, mais, en nous construisant avec des groupes comme</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Azra_(groupe)" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Azra</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pankrti" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Pankrti</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <span style="color: #fff2cc;">The Clash, les premiers films d'Emir Kusturica, (...) "</span><a href="http://www.malavidafilms.com/dvd-qui-chante-la-bas-335.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Qui chante là bas</span></a><span style="color: #fff2cc;">", (...) la</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vague_noire" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Vague Noire</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="http://www.bibliomonde.com/auteur/miroslav-krleza-171.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Miroslav Krleza</span></a><span style="color: yellow;">,</span> <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Vitomil_Zupan" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Vitomil Zupan</span></a><span style="color: #fff2cc;">,</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Danilo_Ki%C5%A1" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Danilo Kis</span></a> <span style="color: #fff2cc;">et</span> <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mirko_Kova%C4%8D" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Mirko Kovac</span></a><span style="color: #fff2cc;">, je dois quand même dire que nous avons essayé de garder allumée cette sorte de "flamme" - insoumise et rebelle - qui a brûlé en Yougoslavie, à de nombreuses périodes de son histoire."</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C'est cette "flamme", faite d'intégrité et d'enthousiasme, ainsi que de rock'n'roll, de culture littéraire et de cinéphilie avisées, qui pousse ainsi le journal à parler des sujets qui fâchent dans la Croatie en guerre, puis post-guerre, où domine le narratif du combat uniquement légitime, juste et sans tâches. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">C'est le Feral Tribune qui, en 1997, recueille et publie </span><a href="http://www.nytimes.com/1997/09/05/world/croatian-s-confession-describes-torture-and-killing-on-vast-scale.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">les confessions de Miro Bajramovic</span></a><span style="color: #fff2cc;">, un des responsables des "sales boulots" en Slavonie, agissant sous les ordres de </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Tomislav_Mer%C4%8Dep" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Tomislav Mercep</span></a><span style="color: #fff2cc;"> qui sera plus tard jugé à La Haye. Autant désireux de laver son linge sale envers les anciens chefs de guerre qui se sont enrichis sans qu'il n'en profite, que d'essayer de laver sa conscience rougie de sang "impur", Bajramovic raconte en détail les tortures, exécutions sommaires, déportations, viols, qu'il a fait subir aux Serbes et aux "mauvais citoyens" croates de la région de Pakrac. Le journal est d'abord poursuivi en diffamation par les personnes citées par Bajramović. C'est finalement celui-ci qui prendra la défense du Feral, indiquant qu'il a donné son accord pour la publication intégrale de son témoignage, et que tout y est vrai. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdpZvnerobY-qHAstwjV_OJC51LPjq9bioHEghEvtXy1o5WHPLOb9D2Dw4AMj_OGtidhBMBzLnsnq7BXwGYOSTY-w35VVSXwoEZ1uoMa8nbrlyKUaVLPXV0PW-Zjb-Wx5hpIwrRZ1J1QI/s1600/naslovnica_ferala_Bajramovic.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="260" data-original-width="170" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhdpZvnerobY-qHAstwjV_OJC51LPjq9bioHEghEvtXy1o5WHPLOb9D2Dw4AMj_OGtidhBMBzLnsnq7BXwGYOSTY-w35VVSXwoEZ1uoMa8nbrlyKUaVLPXV0PW-Zjb-Wx5hpIwrRZ1J1QI/s1600/naslovnica_ferala_Bajramovic.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Comment nous avons tué dans la Pakra<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">č</span>ka Poljana"<br />Le témoignage de Bajramovi<span style="text-align: justify;">ć</span> dans Feral Tribune.</i></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le témoignage de Bajramović dans le Feral sera largement repris par la presse internationale, et servira même de pièce à conviction à la Haye dans l'instruction du dossier "Me</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">rč</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ep". Une victoire parmi quelques autres dans le parcours du journal qui fut tout sauf un long fleuve tranquille et s'est finalement arrêtée il y a dix ans, en 2008, en raison de difficultés financières.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En parallèle au Feral, et après l'arrêt de celui-ci, Lucić écrivit dans d'autres journaux de Croatie et d'ex-Yougoslavie. Dans une ligne différente de celle, volontiers "provincialiste", de Miljenko Smoje, mais que ce dernier n'aurait pas reniée, ses articles mêlaient le parler dalmate et le Croate standard, propos sérieux et humour, langue simple et formules qui font mouche. Ils dévoilaient aussi une capacité à relier des événements ou faits d'apparence éloignés, par un sens aigu de la synthèse et de la mise en perspective. Avec son complice de toujours, Boris Dežulović, Lucić a aussi concrétisé son autre passion, celle du théâtre: les deux journalistes ont monté nombreux spectacles satiriques, à mi-chemin entre la conférence-débat, la stand-up comedy et le cabaret, hélas pour la plupart inexportables et intraduisibles car jouant sur les mots et la langue, comme dans ce sketch désopilant, où ils mènent un débat grammatical avec de jeunes nationalistes croates, écrivant sur un mur "Ubij Srbina" (Littéralement "Tue le Serbe", un graffiti courant en Croatie), leur recommandant l'emploi du pluriel car, en toute logique, il y a plusieurs Serbes à tuer, et même beaucoup... </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTUHiqo86b9ApSpQuBeYD9XNIGcGfMwpq5tpa4zpzWkRszMgjnYEhJ4hjBcRQrFN9OGsJjcv5_gohBT-BkDH8iko0twFspL_BrCXhE-QhzHF_U66e7AzSjL7NFnxIG9702aH-aWTHEGoc/s1600/lucic_dezulovic_melodije.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="407" data-original-width="655" height="198" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTUHiqo86b9ApSpQuBeYD9XNIGcGfMwpq5tpa4zpzWkRszMgjnYEhJ4hjBcRQrFN9OGsJjcv5_gohBT-BkDH8iko0twFspL_BrCXhE-QhzHF_U66e7AzSjL7NFnxIG9702aH-aWTHEGoc/s320/lucic_dezulovic_melodije.jpg" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="text-align: justify;"><i>Boris Dežulović et Predrag Lucić dans un de leur spectacle.</i></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les noms de leurs spectacles étaient des merveilles d'ironies et d'allusion à l'histoire récente et au contexte sociétal de la Yougosphère, comme "Melodije bljeska i oluje" (pron. mélodiyé blyèska i olouyé), "Mélodies d'éclair et de tempête", références à deux opérations militaires de l'armée croate, ou encore "Melodije borbe i pretvorbe" (pron. mélodiyé borbé i prètvorbé), "Mélodies de combat et de conversion": "borba" (combat, lutte) fut un mot important à l'époque socialiste ("klasna borba"=lutte des classes), et pretvorba (transformation, conversion) renvoie à la conversion à l'économie de marché, à la "transition"... Lucić et Dežulović publieront aussi ensemble des ouvrages comme par exemple "Greatest shits, anthologie de la bêtise croate contemporaine" (""Greatest shits, Antologija suvremene hrvatske gluposti").</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'humour était l'arme favorite de Lucić et de ses complices, l'alliée ultime de l'intelligence et de l'insoumission, contestant le pouvoir et le conformisme en faisant ressortir le grotesque des puissants, ainsi que la bêtise de ceux qui les suivent et adhèrent à leurs messages simplistes. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">L'aura de Predrag Lucić dépassait bien-sûr les frontières de son pays. L'homme était lu et écouté dans toute la "région", pour recourir à ce terme qui désormais remplace de manière non connotée les mots "ex-Yougoslavie" et "Yougosphère", dont le tort inqualifiable est de porter en eux une partie du nom de l'ancien Etat honni par beaucoup. Une hypocrisie lexicale que Lucić n'a pas manqué non plus de railler : "La Yougoslavie a été notre première Union Européenne. Avec ses qualités et ses défauts. Comme l'UE, les meilleurs l'ont rêvée, puis les pires l'ont détruite...Cela m'énerve quand j'entends ces bureaucrates européens, et les nôtres en Croatie, dire que la Croatie a quitté les Balkans pour revenir à sa place [en Europe]. Mais de quoi parle-t-on ? Il n'y a pas d'Europe sans les Balkans, ni le contraire. Aujourd'hui, dans l'espace yougoslave domine l'expression "région" (...). A l'époque de la Yougoslavie, on savait ce qu'était une région: il y avait l'Istrie, le </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Baie_de_Kvarner" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Kvarner</span></a><span style="color: #fff2cc;">, le Sandžak, la Dalmatie... Aujourd'hui, même tous ensembles, nous ne sommes pas un Etat, nous sommes une région. Cela convient à nos petits bardes locaux qui ne peuvent trouver leur grandeur que dans ces petits espaces fermés, et ne peuvent mener leur carrière internationale qu'à l'échelle des pays de l'ex-Yougoslavie."</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Concernant la presse croate</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, comme celle d'ex-Yougoslavie en général, </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Lucić</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">fut aussi sévère, déplorant leur "tabloïdisation" rampante, alors qu'il continuait de croire en l'existence d'un lectorat local exigeant, en attente d'une information de qualité et refusant d'être flatté dans ses bas instincts. Hormis quelques villages gaulois médiatiques qui survivent avec une ligne indépendante et courageuse, sans recourir aux rubriques "people" et autres articles putacliques, la plupart des médias, y compris certains médias critiques sur le plan sociétal et politique, sont plus proches de Closer et de Yahoo News que du Monde Diplomatique ou du Guardian. C'est le cas par exemple, d'</span><a href="http://www.index.hr/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Index</span></a><span style="color: #fff2cc;">, un journal croate en ligne plutôt incisif envers le gouvernement, quelle que soit sa couleur, et progressiste sur les questions de société, avec des regards pas toujours débiles, mais où l'information sérieuse côtoie, justement, les "10 conseils pour les rendre folles au lit", "le signe du zodiaque qui tend à tromper son conjoint", et autre "demi fesse que </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=aYRFG8YxuX8" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Nives Celzijus</span></a><span style="color: #fff2cc;"> a montrée lors de sa sortie en boîte à Zadar"... L'hommage rendu à Predrag Luci</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> par Matija Babi</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">, le rédacteur en chef d'Index, sur son profil facebook, sonne entre les lignes comme un constat résigné et autocritique quant à l'audace de la presse croate: la mort du fondateur du Feral y est décrite comme "une perte terrible et irréparable pour la Croatie et le journalisme croate". Babi</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> indique que les pressions et appels aux lynchages que subissent aujourd'hui les journalistes croates ne sont rien "par rapport à ce que Luci</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ć</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"> et quelques autres géants, individuels et professionnels, ont eu à endurer dans les années 90", avant de conclure, fataliste: "De tout ce qu'ils ont fait, moi je n'aurai rien osé. S'en est allé l'un des plus grands, bien plus grand que [ce pays] n'a jamais mérité".</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjEYTXLAjSBGZS0exzaUPnKqTHy1Now251AbuLcgYr3tXLnWXSqqQ0Eyz0-KOdp-eeS2kkOfGGkyH1O2Zg9YUYKQN5TFS-EW4_ZxZGHc7lKvGE6OzNon8uSGxYNsWORc_VB5_WgJIm94w/s1600/novosti_sahrana_lucic.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="1200" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjEYTXLAjSBGZS0exzaUPnKqTHy1Now251AbuLcgYr3tXLnWXSqqQ0Eyz0-KOdp-eeS2kkOfGGkyH1O2Zg9YUYKQN5TFS-EW4_ZxZGHc7lKvGE6OzNon8uSGxYNsWORc_VB5_WgJIm94w/s400/novosti_sahrana_lucic.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La foule aux funérailles de Predrag Luci</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">ć</span></i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Photo (c) Ivo Čagalj/PIXSELL</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On est donc venu de toute la Croatie et de toute la "région" pour accompagner Predrag Lucić dans sa dernière demeure, au cimetière de Lovrinac (pron. Lovrinatz) dans la banlieue de Split. Plusieurs milliers de personnes étaient là: beaucoup de journalistes et d'écrivains, des militants associatifs, des gens du milieu culturel, et quelques hommes politiques de la gauche et du centre, mais aussi des centaines d'anonymes, simples citoyens venus rendre hommage à un homme que certains de ses amis, cités par la presse croate, ont présenté comme "toujours positif et optimiste" dans le quotidien, respectueux de tous, y compris de ceux avec qui il n'était pas d'accord, et qui, malgré son parcours et ses succès, n'avait jamais pris la grosse tête. Celles et ceux qui n'ont pas pu venir ont rendu hommage à Predrag Lucić à leur manière, comme, par exemple, à Mostar, où le vieux pont a été illuminé en son honneur, avec son portrait projeté sur le côté. C'est cette image qui ouvre le post. Je l'ai choisie parce qu'elle illustre selon moi à la perfection l'aura, la reconnaissance, et le respect, immenses, dont bénéficie Predrag Lucić dans l'espace yougoslave. C'est une certaine idée de cet espace et de ses habitants qui s'en va, une idée dans laquelle tous ceux qui aspiraient à la paix, au dialogue, à la réconciliation, à une vie normale et à un monde meilleur, pouvaient se retrouver et se projeter. Predrag Lucić n'était pas un modèle, un gourou ou une icône, autant de statuts étrangers à sa modestie et à sa foi en l'humain, mais il était le visage simple, chaleureux et souriant de la liberté, de l'intelligence et de la résistance, incarnant les forces et les possibles de cette ex-Yougoslavie ravagée, mais qu'il n'aura jamais cessé d'aimer, et qu'il aura contribué à rendre meilleure. Tout cela lui survivra, ses complices et soutiens poursuivront son combat. De notre côté, on continuera à donner de la place, en notre humble espace bloguesque, à ces voix libres et à contre courant de la Yougosphère, celles qui inventent, agitent, agissent et résistent. C'est le moindre des engagements que l'on puisse prendre, en hommage à celui dont le départ laisse un vide immense et douloureux. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Adieu Predrag Lucic, et merci pour tout !</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwdRlYfVpwV-z16K9mNJzKV10XZjg1OaKU-xicQ1AuDc5SasXcOV_7GjsPPQywQ8plDrOLmibPfBo77YlL-L_cJT_3ve5iMX83OiVvuAcCut31u_ziCRsx2zv2PK5j_kcyZ4L0CUrV_8E/s1600/lucic_3.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="326" data-original-width="625" height="207" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwdRlYfVpwV-z16K9mNJzKV10XZjg1OaKU-xicQ1AuDc5SasXcOV_7GjsPPQywQ8plDrOLmibPfBo77YlL-L_cJT_3ve5iMX83OiVvuAcCut31u_ziCRsx2zv2PK5j_kcyZ4L0CUrV_8E/s400/lucic_3.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-32827380815715578762017-12-20T19:25:00.002+01:002017-12-20T19:25:45.184+01:00Les détours de Yougosonic #1: pour en finir avec Russia Today (en quelques liens)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="480" height="232" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhHw-haMbfFIE3l0xY-aOaxlHKFh7zfMf8e8A4uNDhQfQr1ewoyQs9Dbs4oFn_aLST49Q8W3GKYDfc63Zdaj0nDC2Wx0rcfLq7mtldBcvHY6cZK_PvnfvLZIl_nQ-ryEB9fqRZtu0Qb5iE/s400/putin-lgbt-image-ban-810x425-1-480x279.jpg" width="400" /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On le sait, l'espace yougoslave est situé à la croisée de différentes zones d'influences culturelles et géopolitiques, pour le meilleur, souvent sous-estimé, et pour le pire, volontiers exagéré. Cette double position de carrefour et de zone de frottement fait que celui qui se passionne pour ce territoire, à l'instar de ce blog et de ses lecteurs, se doit d'être également attentif à d'autres régions et cultures d'Europe et du monde, pour des raisons évidentes de liens historiques, culturels, politiques, et économiques avec la Yougosphère. Il est ainsi nécessaire, par exemple, de s'intéresser aux autres pays et communautés de langues slaves. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Au delà de ce qu'on appelle le "monde slave", il faut aussi ouvrir ses antennes vers ce qu'on appelle "l'Europe Centrale", le "monde musulman", le judaïsme, l'espace méditerranéen, ou encore le domaine germanophone. Sans oublier de tendre l'oreille sur ce qui se passe en Turquie, en Hongrie, en Roumanie, et les territoires de langue albanaise. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ajoutons à ce macroscope "géoculturel" regardant tous azimuths, qu'il faut aussi frayer avec de nombreuses disciplines: l'histoire, la géographie, les sciences politiques, la sociologie, l'anthropologie, la linguistique, la philosophie, le droit international, et bien d'autres encore... Il est bien-sûr impossible de tout maîtriser à la perfection, et je suis moi-même loin d'être instruit à égalité sur l'ensemble de ce qui précède. Je savoure cependant régulièrement cette opportunité, qu'offre l'étude de la Yougosphère, de pouvoir m'ouvrir ainsi à de nombreux satellites du sujet principal.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">J'inaugure aujourd'hui une nouvelle rubrique dans ce blog, "les Détours de Yougosonic" dont l'idée est d'aborder occasionnellement certains de ces "satellites", d'offrir des prolongements, digressions, compléments, miroirs ou comparaisons au sujet principal. Celui-ci ne disparaîtra pas mais sera présent en filigrane. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Premier essai avec un détour par la Russie, et sa redoutée force de frappe médiatique officielle.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
<br />
<a name='more'></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Parmi les régions du monde qui demandent un suivi attentif, en parallèle à celui que l'on effectue sur l'ex-Yougoslavie, la Russie et l'ancienne URSS sont en effet incontournables. Cela peut sembler paradoxal vu que la Yougoslavie n'a jamais fait partie de ce qu'on appelait le "bloc soviétique", et s'est même inscrite en rupture avec celui-ci, mais le paradoxe n'est qu'apparent. Que ce soit par la langue, l'histoire, la culture, la géopolitique, le passé ou le présent, la Yougosphère et l'ex-URSS sont liées en de nombreux aspects, fussent-ils parfois contradictoires ou conflictuels. </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La Russie est proche en particulier des peuples yougoslaves de culture orthodoxe, Serbes en tête, même si cette proximité est parfois exagérée, tant sur place qu'en Occident. Contrairement à certains discours identitaires et religieux en Serbie, et à la vision réductrice d'un "monde orthodoxe" homogène qui domine en Occident, tous les Serbes ne sont pas de farouches partisans de l'ancrage de leur pays dans la sphère d'influence russe, et certains même la redoutent, que ce soit par nostalgie de la voie indépendante yougoslave, conscience des différences mutuelles, méfiance envers les tendances impérialistes russes, sensibilité démocratique ou orientation pro-occidentale. Ceci exposé, il y a bien un regain des affinités russo-serbes, en partie ranimé par les guerres des années 90, puis renforcé ensuite par l'absence de perspectives de changement en Serbie, par l'"humiliation" que constitue l'indépendance du Kosovo, ou encore par la bienveillance de l'Occident envers les pouvoirs serbes successifs, jugés, non à tort, incompétents et corrompus. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le "grand frère" russo-orthodoxe, avec ce talent qu'il faut lui reconnaître à flairer le vide et le désarroi, est ainsi venu placer ses pions économiques, politiques, médiatiques et culturels, sans rencontrer de résistance farouche. Ce renforcement des liens russo-serbes constitue aujourd'hui une lame de fond indéniable qu'il serait malhonnête de nier ou de minimiser. </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Hors régions de tradition orthodoxe, la Russie séduit aussi des niches idéologiques dans la pourtant très catholique Croatie, comme par exemple chez certains militants de </span><a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2014/12/iconoclasmes-3-la-nuit-des-murs-vivants.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Zivi Zid</span></a><span style="color: #fce5cd;">,</span><span style="color: #fff2cc;"> ou, comme ailleurs dans le monde, dans des nébuleuses conspirationnistes ou confusionnistes. Cette conquête de parts de marché idéologiques par la Russie, assortie des autres liens évoqués (histoire, langue, etc.), justifie à elle seule cette attention que le yougophile se doit d'accorder à la Russie et à l'ex-URSS.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5ap9uX6w6TwpocTqEVQ90LadDMfAHt9-nPEFt8lukj0u0Q9eXld_I5VKodKhfmjrS4S68RUkIPVGMg_u8GANwMF_AChVBOvleUioEfc5t01_KPX6KHFDGwFF5ql_wMvVj_E99Q2epKqY/s1600/gaspromnjeft_620x0.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="424" data-original-width="620" height="218" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj5ap9uX6w6TwpocTqEVQ90LadDMfAHt9-nPEFt8lukj0u0Q9eXld_I5VKodKhfmjrS4S68RUkIPVGMg_u8GANwMF_AChVBOvleUioEfc5t01_KPX6KHFDGwFF5ql_wMvVj_E99Q2epKqY/s320/gaspromnjeft_620x0.jpg" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc;">Siège serbe de Gazprom à Belgrade</span></i></div>
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cependant, suivre les affaires russes et post-soviétiques pose de nos jours un certain nombre de problèmes</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">aux "progressistes" attachés aux libertés civiques, et estimant que la question tchétchène ou LGBTIQ ne se règle pas en butant du pédé caucasien dans les chiottes. La réticence se ressent aussi chez certains </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">contempteurs, comme moi, de l'Occident ultralibéral et de l'impérialisme US, qui </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">trouvent </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">côté russe </span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">autant d'impérialisme détestable et dangereux , de libéralisme décomplexé (sauce mafieuse), </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">et ne voient pas en eux une alternative séduisante, au vu de leurs déclinaisons musclées en interne, et parfois carrément saignantes en externe. Même si le tout est dissimulé derrière le visage avenant des speakerines de Russia Today, ou les </span><a href="https://fr.rbth.com/ps/2017/08/21/persistant-mais-pas-insistant-comment-conquerir-les-femmes-russes_826134" target="_blank"><span style="color: #e06666;">tuyaux pour séduire les femmes russes</span></a><span style="color: #fff2cc;">, méthodiquement expliqués par Russia Beyond The Headlines.</span></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBWHeg0tojrMoj0IcGBaLWVFFlUxOH9LGg3z0DhaUsN6z-jBoyfZXZK9ILQjFjxzGXEtn6qnGhBqwRD2BVPSiqDYNczA4Yk6RZhIPJZv52taJyZMX2e-a1T-EwlXnLQfOYQMkfqRAbTYw/s1600/maxresdefault.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="1280" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBWHeg0tojrMoj0IcGBaLWVFFlUxOH9LGg3z0DhaUsN6z-jBoyfZXZK9ILQjFjxzGXEtn6qnGhBqwRD2BVPSiqDYNczA4Yk6RZhIPJZv52taJyZMX2e-a1T-EwlXnLQfOYQMkfqRAbTYw/s400/maxresdefault.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans le grand brouhaha porte-nawak du web 2.0, où l'avis de Patrick Jeanfoutre, pilier de comptoir virtuel déblatérant depuis son F1 de Champigny sur Marne, est mis au même niveau qu'une thèse de troisième cycle ayant fait date dans le domaine de compétence de son auteur, ce qui nous arrive de et à propos de la Russie est de nos jours globalement aussi imbuvable que les vodkas frelatées qui déciment le petit peuple russe. On y perçoit le goût du mensonge, l'odeur de la manipulation, ainsi que les poisons du conspirationnisme, du néo-autoritarisme, du réactionnarisme religieux ou néo-paganiste, tous déguisés en pseudo alternatives (géo)politiques innovantes, par les âmes errantes du grand vide intellectuel et politique de notre société à bout de souffle, post-ceci et post-cela (post-communiste, post-démocratique, post-moderne, post-idéologique...). </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les voix indépendantes, progressistes, citoyennes, "alternatives" de la Russie et de l'ex-URSS sont quasi inaudibles. La difficulté est la même pour les travaux et analyses de spécialistes de ce territoire, originaires de là bas ou occidentaux, professionnels (universitaires, journalistes...) ou amateurs (blogueurs...), mais ayant tous en commun de servir la recherche, la culture, le dialogue, la compréhension de l'autre, et non les intérêts du Kremlin ou les délires messianiques grand-russes.</span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le problème a pris une telle proportion que même en essayant de combattre la propagande et le soft-power poutiniens, on finit par l'alimenter et même par lui donner une forme de crédit. Les médias "kremlinistes" et leurs supporters l'ont bien compris en hurlant à la censure, au déni de démocratie (qu'ils défendent vigoureusement quand elle les arrange, alors qu'autrement, ils la dédaignent), ou au commentaire biaisé chaque fois qu'on les attaque, selon une mécanique désormais bien rodée. On passe désormais le plus clair de son temps à démentir et à démonter les mensonges poutinophiles, dans des débats souvent sans fin et virant au dialogue de sourds. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">De son côté, le discours occidental "mainstream" sur la Russie, désormais omnibulé par Poutine et sa propagande, ainsi que par de nombreux clichés au delà du politique, peine volontiers à proposer d'autres angles et regards, que celui d'un pays arriéré, misérable, souffrant d'éthylisme congénital et dont la seule modernité est celle, tapageuse et vulgaire, des nouveaux riches. Loin de moi de dire que tout va bien en Russie et que tout ce qui précède est complètement faux. Le tableau général est effectivement assez sombre et inquiétant. Cependant, ce narratif demeure malgré tout assez caricatural, et manque volontiers de nuances et de mises en perspective. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A titre d'exemple, on présente souvent Poutine comme un leader fascistoïde et nationaliste, alors que, pour faire court, il s'avère être davantage un opportuniste "désidéologisé", qui joue la carte, toujours payante, du nationalisme et de l'autoritarisme, pour se maintenir au pouvoir et maintenir au pouvoir la petite oligarchie corrompue et mafieuse dont il fait partie, née de la transition post-communiste. J'y reviens plus bas.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Face à cet état des lieux du discours sur la Russie et l'ex-URSS, d'ici ou de là-bas, je ne prétends pas avoir de solution 100% miracle. L'une d'elle néanmoins me semble être de tout simplement donner à entendre d'autres voix de et sur la Russie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">A l'heure où arrive en France </span><a href="https://www.courrierinternational.com/article/entretien-rt-france-est-un-media-de-diplomatie-demagogique" target="_blank"><span style="color: #e06666;">la chaîne putaclique poutinienne "Russia Today"</span></a><span style="color: #fff2cc;">, Yougosonic, dans son infinie bonté, a choisi de partager ici une petite sélection de personnes et de sites à suivre sur le net. Patiemment constituée au fil du temps, c'est une sélection subjective de personnes et de sites d'horizons et de profils divers, s'inscrivant dans des positionnements politiques variés, allant en gros du centrisme pro-UE à l'extrême-gauche libertaire, en passant par la recherche universitaire et les travaux de simples passionnés. Ce sont aussi bien des sources issues de l'ex-URSS, que d'Occident, et elle sont principalement en anglais. Un certains nombres d'entre elles sont sur facebook; désolé pour les anti-tronchelivre, mais ce réseau social, même s'il contribue largement au gros n'importe quoi actuel et à la notoriété des Patrick Jeanfoutre sus-évoqués, accueille aussi ça et là des gens compétents, intelligents, instruits, modérés, qui font l'effort de partager leur connaissance et leurs idées auprès du plus grand nombre. Nous nous devons de les soutenir. Last but not least, certaines de ces sources traitent aussi en parallèle de l'ex-Yougoslavie, c'est donc parfois un double jack-pot que de les suivre.</span></span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le but de cette sélection est donc d'offrir divers angles d'approches permettant de mieux connaître et comprendre la Russie et l'ex-URSS, sans pour autant que ces sources renardent </span><a href="http://staticr1.blastingcdn.com/media/photogallery/2015/6/2/660x290/b_586x276/vladimir-poutine-adore-s-exhiber-torse-nu_375149.jpg" target="_blank"><span style="color: #e06666;">le torse suant de Vlad</span></a><span style="color: #fff2cc;"> après la chasse à l'ours, ou que l'on risque de tomber sur un poil de la longue barbe d'</span><a href="http://anton-shekhovtsov.blogspot.fr/2014/02/russian-fascist-aleksandr-dugin-is.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Alexandre Douguine</span></a><span style="color: #fff2cc;">, l'illuminé théoricien du néo-</span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Eurasisme" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Eurasisme</span></a><span style="color: #fff2cc;">, et coqueluche de toute une nébuleuse fascistoïde et conspirationniste..</span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div style="text-align: center;">
