C'est officiel, Kusturica ne sera pas à Cannes cette année pour y présenter son nouveau film. Perso, voilà qui ne m’empêchera pas de dormir, le sort du cinéaste autant que les arcanes du grand raout cinématographique français m’indifférant globalement. L'info aurait pu rester ce qu'elle aurait dû être, un non-événement, et ne pas même constituer un sujet de post dans ce blog, qui avait décidé, il y a bien longtemps déjà, «d'en finir avec Emir Kusturica». Seulement voilà, cette info a suscité un buzz aussi excessif que dénué de réflexion, notamment suite à sa publication par Sputniknews, officine médiatique chargée de propager la bonne parole poutinienne en terre occidentale, telle l’évangile en d’autres temps. Un relais qui s’est fait en deux phases qui méritent qu'on s'y arrête, tant elles constituent un cas d'école de rumeur conspirationniste subtilement orchestrée. «Kusturica à Cannes, stop ou encore» via Sputniknews illustre aussi combien les réseaux sociaux et leurs emballements dépourvus de discernement contribuent à alimenter « la courroie de la grosse machine à nawak du monde moderne », pour reprendre l'expression de notre estimé confrère en blogging Odieux Connard, dans un post qui fit date, tant il visait juste dans le décryptage de la rhétorique conspi-facho, et de la complicité, dans sa propagation, de ceux qui prétendent combattre le "système".