mercredi 3 juillet 2013

BOSNIAN RESET

La Bosnie-Herzégovine manifeste depuis près d'un mois, quasi sans faiblir, à la grande surprise générale. Le JMBG (Pour "Jedinstveni Maticni Broj Gradjana"/n° d'identification personnel civil, équivalent de notre numéro de sécu), ou plus exactement, l'impossibilité de sa délivrance pour cause de querelles politiques, a été le catalyseur du mécontentement d'une population, lassée d'être "l'otage" de ses dirigeants adeptes du "diviser pour mieux régner" sur un pays en stand-by permanent. On ne reviendra pas sur les faits : ceux qui ont besoin d'installer une mise à jour de leur actualité balkanique iront chez notre frère d'arme en blogging Guillaume Tesson, qui livre dans son "Next Stop Sarajevo" une excellente synthèse à plusieurs voix de la situation. C'est l'une des couvertures les plus pertinentes sur ce qui se passe que j'ai pu trouver dans le web francophone à ce jour. Les médias frenchies, hormis le Courrier des Balkans et BH Info, dont c'est le job, et quelques rares autres exceptions, sont littéralement passés à côté de l'événement, avant de se réveiller, il y a peu, en nous  jetant les bébés avec l'eau du bain, confondant la goutte qui a fait déborder le vase avec l'eau qui tournait au vert glauque dans le vase depuis un certain nombre d'années.



On a pourtant connu les médias beaucoup plus empressés, à l'époque, sur Sniper Alley, pour compter les violations du cesser-le feu ou pour filmer les soudards de Karadzic jouant au tir aux "pigeons", pigeons parce qu'ils croyaient, avec leurs "valeurs européennes" que les mêmes journalistes ont maintes fois louées dans leurs colonnes, que quelque chose bougerait grâce aux photos "coup de poing" ou grâce à nos présidents en goguette à Bascarsija sous bonne escorte... 

On a connu la presse plus empressée aussi, l'an passé, pour célébrer "les-20-ans-du-siège-le-plus-long-du-XXe-siècle" sous les alcôves de l'Holiday Inn, où elle vint non pas se recueillir ou s'interroger, mais s'auto-congratuler, limite en regrettant le "good ol' time" où, sous les obus et les balles envoyés depuis les hauteurs boisées du Trebevic ou de quelque HLM de Grbavica, on était soudé, ensemble, réuni là pour "témoigner". J'ai déjà exprimé mes réserves sur ce grand raout que fut "Sarajevo 2012" l'an passé dans "Sarajevo et nous", un post où je m'interrogeais sur nos rapports pleins de contradictions avec cette ville et par extension ce pays, entre notre messianisme droit-de-l'hommiste, nos illusions multiculturalistes, nos clichés mitteleuropéens...



Je n'y reviens pas, mais avec le recul, ce post aurait peut être dû alors s'appeler de façon provocatrice "Pour en finir avec Sarajevo" : en l'occurrence, en finir avec le Sarajevo fantasmé et le Sarajevo "morbidisé", calé uniquement sur cette histoire récente du siège, sur la victimisation à outrance (cf. le terme de "ville martyre" énoncé jusqu'à la lie ou les superlatifs du type "siège le plus long", etc.). Calé aussi sur cette fausse sensation d'authentique et de vérité derrière les immeubles criblés de balle et les flingues de la JNA qu'on peut acheter aux puces, et qui fait que pleins de gamins d'Occident débarquent là en espérant trouver "the real thing"... celle dont se passerait bien les locaux fatigués d'être "pris en otage", non seulement par leur classe politique, mais aussi par cette lecture unilatérale de la ville. Je ne jette pas la pierre, j'étais à Berlin et à Prague en été 90, cherchant moi aussi des bribes de vérité et d'Histoire, et un rien de grand frisson, lié à mes 21 balais autant qu'au "moment historique" de la période...Mais les crétins en ray-bans posant fièrement devant le mur éventré en faisant le V de la victoire ou les blaireaux en tong achetant leur "morceau" qu'ils placeront au dessus de la télé m'ont rapidement donné des envies de lapidation.