<span style="color: #e06666; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><a href="http://www.shekhovtsov.org/index.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Anton Shekhovtsov</span></a></b></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYZ8_oE5P17TGJjUvzpnIpppI6WMWgpfMq10SYyn1Go6gR2WUlZfs3AadC14EEOEardESSdenFaSFT4G0Udu6sgx9Hqruy8Ts2OpXCLF6jXbTBNgoaUvlQFMAQhT-5zBThOjeYWNJG9x8/s1600/Anton+Shekhovtsov.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="400" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYZ8_oE5P17TGJjUvzpnIpppI6WMWgpfMq10SYyn1Go6gR2WUlZfs3AadC14EEOEardESSdenFaSFT4G0Udu6sgx9Hqruy8Ts2OpXCLF6jXbTBNgoaUvlQFMAQhT-5zBThOjeYWNJG9x8/s320/Anton+Shekhovtsov.jpg" width="320" /></span></a></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Découverte récente mais devenu très vite ma principale source sur la Russie et l'ex-URSS, ce chercheur ukrainien partage actuellement son temps entre l' "Institut für die Wissenschaften vom Menschen" de Vienne (Institut des Sciences de l'Homme) et le University College de Londres. Le domaine de recherche de Shekhovtsov n'est pas directement l'espace post-soviétique. Son coeur de métier, ce sont les extrêmes-droites et les néo-fascismes contemporains, qu'il explore de manière très approfondie et originale: il y en a plusieurs et ils s'expriment sous plusieurs formes, d'où l'usage ici du pluriel. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Shekhovtsov s'intéresse volontiers, comme moi, aux liens, fussent-ils empreints de soufre, entre contre-cultures et politique: il a ainsi </span><a href="http://www.shekhovtsov.org/articles/Anton_Shekhovtsov-Apoliteic_Music.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">analysé de façon remarquablement fouillée</span></a><span style="color: #fff2cc;"> les subtiles entreprises de (re)conquête du champ intellectuel et culturel par la branche </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">de l'extrême-droite</span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> influencée par </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernst_J%C3%BCnger" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ernst Jünger</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> et </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Julius_Evola" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">J</span></a><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Julius_Evola" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ulius Evola</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, deux écrivains cultes dans les milieux intello-fascistes. Cette branche, pour faire court, considère que le grand jour du retour à l'ordre autoritaire et national n'est pas encore arrivé, mais qu'il se prépare activement dans l'ombre. Pour ce faire, elle se livre entre autres à un noyautage de niches musicales underground ultra-confidentielles comme les scènes </span><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Neofolk" style="font-family: georgia, 'times new roman', serif;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">"néofolk" et "martial industrial"</span></a><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. Un excellent boulot qui démontre, si besoin en était, que cette inquiétante reconquête se fait au delà du classique champs socio-médiatico-politique, dans les marges les plus obscures et sous le visage toujours excitant de la subversion. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Avec une telle approche, Shekhovtsov ne pouvait que me "parler", mais au delà des subcultures, le chercheur enquête aussi avec beaucoup de pertinence sur les liens entre la Russie de Poutine, le néo-Eurasisme de Douguine, et les droites extrêmes européennes. Des liens à la fois idéologiques, politiques et économiques, qui, contrairement à ce que l'on pense souvent, remontent au XXe siècle et à l'émergence de l'Union Soviétique. C'est le sujet de son dernier ouvrage, "</span><a href="http://www.tango-noir.com/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Russia and the Western Far-Right: Tango noir</span></a><span style="color: #fff2cc;">", qui, cocorico dont on se passerait, affiche Marine Le Pen en couverture, serrant la main de Vladimir Poutine. </span></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibEQNLyiTjTzbhCUTUeivLJAYPdmM7BAyyZWfHqExrVwtbgdnW8Egj9wKSxxZaxrNAeEAKqAgNduBlwSY0ajQ7_V88kakJ38ZRiJPqbkL06l_guOlLyXJ78yc_AzH8dd3Fx6EjIsr-QT4/s1600/Russia+and+the+Western+Far+Right.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="333" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibEQNLyiTjTzbhCUTUeivLJAYPdmM7BAyyZWfHqExrVwtbgdnW8Egj9wKSxxZaxrNAeEAKqAgNduBlwSY0ajQ7_V88kakJ38ZRiJPqbkL06l_guOlLyXJ78yc_AzH8dd3Fx6EjIsr-QT4/s320/Russia+and+the+Western+Far+Right.jpg" width="212" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Malgré ce clin d'oeil rappelant les liaisons bien connues du FN français avec la pouvoir russe, ce livre d'un haut intérêt n'est pour l'instant pas disponible en français. Si vous lisez bien l'anglais, on peut le commander par </span><a href="https://www.routledge.com/Russia-and-the-Western-Far-Right-Tango-Noir/Shekhovtsov/p/book/9781138658646" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Shekhovtsov publie aussi abondamment sur le net. Son </span><a href="http://anton-shekhovtsov.blogspot.fr/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">blog</span></a><span style="color: #fff2cc;"> comme son </span><a href="https://www.facebook.com/anton.shekhovtsov?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">compte facebook</span></a><span style="color: #fff2cc;"> sont des mines d'information et de réflexion, non seulement sur les extrêmes droites et leurs avatars complotistes, confusionnistes, ésotériques ou, comme évoqué ci-dessus, contre-culturels, mais aussi sur la Russie, l'espace post-soviétique et l'Europe de l'Est, des régions que Shekhovtsov connaît à la perfection. Même sur </span><a href="https://www.facebook.com/anton.shekhovtsov?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">facebook</span></a><span style="color: #fff2cc;">, le moindre de ses posts donne à penser et ouvre des horizons. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">C'est Shekhovtsov qui, récemment, a démontré que Poutine est davantage un opportuniste à la tête d'une "kleptocratie" dont il assure la survie, qu'un véritable nationaliste, dans une </span><a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/261117/la-russie-de-poutine-une-kleptocratie-sans-ideologie" target="_blank"><span style="color: #e06666;">éclairante interview à Médiapart</span></a><span style="color: #fff2cc;">. </span><br /><br /><span style="color: #fff2cc;">Voix politiquement modérée et intellectuellement rigoureuse, Shekhovtsov est une personne à suivre impérativement!</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Autres sources russes/post-soviétiques</b></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhuLPp0pDoq2c2iDRqKkWMCVn_tUmFee69t2QrNY1YfQVA5l0QTXiCSeZpxKGFVp6NoK7oRGBY20AU-kbIWznAtRx_H-SRwoe_gP94IaOo8tMw4ssoSTPeCfRmDPRK1CVIwHiIF8esz60/s1600/intersection.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="402" data-original-width="1600" height="80" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhuLPp0pDoq2c2iDRqKkWMCVn_tUmFee69t2QrNY1YfQVA5l0QTXiCSeZpxKGFVp6NoK7oRGBY20AU-kbIWznAtRx_H-SRwoe_gP94IaOo8tMw4ssoSTPeCfRmDPRK1CVIwHiIF8esz60/s320/intersection.jpg" width="320" /></span></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">"Réduire le fossé entre Russie et Occident (...) dans un dialogue honnête et respectueux", telle est l'ambition d'</span><a href="https://www.facebook.com/anton.barbashin" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Anton Barbachine</span></a><span style="color: #fff2cc;">, un jeune journaliste russe de Novosibirsk. Cette ambition se concrétise via "</span><a href="http://intersectionproject.eu/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Intersection</span></a><span style="color: #fff2cc;">", un magazine en ligne bilingue anglais-russe qui fédère journalistes et experts russes et étrangers, déjà établis ou de la nouvelle génération, dont le journal entend porter le regard et les préoccupations. On y traite principalement de politique, d'économie, de droit et de société, avec un regard critique quant au pouvoir et à la démocratie de façade de celui-ci : lire par exemple leur récent </span><a href="http://intersectionproject.eu/article/politics/putins-150-promises" target="_blank"><span style="color: #e06666;">article</span></a><span style="color: #fff2cc;"> gentiment ironique sur les 150 promesses de Poutine, qui, tenues ou non, ne prédisent pas "un futur brillant pour les Russes", ou encore </span><a href="http://intersectionproject.eu/article/politics/surveillance-russia" target="_blank"><span style="color: #e06666;">sur la surveillance des citoyens en Russie</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Intéressants points de vue russes "from the inside", sans que cela ne soit "le" point de vue russe officiel. Intersection est bien-sûr aussi sur </span><a href="https://www.facebook.com/IntersectionRU/?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">facebook</span></a><span style="color: #fff2cc;">.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Pour les courageux, quelques sources un peu plus pointues et spécialisées: citons le "</span><a href="http://www.jspps.eu/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Journal of Soviet and Post Soviet politics and society</span></a><span style="color: #fff2cc;">", rendez vous de chercheurs travaillant sur l'espace post-soviétique. La </span><a href="https://www.facebook.com/JSPPS/?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">page facebook</span></a><span style="color: #fff2cc;"> publie certains articles de ce qui est à la base une revue. Notons que l'équipe éditoriale est composée à la fois d'Occidentaux et de personnes de l'ex-URSS. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">On pourra aussi jeter occasionnellement un oeil sur "</span><a href="https://www.facebook.com/abimperionet/?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ab Imperio: The network of empire and nationalism studies</span></a><span style="color: #fff2cc;">", là aussi un rendez-vous d'universitaires russes et post-soviétiques dont la page souhaite promouvoir le regard et les analyses, dans une perspective de promotion de la démocratie, et de décryptage des questions liées à l'impérialisme et au nationalisme dans cette région du monde.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_q5RazEdxg8OY3E1sJOfCgxZHh8jCCyzTAp_cbWHuHDicvmAYfpUZJvxJ7vFNTlhlLW0QM6polF_KlqijNm1stkcXC-I4wbC5ORRkzmxjkD59dziEGlEHizLuQm9bqqHG0rP7bqz1ICU/s1600/Avtonom.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="807" data-original-width="478" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_q5RazEdxg8OY3E1sJOfCgxZHh8jCCyzTAp_cbWHuHDicvmAYfpUZJvxJ7vFNTlhlLW0QM6polF_KlqijNm1stkcXC-I4wbC5ORRkzmxjkD59dziEGlEHizLuQm9bqqHG0rP7bqz1ICU/s320/Avtonom.jpg" width="189" /></span></a></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>La voix des "autonomes" russes</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Avant de passer à quelques sources américaines, britanniques et françaises, on recommandera encore de suivre la </span><a href="https://www.facebook.com/avtonom.org/?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">page</span></a><span style="color: #fff2cc;"> et le </span><a href="https://avtonom.org/en" target="_blank"><span style="color: #e06666;">site</span></a><span style="color: #fff2cc;"> "Avtonomoyé Deïstvié" ("Action autonome"), qui développe sur le web, en russe et en anglais, le travail, les thèmes et les débats qui agitent la mouvance dite "autonome", russe et post-soviétique. Derrière ce terme d' "autonome" effrayant le bourgeois et la presse occidental qui le résument, pas complètement à tort, il est vrai, à des casseurs cagoulés faisant le coup de poing en manif, le site et la page se revendiquent du communisme libertaire. Même si l'on n'est pas un partisan de cette orientation idéologique, on trouvera chez Avtonomoyé Deïstvié d'instructives informations sur les courants politiques marginaux de gauche, à l'oeuvre dans l'espace post-soviétique, et en particulier sur le militantisme antifasciste, qui mérite attention et soutien, car il existe et lutte activement, malgré un manque de moyens évidents, une absence de relais médiatiques, et les violences conjointes de la police et des bandes fascistes/nazies que le pouvoir réprime très mollement. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 56.25%; position: relative;">
<iframe allow="encrypted-media" allowfullscreen="" frameborder="0" gesture="media" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/F_qmZOZsiyk?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="640"></iframe></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><a href="https://www.facebook.com/moscowdeathbrigade/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Moscow Death Brigade</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (MDB) est l'une des figures de la scène antifasciste russe. </span></i></span><i style="color: #fff2cc; font-family: georgia, 'times new roman', serif;">C'est un mélange de rap, de punk et de hardcore qui pète à la gueule. </i><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>N.B.: les cagoules, c'est pas pour se la jouer "attention, nous on est des vrais durs!", mais une nécessité: beaucoup d'antifas russes s'affichent masqués en manif pour ne pas être reconnus. En effet, les nazis et fascistes russes n'hésitent pas à tuer. </i></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">A lire, la </span><a href="http://tantquillefaudra.org/actu/article/rencontre-avec-what-we-feel-et" target="_blank"><span style="color: #e06666;">très intéressante interview de MDB et de leurs confrères de What we feel</span></a><span style="color: #fff2cc;"> réalisée lors de leur concert à Paris en 2014.</span></i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Regards américains et britanniques</b></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzNjoX5dD6Isf-d1cKxalqmxgwQqbyPmXYEgwRIGZBYPGcqOxe9N3Hg1oPixGi3AifINftn3t5HxFdP4-U35nKLlXvrUNNeXOLPBkdYoPT12UDtGUdz6zpYu3fT6nMI_oTbvIHo0WERCg/s1600/Sean+Guillory.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="960" data-original-width="960" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhzNjoX5dD6Isf-d1cKxalqmxgwQqbyPmXYEgwRIGZBYPGcqOxe9N3Hg1oPixGi3AifINftn3t5HxFdP4-U35nKLlXvrUNNeXOLPBkdYoPT12UDtGUdz6zpYu3fT6nMI_oTbvIHo0WERCg/s200/Sean+Guillory.jpg" width="200" /></span></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Contrairement au cliché tenace sur les Américains ignares, russophobes primaires et incapables de comprendre l'Europe, les Etats-Unis offrent des sources d'information passionnantes et très bien informées sur la Russie et l'ex-URSS. On suivra ainsi avec intérêt </span><a href="http://seansrussiablog.org/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">le blog de Sean Guillory</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (image ci-contre) diplômé d'histoire russe à l'université de Pittsburgh. Ce blog aborde la Russie via des podcasts où divers intervenants compétents s'expriment sur des sujets comme </span><a href="http://seansrussiablog.org/2017/10/16/russian-lgbtq-and-new-left-activism/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">le mouvement LGBTIQ et la "nouvelle gauche" en Russie</span></a><span style="color: #fff2cc;">, </span><a href="http://seansrussiablog.org/2017/10/30/american-history-through-russian-eyes/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'histoire américaine vus par les russes</span></a><span style="color: #fff2cc;">, </span><a href="http://seansrussiablog.org/2017/09/29/antisemitism-and-the-russian-revolution/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'antisémitisme et la Révolution</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ou encore </span><a href="http://seansrussiablog.org/2017/09/16/feminists-in-the-maidan/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">la place des féministes dans le mouvement Maïdan</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Avec ces deux comptes facebook, </span><a href="https://www.facebook.com/seansrussiablog/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">celui de son blog</span></a><span style="color: #fff2cc;">, et celui de son </span><a href="https://www.facebook.com/profile.php?id=549653824" target="_blank"><span style="color: #e06666;">profil perso</span></a><span style="color: #fff2cc;">, Guillory offre de nombreux angles de compréhension et de réflexion. Ses points de vue sont équilibrés et font la part des choses, y compris concernant Poutine et le soft-power médiatique russe. Son travail s'inscrit dans une perspective plutôt de gauche, mais indépendante de tout dogme et parti, et capable de porter un regard autocritique. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Toujours aux USA, </span><a href="https://thecharnelhouse.org/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">The Charnel House</span></a><span style="color: #fff2cc;"> est un site/blog passionnant, très touffu mais très fouillé. Rien de charnel ni d'érotique, "charnel house" est un faux ami en anglais et désigne un ossuaire ou un charnier... Ce curieux nom est tiré d'une citation de Le Corbusier: "Notre monde, comme un ossuaire, est couvert des détritus d'époques mortes". Indéfinissable cabinet de curiosité en ligne, ce blog se pique d'architecture (d'où la référence à Le Corbusier), d'avant garde, d'histoire, de philosophie, d'utopie et de réflexions politiques de gauche. Le tout avec une curiosité affichée pour l'ancienne Europe communiste, qui fut précisément le berceau de certaines avant-gardes artistiques et intellectuelles. Si l'on n'y traite pas que de la Russie et de l'URSS, ce territoire bénéficie toutefois de nombreuses </span><a href="https://thecharnelhouse.org/?s=Russia&submit=Search" target="_blank"><span style="color: #e06666;">entrées</span></a><span style="color: #fff2cc;">, où il est abordé hors des sentiers battus. Il faut un peu fouiner via le moteur de recherche du blog, ou en surfant sur celui-ci, mais l'exploration vaut en général le détour. Double jack-pot, on y trouve aussi quelques articles liés à l'ex-Yougoslavie, notamment </span><a href="https://thecharnelhouse.org/2016/04/24/slavoj-zizek-on-the-refugee-crisis-a-critique/#more-31923" target="_blank"><span style="color: #e06666;">un point de vue critique bien argumenté</span></a><span style="color: #fff2cc;"> concernant le bouillonnant mais parfois controversé philosophe slovène Slavoj Zizek. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYee_yjVqKbwWQQUFjk52jjJv_21w3JP5YU4XLxsHBZtN-h25rQiK-qGlVvw5MBjZG4YxG0yNOaaQrmcBvEaHthlcWIbZaT_3RZ7Cr1hmvId7gfHPkv8viIucQnDRACFCk2I1FwmKZ8UA/s1600/punk+in+Russia.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="439" data-original-width="566" height="248" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYee_yjVqKbwWQQUFjk52jjJv_21w3JP5YU4XLxsHBZtN-h25rQiK-qGlVvw5MBjZG4YxG0yNOaaQrmcBvEaHthlcWIbZaT_3RZ7Cr1hmvId7gfHPkv8viIucQnDRACFCk2I1FwmKZ8UA/s320/punk+in+Russia.jpg" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Des punks à Volgograd, 1988.</i></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">On piochera aussi des infos intéressantes sur la page facebook </span><a href="https://www.facebook.com/Russianpunkbook/?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">"Russian punk book"</span></a><span style="color: #fff2cc;">, animée par Alexander Herbert, un autre américain russophone et russophile, passionné par la scène punk russe et soviétique, laquelle n'a pas à rougir de sa dynamique passée comme présente. "Russian punk book" est la page correspondant au livre éponyme, publié à compte d'auteur et via un crowdfunding par Alexander Herbert. On parle fatalement beaucoup de punk sur la page comme sur </span><a href="https://www.facebook.com/HavocHerbert?ref=ts&fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">le profil d'Herbert</span></a><span style="color: #fff2cc;">, ce qui donne des clés intéressantes sur la Russie via le prisme de cette contre-culture. De temps en temps cependant, Herbert commente d'autres visages de la Russie contemporaine, avec une rigueur et une volonté de faire la part des choses similaires à celles de Sean Guillory. </span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">De notre côté de l'Atlantique, les Britanniques ne sont pas en reste dans l'exploration du monde russo-ex-soviétique. Un très bon site en la matière est </span><a href="https://www.opendemocracy.net/od-russia" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Open Democracy Russia</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (ODR), basé à Londres et lié au groupe "</span><a href="https://www.opendemocracy.net/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Open Democracy</span></a><span style="color: #fff2cc;">", proche des travaillistes britanniques, et soutenu par diverses fondations dont </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Avaaz.org" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Avaaz</span></a><span style="color: #fff2cc;"> et celle de George Sörös (liste des partenaires </span><a href="https://www.opendemocracy.net/about/supporters" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">). Comme son nom l'indique, Open Democracy promeut les valeurs de la démocratie à l'occidentale et une "société ouverte", avec une forte sensibilité aux droits de l'homme. ODR décline les mêmes axes par rapport à la Russie et à l'ex-URSS. On y trouve des informations et des points de vue de plumes, aussi bien occidentales qu'issues de l'ex-URSS, sur la société, les minorités, la politique, les mouvements citoyens, etc. Le tout volontiers hors des sentiers battus, centré sur des thématiques contemporaines, et dans le style exigeant, rigoureux et factuel qu'on attribue souvent à l'approche anglo-saxonne. On peut aussi suivre ODR sur </span><a href="https://www.facebook.com/openDemocracyRussia/?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">facebook</span></a><span style="color: #fff2cc;">.</span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Autre média s'exprimant depuis Londres, et plus précisément depuis la Calvert Street qui lui donne son nom, </span><a href="http://www.calvertjournal.com/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">The Calvert Journal</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (TCJ) a été fondé en 2009 par l'économiste d'origine russe </span><a href="http://www.balticweekend.com/en/program-2014/Speakers2013/Materkova12" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Nonna Materkova</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Autoproclamé "A guide to the New East"("Un guide pour le Nouvel Est"), TCJ aborde l'ensemble de l'Europe de l'Est, le Caucase et l'Asie Centrale, via un prisme essentiellement socioculturel: on y traite de musique, de photo, de cinéma, de divertissement, de tourisme, de cultures alternatives, etc. avec une volonté de présenter les territoires explorés de façon positive, moderne, et pourquoi pas optimiste, sans toutefois ignorer les problématiques et difficultés locales... Les entrées sur la Russie et les pays de l'ex-URSS, territoire largement abordé, sont disponibles via le moteur de recherche interne au site (pictogramme en forme de loupe à droite), en tapant le nom du pays qui vous intéresse. Là encore, double bingo, on y traite bien-sûr aussi de l'ex-Yougoslavie (même principe, passer par le moteur de recherche).</span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Toujours au Royaume Uni, on pourra s'abonner ou simplement jeter un oeil au </span><a href="https://www.facebook.com/tuesday.weld.71?fref=pb&hc_location=profile_browser" target="_blank"><span style="color: #e06666;">compte facebook de Stephen Coates</span></a><span style="color: #fff2cc;">, musicien au sein du groupe "</span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=AftJbE79R8g" target="_blank"><span style="color: #e06666;">The Real Tuesday Weld</span></a><span style="color: #fff2cc;">", mais aussi documentariste, et auteur à ce titre d'un passionnant court-métrage sur un phénomène méconnu, à savoir le recyclage en URSS de vieux films radiographiques pour y graver la musique interdite, qu'elle soit soviétique ou occidentale. Ce fut bien-sûr un phénomène totalement underground, mais les passionnés qui s'y livraient, récupérant des radiographies dans les poubelles des hôpitaux, et dealant ensuite les enregistrements au coin d'une rue, comme d'autres dealent de la drogue, risquaient gros pour un morceau des Beatles ou la chanson d'un barde dissident. Le documentaire est en accès libre </span><a href="http://www.thevinylfactory.com/vinyl-factory-films/x-ray-audio-soviet-bootleg-records-documentary/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;"> ou ci-dessous.</span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 56.25%; position: relative;">
<iframe allow="encrypted-media" allowfullscreen="" frameborder="0" gesture="media" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/XMCCYnDvpJQ?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="640"></iframe></div>
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
