Nouvel épisode de notre feuilleton en forme de carte blanche. En suite directe de la récente ballade dans le quartier de Podhum, hanté par ses ombres et ses non-dits, l'Etoile Noire nous entraîne aujourd'hui sur les pelouses du stade de Velež. Au football, comme dans les autres domaines de la vie courante en Bosnie-Herzégovine, il faut choisir son camp. Bon match !
Du rouge. Du rouge, du rouge, du rouge, du rouge. Du rouge sur les murs, du rouge dans le ciel aussi. J’habite du côté rouge de la ville, ça me revient chaque fois que je passe devant le bar des Ultras au bout de la grande rue de Podhum (1). Il y a toujours, assis à la micro terrasse, deux ou trois types qui ne savent pas sourire. Ils sont là, au croisement, comme des guetteurs. Ils n’aiment pas mes amis et bêtement je pense que j’aurais du mal à aimer les leurs.
Je déteste le football et bien plus encore, j’ai peur des stades. Comment en effet, ne pas remarquer qu’avec une affolante régularité, les conflits commencent dans les stades qui, invariablement se transforment ensuite en prisons, puis en lieux d’exécution. Je ne peux pas entendre le mot « stade » sans penser à l’agonie de Victor Jara dans celui de Santiago.
Aujourd’hui, c’est le Gradski Derby de Mostar. Velež contre Zrinjski, les blancs contre les rouges, les Ultras contre Red Army, la police spéciale contre Mostar, le chagrin contre l’impunité.