Le parlement fédéral de Bosnie-Herzégovine bloqué par les manifestants début juin 2013.

"Pour en finir avec un certain Sarajevo et une certaine Bosnie-Herzégovine", c'est bien ce qui a poussé des milliers de Bosniens à descendre dans la rue, et non pas d'abord pour envoyer leurs bébés se faire soigner à l'étranger avec un N° de sécu en bonne et due forme, comme on a pu le lire dans la presse hexagonale. Et, avouons le, cette fronde de la population flanque un sacré coup de vieux à certaines de nos grilles de lecture sur ce territoire, y compris dans ce blog. Combien de fois n'ai je pas évoqué la torpeur, l'apathie et le fatalisme d'une population fatiguée et vivant dans la peur. Certes, ces états n'ont pas disparu, mais ils ne sont pas, justement, une "fatalité". Il n'y a pas de "malédiction bosnienne" ou balkanique, qui bloquerait tout espoir ou changement!

Notre contributrice l'Etoile Noire (dont le prochain post est d'ailleurs sur les rails) me disait avec justesse, dès les premières manifs autour du parlement fédéral, qu'elle n'avait jamais douté que les citoyens de Bosnie-Herzégovine se dresseraient un jour contre la situation politique et économique qu'ils subissent. Mais simplement, on ne pouvait attendre d'une population qui se remet depuis des années de traumatismes profonds dus à une guerre extrêmement violente et meurtrière, qu'elle se mobilise immédiatement. Il a fallu d'abord se reconstruire soi-même, gérer ses blessures morales et physiques, et ce point de vue me semble parfaitement se tenir. 



Le logo de Mac Do détourné à la sauce JMBG.
L'adresse (36 rue Tito) a été remplacée par la mention "Parlement de Bosnie-Herzégovine".

Ca n'a pas directement à voir, mais quelques semaines à peine avant le début de cette fronde bosnienne, je tombais, sur Facebook, sur un article qui expliquait que Mc Donald allait fermer tous ses "restaurants" de Macédoine, officiellement en raison d'un conflit de la maison-mère avec le détenteur de la franchise sur place, mais aussi, et sans doute plus officieusement, parce que Mc Do n'a jamais eu le succès escompté en ce pays, où, je cite "il a toujours eu auprès de la population l'image d'une nourriture de mauvaise qualité". Il est vrai qu'entre un mezze macédonien ou un burek acheté chez le boulanger albanais du vieux Skopje, le double cheese ou le maxi burger, pourtant conçus par des "experts en goût" grassement payés dans les labos de la malbouffe aux States, ne tiennent carrément pas la route. Ca n'a à priori rien à voir avec ce qui a poussé des milliers de Bosniens à bloquer leurs parlementaires et à battre désormais quotidiennement le pavé, mais ça tord le coup au vieux cliché "fataliste", un rien complaisant, et finalement paternaliste, des "pauvres petits peuples balkaniques désarmés" face aux manipulations du marketing, de la consommation de masse et d'une classe politique convertie à l'économie de marché dans sa version la plus décomplexée. Les récentes manifs contre le grand cirque architectural et financier de Skopje 2014 prouvent que, là aussi, la classe politique et l'oligarchie mafieuses n'ont peut être plus ce boulevard d'un peuple apathique qu'elles croyaient avoir devant elles... 


Caricatures de Milorad Dodik, Dragan Covic et Zlatko Lagumdzija
accompagnées de la mention "N° unique d'incarcération"


Les manifestants de Sarajevo, Tuzla, Banja Luka ou Mostar, à combat différent, ne disent pas autre chose. Et l'agressivité des politiques bosniens, le patron de la Republika Srpska Milorad Dodik interdisant les manifs d'étudiants à Banja Luka, ou le Président du Conseil Vjekoslav Bevanda menaçant physiquement ceux qui bloquèrent le parlement, ou encore le boss du HDZ Dragan Covic prétendant que le mouvement "ne débouchera sur rien", en dit long sur leur nervosité, face à ce qui sonne comme la fin de leur récréation, qui dure quand même depuis près de 20 ans.