</div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Si le compte de Stephen Coates se consacre essentiellement à l'actualité de ce film, on y trouve occasionnellement des infos sur la Russie, la culture russe d'hier et d'aujourd'hui, etc. </span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjldpiCd1CvvdqcUNZv4XuXNXQ2VBsNqnNy3Nz7xyq2BR5JmzemCkpU_H8i6YvoRsrzCM6-KdRkXnkDcuv1U2BC2npRc8lIkZ7J7IzkENuYSF6ePxyETDogwvrMkc89THAgCNEFFpDHcg4/s1600/Lasha+Tsertsvadze.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="800" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjldpiCd1CvvdqcUNZv4XuXNXQ2VBsNqnNy3Nz7xyq2BR5JmzemCkpU_H8i6YvoRsrzCM6-KdRkXnkDcuv1U2BC2npRc8lIkZ7J7IzkENuYSF6ePxyETDogwvrMkc89THAgCNEFFpDHcg4/s400/Lasha+Tsertsvadze.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Visages du monde "post-pravda"...<br />Ici dans le métro de Tbilissi</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Photo de (c) Lasha Tzersvadze, </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>glanée dans Postpravda magazine (voir ci-dessous)</i></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Entrez dans la dimension "post-pravda"!</b></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Toujours en anglais dans le texte, mais de provenance géographique non identifiée, je recommande aussi la lecture de l'excellent </span><a href="http://www.postpravdamagazine.com/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Postpravda Magazine</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Ce journal en ligne a pour ambition de s'inscrire dans ce fameux monde "post-" qui serait celui dans lequel nous vivons: un monde incertain, mouvant, fragile, désillusionné, soi-disant "désidéologisé. Le magazine raccroche cet état des lieux global du monde avec le vécu des sociétés post-communistes. Il suggère ainsi, non sans pertinence selon moi, que les mutations survenues en Europe de l'Est avec la chute du communisme, l'écroulement de l'URSS puis de la Yougoslavie, outre qu'elles ont cruellement démenti la promesse de progrès, de liberté et de bien-être dans ces régions d'Europe, sont désormais à l'oeuvre aussi en Occident. </span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans ce constat sombre et sans illusion, la vérité, les certitudes, c'est à dire ce que l'on tenait pour acquis, n'est plus, ou bien est sujet à caution. </span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En Russe, la vérité se dit "Pravda". C'était le nom du grand quotidien communiste soviétique, donnant chaque jour "la vérité" à une population, qui ne croyait pas forcément ou intégralement cette vérité, mais dont c'était malgré tout le cadre de référence organisant le vécu. Malgré l'absence de libertés et de nombreuses autres contraintes, cette vérité avait aussi sa dimension de "confort", que ce soit dans le travail pour tous, les loisirs, l'éducation et la culture pris en charge, ou dans la possibilité de vivre sans trop se poser de question, ce qui était d'ailleurs préférable au demeurant. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">N'était ce pas un même confort, malgré quelques différences notables, à l'oeuvre en Occident, où l'on pouvait aussi vivre sans se poser trop de questions, et peut-être même cela aussi était-il au demeurant préférable ? Non pas que l'on risquait la prison, mais peut-être que l'on risquait le danger, l'angoisse, le précipice béant des possibles que représente l'affranchissement de l'absurde société de consommation? </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Vaste débat que l'on laissera ici ouvert avec ces points d'interrogation pour revenir au postulat du magazine qui affirme que nous sommes désormais dans l'ère de la "postpravda". Rien à voir avec la "post-vérité" de Trump, le titre est antérieur à la médiatisation des délires du magnat américain devenu président, et de ses supporters de l' "alt-right". </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Le magazine, derrière le constat sombre et inquiétant sur notre monde, n'est pas non plus dans une vision catastrophiste et pessimiste. Il semble plutôt surfer sur le vieux théorème que les temps de crise sont générateurs de nouveautés excitantes, et de remises en question audacieuses, et c'est cette dimension qu'il entend explorer. Tout cela peut sonner un peu pédant et prétentieux, mais le résultat me semble plutôt réussi, si l'on fait l'effort de s'y pencher. Postpravda creuse profondément dans les méandres et les fissures des sociétés de l'Est, et en ressort des perles originales. On y traite beaucoup d'underground, de marginalités, de minorités socioculturelles, de vies à part dans des bouts du monde en stand-by ou des pays "non officiels" (ex: </span><a href="http://www.postpravdamagazine.com/no-silence-carolina-dutca/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">les LGBTIQ en Transniestrie</span></a><span style="color: #fff2cc;">!); des angles et des thématiques qui ne sont pas étrangers à ceux qu'on affectionne dans ce blog. Le ton et l'approche rappellent un peu le magazine "Actuel" de la grande époque. Bref, "Postpravda" sonnera certes pointu, voire parfois "branché" à celui qui n'est pas familier des thématiques abordées, mais c'est un support indispensable pour découvrir l'ex-URSS dans ses facettes les plus originales et méconnues. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Et là encore bingo dans le bingo, Postpravda traite non seulement aussi de l'ex-Yougoslavie et de l'Europe de l'Est en général, mais plus globalement des différentes régions du monde, avec la même approche hors-gabarit. Un must!</span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Sources francophones</b></span></div>
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On peut aussi s'informer et s'instruire en français sur la Russie et l'ex-URSS. </span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Géré par des chercheurs de l'</span><a href="http://www.inalco.fr/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">INALCO</span></a><span style="color: #fff2cc;"> et des journalistes, le portail </span><a href="http://www.regard-est.com/home/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Regards sur l'Est</span></a><span style="color: #fff2cc;"> fait partie des sources intéressantes en français. Comme son nom l'indique, on y parle de toute l'Europe de l'Est et du Caucase (et donc aussi des </span><a href="http://www.regard-est.com/home/recherche.php?recherche=Balkans" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Balkans</span></a><span style="color: #fff2cc;">). Le traitement se veut informatif et éclairant sur les grandes questions sociales, politiques, économiques, culturelles qui se posent dans ce vaste espace, avec une volonté d'aborder des thématiques originales. L'ensemble est assez factuel et accessible, mais les publications sont épisodiques (toute l'équipe est, comme moi, bénévole). Concernant la </span><a href="http://www.regard-est.com/home/pays.php?pays=6" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Russie</span></a><span style="color: #fff2cc;">, les articles des dernières années portent sur des sujets aussi variés que </span><a href="http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=1625" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'écologie</span></a><span style="color: #fff2cc;">, </span><a href="http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=1693" target="_blank"><span style="color: #e06666;">la (non) célébration de la Révolution d'Octobre</span></a><span style="color: #fff2cc;">, </span><a href="http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=1584" target="_blank"><span style="color: #e06666;">l'interdiction de la lingerie en dentelle</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (!), ou encore la </span><a href="http://www.regard-est.com/home/breve_contenu.php?id=1639" target="_blank"><span style="color: #e06666;">société civile</span></a><span style="color: #fff2cc;">...</span></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">A consulter également, la page web de l'association "</span><a href="https://russie-libertes.org/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Russie-Libertés</span></a><span style="color: #fff2cc;">", qui milite pour une vraie démocratisation de la Russie, suit avec attention et relaye toute information liée aux droits de l'homme, aux libertés civiles dans ce pays. Ce militantisme consiste aussi à organiser des manifestations et des campagnes de sensibilisation sur ce qui se passe en Russie, ou des actions de soutien envers des journalistes ou activistes emprisonnés. L'organisation du site manque à mon sens de clarté pour accéder aux articles de fonds ou aux infos factuelles, répartis sous divers menus (une structuration plus proche d'un blog serait plus lisible). Ces réserves de formes étant exprimées, on trouve sur le site de "Russie Liberté" des infos et des regards éclairants, pas forcément développés ailleurs.</span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">On pourra aussi consulter </span><a href="http://www.conspiracywatch.info/page/1?s=Russie" target="_blank"><span style="color: #e06666;">les entrées concernant la Russie sur Conspiracy Watch</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (CW), l'autoproclamé "observatoire du conspirationnisme". Je ne partage pas toujours à 100% les points de vue et interprétations de </span><a href="https://www.facebook.com/rudy.reichstadt?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Rudy Reichstadt</span></a><span style="color: #fff2cc;">, l'infatigable veilleur/animateur de CW, mais cela n'enlève rien à la qualité globale de l'intense travail de dépistage des différentes formes de complotismes, qu'il décrypte et "debunk" inlassablement. Les articles de CW sur la Russie sont éclairants, et on y trouve </span><a href="http://www.conspiracywatch.info/c-politique-comment-les-medias-russes-rt-et-sputnik-travaillent-en-france_a1766.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">des analyses des liens entre le binôme Russia Today/sputniknews, l'extrême droite et le complotisme, ainsi que sur les méthodes de cette chaîne pour attirer le public occidental</span></a><span style="color: #fff2cc;">. </span></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHAuQ97OPr73WPifbu9nlxn2KGL9o3X1zw0e2iU1ffXJ2-s3JXIX-ZAULI9A2aRIhYi8dXroviZYCO9CRbKpVe28DreaTfLIgKK5vdrPuCpWMg8Msh0qqOa4s01qsUHtgo0s1R6f7RWKs/s1600/ACL_appareil_photo.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="600" height="150" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiHAuQ97OPr73WPifbu9nlxn2KGL9o3X1zw0e2iU1ffXJ2-s3JXIX-ZAULI9A2aRIhYi8dXroviZYCO9CRbKpVe28DreaTfLIgKK5vdrPuCpWMg8Msh0qqOa4s01qsUHtgo0s1R6f7RWKs/s200/ACL_appareil_photo.jpg" width="200" /></span></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Sur facebook, je recommande de suivre le compte d'</span><a href="http://www.cercec.fr/anna-colin.html" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Anna Colin Lebedev</span></a><span style="color: #fff2cc;"> (ACL, photo ci-contre), universitaire spécialiste de l'ex-URSS, et très compétente en particulier sur l'Ukraine (dont elle est, me semble-t-il, originaire..?). ACL tient aussi </span><a href="https://blogs.mediapart.fr/anna-colin-lebedev/blog" target="_blank"><span style="color: #e06666;">un blog chez Médiapart</span></a><span style="color: #fff2cc;">, blog actuellement en sommeil, mais les posts existants sont très intéressants. La chercheuse y partage son regard personnel, et parfois ses sentiments, sur les questions politiques et sociétales de l'Ukraine et de la Russie contemporaines. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">On trouve sur son profil facebook des "debunkings" occasionnels de reportages poutiniquement orientés ou péchant par omission (volontaire?) sur le conflit russo-ukrainien. En disant cela, je ne prétends pas qu'il n'y ait pas de propagande ni de torts de la part du pouvoir ukrainien, que je trouve autoritaire, bananier et corrompu, mais cela ne signifie pas qu'il faille faire preuve de mansuétude idéologique concernant le "camp d'en face", surtout quand c'est, </span><a href="https://www.facebook.com/benoit.vitkine/posts/1486787078057420" target="_blank"><span style="color: #e06666;">comme le révèle le journaliste du Monde, Benoît Vitkine, un ancien du parti néofasciste italien le MSI (aujourd'hui dissous) qui ment à la télévision sur les nombreuses zones d'ombre de Maïdan</span></a><span style="color: #fff2cc;">. By the way, Benoît Vitkine est aussi quelqu'un à suivre sur </span><a href="https://www.facebook.com/benoit.vitkine" target="_blank"><span style="color: #e06666;">facebook</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Il est lui-aussi un bon debunkeur de fakes ou de reportages orientés, et il n'hésite pas, si besoin, à payer de sa personne pour répondre aux trolls poutinophiles.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Toujours sur facebook, citons enfin </span><a href="https://www.facebook.com/pokotilova" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Christine Pokotilova</span></a><span style="color: #fff2cc;">, dont le profil couvre régulièrement la situation en Russie, le rôle de la Russie en Syrie, ainsi que le conflit russo-ukrainien. On y trouve volontiers des infos et des angles que l'on ne trouve pas ailleurs. Pour situer, Christine Pokotilova fut un temps l'animatrice de la page francophone de soutien aux Pussy Riot emprisonnées, page qui ne semble plus être en activité aujourd'hui. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Autres langues en bref et pour finir...</b></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">Je l'évoquais en introduction, tous les Serbes ne sont pas forcément chauds-bouillants quant à la Russophilie en vigueur chez bon nombre de leurs compatriotes. Un </span><a href="https://www.facebook.com/groups/ruska.braca/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">groupe facebook</span></a><span style="color: #fff2cc;"> serbe intitulé "Kakva bre crna majka Rusija???" (prononcer "Kakva bré tseurna maïka roussiya"/à traduire approximativement par "What the fuck que cette histoire de notre foutue mère la Russie???"), fédère les sceptiques et les mécontents du rapprochement russo-serbe. On est sur facebook, pas à un symposium de géopolitique, et donc ça ne vole pas systématiquement très haut. Il y a à boire et à manger...Certains contributeurs se défoulent ou critiquent par le petit bout de la lorgnette, plus qu'ils ne donnent des infos ou points de vue de fond. Ces réserves étant pointées, on trouve toutefois dans le groupe des articles intéressants et des débunkings démentant les supposés bienveillance, liens historiques et soutiens de la Russie. Un ilôt de résistance critique, imparfait mais qui a le mérite d'exister, au milieu d'un océan de sites et de pages glorifiant Poutine et les </span></span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"braća Rusi" (prononcer "bratchya Roussi", "les </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">fr</span></span><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ères russes").</span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix_7dxChYu9zmSJ4umycQ1xb-iw722nHjUJICPWBOHqFJ42doz3zigi7w6bbHqk3-lDQWLWIzt67wJYxM6QfVQhKfXBs25C9I8wxVR8ilu3er77MfUdG-uL97ZYbFIhZPHBJGbjT30_Ko/s1600/patriotski+je+biti+rusofil+koji+cezne+za+EU+pasosem.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="567" data-original-width="480" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEix_7dxChYu9zmSJ4umycQ1xb-iw722nHjUJICPWBOHqFJ42doz3zigi7w6bbHqk3-lDQWLWIzt67wJYxM6QfVQhKfXBs25C9I8wxVR8ilu3er77MfUdG-uL97ZYbFIhZPHBJGbjT30_Ko/s320/patriotski+je+biti+rusofil+koji+cezne+za+EU+pasosem.jpg" width="270" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><span style="color: #fff2cc;">Les contradictions de la société serbe, pointées par le groupe </span></span></span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">"Kakva bre crna majka Rusija???". </span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">en haut, écrit en noir: "Opinion/orientation politique". </span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;"><i>En blanc:</i></span><i style="color: #fff2cc; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">"Le patriotisme [serbe] c'est d'être un russophile qui aspire au passeport de l'UE". </i></div>
<div style="text-align: center;">
<i style="color: #fff2cc; font-family: georgia, 'times new roman', serif; text-align: justify;">Sur la pancarte, en russe: "La mère Russe".</i></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;"><br /></span></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Si vous comprenez l'allemand, c'est chez </span><a href="http://ostpol.de/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Ostpol</span></a><span style="color: #fff2cc;">, autoproclamé "le magazine de l'Europe de l'Est", que vous trouverez des infos et éclairages intéressants sur tout ce territoire et donc aussi sur la Yougosphère. En italien, même principe avec </span><a href="http://www.eastjournal.net/" style="color: #fff2cc;" target="_blank"><span style="color: #e06666;">East Journal</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Lire entre autres </span><a href="http://www.eastjournal.net/archives/87419" target="_blank"><span style="color: #e06666;">cette analyse de "l' influence russe face à la crise de la légitimité occidentale"</span></a><span style="color: #fff2cc;">. </span></span><br />
<span style="color: #fff2cc;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQmtaPVLYu6AwYVM5B567SLleRvecIlT9MiqmT_rcgSx74n0bJK1M1AwpfSPrf_tzcWpmqGrT-qgtCJcdURIVqryoYa1SLLlo03qdX8k-J1ZRUqPJZi3v_Mok4REdaCaDA_ufw3SuLe50/s1600/PieterStockmans.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #fff2cc;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="533" height="150" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQmtaPVLYu6AwYVM5B567SLleRvecIlT9MiqmT_rcgSx74n0bJK1M1AwpfSPrf_tzcWpmqGrT-qgtCJcdURIVqryoYa1SLLlo03qdX8k-J1ZRUqPJZi3v_Mok4REdaCaDA_ufw3SuLe50/s200/PieterStockmans.jpg" width="200" /></span></a></div>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: #fff2cc;">Et pour mes followers de Belgique, flamands, ou francophones comprenant le néerlandais, je conseille </span><a href="https://www.mo.be/search/site/Stockmans" target="_blank"><span style="color: #e06666;">les articles</span></a><span style="color: #fff2cc;"> et </span><a href="https://www.facebook.com/pieter.stockmans?fref=ts" target="_blank"><span style="color: #e06666;">posts facebook</span></a><span style="color: #fff2cc;"> de Pieter Stockmans (photo ci-contre), journaliste à "</span><a href="https://www.mo.be/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">Mondiaal Nieuws</span></a><span style="color: #fff2cc;">", un magazine basé à Bruxelles. Stockmans est un connaisseur avisé de l'Europe de l'Est, ex-Yougo incluse (en particulier de la Bosnie-Herzégovine). Il est aussi compétent dans de nombreux autres domaines. Certains de ses articles sont disponibles </span><a href="https://www.mo.be/en/search/site/Stockmans" target="_blank"><span style="color: #e06666;">en anglais</span></a><span style="color: #fff2cc;"> voire, quoique dans une moindre mesure, </span><a href="https://www.mo.be/fr/search/site/Stockmans" target="_blank"><span style="color: #e06666;">en français</span></a><span style="color: #fff2cc;">. Son </span><a href="https://www.mo.be/reportage/de-poetingeneratie-blinde-vogeltjes-toekomstige-leiders" target="_blank"><span style="color: #e06666;">dernier article</span></a><span style="color: #fff2cc;">, à ce jour uniquement en néerlandais, esquisse les portraits de quelques représentants de la "génération Poutine".</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #fff2cc; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Cette liste n'est bien-sûr pas exhaustive. Ceux qui le souhaitent pourront partager leurs suggestions éventuelles en commentaire (lien + brève description). Attention, chaque lien sera attentivement vérifié avant publication (ce qui pourra parfois prendre du temps): inutile donc d'essayer de glisser discrètement du caviar médiatique de contrebande kremliniste. </i></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Quant à la photo qui ouvre ce post, le pourquoi de ce choix est </span><a href="http://speech.konbini.com/news/pourquoi-russie-interdit-images-poutine-clown-gay/" target="_blank"><span style="color: #e06666;">ici</span></a><span style="color: #fff2cc;">.</span></i></span><br />
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;"><br /></span></i></span>
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: #fff2cc;">Comme chacun l'aura remarqué, le blog a opté pour de nouvelles couleurs, en espérant qu'il soit désormais plus lisible et agréable à lire.</span></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-28575619803324674162017-09-03T22:45:00.000+02:002017-09-03T23:00:19.191+02:00LE MARTEAU ET LE MICROSILLON<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDmhrgBWyRB5z2nVICxGzhRlSkFMmWBdcfT_5_UpFpiRzdPekhD4LEepBM7dFdjHo5gAo4UTVtAroJhu8yk9sETt8oGjCRi65tKwA_osH5PW4AowWemA-8vLSW68nfbH_0KrUBEuM7ExM/s1600/Vece+Yu+Fanka.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="486" data-original-width="828" height="233" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjDmhrgBWyRB5z2nVICxGzhRlSkFMmWBdcfT_5_UpFpiRzdPekhD4LEepBM7dFdjHo5gAo4UTVtAroJhu8yk9sETt8oGjCRi65tKwA_osH5PW4AowWemA-8vLSW68nfbH_0KrUBEuM7ExM/s400/Vece+Yu+Fanka.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Veče YU fanka=Soirée YU funk </span></i><br />
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(YU=abrégé de Yougoslavie).</span></i><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le 1er septembre 2017 se tenait une soirée "YU-Funk" sur le parvis du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_d%27histoire_de_la_Yougoslavie" target="_blank">Musée d'Histoire de la Yougoslavie à Belgrade</a> </span><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(visuel ci-dessus). Ce musée abrite le mausolée de Josip Broz Tito et de sa femme
Jovanka. Au passage, j'en recommande la visite à qui séjourne dans la capitale serbe, c'est un endroit très émouvant
pour qui s'intéresse à l'utopie yougoslave et souhaite comprendre
ce qu'elle a pu incarner pour celles et ceux qui y croyaient.</span><br />
<a name='more'></a><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicRrmXxNSiFuN9nIxMxVVBXiudxBjhqQIK3jPFZxPUrNiEEU_N7Yd6WDv60_3w61l2cIy7tO4IzZw4Wa5IUlveY9qVo17maTxwH6kAFjOk5uAZ1nZf43pyZ3k7Ma9aLpav2f4fd6sUrtA/s1600/DSC02390.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEicRrmXxNSiFuN9nIxMxVVBXiudxBjhqQIK3jPFZxPUrNiEEU_N7Yd6WDv60_3w61l2cIy7tO4IzZw4Wa5IUlveY9qVo17maTxwH6kAFjOk5uAZ1nZf43pyZ3k7Ma9aLpav2f4fd6sUrtA/s320/DSC02390.JPG" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La façade du musée d'Histoire de la Yougoslavie</span></i></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La soirée se voulait un hommage à la culture funk
yougoslave: le pays, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_non-align%C3%A9s" target="_blank">non aligné</a> et ouvert à la musique occidentale,
n'a en effet pas démérité en la matière, avec une production inventive, parfois non dénuée de spécificités locales, qui s'avéra tout
à fait apte à rivaliser avec ce qui se faisait en Occident. </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je partage ici une courte sélection perso qui témoignera de la qualité du funk yougo (voir aussi les liens en fin de post):</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 56.25%; position: relative;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/XMH-f3MlqsQ?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="640"></iframe></div>
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">1971: belles orchestrations, et une couleur presque "ethno" dans les "laïlaïlaïlaïlaï..." du refrain, sur ce hit d'<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Olivera_Katarina" target="_blank">Olivera Katarina</a>. <br />La star partira en mauvaises vapeurs de rakija au début des années 90, en embrassant la cause du nationalisme serbe. <br />Ce triste choix politique n'enlève rien à son talent d'autrefois.</span></i></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/GD07Xl26XOY?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></div>
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="http://www.progarchives.com/artist.asp?id=1916" target="_blank">Tihomir Pop Asanovic</a> en 1974: les grandes années du psychédélique chez les Yougos aussi. <br />Intro expérimentale quasi électroacoustique, puis funk jazz fusionnant paganisme slave et mythe hippie du retour à la terre.<br />"Majko Zemljo" signifie "Ô, Mère la Terre!" <br />(La terre est très importante dans la mystique slave traditionnelle).</span></i><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/gNnmc2hAx7M?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></div>
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Un grand must du disco-funk yougo, <a href="https://www.discogs.com/fr/artist/1142658-Arian" target="_blank">Arian</a> en 1981</span></i><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>et son hit "tu erres à travers la grande ville".<br />Pour l'anecdote, Arian, </i><i>et sa voix si particulière aux frontières de l'androgynie, </i></span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>chantent en serbo-croate, m</i><i>ais c'est un Albanais de Macédoine. <br />C'était le bon vieux temps où tout cela n'avait pas d'importance !</i></span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/VZKRfih7KZ0?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>1983: le son se fait plus électro et dévoile des influences new wave.<br />Hormis ces considérations musicales, le groupe<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Jakarta_(band)" target="_blank"> Jakarta</a> incarne à sa manière la voie à part de la Yougoslavie. Son nom est celui de la capitale de l'Indonésie, Etat membre du bloc des pays non alignés, mais la chanson s'appelle "Amerika". </i>
<i><br /></i></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/yuLDObDbxzU?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></div>
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">1988: crossover funk et fanfare, les prémices du "balkan beat", before it was cool. Peut-être aussi un signe des temps, ceux du "retour à la tradition", en cours à cette époque (supposition purement perso que rien ne prouve) ? Le disque est enregistré à <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2012/07/last-exit-from-guca.html#more" target="_blank">Guca</a>, déjà connoté à cette époque comme le rendez-vous d'une certaine nébuleuse nationaliste. </span></i><br />
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ces considérations, là non plus, n'enlèvent rien au talent de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Fejat_Sejdi%C4%87" target="_blank">Fejat Sejdic</a>, décédé d'ailleurs cet été, et de ses musiciens. </span></i></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Alors que le DJ croate Dr. Smeđi Šećer ("Docteur Sucre Brun", ou pour sonner plus funk, "Doctor Brown Sugar"), l'un des spécialistes de
cette production, mixait les meilleures perles du genre, une bourse
aux disques se tenait sur le parvis, sous les hospices du cultissime disquaire d'occasion belgradois <a href="https://www.facebook.com/recordstorebelgrade/" target="_blank">Yugovinyl</a>. Ouvert en 2009, et profitant de la "hype" internationale faisant de Belgrade la nouvelle destination "in", ce magasin attire les mélomanes chineurs du monde entier, et a, contre toute attente, mis les Balkans <a href="https://www.theguardian.com/travel/2015/nov/11/best-record-shops-in-europe-chosen-by-experts" target="_blank">sur la carte mondiale de la chasse au vinyl</a>. Le magasin est aussi un musée vivant de l'histoire des musiques actuelles yougoslaves. Bref, c'était le partenaire incontournable pour cette soirée!</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2OmnCcELR9ZeT4flxG4YXHpC2X5FzFpt4WUIUjRQNf24JnWPIIOyzWg8ckCKe0tA1WT6JA31c_U8tuul-vvdP2ky178YIhmLM_q4rYSSoOYP7n0jCNCdEIlkae3Al9TMfBV_LZrQWU9M/s1600/Sekeke-01-t.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="400" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2OmnCcELR9ZeT4flxG4YXHpC2X5FzFpt4WUIUjRQNf24JnWPIIOyzWg8ckCKe0tA1WT6JA31c_U8tuul-vvdP2ky178YIhmLM_q4rYSSoOYP7n0jCNCdEIlkae3Al9TMfBV_LZrQWU9M/s320/Sekeke-01-t.jpg" width="240" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">Dr. Smeđi Šećer, un passionné infatigable comme on les aime. <br />Ici à Hanoï, en train de débusquer le groove vietnamien.</span></i><br />
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">(Photo Dora Tkalec)</span></i><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="text-align: justify;"><br /></span></i>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoM5H9U2Q9jW-S1BtR8ffioWUURzD80NSW6GQGWH3sEjtm3kPfajpvhqnpGlI3flgXzoeXpLAyg0cSJAfvXs-m3jsvamm90TC_1Na7bnbBPbckw3_ZROhQOv0gVizhnkUbpTK5zGepwMI/s1600/Yugovinyl.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoM5H9U2Q9jW-S1BtR8ffioWUURzD80NSW6GQGWH3sEjtm3kPfajpvhqnpGlI3flgXzoeXpLAyg0cSJAfvXs-m3jsvamm90TC_1Na7bnbBPbckw3_ZROhQOv0gVizhnkUbpTK5zGepwMI/s400/Yugovinyl.jpg" width="400" /></span></a></div>
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif; text-align: justify;">Yugovinyl</span></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Etranges images que ce télescopage entre une soirée festive,
conviviale, et sans doute un brin branchouille, et un
bâtiment qui, à l'origine, était le "Musée de la Révolution
du peuple et des nationalités de Yougoslavie", chargé
d'instruire les masses sur les progrès de la lutte des classes.
