En France, nous avons la Fête des voisins. Cette sympathique initiative visant à recréer du lien dans notre société individualiste n'a à priori pas d'équivalent chez nos amis yougoslaves. A moins que cette fête là bas n'ait lieu tous les jours... comme va nous le démontrer ce post estival qui se penche sur la délicate question du voisinage en ex-Yougoslavie. Certes il faut tempérer le mélange de saine misanthropie et d'ironie subtile qui va suivre, lesquelles ont été formées à bonne école sur place, pour rappeler que le (bon) voisinage n'est point chose facile en nos contrées non plus. L'ex-Yougoslavie possède cependant quelques spécificités locales, que le francophone fraîchement débarqué, souvent naïf, et carrément béat après trois verres de rakija, celle du voisin, justement, ne détectera pas forcément à temps, alors qu'il doit se prémunir dès son arrivée de cette funeste engeance qui peut considérablement lui gâcher son séjour, et empêche déjà des milliers d'ex-Yougoslaves de vivre normalement.
Qu'il se nomme komšija (prononcer "kom'chiya", mot utilisé en Serbie et chez les Bosniaques, d'après le turc "komsu") ou susjed (prononcer "soussiède", terme plutôt croate...quoique le serbe "sused" existe aussi), le voisin est un être dont l'affabilité souriante, l'humeur joviale et la serviabilité généreuse, masquent en réalité l'hypocrisie, le double langage, le goût des intrigues, le ragot facile, la langue de vipère, et l'opportunisme dangereusement intrusif.