Un coup de vieux vient frapper aussi, peut être, un certain rock bosnien largement partagé en ces pages. Le "ferme ta gueule et serre les fesses" qui transparaissait derrière certains vieux hits de Dubioza Kolektiv, ou le spleen cynico-désespéré d'un Validna Legitimacija dénonçant le "Fildzan Drzava" ("Etat de la taille d'une tasse de café turc"), république bananière où la plèbe se satisferait de nager dans le marc, ne sont peut être plus complètement le seul miroir à tendre à la société bosnienne. Même si je continue d'aimer les premiers albums de Dubioza que je trouve très forts dans les textes et la musique, et que j'ai apprécié de les rencontrer lors de concerts donnés sous nos latitudes, le groupe me semble avoir aujourd'hui vendu sa contestation à MTV Adria, noçant avec des pisseuses turbofolkées dans le clip de "Walter", qui lorsqu'il sortit, me fit comprendre que c'était plus ou moins fini entre eux et moi. Le Yougoleak, mon agent dans la Carsija, me dit aussi que Dubioza est proche de Dosta!, une ONG officiellement "d'opposition",  officieusement paravent du SDP, parti mouillé dans le gros partage du gâteau politique bosnien. 


"Ferme ta gueule et serre les fesses"/"Suti i trpi"
Dubioza Kolektiv, un portrait sans fard de la Bosnie-Herzégovine (paroles en anglais ici)
Mais les Bosniens semblent ne plus vouloir se taire...


"Tous en grève"/svi u strajk
scandaient déjà Dubioza Kolektiv en 2008, dans un clip où le parlement de Bosnie-Herzégovine était déjà pris d'assaut par des monstres.


Vain de manifester ? Tel semble être le message de Validna Legitimacija dans ce clip où les manifestants semblent finalement prisonniers d'une histoire qui les dépasse...

Du coup, les appels à la grève générale ou le "fuck the system" prennent une autre couleur, un peu blanc cassé. Quant à Validna, leur rock absurde volontiers codé, même si pas dépourvu de pertinence, ne touche évidemment que des urbains branchés et politisés qui sont de toute façon d'accord à la base avec la vision des musiciens. L'avenir du rock bosnien est peut être dans une approche plus constructive, chez un Frenkie et ses lyrics en forme de main tendue à un ami serbe (on en avait parlé ici), par exemple, ou dans une approche plus large des problématiques, comme le fait un Damir Avdic dont les chansons abordent le monde en crise dans lequel nous vivons de façon plus globale que "bosno-centrée", et sans ignorer les impasses et contradictions du combat "alter" ou "indigné". 


Damir Avdic, dont on a déjà traduit les chansons, ici et


Reportage sur la chanson "Lettre à Milan", de Frenkie, dont on avait déjà parlé ici

Ceux là survivront car ils regardent devant ou nous poussent à nous poser des questions. Les autres, pas si sûr, à long terme, pour peu que l'éclaircie bosnienne actuelle se transforme en soleil radieux.

On n'y est pas encore, très loin de là, mais, en écho à cette obsolescence musicale peut être programmée, c'est précisément hors du "prêt à penser" oppositionnel de la musique dite "engagée", autant que des sphères de l'ironie et des métaphores d'un rock conceptuel, que ce situe la fronde bosnienne. Ce n'est pas non plus "Anarhija all over Bascarsija", du nom d'un vieux hit de Zabranjeno Pusenje, du temps lointain des 80's où ils ne bandaient pas encore pour Radovan Karadzic, et cultivaient alors l' "esprit frondeur de Sarajevo". Point d'anarchie ici, c'est au contraire un retour de "l'Archie" que souhaitent les manifestants, qui exigent non pas la démission (comme lors de premières manifs en 2007) du gouvernement, mais au contraire que les politiques fassent leur job pour lequel ils sont élus, et accessoirement payés par de confortables indemnités (les plus élevées de la région), pendant que le peuple survit avec moins de 200 euros par mois. 