</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieYtW5Y28cSKrR2Vk6UcpQaYkeHhPtyD4DzdRhh6mMRRMc0bGe8LKNmhH7oqu7HNvJ-wNFqOv91ArUDqla0bioke3A3GjUzTZ9gFTxyKuXPkZtVhsU8wE6l85A7kTxMrR9EHv-Dqfp4Gs/s1600/Yu+fank+Vece.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="960" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieYtW5Y28cSKrR2Vk6UcpQaYkeHhPtyD4DzdRhh6mMRRMc0bGe8LKNmhH7oqu7HNvJ-wNFqOv91ArUDqla0bioke3A3GjUzTZ9gFTxyKuXPkZtVhsU8wE6l85A7kTxMrR9EHv-Dqfp4Gs/s320/Yu+fank+Vece.jpg" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Un aperçu de la soirée "Veče YU fanka".</i><i><br />Photo (c) Borko Bojovi</i><i><span style="text-align: justify;">ć</span></i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Etrange téléscopage aussi que cette soirée sympathiquement
pan-yougoslave (un DJ croate aux manettes) à cet endroit
symbolique, mais complètement dépolitisée, alors que le même
jour, <a href="http://www.europe1.fr/international/croatie-le-marechal-tito-perd-sa-place-a-zagreb-3424865" target="_blank">la ville de Zagreb officialisait sa décision de débaptiser la place du Maréchal Tito</a>, sur une idée du sinistre "historien" néo-oustachiste et ancien ministre croate de la culture Zlatko
Hasanbegović (dont on avait parlé <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2016/01/un-pont-trop-loin.html" target="_blank">ici</a>, voir en fin de post). Décision saluée dans un large unanimisme, de
l'extrême droite jusqu'à l'ancien Président de la République
social-démocrate (SDP), le très insipide et "consensus mou"
Ivo Josipović, définitivement plus inspiré quand il couche
quelques doubles croches et autres dièses sur des lignes (in real
life, il est compositeur), que quand il se pique de commenter des
événements politiques nécessitant moults bémols.</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEga-9P8UNeXO1o7mf4YW2l6_PbHABOG5HCVZ8-ucVIozUW7qt_NkAZaNLeEpBjaXSXw8adcM5tgMQ4T6KTIUvKyWbk1nH3g2TQEPH9C1obR_zoyy38LDiZgf2H08GXWqDA6aOFuBxeB8Do/s1600/trg-marsala-tita-ploca.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="533" data-original-width="710" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEga-9P8UNeXO1o7mf4YW2l6_PbHABOG5HCVZ8-ucVIozUW7qt_NkAZaNLeEpBjaXSXw8adcM5tgMQ4T6KTIUvKyWbk1nH3g2TQEPH9C1obR_zoyy38LDiZgf2H08GXWqDA6aOFuBxeB8Do/s400/trg-marsala-tita-ploca.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La plaque de feue "Place du Maréchal Tito" à Zagreb.<br />La mention qui accompagne le nom de la place dit: <br />"Josip Broz Tito, chef du mouvement antifasciste, président de la République Fédérative Populaire de Yougoslavie [nom officiel de 1945 à 1963], et de la République Socialiste Fédérative de Yougoslavie [nom officiel de 1963 à l'éclatement], 1945-1980 [années d'exercice du pouvoir]. 1892-1980 [naissance- mort de Tito]"</span></i></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'extrême-gauche, la gauche et une partie du centre s'opposent, eux,
à cette décision, non sans quelques fausses notes, dissonances
voire cacophonies, pour rester dans la métaphore musicale: depuis la
manifestation du lundi 28 août qui les a rassemblé en petit nombre (200
personnes) sur la Place des Victimes du fascisme à Zagreb, les
partisans du maintien de la "place Tito" s'affrontent toute
la semaine sur les réseaux sociaux. Leur débat ne porte pas sur le
pourquoi de la faible mobilisation, ni sur pourquoi la manif' a attiré
peu de jeunes. </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il ne porte pas non plus sur comment redéployer la
lutte pour que, au delà de la défense et illustration de la mémoire
yougoslave, et des débats de salon de la gauche urbaine zagréboise,
on parvienne à refaire exister la gauche dans une Croatie pauvre et
déprimée, minée par les expulsions, la corruption, les dettes et
les liquidations d'usines... Non, rien de ces débats d'une urgence
pourtant absolue: la polémique qui oppose les organisateurs depuis
une semaine consiste à se demander si "il était pertinent de
manifester avec des drapeaux rouges arborant la faucille et le
marteau?", quelques militants communistes ayant sorti du placard la tralala folklorique sous la forme de la bannière, honnie entre
autre par les Sociaux Démocrates, mais aussi par d'autres fractions
de la gauche reprochant à cette bannière, pas complètement à tort
d'ailleurs, d'incarner l'Union Soviétique qui menaça en son temps
la voie socialiste indépendante de la Yougoslavie. </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, des
querelles théologiques pendant que <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Human_Shield_(political_party)" target="_blank">Zivi Zid</a> occupe le terrain du
social en luttant contre les expulsions, respect pour ça, mais
simplifie le débat politique avec des tendances complotistes, des
parti-pris conservateurs en termes de moeurs et des mauvaises
fréquentations à droite (J'avais parlé de Živi zid <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2014/12/iconoclasmes-3-la-nuit-des-murs-vivants.html" target="_blank">ici</a>: le post est un peu ancien mais je maintiens la plupart des réserves émises à l'époque).</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIlQd7zyT4NtldNm8OMZqKwf4bAYbsn5wr3FR07mKnoZGV3QBbOlqD6J-0G1QA6YCEaLXOt7Y0vObwWxHEhB5jzQbyUNg9I4Zr1MdiCAXbxFJy-7FSTdEjGTvvS5V3Oe6smAdF_JiBM3w/s1600/petokraka.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="814" data-original-width="1440" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIlQd7zyT4NtldNm8OMZqKwf4bAYbsn5wr3FR07mKnoZGV3QBbOlqD6J-0G1QA6YCEaLXOt7Y0vObwWxHEhB5jzQbyUNg9I4Zr1MdiCAXbxFJy-7FSTdEjGTvvS5V3Oe6smAdF_JiBM3w/s320/petokraka.jpg" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Manifestation favorable au maintien de la place Tito, le 28 août à Zagreb.<br />La photo est un peu floue mais on reconnaît aisément le drapeau yougoslave, qui, lui, n'a à priori pas fait scandale...</span></i></div>
<div style="font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: normal; letter-spacing: normal; line-height: normal; text-align: justify; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; word-spacing: 0px;">
<div class="separator" style="clear: both; margin: 0px; text-align: center;">
</div>
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour revenir aux sociaux-démocrates du SDP, ces derniers sont officiellement opposés
à la débaptisation de la place Tito, mais certains de leurs
militants confessent qu'ils n'y seraient pas complètement fermés si
l'idée était venue de personnalités ou d'ONG non "philofascistes"
(terme entendu le 1er septembre au journal de la télévision
publique croate dans la bouche d'un "jeune SDP" de Zagreb).</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Certes oui, l'intention derrière la décision est un des noeuds du problème, je peux entendre ce point de vue (sans y adhérer), mais le SDP, avant de donner des leçons à droite et à (sa)
gauche, devrait quand même balayer dans sa cour, certes pavée de
bonnes intentions, comme l'enfer, mais pleine de mauvaises herbes:
n'est-ce pas le SDP qui, une fois au pouvoir, a pratiqué une
politique libérale décomplexée brouillant les cartes chez une population économiquement fatiguée, et qui voulait tourner la page <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_d%C3%A9mocratique_croate" target="_blank">HDZ</a>? N'est-ce pas le même SDP qui a fort habilement détourné l'opinion de sa politique libérale en introduisant, sous noble couvert de respect des minorités, l'alphabet cyrillique à Vukovar, et partout où les Serbes vivent en proportion importante? N'est-ce pas le SDP qui, ce faisant, a braqué une partie notable de la population croate, relancé l'extrémisme, sans répondre aux vrais besoins de la minorité serbe (sur ce vaste sujet, relire <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2013/03/cyrille-et-methode-en-terrain-mine.html" target="_blank">ici</a>)? N'est-ce pas enfin le SDP qui, avant de
repasser le pouvoir au HDZ, a accepté, dans un bel unanimisme patriotique avec le même HDZ, que l'aéroport de Zagreb fraîchement rénové
s'appelle "<a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2016/10/vol-au-dessus-dun-nid-de-cocardes.html" target="_blank">aéroport Franjo Tudjman</a>" ?</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quand on a un casier politique aussi chargé, on ne vient pas jouer les vierges effarouchées face à un drapeau aujourd'hui davantage risible qu'offensif, ni face au pourrissement confusionniste du débat politique auquel on a largement contribué.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais revenons à Belgrade, et au groove qui fit autrefois danser
les peuples et nationalités de la Yougoslavie, aux delà de leurs
"appartenances ethniques et religieuses".
</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sur le parvis du Musée de l'Histoire de la Yougoslavie, on a salué l'héritage culturel commun, à deux
pas de là où est enterré celui qui, après avoir dit <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rupture_Tito-Staline" target="_blank">"niet" à Staline</a>, avait compris que la culture occidentale (BD, musique, cinéma,
littérature, recherche universitaire...) pouvait être un facteur de
modernisation et un possible ciment entre les peuples et nationalités
sus-mentionnés ...à condition toutefois que la déclinaison locale de cette
culture ne soit pas trop subversive ni critique, pas fou le mec,
quand même! Malgré un régime de parti unique et un pouvoir plus ou
moins autoritaire selon les périodes, les Yougoslaves ont
indéniablement profité de cette ouverture dans de nombreux
domaines.
</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">De l'autre côté, à Zagreb, on n'a retenu que les travers de
Tito et de son régime (il y en avait indéniablement), on a prétendu lutter contre le "totalitarisme" (=le socialisme
yougoslave), pour mieux asseoir des positions révisionnistes et
nationalistes, celles défendues par la clique au pouvoir et par toute
une nébuleuse "philofasciste",
pour lesquelles <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_ind%C3%A9pendant_de_Croatie" target="_blank">la Croatie pro-nazie</a> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ante_Paveli%C4%87" target="_blank">Pavelic</a> est un mythe national fondateur
respectable, et le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_d%27extermination_de_Jasenovac" target="_blank">camp de Jasenovac</a> un dommage collatéral plus fâcheux que facho, dont on exagère la gravité et le nombre de victimes.</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwnh7K37X8unAl1REHT0FmC0FqytduziRO-gNgD3ocufsD7kC8wCHZmYtrko9N04HvvHSGEJZ7LrK6Dj8KexojyI1Rn21bvEx8VuTojQJ4YQDSYPNILnlfhoHnYZxOy38rEo82CCWxbxU/s1600/Ulica+Ante+Pavelic.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="332" data-original-width="592" height="179" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwnh7K37X8unAl1REHT0FmC0FqytduziRO-gNgD3ocufsD7kC8wCHZmYtrko9N04HvvHSGEJZ7LrK6Dj8KexojyI1Rn21bvEx8VuTojQJ4YQDSYPNILnlfhoHnYZxOy38rEo82CCWxbxU/s320/Ulica+Ante+Pavelic.jpeg" style="cursor: move;" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<div style="margin: 0px;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Rue du Docteur(*) Ante Paveli</i><span style="text-align: justify;"><i>ć</i></span><i>, quelque part en Croatie. </i></span></div>
</div>
<div style="text-align: center;">
<div style="margin: 0px;">
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le genre de dénomination de rue qui souvent ne gêne pas les valeureux "anti-totalitaristes" qui réclament bruyamment la disparition des places et rues Tito.<br />(*) Le führer du régime oustachi avait un doctorat, grade universitaire qui, comme en Allemagne, se mentionne en Croatie. Tudjman aussi était docteur. Les victimes de ces sinistres individus ont sans doute apprécié de savoir que leurs bourreaux était bien diplômés.</span></i></div>
</div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Curieux hasard sémantique, en serbo-croate, "plaque de rue", "plaque commémorative" et "disque" se disent tous trois ploča (prononcer "plotcha"). Lors de l'arrivée du microsillon en terres slaves du sud, le terme "ploča"/"plaque" a été pris pour désigner le disque. Il fut cependant au départ enrichi de l'adjectif "gramofonska" pour former le binôme "gramonfonska ploča", soit littéralement "plaque de gramophone".</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La langue parlée a rapidement abandonné ce technique et encombrant adjectif, peu en phase avec le "vivre vite" du rock, et peu sexy lorsque survient "la fièvre du samedi soir", pour ne garder que la "plaque".</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSLlJMp9LRhyUlzeXkeWdOwPxVYT9ucr_Ucd3tsCG4UqsheDlV_FZvNxU8GXIrxjkvcQTyFKxNo0jdT7Ps_qVJZWXJXI8ugEts44X0K5rwGKafXbCaPyDIpBRX5QpW6ZJebysNvovmdbE/s1600/DEdic+ploca.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="640" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSLlJMp9LRhyUlzeXkeWdOwPxVYT9ucr_Ucd3tsCG4UqsheDlV_FZvNxU8GXIrxjkvcQTyFKxNo0jdT7Ps_qVJZWXJXI8ugEts44X0K5rwGKafXbCaPyDIpBRX5QpW6ZJebysNvovmdbE/s400/DEdic+ploca.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Une "plaque" du chanteur croate <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Arsen_Dedi%C4%87" target="_blank">Arsen Dedic</a>, dont le nom et le titre de la chanson en alphabet latin cohabitent avec le cyrillique de l'éditeur. <br />C'était le bon vieux temps où tout cela n'avait pas d'importance (bis repetita)!<br />Pour écouter le morceau, c'est par<a href="https://www.youtube.com/watch?v=FJqV0XvNeFE" target="_blank"> là</a>.</span></i></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En plus de cette homonymie, et de la concordance des temps entre les événements de Zagreb et de Belgrade, ces derniers racontent à leur manière différentes façons de "dealer" avec l'héritage yougoslave. Il y a celle qui consiste à ne se livrer qu'à une lecture politique, voir "surpolitique", aussi bien dans le révisionnisme néo-oustachi que dans la réhabilitation du passé yougoslave. Dire cela ne signifie bien-sûr pas renvoyer ces deux visions dos à dos, dans un "kif kif" aussi inexacte que dangereux. L'autre façon de "dealer" serait de développer une approche moins idéologique mais davantage socioculturelle.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Certains, notamment à gauche de la gauche, regretteront peut-être
qu'un bâtiment, qui fut l'un des temples d'une utopie politique,
accueille une fête branchée et finalement dépolitisée, pendant
qu'on débaptise à tour de bras en Croatie et que nombreux monuments
de l'époque yougoslave tombent en ruine. Certes, je peux en partie partager
cette préoccupation. A ce titre, les gamins qui font du skate-board ou pratiquent un succédané d'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Exploration_urbaine" target="_blank">urbex</a> sur les anciens "<a href="https://laspirale.org/texte-526-spomenici-monuments-oublies-de-l-ex-yougoslavie.html" target="_blank">Spomenici</a>" posent un peu question. Ces monuments sont quand même principalement des monuments en l'honneur de ceux qui sont tombés contre ou à cause du fascisme. A quand le "Grand Prix Red Bull de BMX" à Ouradour sur Glane, ou la finale mondiale de chasse aux Pokemons à Auschwitz ? </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmewpaQp9cowVjBynkz2wkTbhLjOLx_5yfqQjO7LLWij_KluTGZwMrra5Vx6TBYSwM0kT-r4ye-c1AKKSJFvPGCvr2qS33Hhuu8PFBWxa77dh2gxW4U8wn6QEqqNaUevi8YjxyeWEO3UQ/s1600/Luke+Paige.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="1050" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmewpaQp9cowVjBynkz2wkTbhLjOLx_5yfqQjO7LLWij_KluTGZwMrra5Vx6TBYSwM0kT-r4ye-c1AKKSJFvPGCvr2qS33Hhuu8PFBWxa77dh2gxW4U8wn6QEqqNaUevi8YjxyeWEO3UQ/s400/Luke+Paige.jpeg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Skate-board sur le mémorial de Jasenovac. <br />Une photo du skater slovène Luke Paige, publiée dans </i><i><a href="https://www.vice.com/rs/article/wnndxm/skejteri-i-yu-istorija-jugoslovenski-spomenici-kao-skejt-park" target="_blank">Vice Serbia</a>.</i><i><br />"Je sais que ma démarche est controversée mais [les photos de moi en train de skater sur les monuments] sont </i><i>pour moi </i><i>une façon de rendre hommage aux victimes [du fascisme] qu'en aucun cas nous ne saurions oublier. Comme membre de la nouvelle génération, je suis honoré de pouvoir envoyer un tel message" </i></span><br />
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">précise le skater dans l'interview qu'il a accordé à l'édition serbe de Vice.</span></i></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En même temps, mon point de vue sur cette question n'est pas complètement figé ni 100% à charge. Ces gamins de la génération post-yougoslave s'approprient aussi ces monuments différemment, et ne sont pas forcément insensibles à leur esthétique, ni au message qu'ils devaient faire passer. La nouvelle génération, celle qui naissait à peine lorsque la Yougoslavie expirait ses derniers râles, est prisonnière d'un narratif "surpolitisé" qui ne lui parle pas forcément, et dont elle cherche à s'affranchir. Pour faire schématique, on lui demande de se prononcer entre Partisans contre Oustachis (pour les Croates), Partisans contre Tchetniks (chez les Serbes), Partisans contre <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/13e_division_de_montagne_de_la_Waffen_SS_Handschar" target="_blank">division Handzar</a> (chez les Bosniaques), et autres bons contre méchants. Par ailleurs, cette jeunesse doit se construire sur un champ de ruines, au sens propre comme au figuré, elle doit dealer avec une histoire qu'elle n'a pas connue mais dont elle paye les conséquences dans son existence quotidienne, que ce soit dans ces débats "surpolitisés" qui ne lui parlent guère, ou dans les non-dits et les ombres du passé récent (="tu as fait quoi, toi, papa, durant cette guerre ?"), mais aussi dans les boulots mal payés, les diplômes qui s'achètent, la violence latente, et un environnement oppressant sur le plan des moeurs. C'est d'ailleurs ça qui finit par la faire partir, cette jeunesse, qui à Berlin, qui à Londres, qui à Stockholm, qui à Toronto ou encore Sydney, loin, très loin, là où elle n'a pas ce passé lourd à gérer, avec ses cadavres dans les placards, mais peut-être un avenir. On peut donc être peiné au premier abord, puis comprendre, que s'expriment ça et là des approches et discours moins politisés et plus neutres face aux monolithes fissurés de l'histoire.</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A la lumière de ces réflexions, une fête du funk yougo devant le Musée
d'Histoire de la Yougoslavie n'empêche pas de cultiver la mémoire
historique et politique de l'ancien Etat, d'autant que la soirée est une initiative de ce musée. Quelque chose
me dit même que l'avenir de l'utopie yougoslave, ou en tout cas sa survie
en tant qu'idée, sont peut-être davantage assurés dans des
démarches de ce type, fussent-elles festives et un rien branchées,
que dans les querelles de doctrines. Si on veut encore faire rêver
avec cette utopie, je ne crois pas qu'on y arrivera seulement avec
des symboles, des monuments, des mausolées et des plaques de rue. On le fera en
cultivant la mémoire humaine, sociologique, culturelle de ce pays,
au delà ou à côté du champ politique. Ce dernier ne doit pas être laissé sur
le bord du dancefloor, mais doit être investit sur le terrain, dans
l'action et dans des réponses en phase avec les problématiques
d'aujourd'hui. La "philoyougoslavie" n'en ressortira que
grandie. </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, la faucille, c'est un peu ringard, tentons l'alliage du marteau et du microsillon!</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIfhyNrcIznHgYfHke4jBL8TR58kP4TRzLGAXbswOxKbxQWNuS2lKZaQbEmktQt4PheHsDuN9I49Wm8r14KZM6SOnJe-n7ujObRCzrFy9_f1CbCHpuf0S3m5AB1zOfyPhpgCrGmI45pQE/s1600/DSC02391.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIfhyNrcIznHgYfHke4jBL8TR58kP4TRzLGAXbswOxKbxQWNuS2lKZaQbEmktQt4PheHsDuN9I49Wm8r14KZM6SOnJe-n7ujObRCzrFy9_f1CbCHpuf0S3m5AB1zOfyPhpgCrGmI45pQE/s320/DSC02391.JPG" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Détail de la façade du Musée d'Histoire de la Yougoslavie.<br />Photo (c) Yougosonic.</span></i></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Pour creuser dans les (micro)sillons....</b></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b><br /></b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Ecoutez les mixes de <b>Dr. Smeđi Šećer</b> sur sa page soundcloud: </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://soundcloud.com/smedi-secer">https://soundcloud.com/smedi-secer</a><br /><br />- La chaîne youtube de <b>Dr. Smeđi Šećer</b>:</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> <a href="https://www.youtube.com/user/GdinSmediSecer">https://www.youtube.com/user/GdinSmediSecer</a></span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />- Chaîne youtube de <b>Peđa Radović</b>, un passionné de Novi Sad en Serbie, qui collectionne rock, jazz, funk, electro, wave, et "schlager" yougo. Des trésors à découvrir...</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://www.youtube.com/user/Titograd87">https://www.youtube.com/user/Titograd87</a></span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ecoutez sa playlist YU jazz funk disco:<br /><a href="https://www.youtube.com/watch?v=kvFjZirkdfs&list=PLBB708F9E8950F8F1">https://www.youtube.com/watch?v=kvFjZirkdfs&list=PLBB708F9E8950F8F1</a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- "<b>Funked Up East</b>": contrairement à une légende tenace, le funk, la disco, le psyché, le jazz, l'électro ont existé dans le "bloc communiste", même dans les strictes RDA et Roumanie. Cette page passionnante recense ce qui s'est créé dans cet espace et à cette époque en funk et jazz, mais avec des détours vers l'électroacoustique ou l'expérimental. Certains morceaux ont mal vieilli ou sont anecdotiques, mais il y a des perles, et l'ensemble reste fascinant :<br /><a href="https://www.youtube.com/channel/UCowyry-xWRrdbQWlWkvq5fQ">https://www.youtube.com/channel/UCowyry-xWRrdbQWlWkvq5fQ</a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">- Une réflexion sur la mode des spomenici et la possible "dépolitisation" de ces monuments que cette mode génère:</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://www.calvertjournal.com/articles/show/7269/spomenik-yugoslav-monument-owen-hatherley">https://www.calvertjournal.com/articles/show/7269/spomenik-yugoslav-monument-owen-hatherley</a><br /><br />- Intéressant reportage sur les spomenici de Croatie :</span><br />
<a href="https://daniellemajani.atavist.com/la-croatie-monumentale"><span style="color: orange; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">https://daniellemajani.atavist.com/la-croatie-monumentale</span></a></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-47817368769801284842017-08-06T00:35:00.000+02:002017-08-06T13:03:00.441+02:00ICONOCLASMES #3: ENFUMER NUIT GRAVEMENT A LA VERITE<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Une image circule régulièrement sur les réseaux sociaux et dans certains médias de la Yougosphère. Elle montre Tito s'allumer un cigare en présence de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Nixon" target="_blank">Richard Nixon</a>. La scène se passe à la Maison Blanche lors de la visite du président yougoslave à Washington, fin octobre 1971.</span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUKcNB3ltt15FMxpuafX0SMzRRZv9Y5Q3ah1FRYk8BHnx0nqtGsV52iZ8bbB8Cyhu_j13y0kfGAS3GkKiXRh0WzXBCHjXmRDuogxvI1veJvam1Wr5vAahxAZ71Rrd9zC_CsKE-03JJ5g0/s1600/tito-nikson.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="335" data-original-width="504" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUKcNB3ltt15FMxpuafX0SMzRRZv9Y5Q3ah1FRYk8BHnx0nqtGsV52iZ8bbB8Cyhu_j13y0kfGAS3GkKiXRh0WzXBCHjXmRDuogxvI1veJvam1Wr5vAahxAZ71Rrd9zC_CsKE-03JJ5g0/s400/tito-nikson.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le commentaire qui accompagne généralement cette photo devenue virale expose les faits suivants: lors de son entrevue avec le président américain, Tito s'allume un cigare. Nixon aurait alors réprimandé son homologue yougoslave en lui-disant qu'il est interdit de fumer à l'intérieur de la Maison Blanche. Toujours d'après le commentaire viral qui accompagne la photo, Tito n'aurait eu que faire de la remarque de Nixon et aurait ainsi tranquillement allumé son cigare, le savourant au mépris de son hôte et des usages en vigueur dans le saint des saints du pouvoir américain. Nixon se serait alors incliné, et le commentaire viral de conclure en disant (je schématise): "Tito, lui, il avait des couilles. Même face à la première puissance impérialiste mondiale, rien à foutre, il fume son cigare. C'était le bon temps où on était respecté!" </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Et la vaste communauté virtuelle des yougonostalgiques, des titophiles, des anti-impérialistes et autres bouffeurs de yankees d'applaudir chaudement à grands renforts de likes cet acte de bravoure du camarade Josip Broz. La légende veut en plus que le cigare ait été cubain, ce qui renforce encore la provoc'.</span><br />
