Belle gueule, non ? Ce pourrait être un écrivain ou un acteur célèbre dans ses jeunes années. Ce mélange de mélancolie et d'inquiétude, d'un côté, et de détermination romantique, de certitudes de l'idéalisme, de l'autre, typique de cet "entre deux" de l'adolescence finissante.
On sait aujourd'hui que Moscou, et notamment le pourtant peu philanthropique KGB, n'en pouvaient plus de ce psychopathe ingérable (sans vouloir faire de prédiction, pas exclu qu'un sort similaire frappe un jour Loukachenko ...quand Poutine en aura fini avec l'Ukraine, surtout que ce sera une bonne opportunité de faire remonter le capital de points perdus auprès de l'Occident). A Budapest, on surveillait l'olibrius, connu pour mener la vie dure aux Hongrois de Transylvanie. Enfin, même au sein du glacial PC roumain, on sentait que le vent tournait et que, peut-être, il existait un moyen de sauver sa peau, voire son pouvoir, moyennant quelques manipulations, et la suppression de l'encombrant "Danube de la pensée" (lire ici).
Hélas, et sans vouloir paraître hautain, tout le monde n'eut pas ce recul et cette autocritique, et pour mieux reprocher aux "gens de l'est" de ne pas avoir été tous de lettrés, courageux et humanistes dissidents, bref, de ne pas avoir été à la hauteur de nos attentes, on a ressorti Vlad Tepes, accompagné de festifs gitans édentés, de bouffons du roi type Borat, et autres Bratisla'Boys, le tout arrosé à la vodka coupée à la nitroglycérine. Cette grille de lecture a eu des conséquences fâcheuses, pas seulement dans le tourisme néo-routard cherchant "the real thing" à Guca, ou dans la culture livrée aux Kusturica, mais parce qu'elle a inspiré les éminences grises de Bruxelles, Washington et d'ailleurs, dans leur approche paternaliste néo-colonialistes des régions concernées, avec les conséquences que l'on sait en ex-Yougoslavie.
Le malentendu demeure. Ce blog tente à son humble niveau et sans prétentions aucune, d'évoluer sur ces fractures, et d'y proposer à qui le souhaite quelques clés.
Cette belle gueule à la James Dean, qui, contrairement à Johnny Weissmuller, n'a pas d'origines roumaines, est le point de départ d'une sorte de cycle que Yougosonic proposera au cours de l'année qui vient, se permettant quelques détours au pied du "mur". Non pas que nous nous soyons lassés de nos appétits yougosphéro-yougoslaves, lesquels resteront nos fondamentaux et notre ligne d'horizon. Mais, comme on le comprend dans ce qui précède, ces événements, dont on commémore les 25 ans actuellement, ont été un moment fondateur pour moi. Il me semble utile de s'y arrêter et de partager, auprès de notre aimable lectorat, quelques découvertes et réflexions perso, glanées dans le sillage de ce bouleversement historique. Comme on l'esquissait dans "surplus d'Histoire...", il est intéressant de resituer l'ex-Yougoslavie dans une perspective européenne/"est-européenne" plus globale, pour mieux saisir les convergences, l'éventuel destin commun, comme les différences entre pays de l'Europe post-communiste. Enfin, 25 après les embrassades de Checkpoint Charlie, et l'excitation palpable de ceux qui proclamaient la liberté en direct à la télévision roumaine sous les yeux médusés du monde entier, il n'est pas inutile de tenter un inventaire, personnel et subjectif, de certaines mémoires, mais aussi de certains possibles, de cette "autre Europe" qui a peut-être plus à nous dire qu'on ne le croit.
En attendant la suite de ce cycle et d'autres posts sur l'ex-Yougoslavie, Yougosonic souhaite à ses lectrices et lecteurs une belle fin d'année.
"Iconoclasmes" est notre rubrique "arrêt sur image". Le premier épisode d'iconoclasmes avait été publié en tout début d'année 2014...Pour le relire, c'est par là.
Salut
RépondreSupprimerJ'ai l'impression qu'on retrouve dans les médias le même aveuglement à propos de la révolution ukrainienne mais à un point jamais atteint.Mais que la réaction contre cette propagande sur internet est saluaire mais parfois douteuse . Mais peut être les souvenirs télévisés sur Timisoara m'ont rendu paranoiaques vis à vis des journalistes.
Bonne fin d'année
On n'a sans doute pas appris grand-chose depuis la Révolution Roumaine. En même temps, je pense qu'il est difficile pour un journaliste qui se trouve dans le feu de l'action d'avoir le recul nécessaire, ni toutes les clés pour prendre toute la mesure des forces en présences, des enjeux, etc. Ce n'est pas pour excuser certains travers du traitement de l'info, mais quand l'Histoire s'emballe , on est tous captivés. Après tout, j'y ai cru moi même, au départ, aux charniers de Timisoara ! (Bon, j'étais pas sur place!). C'était plausible, vu la psychopathie du conducator.
SupprimerA vrai dire, si je reste méfiant sur le traitement média, je suis beaucoup plus parano face à bon nombre de portails de pseudo-info qui circulent sur le net, et dont on ne sait pas toujours qui il y a derrière. Le conspirationnisme ou le réductionnisme me font perso plus flipper que des articles du Monde, de Libé ou du Figaro, dont on connait, grosso-modo, la ligne. Quand ce sont des blogs ou des sites qui s'autoproclament "Infolibre", ou "Réseau ceci" ou "décontamination" (les noms ont été floutés pour protéger les coupables), je redouble de prudence. D'accord sinon avec ta position équilibrée sur l'Ukraine.
J'imagine les engueulades sur FB ou les forums si internet avait existé du temps de la Révolution Roumaine :
- Oui, mais la Securitate défend l'intégrité territoriale du pays!
- Nan, mais Ceausescu c'est un rempart contre l'Allemagne d'Helmut Kohl
- La destruction des villages roumains, c'est un fake inventé par les sionistes Hongrois !
Etc...
Merci pour ta réponse. Effectivement on peut se demander ce que ça aurait donné dans les années 90...Je ne suis pas sur que ça n'aurait eu que des effets négatifs:un blog a quand même permis de faire savoir qu'une chroniqueuse de France Culture qui disait que les prorusses avaient arraché les yeux de militaires ukrainiens n'avait pas de source valable et avait extrapolé(le CSA le lui a fait remarqué).
RépondreSupprimerA vrai dire je viens de finir d'écouter France culture Romain Goupil (qui s'est ''engagé pour Sarajevo'' mais pas seulement...) et un jeune journaliste engagé auprès des révolutionnaires de Maidan, j'en sors renforcé dans ma paranoïa.
http://www.franceculture.fr/emission-le-rendez-vous-forum-l-annee-vue-par-la-culture-%3D-25-figures-de-la-guerre-contre-enquete-20
Je pense que contrairement aux éditos de journalistes ou philosophes largement aussi azimutés, les blogs que tu cites n'ont pas d'effet sur les prises de décision au sommet de l'état et donc je crois que les premiers ont largement plus d'influence (c'est encore plus observable au niveau de la politique économique et sociale ).