"Silence les enfants, le parlement travaille"
L'un des mèmes qui cartonne sur le net depuis le début de la "bébolution"


Bien sûr, il faut rester prudent et ne pas s'emballer. D'abord, il ne faut pas imaginer que tous les Bosniens sont dans la rue, ni que c'est l'amour fou entre les manifestants de Republika Srpska (RS) et ceux de la "Fédération". Le leader étudiant de RS, Nikola Dronjak, revendique avant tout de bonnes cités U, des conditions d'études décentes et à bas coût, la fin du clientélisme, mais ...pour les étudiants de RS. C'est avec beaucoup de prudence qu'il reconnaît une similitude avec les revendications en Fédération, et exprime la nécessité de liens plus étroit dans le militantisme entre les deux entités, même s'il reconnaît enfin que le nationalisme qui est servit en pâture depuis 20 ans, "n'a jamais permis de manger à sa faim". 


L'erreur de beaucoup d'observateurs est de croire à une soudaine unité de la Bosnie-Herzégovine, et d'idéaliser le mouvement, prenant en quelque sorte leurs désirs pour des réalités. Certes, il y a des manifs dans les deux entités, et oui, des Serbes de Banja Luka sont venus à Sarajevo pour réclamer le vote de la loi sur le n° d'identification. Mais comme le rappelait l'historien franco-allemand Nicolas Moll, installé à Sarajevo, dans une remarquable tribune publiée sur sa page Facebook (je l'ai postée en commentaire), ils étaient peu nombreux, l'ensemble du mouvement est composite politiquement, tous les citoyens qui protestent n'ont pas les mêmes objectifs ni le même agenda, et il serait erroné de parler d'unité. Le but pour lui "n'est pas de critiquer les manifestations, mais plutôt de s'en prendre à un certain discours que certains développent à leur égard (...) Il faut bien sûr s'opposer à la diabolisation des manifestations, mais" poursuit-il "je ne suis pas sûr que le meilleur moyen de les soutenir soit de les idéaliser, car cette idéalisation porte en elle le risque de susciter de fausses attentes et des espérances infondées". Je rejoins en partie la prudence de Nicolas Moll, tout comme je partage son espoir que les choses évoluent et se structurent. 

Mais je nuancerais aussi certaines réserves. Concernant la RS, le climat politique y est fortement plombé par un régime Dodikien, probablement en "début de fin de vie" (Belgrade n'est plus aussi motivé à soutenir son ancien pion, devenu assez incontrôlable), mais qui s'efforce depuis toujours de visser toute opposition un peu trop remuante, et réagit avec une brutalité pas encore digne d'un Erdogan, mais plus très loin. La prudence d'un Dronjak et la plus faible mobilisation se comprend peut être à l'aune de ce climat.


Contestation en cyrillique à Banja Luka :
"Arrêtez de nous faire chier avec vos histoires comme quoi vous êtes en danger et faites votre boulot. Banja Luka pour le JMBG"
Allusion à la fois à l'argument favori des politiciens de RS, affirmant que les Serbes sont systématiquement menacés en Bosnie-Herzégovine (ce qui justifierait les velléités indépendantises de la RS), et aux propos des députés de RS durant le blocus du parlement, prétendant qu'ils ne sont pas en sécurité.

Quant au fait que les manifestants ne sont pas si nombreux, comparés à l'ensemble de la population, et ne constituent pas une "lame de fond", il me semble que de nombreux mouvements commencent ainsi, à la marge. Les manifestants de la place Taksim ne représentent pas non plus la majorité de la population, tout comme, moins sympathiques, les crétins de bénitier de la "manif pour tous" ne constituent pas une tendance lourde, n'en déplaise à leur occupation hystérique du terrain médiatique.

Précisément, dans notre société du spectacle et de la surcommunication, l'une des clés potentielle de la réussite du réveil bosnien se trouvera probablement dans sa capacité à mobiliser l'espace médiatique ...au delà des réseaux sociaux, très forte caisse de résonance à l'échelle de la Yougosphère, mais qui, par essence, tourne en circuit fermé et autocentré. En Bosnie-Herzégovine, en dépit de la tendance de certains médias proches des partis politiques à minimiser ou à taire le mouvement, une bonne partie d'entre eux relaye ce qui se passe, avec parfois une sympathie à peine voilée. Dans le reste de la Yougosphère, c'est surtout la presse internet et indépendante qui donne un écho à la mobilisation. Les médias "officiels" restant très discrets...il est vrai que ça pourrait donner des idées dans un territoire où plus de 20 ans après l'éclatement de la Yougoslavie, c'est l'insatisfaction qui domine. 