<a name='more'></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Au delà des aspects idéologiques, l'enthousiasme des internautes ex-yougoslaves quant à l'attitude bravache de Tito s'inscrit aussi dans un concept particulier: celui d' "<a href="http://serbie-droitshumains.blogspot.fr/2015/09/question-de-vocabulaire-inat.html" target="_blank">inat</a>", ce comportement qui serait propre aux peuples yougoslaves, et dont certains, les Serbes notamment, se revendiquent haut et fort. Mot d'origine turc, "inat" est une notion intraduisible en français. Elle désigne un mélange d'orgueil, de dépit, d'esprit de contradiction, de détermination, de caprice, de défi... C'est une attitude qui peut éventuellement s'accompagner d'une sorte de fatalisme et qui s'exprime parfois jusqu'à l'absurde. L' "inat", c'est par exemple faire ce qui nous est interdit, faire le contraire de ce qu'on nous demande, en parfaite connaissance de cause; pas juste par esprit de contradiction, mais davantage par une sorte d'instinct de survie et de besoin d'affirmation de soi aux milieu de situations parfois désespérées, absurdes ou conflictuelles. L' "inat", pour le yougoslave, c'est finalement rester soi-même, face à l'adversité, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">contre vents et marées et parfois contre toute attente. Et tant pis si l'attitude peut, vue de l'extérieur, sembler vaine, erronée, voire stupidement têtue, l'important est d'être resté droit et fidèle à soi-même. <br /><br />C'est l' "inat" qui pousse parfois le Yougoslave à surjouer le nationalisme, l'éthylisme, la violence, éventuellement le goût de l'arnaque, face à un touriste sûr de lui et donneur de leçon. Ce sera le même type qui le lendemain se montrera affable, charmant, posé, et hospitalier avec un autre touriste, lequel aura pris le temps de l'écouter et de le "laisser venir", sans lui asséner les certitudes de l'Occidental-qui-sait-tout. C'est l' "inat" qui, au moment des bombardements de l'OTAN, a jeté les Serbes dans les rues qu'ils ont transformées en zones quasi situationnistes de manifestations moquant leurs agresseurs ou en festivals musicaux improvisés. Ces comportements ont été mal compris en Occident. On n'y a vu que l'affirmation du nationalisme serbe, et la preuve qu'il rongeait la société dans son intégralité, touchant aussi les jeunes pourtant supposément épris de culture occidentale. Or ces jeunes étaient, pour une notable part, les mêmes qui, quelques années plus tôt, manifestaient contre Milosevic et les guerres yougoslaves. Ces jeunes se sentaient simplement trahis par un Occident, dont ils espéraient davantage de soutien à l'époque où ils goûtaient aux matraques du régime, et qui s'était montré relativement absent, avant de les bombarder désormais sans distinction. Et c'est donc "iz inata" comme on dit en serbo-croate, "par inat", que les serbes même anti-Milosevic, sont sortis pour faire un joyeux bras d'honneur à l'OTAN et à sa politique. Tant pis si ils risquaient la mort ou s'ils étaient confondus avec d'autres Serbes plus nationalistes. L'idée, non dépourvue d'amertume voire de désespoir, était de (se) montrer qu'on continuait d'exister, d'être soi-même, de faire la fête, même en étant détesté par le monde entier; ces jeunes serbes voulaient dire merde à ce monde entier qui ne les comprenait pas, tout en se disant qu'eux, au moins, ils se comprenaient. Passée cette bouffée d' "inat", ils finiront</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, avec l'aide d'ailleurs des USA,</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">par structurer une </span><a href="http://www.liberation.fr/planete/2015/10/22/la-revolte-en-chantant_1408131" style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;" target="_blank">opposition solide, et tout aussi situationniste</a> <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">que durant les bombardements, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">et renverseront le régime...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cette notion d' "inat" est essentielle pour comprendre certains phénomènes sociologiques ou comportements individuels en ex-Yougoslavie.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans le cas de Tito soufflant moult volutes de cigare sous le nez de Nixon, cette notion apparaît en filigrane. "Tu m'interdis de fumer, et bien "iz inata" je vais fumer quand même !", telle semblait être la position de Tito. Dans un territoire aujourd'hui appauvri, méprisé, et encore en plein syndrome post-traumatique, l'image de Tito tenant tête aux puissants s'apparente ainsi à un baroud d'honneur, un pied de nez, une revanche: le "Balkanique", certes faible et pauvre, mais libre et indomptable, s'impose face au pied-tendre occidental, sa suffisance de puissant, sa démocratie moraliste et ses stupides règles d'hygiène et de santé. Le Balkanique est dans le vrai, dans le simple, dans une forme de pureté authentique, alors que l'Occidental est engoncé dans son luxe, ses principes et son étiquette stériles.</span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQ5raXhvasA0ERs0V6O7TnDARc4XB2oPd2DZznLA0feKrvjOinuSMW0Eim1c24bQCGBnsT9FMIs7WK-WDUO1qhtRwHsjD5YwboAUp8_S-6MlUsnNypswHLcUDDig2N7DIpWRy38ub7zw8/s1600/houstonwehaveaproblempresidents-tito-nixon.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="1600" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQ5raXhvasA0ERs0V6O7TnDARc4XB2oPd2DZznLA0feKrvjOinuSMW0Eim1c24bQCGBnsT9FMIs7WK-WDUO1qhtRwHsjD5YwboAUp8_S-6MlUsnNypswHLcUDDig2N7DIpWRy38ub7zw8/s400/houstonwehaveaproblempresidents-tito-nixon.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On le voit, la photo véhicule donc des thèses qui vont au delà du simple anti-impérialisme ou de la yougonostalgie, pour surfer sur le postulat que le petit finit par avoir le dernier mot sur le grand. C'est sympa et on a tous envie de relayer cette victoire du village d'Asterix, incarné ici par Tito, sur l'Empire Romain, alias Nixon. D'où le succès de cette photo sur les réseaux sociaux et même dans certains médias. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sauf que voilà, au risque de décevoir un large pan de la communauté virtuelle yougosphérique, il semblerait que cette légende qui accompagne cette photo virale, ne soit que cela, une légende. Les faits seraient même beaucoup moins grandioses au final que le supposé acte de bravoure tabagique du maréchal.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Premier fake, la soi-disante interdiction de fumer à la Maison Blanche. Celle-ci est effective, mais seulement depuis ...1994, sur décision d'Hillary Clinton, soit bien longtemps après la venue de Tito en 1971 (voir <a href="http://mentalfloss.com/article/81409/7-things-once-banned-white-house" target="_blank">ici</a>, paragraphe 4). Avant que Madame Clinton ne sévisse, on fumait donc allègrement sous les ors du pouvoir américain. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Des anecdotes circulent même sur Nancy Reagan s'occupant elle-même de disposer les cendriers avant les entrevues au sommet. Quant à Nixon lui-même, il fumait la pipe. Enfin, l'interdit posé par Hillary Clinton ne fut pas forcément respecté par la suite, l'image d'Obama fumant à sa table de travail étant, elle, aussi virale dans son genre, car illustrant la dimension "so cool" du prédécesseur de Trump.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMucocwvLJHSxzmEG1sUC7BHpnhbzJoHJfmHhxTxmOX4wiHUrzWtjWPWDLHaqHWeguCXMdBw-hWpgQwcxQjKuyEaJXAmJa3Ii-G0Znsli9043sV9trha7fMSp9S7vr5tF1hDxlvuoJZkw/s1600/Obama+pusi.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="466" height="206" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMucocwvLJHSxzmEG1sUC7BHpnhbzJoHJfmHhxTxmOX4wiHUrzWtjWPWDLHaqHWeguCXMdBw-hWpgQwcxQjKuyEaJXAmJa3Ii-G0Znsli9043sV9trha7fMSp9S7vr5tF1hDxlvuoJZkw/s320/Obama+pusi.jpg" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, si Tito a bien allumé un cigare durant son entrevue avec Nixon, il est plus qu'improbable que ce dernier l'en ait empêché, ou l'ai réprimandé, puisqu'on fumait sans problème à cette époque à la Maison Blanche. Rappelons aussi que l'hystérie anti-tabac, où les Etats Unis allaient exceller en termes de règles aussi absurdes qu'excessives, n'était pas encore dans l'ère du temps.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Deuxième point, il semblerait aussi que l'état d'esprit qui habite la délégation yougoslave en route pour Washington en ce mois d'octobre 1971, ne soit pas franchement à la bravade ni à un surcroît d' "inat" balkanique face à l'Oncle Sam.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'ambiance est davantage aux petits souliers marchant sur des oeufs qu'à la bouffée de tabac expirée avec insolence à la face de Nixon. C'est du moins ce qui ressort d'un certain nombre de travaux universitaires sur les relations diplomatiques entre Yougoslavie et Etats Unis, ainsi que d'archives américaines récemment déclassifiées (voir liens en bas de post). Un <a href="https://www.ekspres.net/drustvo/arhivi-cia-tito-se-zalio-niksonu-plasio-se-vojne-intervencije-sssr" target="_blank">article du magazine serbe "Ekspres"</a> revient sur ces faits, citant les recherches de Dragan Bogetić, un historien serbe spécialiste de la politique étrangère de la Yougoslavie, qui a travaillé sur les archives déclassifiées de la CIA. Selon Bogetić, citant le Secrétaire d'Etat américain de l'époque William Rogers, les Yougoslaves sont "morts de trouille" à leur arrivée à Washington. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Leur angoisse est liée à l'URSS. Juste avant leur visite à Washington, en septembre 1971, Tito et ses collaborateurs reçoivent <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9onid_Brejnev" target="_blank">Leonid Brejnev</a>. Ils sont plus ou moins en froid depuis l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968... Bien que la rencontre se soit terminée par un communiqué officiel positif, l'ambiance fut en réalité tellement tendue qu'elle faillit dégénérer en conflit ouvert entre les deux délégations.</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCtwWLr8_nPVXOVoXoDNTQ27-8nqMUFdCi49lO1LLhmneqNguBl8sOxbAUW8j6iU7YwG-ji638-LaN1n6j2Epq0tw7-0_R8R_ROouzOF4Y5uV8SSCoi0PxTFIUHSGZYgn2MOT7_We9qIk/s1600/1380784-brez7.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="509" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgCtwWLr8_nPVXOVoXoDNTQ27-8nqMUFdCi49lO1LLhmneqNguBl8sOxbAUW8j6iU7YwG-ji638-LaN1n6j2Epq0tw7-0_R8R_ROouzOF4Y5uV8SSCoi0PxTFIUHSGZYgn2MOT7_We9qIk/s320/1380784-brez7.jpg" width="254" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Leonid Brejnev, </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>l'un des doux visages de la Guerre Froide.</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">De façon plus globale, la Yougoslavie dévoile au grand jour ses fragilités à cette époque, en particulier ses fragilités interne. Le "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Printemps_croate" target="_blank">Printemps Croate</a>" est l'une des fissures inquiétantes qui lézarde l'image d'unité et de stabilité de l'Etat yougoslave, suscitant déjà quelques interrogations sur son avenir à l'étranger... Le "tampon" non aligné entre l'est et l'ouest que constitue la Yougoslavie apparaît ainsi moins solide qu'il ne le prétend lui-même.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Brejnev propose au départ son aide à Tito pour résoudre le "problème croate", démarche officiellement bien intentionnée, soumise à la Yougoslavie sur le mode de la proposition de médiation, mais pas dépourvue d'arrières pensées plus intrusives. Tito, qui connaît les appétits russo-soviétiques et a le scénario tchécoslovaque bien en tête, décline l'offre poliment. Mais ce refus ne fait pas disparaître la menace. Les Yougoslaves craignent à cette époque que les Soviétiques interviennent militairement, dans le cas, pas impossible, où le Printemps Croate dégénérerait en conflit violent...</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFQ0M0ujVPvSmRm2Il8UGJNr1LWEpcWShTVo1VLRsG50ITVAEz2-zW84iuTAdJ53XNF7Ze9pNIjf2nLubXVHsLrxZcxny3snz6FaiGD1frwZYXUS5PYNmy3P1gwOiT0CTVCTA6UHuqdfk/s1600/Savka_Trg_Republike_1971..jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow;"><img border="0" data-original-height="592" data-original-width="1024" height="231" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFQ0M0ujVPvSmRm2Il8UGJNr1LWEpcWShTVo1VLRsG50ITVAEz2-zW84iuTAdJ53XNF7Ze9pNIjf2nLubXVHsLrxZcxny3snz6FaiGD1frwZYXUS5PYNmy3P1gwOiT0CTVCTA6UHuqdfk/s400/Savka_Trg_Republike_1971..jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Image du "Printemps Croate": </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>l'une des figures réformistes du PC croate, Savka Dabčević-Kučar, s'adresse à la foule le 7 mai 1971 à Zagreb.<br />Sur la banderole au premier plan : <br />"Un Etat souverain est le droit du peuple croate comme des autres peuples de la République Fédérative Socialiste de Yougoslavie".</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Moscou n'a jamais supporté le choix yougoslave d'une "voie à part vers le socialisme", qui dérange ses intérêts et empêche la satellisation complète de l'Europe de l'Est sous sa botte. Si officiellement, Brejnev dit accepter et respecter l'indépendance yougoslave, les Soviétiques entreprennent diverses actions pour déstabiliser le pays, allant même jusqu'à soutenir les organisations d'extrême-droite de l'émigration serbe ou croate en Occident. Ils s'appuient aussi sur des agents doubles, au sein même de l'Etat, ou sur de simples relais dans le pays. Les bonnes volontés ne manquent pas, notamment chez des membres du PC yougoslave désavoués ou mis au second plan, au gré de la météo politique et de ses soubresauts. C'est le cas en particulier de partisans du redouté patron des services secrets <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Aleksandar_Rankovi%C4%87" target="_blank">Aleksandar Rankovic</a>, démis à la fin des années 60 pour avoir mis sur écoute la chambre à coucher de Tito (!). </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour les Soviétiques, le Printemps Croate est du pain béni qui leur permet de critiquer la gestion de cette crise par l'Etat yougoslave, et de se poser en solution, y compris éventuellement aux yeux de ceux qui en Occident s'inquiètent de l'effritement du tampon yougoslave. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">J'insiste au passage sur ce rappel de l'attitude russo-soviétique, tant aujourd'hui certains cercles idéologiques nationalistes et conspirationnistes, en particulier en Serbie, n'accusent que l'Occident et les Etats Unis comme cause de l'explosion de la Yougoslavie, en omettant complètement le rôle délétère de la Russie via l'URSS. Fin de la parenthèse.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Outre la menace soviétique, Tito et ses collaborateurs redoutent que, dans la phase de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9tente_(guerre_froide)" target="_blank">détente</a> amorcée entre Washington et Moscou, la Yougoslavie soit abandonnée par les Etats Unis en contrepartie de concessions sur d'autres questions par l'URSS.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'autre fissure dans la stabilité yougoslave vient de Tito lui-même. D'après certaines sources, celui-ci, déjà fatigué et malade, a de moins en moins les cartes du pouvoir en main à cette époque, tout un cadre décisionnel parallèle se constituant peu à peu via le Parti et les services secrets, à travers nombreuses manoeuvres et jeux d'appareil en coulisse.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, les Yougoslaves viennent jouer serré à Washington. Ils doivent s'assurer que les Américains ne les lâcheront pas dans les griffes soviétiques. La peur est telle que Tito n'a pas confiance dans une partie de sa délégation. Il suspecte en particulier son interprète d'être un agent double communiquant ses propos aux Soviétiques. Des soupçons qui en disent long sur les intrigues inquiétantes et les allégeances contradictoires au coeur névralgique même de l'Etat yougoslave. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La méfiance de Tito envers son interprète génère des échanges surréalistes avec Nixon, le maréchal lui assurant que les relations avec Moscou sont excellentes, et que la "<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Doctrine_Brejnev" target="_blank">doctrine Brejnev</a>" de souveraineté limitée n'est plus à l'ordre du jour concernant la Yougoslavie. En réalité, c'est "off the records" que vont se dire les vraies choses, et via des intermédiaires comme le Ministre yougoslave des Affaires Etrangères, Mirko Tepavac (<i>prononcer Tépavats</i>). Au dîner organisé dans le sillage des entretiens officiels, Tepavac prend à part le secrétaire d'Etat William Rogers, et lui confie dans un anglais hésitant: "je veux que vous sachiez, mais cela n'est que pour vos oreilles à vous, que la rencontre avec Brejnev s'est très mal passée. Vous êtes le seul à qui je l'ai dit". William Rogers lui répond qu'il va être obligé d'en référer à Nixon, ce à quoi Tepavac répond que cela va de soi, que Tito lui a justement dit de confier cette information au secrétaire d'Etat afin qu'il la communique ensuite à Nixon, pour que celui-ci sache le fin fond de l'histoire. </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-oD28yd5GMyHqc2dVaGd-thLwvIjfeK3cqYOUNecN2t0Urx15UGJ52WFVcQviRxPjOynJ6-CmZxotdgI6TAcaQrVF3GqfsoOXRUuWgFnmEJPq3KMLpmKUY985coRRZ43kkN0Ud07ipYY/s1600/938729_20-0Tepavac_01+copy.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow;"><img border="0" data-original-height="260" data-original-width="187" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-oD28yd5GMyHqc2dVaGd-thLwvIjfeK3cqYOUNecN2t0Urx15UGJ52WFVcQviRxPjOynJ6-CmZxotdgI6TAcaQrVF3GqfsoOXRUuWgFnmEJPq3KMLpmKUY985coRRZ43kkN0Ud07ipYY/s1600/938729_20-0Tepavac_01+copy.jpg" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Mirko Tepavac (au premier plan)</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Tepavac s'adressera d'ailleurs directement au président américain un peu plus tard, en des termes en partie prémonitoires: "Nous autres, en Yougoslavie, nous allons peut-être devoir faire face à de graves problèmes. Le président Tito est très vieux, et quand il mourra, quand il s'en ira...je veux dire...quand il se retirera, nous risquons bien de faire face aux tentatives de certains de nos voisins de tirer profit de cette situation". </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A la fin de la soirée, Tito dira à Nixon, sans interprète: "Le Ministre des Affaires Etrangères m'a informé de la conversation qu'il a eu avec vous, et nous nous sentons désormais beaucoup mieux".</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour convaincre les Américains de ne pas lâcher la Yougoslavie à l'URSS, Tito et ses collaborateurs insisteront sur le facteur de stabilité que le pays peut incarner entre l'est et l'ouest, via le non-alignement. Et pour que cette stabilité soit effective, il faut laisser la Yougoslavie suivre sa propre voie indépendante, sous-entendu, aussi en interne. Les Yougoslaves essayent durant la rencontre de convaincre les Etats Unis que le pays retrouvera rapidement aussi sa stabilité interne, sous-entendu, que les forces centrifuges croates seront arrêtées dans leur élan. Outre la volonté de retirer à Moscou le prétexte d'une intervention armée, il faut comprendre ici que les Yougoslaves veulent reprendre l'initiative face aux américains sur la "question croate". En effet, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">un an auparavant, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Nixon était venu en Yougoslavie. La visite à Washington était donc aussi un renvoi de politesse bilatérale. Mais lors de la venue du président américain, et </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">comme le révèle le même article du journal Ekspres, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">celui-ci a insisté de pouvoir se rendre en Croatie.</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo8OWtZqgy3SRbeKVOYlsaa0H75EJYvt9uROqHlVm47JwD9-LhEvzyzSkcmt2UpSC-QQcp1ZAZxNsf9yRndBgkuzz-sYecCh7lmf4aDXxPxUzI-_e6udnBX_lW-r3NUUCbonwrB_frqM4/s1600/Nixon+u+YU.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="629" data-original-width="363" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgo8OWtZqgy3SRbeKVOYlsaa0H75EJYvt9uROqHlVm47JwD9-LhEvzyzSkcmt2UpSC-QQcp1ZAZxNsf9yRndBgkuzz-sYecCh7lmf4aDXxPxUzI-_e6udnBX_lW-r3NUUCbonwrB_frqM4/s320/Nixon+u+YU.jpeg" width="184" /></a></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Richard Nixon et son épouse </i></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>lors de leur visite officielle en Yougoslavie en 1970.<br />Il y tendra la main aux Croates.</i></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Enhardis par ce geste, ceux-ci, un peu plus tard et selon la formule consacrée, demanderont aussi le bras.</i></span></span></div>
<br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Zagreb a donc été la seule ville visitée par Nixon, en plus de Belgrade. Il y a commis une gaffe monumentale en louant, dans un discours enflammé, "l'esprit de Zagreb et l'esprit croate, qui jamais ne seront anéantis ni asservis", avant de conclure par un "Vive la Croatie!" en croate dans le texte. En pleine agitation du Printemps Croate, autant dire que ces propos furent considérés comme une immixtion grave dans les affaires intérieures de l'Etat Yougoslave, mais aussi comme l'affirmation d'une préférence américaine envers ses régions occidentales, et en particulier envers les velléités indépendantistes croates. Le président américain cherchait il à flatter le lobby croate de l'émigration, très offensif aux Etats Unis ? Difficile à dire, même si celui ci faisait de nombreux appels du pied à la présidence ainsi qu'au Congrès. Les organisations serbes de leur côté n'étaient pas en reste non plus...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Au final, les Yougoslaves obtiendront ce qu'ils voudront à Washington. Dans le communiqué officiel concluant la rencontre, Richard Nixon réaffirmera que les intérêts des Etats Unis sont dans une Yougoslavie indépendante et non alignée. En d'autres termes, on suggère à Brejnev de réprimer ses appétits car sinon, il trouvera les Américains sur sa route. Tito "obtient" aussi le champs libre pour en finir avec le Printemps Croate. Ce qui sera fait deux mois plus tard, en décembre 1971, où le mouvement recevra le coup fatal avec nombreuses arrestations et purges. Une répression d'autant plus facile que la presse mondiale, la tête dans le guidon de la Guerre du Vietnam, ne couvre quasiment pas les événements de Croatie. Et quand elle le fait, elle tend à <a href="https://balkanologie.revues.org/2251" target="_blank">relayer le point de vue yougoslave officiel</a>. La répression ne résoudra rien sur le fond, générant une frustration qui remontera à la surface comme un mauvais retour du refoulé, à la fin des années 80. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Un lâchage de lest suivra toutefois, avec une nouvelle constitution en 1974, garantissant une plus grande décentralisation, et satisfaisant certaines demandes croates, notamment en matière économique. Paradoxalement, cet assouplissement renforcera à long terme les aspirations indépendantistes croates et slovènes. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dans le sillage de la rencontre de Washington, les relations entre la Yougoslavie et l'URSS s'amélioreront sensiblement avec notamment une augmentation des échanges commerciaux, un autre grief de Brejnev ayant été que Tito privilégiait le commerce avec l'Occident. La voie à part de l'Etat yougoslave semblera être reconnue de part et d'autre de l'échiquier géopolitique.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pourtant, quelque chose se sera cassé autour de cette rencontre à Washington. Dès 1973, des notes internes de la diplomatie et du renseignement américains s'inquiètent des chances de survie de l'Etat yougoslave, lorsque Tito mourra. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Très étrangement, les USA porteront alors leurs espoirs sur un apparatchik doctrinaire, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stane_Dolanc" target="_blank">Stane Dolanc</a> (<i>prononcer Stané Dolann'ts</i>), un slovène membre de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, et éminence grise des services secrets. Yougoslaviste et antinationaliste convaincu, plutôt une bonne chose, donc, Dolanc est en revanche partisan de la ligne dure quant aux aspirations à plus de démocratie, réprimant à tout va et sans distinction, en mode "la fin justifie les moyens": si certains éléments jugés dangereux comme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vojislav_%C5%A0e%C5%A1elj" target="_blank">Vojislav Seselj</a>, déjà nationaliste, sont emprisonnés par Dolanc, d'autres intellectuels, dissidents, ou militants de la démocratisation subissent également ses foudres. Cette répression, accompagnée d'un "yougoslavisme" peut-être trop orthodoxe, contribuera à braquer celles et ceux qui, progressivement, doutent du projet yougoslave et songent à prendre peut-être un jour le large.</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh50RxYA3nIB-_G-Qlqywt0AnY-AgP9461CssBZnqSPgEv1W8Gy2Qcs61dS825WnpEFAqNX2za773Q6LOS8-mluedv27MivOZFqCtK6LJdepxyRrhs96jNgAsZwp5Isj0xPOBZTjcjzre8/s1600/Dolanc.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="275" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh50RxYA3nIB-_G-Qlqywt0AnY-AgP9461CssBZnqSPgEv1W8Gy2Qcs61dS825WnpEFAqNX2za773Q6LOS8-mluedv27MivOZFqCtK6LJdepxyRrhs96jNgAsZwp5Isj0xPOBZTjcjzre8/s400/Dolanc.jpg" width="400" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Pas vraiment une tête de méchant, </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>mais juste la tête du type qui fait bien son boulot. <br />Je n'aime pas juger les gens sur leur physique, mais reconnaissons que Stane Dolanc incarne à merveille le mélange de bonhomie clinique, d'élégance froide et d’embonpoint doctrinaire qui font les vrais apparatchiks.</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dolanc organise aussi les assassinats d'ennemis politiques à l'étranger. Pour toutes les basses besognes qu'implique sa politique, Dolanc fera appel à une jeune tête brûlée dont le père, désemparé, ne sait que faire. "C'est pas un mauvais cheval, mais il a besoin d'être cadré...tu peux faire quelque chose pour lui? " demande l'homme à Dolanc. La tête brûlée qui a besoin d'être cadrée s'appelle <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C5%BDeljko_Ra%C5%BEnatovi%C4%87" target="_blank">Zeljko Raznjatovic</a>, plus connu sous le pseudo d'Arkan, petit mafieux qui deviendra l'exécutant des sales boulots avant, pendant et après la dislocation de la Yougoslavie, et qui travaillera pour les Serbes comme pour les Croates. On lui doit notamment l'organisation des incidents lors du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89meutes_du_match_de_football_Dinamo_Zagreb-%C3%89toile_rouge_de_Belgrade" target="_blank">fameux match Zagreb-Belgrade</a>, considéré par certains comme le début de la guerre en Yougoslavie. Des incidents qui devaient déborder en dehors du stade, et justifier ainsi un coup d'Etat de l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_populaire_yougoslave" target="_blank">Armée Yougoslave</a> en Croatie. <br /><br />Cette pioche mafieuse qui finira par lui échapper n'est pas la seule tache dans le CV de Dolanc. Il est accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jovanka_Broz" target="_blank">Jovanka Broz</a>, la femme de Tito, ainsi que de manipulation de son mari vieillissant. Une insolence qui vaudra à Madame Broz un destin tragique et une fin de vie cauchemardesque: elle est "séparée" de Tito par Dolanc dès le milieu des années 70. Par un classique processus d'aliénation volontaire, Dolanc accuse Jovanka d'avoir une influence néfaste sur le président, voire d'espionnage au profit de l'URSS. </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Après le décès de Tito, sa maison est mise à sac et elle est placée en résidence surveillée à Belgrade, où elle vivra jusqu'à sa mort, en 2013, dans le plus grand dénuement. La Serbie, héritière de la Yougoslavie, ne lui restituera ses papiers et ne lui accordera une retraite qu'à partir de 2009...</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxv-vS_5OfnMy9CX2T9fPxPAiMnogfmIShtVgQ2jIjTBWuJlOeryjTPEYHq_L6ucORT62VQwFghECB0C_2BuVhWHBqnnow7Zz7Yl2B9ZYUv-Pg3HS_lm_Uz3XQbmcX28Ep6XjAcuTgXuM/s1600/jovanka-budisavljevic-broz.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: yellow;"><img border="0" data-original-height="340" data-original-width="642" height="169" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxv-vS_5OfnMy9CX2T9fPxPAiMnogfmIShtVgQ2jIjTBWuJlOeryjTPEYHq_L6ucORT62VQwFghECB0C_2BuVhWHBqnnow7Zz7Yl2B9ZYUv-Pg3HS_lm_Uz3XQbmcX28Ep6XjAcuTgXuM/s320/jovanka-budisavljevic-broz.jpg" width="320" /></span></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Jovanka Broz redevenant une citoyenne à part entière </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>à la fin de sa vie...</i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dolanc est aussi soupçonné d'avoir été un agent de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gladio" target="_blank">Gladio</a>, ce réseau secret de l'OTAN, composé d'unités dormantes en mesure de répondre à une invasion soviétique de leur pays. Il n'y a cependant pas de preuve de ce dernier fait, ni d'un soutien concret et actif des Américains envers ce Slovène controversé et objet de nombreux fantasmes. Cependant, le fait qu'il ait eu la préférence des Américains indique que la ligne de ces derniers n'était pas franchement favorable à une démocratisation de la Yougoslavie, dont ils craignaient qu'elle ne favorise l'explosion du pays. Les événements allaient leur donner en partie raison, mais paradoxalement, le cheval sur lequel ils misaient a contribué à polariser les forces contradictoires qui minaient le pays.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Tous ces événements historiques témoignent d'une situation beaucoup plus tendue et fragile en Yougoslavie, que ne le prétend un certain narratif yougonostalgique ou anti-impérialiste. Ils dévoilent aussi un contexte géopolitique pas aussi favorable au pays et à sa ligne que l'affirme là aussi ce même narratif. Tito apparaît affaibli et inquiet, et l'Etat yougoslave semble déjà miné de l'intérieur, au plus profond de ses arcanes. Ce serait un raccourci excessif que d'affirmer que ces événements annoncèrent la fin de la Yougoslavie, ou en portaient les germes, mais ils étaient assurément quelques uns des symptômes de certains maux qui allaient ronger le pays et contribuer à sa disparition.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La photo de Tito allumant son cigare face à Nixon prend une autre tonalité à la lumière des ces faits.</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOzFNuSr0cv6eCLsJRWKtT4uswxvEpmLESa6exoDID176pWaarSrU95RdL_06fSrk7Q-9lIGTqTuZ_YfvbaQ453ykbHkIV7SOpqwgVOEsrICaf_ukM4QqSst74nfh-rO4HXO9cm93NmrY/s1600/tito-nikson.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="335" data-original-width="504" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOzFNuSr0cv6eCLsJRWKtT4uswxvEpmLESa6exoDID176pWaarSrU95RdL_06fSrk7Q-9lIGTqTuZ_YfvbaQ453ykbHkIV7SOpqwgVOEsrICaf_ukM4QqSst74nfh-rO4HXO9cm93NmrY/s400/tito-nikson.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><b>Bon, on la refait (dans un style librement inspiré du langage facebook, pour un accès du plus grand nombre à la complexité géopolitique):</b></i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>1) Tito et Nixon, version de Ivan Fesboukovitch, </i></span></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<i style="color: yellow; font-family: georgia, 'times new roman', serif;">fier combattant anti-impérialiste en ligne:</i></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"<b>Nixon</b>: Hé, mec ! On peut pas fumer ici ! T'es aux States, mon pote, pas au bled! </i></span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><i><b>Tito</b>: LOL ! Coff...coff...Rien à foutre! Nous, mec, on suit notre propre chemin, ni à l'Est ni à l'Ouest, alors tu me parles bien!</i></i></span><i style="color: yellow; font-family: georgia, 'times new roman', serif;"><i>"</i></i></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>
</i></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><br /></i></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>
</i></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><i>2) Tito et Nixon, la version qu'on vous cache:</i></i></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>
</i></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><i>"<b>Nixon</b>: alors, t'es toujours dans des embrouilles avec le Russe ?</i></i></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>
</i></span>
<br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><i><b>Tito</b> (en pensée): 'tain, il attaque cash avec ça...Et la meuf qui traduit, je la kiffe pas du tout...</i><i>Vite un p'tit joint! </i><i>(à voix haute) Heu...coff...coff...Tranquille, mon frère...coff...coff...Léo et moi, on s'est bien pris la tête, mais ça reste un pote...coff...coff. </i></i></span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><i><i><b>Nixon</b>: Ouais mais t'as vu comment il a niqué leur mère aux Queutchè en 68. Ca sent le plan relou pour vous.</i></i></i></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>
</i></span>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><i><b>Tito</b> : nan, y'a pas de blèmes, mec, faut juste que tu me laisses faire mon business à la casa!... Sinon, on bouffe quoi ce soir ?"</i></i></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Exposer ces faits n'est aucunement une attaque envers la mémoire yougoslave, ou envers certains aspects positifs de la politique de Tito, et encore moins un parti pris pro-occidental. Il s'agit simplement de démentir des légendes que l'emballement des réseaux sociaux et l'aveuglement de certaines postures idéologiques tendent à faire tenir pour vraies, ce qui finalement dessert les causes défendues en les idéalisant. Les extrémistes et les nationalistes qui vomissent aujourd'hui sur Tito et la Yougoslavie recourent volontiers aux raccourcis et aux contre-vérités les plus excessifs pour asseoir leurs thèses. Face à ces pratiques, il est de notre devoir d'être dans un exposé des faits honnête et juste, et non dans le colportage de légendes sympathiques mais erronées. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En d'autre termes, le respect de l'idée yougoslave et la défense de son héritage impliquent aussi d'être capable de regarder ses côtés obscurs. Dont acte. Quelqu'un veut un cigare ?</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZ1hRVEzJpqbRk8lJdKwxbLGP6MQAmzqTiwkmLhiIBP3WkyrXNBwzeIJqA1ZvfD-VwLw0SatLXeIwLz8RDaIUQUvaHuilPJl8Xdn4Q_YXRYg9Hb3RTwwDyHTaX1z59EgLBCq02cjJSPQg/s1600/extra+jug.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="181" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZ1hRVEzJpqbRk8lJdKwxbLGP6MQAmzqTiwkmLhiIBP3WkyrXNBwzeIJqA1ZvfD-VwLw0SatLXeIwLz8RDaIUQUvaHuilPJl8Xdn4Q_YXRYg9Hb3RTwwDyHTaX1z59EgLBCq02cjJSPQg/s1600/extra+jug.jpeg" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>Sources et prolongements de ce post:</b></span></span></span><br />
<div style="text-align: left;">
<br /></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Article du magazine Ekspres (en serbo-croate): <a href="https://www.ekspres.net/drustvo/arhivi-cia-tito-se-zalio-niksonu-plasio-se-vojne-intervencije-sssr">https://www.ekspres.net/drustvo/arhivi-cia-tito-se-zalio-niksonu-plasio-se-vojne-intervencije-sssr</a></span></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span></span>
<br />
<div style="text-align: left;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: left;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Enquête et analyse sur le Printemps Croate (en français):</span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://www.univ-paris1.fr/autres-structures-de-recherche/ipr/les-revues/bulletin/tous-les-bulletins/bulletin-n-09-chantiers-2000/mohamed-mehdi-cheriet-le-printemps-croate-de-1971/">https://www.univ-paris1.fr/autres-structures-de-recherche/ipr/les-revues/bulletin/tous-les-bulletins/bulletin-n-09-chantiers-2000/mohamed-mehdi-cheriet-le-printemps-croate-de-1971/</a></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sur le Printemps Croate et les difficultés internationales de la Yougoslavie entre 1965 et 1971 (en anglais):</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> <a href="https://wikileaks.org/gifiles/attach/128/128054_Croatian%20Spring.pdf">https://wikileaks.org/gifiles/attach/128/128054_Croatian%20Spring.pdf</a> (les pages 21, 22 et 23 reviennent précisément sur la rencontre Tito/Tepavac et Nixon/Rogers).</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Contexte et enjeux des réformes successives entreprises en Yougoslavie (en espagnol) </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">:</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> <a href="http://www.balkania.es/wp-content/uploads/2015/12/antonio_moneo.pdf">http://www.balkania.es/wp-content/uploads/2015/12/antonio_moneo.pdf</a></span></span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(les pages 17, 18 et 19 </span><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">reviennent précisément sur la rencontre Tito/Tepavac et Nixon/Rogers)</span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mémoire universitaire sur la politique américaine envers la Yougoslavie entre 1961 et 1980 (en anglais): </span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://etd.ohiolink.edu/!etd.send_file%3Faccession%3Dbgsu1206322169%26disposition%3Dinline">https://etd.ohiolink.edu/!etd.send_file%3Faccession%3Dbgsu1206322169%26disposition%3Dinline</a></span><br />
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i style="color: yellow; font-family: georgia, 'times new roman', serif;">Remerciements à Ivan Vule Fridman pour m'avoir mis le nez dans cette histoire de fausse interdiction de fumer à la Maison Blanche lors de la venue de Tito, histoire qui m'a mené vers tout le reste...</i></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><b>Iconoclasmes</b> est la rubrique "arrêt sur image" de ce blog. Le principe: une image forte, méconnue ou célèbre, et une analyse impertinente, à contre courant ou dévoilant ce qui est caché derrière. </i></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Les deux premiers "iconoclasmes" sont <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2014/12/iconoclasmes-2-fureur-de-vivre-dans-les.html" target="_blank">ici</a> et <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2014/01/iconoclasme-1-nelson-srbski-junak.html" target="_blank">là</a>. </i></span></div>
<span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
</span>Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-52002190366538591712017-05-06T17:20:00.001+02:002017-05-07T16:44:57.020+02:00EN MARCHE !<div style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGqoVJVv_U24G2YNuZ8KYtuYpKwtZDPhpkKdU83Qa_fcPbTNFn4_9gmjqV3GUAHWtjADT4XTwAMDiU1B1MB-dzKM5VE4wyGQdSSSMn_6fHxLUW9SHke1GLSKd61Jo3sOwP72gvI3H3aGo/s1600/balkanisation.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGqoVJVv_U24G2YNuZ8KYtuYpKwtZDPhpkKdU83Qa_fcPbTNFn4_9gmjqV3GUAHWtjADT4XTwAMDiU1B1MB-dzKM5VE4wyGQdSSSMn_6fHxLUW9SHke1GLSKd61Jo3sOwP72gvI3H3aGo/s400/balkanisation.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><i><span class="_5yl5">"Balkanisation", 2011 </span></i></span><br />
<span style="color: yellow;"><i><span class="_5yl5">Oeuvre de </span></i><i><span class="_5yl5"><i><a href="http://damirradovic.com/" target="_blank">Damir Radovic</a></i>, publiée ici avec l'aimable autorisation de l'auteur.</span></i></span><br />
<span style="color: yellow;"><i><span class="_5yl5">Tous droits réservés.
<br />Plexiglass orange epoxy.<br />Dimensions variables.<br />L'oeuvre fait partie de la série <a href="http://damirradovic.com/territory-of-madnesse/" target="_blank">"Territory of Madness"</a></span>. </i></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A l'approche du second tour des présidentielles françaises, Yougosonic propose quelques réflexions, et un peu de déconnade, à travers le miroir que peuvent nous tendre certaines oeuvres et points de vue d'artistes de la Yougosphère, pour la plupart régulièrement convoqués dans ce blog. Hormis quelques rares exceptions, ce qui suit n'est aucunement un vade-mecum de ce qu'il faudrait faire, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ni</span> du prêt-à-penser au milieu du désarroi de nombreux citoyens face à un choix électoral de second tour aux allures de plante carnivore... </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je ne fais que partager de manière modeste et un rien ludique, quelques impressions et sentiments, avec l'aide de quelques témoins d'ex-Yougoslavie. <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span>Certains éléments feront peut-être débat. En raison de l'ambiance assez chaude-patate du moment, si j'en juge par les passes d'armes musclées en vigueur sur les réseaux sociaux, la vigilance sera à son maximum envers les commentaires, ici ou sur facebook, sur le plan de la courtoisie et de l'argumentation. Et n'oublions pas au passage que ce n'est pas sur le web que nous réglerons les problèmes de ce pays. Si il y a un message, c'est celui-là. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Nouveauté: des intertitres ponctuent <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ce post touffu</span>, couché à l'arrachée cette semaine. C'est joli, pratique, et ça guide la lecture, que je vous souhaite excellente.</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>*** <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Marche au pas et pas d'eux deux</span> ***</b></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Plus que jamais, en ces temps électoraux troublés, l'ironie mordante et les messages à interprétations multiples de <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2011/05/in-laibach-we-trust.html" target="_blank">Laibach</a> trouvent leur pertinence. La cultissime reprise par le groupe slovène de "<a href="https://www.youtube.com/watch?v=WWKq_PQLfCM" target="_blank">Live is life</a>" en marche militaire résume parfaitement l'offre politique du second tour.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 56.25%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/LB9lObWclFQ?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="640"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
</span><br />
<a name='more'></a><div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La marche militaire parodique renvoie de facto à "En marche!", le mouvement du jeune et dynamique prétendant au trône d'une jeune et dynamique République Française. Je m'étonne que, à ma connaissance, personne n'ait vu la dimension militaire dans le nom de ce mouvement, qu'on a plutôt vendu comme une aimable randonnée pédestre centripète. En marche donc, vers un libéralisme définitivement décomplexé, avec un jeune guide qui nous mènera vers des lendemains qui chantent la joie de livrer des pizzas à vélo en étant à son compte, mais connecté à quelques plateformes dont l'une s'appelle Uber, comme <i>Übermenschen</i> en allemand, les "êtres supérieurs" (Bonjour, M.Godwin, on va se croiser souvent dans ce post). Je joue sur les mots mais les mots ne sont jamais anodins, à fortiori quand ce sont des mots "déposés", des marques. Uber, et son dérivé, l'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Uberisation" target="_blank">uberisation</a>, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">suggèrent</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> bien qui, dans l'idéologie néolibérale, sont aujourd'hui les êtres supérieurs et les êtres inférieurs: les premiers sont ceux qui rêvent d'être milliardaires, quitte à bosser avec un droit du travail quasi inexistant et dans une formule externalisée. Les seconds sont ceux qui refusent ce modèle ou tout simplement sont passés à côté et incarnent une sorte de "vieux monde" ringard et dépassé... L'uberisation est d'ailleurs très significative dans sa dimension semi-militaire elle-aussi, pour être exacte "mercenariale": tu es libre et à ton compte, mais en même temps tu fais allégeance aux clauses de ta "ubertutelle", contre laquelle il te sera demandé de ne jamais te retourner. </span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En marche donc ! On a en France négligé les positions de Laibach sur le libéralisme et la globalisation, pour ne retenir que les jeux jugés malsains avec l'imagerie fasciste. Le groupe n'a pourtant jamais voulu démontrer autre chose que la vacuité et les dangers du rouleau compresseur libéral, du "<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/There_is_no_alternative" target="_blank">There is no alternative</a>", et de son idéologie décomplexée et officiellement politiquement asexuée (ni à droite ni à gauche, comme nous le revendique notre gendre idéal de la fonction suprême), ce qui est aussi un attribut de l'autoritarisme. Ni droite ni gauche n'évoque-t-il pas un miroir du "c'est kif kif" ou du "tous pourris", dont il en serait une version positive ? Je pose la question.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">"Live is life" version Laibach, vu à l'aune de la présidentielle française, c'est aussi bien sûr un renvoi très direct et explicite à "l'autre" option de ces élections, à savoir la Marine se pensant comme la plus nationale de notre belle et aimée patrie. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Il faut ici rappeler que ce morceau a été publié par le groupe slovène en 1987 sur l'album "Opus Dei" (allusion à la fameuse organisation intégristo-fascistoïde). A l'époque, personne ne se doutait que la Yougoslavie allait exploser dans le sang, mais néanmoins, les ingrédients de la dislocation se mettaient en place: un an avant "Li<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">f</span>e is life", l'Académie Serbe des Sciences avait sorti son tristement célèbre <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/SANU_Memorandum" target="_blank">mémorandum</a>, et l'ascension de </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević était déjà bien engagée. En Croatie et en Slovénie, on commençait à penser à prendre le large, à la fois pour se mettre au chaud face à un mémorandum aux préconisations inquiétantes, pour protéger son économie de régions riches, et parce que là bas aussi, un début de "projet national" voyait le jour. C'est aussi en 1987 que </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević, haranguant la foule fruste, donc manipulable, sur la morne plaine de Kosovo Polje, a prononcé sa célèbre phrase: "personne n'a le droit de frapper" les Serbes. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Et si <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/presidentielle-2017/20170427.OBS8642/whirlpool-toutes-les-astuces-utilisees-par-marine-le-pen-pour-pieger-macron.html" target="_blank">la visite de Marine Le Pen à Whirlpool</a> avait été son Kosovo à elle? Elle a promis : "avec moi, l'usine ne fermera pas". C'est moins viril que la phrase de </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević, mais en termes d'impact, sa visite à Amiens a fait le même effet. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour revenir encore dans la Yougoslavie de 1987, rappelons que le pays était à cette époque miné par une crise économique grave, suivant les remèdes de cheval libéraux du FMI. Cette crise sera l'un des éléments clés du déclenchement de la dislocation, créant non pas des fractures sociales comme en France sous injonction de l'UE, mais des fractures nationales entre les républiques yougoslaves les plus riches et les plus pauvres. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Sans vouloir bien-sûr tout comparer, car les contextes et les périodes sont différents, force est de constater un certain nombre de points communs entre la Yougoslavie d'hier et la France d'aujourd'hui. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avec "Live is life" version Laibach, on a aussi le sentiment d'une sorte de fatalisme. "Li<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">f</span>e is life" n'évoque-t-il pas notre formule, mi-flegmatique, mi résignée, "c'est la vie!". Le côté marche militaire de la chanson, n'est pas seulement là pour désigner la "militarisation/fascisation" des esprits en marche en Yougoslavie comme en France, elle est aussi là pour dire l'inéluctable en marche, celui d'hier en Yougoslavie, comme celui d'aujourd'hui en France. La chanson semble monter en puissance pour atteindre une sorte de firmament, un sommet. C'est la marche du peuple vers son pseudo-salut à travers le retour à l'ordre et à la nation.</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>*** Tu es le père ou tuer le père ? ***</b></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="270" src="//www.dailymotion.com/embed/video/x2tvvy9" width="480"></iframe><br /></span>
<span style="color: yellow;"><a href="http://www.dailymotion.com/video/x2tvvy9_disciplina-kicme-svi-za-mnom-1986_music" target="_blank">DISCIPLINA KIČME - Svi za mnom (1986)</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/lajso" target="_blank">lajso</a></i></span>
</span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Laibach n'est pas le seul groupe dans le rock yougo à tendre des miroirs à notre jouissif contexte national actuel. En marche !, ce pourrait être aussi le message de cette vieille chanson du groupe free-funk-punk de Belgrade <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Disciplin_A_Kitschme" target="_blank">Disciplina Kicme</a>, dont le nom ("la discipline de la colonne vertébrale") est déjà tout un programme. Un nom qui, on le voit, marche droit lui aussi. "Svi za mnom" signifie "Tous avec/derrière moi", c'est un peu notre "qui m'aime me suive!". </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les allusions au besoin d'un leader, d'un chef, d'un guide menant à quelque salut y est encore renforcé par les paroles qui reviennent en boucle: "Est ce que tu veux quelque chose de neuf ? Est ce que tu veux quelque chose d'autre ? Tous avec/derrière moi!". Comme Laibach et de nombreux autres artistes yougoslaves, le groupe belgradois se garde bien pourtant de préciser le fond de sa pensée, en l'occurrence qui est visé dans la chanson, sortie en 1986 : le groupe raille-t-il les vieux slogans socialistes ? Vise-t-il </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Milošević, alors en pleine ascension ? Pointe-t-il effectivement le besoin de père, de chef, de leader, de guide, qui serait l'une des pathologies des sociétés yougoslaves ? S'agit-il des "ténors" des oppositions naissantes cherchant à fédérer autour d'eux et de leurs promesses de nouveauté ? O<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">u</span> peut-être le groupe lui-même s'érige<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-t-il en mote<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ur de la<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> nouveauté et invite le public en quête de nouvelles s<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ensations à<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> l<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">e</span> suivre ? </span></span></span></span></span></span></span></span><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'interprétation est ouverte.</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'ambiance festive et cuivrée du morceau en rajoute dans l'enthousiasme à suivre un chef nouveau, mais la répétition en boucle du texte et du thème musical indiquent le lavage de cerveau et l'hypnose des masses en vigueur. Les dissonances mélodiques, elles, nous placent bien dans le registre de l'ironie.</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les paroles de la chanson "Svi za mnom!" pourraient donc bien être les propos d'un Macron, visage autoproclamé de la nouveauté, ou d'un Mélenchon, dont la "gouroutisation" par une frange de ses adeptes, à son corps défendant, est connue. Quant à Marine Le Pen, l'ADN de l'extrême droite qui préconise comme principe de base le rassemblement derrière un chef, suffit à l'inscrire clairement dans le propos de la chanson. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce besoin de chef qui serait inhérent à l'inconscient collectif yougoslave est aussi présent en France, où l'on semble ne s'être jamais remis d'avoir, en des temps pas si reculés, coupé la tête de notre roi. Jean-Luc Mélenchon parle à juste titre de "monarchie présidentielle" et ce concept ne concerne pas que l'organisation du pouvoir et des institutions dans la Ve République, mais correspond parfaitement à ce besoin d'une partie de la population d'avoir un homme fort au commande de l'Etat, une sorte de père de la nation. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Pour les présidentielles de 2012, <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2012/04/saute-de-moutons-en-rambovision.html" target="_blank">j'avais traduit la chanson "Cobane, vrati se!" de Rambo Amadeus</a>, qui traitait précisément de ce besoin de guide. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/1OqA0GHthfw?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A l'époque, j'avais clairement visé Sarkozy, et appelé à voter Hollande, bien que je n'étais guère séduit par ce dernier. Au vu de ce qui s'est passé durant ces 5 dernières années en France, me relire me donne un certain vertige et une profonde amertume, même si je maintiens ma vision de la chanson de Rambo Amadeus. On me répondra que cette fois ci, il n'y a pas de père en lice. D'un côté, c'est une mère. De l'autre, c'est le fils prodigue, celui qui a réussi. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Nouvelle donne ? Pas vraiment, en fait. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La mère s'avère être une espèce de matrone qu'il nous faudra craindre et respecter. Quant au petit chéri qui joue très bien du violon depuis tout petit (c'est une image), il suffit d'écouter certains de ses fans complètement obnubilés pour voir que le besoin de figure rassurante et charismatique, même si relookée en mode "gala Sciences-Po", n'a pas disparu. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Quoiqu'il en soit, pour cette année, le vote du second tour s'annonce pour moi, quelle que soit ma décision finale, un déchirement ultime. Quelque chose me dit que je ne suis pas le seul.</span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>*** Paye ton vote! ***</b></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlL9DoNPFO_LsRplQzDt58Hc30mplddW7UmrK-Hv7Okg0R_UDMq09kMxS94ClN6Y6NldXpnk6tMhiea-N4GDd0urVVxjJUUSLzpasSQ9T6XwYLCQ02i1_n6piiIQIhykPM2yXNiBMzvpM/s1600/montenegro_Rambo_Amadeus.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="256" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlL9DoNPFO_LsRplQzDt58Hc30mplddW7UmrK-Hv7Okg0R_UDMq09kMxS94ClN6Y6NldXpnk6tMhiea-N4GDd0urVVxjJUUSLzpasSQ9T6XwYLCQ02i1_n6piiIQIhykPM2yXNiBMzvpM/s320/montenegro_Rambo_Amadeus.jpg" width="320" /></a></span></div>