Militants LGBTI lors de la dernière "marche des fiertés" de Zagreb
"Zagreb Pride pour le JMBG"

Et justement, l'onde de choc partie des abords du parlement bosnien se répand ça et là sur l'ensemble de la région, avec des manifs de soutien à Belgrade, Zagreb, Ljubljana, ainsi que dans des villes européennes où les Bosniens sont nombreux. Ce n'est pas la moindre des réussite du "mouvement" que de susciter une mobilisation, et, osons le mot, de l'espoir chez les anciens compatriotes, même si, ne rêvons pas, cette solidarité reste essentiellement cantonnée à une frange informée, électroniquement connectée et politiquement concernée des citoyens. 


Manifestation de soutien à Novi Sad, 2e ville de Serbie.

Mais le symbole est fort. On n'avait presque plus vu ça depuis les messages de soutien d'étudiants de Zagreb et de Sarajevo à leurs homologues belgradois au début des années 90, lorsque ces derniers se mirent à manifester contre Milosevic. La sensation générale est que le "chacun pour soi" de ces mêmes années, choisi ou forcé, tend à disparaître et que les ex-Yougoslaves, politiquement séparés, prennent peu à peu conscience d'une proximité de destin et de la nécessité d'un combat commun.

Cela rend d'autant plus regrettable la tardive réaction des médias occidentaux et leur couverture en surface des événements. Comme si ils étaient globalement restés sur cette vision forgée entre les ruines de Vukovar et les spleen scellé dans l'impasse de l'après Dayton. Je ne demande pas à la presse de prendre fait et cause pour les manifestants bosniens, ce n'est pas son rôle, même si, pour certaines causes au parfum d'ingérence, personne n'est dupe. Je comprends aussi que se manifeste une nécessaire prudence, que, comme je l'ai dit plus haut, je partage en partie. Mais je m'étonne que les correspondants sur place et les journalistes qui connaissent bien ce territoire n'aient simplement pas pris la mesure du changement qui est à l'oeuvre, aussi infime et encore pourvu d'incertitudes soit-il. 


Entre dérision foutraque et déconnade situationniste, tout le charme de la manif à la sauce yougo !

Personne ne peut dire comment la révolte bosnienne va évoluer, ni prédire les résultats qu'elle va engranger. Au delà de l'impact médiatique, le mouvement devra pour réussir s'inscrire dans la durée, mobiliser au delà de la sphère militante et enfin rester vigilant face aux récupérations politiques. On sait comment à fini le renversement de Milosevic et ce que sont devenus certains opposants d'hier...

Rien n'est réglé au jour d'aujourd'hui, mais une chose est sûre, il y aura un avant et un après "révolution des bébés", et Sarajevo, ville symbole de la Première Guerre Mondiale et des guerres yougoslaves, ville longtemps entubée par les lignes de forces qui la traversent, prend aujourd'hui un début de revanche sur l'Histoire, incarnant un formidable espoir. Il est temps d'en finir avec un certain Sarajevo et une certaine Yougosphère : alors tous, appuyons (sur) le Bosnian reset !




3 commentaires:

  1. Voici la tribune de Nicolas Moll dont je parle dans le post. Elle a été publiée sur FB le 12 juin 2013 :
    "Between dramatization and wishful thinking: a comment about the ongoing protests in BiH

    Since the beginning of the protests and the blockade of the Parliament building in Sarajevo last week, there have been some ridiculously dramatizing reports in the local and international media: that parlamentarians and others were blocked in their building not for 14 months, not for 14 weeks, not for 14 days, but for 14 hours was characterized as a “hostage crisis” ; some politicians from Republika Srpska tried to present the protestors as a lynch mob against RS delegates who could not feel safe in Sarajevo; and some observers saw “dramatic consequences for BiH” because also potential donors and investors were trapped for 14 hours in the Parliament and would now probably never invest in the country - about which they had probably an EXCELLENT image before. Anyway, if these potential investors don’t even try to understand what these protest are about and what are the problems in BiH, then it is probably better that they keep their money for themselves.(...)"