<span style="color: yellow;"><i>Rambo Amadeus</i></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Rambo Amadeus rappelle en tout cas que le vote est un vrai choix, une démarche qui nous engage, et qui donc s'assume, y compris après. Ces propos ne figurent pas dans une chanson mais dans une interview parue il y a un peu plus d'un an dans un magazine croate, et largement relayée sur les réseaux sociaux de la Yougosphère. Interrogé sur le fait qu'aujourd'hui, certains virent leur cuti et regrettent la Yougoslavie et le socialisme, le bouffon du roi du rock yougo répond avec son franc-parler habituel et sans indulgences: </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Mais qu'est ce vous m'emmerdez à la fin, bordel ? Avons-nous eu dans les années 90 des élections, démocratiques, multipartites? N'avez vous pas </i></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>presque </i></span>tous voté comme un seul homme pour le capitalisme ? Et pour le nationalisme, et pour que l'Eglise ait le dernier mot, et pour que les capitalistes vous prennent tout à votre nez et à votre barbe? Que voulez-vous maintenant? (...) Le peuple est bête, et maintenant il s'insurge qu'il est bête. Mais tu ne peux pas être bête puis t'insurger que tu es bête. On a voté pour le nationalisme, donc pour que l'on aille à la guerre. L'offre a consisté en partis qui tous menaient à la guerre. On a aussi voté pour la contre-révolution, on a voté pour que le bien public soit volé et pour que quelques individus seulement s'enrichissent. Et on a voté pour que l'église ait le droit de donner son avis."</i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Des propos qui offrent d'intéressantes résonances avec la situation française, et qui ne concernent pas forcément que les électeurs du Front National, qui seraient "bêtes et un jour s'insurgeront peut-être de leur bêtise". J'espère néanmoins qu'ils n'aient pas l'occasion de tester leur bêtise grandeur nature pour pouvoir mieux la regretter. Tout ne dépend pas que d'eux, mais du comportement et des choix de tous. Beaucoup d'entre nous ont vécu des années dans leurs bulles, et ne se sont préoccupés de politique qu'à chaque élection. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>*** De l'inertie du rock engagé ***</b></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">J'ai 48 ans, et le FN, je l'ai devant moi depuis la première moitié des années 80. En gros dès que j'ai eu l'âge de réfléchir et d'avoir un début de conscience politique (c'est venu chez moi vers 13-15 ans), il était là. Et depuis que j'ai le droit de vote, le FN, je l'ai, pardonnez moi d'être trivial, dans le cul! Il est le vrai faiseur de roi, influençant et déterminant nos votes. "L'inéluctable" montée du FN est <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">une réalité</span> depuis très très longtemps, et certains <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">prêcheurs</span> politiques, médiatiques ou autres</span>, au lieu de paniquer et de diaboliser ceux qui ont choisi le vote blanc ou qui hésitent entre vote blanc et vote "républicain-barrage-utile", seraient bien inspirés de se demander ceux qu'ils ont fait concrètement ces 35 dernières années contre la bête immonde. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Remarque: poster "la jeunesse emmerde le Front National" sur facebook N'EST PAS lutter contre le FN, et je le dis avec tout le respect que j'ai pour Bérurier Noir, d'autant qu'à l'époque de "<a href="https://www.youtube.com/watch?v=5bsbIkp15r0" target="_blank">porcherie</a>", le groupe était prêt à payer de sa personne: les musiciens espéraient un procès de la part de Le Pen père, procès qu'ils auraient alors médiatisé, et avec lequel ils espéraient structurer une mobilisation. Le procès n'a pas eu lieu, et peut-être, avec le recul, cette stratégie n'était-elle pas la bonne, mais on ne peut reprocher au groupe de ne pas avoir essayé quelque chose.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais revenons à l'exemple de facebook et au fait d'y poster du rock "engagé". Le problème du rock "engagé", aujourd'hui, c'est bien souvent de servir à n'être que posté sur facebook. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">En ex-Yougoslavie, vu la situation, les groupes engagés ne manquent pas. Le plus connu en nos contrées est sans doute <a href="http://lemusicodrome.com/dubioza-kolektiv-happy-machine-2016/" target="_blank">Dubioza Kolektiv</a> dont le succès dépasse de longue date les frontières de la Bosnie-Herzégovine, et même de la Yougosphère. "Dubioza", je n'ai pas envie de les critiquer à la base. Ce sont des gens sympathiques que j'ai eu l'occasion de rencontrer à la fin des années 2000 lors de l'un de leurs premiers concerts en France. Je sais que le groupe est actif dans certaines actions et projets, notamment via le mouvement citoyen "Dosta!" ("Assez!"), lequel est proche du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Social_Democratic_Party_of_Bosnia_and_Herzegovina" target="_blank">S</a><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Social_Democratic_Party_of_Bosnia_and_Herzegovina" target="_blank">DP Bosnien</a><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, ce qui indique une indépendance quand même relative face au politique, même si je préfère le SDP <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">au<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">x partis "ethniques" et nationalistes.</span></span></span></span></span></span></span> <span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">s</span> idées du groupe sont irréprochables et <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">il</span> a signé à ces débuts des morceaux très forts musicalement et au niveau des textes. J'ai pris mes distances sur le plan artistique lorsque la musique du groupe s'est faite moins tendue, moins urgente, pour tomber dans une sorte de resucée de No Smoking Orchestra mâtiné de Manu Chao. Cette évolution a été payante pour le groupe puisqu'elle lui a ouvert les ondes de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/MTV_Adria" target="_blank">MTV Adria</a>, puis du succès international. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 56.25%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/jtgA0jvhp2A?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="640"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce n'est ni ce changement de registre ni le succès que je reproche au groupe. Au contraire, je suis même plutôt content pour eux et pour la Bosnie-Herzégovine, et tant mieux si la notoriété d<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">e Dubioza Kolektiv</span> peut attirer un semblant d'attention sur ce pays. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Ce qui me pose souci, c'est ce qu'ont relevé à juste titre un certain nombre de chroniqueurs musicaux de la Yougosphère qui ont osé se démarquer de l'enthousiasme général autour du groupe. Ce que disent ces chroniqueurs, c'est que le groupe en réalité n'apporte rien que l'on ne sache déjà: le public local du groupe <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">est déjà conscient</span> que les politiciens sont corrompus, que le nationalisme leur sert à dissimuler leurs magouilles, que la plupart des gens vivent sous le seuil de pauvreté, que tout va mal... Est il nécessaire de le dénoncer à longueur d'albums et de chansons ? Ne faudrait-il pas plutôt réfléchir à comment contrer ces problèmes ? Et d'ailleurs est-ce que vraiment TOUT va mal ? Un de ces chroniqueurs va plus loin en accusant le groupe d'utiliser, comme les politiques, des paroles vides, du prêt-à-penser, fusse-t-il un prêt-à-penser de révolte, et de ne développer aucune réflexion. La musique festive et l'engagement d<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">u</span> groupe, émaillés de plaidoyers consensuels pro-ganja, deviennent une sorte contestation marketée, un produit. Un autre encore pointe le vrai problème du groupe, concomitant des précédents: le groupe ne pousse au final aucunement à l'action, mais au contraire provoque l'inaction de son public face à la situation du pays. La dénonciation que le groupe fait de celle-ci sert plus de thérapie, de catharsis, de défoulement, de moyen de supporter ce qui se passe, que d'impulsion à agir. Pourquoi pas, certes ? Mais l'engagement ne doit-il pas être avant tout une démarche active et mobilisatrice<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">? </span></span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Bref, le groupe est sympa et reste préférable à un <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Marko_Perkovi%C4%87" target="_blank">Thompson</a> ou à une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Svetlana_Ra%C5%BEnatovi%C4%87" target="_blank">Ceca</a>, mais il ne fait ni réfléchir ni agir. "La jeunesse emmerde le Front National" en 2017 sur facebook, c'est un peu pareil, et dans tous les cas, ce qui est devenu un slogan de manif, certes sympathique et galvanisant, s'est montré d'une efficacité très limitée. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L</span>e <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">B</span>osnien <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/search/label/Damir%20Avdic" target="_blank">Damir Avdic</a> <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">évoque dans</span> "imam 51" ("j'ai 51 ans"), le fascisme, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">dont on nous dit qu'i<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">l</span> "serait de retour <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">...</span></span>comme s'il avait toujours été ailleurs tout ce temps"<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">constate le chanteur<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, perplexe</span></span></span>. <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La chanson prodigue quelques conseils <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">à l'attention de ceux qui voudraient s'opposer à ce fascisme soi<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-</span>disant sur le retour<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">: "<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Oubliez donc une bonne <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">fois </span></span></span></span></span></span></span></span><span style="color: yellow;">les réseaux sociaux!", <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">suggère </span>Avdić,<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> parce que</span></span> "l'ennemi y connaît à l'avance chacun de <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">v</span>os mouvements". </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Une organisation bien structurée<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> s'avérera plus pertinente que les "petits festivals subventionnés" et les pro<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">fessions de foi idéalistes scandées <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">à qui veut les entendre</span>, poursuit-il.... "<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais p</span>utain, mec, ils v<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ont venir</span> avec des tanks!"<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">avertit </span></span></span></span></span></span></span></span></span>Avdić<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. <br /><br />On est <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ici dans le contexte post-yougoslave<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, avec ses tensions et les souvenirs encore saignants des guerres des années 90<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. Nos fachos n'arriveront <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">sûrement</span> pas avec des tanks, mais <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">l'arrivée ne sera pas franchement courtoise <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">ni</span> habitée par <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">le respect qu'implique le </span>dialogu<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">e républicain.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span> Il faudra être prêt<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, et sur le terrain, semble <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">conclure</span> la chanson, dont le clip et la mélodie lancinante évoquent <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">la<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> gueule de bois de la fin des illusions<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">.</span></span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span></span></span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">(Traduction de cette chanson dans le blog sous peu)</span></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 56.25%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/-Jqi774vcUc?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="640"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>*** Les valeurs de la République ***</b></span></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Plutôt que de lutter contre le fascisme en marche, la majorité de la classe politique, du milieu médiatique, du monde économique, parfois du monde culturel, mais aussi bon nombre de citoyens, ont préféré maintenir l'illusion de stabilité, d'équilibre et de progrès, cultivant les formules creuses et toutes faites, invoquant "les valeurs de la République" tout en les vidant de leur substance. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Damir </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avdić, encore lui, interroge dans "Bratstvo i jedinstvo" la devise de la Yougoslavie: "Fraternité et unité" qui se sont, dit-il à chaque strophe, "terminées sur deux niveaux: dans les camps de concentration et les massacres de masse", puis "dans les pelotons d'exécution et les gens qu'on égorge avec une efficacité industrielle". "Sur lequel de ces deux niveaux veux tu danser/jouer?" demande le chanteur (en serbo-croate: le même verbe, "igrati", signifie danser et jouer). Le chanteur s'en prend à un tabou, l'incapacité de bon nombres de Yougonostalgiques à accepter que le ver était peut-être dans le fruit, perdus dans une idéalisation à outrance du passé yougoslave, qui fait qu'on évite de se poser les questions qui fâchent, à savoir: comment en est<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-</span>on arrivé là ? Où s'est<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">-</span>on planté en cours de route ? Une partie de ceux qui ont pleuré Tito à chaudes larmes à la mort de ce dernier, seront dix ans plus tard, les fossoyeurs zélés de la Fraternité et de l'Unité, et les acteurs tout aussi zélés de la purification ethnique. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/WUozSRDDvSw?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La chanson est dure et provocante, mais le but est précisément de soulever la réflexion. On pourrait en tout cas paraphraser aisément Damir </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avdić avec un texte adapté à la situation française : "Liberté, égalité, fraternité se sont terminées sur deux niveaux: avec l'extrême droite désormais aux portes du pouvoir et avec des gamins nés et grandis ici qui se font exploser au milieu de nous. Avec une société atomisée, tendue, au bord de l'explosion, et des lois d'exception qui nous rapprochent de la démocrature. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />Sur quel niveau voulons nous danser/jouer ? </span> </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>*** Guy Debord and Pier Paolo Pasolini like this ***</b></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Plutôt que de se regarder dans un miroir et de combattre les difficultés, la société a continué à organiser le spectacle masquant sa propre vacuité, à travers ses rituels: les commémorations, les inaugurations, les sommets, les grands projets, les courses à l'image, et bien-sûr, les élections, devenues un grand show, avec ses hit-parades (les sondages), et ses bêtes de scène que l'on convoque sur les plateaux. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'on parle de "ténor" de tel ou tel parti. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A côté de Laibach, l'autre grand groupe de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_industrielle" target="_blank">musique industrielle</a> d'origine yougoslave, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Autopsia" target="_blank">Autopsia</a>, aujourd'hui exilé à Prague, illustre à la perfection dans la vidéo de "<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pigsty_%28film%29" target="_blank">Porcile</a>" ("Porcherie", titre inspiré du film éponyme de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Pier_Paolo_Pasolini" target="_blank">Pasolini</a>) cette <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Soci%C3%A9t%C3%A9_du_spectacle_%28livre%29" target="_blank">société du spectacle</a>, décrite par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Debord" target="_blank">Guy Debord</a>, dans laquelle nous vivons, et qui trouve <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">l'un de ses</span> accomplissements dans cette présidentielle où les effets de com' et les ritualisations dominent. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/MpmUzqK1Y8M?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les images en noir et blanc, d'archives, accentuent l'effet miroir face au contexte d'aujourd'hui, et rappelle que nous n'avons pas changé depuis l'élection d'Eisenhower et les funérailles de Paul VI que l'on voit dans le clip. "Nous" n'avons pas changé. Je dis bien "nous" car la vidéo montre la complicité du public, de la masse devenue troupeau, face aux spectacles et aux rituels que le pouvoir lui tend en pâture. Comme chez Damir </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avdić</span>, c'est la responsabilité de tous qui est pointée. Au delà du besoin d'un père, d'un guide ou d'un chef, c'est notre besoin de spectacle si typique de notre époque qui est dénoncé. La référence à Pasolini peut s'expliquer par <a href="http://mesmilleetunenuitsalire.over-blog.com/article-pasolini-l-extra-lucide-78507669.html" target="_blank">les positions</a> du cinéaste et écrivain italien sur la société moderne, dans laquelle il voyait une forme aboutie d'autoritarisme, le consentement s'obtenant par la sollicitation permanente, la consommation, et même par l'instrumentalisation/intégration de la subversion (liberté sexuelle, mouvement hippie<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">, à l'époque</span>).</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Accident_de_la_navette_spatiale_Challenger" target="_blank">explosion de la navette challenger</a> au milieu du clip semble vouloir dire la fragilité de notre puissance, fragilité que masquent nos rituels et événements. La fin du clip, avec son piano à la mélodie plus enjouée, les pas de danse et le visage de Lénine, se veut plus optimiste: derrière une certaine abstraction et un certain cynisme, Autopsia semble rouler à gauche de la gauche, et voit dans celle-ci une alternative à tout le grand show qui précède. Un message d'émancipation donc, mais qui émet le postulat que la remise en question doit être profonde et devra aussi s'attaquer aux attributs subtils et cachés de l'aliénation.</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">*** On recherche prolétaires, faire offre en MP ***</span></b></span></div>
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow; font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A côté de ces considérations socio-philosophiques, il faut aussi interroger la péremption de certains modèles, ou leur distorsion. Dans les années 80 encore, période de profondes remises en question en Yougoslavie, le groupe slovène "<a href="https://www.discogs.com/artist/974916-Via-Ofenziva" target="_blank">Via Ofenziva</a>" signait un "Proleter" magnétique mais déprimé. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/frXBsSwaVN0?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le texte disait en résumé quelque chose comme "Où es tu, prolétaire ? Où est ton fusil [de partisan communiste]? Où est ton combat pour lequel nous brandissons encore le drapeau?". Le texte se voulait ironique envers les icônes du socialisme yougoslave finissant. C'était une remise en question du système d'alors, système dans lequel la jeunesse avait la sensation d'étouffer. Cette jeunesse ne se doutait pas bien-sûr, ni ne souhaitait à ce stade, que la remise en question <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">se </span>termine<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">rait</span> sur les champs de bataille et dans une économie de compétition, où le "prolétaire", dans son sens socialiste, aurait disparu. Il <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">a cédé</span> la place au chômeur, au précaire, à l'intérimaire, à l'employé, à l'uberisé. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Le mot "ouvrier" a presque disparu du vocabulaire. On ne dit d'ailleurs plus "jardins ouvriers" mais "jardins familiaux" pour désigner ces terrains gérés par les communes ou des associations, attribués à l'origine par un patronat un brin paternaliste à ses employés. Ouvrier est presque devenu un terme honteux ou péjoratif, mais surtout, aujourd'hui, c'est à l'autre bout de l'échiquier politique qu'on l'invoque et qu'on s'en réclame. L'ouvrier ne vote plus, ou si peu, pour le PC ou la gauche, mais pour l'extrême-droite. <br /><br />"Où es tu prolétaire?" - en marche peut-être, en marche autoritaire.</span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Comme un signe de ces mutations laissant ouverte la question du prolétaire à travers le temps, la chanson de Via Ofenziva sera reprise, dans une version métal-indus, en 1996 par le groupe électrodark slovène Coptic Rain, et plus récemment, dans une version encore plus sombre par le groupe serbe Yusyus.</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/B3SzLAoedds?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 56.25%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/n7n0vjmBLmQ?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="640"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>*** FN voters love their children too ***</b></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La question des électeurs du FN est aussi posée parfois. Faut-il leur parler ? Les entendre ou entendre leur message de souffrance ? Vaste débat. Il ne s'agit évidemment pas ici d'excuser ou de justifier en quelque façon leur choix, fusse-t-il dicté par des difficultés et une colère légitime, mais de savoir ce qu'on fait avec ces gens, au delà du rejet et du mépris à l'égard de leur vote... </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">A</span> l'époque de</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> Milošević et des guerres au nom de la Grande Serbie, le groupe punk serbe Trula Koalicija ("Coalition pourrie") avait brisé un tabou en mettant en musique les paroles d'un sympathisant de <a href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/03/31/l-ultranationaliste-serbe-vojislav-seselj-acquitte-par-le-tribunal-penal-pour-l-ex-yougoslavie_4893266_3214.html" target="_blank">Vojislav Seselj</a> dans "Za</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">š</span>to me mrz<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">i</span></span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">š</span></span>, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">š</span>to volim </span>Šeš<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">elja?/Pourquoi me hais tu parce que j'aime </span>Šeš<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">elj?". </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/qk9x-R95VWw?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Contrairement à ce que l'on peut penser, le groupe, certes plutôt anar et cynique, était opposé au pouvoir en place et au nationalisme. Sa chanson se voulait plutôt un miroir ironique de l'ère du temps d'alors. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L'origine de la chanson vient du terrain, des bas-fonds de la Serbie: le chanteur du groupe est dans un bistrot de province quand un homme ivre entre et se met à hurler "Pourquoi <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">on me</span> hai<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">t</span> parce que j'aime </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Šešelj?" puis se met à déblatérer une suite de phrases toutes faites à fort relent nationaliste. Le chanteur note tout et ce corpus extrémiste constitue les paroles de la chanson, avec la question comme refrain:<br /><br /><i>"SPO (1), SPS (2), démocrates, libéraux, SDA(3), HDZ(4), traîtres, généraux, Karlobag (5) et Ogulin (5), c'est là notre frontière, Karlovac(5) [nous appartient], tout comme Virovitica-la-Serbe (5)!". </i></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><i><br /></i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>(1) Parti de Vuk Dra</i></span></span><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: yellow;"><i>š</i></span>kovi</i></span></span><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: yellow;"><i>ć</i></span>, opposé à </i></span></span><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="color: yellow;"><i>Milošević</i></span>, d'obédience monarchiste et nationaliste, quoiqu<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">'un br<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">i</span>n plus modéré.</span></i></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>(2) Parti de </i></span><i>Milošević, nationaliste</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>(3) Parti d'Alija Izetbegovi</i></span><i>ć, de tendance nationaliste bosniaque</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>(4) Parti d<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">u <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">C</span>roate</span> Franjo Tudjman, de droite nationaliste</i></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>(5) Villes de Croatie avec des minorités serbes alors irrédentistes</i></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La chanson a connu diverses interprétations et polémiques. Officiellement, elle se moquait du discours nationaliste et de sa bêtise et les travestissant dans une dérision typiquement punk. Il s'agissait d'un miroir nihiliste de l'air du temps, d'un reflet de l'hystérie en vigueur dans la Serbie de cette époque. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Mais pour d'autres, c'est bien une apologie du nationalisme, et l'ironie du sort voudra que les "vrais" nationalistes finiront par s'approprier la chanson et à l'utiliser pour plaider leur propre cause. Ce destin de la chanson démontre si besoin les limites de l'art ironique ou de la provoc', lorsque ceux-ci finissent par sortir du giron balisé de leur intention première et du cercle des "bien-nés" qui en maîtrisent les codes et les clés. Cela ne veut pas dire qu'il faut cesser de faire de l'art provocant, loin de moi une telle idée, mais il faut être conscient que la compréhension du message bien souvent ne touchera pas forcément, ni ne fera réfléchir ceux qui seront visés par le message. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cette limite pose aussi, hélas, la limite ou la difficulté du dialogue possible avec les extrémistes, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">qui sont, bien souvent, dans une vision délirante et très premier degré des problématiques politiques, vision qui par définition ne permet pas de points de vue réfléchis et de second degré.</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> Je ne parle pas des extrémistes qui ont une vision construite et théorisée, des écrivaillons du déclin blanc et autres théoriciens du grand remplacement. Je parle des gens frustrés, paupérisés, et difficulté, qui font le choix du FN par colère et désespoir.</span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">On peut leur reprocher tout ce qu'on veut, mais ces électeurs existent, vivent, aiment, mangent, dorment, là, partout, parmi nous, et il faut bien en faire quelque chose et tenter de les inciter à faire des choix moins dangereux. Nous sommes à priori démocrates et ne pouvons ni ne voulons les éradiquer physiquement, sauf si les choses évoluent en mode "guerre civile" et qu'il faut se défendre. Mais sinon, que faire ? L'idéaliste espère toujours arriver à les convaincre et à les changer, le pragmatique se contentera d'essayer de capter leur colère pour la faire converger vers un projet plus modéré. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je vois à titre personnel dans le refrain, dans cette question qui revient de façon frénétique et presque implorante, une sorte d'appel, non pas au secours, mais d'appel à une forme de compréhension. Pas une compréhension au sens d'adhésion, mais une compréhension qui serait faite d'indulgence: comme si celui qui appelait savait qu'il était un dangereux extrémiste mais cherchait néanmoins à crier que lui aussi appartient à la communauté. Un troublant dilemme entre le bras tendu et la main tendue...</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><b>*** "Dans la zone de sécurité des gens qui sont d'accord entre eux" ***</b></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La conclusion à ces quelques réflexions se situe à Split en Croatie. Il y a une dizaine de jours, au Théâtre Nationale de la métropole dalmate, le metteur en scène, originaire de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rijeka" target="_blank">Rijeka</a>, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Oliver Frljić</span> présentait sa dernière création "Naše nasilje i vaše nasilje" ("<a href="http://www.festiwalprapremier.pl/en/2016/08/16/our-violence-and-your-violence/" target="_blank">Notre violence et votre violence</a>").</span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
</span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigbKW0H1oTDTZYUyUxYHqQniPQcvAGdqtkF8y7IyCX9tqDWMS_TO-I2gbwvipYlGXFdN_A1aPiPYv1QUwWLPcVZQaC22QjjjPp-EGxXdS1mET47WM5Y-HUoPW94q9Vm75tjsUzLQ3L4ks/s1600/Frljic.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigbKW0H1oTDTZYUyUxYHqQniPQcvAGdqtkF8y7IyCX9tqDWMS_TO-I2gbwvipYlGXFdN_A1aPiPYv1QUwWLPcVZQaC22QjjjPp-EGxXdS1mET47WM5Y-HUoPW94q9Vm75tjsUzLQ3L4ks/s320/Frljic.jpeg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Oliver Frljić</span></span></i> </span></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cette pièce qui traite, pour faire très court, du rapport aux migrants est entourée d'un parfum de scandale dans toute la Yougosphère. Elle a même été honteusement annulée par le <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">f</span>estival sarajévien de théâtre contemporain "MESS"<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">,</span> l'an passé, en raison de pressions conjointes d'associations musulmanes et catholiques de la capitale bosnienne, ainsi que de menaces anonymes. En cause, le regard critique de </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Frljić</span></span> face aux religions, mais aussi le parfum de souffre et l'aura de scandale qui entoure globalement le metteur en scène depuis plusieurs années dans la région. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Directeur du Théâtre National de Rijeka, </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Frljić</span></span> est le partisan d'un théâtre engagé, bousculant les non-dits et la face sombre de l'histoire croate, le tout dans des mises en scènes brutes et dépouillées, où la violence et la provocation sont volontiers de la partie. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Frljić</span></span> avait entre autre abordé le lourd tabou de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Murder_of_the_Zec_family" target="_blank">l'assassinat d'Aleksandra Zec</a>, une adolescente serbe de Zagreb tuée fin 1991, car témoin de l'assassinat de son père, un notable opposé à l'indépendance de la Croatie, par des milices proches du pouvoir. Un crime d'Etat que la Croatie n'a jamais formellement reconnu, se contentant d'excuses et d'un dédommagement aux survivants de la famille Zec, et que personne n'aborde dans les médias ou dans la sphère publique. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Frljić</span></span> est donc un peu "l'enfant terrible" du théâtre croate actuel, un artiste au parfum de scandale. Précisons encore que ses mises en scènes font débat, même auprès d'autres gens de théâtres progressistes et plutôt favorables à un questionnement du passé récent. Je n'ai jamais vu aucun des spectacles de </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Frljić</span></span> et me garderai donc de juger son travail, <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">mais </span>j'adhère à priori à l'intention derrière. </span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Avec un tel pedigree, et vu l'ambiance cléricalo-oustachophile de la Croatie actuelle, il n'est guère difficile d'imaginer que la moindre représentation d'un spectacle de </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Frljić</span></span> s'accompagne de manifestations volontiers agressives de "bons Croates" aux idées pures comme la Vierge et claires comme les yeux bleus d'un bel aryen contemplant le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chiemsee" target="_blank">Chiemsee</a>. Split n'a pas fait exception, et les spectateurs se rendant au spectacle ont été accueillis par un barrage de manifestants les accusant, ainsi que </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Frljić</span></span>, d'être des "sales rouges", des "satanistes" et autres traîtres à la valeureuse nation croate multiséculaire. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Certains de ces protestataires, une dizaine, sont allés jusqu'à payer leur place, non pour vendre leur âme au diable, ou constater de visu le bolchévo-satanisme à l'oeuvre sur scène, mais pour perturber et empêcher le spectacle. C'est donc ce qu'ils ont fait, hurlant et agitant leurs calicots depuis les bancs du fond. D'abord décontenancé et inquiet, le public a fini par réagir, à l'initiative d'un spectateur qui s'est mis à chanter la chanson "kad bi svi ljudi na svijetu" d'Arsen Dedi</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">ć</span></span></span>, une star croate de la variété yougoslave, encore très populaire de nos jours. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 75.0%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/tXlzWJwyMjo?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="480"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cette chanson des années 70 dit quelque chose comme "si tous les gens dans le monde disaient ça suffit, qu'il y a eu assez de larmes versées et qu'il est temps pour le bonheur, alors il n'y aurait plus de guerres". Une belle chanson idéaliste comme les 70's savaient en produire, que tous les spectateurs ont repris en choeur, finissant par couvrir les voix des agitateurs qui se sont sentis un peu ridicules, sensation qui sera interrompue par l'arrivée de la police, permettant au spectacle d'avoir lieu. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<div style="height: 0; padding-bottom: 56.25%; position: relative;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/29sYEryJb50?ecver=2" style="height: 100%; left: 0; position: absolute; width: 100%;" width="640"></iframe></span></div>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>Les spectateurs de Split chantant "kad bi svi ljudi na svijetu"</i></span></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je ne partage pas cette histoire pour donner un aperçu de ce que pourrait être la vie culturelle française avec les supporters du Front National décomplexés par <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">les scores </span>de leur championne, interrompant le moindre spectacle qui ne serait pas franco-compatible. Le but n'est pas non plus de réfléchir au répertoire de chansons que nous pourrions leur opposer (vous connaissez Bérurier Noir ?). Le propos est ailleurs et concerne le probable soulagement qui dominera la France dimanche soir, si Emmanuel Macron l'emporte.... </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les jours qui ont suivi les événements de Split, toute la Croatie progressiste s'est bruyamment félicitée dans les médias et sur les réseaux sociaux de ce sursaut, de cette victoire du "Split civilisé" (sic) qui ce serait ainsi courageusement dressé contre la barbarie néofasciste et sa brutale inculture. </span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiksUXzsPKcQE8ZKIsTCij9xVwjV8po6kK1Fr5hP44O3hwM678x3qHCu1JihH8KUerEkktXv9zQxzldMcKaOV64dI9uT57MP_BR7f8Z0qq4SIGl8j-neAWxX5i3OsbDtjuF6GUsJQYjgIk/s1600/Separovic.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiksUXzsPKcQE8ZKIsTCij9xVwjV8po6kK1Fr5hP44O3hwM678x3qHCu1JihH8KUerEkktXv9zQxzldMcKaOV64dI9uT57MP_BR7f8Z0qq4SIGl8j-neAWxX5i3OsbDtjuF6GUsJQYjgIk/s200/Separovic.jpg" width="133" /></a>Dans ce concert de satisfecits, une voix discordante s'est pourtant exprimée, celle du metteur en scène </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><a href="http://www.montazstroj.hr/en/borut-separovic/" target="_blank"><span class="st">Borut <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Separovic</span></span></a> (photo, ci-contre) de la compagnie zagréboise <a href="http://www.montazstroj.hr/en/montazstroj/#" target="_blank">Montazstroj</a>. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Šeparović</span></span> est bien-sûr un progressiste convaincu qui lui-même n'a pas hésité à interroger les faces sombres de la Croatie, en particulier l'attrait d'une partie de la jeunesse pour l'oustachisme (on l'avait évoqué <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2014/12/sur-les-ruines-du-jugoton.html" target="_blank">ici</a>). Il soutient évidemment la liberté artistique et le droit de </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span class="st">Frljić</span></span> à l'expression. </span></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Cependant, il n'y a pour lui aucune raison de pavoiser:</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><i>"Le "Split civilisé" a vaincu exactement comme nous vainquons les "musulmans non-civilisés" en Irak et en Syrie. Nous avons abandonné les anciens combattants [de la guerre d'indépendance] et les déshérités pendant des décennies à la droite et à l'église, qui seules se préoccupent d'eux, pendant que nous, nous nous sommes épanouis dans nos avantages de classe et de citoyens qui nous ont permis de regarder ces "créatures" de haut. Nous nous sommes tapés sur l'épaule entre nous, dans la zone de sécurité des gens qui sont d'accord entre eux, en pensant que nous sommes la meilleure partie de ce pays en morceau. Depuis des années, cette idée tourne dans notre tête, et au lieu de fêter la victoire, nous devrions nous consacrer à redéfinir sérieusement le combat contre le fascisme qui se développe désormais à travers des mécanismes bureaucratiques subtils, pas seulement en Croatie mais dans le monde entier. Si le théâtre ment toujours, il est temps de cesser de nous mentir à nous même".</i></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><br /></span>
</span><br />
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">*** Bon, on fait quoi ? ***</span></b></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><b><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></b></span></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Dimanche soir, même en cas de défaite du FN, la "France républicaine" n'aura pas gagné dans un sursaut d'attachement à la démocratie et d'amour du "vivre-ensemble". La gauche est un champ de ruines où, pour l'instant, les survivants se disputent sur qui a la plus grosse<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. L</span>a droite est explosée entre messe en latin, cours de la bourse et nuances de brun<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">. <span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">L</span></span>e centre macronique, à priori voué à l'emporter, est une offre commerciale sans droit de rétractation, dont les conditions sont écrites en bas à droite et en petit. L'ambiance est délétère et les gens ne se parlent presque plus, chacun pensant qu'il a raison. <br /><br />Le fascisme sera là comme il a toujours été, mais galvanisé par sa présence au second tour et enragé d'avoir perdu, donc sur les dents, prêt à mordre tel un pittbull mal dressé... <br /><br />Il n'y aura rien à fêter, il n'y aura pas de victoire. Il sera en revanche grand temps d'agir...</span></span><br />
<br /></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-6314204241897315789.post-79269411089610077272017-04-19T17:38:00.001+02:002017-04-19T22:07:05.367+02:00BALKAN TRAFIK A BRUXELLES: COPINAGE ET INTERVIEW<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZkY8vu5KGi9UwYS0xJniygxI5cv0gWDujNNlSlRPTYHWTVrc9SfhCZ7MQKdd4gzCAj5t8XIw1OoHg8j55zXkIzDiUwB8YoIiAqIOx5N8Rw25IRMhCzrqc5aJATNDT1ubbePAjyG-py84/s1600/Balkan-Trafik-SocialBanner-2017.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="150" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZkY8vu5KGi9UwYS0xJniygxI5cv0gWDujNNlSlRPTYHWTVrc9SfhCZ7MQKdd4gzCAj5t8XIw1OoHg8j55zXkIzDiUwB8YoIiAqIOx5N8Rw25IRMhCzrqc5aJATNDT1ubbePAjyG-py84/s400/Balkan-Trafik-SocialBanner-2017.png" width="400" /></a></span></div>
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<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
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<span style="color: yellow;">LE COPINAGE: </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;">Demain, 20 avril, démarre à Bruxelles le Festival <a href="http://www.balkantrafik.com/" target="_blank">Balkan Trafik</a>. J’avais déjà évoqué ce festival dans le blog en 2011, sous la forme d’un <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/2011/04/copinage-balkan-trafik-bruxelles.html" target="_blank">copinage</a> assumé, et j’en remets une petite couche cette année. Même si Balkan Trafik propose beaucoup de fanfares, genre que Yougosonic, on le sait, ne met pas au sommet de son palmarès musical perso, j’ai de la sympathie pour cet événement, autant que pour son enthousiaste directeur, <a href="http://archives.lesoir.be/un-titre-grand-coeur-titre-de-boxeur_t-20100407-00VA9V.html" target="_blank">l’infatigable Nicolas Wieërs</a>, dont l’approche de ce territoire qui nous passionne tous, me paraît ouverte, sincère et optimiste. </span><br />
<span style="color: yellow;"></span><br />
<a name='more'></a><span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;">La grande force du festival est de multiplier et de croiser les propositions dans un esprit pertinent de décloisonnement. Au delà des têtes d’affiche et des musiques traditionnelles, où l'offre ne démérite pas en termes de qualité, la programmation est ouverte au jazz, au rock et aux curiosités musicales. A côté des concerts et des DJ’s, le festival propose des rencontres-débats, des projections, de la gastronomie ou des ateliers. Les associations et institutions des communautés balkaniques de Belgique sont impliquées, inscrivant le festival dans une perspective socioculturelle intéressante, évitant le piège d’être uniquement un rendez-vous branché pour jeune Occidental en mal de nouvelles sensations. Tout cela génère une ambiance décontractée et un public bigarré, qui évolue en bonne intelligence dans le superbe bâtiment art-déco de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_des_beaux-arts_de_Bruxelles" target="_blank">Bozar</a>. </span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;">Dans la programmation de cette édition, on notera une intéressante fenêtre sur la scène musicale turque avec en particulier <a href="http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/musique-gaye-su-akyol-le-punk-un-futur-en-turquie" target="_blank">Gaye Su Akyol</a>, égérie d’un rock stambouliote oscillant entre arabesques sonores et tonalités empreintées au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Surf_music" target="_blank">surf</a> (Rien d’étonnant, soit dit en passant, lorsqu’on sait que l’inventeur du genre, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dick_Dale" target="_blank">Dick Dale</a>, a des racines au Proche-Orient). </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/HJW4cQmgSu4" width="560"></iframe></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;">Cette fenêtre est d’autant plus bienvenue et devient cruellement nécessaire, alors que la Turquie <a href="http://www.lalibre.be/actu/international/erdogan-peut-desormais-faire-ce-qu-il-veut-58f4f8a4cd70812a657e0417" target="_blank">s’enfonce depuis dimanche dernier encore un peu plus dans la dictature</a>. Les ponts avec cette «autre Turquie» seront à l’avenir indispensables. Merci au festival d’indiquer la direction. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;">Cet aperçu de la programmation ne serait pas complet sans évoquer l’hommage que Balkan Trafik rendra à Stéphane Karo, décédé en fin d’année dernière. </span><br />
<span style="color: yellow;">Peu connu du grand public, Stéphane Karo est pourtant à l’origine du boom de la musique tzigane balkanique en Europe Occidentale. </span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"> </span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDHGNo5RWEigvH22ZrJbjuU0rZ_hdfXypdeg9TpjRnhzY44N9EkENJwcjeGfuvKj3Zwso_q-e4GUOQ0bkYA0mxk_v5i48xIR5Eoh1pI2fzAonDQYKszZk91r9Gt0ZUHNtmDzWeskACpI8/s1600/Taraf_de_Haidouks_by_Damien_Gard_hires-450x300.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDHGNo5RWEigvH22ZrJbjuU0rZ_hdfXypdeg9TpjRnhzY44N9EkENJwcjeGfuvKj3Zwso_q-e4GUOQ0bkYA0mxk_v5i48xIR5Eoh1pI2fzAonDQYKszZk91r9Gt0ZUHNtmDzWeskACpI8/s320/Taraf_de_Haidouks_by_Damien_Gard_hires-450x300.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><i>Taraf De Haïdouks avec Stéphane Karo (devant, agenouillé)</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><i>Photo (c) Damien Gard.</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;">C’est en effet lui qui a lancé le célèbre groupe Taraf de Haïdouks, ainsi que Mahala Rai Banda et Kocani Orkestar, lequels seront tous présents le 22.4 au festival pour saluer la mémoire de ce Belge devenu un peu tzigane d’adoption. J’avais moi-même rendu hommage à Stéphane Karo sur ma page facebook en novembre dernier, <a href="https://www.courrierdesbalkans.fr/hommage-a-stephane-karo-les-musiques-des-balkans-perdent-l-un-de-leurs-premiers-ambassadeurs" target="_blank">hommage repris, avec mon accord et en toute modestie, par le Courrier des Balkans</a>. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;">* * * * </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;">L'INTERVIEW:</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;">Le festival propose le 22 avril à 17h, en partenariat avec l’Université de Gand, <a href="http://www.balkantrafik.com/fr/cappuccino-pros-2/" target="_blank">une intéressante rencontre sur la jeunesse des Balkans</a>, avec des jeunes originaires de ce territoire vivant en Belgique. La place et les perspectives de cette jeunesse face à la situation difficile des pays de la région sont des questions clés pour l’avenir. Il est donc important d’aborder cette problématique qui trouve un écho concret sur place avec <a href="https://www.letemps.ch/monde/2017/04/10/serbie-manifestations-se-multiplient-contre-president-peine-elu-aleksandar-vucic" target="_blank">la mobilisation de la jeunesse serbe contre les résulats des récentes élections présidentielles</a>, lesquelles ont vu la victoire du faux centriste pro-européen mais vrai autocrate crypto-nationaliste Aleksandar Vučić, le tout sur fond de nombreuses irrégularités et d’une campagne électorale inéquitable. J’aurai sans doute l’occasion d’en reparler dans ce blog...</span><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWGXEmGA0e8qmVIcGpqsgtPcvFkctxzugca5fxrDJjpDShmWHJC1ruwcUiDoFMtiyXViAla1pkUToDQdNnEkZ61DEdULc5whjNMDPIQo-MGwst2NENDHWSf3rK2KukLkbdCsG9UpT6WtU/s1600/17635110_1871996919492524_1948467688209948000_o.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWGXEmGA0e8qmVIcGpqsgtPcvFkctxzugca5fxrDJjpDShmWHJC1ruwcUiDoFMtiyXViAla1pkUToDQdNnEkZ61DEdULc5whjNMDPIQo-MGwst2NENDHWSf3rK2KukLkbdCsG9UpT6WtU/s400/17635110_1871996919492524_1948467688209948000_o.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><i> Manifestation à Belgrade, le 8 avril dernier.</i></span></div>
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;">En attendant, j’apporte une modeste et indirecte contribution à cette table ronde via une petite interview accordée par mail au festival sur cette thématique de la jeunesse, que je publie ci-dessous.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><b>Qui est tu ? Que fais tu ? Comment et pourquoi as tu démarré ce blog?</b></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><i>Je suis français, j’ai 48 ans et travaille dans le secteur culturel. J’anime le blog Yougosonic et le <a href="https://www.facebook.com/yougosonic" target="_blank">profil facebook</a> qui lui est rattaché depuis 7 ans. Je m’intéresse à l’ex-Yougoslavie depuis longtemps pour des raisons d’ordre privé, j’ai appris le serbo-croate, et en 2011, j’ai eu envie de partager ma compréhension de ce territoire, d’où l’idée du blog.</i></span><br />
<span style="color: yellow;"><i>L'idée de départ du blog était d'aborder l’ex-Yougoslavie principalement à travers la culture populaire, les cultures alternatives, les marges qui peuvent donner des clés de compréhension originales sur ce territoire. Ces cultures et marges m’ont toujours passionné, car elles tendent volontiers un miroir au contexte dominant. Avec le temps, les angles d’approche et les thèmes se sont diversifiés, mais c’est un processus normal d’évolution. </i></span><br />
<br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><b>Les jeunes ont-ils un avenir dans les Balkans ? </b></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><i>Ils ont sans doute un avenir, mais pour l’instant, ils ont surtout un passé, qu’ils n’ont pas choisi, qui ne leur appartient pas, mais dont ils subissent les conséquences et dans lequel ils sont enfermés. Ceux qui ont 18 ans aujourd’hui n’ont pas connu la Yougoslavie, ni les guerres liées à son éclatement. Pourtant, il est demandé aux jeunes, soit d’adhérer au nouveau roman national-conservateur de leur pays ou nation, soit d’être yougonostalgiques. Même si je préfère la Yougonostalgie au nationalisme, c’est un sentiment qui tend à idéaliser le passé. Et puis, comment être nostalgique d’une époque que l’on n’a pas connue ? J’ai le sentiment que la plupart des jeunes ne se retrouvent dans aucune des deux propositions. </i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqityhsKcvKVCgbDoAekAZhmzaMTRDTgfccLYRuFQ3Fqiq8v5jMKXJ1hfAJrA4maah9y0S05C61ZlfpwEurIBB9Iuf2EZqZj7LzXvAnoZR0xkZiETfr3dOVZEz8my46ZAXuXKXA0EcK_s/s1600/photo+Dragan+Markovic.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqityhsKcvKVCgbDoAekAZhmzaMTRDTgfccLYRuFQ3Fqiq8v5jMKXJ1hfAJrA4maah9y0S05C61ZlfpwEurIBB9Iuf2EZqZj7LzXvAnoZR0xkZiETfr3dOVZEz8my46ZAXuXKXA0EcK_s/s320/photo+Dragan+Markovic.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><i>"Jeunesse Yougo gâchée", tee-shirt vu au festival Exit à Novi Sad</i></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><br /></span></div>
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><b>Les jeunes sont ils courageux ou ambitieux, ou bien sont ils indifférents et passifs ? </b></span><br />
<span style="color: yellow;"><i>On trouve tous les types de comportements décrits dans la question, mais mon sentiment est quand même que beaucoup de jeunes me semblent s’orienter et se débrouiller mieux que les adultes dans le grand désordre économique, politique et moral de la région. Ils ont su se construire des repères, ils sont très matures. Il y a une énergie, une envie d’avancer, de se prendre en main. C’est en tout cas ce que j’observe à mon niveau personnel. </i></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><b>Comment vois-tu les manifestations qui se déroulent en Serbie en ce moment ? </b></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><i>Je suis très enthousiaste face aux manifestations en Serbie, tout en restant prudent, car rien ne dit que Vučić va céder. Mais c’est un signe que l’apathie n’est pas une fatalité. Au delà de la protestation contre le régime de </i><i><i>Vučić</i>, je vois justement dans ces manifestations une volonté d’émancipation de cette génération «post-yougoslave», l’envie de sortir de ce passé que j’évoquais, de prendre son avenir en main. C’est symboliquement une rupture avec la société qu’ont laissé les générations précédentes. Il y a des textes très durs qui circulent sur les réseaux sociaux, avec des jeunes qui disent à leurs aînés: «nous manifestons parce que vous n’avez rien fait pendant des années pour changer la société». Cela dit, il serait inexacte de tout résumer à un conflit de générations, car de nombreux adultes, et mêmes des retraités, soutiennent les jeunes manifestants.</i></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><b>Penses-tu que l’expatriation des jeunes en Europe soit une tendance de plus en plus fréquente ? </b></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><i>L’exil des jeunes à l’étranger est une réalité indéniable. Il existe même une page facebook en Croatie qui s’appelle «<a href="https://www.facebook.com/Mladi-Napustimo-Hrvatsku-347839398634915/?fref=ts" target="_blank">Jeunes, quittons la Croatie</a>» où l’on s’échange les bons plans pour s’expatrier. Il n’y a pas que l’aspect économique qui fait partir ces jeunes, beaucoup étouffent dans des sociétés où domine le conservatisme.</i></span><br />
<span style="color: yellow;"></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: yellow;"><b><br /><br />Est-ce une solution de quitter le pays ? Est ce facile ?</b></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><i>Je ne crois pas qu’on puisse poser les choses en termes de solution. Une phrase qui revient souvent chez les jeunes sur les réseaux sociaux, c’est «j’ai 20 ans, je veux vivre!". Les jeunes d’ex-Yougoslavie ont les mêmes envies et préoccupations que les jeunes Occidentaux. Ils vont voir les mêmes films, écoutent la même musique. Ils sont dans l’ensemble parfaitement informés de la marche du monde, via internet. <br /><br />Quand le seul horizon à 20 ans, c’est d’espérer obtenir un job payé 150 euros dans un bar tenu par un mafieux, de rester vivre avec parents, grands parents, frères et soeurs dans un 3 pièces hors d’âge, et que les hommes politiques en face ne parlent que de l’avortement ou de «l’intérêt vital national», le choix est vite fait si se présente une opportunité de partir ailleurs. On ne peut pas leur jeter la pierre s'en aller Bien-sûr, ce n’est pas facile. C’est souvent très douloureux, d’autant que les liens d’amitié et de familles sont très forts en ex-Yougoslavie, davantage qu’en Occident, selon moi. </i></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><b><br />Existent-ils des exemples de jeunes qui démontrent qu’on peut s’en sortir sur place ? Connais tu des jeunes qui ont réussi à réaliser leurs objectifs professionnels ou personnels ? </b></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><i>Bien-sûr! Je connais de nombreux exemples, y compris dans mon entourage proche. Beaucoup de jeunes sont engagés dans des ONG, notamment dans des mouvements pour la paix et la réconciliation dans la région. Il y a aussi des jeunes très talentueux dans le secteur culturel, dans la scène artistique. J'admire beaucoup, par exemple, le travail des jeunes mostariens qui ont créé, malgré un contexte très difficile, le <a href="http://yougosonic.blogspot.fr/search/label/OKC%20Abrasevic" target="_blank">Centre Abrasevic</a>, un lieu qui est aujourd'hui réputé au delà des frontières de la région. <br /><br />Des jeunes entrepreneurs se lancent, dans des domaines très divers comme l’artisanat, l’agriculture, le tourisme ou les nouvelles technologies. </i></span><br />
<br />
<span style="color: yellow;"><i>On
trouve de nombreuses initiatives, mais je crois que la vraie réussite,
dans ces pays où beaucoup de choses ne sont pas normales, c’est
d’arriver justement à rester «normal», à garder la tête froide et à
suivre son chemin. Et là, je trouve que, globalement, la jeunesse s’en
sort plutôt bien. </i></span><br />
<span style="color: yellow;"></span><br />
<span style="color: yellow;"></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikIhtN0Sr_mBFO2t3B3r_26kWqLegSq2Ryropat-9mLi2cuzrLdEbqhZnamfZXOxub3dXTnbxBhFLW9A7wpZ7OIxVio-AgvTbL2O275ZBzrxDaGi9cONU1BoxCpXgPZss1_xfjbwM5xWg/s1600/Benjamin-Crljenkovic-696x456.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="209" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikIhtN0Sr_mBFO2t3B3r_26kWqLegSq2Ryropat-9mLi2cuzrLdEbqhZnamfZXOxub3dXTnbxBhFLW9A7wpZ7OIxVio-AgvTbL2O275ZBzrxDaGi9cONU1BoxCpXgPZss1_xfjbwM5xWg/s320/Benjamin-Crljenkovic-696x456.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: yellow;"><i>Benjamin Crljenković de Sanski Most en Bosnie-Herzégovine: <br />à 18 ans, cet élève du lycée agricole de la ville a développé une petite exploitation qui alimente le marché local. Avec ses premiers bénéfices, il a pu passer son permis et s'est acheté une voiture. <br />Son projet est désormais de renforcer sa formation via des études supérieures en agronomie à Sarajevo (<a href="https://www.fokus.ba/vijesti/bih/ucenik-benjamin-proizvodi-povrce-vrsnjaci-misle-da-je-ovo-posao-za-seljake/672189/" target="_blank">Source</a>, en serbo-croate).</i></span></div>
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;">Propos recueillis par mail par Jovana Simić, pour le Festival Balkan Trafik. </span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;">Balkan Trafik: du 20 au 23 avril 2017 à Bozar, Bruxelles.</span><br />
<span style="color: yellow;">Programmation: <a href="http://www.balkantrafik.com/fr/programme-2017-du-festival/">http://www.balkantrafik.com/fr/programme-2017-du-festival/</a><span id="goog_682642351"></span><span id="goog_682642352"></span></span><br />
<span style="color: yellow;">Infos pratiques: <a href="http://www.balkantrafik.com/fr/infos-pratiques/">http://www.balkantrafik.com/fr/infos-pratiques/</a><span id="goog_682642356"></span><span id="goog_682642357"></span></span><br />
<span style="color: yellow;"><br /></span>
<span style="color: yellow;"><b>A noter: </b>Balkan Trafik s’exporte et s’invitera à Paris, du 1 au 3 juin, au Palace. Yougosonic en sera probablement à l’occasion d’une table ronde consacrée au blogging sur les Balkans. Je vous en reparlerai...</span></div>
Yougosonichttp://www.blogger.com/profile/05890937428145864130noreply@blogger.com0