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  2. La suite : "Luckily, many media and observers reported less dramatically and more positively about the protests. But what is now also increasingly irritating me is a sort of idealization of the protests which has more to do with wishful thinking than with a clear analysis about what is going on. Let’s take two examples:

    “Protests in Sarajevo, and in other towns of BiH, which occurred in the past seven days prove that BiH citizens are civic minded, and that social and economic issues are more important than nationalism”, is writen today in sarajevotimes.com.

    And Igor Stiks published today in “openDemocracy” a text with the title: “’We are all in this together’: a civic awakening in Bosnia and Herzegovina”, where he talks about the JMBG-protests first in Sarajevo and then in all major towns in BiH, and also the student protests in Banja Luka for a better student life. “Throughout these protests, which have continued ever since, something new emerged: protesters started to send strong messages of solidarity to each other, from one part of the country to another, irrespective of ethnic divisions.” And Igor Stiks continues: “The Bosnian protestors come from different walks of life: some are proud members of their communities, while some refuse to declare their belonging to any ethnic group; they are of different political stripes, and they might not agree about a future direction for the country. But, it seems that they all know one thing for sure: they are - and they will remain for a long time – in 'this' together. (…) This struggle for basic public and common goods for all is the transparent, if not clearly articulated, progressive content of these protests. Starting from this fundamental feature of any political community (‘we are in this together’), citizens of Bosnia-Herzegovina, in a true grassroots activist manner, have created a new public and political space. They occupied it together and have understood that they cannot win - and indeed survive - without solidarity with each other.”

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  3. Et la fin : "All this sounds good. But does it really describe what is currently going on? Why would the protests prove that BiH citizens are civic minded? If between 5.000 and 10.000 persons participated in the demonstration on Tuedsay, its shows that these thousands of persons are civic minded, but says nothing about how representative they are for the whole population. And if you would ask the whole population in BiH, probably 99% would agree that social and economic issues are more important than nationalism. But this will not change the fact that nationalism nevertheless exists and remains a problem.
    And to what extent are the demonstrations an illustration of interethnic solidarity? I first became skepic about this narrative when I realized that it was not more than some dozens of citizens from Banja Luka who organized a JMBG-protest in their town or joined the Sarajevo-protest on Tuesday. Yes, the students demonstrations in Banja Luka for a better students life and against arbitrariness of the Dodik government gathered much more persons, but did they send any solidarity message to Sarajevo? Would have been great, but unfortunately, if we believe “Balkan Insight”, Nikola Dronjak, Republika Srpska’s student union president and one of the main organizers of the Banja Luka students protests, just declared during a press conference: “We don’t support the protests in Sarajevo.” A strong message of solidarity?

    Now, I don’t exclude that this situation can evolve. And I very strongly hope that one day Igor Stiks will be right. But it makes no sense to oversee the divisions which currently exist within the protesters and to draw an idealizing picture. By the way, also among the Sarajevo protesters you can see differences, especially between those who want to keep the protests “apolitical” and those who want to give it a more explicit political message. And why should it be different? I have never seen a protest movement where everybody wanted the same and where there have been no discussions and controversies about the way to follow.

    What I write is not so much a critic about the protests themselves, but about the narrative which certain want to unfold about them. It is difficult to say what is currently going on in BiH. And observers have also some difficulties to find a proper name. “Bosnian spring”? I like the term “Bebolucija” (Baby-Revolution), because it reflects the creativity of the protesters and the origins of the movement, and it underlines that something important is going on. What exactly? It is too early to tell without using questionmarks. How representative are the Sarajevo protests? Which dynamics will they develop? What will they be able to achieve, socially and politically? To what extent will they contribute to change the situation in BiH? It is certain that these are the largest citizen protests in the last two decades and this is something very encouraging. But if we should oppose their demonization, I don’t think the right way to support the protests is their idealization. Because such an idealization bears the danger to create false expectations and unfounded hopes, which risk to create more deception than anything else."

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